samedi 21 mai 2011

Essayer de sortir, rencontrer des gens...

Comment rencontrer des gens quand on vient d'emménager dans une nouvelle ville, alors qu'on ne travaille pas encore (j'ai eu ma première mission d'intérim hier, un inventaire qui s'est très bien passé)? Difficile question.
Quand je vivais à Poitiers, juste après le bac, j'ai essayé de sortir pour rencontrer des gens, mais ça n'a pas marché. Alors, vraiment, comment s'y prendre?

Et bien figurez vous qu'il existe un site qui porte le doux nom de "On va sortir". Je ne connaissais pas, c'est d'ailleurs bien dommage, parce qu'il y a un portail "Angoulême", qui m'aurait peut être permit, les six dernières années, de sortir un peu de mon isolement.

Il n'est jamais trop tard... Inscription est prise pour le portail tarbais. Nous verrons bien.
Oserais-je sauter le pas? Entrainerais-je mon mari dans des sorties de groupe (je ne suis pas trop sûre que ça lui fasse très envie...).



Au moins, j'essayerais. ^^

jeudi 19 mai 2011

Les années collège... cinq ans de souffrances.

En septembre 1993, j'entrais enfin au collège. 6èmeB.
Le premier jour j'avais voulu jouer les "grandes", j'avais mis une jupe, un chemisier et des sandales avec des petits talons qui me semblaient alors démesurés. Je pensais que je me dépouillerais enfin de mon étiquette de "fille d'instit", que les garçons commenceraient à me regarder, que les filles deviendraient mes amies. Mais c'était compter sans la répartition géographique. Dans ma classe je retrouvais tous les élèves de CM2 que j'avais côtoyés les deux années précédentes. Les autres élèves me faisaient peur. Au bout d'une heure, j'étais perdue et ne rêvais plus que d'ôter ma panoplie de fille modèle pour redevenir la gamine effacée et mal coiffée, en jogging.
Tous ces couloirs et escaliers, ces numéros de salles, ces noms de professeurs me faisaient tourner la tête, paniquer. Les grands me terrorisaient, avec leur habitude de nous bousculer, nous les "bleus" du collège, se frayant un chemin dans les couloirs encombrés.

La première fois que j'ai du monter au réfectoire a été une épreuve.
Toutes les autres fois aussi, d'ailleurs.
Faire la queue, pressée contre les autres, attendre le signal du surveillant pour monter les escaliers, se faire bousculer par ceux qui courraient, qui voulaient arriver les premiers. Puis devoir prendre le plateau, les couverts, les verres, devoir choisir entrées et desserts, puis le plat, sans avoir droit de dire "je n'aime pas ça". Devoir prendre du pain, parce que les pions insistent. Et puis surtout... devoir trouver une place.

Le réfectoire, c'était une salle polyvalente de 200 places, avec des tables rectangulaires fixées au sol. Les gamins s'y installaient par petits groupes d'affinités, souvent garçons et filles séparées, et laissant des places vides entre les groupes. Alors quand on était seul, il fallait s'intercaler entre les groupes, sous réserve d'acceptation. Et j'étais souvent rejetée, par un regard noir, mais surtout par un "c'est déjà prit" plein d'assurance et de méchanceté. Alors j'allais plus loin. Et parfois quand je finissais par trouver une place, ou qu'un pion m'en imposait une à force de me voir tourner en rond, j'étais bousculée. On me prenait mon pain, que je ne mangeais pas, de toute façon, ou mon friand, mon dessert...

Le premier jour de classe, je m'étais proposée pour devenir déléguée de classe. J'avais très envie d'assumer cette fonction. J'éprouvais un besoin d'assumer des responsabilités. Mais comme souvent, ce furent les plus populaires qui furent finalement élus.
Par la suite, au cours de ma scolarité, j'essayais année après année d'obtenir ce statut, sans jamais l'obtenir. Non par "soif du pouvoir", mais par besoin d'être reconnue, simplement.

Aux environs de fin septembre, mon professeur de français nous donna comme sujet de rédaction notre arrivée au collège et nos premières semaines de classe. Je rédigeais un texte très critique où perçais toute ma souffrance, mon sentiment d'inadaptation, mes peurs faces aux autres, qu'ils soient élèves ou enseignants. Sur ma copie, mon professeur laissa des encouragements, affirmant que je finirais par m'y faire. Cinq ans plus tard, je retrouvais cette copie et pleurait à chaudes larmes sur mes illusions perdues.

Ma sœur était certes au collège, mais là plus que jamais auparavant, nos deux années de différence d'âge nous séparaient. Elle aurait sans doute été encline à m'accepter dans son groupe d'amies, mais toutes n'étaient pas du même avis. À 11ans, on est un bébé au regard de "grandes" de 13ans. J'étais donc rejetée par la plupart.

Durant les récréations, je m'isolais, partais m'asseoir sur un banc ou sur les marches du gymnase, et en attendais la fin. Je continuais d'apprendre la solitude, me protégeant ainsi de la méchanceté des autres enfants. Lorsque quelqu'un venait me voir, je ne pouvais m'empêcher d'y voir une agression, un forme de moquerie dans le fait de m'adresser la parole.
De tout le collège, j'étais désormais reconnue comme étant une fille d'instit, fille de prof. Comme une tare, une maladie.
Qui plus est j'étais agressive quand on me "charriait".

Je me suis éloignée des autres, dès que j'ai senti que je ne les comprenais pas, de peur de mal faire, de m'y prendre mal. Et de peur du contact, aussi, qui m'angoissait sans que je sois capable de l'expliquer. J'évitais autant que possible de faire la bise aux "copines" le matin, des gamines dont je ne comprenais pas l'intérêt pour moi. Je ne voyais en elles que des hypocrites et le bise bise rituel m'exaspérait.

J'ai aujourd'hui conscience que ma vision des choses était biaisée, pervertie par ma dépression naissante, ma peur des autres et de leurs pensées.

J'étais de plus en plus terrorisée à l'idée de passer au tableau, de devoir être exposée au regard scrutateur de toute la classe. Plusieurs fois en ces circonstances, je restais paralysée, tremblante, à regarder mes pieds sans pouvoir sortir un son, à me mettre à pleurer. Je développais une pensée magique, des prières personnelles pour ne pas être interrogée.

Mon humeur se détériora. Je pleurais souvent. Devenais de plus en plus colérique et en conflit ouvert avec ma mère.

Vers l'âge de 12 ans, je consultais une psychologue. Mais de voir celle ci s'entretenir avec ma mère me fit perdre toute confiance en elle. Et de tout ce que je pouvais lui dire sur l'école ou ma mère, je me sentais toujours coupable, rebelle, face à une mère aimante et protectrice. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être écoutée et comprise et au bout de deux ans, je finissais par déclarer que je me sentais mieux et laissais tomber. Durant ce délai, j'avais enfermés mes sentiments à double tour. Je ne pleurais plus. Mais je ne riais plus non plus. J'étais devenue sèche comme la pierre. Mais parfois j'explosais en crises de nerfs effroyablement destructrices.

Poussée dans mes retranchements, j'éclatais.
Une interrogation surprise à cause du désordre en étude me donna un jour l'occasion de m'humilier publiquement devant le tiers des élèves du collège, si ce n'est plus...
Tous les vendredi après-midi, une grosse partie des élèves se retrouvaient en étude.  Trois classes, parfois quatre se rejoignaient en salle polyvalente, pour une heure, deux, voire trois. La faute aux enseignants, qui s'arrangeaient pour ne pas avoir de cours le vendredi après midi, afin de se ménager un week end anticipé. Et cette année là, j'avais en alternance une semaine sur deux, une heure de CDI tous les vendredis de 13h45 à 14h45, puis deux heures d'étude. Donc une semaine sur deux, trois heures d'étude. Et chaque semaine, je devais supporter l'angoisse (que je n'identifiait pas comme telle à l'époque) d'être confinée ainsi avec les autres, dans cette grande salle. Je me plaçais toujours au même endroit, de sorte à être dans un angle, face à l'ensemble de l'espace, ce qui me rassurait un peu.
Et tous les vendredi, à l'approche de la fin des cours, vers 16h30, l'ambiance devenait plus dissipée, emplie de bavardages de plus en plus enthousiastes. Et immanquablement, les surveillants essayaient de faire preuve de leur autorité, tentaient de ramener le calme.  Le plus souvent par une punition collective.
Cette fois ci, ce fut une dissertation, un texte argumentatif dans lequel nous devions expliquer pourquoi l'école n'était pas parfaite et en quoi elle était perfectible. J'écrivais avec rage. Et à chaque mot, ma colère enflait, ma panique avec, mon angoisse devenant tonitruante.
Lorsque le surveillant vint ramasser les copies, j'éclatais, évacuant d'un coup la tension accumulée, me rebellant contre l'injustice de la punition, contre la perte de temps infligée à la multitude à cause de quelques éléments perturbateurs pour lesquels la punition de leurs camarades ne faisait ni chaud ni froid. Je les traitaient de cons, eux, les pions qui passaient leur temps à élever la voix contre les récalcitrants, stressant tout le monde, nous empêchant de travailler, alors que le brouhaha général, de par son caractère indistinct ne nous portait pas préjudice. Bien sûr je ne me souviens pas de mes arguments, de ma façon de les tourner.
Ce dont je me souviens parfaitement, c'est de ma douleur mentale, insoutenable, de ma panique totale face à cette situation intenable. Ce dont je me souviens c'est d'avoir hurlé à pleins poumons. C'est de m'être mise à trembler de tous mes membres, à ne plus pouvoir tenir debout sans appuis. Et c'est de ma honte profonde d'avoir ainsi éclaté.

Certains camarades me portèrent au nues, bien sûr parce que j'avais haussé le ton contre un surveillant, parce que je m'étais rebellée. Mais moi, j'avais si honte, tellement honte de moi.
Je devais avoir 12 ans à peine. Peut être 13.

Après cet évènements, tous les vendredi, j'allais en vélo au collège. 7 kilomètres de côtes et de descentes, habitant sans doute le coin le moins plat de la Charente...
Au fil des semaines, je mis de moins en moins de temps à parcourir cet itinéraire accidenté et m'habituais à ce sentiment de liberté immense que j'éprouvais sur ma bicyclette, quand je revenais du collège. Sans doute aussi que cet exercice hebdomadaire régulait mon organisme, sans que j'en ai alors conscience.
Quand je ne prenais pas le vélo, je séchais purement et simplement les heures d'étude, sortant du collège à 13h30, aidée du mot inscrit dans mon carnet de liaison, m'autorisant à sortir du collège le vendredi après midi, et j'allais à Intermarché ou à Champion, m'acheter des bonbons ou du pop corn, que j'allais grignoter à l'abri du lavoir, à l'autre bout de la ville.
Vers 17h, je me glissais dans le collège, attendais la sonnerie dans les toilettes, puis allait rejoindre les élèves en attente de leur bus.
Une fois je laissais filer l'heure et loupais mon bus et je fus mortifiée de ne parvenir à joindre ni mes parents ni l'école de ma mère. Je finissais par appeler une voisine au secours, mortifiée.

À 14 ans, j'avais encore ces heures d'études du vendredi, mais j'obtenais le droit de conduire un deux roues.

Une autre fois, j'éclatais en cours de mathématiques. Lors de ma deuxième année de 5ème, je pense, c'est à dire vers 14 ans. Je n'avais pas compris la leçon précédente. Ne l'avais pas signalé, comme d'habitude, parce que je ne supportais pas de me faire remarquer, et parce que le professeur pouvait être cruel et moqueur, à l'occasion.
Ce matin là, j'avais voulu lui parler avant d'entrer en cours, lui dire que je n'avais pas réussi à faire les exercices, que je n'avais pas compris. J'étais terrorisée à l'idée qu'il s'en rende compte en cours, qu'il passe à coté de moi et constate que les exercices étaient restés vides de solutions sur mon cahier, et qu'il se moque publiquement de moi.
Mais avant que j'ai pu ouvrir la bouche, il me désignait pour corriger les exercices au tableau, pendant qu'il allait bricoler dans la salle informatique, attenante à sa salle de cours. Et avant que j'ai pu protester, il avait fermée la porte derrière lui.
Seule avec mon angoisse, je ne savais que faire. Poussée par les autres, par l'angoisse, j'agrippais me cahier, montais sur l'estrade, tremblante et saisissais la craie. Puis je restais là, plantée par l'angoisse, le sentiment de faute, de défaut. J'essayais d'ignorer les choses, me tournais vers le tableau, tentais de faire semblant de savoir quoi faire. Essayant de me préparer à la critique inévitable, la moquerie, la punition.
Quand l'enseignant pénétra dans la classe, j'étais figée sur ma craie, face au tableau, les larmes aux yeux, les jambes flageolantes. La colère perçait dans sa voix quand il critiqua ma lenteur à corriger. Alors je craquais et retournais contre lui toute ma peur, ma colère contre moi de ne pas avoir su, de ne pas avoir pu faire ces maudits exercices, et pire encore, mon incapacité à supporter le regard des autres sur moi, sur mon dos, sur ma nullité et mon incompétence. Je les excluais de l'affaire et me tournais toute entière contre ce prof qui me terrorisait sous ses faux airs de sympathie, sous ses fausses blagues potaches que je trouvais humiliantes et insultantes. Je lui crachais ma haine de lui, des maths qu'avant j'adorais, je l'agressais de toutes mes forces. Avant de m'effondrer littéralement, physiquement et psychiquement.

♦♦♦

Peu à peu je me suis isolée, mise à l'abri des autres. J'ai commencé à m’installer systématiquement au premier rang, comme pour faire disparaître les autres. J'ai cessé d'aller déjeuner à midi, pour ne plus avoir à faire la queue, pour ne plus affronter le regard des autres quand j'arrivais avec mon plateau dans une salle bondée, refusée de tous quand il s'agissait de s'asseoir à coté d'un groupe ou un autre.

Jamais je n'ai pu travailler en "étude". Le sentiment d'être observée était insupportable. De même qu'en classe. Je buttais sur tous les exercices, tiraillée par la certitude que j'allais me tromper, être interrogée et être la risée de tous.

Les autres me "chahutaient", j'étais la "fille bizarre", celle qui reste seule pendant les récrées, qui ne fait pas la bise le matin, qui préfère rester assise seule dans le bus, ou encore aller en "autodiscipline" plutôt que de rester dans la cour ou en salle d'étude. Je n'étais pas studieuse, mais je me cachais. J'appréciais la "contention" de la petite salle d'autodiscipline, son silence, sa proximité rassurante avec la salle des professeurs.

J'ai fais quelques "bêtises", m'attachant à un groupe un peu "rebelle", avant de comprendre qu'ils se fichaient bien de moi (mais pas de mon argent de poche mirobolant à leurs yeux).
Mais je suis restée seule.

À 16 ans, j'ai passé le BEPC et j'ai stressé comme une malade.
Je l'ai eu.
Je suis passée en seconde, au lycée Marguerite de Valois.

mercredi 18 mai 2011

Un autre petit bonheur du jour.

Bonheur plaisir, gustatif.
Un vrai plaisir savouré, pour ce qu'il est, pour la satisfaction d'une vraie petite faim.
Une vraie tartine de bonheur bonne pour l'humeur.
Du pain bis préparé par me soins.
De la purée d'arachide, bio, sans sucre ni graisses ajoutées.
Une pincée ce sucre complet.
Les yeux fermés, je goute chaque bouchée.
Je savoure.
Sans me presser.
Et c'est si bon.
Pas du grignotage.
Juste une tartine, pour le gouter...

Petit bonheur du jour

Il fait beau...
Il fait chaud...
Le soleil fait rayonner la verdure dans les tons que j'aime.
Quelques photos, sans doute pas à la hauteur de mon plaisir.
 Les haies radieuses, éclatantes de verts...
 Une fleur de courgette.

Collège...

Voici un petit moment que j'ai laissée en plan mon évolution, mon histoire.
C'était pourtant un travail auquel je me promettais de m'atteler en créant ce blog... Il est donc temps de s'y remettre. Je resterais cependant dans le global, les grandes lignes, les grands faits marquants, et les petites routines. Il y a des oublis, forcément. Et des omissions.
Il y a aussi un grand désordre, parce que je ne me souviens pas toujours de l'ordre de tout.
Sans doute qu'au fil du temps, le blog s'enrichira des anecdotes relatives à cette époque là, qui sont nombreuses, et que je ne peux pas écrire ici.
Ici, c'est la place de l'ambiance générale, du glissement que j'ai subi, vers le mal être.


Attention, pavé.
En 1993, j'entre au collège. Je quitte ma mère, ses méthodes pédagogiques et les classes uniques pour un établissement de 300 élèves environ, et intègre comme tout le monde une classe d'environ 25 élèves. Tous les matins, je vais prendre le bus (Ouf! c'est avec ma grande sœur, qui est en 4ème).

Le premier jour, du haut de mes onze ans, je voudrais être une "grande", une femme. Me faire remarquer, aussi, sans doute, autant être honnête. Je voudrais être une fille pour de vrai, pas un garçon manqué, perpétuellement mal coiffée, toujours en jean ou en jogging... Je met alors une jupe et un chemisier, et même des sandales à talons.
J'étais fière de moi, je me sentais jolie... peut être une heure. Ensuite je me suis sentie très mal, j'avais la sensation d'être déguisée, de ne pas être moi même. Je n'avais plus qu'une hâte, c'est que la journée finisse et que je reprenne mes vêtements unisexe. La fierté avait été remplacée par une grande honte, un sentiment épouvantable de m'être tournée en ridicule devant les autres.
 Le collège commence dans un sentiment d'angoisse. Dans ma classe je retrouve mes camarades de CM2, alors que j'avais une sorte d'espoir de pouvoir rompre avec le passé, redevenir anonyme. Manqué, je reste une "fille d'instit'" aux yeux de tout le monde. Sans compter que je suis rapidement étiquetée "bizarre".
Je me tiens à l'écart des autres, n'arrive pas à me sentir à l'aise avec eux. Je ne connais personne. J'essaye malgré tout de me tailler ma place dans les petits groupes qui commencent à se former, bien maladroitement.

Le premier jour, ou dans la semaine, on nous demande de nous choisir un délégué de classe. J'ai envie de reconnaissance, j'ai envie aussi d'être un interlocuteur auprès des enseignants, car je reste plus à l'aise avec les adultes qu'avec les jeunes de mon âge. Mais je ne jouis d'aucune popularité, et ma candidature tombe à plat. Je suis tout de même élue suppléante. Mais je n'aurais jamais aucun rôle à jouer.

Le collège me pèse d'emblée. Je m'y sens étrangère. Les devoirs me déstabilisent, je n'arrive pas à organiser mon travail, je ne sais pas apprendre mes leçons, ni même les revoir, les relire. Bien souvent j'essaye de faire mes exercices sur la seule base de mes acquis de cours, ne pensant même pas à essayer de relire la leçon avant de me lancer tête perdue dans les exercices. Est-ce par orgueil? Est-ce parce que je voudrais tout savoir, sans effort? Je ne sais pas. Toujours est-il qu'à la moindre difficulté, je m'énerve, je me sens mal, je me met à pleurer. Je me sens nulle. Pire, je sais que je suis nulle. C'est trop dur, je ne vais pas y arriver. Je feuillette la leçon, le manuel, j'essaye de comprendre, mais mes engrenages sont grippés, dès que je commence à douter de moi, dès que je commence à croire que je n'y arriverais pas, il n'y a plus que ça qui compte, et le reste est fichu.
Je fais tous mes devoirs "à l'arrache", au dernier moment, seul moyen de zapper l'angoisse, de l'empêcher de me bloquer totalement.

Rien n'est pire que les exercices à faire en cours, avec le prof qui passe entre les tables. Je suis terrorisée à l'idée de faire des erreurs, des fautes. Je cache mon cahier du mieux que je peux, surtout que ça ne se voit pas, que je suis nulle, que je n'y arrive pas. La moitié du temps, je ne fais pas les exercices, le cerveau paralysé par la peur, embrouillé pas tant d'ailleurs par le problème ou l'exercice qu'on me pose (en maths, en anglais...) mais par les conséquence si je n'y arrive pas. Car si je n'y arrive pas et qu'on me demande de corriger, tout le monde se moquera de moi. Si je ne fais pas l'exercice, que je garde page blanche, le professeur va croire que je suis feignante, que je n'essaye pas. Or, j'essaye à m'en faire pleurer. Mais ça ne vient pas.

Bien sûr, ce n'est pas comme ça dans toutes les matières, et même pas pour tous les sujets. Il y a certaines choses que je comprend vite et facilement. Mais dès qu'un problème se pose, dès qu'une difficulté s'élève, c'est le blocage complet. La seule chose que je reste capable de voir, c'est que je n'y arrive pas, que je n'y arriverais sans doute pas, que je risque d'être punie parce que je n'y arrive pas, que je risque d'être sanctionnée parce que je n'y arrive pas, que c'est injuste que je n'y arrive pas. Du coup je fais reposer la faute sur les autres, les enseignants, ma mère, même mes camarades. Je retombe dans une logique de tricherie pour évacuer mes angoisses. Je copie par dessus un coude, mes yeux se baladent, je m'efforce de remplir les trous, de faire quand même des fautes, pour pas qu'on voit que j'ai triché. J'essaye de trouver la bonne solution, une fois que j'ai vu les mots ou les chiffres tracés par les autres.
Je ne pense pas à mal. Je sais pourtant que c'est mal. Mais j'ai tellement peur de la mauvaise note.
J'ai peur du redoublement, de tout ce qu'il y a de péjoratif là dedans.
Je redoublerais pourtant ma 5ème. Et j'aurais les mêmes notes ou presque que précédemment.

Tout m'angoisse au collège. La classe avec tant d'élèves. Le fait de changer de salle pour chaque cours. Le nombre de professeurs. Les "grands" dans les couloirs, qui nous bousculent. Les cours de sport, surtout avec des ballons, dont je conservais une peur irrationnelle. Les récréations, au cours desquelles je cherche désespérément ma sœur, au grand agacement de certaines de ses copines.

Par moment j'ai l'impression d'être intégrée, on me fait la bise le matin, on me demande si ça va, je rentre dans ce rituel. Et puis patatra, des événements viennent bousculer mon assurance d'être enfin acceptée des autres.
Une anecdote parmi d'autres, qui me serre encore le cœur d'angoisse (c'était il y a plus de 17 ans!!!). Nous étions un groupe d'élèves à discuter à propos d'un professeur. Je me faisais mousser, je me donnais plus d'importance, en disant ce que je pensais que les autres voulaient entendre. Je ne critiquais pas les méthodes pédagogiques, mais en cet instant précis, je riais du triple menton du prof. Une camarade, redoublante, m'a fait une critique et j'ai répliqué un peu vertement "ben quoi, c'est pas ton père". Sur le coup on en est restées là. Mais le lendemain trois filles de 3ème sont venues me voir sous le préau, m'ont agrippée par le bras pour savoir ce que j'avais dis à M. à propos de son père, et pour me dire surtout qu'elles m'interdisaient de lui parler de son père. J'étais terrorisée. Sur le coup, je n'ai rien compris, sauf qu'elles menaçaient de me faire du mal.
Après ça, j'ai été plus prudente dans mes propos, mais je crois que je suis restée une grande gaffeuse.

Un jour, peut être un mois après la rentrée des classes de 6ème, notre professeur de français nous a donnée comme sujet de rédaction notre entrée au collège. Il nous fallait raconter les faits, mais aussi transcrire nos sentiments.
J'ai rempli deux pages doubles petit format. J'y décrivais mes peurs, et puis surtout mon sentiment de ne pas m'adapter au collège, de ne pas y trouver ma place.
L'enseignant avait alors écrit un encouragement sur ma copie, en affirmant que j'allais finir par m'y faire.
Des années plus tard, entrant au lycée, j'ai retrouvée cette copie, et j'ai pleuré sur cette promesse non tenue.
Jamais je ne m'y suis faite, et j'en reste pleine de regrets.

Pendant mes années collège, les heures d'étude étaient ma hantise. Le fait de devoir travailler dans une extrême proximité avec les autres était terrible pour moi. Je détestais ça.
Par ailleurs les appels au silence et à l'ordre des surveillants me perturbaient beaucoup. Sans compter la terreur des punitions collectives, qui reposaient bien souvent sur des conjugaisons à tous les temps... que je n'avais pas réussi (et ce n'est toujours pas le cas) à apprendre.
De la 6ème à la fin de ma 3ème, j'ai toujours détestées ces heures d'étude en salle commune.
Une fois, j'en ai même fais une crise de nerfs.

C'était un vendredi après midi. Ma classe avait trois heures d'études. Je devais être en "deuxième année" de 5ème.
Plusieurs classes "purgeaient" deux ou trois heures d'étude le vendredi après midi, comme nous, de telle sorte que la salle commune était pleine à craquer.
Je n'avais eu d'autre choix que de m'installer à une table déjà pleine, dans l'angle de la salle. J'étais incapable de faire mes devoirs, au risque qu'un regard descelle une erreur, une faute d'orthographe. Alors je passais ces trois heures à rêvasser et à écrire ma  tristesse, ma rage contre le monde, l'injustice de ma vie, ce genre de choses qu'on écrit à 13 ans, convaincu que si on va mal, c'est avant tout de la faute des autres.

Ce jour là, il devait faire chaud, les élèves étaient particulièrement indisciplinés, bruyants.
En ce qui me concerne, je supportais fort bien le brouhaha général, plus facile à ignorer qu'une voix unique... qui ne manquait pas de se manifester, produite par l'un des surveillants. J'étais excédée par les remontrances. Je me faisais plus petite qu'une souris, mais à chaque remontrances quasi hurlées, je me sentais pourtant visée, humiliée, du simple fait d'être là.
J'attendais avec angoisse la punition qui finirait pas tomber.
Elle était tombée.
"Dissertation". Texte argumentatif. Sujet: Pourquoi l'école n'est elle pas parfaite et comment pourrait on l'améliorer? J'en ai fais une copie double, grand format. Je ne me souviens plus de ce que j'ai écris, mais je crois que j'y parlais de respect, du nombre d'élèves par classe, des choses qui moi, me faisaient souffrir. Je me souviens aussi que le "pion" a ramassées les copies, a fini par moi, et que par défi (en fait, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête), j'ai déchirée ma copie sous ses yeux. La punition était injuste et dans mon esprit sans doute totalement inutile.
Et puis après... trou noir. Je me suis mise à hurler, cela je le sais. J'ai dis des choses, sans doute ma version des "quatre vérités". J'ai hurlé et j'ai pleuré. Et j'ai fini effondrée sur ma chaise, secouée de sanglots et de tremblements. Je tremblais tellement que j'ai eu du mal à me lever, à descendre les escaliers, à aller prendre le bus.
Pourtant sur le coup, je crois que j'étais fière de moi.
Mais dès le lendemain, j'étais morte de honte, et je crois que ce sentiment me poursuit encore.
Je ne me souviens pas des conséquences de cette crise.

Après ça, j'ai obtenue une autorisation de sortie de mes parents. J'avais le droit de quitter le collège, tous les vendredi après-midi, à la fin de la pause déjeuner. J'allais à vélo au collège. 7 kilomètres. Tout ça pour ne plus aller en étude. Je préférais peiner dans les cotes qui jalonnaient mon parcours plutôt que de devoir remettre les pieds en étude. Puis à 14 ans, j'ai eu la mobylette.


J'allais mal, à cette époque. Je crois qu'on peut dire que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. J'étais une ado triste, mélancolique et colérique.

Un jour, vers mes 12 ans je pense, ma mère m'a demandé si je voulais parlé à quelqu'un, un psy, ou même un prêtre (j'avais eu ma "petite crise religieuse", tout récemment). Un psy, oui. Une femme.
J'ai donc vue une psychologue, pendant peut être 2 ans.
Jamais je n'ai pu me confier à elle. Jamais je n'ai su parler de mes angoisses, de mes vraies difficultés. Chaque fois que j'évoquais ma mère, c'était comme si la psy prenait sa défense, comme si elle essayait de me démontrer que j'avais tort de ressentir ce que je ressentais, alors j'y allais, je parlais, je surveillais mon langage, et je n'étais pas moi même.

Au début ma mère m'emmenait.
Et puis quand ma sœur a été au lycée, ma mère a estimé que je pouvais y aller en bus. La ligne régionale passait par la ville où se trouvait le collège. Ainsi le mercredi, j'emportais mon sandwich et à la fin des cours, je traversais la ville pour aller prendre le bus de 13h30(?). Je mangeais mon sandwich toujours en proie au doute (ai-je l'argent? est-ce la bonne heure? etc). J'aurais pu attendre le bus au coin de la rue du collège, mais là, il n'y avait pas d'abri, et surtout il y avait souvent d'autres gens, alors que là où j'attendais, souvent, j'étais seule.
Cette recherche désespérée de solitude, à l'époque, je n'avais pas conscience qu'elle traduisait une peur irrationnelle des autres. Je "préférais être seule", voilà tout.

Tous les mercredi, ou peut être moins souvent, je prenais donc le bus. Je "montais" à Angoulême. Et tous les mercredi, je me perdais dans les rues, ne retrouvant le cabinet de la psy qu'in extremis, à l'heure du rendez vous. Je parlais une heure de choses et d'autres, mais pas de ce qui me faisait souffrir, puis je repartais. Un jour, j'ai décidé que je n'irais plus. J'ai écris une lettre à la psy, avec tout ce que j'avais sur le cœur, dans un langage bien moins soutenu que celui que j'utilisais en séance, je la lui ai donnée, et je n'y suis plus retournée.
À la place, j'allais au cinéma avec ma sœur et ses copines, continuant à prendre le bus, et meublant mon mercredi après midi. Le temps a passé.

Un jour, un élève a tenté de se suicider en buvant de l'eau de javel. D'un seul coup, les profs ont semblé se rendre compte que certains élèves étaient en détresse. Ces élèves ont du passer devant une assistante sociale. J'en faisais partie.
J'ai éprouvée une grande colère vis à vis des enseignants. Je montrais depuis des mois, des années même que j'allais mal, et jamais je n'avais reçu le moindre signe d'encouragement de leur part. Et d'un seul coup, j'étais envoyée chez une assistante sociale, presque en punition.
Laquelle devait m'envoyer consulter à la permanence du CMP, au centre social voisin.
Il n'y eut guère de suite: j'ai "accroché" à l'infirmier psy qui était là pour mon premier rendez vous, mais la psy que j'ai vue la fois suivante m'était profondément antipathique, et je n'ai pas souhaité continuer.

Les années de collège se sont ainsi égrainées. Quelques hauts. De plus en plus de bas.
Cinq années. Ponctuées d'événements divers, de voyages scolaires, tous des échecs pour moi, au point qu'en 3ème, j'ai refusé de participer à celui de ma classe, la coupe était pleine. Je savais que je me serais effondrée psychologiquement à la fin de la première journée, alors non merci. J'avais vécus tous les autres comme des calvaires, je ne voulais plus de ça.

À la fin de la 3ème, je n'allais plus jamais manger au réfectoire. Je ne supportais plus de faire la queue, oppressée par la proximité des autres, insupportée par le regard qu'on risquait de porter sur moi pendant que je mangeais, dérangée par la surveillance des pions. Aucun système ne permettait de vérifier si on prenait bien ses repas.
Je passais la journée sans manger ni boire. Je rentrais à la maison à 17h30 et me préparais un repas, à coup de conserve, d'omelettes ou de pommes de terre sautées.

À la fin de la troisième, je vivais seule avec moi même. Je refusais la compagnie des autres, j'obtenais sans difficulté d'aller en salle d'auto-discipline plutôt qu'en salle d'étude. Je passais toute la pause déjeuner dans le parc ou la salle d'étude. Je refusais le rituel ridicule qui voulait qu'on se fasse la bise le matin (je voyais mes camarades comme des inconnus, dont parfois je ne connaissais même pas le prénom!). Je ne voulais plus répondre quand on me demandait si j'allais bien. Et puis je voulais mourir. Depuis plusieurs années déjà. En 4ème, par deux fois lors d'un voyage scolaire, j'avais bien faillit le faire. Sauter dans la Seine, en plein mois de février. M'endormir dans les eaux glacées, entraînée par mon poids et mes vêtements. M'ouvrir les veines. Prendre des médicaments.
Une seule chose m'a sauvée. Pas la peur, de mourir, d'avoir mal. Juste ma sœur, sans qu'elle le sache. Ma sœur, mon idéal de vie, mon modèle. Et la honte que j'avais de la faire souffrir, de l'entraîner à son tour dans ce que je voulais quitter. La salir avec ma mort, avec la peine que ça lui aurait infligé. Cela me terrorisait. J'en faisais des cauchemars la nuit, me réveillais en larmes.
Pourtant j'étais en conflit avec elle.

Pour la simple raison que je lui en voulais de ne pas voir que j'allais si mal. Je lui en voulais de ne pas savoir m'aider. Et en même temps je ne voulais pas de son aide. Je lui en voulais aussi de ne pas comprendre que c'était une torture pour moi qu'elle ait sa chambre en dessous de la mienne, et qu'à travers le plancher elle puisse tout entendre de ce que je faisais.

Je me sentais espionnée. J'avais le sentiment de ne pas avoir d'intimité. J'avais alors le sentiment que personne ne respectait mon espace vital, que je ne pouvais pas écouter de la musique sans la déranger, que je ne pouvais pas bouger sans qu'elle entende le bruit de mes pas, que je ne pouvais pas être seule, pour de vrai, que n'importe qui pouvait me voir de la cuisine, par la fenêtre de ma chambre, que n'importe qui pouvait entrer dans ma chambre sans verrou. Il m'était insupportable de voir quiconque franchir le pas de ma chambre, je le vivais comme une agression et j'en ressentais une grande détresse, et malheureusement, je n'avais pas encore les mots pour l'exprimer.

Je n'avais plus d'amis, de copains, personne à inviter ou chez qui être invitée. Pas de copines à aller voir, avec qui passer du temps au téléphone. Mes loisirs se résumaient à la télévision et Internet, ainsi qu'à quelques balades à pied ou à vélo, seule. Et quelques fêtes ou sorties, avec ma sœur et ses copains. Avec toujours le sentiment d'être une étrangère, une usurpatrice, de ne pas être à ma place. Sentiment qui ne m'a plus jamais quittée... sauf peut être une fois, une seule fois... plus tard.

J'ai passé le BEPC la peur au ventre, persuadée qu'un échec serait terrible. J'ai travaillé et révisé pour la première fois de ma vie, sans savoir comment m'y prendre, terrorisée à l'idée de ne pas avoir ce diplôme... puisque personne ne m'avait dit qu'il n'avait pratiquement plus d'importance. N'ayant pas d'amis avec qui discuter, je ne savais pas qu'il ne constituait pas une condition à mon entrée au lycée.

L'été de mes 16 ans a commencé. En septembre, j'entrais au lycée.

mardi 17 mai 2011

Somatisation



Définition du mot Somatisation : Expression physique d'une souffrance psychique.
Soma, en grec ancien, désigne le corps. Nous somatisons lorsque nous avons tendance à éprouver ou à exprimer une souffrance physique en réponse à un stress ou un traumatisme psychique. Ce processus est souvent associé à des troubles dépressifs ou anxieux. On parle de maladie psychosomatique lorsqu’une pathologie physiologique semble avoir pour cause un problème psychique.*
*Psychologies.com
Je somatise depuis mon plus jeune âge.
Comme beaucoup d'enfants en bas âge, ça a commencé avec le fameux "mal de ventre" avant d'aller à l'école. Mal de crâne aussi (déjà des céphalées de tension?). Et puis de l'urticaire au menton (ma mère en garde étrangement un souvenir déformé, persuadée que j'ai de l'herpès labial).

À l'école primaire, j'ai souffert d'énurésie diurne, ainsi que de terribles douleurs dans les jambes dites "psychogènes", dont les médecins ne trouvaient pas la cause, sauf "peut être", la croissance (j'avais alors 7 ou 8 ans).

Arrivée au collège, j'ai commencé à souffrir d'angines à répétition (peut être à cause d'une baisse de mon immunité, due à la dépression?), puis de cystites à répétition. J'ai aussi souffert de dysménorrhée.

Au lycée, je faisais de l'hyperphagie compulsive tous les weekend, aboutissant régulièrement à des vomissements nocturnes. Cela avait conduit mon médecin à penser que j'avais un reflux gastro-oesophagien (je dissimulais mon hyperphagie, que je considérais comme une faute, un manque de volonté... et dont je ne connaissais pas l’appellation, à l'époque). J'ai été traitée pour ce soi-disant reflux pendant des mois, jusqu'à ce que mon père m'emmène chez un gastroentérologue de sa connaissance, qui s'est alors rendu compte en quelques minutes que j'étais très (trop) nerveuse pour une fille de 16ans (il s'est fondé sur mon rythme de déglutition). Ces déglutitions excessives ayant plusieurs conséquences gênantes. La première, c'est que j'avalais beaucoup d'air, qui devait bien ressortir (rôts). Ensuite ce va et vient gazeux avait pour effet d'amollir les muscles assurant l'étanchéité du sphincter supérieur de mon estomac, facilitant ainsi la remonté des sucs gastriques dans mon oesophage.
C'est à ce moment que j'ai commencé à prendre de l'Euphytose, à raison de 2 comprimés, 4 fois par jour.

Parallèlement à ça, mes cystites continuaient et je sentais en permanence ma vessie, étant d'ailleurs incapable d'avoir une miction normale et sans douleur. J'ai été envoyée chez un urologue, qui n'a décelée aucune anomalie d'ordre médical. Ce n'est que bien plus tard que j'ai enfin découvert le plaisir de ne pas sentir ma vessie... lorsque j'ai pris des anxiolytiques!

J'ai ainsi souffert régulièrement de divers troubles fonctionnels (c'est à dire non associés à des lésions ou des maladies) depuis ma petite enfance. On m'a longtemps vue comme une malade imaginaire ou alors comme une hypocondriaque.

Mais ma souffrance, je ne la traduisais pas par "j'ai un cancer" ou "j'ai l'appendicite". Non, je la traduisais par "je vais en parler, on va me dire ce que j'ai, et après, on me soignera, et je n'aurais plus mal, je ne souffrirais plus...".

Malheureusement une guérison fait toujours apparaître un nouveau symptôme, à court ou moyen terme. Par ailleurs je reste convaincue que si je laisse les symptômes s'installer, ils risquent tôt ou tard d'altérer ma santé pour de bon (brûlures de l’œsophage à force de vomir, irritations de la vessie chroniques, érosion dentaire à cause du bruxisme dont j'ai parlé tout récemment... et puis bien entendu, toutes les conséquences connues du stress et de la dépression).

Alors, plutôt que d'attendre, j'attaque.
C'est une de mes grandes motivations pour entrer en parcours de soins.
Soigner mon esprit, c'est aussi soigner mon corps, apprendre à vivre en paix avec lui, avec moi.

lundi 16 mai 2011

Cloitre

C'est un souvenir qui m'est revenu récemment. Sans doute parce que l'actualité disait que l'épouse Dutroux voulait entrer au couvent...

Pendant des années, j'ai rêvé de cloître, de couvent, de retrait en moi même, loin du monde des Hommes, loin de la vie, loin de mes peurs.
J'en ai caressée l'idée, souvent.
Sans doute aurais-je sauté le pas, si j'avais seulement su comment faire.
J'aurais voulu un endroit à l'écart des gens, des routes, de la vie.
Un endroit où on se recueille, un endroit pour écrire, un endroit pour travailler, aussi, loin des contraintes de la recherche d'emploi, de l'entretien d'embauche, où l'on travaille pour une communauté, pour les autres et non pour soi même.

J'aurais voulu m'effacer, disparaître, fusionner avec une telle communauté.
Oublier le reste.
Et qu'on m'oublie au dehors, aussi.

Céphalée de tension

"Céphalée de tension"... Une expression très médicale pour décrire le mal de crâne qui m'épuise régulièrement. Aujourd'hui, il me transperce le crâne de droite à gauche (c'est à droite que j'ai le plus mal). Une douleur dans ma nuque, complètement crispée, remonte dans mes tempes et dans ma mâchoire. Un symptôme de plus dans la grande liste de mon mal être.
J'avais du entendre l'expression quelque part, dans un forum peut être, et je m'étais mise à l'utiliser, parce que je sentais que ça décrivait au mieux ce que je ressentais.

J'ai fini par entrer le terme dans un moteur de recherche, pour trouver si ça correspondait à quelque chose. C'est le cas. Wikipédia en donne la description. Intéressant de voir que dans les méthodes thérapeutiques on trouve les TCC...
Malheureusement pas de TCC pour moi avant mars 2012. La psy qui s'en occupait au CMP de Tarbes part précisément en congés maternité.
Je resterais prioritaire...

On trouve plusieurs articles très sérieux sur Internet concernant les céphalées de tension (CT).
J'aime bien l'article de l'information hospitalière (même si je n'ai pas encore fini de le lire), notamment le passage sur la culpabilité des patients d'avoir "tout le temps" mal au crâne. Cela se situe dans le septième paragraphe, presque l'introduction, en somme.
C'est d'autant plus marquant pour moi que je souffre depuis deux décennies de CT, et que j'ai cessé de "signaler" à mes proches mes maux de crâne à force d'entendre des remarques du genre "quand tu aura mal nul part, tu nous préviendra" (je souffre également d'autres douleurs chroniques d'origine nerveuse).
C'est vraiment très pénible à vivre.

Les CT m'ont pourrie la vie, tout au long de ma scolarité, puis à l'âge adulte. J'ai fini par avoir en permanence de l'aspirine avec moi, que je prenais à toutes petites doses, de peur d'intoxication (certaines spécialités d’homéopathie en contiennent à peine 300mg par comprimés, lesquels sont sécables). J'alternais, en fonction des périodes, avec le paracétamol. En revanche je n'ai jamais pris d'Ibuprofène (bien m'en a prit, je suis allergique depuis l'an dernier).

Je me suis fais enlever les dents de sagesse à cause des CT. J'espérais y mettre fin, mais ça n'a pas marché, hélas. Maintenant ce sont les cicatrices de mes défuntes dents qui me font souffrir, à chaque crise.
Il faut dire que j'ai aussi une légère tendance au bruxisme centré (je serre les dents de manière inconsciente, de jour comme de nuit... avec une petite tendance au bruxisme excentré la nuit, c'est à dire que je grince des dents, parfois).
Le bruxisme est une cause connue de céphalées de tension.
"Accessoirement", c'est aussi une cause de douleurs dentaires...
Et malheureusement les dispositifs type "gouttière" qu'on se met dans la bouche la nuit ne me sont d'aucune aide, vu que c'est la pression verticale de mes mâchoires qui me fait souffrir.

Pour en revenir aux céphalées de tension, il existe une association de patients, "Papillons en cage", qui apporte information et soutien aux patients, familles, proches.

Et pour en revenir à moi, et bien j'ai mal.
J'ai mal au cou, j'ai mal aux dents, j'ai mal à la boite crânienne, j'ai mal aux yeux, aussi.

Je suis sensible à la lumière, et comme une idiote, je passe mon temps derrière un écran d'ordinateur. Mais lire n'arrange rien, c'est même pire. Et les autres occupations... je n'en ai pas, sauf cuisiner.

Dès que je vais dehors, ou presque, c'est avec des lunettes de soleil sur le nez.

Et quand j'ai mal (et c'est fréquent), je suis plutôt intolérante en ce qui concerne les portes et placards qui claquent, les tintements de verres ou de cuillères, les cliquetis des clés... bref, à peu près tous les bruits.

J'en ai marre, tellement marre d'avoir mal.
Je me souviens d'une fois, avant de me faire enlever les dents de sagesse, où je me suis retrouvée recroquevillée dans un coin de la cuisine, chez mes parents, presque allongée sur le carrelage, tellement j'avais mal au crâne. Une amie de ma mère a choisi ce moment pour téléphoner. Je souffrais tellement que je ne pensais qu'à lui raccrocher au nez, mais elle parlait, parlait... J'ai fini par lui dire que je ne pouvais vraiment pas lui parler, que j'avais trop mal.
Après ça, il paraît qu'elle a dit à maman "ta fille, ça va vraiment pas, sa tête"... et maman n'a pas bien comprit si c'était de ma santé physique où mentale, dont I. parlait... ^^

Bref...
J'ai mal, bon, c'est comme ça, c'est pas la première fois ni la dernière, je n'ai pas envie de prendre de paracétamol ou d'aspirine (pas avant d'essayer de dormir), alors tant pis pour moi.


mardi 10 mai 2011

Passage à vide


Tête vide, cœur plein, cœur qui éclate, peine qui éclate, sortie du vide.
Vide, sauf de tristesse.
Si aussi l'amour, l'Amour avec un grand "A", qui un jour est venu me sauver.
Pas assez reconnaissante?
Pas assez satisfaite de ce que j'ai? Si.
Mais toujours le vide, la tempête, les larmes qui débordent.
Parfois il suffit d'un plaisir, d'une grande joie, et le vide déborde, déferle, emporte tout, et il ne reste que cette sensation, assommante, terrifiante, de ne savoir que pleurer, me lamenter, ne pas pouvoir faire autre chose, jamais.
Tellement de douleur qui me broie, m'efface, m'anéantit.
Tellement de larmes.
Tellement le besoin de me faire du mal dans ces moments là. Si ce n'est au corps, à l'esprit. Torture.
Torturée.
Torturer.
Les larmes coulent et j'étouffe mes sanglots. Ne pas être entendue de mon Amour, il pourrait croire que ça ne va pas, que je suis malheureuse avec lui.
Bonheur.
Heureuse avec mon Amour.
Mais tellement, tellement malheureuse au dedans de moi, avec moi même.
Je crains de n'avoir pas fini de me haïr, de me dégouter.
Abattement.
Humeur fluctuante, dents de scie.
Ecriture automatique dans ces moments là... Enchaînements de mots, de phrases, pas toujours cohérents, mais libérateurs. Ouverture des vannes.

Expulsion du vide par apport de plein massif.
Sentiments. Ressentir.

Vivre.

Aller faire la cuisine, c'est l'heure du dîner.

Fin.

lundi 9 mai 2011

Petit bonheur du jour

Petit bonheur...
Grand bonheur...
Plusieurs blogs, une même femme...
Et parfois, trop rares, des petits mots...
Un message privé dans un forum de cuisine...
Une lectrice qui se reconnaîtra.

Je rentrais d'une balade en vélo, au cours de laquelle je me suis rendue à la boutique bio toute proche... je venais de me préparer mon porridge comme je l'aime... son d'avoine, lait et eau, une cuillerée de purée d'arachide, une cuillerée de sirop d'érable. Je m'offrais une récompense pour 1h30 de marche et 30 minutes de vélo. Je savourais ma bonne humeur et mon plaisir de vivre, sans arrière pensées, quand ce message est arrivé.

Double bonheur: être allée à la boutique bio en vélo, chose que je me promettais depuis des jours, et avoir reçu ce petit mot.

Merci, Manou...

dimanche 8 mai 2011

Interpretative...


Ce mot, ce qualificatif, il décrit une conduite que j'ai face aux gens. Il signifie tout simplement que j'essaye de savoir ce que pensent les gens. En fonction de leur attitude, du ton de leur voix, du mouvement de leurs yeux, ou de tout autre indice ou commencement d'indice, je cherche à savoir si ce que je dis ou fais est "bon", si je plais ou si je déplais.
C'est une attitude éminemment dangereuse et "casse-gueule", car toute interprétation de ce type passe bien sûr par le tamis de mes doutes, de mes émotions, de mon manque d'estime de moi même.
Mes interprétations sont souvent négatives "il/elle va penser que je suis idiote, nulle, que je ne connais pas mon sujet, que..."
Face à cette conduite, j'ai développé des évitements, pour me préserver.
Ainsi pendant mes oraux d'examens, je ne regardais jamais les profs, pour ne pas être perturbée par leur attitude à mon égard. Mais ce n'est pas terrible, vous en conviendrez, d'appliquer cette méthode en toutes circonstances (pendant un entretien d'embauche, je dirais même que c'est à proscrire!).

Bref, ça me joue de terrible tours.
Surtout face aux gens qui "comptent".
Mes parents, mon mari, ma famille, par exemple.

Presque une tentative de télépathie...

samedi 7 mai 2011

Vouloir vivre...


Vouloir vivre sa vie pleinement chaque jour.
Vouloir découvrir des choses, des gens.
Vouloir partager.
Vouloir...

Mais ne pas savoir vivre, ne pas savoir comment, quand, où...
Avoir si peur, si peur de tout.
Se sentir si désarmée face au monde, si perdue.

Vouloir changer.
Espérer.
Espérer pouvoir apprendre.

Tant de souffrance, tant de peine, quand j'y pense.
Tant d'années gâchées à ne pas pouvoir...

Regarder vers l'avant.
Vouloir vivre.
Vouloir si fort...