mercredi 27 avril 2011

Petit bonheur du jour

En ce moment, j'arrive à décoller de mon écran à des heures raisonnables pour aller préparer le dîner, du coup, sauf accident (hier je me suis aperçue in extremis que mes sardines n'étaient pas vidées...) ça me permet de prendre mon temps pour préparer de délicieux petits festins...

Petit bonheur du jour culinaire...
Ou plutôt aromatique:
Les effluves d'un dîner réussi qui s'élèvent vers moi dans la cage d'escalier.

(pour en savoir plus, rendez vous un peu plus tard dans ma cuisine)

Calmants ou excitants?


Grande question, quand on souffre d'anxiété généralisée, mais qu'on est fatigué en permanence, doit on privilégier les substances "calmantes" ou les "excitantes"? Je ne parle pas ici des médicaments, mais plutôt des aliments, des compléments alimentaires, toutes ces choses qu'on peut prendre pour obtenir "un petit coup de fouet" ou au contraire se détendre, trouver plus facilement le sommeil, etc.
Dans la première catégorie, on trouve aussi bien la bonne vieille camomille en tisane, les HE apaisantes, le lait chaud au miel et à l'eau de fleur d'oranger, ou alors des préparations à base de plantes (valériane, passiflore, etc).
Pour les excitants, il y a bien sûr le bon vieux café, mais aussi les épices (j'adoooore le masala, décoction d'épices dont gingembre, cannelle, poivre, girofle...), divers compléments alimentaires à base de gingseng, guarana et autres acerola...

Franchement, je tend à consommer des deux, ce qui n'est certainement pas une bonne attitude. Mais comment faire baisser ma nervosité tout en ne m'endormant pas? Je suis molle en permanence. C'est une situation intenable, insupportable. Du coup je jongle entre la chicorée café du matin, le café de midi (je n'aime toujours pas beaucoup le café, pourtant), éventuellement ceux de l'après midi, parfois un masala, souvent du thé "tonique", l'euphytose ou les gélules de valériane le soir. Une auto médication aux résultats aléatoires.

J'essaye ces temps ci de vivre sans tout ça, de réhabituer mon corps à la tranquillité. Surtout que j'essaye depuis des années divers compléments alimentaires, sans succès pour stabiliser mon humeur.
La seule chose qui ait marché, jusque là, c'était les anxiolytiques, mais ils traitaient un symptôme, sans s'attaquer à la cause.

J'en ai marre de tout ça.
Finalement je me rend compte que d'avaler tantôt des excitants, tantôt des calmants, ce n'est rien d'autre qu'une forme d'évitement de plus, pour essayer de ne pas voir ce qui ne va pas, tout en sachant que ça ne marchera pas. Je prend des trucs comme je mange, pour compenser.

mardi 26 avril 2011

Petit bonheur du jour

Petit bonheur tout simple.
Avoir démarrée la tondeuse toute neuve de mon mari.
Il commençait à désespérer, persuadé qu'il n'y arriverait pas, persuadé que l'achat de cette maison, avec ce jardin, avait été une erreur. La terre est dure (argileuse), tassée, moussue et donc difficile à travailler pour un jardinier amateur.
Quant à la tondeuse, il fallait simplement maintenir la manette de sécurité appuyée pour lancer le moteur (une sécurité très intelligente, mais dont il ne disposait pas sur sa précédente tondeuse). Par ailleurs l'engin est auto-tracté, autre nouveauté pour lui, mais d'une importance majeure quand on a un terrain en pente.

Donc PBJ*:
Voir mon mari passer sa tondeuse dans notre jardin.
(et lui éviter du même coup de déprimer)

(*Petit Bonheur du Jour)

Garçon manqué

Fille ou garçon?
Quand j'étais petite, et jusqu'à un âge assez avancé, j'étais assez "garçon manqué".
Une image dans laquelle je me suis glissée par convenance. Pour moi et pour les autres, surtout pour ma mère. De manière insidieuse et en même temps si naturelle et spontanée. C'était plus facile pour tout le monde, en quelque sorte.

Dans mes souvenirs, j'ai commencé à "tourner" garçon manqué quand ma maman a reprit le travail. Du coup, elle était moins disponible pour m'aider à m'habiller, ou pour me coiffer. Je me suis habituée à être "coiffée avec un pétard" ou à la va vite, une tresse plus haute que l'autre, les élastiques passés à la va vite au milieu du couloir.
Et puis, comme maman n'aimait guère consacrer trop de temps aux achats vestimentaires, à choisir ce qui s'essayait le plus vite, qui durait longtemps, pouvait être acheté un peu grand et porté un peu petit, c'est à dire les survêtements.

Moi ça me convenait assez, ça me permettait d'aller courir les bois, de ne pas être gênée dans mes mouvements. C'était aussi une façon de ne pas avoir à faire d'efforts pour être jolie comme ma sœur, et je crois que c'était une protection contre le monde extérieur en général. Des vêtements molletonnés, ça tient chaud, et en même temps ça isole.

Peu à peu je suis devenue une monomaniaque du survêt'.
Je suis rentrée dans une case, celle du garçon manqué, et j'avais l'impression que ça plaisait à tout le monde.
Ma sœur était jolie, mignonne, déjà féminine avec ses cheveux coupés, ses barètes avec des petites fleurs dessus. Elle jouait à la poupée, promenait son landau, jouait à la couture. Moi j'étais le garçon manqué, toujours en jogging, mal coiffée, qui grimpait partout, qui traînait dans les bois.
Parfois, en été, j'étais en jupe, bien sûr, mais jamais vraiment "petite fille" à fond.

C'est resté comme ça pendant longtemps.

Et puis à l'adolescence, j'ai eu envie de redevenir une fille. Je voyais bien que les garçons se fichaient de moi, me tournaient en ridicule. Et puis j'avais envie d'être jolie, tout simplement.
Pour mon premier jour de collège, j'ai mis une jupe et un chemisier, et même des sandalettes avec un peu de talon. J'étais fière de moi, je me sentais jolie. Peut être une heure. Ensuite je me suis sentie très mal, j'avais la sensation d'être déguisée, de ne pas être moi même. Je n'avais plus qu'une hâte, c'est que la journée finisse et que je reprenne mes vêtements unisexe. La fierté avait été remplacée par une grande honte, un sentiment épouvantable de m'être tournée en ridicule devant les autres.

Pendant des années, j'ai vécu en jean ou en pantalon, voire en salopette, avec des pulls bien couvrants, en rêvant de jupes et de vêtements moulants, féminins.

Mais surtout, à chaque fois que j'essayais de "faire la fille", ma mère, dans sa grande indélicatesse, me donnait le sentiment d'être ridicule, ou même que j'étais une salope. Un fois, ma sœur m'avait maquillée, coiffée et prise en photo. C'étaient des jeux d'adolescentes qui découvrent leur pouvoir de séduction, qui aiment se faire jolies, certes en en ajoutant un peu, mais ce n'était qu'un jeu. Je me sentais belle, valorisée. Je me sentais bien. Mais maman trouvait que j'avais l'air d'une pute et me l'a un jour dit sans détour.
Chaque fois que je me faisais mignonne, simplement en achetant des boucles d'oreille (j'avais le sentiment que c'était la seule fantaisie féminine que je pouvais me permettre, sans avoir l'air ridicule), j'avais "droit" à des remarques ayant l'air de sous entendre que... que quoi?
Comment traduire ces remarques anodines du style "Ho là là, mademoiselle!!!". C'est le ton, la façon de le dire, le sifflet qui l'accompagne, les gestes, aussi. D'ailleurs je n'arrive pas à me souvenir clairement des remarques que je recevais, comme si je les avais effacées au fur et à mesure, n'en conservant que la souffrance qu'elles m'infligeaient. C'étaient des remarques qu'on fait à une petite fille qui va à la maternelle et qui décide de se faire jolie. Un compliment affirmant "dis donc, mais tu es toute jolie" sur un ton un peu trop appuyé, ça flatte une gamine de 4 ans. Une fille de 14 ans, elle, peut être blessée par ce ton exagérément admiratif au point de prendre un accent moqueur.

Depuis que je suis entrée dans l'adolescence, puis dans la vie adulte, chaque fois que je me suis faite belle, j'ai sentie cette moquerie dans la voix de ma mère. Peut être que ce n'est ce pas du tout volontaire de sa part. Peut être ne sait elle tout simplement pas mettre d'autres accents dans sa voix. Très probablement, elle ne se rend pas compte à quel point c'est important pour moi d'être belle quand je sors, quand nous recevons des gens. Sans doute ne comprend elle pas qu'à chaque fois elle me donne l'impression de voir ma robe, mon maquillage, ma coiffure, comme des déguisements ridicules.
De manière certaine, elle n'a jamais comprit à quel point j'avais besoin qu'elle me montre qu'elle m'aime comme je suis, qu'elle me montre qu'elle est fière de moi, que je m'épanouisse, que je sois femme, que je sois jolie. Elle n'a jamais compris qu'il y a un ton particulier pour dire ces choses là.

C'était plus facile pour elle, quand j'étais un garçon manqué, que je ne cherchais la reconnaissance de personne, pas même de moi même, et que j'avais appris à me tresser moi même les cheveux, parce que elle, jamais elle n'avait le temps pour ça.

Elle ne m'a jamais appris à être une fille. J'ai du apprendre toute seule, en regardant les autres. Et quand je suis vraiment une fille, que je porte des jupes, que je me coiffe, que je me maquille, on dirait parfois que pour elle je ne suis qu'un épouvantail.

Ma robe, au mariage de ma sœur.

Pouet pouet...

Ceci n'est pas un sein.
Ceci est un klaxon. Quand on appuie sur la poire en caoutchouc, ça fait "pouet-pouet".
Allez savoir pourquoi (je suis une hypocrite), certaines personnes assimilent tous les objets ronds et mous à ce type d'instruments. Les seins et les fesses en font partie, ainsi que le nez, plus accessoirement.
Mais encore?
La place de cela dans ce blog?

Ma mère fait partie des personnes qui aiment bien faire "pouet-pouet" sur des objets ronds et mous. Je suis certaine que dans son esprit c'est amusant, drôle, de détourner ainsi les corps, de les "dédramatiser", de les sortir de leurs fonctions traditionnelles (allaitement et érotisme principalement pour les seins)...

Le "pouet pouet" sur les nichons, il est aussi ancien pour moi que l'apparition de ces attributs, à ma préadolescence (vers 10 ans), si ce n'est plus ancien encore...

Problème, j'ai 28 ans, presque 29.
Or, depuis que j'ai des seins, j'ai droit au "pouet pouet" évocateur (et sans doute volontairement provocateur). Soit 18 ans à dire "non" à cet attouchement qui n'en est pas vraiment un, mais que je subi encore et toujours comme une agression, comme un acte invasif dans mon espace vital.

Ces mains maternelles qui se posent sur ma poitrine pour presser leur rotondité, accompagnées de cette onomatopée ridicule m'insuportent.

Pourtant ma mère nous a bercées, quand nous étions enfants, de grands principes du genre "ton corps est à toi". Cependant elle semble ne jamais avoir bien intégré que ses filles puissent ne pas vouloir être touchées ainsi par elle. Sans doute parce qu'elle n'y voit rien de sexuel, rien d'agressif, sauf peut être une blague qu'elle sait mauvaise, mais dont elle ne se lasse pas.

Moi je m'en lasse.

Ce weekend, ma sœur se mariait (ça s'est plutôt bien passé, merci, on s'est ennuyés mon mari et moi, mais on étaient contents d'être là).
Sur la place de la mairie, alors que les invités se regroupaient (environ 75 personnes), ma mère est venue me dire bonjour. Et sans que je m'y attende (en public!!!), au moment où elle m'a fait la bise... ses mains ont pratiqué ce geste épouvantable, accompagné du non moins épouvantable "pouet pouet" verbal.

Cette fois ci, j'ai bien faillit lui mettre une gifle.

Je regrette de ne pas l'avoir fait d'ailleurs, car peut être aurait elle enfin compris que je ne vois plus ce geste comme une blague depuis longtemps, mais comme une violence qu'elle me fait, comme un dénigrement de ma féminité, comme une négation du fameux principe voulant que mon corps est à moi.
Mais ça aurait été ajouter un acte déplacé à un autre, dans un événement qui n'aurait du en compter aucun.

J'ai eu cet attouchement en travers de la gorge une bonne partie de la soirée (le mariage avait lieu à 17h30). Sans compter que cela a fait remonter en moi des années de souvenirs du même genre, insidieusement perturbants.
Les mains de ma mère sur mes fesses, ses remarques sur mon "beau cul", mes seins, etc. Les "blagues" répétées, allant du coup du klaxon au rideau de la douche plaqué contre mon corps mouillé alors que j'étais en train de me laver, ainsi bien sûr que le visage le regard (ressentit comme inquisiteur) de ma mère qui écartait le rideau, pénétrait cet espace d'intimité qu'était censé être la cabine de douche, alors que je me savonnais, adolescente, puis adulte.

Souvenirs de paroles déplacées aussi...
Quand je me faisais belle, elle tournait ses remarques (compliments?) d'une manière qui me donnait l'impression de "péter plus haut que mon cul", ou de m'être déguisée, bref, de sortir du contexte, de l'image qu'elle se faisait de moi, qu'elle avait créée et entretenue, celle d'un garçon manqué qui se moque des codes vestimentaires et esthétiques.

Je me dis souvent que ma mère ne voit pas ce qu'il y a de mal à tout ça. Elle ne doit pas avoir le sentiment d'être une mère abusive en me "chahutant" de cette manière. Sauf que de nombreuse fois j'ai dis NON, je me suis plainte, mais jamais elle n'en a tenu compte, ou jamais très longtemps.

J'ai 28 ans, ma mère 59.
Et quand elle me voit dans une robe qui met mes formes en valeurs, au lieu de me faire un compliment comme la plupart des gens, elle trouve moyen de m'humilier, de me donner honte d'avoir une robe si décolletée, elle m'agresse en me faisant une "blague" qui passe chez une enfant de 6 ans (et encore, si consentie par un rire aux éclats) mais pas chez une adulte.

mercredi 13 avril 2011

Les euros, ça pousse pas sur les arbres

Bien sûr, dit comme ça, c'est une évidence, hein?
Pourquoi prendre la peine d'énoncer cette vérité, alors.
Peut être pour me rappeler à l'ordre.
Je suis très dépensière, et je ne travaille pas (je voudrais travailler, mais c'est très anxiogène et j'ai tendance à adopter des conduites d'évitement, genre "je suis en formation/ en bilan de compétence, etc, donc je cherche pas pour le moment...").
Je vais très peu dans les magasins (uniquement les grandes surfaces, à de très rares exceptions près, et pratiquement jamais dans les boutiques de fringues... la dernière fois que j'ai mis les pieds à H&M, à Angoulême, j'ai frôlée la crise de panique).

J'achète presque tout par CB, souvent sur Internet (des fringues, de la bouffe, des loisirs, des produits culturels...). Et puis de la bouffe, de la bouffe et de la bouffe, dès que j'ai une "crise". J'arrive parfois à maîtriser la nature de l'achat, plus rarement l'achat lui même. C'est comme ça que je dépense 50 euros en une journée, entre des barres chocolatées premier prix, un paquet de farine T80 bio, une robe à Bonprix, un flacon de durcisseur vitaminé pour les ongles...
Les barres chocolatées (450gr quand même), je me les enfile dans la journée, avec quelques tartines beurrées pour faire le compte, le tout bien en douce, avec la honte de moi vrillée au corps et au cœur, le dégout, l'absence de plaisir au delà de la première bouchée. Et puis une demie barquette de baies de Goji, aussi, au passage (50gr... j'aime pas ça, mais faut que j'avale, que je me gave... c'est pas de la boulimie, y paraît, parce que j'ai pas de comportement compensatoire... mais l'hyperphagie compulsive est déjà un comportement compensatoire, faudrait pas en ajouter!!!).
Le paquet de farine, c'est pour faire de la pâtisserie "équilibrée" (ouais... pour compenser les barres chocolatées à la graisse de palme?)...
La robe... heu... les robes, en fait, c'est pour le mariage de ma sœur, qui est un événement hautement anxiogène, comme je l'ai déjà expliqué précédemment...

L'argent pousse pas sur les arbres, et pourtant je passe mon temps à en dépenser, à me jurer que promis, jusqu'à la fin du mois, je me tiens à carreaux, et puis à rechuter...
Peu à peu je dépouille mon Livret A pour réapprovisionner le CCP...
Pour mes anniversaires, Noël, et avec les rares emplois que j'occupe, je réapprovisionne le Livret A.

Je suis vraiment conne.

mardi 12 avril 2011

Petit déjeuner


Certaines personnes sont notoirement "grognon" le matin. Intolérantes. Agressives.
Je fais partie de ceux là. J'ai longtemps fait partie de ceux là...
Parce que je vivais en permanence dans l'anxiété, sans le comprendre.
Mais ceci, je l'écris en 2018...

Revenons dans le passé...

Je m'efforce de modérer mes réactions, mais la présence de l'autre, le matin, est une chose qui m'est pénible... mais son absence, le silence, le vide, m'est peut être plus intolérable...? Je l'ignore. J'ai envie de prendre mon petit déjeuner avec mon mari. Mais chaque matin c'est la même lutte contre moi même, contre ce monstre qu'il y a dans ma tête.
Chaque matin la même intolérance, le même agacement face aux petits mots doux, que je trouve exagérés, comme quand une voiture s'arrête, parce que je me tiens sur le bord d'un passage piéton sans manifester le moins du monde l'intention de traverser... et alors, même si je n'en avais pas envie tout de suite, mais un peu plus tard, je me sens obligée de traverser quand même, là, justement, tout de suite, parce qu'on me fait cette politesse, qui finalement me hérisse le poil.
Je crois qu'en matière de petit déjeuner, les mots doux, et même toute parole, ça m'oblige à sortir de moi, de mon monde intérieur, de ce refuge, et de me confronter au monde extérieur.
Chaque matin Calimero se débat pour repousser un peu le monde extérieur, et chaque matin le monde extérieur finit par gagner.

Le matin, je n'ai pas envie de parler, je n'ai pas envie qu'on me parle, je n'ai pas envie qu'on me voit, j'ai envie de continuer à ne pas exister.

Le petit déjeuner est toujours plus dur quand j'ai mal dormi, ou que je me réveille épuisée. Malheureusement ces nuits sans sommeil, au sommeil haché ou peu réparateur sont fréquentes. Comme si j'étais incapable de me reposer vraiment.
D'ailleurs il paraît que je grince des dents en dormant.

Il y a longtemps, quand je vivais chez mes parents, j'avais développées des stratégies d'évitement pour ne pas être confrontée aux autres pour le petit déjeuner. Me lever tard, par exemple. Malheureusement, ça ne me garantissait pas la tranquillité recherchée. Car souvent ma mère se levait tard également, et rien n'était pire pour moi que de prendre le petit déjeuner avec elle. Je ne supportais ni son regard, ni ses gestes, ni le bruit de sa cuillère dans son bol de thé. Tous les sons me parvenaient comme amplifiés, au fond d'un entonnoir terrible, et je n'avais plus alors qu'une envie, fuir, partir, me cacher, rejoindre le confort de ma chambre, disparaître.
Parfois, lorsque je restais dans ma chambre, à tenter de courir après un sommeil qui n'a jamais voulu de moi, j'étais éveillée, pire que tout, par les pas de ma mère dans le couloir, et une ou deux fois, la première chose que j'ai fais en passant le pas de la porte de ma chambre, c'est mettre le pied sur un livre, une cassette vidéo, un objet quelconque m'appartenant. Grand rangement. Agression dès le matin. Message: tu es bordélique, reconnais le dès le saut du lit. Réaction hérisson. Sentiment de rejet. Réaction de défense.
Mais passons sur le passé, il est passé, je ne peux pas le refaire et personne n'aurait pu envisager à l'époque que je m'enfonçais dans cette maladie mal connue du grand public qu'est la phobie sociale.

Aujourd'hui il m'est toujours aussi pénible de prendre le petit déjeuner, chaque matin avec mon mari. Les mêmes gestes répétés à l'infinie auraient du me sécuriser, au contraire. Pourtant je ressens toujours la même gêne, la même intolérance à l'égard de l'autre à ce moment de la journée.

Souvent j'en veux à mon mari d'être bien réveillé, alors que moi je me traîne mon sommeil et ma fatigue. Mais lui, souvent, est éveillé depuis des heures, et il est donc parfaitement normal qu'il soit en état de marche parfaite. Mon temps de réaction à moi est diminué et surtout, j'éprouve de très grandes difficultés à ressentir des choses positives, comme du plaisir par exemple. Plaisir d'être avec lui, plaisir du matin, plaisir du café. Tout me pèse.

Et chaque jour ça recommence.
Et chaque jour je suis triste à cause de ça.
Et chaque jour je lutte contre moi même.
Et chaque jour je me dis que je l'aime, que c'est le plus important, au delà de toute chose, au delà de cette intolérance qui me submerge et me fait horreur.

Alors chaque jour après le petit déjeuner, je reste seule dans la cuisine, je recherche mon équilibre et l'endosse comme je peux, et j'avance.

Piéton traversera, traversera pas?

Ne pas déranger.
Un de mes leitmotiv dans la vie.

Quand je marche dans la rue, que j'arrive à un passage piéton, s'il n'y a qu'une voiture qui passe, j'attends que la la voiture soit passée pour m'engager dans les clous. Après tout, une seconde de plus ou de moins pour moi, ça ne change rien, alors que l'automobiliste, lui, il doit freiner, s'arrêter, attendre que je sois passée puis repartir.
Je suis toujours agacée quand j'arrive au bord de la route, et que sans que j'ai manifesté la moindre attention de traverser, la voiture qui arrive, seule à perte de vue (j'exagère un peu), pile et me "laisse passer". Et ça me hérisse chaque fois.
On me cède une politesse que je n'ai pas sollicitée. Et puis on m'observe, forcément, puisqu'il ne faut pas redémarrer avant que j'ai fini de passer, bien sûr.

J'ai horreur de ça.

Mais le pire de la chose... c'est que quand je suis au volant, je fais comme ces gens là: quand je vois quelqu'un au bord de la route, bien en face des clous, je ralentis et je m'arrête, bien sûr.

dimanche 10 avril 2011

Mariage

En tout dans ma vie, je suis allée à deux mariages.
Celui d'une cousine éloignée et le mien.

Je ne peux pas dire que le mien était extraordinaire: organisé dans l'urgence à l'annonce de la nécessité d'opérer du cœur mon compagnon, nous y avons invité la stricte famille proche (mes grands mères, ma sœur, mes parents, les enfants de mon (futur) mari et le conjoint d'un de ces derniers. Point. La cérémonie à la mairie a eut lieu à 17h, un vendredi de fin janvier. Le matin même j'étais en cours. Et ma robe était... heu... ni blanche (mais je ne voulais pas de cet aspect "virginal") ni même belle, à dire vrai. Mais je n'ai trouvé nul part le courage d'aller dans un boutique spécialisée pour acquérir une robe de demoiselle d'honneur, et étais tellement angoissée à cette idée que je n'en ai même pas parlé à mon futur mari (avec qui j'étais déjà pacsée depuis 2 ou 3 ans). Pas plus que je ne lui ai parlé de mon désir de porter une alliance, désir que je jugeais "ridicule", mes parents n'en ayant jamais eu... Simplement quand il m'a demandé si je voulais un cadeau, je lui ai répondu que j'aimerais une "bague", sans être plus explicite.
Enfin bref, mon mariage me laisse bien plus de regrets que de beaux souvenirs.

L'autre mariage, celui d'une cousine au ixième degré, célébré un été de mon enfance dans le village où j'ai grandi. J'en garde un souvenir mitigé, avec une forme de honte pour mes vêtements, ma sœur m'ayant fait remarquer un peu tard qu'ils n'étaient pas adaptés à l'événement... mais personne d'autre ne s'en étant préoccupé avant elle, je n'avais pas le choix. On aurait pu m'acheter un petit ensemble gai et fleuri, quelque chose d'un peu chic et festif, au lieu de ça on m'a laissée m'habiller d'un ensemble en coton, jupe culotte mauve et tee shirt, avec des tongs! Moi qui parle souvent de honte, ce sentiment est très prégnant quand je pense à tout ça. Cela fait des années que ça s'est produit. Je pourrais prendre ça avec de l'auto dérision, me dire que j'étais enfant, mais avec le temps, ma honte n'a fait que croître et la chose me cause une grande tristesse. Certes il y a eu aussi le dîner de mariage, dans la salle des fêtes, mais je me souviens que j'ai été malade, que j'avais envie de vomir, parce que comme d'habitude j'avais noyée mon angoisse et mon ennui dans la nourriture, et j'étais arrivée à table plus que brassée par un estomac trop rempli.

Pourquoi évoquer tout cela, maintenant?

Dans deux semaines, ma soeur se marie, voilà pourquoi.

Un mariage à la mairie, avec une jolie robe (de demoiselle d'honneur), des tas d'invités, un bal.
Et je crève de trouille. Depuis l'annonce de l'événement, mon angoisse n'a cessé de croître.

Quand j'habitais encore à Angoulême, j'aurais aimé aller rejoindre ma sœur quand elle choisissait sa robe, en choisir une moi même, mais j'ai battu en retraite, incapable de faire cette démarche anodine, incapable de la rejoindre. Je me suis rabattue sur une robe bon marché, vendue sur Internet, qui certes est très jolie, mais ne me paraît pas à la hauteur de l'événement, et qui plus est, qui est un peu étroite (une taille en dessous la mienne, car épuisement du stock). Au cas où, j'en ai commandée une autre, encore plus terne. Et à force de déceptions j'en viens à me demander si je ne ferais pas mieux de porter une de mes deux robes (longues) préférées, certes déjà utilisées, mais qui en même temps me rendraient peut être plus à l'aise.

S'il n'y avais que la robe...
Il y a le coiffeur. J'aimerais vraiment me faire coiffer pour le mariage de ma sœur. Le hic c'est que je n'ai jamais mis les pieds chez un coiffeur. J'ai toujours éludée cette situation, et j'ai toujours gardés les cheveux longs. J'ai même cessé de me les faire épointer par ma mère quand j'étais adolescente. Aujourd'hui c'est une opération que je réalise moi même avec deux miroirs, des cheveux humides et peignés et une paire de ciseaux bien affutés.
J'ai confié cette peur du coiffeur à ma sœur, qui m'a gentiment proposé de prendre rendez-vous aussi pour moi, le jour de son mariage.
Il m'a fallut des jours avant d'accepter.
Et maintenant, j'ai des pensées d'angoisse rien qu'à y penser. Après tout, est-ce vraiment nécessaire? Je voudrais rester naturelle. Je suis tellement anxieuse à l'idée d'être confrontée à cette situation : le regard des autres, dans le dos, sur mes cheveux, avec les miroirs... C'est épouvantable! Et si on me faisait des réflexions sur mes cheveux? Ils sont tout fourchus... (normal, je suis anxieuse chronique, ce qui a un impact sur mon immunité, sur la qualité de ma peau, de mes ongles, de mes cheveux...). Et si je ne trouvais pas la boutique (il n'y en a que deux dans le patelin...).
Plusieurs fois ces derniers jours, j'ai eu envie d'annuler tellement ça me panique, cette histoire de coiffeur. J'en ai même fait des cauchemars.

Le coiffeur m'a cependant permis de me focaliser sur quelque chose pendant de longues semaines... occultant toutes les autres sources d'angoisse (en dehors de la robe, comme vu plus haut).

J'ai peur, bien sûr, de souffrir de diarrhées, comme chaque fois que je sors de chez moi pour agir. Malheureusement ce symptôme de stress s'est aggravé ces derniers mois et je n'ai absolument aucun contrôle là dessus.
J'ai peur aussi de trop manger, de "passer" mon anxiété dans la nourriture, les jours et les heures qui précèderont, au risque d'être déjà complètement saturée le jour J. C'est une de mes grandes spécialités et je me suis déjà gâchés de nombreux grands événements de cette manière là (je reviendrais sans doute dans un prochain billet sur le soi-disant reflux gastro-œsophagien qui m'a gâchée mon adolescence, en réalité une hyperphagie compulsive).
J'ai peur aussi d'avoir à danser, ou au contraire de ne pas oser danser, de ne pas réussir à me "lâcher" devant tout le monde, de ne pas réussir à éprouver du plaisir d'être là, que tout ça soit contrebalancé par mon anxiété.
J'ai peur de craquer, de me mettre à pleurer, d'attirer ainsi l'attention sur moi, de gâcher la fête.
J'ai peur d'être obligée de prendre la fuite à cause d'une crise de panique aigüe.


Les gens qui ne souffrent pas de phobie sociale, ou même d'anxiété sociale, ont beaucoup de difficultés à comprendre ce que j'éprouve, à percevoir ce degré de souffrance infinie qu'occasionne cette maladie. Cette peur de mal faire, mais aussi cette peur de ne pas être capable de faire, cette peur d'être jugé, en permanence, et même la peur des jugements qu'on pourrait soi même émettre, à force de savoir qu'ils seront sans doute erronés, mais qu'on va être incapable de ne pas en tenir compte, tout en sachant qu'on se trompe: non, tous les regards ne sont pas braqués sur moi, non, les gens ne me jugent pas, ne se posent pas les questions que je leur attribue, non ça ne va pas mal se passer...
Mais j'ai cette peur, immense, terrible, qui me cloue au mur, qui me terrifie, qui me donne envie de me réfugier dans un placard, de me recroqueviller à l'abri de l'obscurité, de ne plus bouger de là, qu'on m'oublie, que je n'existe plus.

Cette souffrance, j'aimerais l'arracher de moi, m'en débarrasser, ne plus la laisser m'envahir jusque dans les moindre recoins de mon existence, même les plus heureux. ceux qui devraient l'être.

lundi 4 avril 2011

Espace vital.

Dans ma vie quotidienne, je suis sans cesse confrontée au limites de mon espace vital. C'est à dire de mon espace vital psychologique. Celui qui m'est nécessaire pour ne pas être anxieuse ou angoissée, ou pour ne pas me sentir agressée par les autres.

Quand je parle avec quelqu'un, il doit être au minimum celui créé par mon bras tendu (en gros je ne suis vraiment à l'aise que si la personne avec qui je discute ne peut pas me toucher). Par ailleurs la personne doit impérativement être dans mon champ de vision, sans cela, je suis angoissée. Il m'est ainsi très pénible d'avoir une conversation avec mon mari, moi assise, lui debout derrière moi. "Je t'entend", me dit-il. Là n'est pas la question, je ne le vois pas, donc je ne perçois pas l'intégralité de ses expressions, et donc je risque de passer à coté de quelque chose. De plus de cette position, il me domine et est susceptible de voir ce que je fais, ce que je lis, ce que j'écris, ce qui est une intrusion totale dans mon espace vital... même si je ne lis, ni n'écris, ni ne fais rien!

Quand je suis chez moi, occupée à une activité quelconque, cet espace vital va en général jusqu'à la porte de la pièce, fermée s'il vous plait, avec moi seule dans ladite pièce.
Dans la cuisine, les passages pour cause de petite faim, petite soif, etc m'agacent (m'agressent?) mais j'arrive à me maîtriser, bien que je sois souvent obligée de m'interrompre dans mon activité (je disais, en forçant un peu le trait, à mon médecin que je ne pouvais pas éplucher une pu[biiiiiiip] de carotte devant mon mari...).
Dans mon bureau, je tolère très mal les allers et venues. Mon bureau est ma pièce. Presque une extension de moi. J'accepte mal qu'on y pénètre. Même mon mari. Le simple fait même qu'on puisse percevoir quelque chose de mes activités dans cette pièce m'angoisse.
Le fait est qu'auparavant (avant notre déménagement) mon bureau était éloigné de celui de mon mari. Il devait donc remonter un couloir pour venir me voir et j'avais donc le temps d'entendre ses pas, attentive au moindre bruit, et donc de me préparer à son arrivée imminente. Ici les choses sont différentes, puisqu'un simple pallier nous sépare. De plus les sons résonnent terriblement, des pièces encore bien vides et un plancher flottant y aidant. En résulte un effet anxiogène insoupçonné.
Si durant les 4-5 premiers jours de notre emménagement je laissais la porte ouverte, dans une volonté de partage et d'ouverture, j'ai désormais repris l'habitude de la fermer.
Qui plus est j'ai tourné le bureau et mon PC, de sorte à être certaine que l'écran ne soit pas visible pour qui se tiendrait simplement sur le pas de la porte.

Il va sans dire que pénétrer sans crier gare (et donc sans frapper, ou s'annoncer de quelque façon que ce soit) dans mon espace vital est très anxiogène. Je sursaute sans cesse, y compris quand mon mari pousse simplement une porte où je ne l'attendais pas.
Je ne suis pourtant coupable de rien, mais chaque fois la même peur m'ébranle, me fait battre le cœur, provoque une éprouvante décharge d'adrénaline dont je me serais bien passée.

Mon espace vital, c'est aussi mon indépendance, ma capacité liberté de faire des choses seule.
Elle s'est malheureusement fort restreinte lorsque, à la suite d'un accident de voiture, nous nous sommes séparés de mon véhicule personnel. Ne reste que la voiture de mon mari, que je n'ose guère emprunter, sauf motif impératif (recherche d'emploi par exemple).
Cette liberté s'est également trouvée restreinte d'une manière cruelle et inattendue depuis notre déménagement. En Charente, depuis que j'étais devenue piétonne j'avais pris l'habitude d'aller marcher une heure environ le matin, vers 8h-8h30.. souvent en allant dans telle ou telle grande surface. Pendant ce temps là mon mari faisait du vélo elliptique, sport d'endurance en intérieur, ce qui me laissait libre d'aller où je le voulais pendant ma propre promenade. Or voici qu'avec notre nouvelle vie, mon mari souhaite prendre de nouvelles habitudes. Parmi lesquelles, se promener avec moi. Et donc, sans même le savoir, restreindre un peu plus ma liberté d'aller et venir librement, en toute indépendance.

Je me sens agressée par cette seule idée.

J'ai beau savoir que ce n'est pas rationnel, qu'il souhaite seulement être avec moi, je ne puis m'empêcher de me sentir suivie, espionnée, surveillée. Où je vais, ce que je fais, combien je dépense, dans quoi... Des choses que je ne peux plus maîtriser s'il est avec moi dans la voiture, s'il se promène avec moi, s'il m'accompagne quand je dépose des candidatures, quand je vais à Pôle Emploi...
Et en même temps je suis si malheureuse d'être ainsi.
Je voudrais tant partager les choses avec lui.
Mais je ne peux pas.

En soins ?

En partant de Charente, je suis allée voir mon médecin traitant.
Après m'avoir suivie durant près de 6 ans, elle a apprit mes angoisses, ma phobie, mon anxiété...
Elle m'a fait un courrier pour mon futur médecin traitant, ainsi que pour le CMP de Tarbes, où exerce une psychiatre formée en TCC, qui pourra, je l'espère, à avancer dans ma guérison.
Je m'étais promis de longue date de prendre rendez vous dès mon emménagement.
Plus facile à dire qu'à faire...

Ne devrais-je pas d'abord prendre un nouveau médecin traitant? Mais alors, comment le choisir, comment apprendre à lui faire confiance? Sur quel motif prendre rendez-vous?
Et puis aller voir un médecin, alors que je suis ayant droit de mon mari du point de vue de la sécurité sociale, cela signifie payer le médecin, mais que ce sera mon mari qui sera remboursé, ce qui perturbe ses comptes... Et puis cela signifie aussi prendre la voiture, notre voiture, la seule qui nous reste depuis qu'un vandale a cassée la mienne à un rond point, par un matin de décembre.
Comme j'étais indépendante, avant cet accident!

Pour en revenir au CMP, quand on sait à quel point il m'est difficile de passer un coup de fil, à ma sœur, à mon ancien médecin, à une agence d'intérim... s'imaginer que je puisse simplement appeler le CMP pour demander quelles sont les modalités de consultation, c'est une triste blague.

Pour l'instant je tourne autour du pot, cherche des informations sur internet, cherche les coordonnées, l'adresse (plus facile de s'y rendre en personne... quoique, car il faut un moyen de transport...).

Je vais y arriver.

Occuper le temps...

Mes journées, je les passe souvent accrochée à mon ordinateur, entre deux ou trois sites, pas plus, avec un jeu dans les intervalles.
Il y aurait sans doute des choses à faire dans la maison, mais j'ai du mal à m'y confronter.
Même le déballage des cartons du déménagement me fait peur.
J'évite beaucoup de choses, mais à la fin de la journée, je suis épuisée de ces évitements.
Peu à peu, je vide les cartons, parce que j'en ai marre de les voir occuper mon espace vital.
De temps à autre, je file à la cuisine pour préparer l'indispensable, mais souvent j'oublie que la cuisine est mon loisir favoris.
J'aimerais travailler, avoir une occupation salariée au milieu de tout ce vide qui rempli si mal ma vie, mais en même temps je suis terrorisée par cette perspective.

J'occupe mon temps par du vide, et en même temps je n'ai jamais su ce qu'était "ne rien faire". L'inactivité est une chose qui me pèse infiniment.