lundi 31 octobre 2011

Element perturbateur


L'élément perturbateur pénètre dans mon quotidien et me fait perdre mes repères, ma routine, mes habitudes. Il me perturbe dans mon équilibre ordinaire. Il m’agace, me gêne, et parfois, j'aurais envie de lui hurler de me foutre la paix et, pour faire bonne mesure, de lui arracher les yeux.
Mais je suis une jeune femme civilisée, et je m'efforce de tenir mes nerfs.

L'élément perturbateur est généralement un invité à la maison, souvent un ou plusieurs membres de la famille. Parfois un voisin ou des amis, mais c'est quand même plus rare, actuellement.

L'élément perturbateur est généralement sympa, il a envie de rendre service (nan mais je t'ai rien demandé!), et même quand il a raison (Whaou! c'est clair qu'un coup de dégrippant dans cette serrure, ça le fait!), je lui en veut (ouais, je suis trop conne de pas y avoir pensé toute seule). Et quand il s'agit pour lui de s’immiscer dans la vie quotidienne (style on fait les courses), là, pas question qu'il ose mettre son grain de sel.

L'élément perturbateur est généralement bien attentionné, et s'inquiète quand je ne parle pas ou que j'ai l'air éteinte (c'est souvent parce que je suis trop occupée à remâcher ma fureur de voir mes habitudes bouleversées). Du coup, je ne sais pas trop quoi dire, sinon "je suis fatiguée" (mais je risque des remarques à la con, donc terrain glissant) ou "j'ai rien à dire".

Quand on se balade avec l'élément perturbateur, celui ci se retourne régulièrement histoire de voir si je suis bien (ben ouais, je suis lente à la montée) du coup je passe devant, pour ne plus le voir braquer son regard sur moi. L'élément perturbateur a aussi tendance à faire de multiples pauses pour admirer le paysage (pour mieux nous montrer qu'il apprécie la balade?) et du coup on est obligé de l'attendre (grumpf!).

Parfois l'élément perturbateur veut aider dans la cuisine. Il m'est ainsi arrivé de me retrouver avec une recette totalement différente de celle prévue, parce que "tu vas te faire chier à découper cette cuisse de dinde" (hop! entière dans la cocotte) et parce que le voisin a apportée une tomate monstrueuse de 800gr (hop! dans la cocotte aussi) et du coup pas de sauté de dinde à la crème mais une cuisse de dinde à la tomate...
Là je lui planterais bien mon couteau de cuisine entre les omoplates, à l'élément perturbateur.

L'élément perturbateur, d'ailleurs, ne veut pas forcément aider dans la cuisine, mais il a envie d'être là, parce que après tout on est là pour être ensemble... du coup sa seule présence m'énerve et me perturbe, car je ne cesse de me sentir scrutée (attention, je ne dis pas que c'est le cas... c'est juste ce que j'éprouve). Cette présence est qui plus est frustrante, car nuisible à l'effet de surprise au moment du service (quand je reçois, j'aime faire des trucs un peu plus folichons qu'en temps ordinaire, et que mes convives découvrent les choses juste au moment de passer à table).
Il arrive aussi que l'élément perturbateur pose des questions saugrenues concernant la cuisine, et quand je suis occupée, je ne suis pas d'une grande patience pour les explications (non, je ne fais pas pocher la pâte à choux d'un Saint-Honoré). Il en pose parfois aussi au moment du service, et j'ai du mal à découper ma cuisse de dinde (l’anecdote ne concerne pas la dinde à la tomate) tout en répondant à des questions sur la cuissons des pommes de terre. Je ne mérite donc pas de me prendre dans la figure un rappel à l'ordre ("ça doit te paraître évident, c'est pour ça que tu veux pas répondre?"... nan, c'est parce que j'essaye de pas me brûler ou me couper les doigts!!!).

Heureusement mon mari est là pour me sauver, et a finit par savoir comment entraîner nos invités loin de la cuisine, quand c'est possible (bon du coup je suis frustrée aussi parce que je sais pas ce qui se fait ou se dit...).

Parfois les éléments perturbateurs sont encore plus perturbateurs. Il arrive ainsi que des conflits éclatent, et ça, je dois dire que je ne le supporte pas, surtout au milieu d'un dîner que je me suis efforcée de rendre festif. Il m'est ainsi arrivé de quitter la table, purement et simplement, et d'aller me planquer dans un placard (riez pas!) le temps que je me calme, que je ne pleure plus et que je n'ai plus envie de leurs arracher le cœur à coup de pelle à tarte (et de m'ouvrir les paumes avec mes propres ongles).

Parfois l'élément perturbateur à le chic pour venir à un moment particulièrement pourri. Par exemple alors qu'on est un jeune couple (moins de 6 mois de vie commune) et qu'en plus je suis en pleines révisions de partiels... Dans ce cas là, pas vraiment de temps à lui consacrer (mais on peut lui rendre service en l’hébergeant...). Ou bien l'élément perturbateur peut venir pile poil au moment où je dois commencer un CDD auquel j'attache une importance immense.
Du coup le stress ajouté à mon immense intolérance vis à vis des éléments perturbateurs... ça donne des résultats pas très convaincants pour concourir au prix du meilleur hôte de l'année.

L'élément perturbateur a aussi une fréquente tendance à oublier que nous sommes à la montagne (en partie) ou à la campagne. Il omet donc souvent de prévoir des vêtements ou des chaussures adaptées à des promenades ou randonnées. Parfois il joue au con (ou à la conne) et se casse la figure, doit aller se faire rafistoler une cheville foulée ou un truc dans le genre...

L'élément perturbateur utilise la salle de bain et ne fait pas forcément attention, comme moi, à ne pas inonder le carrelage en prenant sa douche. D'ailleurs, il ne se préoccupe pas non plus forcément de la capacité du chauffe eau, alors qu'on est cinq personnes à l'utiliser. C'est d'ailleurs un problème récurrent avec les éléments perturbateurs, cette utilisation irréfléchie des sanitaires.

L'élément perturbateur a souvent des passions et tend à considérer qu'on les partage forcément. Qu'il s'agisse d'un sport, d'activités ou de positions politiques, l'élément perturbateur considère souvent qu'on est forcément d'accord avec lui, qu'on adhère etc. Il a du mal à appréhender que chacun est différent, que certains ne supportent pas l'idée de faire du vélo ou du VTT, que ce n'est pas parce que lui il croit à tel machin que c'est une vérité universelle, et que les différences de chacun rendent le monde plus beau.

Notez quand même que je suis généralement contente de voir l'élément perturbateur. Mais que mes angoisses et mes distorsions cognitives prennent généralement le pas sur ce plaisir tout simple. Et du coup j'en veux à ces envahisseurs, alors qu'ils ne m'ont strictement rien fait (quoique certains sont parfois un peu gratinés...).

Enfin voilà... ça va mieux en le disant, même si vous, vous n'y comprenez pas grand chose... ;)

Dédicace spéciale "La visite" de Lynda Lemay.

1 commentaire:

  1. Pour ma part, ça me parle plutôt bien, tout ce que tu écris dans cet article ^^
    je n'arrive pas à m'accueillir moi-même, alors accueillir les autres...
    J'y travaille, j'ai envie d'y arriver.
    Plein de soutien à toi.

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Un petit mot, ça fait toujours plaisir...
Mais comme je n'aime ni les machines ni les trolls, je modère tout de même un peu ^^