samedi 14 avril 2012

vendredi 13 avril 2012

Téléphoner...

Téléphoner... un acte qui est entré dans la vie courante au cours des dernières décennies. D'abord avec l'introduction des lignes filaires privées, progressivement au cours du XXème siècle, puis, ces vingts dernières années, avec le développement incroyable de la téléphonie mobile.

Le téléphone, je ne vous l'apprend pas, est un appareil de communication conçu pour transmettre la voix et permettre de mener une conversation à distance.
Justement, c'est le hic. C'est éminemment anxiogène, pour moi, que de téléphoner.

La distance ne me permet pas de percevoir la personne comme je le fais quand elle est en face de moi. Mon hyper-empahie et la plupart des mécanismes interpretatifs que je met habituellement en place pour savoir si je déplais à mon interlocuteur se retrouvent sur le carreau. Ne restent que les variations du ton de la voix, les silences, pour me faire une idée de la qualité de ma prestation. Plaire ou ne pas déplaire. J'ai conscience que ce leitmotiv est illusoire, mais c'est pathologique chez moi, et j'ai beau avoir une conscience aigüe de l'absurdité de la chose, c'est ce que je ressens profondément.

La conversation n'est pas seule à poser problème. C'est sûr que ça entre en jeu, quand j'appelle mon employeur pour essayer de dire "non" à un remplacement que j'ai accepté malgré moi...
Mais quand j'appelle mon médecin ?
J'ai peur de déranger, tout simplement. Qu’il ne soit pas disponible... Et puis il y a aussi l'anticipation anxieuse du rendez vous que je apprête à prendre, qui se repporte sur cet appel.

Quand j'appelle, je préfère ne pas être entendue de qui que ce soit (mon mari, par exemple). Pour appeler, j'attends souvent qu'il se livre à une occupation qui va le distraire de mon appel (sport, jardinage...) de sorte à être certaine qu'il ne va pas écouter, observer mes hésitations, ma façon de parler, mon argumentaire.
Pourtant je sais qu'il ne me jugera pas, voire qu'il s'en fiche. Mais ça ne change rien, et ça m'angoisse toujours autant.

J'ai du mal à téléphoner à ma famille, ma sœur, mes parents. Des personnes qui sont souvent absentes de chez elles, avec le risque de tomber sur le répondeur, pour lequel je met un point d'honneur à laisser un message (rien de plus agaçant qu'un répondeur annonçant "trois... messages" et dont les seules traces sont d'exaspérants bips de tonalité...). Quoi dire au répondeur? Et si c'est mon beau frère qui décroche, lui parler de quoi?
Même ma grand mère, dans une certaine mesure, j'ai des difficultés pour l'appeler, ce que je fais pourtant toutes les semaines. Elle, elle sort peu, surtout le matin, et parfois l'après midi, après 15h en général, et seulement si le temps s'y prête. Mais quand je l'appelle, j'ai toujours du mal à mettre fin à la conversation. Je ne veux pas la vexer, en raccrochant trop vite, en ayant rien de neuf  à lui raconter. Alors la conversation s'étire, souvent sur une demie heure, pour finalement ne pas se dire grand chose.

J'ai du mal à téléphoner à mes amis. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cette raison que je vis au milieu du désert, de ce coté là.
Alors que ma sœur passait un temps fou au téléphone avec ses copines, à l'adolescence, je n'ai jamais su appeler les miennes (j'en ai pourtant eu quelques unes, de manière fugace). Moi je n'aurai n'ai jamais su quoi dire. J'avais peur d'être inintéressante au possible, et puis je ne me voyais pas inviter des copines (pour faire quoi!?!).

J'ai du mal à téléphoner aux médecins (généraliste, dentiste, spécialiste, psychiatre...) pour prendre rendez-vous. La peur de déranger. L'appréhension d'une éventuellement brusquerie de la part de l'interlocuteur, de son jugement sur ma façon de me présenter, de balbutier, ou je ne sais quoi encore...
J'ai quelques mauvais souvenirs de prises de rendez vous. Le plus prégnant dans ma mémoire est celui de la prise de rendez vous auprès de la psychiatre qui m'a suivie six mois durant à Angoulême. Ce jour là, au ton de sa voix, j'ai eu la sensation de m'être montrée impolie, ou de lui avoir déplut. Quand nous en avons discuté, quelques semaines plus tard, elle a sourit et m'a assuré... qu'elle ne se souvenait pas de mon appel, ce qui était le signe que je n'avais pas commis d'impair.
Mais j'ai aussi du mal à appeler les médecins par peur du rendez vous à venir (anticipation anxieuse). Parfois parce que c'est la première fois que je m'y rend. Parfois parce que j'ai peur de la façon dont ça va se passer (ainsi un gynécologue qui, de rendez vous en rendez vous me disait en alternance que j'étais "trop à l'écoute de mon corps"... puis "pas assez à l'écoute de mon corps"... ceci résultant de mes tentatives perpétuelles d'"obéir" à ses recommandations).
Sans compter l’appréhension ressentie lorsqu'il s'agit d'annuler un rendez vous. La raison de l'annulation pouvant être un simple report, ou une fin de relations (j'ai trouvé un nouveau dentiste, ces derniers jours, qui me convient mieux que l'ancienne, avec qui j'ai un rendez vous le 18 avril, que je dois annuler... depuis 8 jours que j'ai commencé à faire soigner mes dents ailleurs).

Et puis j'ai du mal à appeler les administrations, la banque, les organismes divers et variés. Même  Pôle Emploi, à l'époque où j'étais inscrite... je préférais prendre la voiture et aller à l'agence, plutôt que d'utiliser mon téléphone.
Pareil, j'ai des papiers de banque à faire corriger (une histoire de domiciliation de compte toujours basée en Charente où je ne vis plus depuis plus d'un an...). Impossible une véritable épreuve que d'appeler. Et plus de 6 minutes d'attente sans résultat m'ont poussée à raccrocher avant d'obtenir un interlocuteur. Il faudra bien que je m'en occupe, pourtant!

Bref, le téléphone, c'est pas ma tasse de thé.
Autant dire que mon forfait mobile de 40 minutes fait surtout gagner de l'argent à mon opérateur.

mercredi 11 avril 2012

Effritement...


Ces temps derniers j'avais trouvé un équilibre. La phobie sociale me semblait loin (mais juste au coin de la rue) et j'arrivais à gérer mes troubles anxieux.
Mais voilà, je ne vis pas dans le monde édulcoré des bisounours*, et cet équilibre reste restait précaire.
Depuis un mois, je suis à nouveau sous anxiolytiques. Et mon équilibre s’effrite face à l'état de santé de mon mari d'une part et mes relations vis à vis de mon employeur d'autre part.

Petit rappel, je suis devenue assistante de vie auprès d'une dame qui va bientôt fêter ses 95 printemps (c'est le cas de le dire, elle est née au mois d'avril). Elle est très gentille, toujours aimable (ou peu s'en faut), et surtout son entourage a su me mettre en confiance. Bref, ça va plutôt bien, de ce coté là, même si de temps à autre mes troubles anxieux reviennent au galop et qu'une remarque anodine me flanque une montée d'angoisse... Mais je gère.

Ce que je gère beaucoup moins bien, ce sont les remplacements proposés par l'association pour qui je travaille... proposés ou imposés, je ne saurais pas trop bien dire ce qu'il en est. En tout cas, je n'arrive pas à les refuser.
Et ça me met dans des états pas possibles.
Déjà parce que l'anticipation anxieuse est terrible pour moi : devoir faire la présentation, le trajet, travailler avec une nouvelle personne, dans un environnement que je ne connais pas, qui a des habitudes bien à elle, qui va me regarder quand je travaille, avec l'idée incontrôlable qu'elle va me juger, et d'autres pensées encore, plutôt des sensations, toujours négatives... 
Ensuite il y a le travail en lui même, et justement l'impression d'être observée, jugée. Même quand je papote avec la personne, je suis en état de stress, parce qu'il faut être agréable, plaire à l'autre, quel qu'il soit... pas de différence entre les bénéficiaires, mon employeur ou toute autre personne. Il faut qu'on m'aime, qu'on m'apprécie. Je fais éponge, je fais miennes les expressions de l'autre, j'adhère à ses idées. Je tente par tous les moyens de me faire oublier....

Au final, je suis malade avant de commencer à travailler, quand je pars travailler, et quand j'ai fini de travailler. Quand le remplacement se termine, je suis lessivée, épuisée, vidée de toute l'énergie consacrée à faire bonne figure et à ne pas trembler devant les bénéficiaires...

Autant dire que devant les "propositions" de remplacement des filles de l'association, je me plie comme je me plie toujours. Même quand j'essaye de dire "non", je fini par dire "oui", sans parvenir à m'affirmer. Je me retrouve avec des contrats que je ne désire pas, dont je n'ai pas besoin financièrement et qui me font du mal mentalement et physiquement (car l'anxiété génère toutes sortes de troubles physiques, dont par exemple des contractures musculaires propices aux blessures, tours de reins et autres torticolis... et aussi des coliques éprouvantes, des troubles respiratoires étouffants etc etc).

L'état de santé de mon mari s'ajoute à cela, et me fait désirer d'autant plus de me sentir mieux, pour lui. Lui c'est plus grave que moi. Et il a besoin de moi avec lui. Il sait que mon contrat de 9 heures chez la dame de 95 ans me fait du bien. Mais il sait aussi que le reste, ça me fait du mal, ça nous fait du mal, parce que je ne suis pas là pour lui et qu'il en a besoin.
Je me retrouve le "cul entre deux chaises", à vouloir plaire à mon employeur et vouloir trouver un équilibre incompatible avec les désirs de mon employeur (c'est à dire me voir idéalement disponible pour des remplacements quand ça les arrange).

Si je n'ai aucun problème à avancer les problèmes de santé de mon mari pour essayer de refuser les contrats, j'ai de nettes difficultés à exprimer mes problèmes à moi. Déjà parce que j'en ai honte, toujours. Et puis parce que j'ai peur, encore et toujours, de ce qu'elles vont penser de moi, à l'association, si je me réfugie derrière mes troubles anxieux, ma phobie sociale, pour refuser les contrats. Surtout que depuis 6 mois je me suis efforcée de faire bonne voire parfaite figure face à tout le monde, à ne surtout pas laisser dépasser un seul brin de fragilité. J'ai évité tout conflit, joué les paillassons. Bref, je me suis soumise, en espérant contenter tout le monde, et surtout les figures d'autorités que sont les responsables de remplacements...
Sauf que je suis éminemment perdante, à ce jeu là.

En tout cas, là, j'ai accepté un contrat qui court du 02 au 11 mai... Et je me suis rendue compte que le 10 mai, je ne pourrais pas travailler : j'ai rendez vous chez le psychiatre, 7 semaines pour avoir un créneau, je ne vais pas annuler, ni déplacer.
Et puis en plus, mon mari n'est pas content du tout.
Et je suis d'accord avec lui.

Mon mari a besoin de moi, et c'est réciproque. J'ai besoin de travailler pour me sentir bien, mais j'ai surtout et avant tout besoin de mon mari, et que mon mari se sente bien avec moi. Hors de question que le travail se mette en travers de cela.

...
Au final, j'ai appelé l'association, qui a défaut de connaître mes problèmes, connait ceux de mon mari... et, très gentille, la responsable m'a dit de ne pas m'inquiéter, qu'on annulait le contrat du 02 au 11 mai. Je tremblais en téléphonant.
Mais ça va mieux.

*("Bisounours" étant un mot inconnu de mon correcteur orthographique, ce dernier m'a proposé comme corrections "nounours" ou... "sournois"...^^')