mercredi 23 mai 2012

Psy, psy et repsy...

Je suis en train de regarder le magazine "Enquête de santé" sur les Psys... ça tombe bien, ça faisait quelques temps que j'avais envie de faire un billet sur le sujet. D'ailleurs le billet récent d'Anouchka sur le coaching rejoint assez bien le reportage de France 5. Ils en parlent dans le documentaire de première partie.
Par ailleurs, très vite dans le débat qui suit le reportage, une des intervenant relève que "psy", ça ne veut rien dire. J'en suis convaincue : entre les psychologues , les psychiatres, les psychanalystes, les psychothérapeutes etc, la plupart des gens nagent en pleine confusion. Sans compter mon mari qui, quand il dit de certaines personnes qu'elles sont "psy"... veut dire "psychologiquement atteintes".
Mais je précise : ce billet ne concerne pas le magazine de France 5, qui n'a été qu'un déclic pour écrire. D'ailleurs je n'ai toujours pas fini de le regarder, et certains aspects m'ont plutôt déçue (pas assez exhaustif sur les différents "psy" et les pratiques... ni sur les réels besoins de la population).

Des psys, j'en ai vu pas mal à partir de mes 12-13 ans.
Je vous épargne toutes les difficultés pour consulter, je les ai citées ou le ferais dans d'autres billets relatifs à mon histoire.

1) Une psychologue clinicienne, d'abord, diplômée, exerçant en libéral. J'étais au collège. Et depuis des années, ça n'allait pas, mais alors pas du tout.
Autant vous prévenir de suite, ça n'a pas collé. Pendant tout le temps où je l'ai vue, j'ai avant tout cherché à lui plaire, à rentrer dans les clous, et chaque fois que j'osais parler vraiment de moi, je me suis sentie jugée, au lieu d'être aidée. Bref, elle ne me comprenait pas et je crois que c'était réciproque.

2) Ensuite, vers 14 ou 15 ans, alors que j'étais encore au collège, j'ai vu un infirmier psy (donc qui avait le diplôme d'état d'infirmier, et qui s'était spécialisé en psychiatrie). Il faisait les évaluations pour le CMP du coin.

3) L'entretien suivant, c'était avec une autre "psy"... psychiatre ? Psychologue ? Je ne l'ai jamais su. De toute façon, ça n'a pas accroché du tout du tout. Avant même qu'on se voit : elle avait plus de 20 minutes de retard, avait fumé dans les locaux du centre social avant de me faire entrer, bref, je l'ai jugée ennemie d'emblée. Et après m'être un peu forcée à y aller, et bien je n'ai pas insisté.

4) Après une période sans voir personne (mais toujours mon malaise vissé au corps, palpable, mais in-identifiable, sans nom, sans visage), j'ai vues les infirmières du lycée, qui venaient à mon secours régulièrement, quand je piquais une "crise de nerfs". En fait identifiées aujourd'hui comme des crises d'angoisse, quand mon incapacité à étudier normalement, avec les autres, devenait trop oppressante pour moi.
Elles n'étaient pas "psy", mais bon, un diplôme ne fait pas tout. La capacité d'écoute, pour moi, est peut être le critère le plus important. Elles m'ont proposé des solutions, aussi, mais je n'étais pas prête, et puis, j'en avais marre des psys... un peu.

5) Quand j'ai voulu faire le CNED, on nous a dit qu'il fallait que je vois un pédopsychiatre (en fait, j'avais plus de 16 ans, ce n'était pas obligé). J'ai haït ce type dès que je l'ai vu. J'ai eu tellement peur qu'il m'empêche de quitter le lycée. Je me suis efforcée de faire bonne figure autant que faire se peut. Mais j'ai ressentis un profond soulagement quand il a dit que cet entretien ne servait à rien, vu mon âge.

6) Quand j'ai essayé de suivre des cours par correspondance, ma mère m'a convaincue d'aller au CMP... en scooter. Un calvaire que j'ai décris récemment. Et pour ne pas me confier plus que ça, en plus. Au contraire, j'avais honte de parler. Je me sentais travaillée par des tas de choses, et je n'étais capable d'en évoquer aucune qui ait de l'importance, voilant mes vraies difficultés derrière un babillage sans intérêt.

7) Quand j'ai réintégré un établissement scolaire, j'ai vue la "psy" (psychologue?) qui tenait une permanence au lycée. Pour la première fois j'ai osé aborder avec quelqu'un le problème que j'ai avec la nourriture. Je ne connaissais pas le terme d'hyperphagie à l'époque. Je mangeais pour occuper tout ce vide qui me dévorait, jusqu'à être saturée de nourriture, nauséeuse. Mais pour elle, ça n'était pas grave : j'avais un IMC normal pour mon âge, je ne me faisais pas vomir ni rien. "Tout le monde grignote un peu comme ça, pour le plaisir". Défaut flagrant dans l'évaluation de la souffrance psychologique occasionnée par ces grignotages incessants. Du coup, je n'ai pas insisté, et je ne lui ai pas parlé de ces autres jours, pendant lesquels je restais parfois sans manger de la journée (un bol de thé sans sucre n'a jamais nourrit personne), pour dévorer le soir venu.

8) Psy indéterminés, encore. Toujours dans mon petit lycée d'Oléron, il y a eut un atelier "sophrologie" de mis en place à midi, certains jours. Mais je n'ai pas osé y aller plus qu'une séance d'introduction. Sans suites.

9) Psychologue clinicien, chercheur... un de mes enseignants, en fait. Fac de psycho, première année... J'avais 20 ans. J'ai basculé très tardivement de la section "sociologie" à celle de "psychologie". Ce n'était pas un rendez-vous de psy. C'était pour discuter des TD, que je ne pouvais pas intégrer, comme ça, en cours de semestre. Une chance pour moi, d'ailleurs, car travailler en groupe m’aurait fait sans doute beaucoup souffrir (et d'ailleurs, c'est le commencement des TD de sociologie qui m'avait fait complètement paniquer). Il m'a dispensée de TD et fait passer l'épreuve écrite de fin de semestre (j'ai eu une bonne note)... mais finalement en cours d'entretien, j'ai craqué, et il m'a soutenu. Mais n'a pas dit les mots magiques... "anxiété sociale". Si seulement il avait pu les dire! Mais il m'a quand même parlé de la médecine préventive du campus.

10) Psychiatre de la médecine préventive, à l'université. Je me sentais si mal. Et pourtant j'avais un équilibre, donc, même si ma souffrance psychologique était visible, finalement, elle n'a rien pu faire pour moi, n'a pas su à qui m'adresser.

11) Un bond dans le temps. Plus de psys. Juste mon médecin traitant, qui m'écoutait dans son bureau, qui essayait de faire ce qu'elle pouvait pour moi, de traiter mon anxiété. Jusqu'au jour où elle les dira, elle, ces mots magiques. "Pour moi, ce que vous décrivez finalement, ça ressemble à une phobie sociale". J'avais 27 ans et quelques...
Et elle m'a adressée à un psychiatre...

12) Premier essai. Je lis les tarifs dans la salle d'attente : plus de 60 euros la séance ! À ce prix d'or, j'espère que la séance dure une heure.
Au bout de 20 minutes, c'est fini. Le psychiatre m'a interrompue plusieurs fois. Il est polonais, et ne comprenait pas quand je parlais trop vite.
Il m'a donné un autre rendez-vous, mais finalement j'ai rappelé pour annuler.

13) Retour chez mon médecin pour demander un nouveau courrier. Cette fois ci j'ai vu sur le site de la sécu que le Dr.V. est conventionné. Et dans l'annuaire, c'est marqué "relaxation". Mais ça ne colle pas. C'est un de ces psychiatres qui restent derrière leur bureau, sans parler, les yeux mi-clos, qu'on se demande s'ils ne sont pas carrément en train de s'endormir.
Il me déplait, et je quitte la première séance en larmes. Je me dis d'abord que c'est normal, que c'est la tension nerveuse qui s'évacue... mais bon, en même temps, je ne l'aime pas trop, ce type, et ses quart d'heure non plus.
À la deuxième séance, il se moque carrément de moi (du moins ça y ressemble) quand je lui dit que je voudrais que tout le monde m'aime (je sais que c'est con et irréaliste, ça va, je suis pas débile, mais bon, en même temps, je voudrais que tout le monde m'aime, et je ne peux pas m'en empêcher). Il m'interrompt, me contredit. Grrr.
La troisième séance est la dernière...

14) Cette fois c'est la bonne. La psychiatre est un peu âgée, mais très gentille. Elle n'est pas passive, et discute avec moi. Nous allons passer six mois "ensemble". Mais elle est la première à s'avouer incompétente pour m'aider à aller mieux. Elle m'aura au moins aidée à mettre de l'ordre dans mes pensées, à comprendre pourquoi je suis comme ça. Mais le pourquoi ne m'aide pas à guérir. Elle m'aura donnée son écoute et sa gentillesse. Mais je fini par arrêter de la voir, n'y trouvant plus rien.
Elle a essayé de stabiliser mon humeur, aussi, mais les médicaments me faisaient dormir, alors on a laissé tomber.

15) Ensuite, j'essaye la sophrologie... ou plutôt, je fais une seule et unique séance chez une psychologue sophrologue. 70 euros les 45 minutes. On ne fait que parler. Je n'ai pas les moyens, je laisse tomber.

16) Après mon déménagement à Tarbes, au printemps 2011, je vais au CMP... je suis reçue par l'infirmière psy. On parle longtemps, longtemps. Mais la psychologue qui pratique des thérapies comportementales et cognitives part malheureusement justement en congé maternité, lequel sera suivit d'un congé parental. Retour en mars 2012.

17) À défaut de cailles, on mange des grives. Je consulte le psychiatre du CMP. Un espagnol. Même problème qu'avec son collègue polonais, il n'arrive pas à me comprendre quand mon débit de paroles devient trop rapide. Et puis j'en ai marre de redire encore et encore toujours les mêmes choses à tous ces psys. J'en ai marre marre marre. Je fais deux séances, puis je passe l'éponge.

18) Et puis là... le 13 avril, j'en parle à mon médecin traitant. Celui à qui j'ai dit la première fois que je l'ai vu que j'avais des troubles anxieux généralisés et une forte anxiété sociale. Celui là même qui m'a répliqué "ça pourrit bien la vie, tout ça". Et bien je lui dis que ça ne va pas, ces derniers temps, que mon équilibre n'est pas si équilibré, que j'ai besoin d'aller mieux, pour moi, pour mon mari. Il me met sous anxiolytiques et surtout me fait un courrier pour un psychiatre. Mon psychiatre.
Je l'ai vu pour la première fois le 10 mai.
C'est un jeune.
On a discuté de moi, de ma famille, de mes lectures (les livres de Christophe André). Et de TCC.
Je le revoit le 30 mai prochain.
Et le 01er juin, j'entame des demies-journées d’hôpital de jour, pour apprendre à gérer mon anxiété. Lundi 21 mai, je fais mon admission administrative à la clinique de jour.

J'espère que cette fois ci, c'est la bonne!
J'étais assise là, lundi, pour mon admission.

Bac de français, premier acte...

En 2000, j'ai tenté de suivre ma scolarité de première seule, par correspondance. Mon billet sur cette partie de mon histoire revient sur l'échec total que cette démarche a représenté.

Cependant il me semble que j'ai oublié de mentionner que j'ai quand même tenté de passer le bac de français.
J'avais reçue la convocation : j'étais donc obligée d'y aller. En tout cas, je m'y sentais obligée.
Pourtant je n'avais rien préparé, et je n'avais pas la moindre idée du déroulement des opérations, hormis le fait que l'épreuve était découpée en deux tranches. Point.

À l'épreuve écrite, j'ai retrouvés mes camarades de premier trimestre. Une chance, parce que les épreuves se tenaient dans un lycée qui m'était inconnu, et je me souviens de mon angoisse.
Par contre le sujet m'a beaucoup plut, et j'ai appris à la publication des résultats que j'avais eu 13/20 à cette épreuve.

Là où ça s'est compliqué, c'est pour l'oral. J'étais larguée, je ne comprenais rien à l'histoire de la liste, j'ignorais combien de textes j'aurais du choisir, comment les étudier. Je suis descendue à Angoulême la peur au ventre, avec la volonté de présenter mes excuses au jury et de repartir dans l'autre sens.
Mais arrivée à la porte du lycée (toujours le même, mais cette fois pas d'anciens camarades pour me guider) la peur est devenue paroxystique et je suis restée de très longues minutes à la lisière de l'enceinte, sans même réussir à approcher du portail. La litanie des "et si...?" a commencé à se bousculer dans ma tête, devant tous aboutir à des catastrophes...
Je suis restée, restée, restée, jusqu'à ce qu'arrive l'heure de la convocation. Et j'ai fais demi tour, en me disant que de toute façon, à quoi ça aurait servit que je me présente, hein?

On était le 22 juin. C'était mon anniversaire.
En redescendant la rue piétonne, en direction du bus qui me remmènerais chez moi, en sécurité, je me suis acheté des spartiates, alors que jamais je n'avais eu le courage d'entrer seule dans un magasin de chaussures, surtout celui là. Je n'y suis d'ailleurs jamais retournée.
Je les ai encore, toutes rafistolées, recollées.
Elles ont 12 ans, maintenant.

Ce jour là, j'ai essayé de faire quelque chose de très difficile. J'ai échoué. Alors je me suis offert une petite réussite, un peu plus à ma hauteur.

Cours de dessin...

J'ai récemment abordé l'époque où j'allais au lycée en cité scolaire... mais je me rend compte que j'ai oublié de citer quelques éléments majeurs de cette époque.

Par exemple, quand j'étais en seconde, j'ai pris des cours de dessin sur "modèle vivant" (des cours de nu), pendant quelques semaines, le vendredi soir.
Je traversais tout le plateau d'Angoulême pour rejoindre l'école municipale d'arts plastiques, ma sacoche à dessin sur l'épaule (vous savez, un grand sac plat, avec deux cartons à dessin immenses dedans, format "raisin", autrement dit 50x65 cm). Au début, je faisais ça à pied et ça me donnait l'impression d'être vivante, et puis peu à peu le trajet m'a angoissée, mais le bus m'angoissait aussi. Heureusement j'ai fini par le prendre avec des copines, un jour, et dès le vendredi qui a suivi, je suis montée dans un car avec mon carton à dessin accroché à l'épaule.

Je savais bien dessiner à l'époque (sans être non plus formidable, hein! mais ce que je faisais me plaisais et correspondait assez à mes critères de réussite personnels). Mais les cours de dessin sur modèle, assez vite, c'est devenu très pénible.
Tout aurait été bien si ça n'avait pas été un cours. C'est à dire si le prof n'était pas venu voir mon travail, me prodiguer des conseils. Vraiment, ça, c'était épouvantable.
J'y suis restée quelques semaines, et ensuite, l'angoisse est tellement montée que je n'ai plus supporté d'y aller : c'était devenu un vrai calvaire intérieur.

Bien entendu, j'ai eu honte de l'avouer.
Mes parents ont du me prendre pour une dilettante.
En fait, j'avais tout bonnement peur que la peur me submerge un jour, en cours, et que je ne puisse plus y retourner, de honte. Alors j'ai pris les devants, et j'ai laissé tomber...

mardi 15 mai 2012

1999-2000 : Cours et amours par correspondance

J'avais un peu laissé en plan le récit de mon histoire, ces derniers mois, m'étant arrêtée à l'épisode 1 de mes années lycée... Il serait peut être temps de m'y remettre?

En décembre 1999, je démissionne du lycée pour essayer le CNED. Je suis bien décidée, même si je doute profondément de ma capacité à réussir à étudier seule. Mais je veux échapper à tout prix à l'univers du lycée et de l'internat.

Le hasard a voulu que pendant les vacances de Noël, les deux plus grandes tempêtes de mon existence s'abattent sur la France. Le 26 décembre un ami de Paris m'apprend que toute est dévasté chez lui...
Cet ami est un élément important et mérite une mise en contexte.

Relationnel...

Car de cet ami, Stéphane, je m'en sentais alors follement amoureuse. C'était un auteur pour enfants et avait 20 ans de plus que moi. Il avait fait une intervention dans l'école de ma mère, alors que j'étais en troisième et que je révisais le brevet. Nous l'avions hébergé à la maison, et comme j'écrivais, je lui avais fais lire quelques uns de mes textes à sa demande (j'en avais parlé au cours du dîner, et il avait demandé à le lire... et je n'avais pas osé refusé, tout en étant flattée).
Après son départ, nous avion gardé le contact par Internet et nous échangions quelques mails mêlés de folie gamine très proche de l'univers des shadoks. Des relations "bon enfant".
Quand j'étais en seconde, il avait fait un passage par Angoulême, au printemps, et nous avions passé un mercredi après-midi ensemble. Il m'avait offert "L'enfant penchée", un album de bande dessinée des Humanoïdes associés.

À cet époque, j'avais un petit ami "atypique". Autrement dit qui avait 11 ans de plus que moi, et avec qui je ne "sortais" pas, mais restais plutôt enfermée, entre les draps. Sauf que... sauf qu'après des mois à ne pas vraiment se voir, ce "copain" qui ne s'intéressait guère à moi, et dont finalement je ne connaissais pas grand chose, a fini par rompre en septembre 1999.

Le hasard (la malchance?) a voulu que ce soit ce moment là que choisisse S. (mon ami auteur) pour me déclarer (toujours par mail) qu'il "ressentait des sentiments pour moi qu'il ne devrait pas ressentir". J'étais en détresse, en mal d'amour, et j'ai foncé tête baissée. Je l'ai "cuisiné" pour savoir ce qu'il entendait par là, jusqu'à ce qu'il écrive textuellement "Je t'aime" dans un message.

Explosion de joie de ma part! ♥♥♥ Il m'aime (je suis donc sauvée, car même si Y., lui, ne m'aime plus, quelqu'un d'autre m'aime quand même). Mon angoisse de l'abandon avait trouvé un nouveau grigri protecteur.
Oui, je sais, j'ai un discours désabusé.
Et pour cause...

Nous sommes nous revus, après cette déclaration? A-t-il sauté dans un train pour passer une après-midi, une journée, un weekend, avec moi ?
Non.
Nous avons continué de nous écrire. C'est tout.
Enfin, surtout moi, d'ailleurs. Des messages passionnés, d'ailleurs, où je continuais un peu nos délires... sans lui. Et où j'évoquais ma vie à moi. Sans que lui ne s'étale pour autant sur sa vie à lui (dont, finalement, je saurais peu de chose).
Un jour, passionnée, exaltée par le besoin de me sentir plus proche de lui, je cherche et trouve son numéro de téléphone dans l'annuaire... étrange, le numéro n'est pas à son prénom, mais c'est la bonne adresse, alors je tente.
C'est comme ça que j’apprends qu'à 36 ans, il vit encore chez ses parents !
Il est retourné y vivre, en fait, après une rupture.
Je suis choquée qu'il ne m'en ai pas parlé plus tôt, mais je continue à être dévorée de passion pour lui, malgré la distance et l'absence. Amour par correspondance. Est-ce vraiment possible d'aimer, ainsi, pour de vrai ? Je ne sais pas. En tout cas à l'époque, je veux aimer, je veux être aimée, et comme je ne sors pas, n'ai pas d'amis, n'ai aucune sorte de chance de trouver quelqu'un d'autre qui veuille de moi, et bien je l'aime, lui. C'est presque un dieu, tellement je l'aime et ai besoin d'être aimée de lui. Je me livre toute entière à lui dans mes écrits et mes coups de téléphone.

Tempête...

C'est comme ça que le 26 décembre j’ai appris qu'une tempête (Lothar, c'était ça, son petit nom...) avait dévasté le nord de la France, le matin même. Aux infos télévisées, nous avons appris qu'une nouvelle dépression, baptisée "Martin" se dirigeait vers notre région. Dès 16h30, nous avons commencé à entendre le bruit effrayant des rafales. Les coteaux charentais présentent des reliefs dans lesquels les vents se sont engouffrés et ont causés des dégâts effroyables.
Je suis fascinée par les tempêtes et orages, et cette fois là n'a pas fait exception à la règle, même si les détonations des branches qui cassaient partout alentour me faisaient un peu peur.
Assez vite, nous nous sommes retrouvés dans le noir, sans courant électrique, sans chauffage autre que la cheminée (même les chaudières à gaz ont besoin de courant pour fonctionner).

Le lendemain, notre prunier était par terre, le sapin penchait à 45° au dessus du sol, un grand peuplier s'était renversé, et partout autour de chez mes parents, la tempête avait laissée son empreinte. Et malgré mes efforts, je n'étais pas catastrophée, mais toujours fascinée, comme si tout cela n'était finalement qu'un jeu, un événement parmi d'autres...

Malaise...

Le 31 décembre 1999 au matin, l'électricité est revenue. La voisine, copine d'enfance de ma sœur aînée organisait un dîner de réveillon pour ses amis de toutes part. Cette voisine, je ne m'étais jamais entendue avec. Elle s'était toujours montrée désagréable à mon égard, avait toujours considéré que, en tant que petite sœur, j'étais un parasite, une créature ennemie, et me l'avait toujours bien fait sentir. Pourtant elle m'avait invitée à son grand réveillon.
Pour faire du chiffre.

Je me faisais une joie d'accompagner ma sœur ce soir là.
Mais confrontée à la trentaine d'invités, je me suis sentie instantanément mal.
La sensation n'était pas nouvelle. Je l'avais déjà éprouvée, quelques mois plus tôt, alors que j'étais encore en seconde, dans mon grand lycée, et que j'avais accompagnée ma sœur à une fête d'anniversaire chez d'autres amis (une soirée épouvantable, pour laquelle je m'étais collée une indigestion à coup de pains au raisins dévorés dans l'après midi, suivi d'un repas l'anxiété vissée au ventre, le tout achevé en boite de nuit où l'un des membres de la bande m'avait renversée une bouteille de whisky sur le pantalon en voulant enjamber une table).

Non seulement le nombre de convives m’effrayait, mais en plus la "maîtresse de maison" avait prit le partit de "placer" ses invités. Et de m'éloigner de ma sœur, me plaçant en bout de table, loin même des personnes que j’appréciais le plus, assise en bout de table, auprès de filles qui, m'avaient-elles confié, se demandaient elles aussi pourquoi elles avaient été invitées : vagues copines de lycée, elles aussi avaient la sensation d'être là pour occuper des chaises.

Les choses se sont peu à peu dégradées, et mon angoisse a monté à chaque étape. D'abord les apéritifs. Je ne buvais pas une goutte d'alcool, à cette époque. Or plusieurs personnes ont cherché à me servir de force. Ensuite, quand les entrées sont arrivées, on m'a servit ma coquille de surimi, et on a "vérifié" la suite. La suite, ce devait être des huîtres, sauf pour ceux qui n'aimaient pas ça, lesquels auraient des moules. On m'a donc dit que je prendrais des moules. Ma soeur avait pourtant bien précisé, quelques jours plus tôt (j'étais là), qu'elle n'aimait pas les huîtres, mais que moi si... d'où un conflit bien involontaire.

Après cela, alors qu'une bonne heure s'était déjà écoulée depuis notre arrivée, que je ne trouvais toujours rien à dire à mes voisines, que je n'avais pas même pu échanger quelques mots avec les amis de ma sœur, la maîtresse de cérémonie a décrété qu'il fallait faire une séance photo. Bien entendu, c'est elle qui a décidé qui serait sur celles-ci. Je n'ai été invitée à être sur aucune.

Je n'en ai plus pu. J'avais l'estomac au bord des lèvres, les larmes qui montaient à me faire battre le crâne, le cœur tendu à exploser dans la poitrine. Je me suis levée, ai simplement dit à ma sœur que je ne me sentais pas bien, ai traversée la rue et suis restée presque une heure à pleurer sur le pas de la porte. Je n'osais même pas rentrer chez moi. J'avais trop honte de moi, d'avoir une fois de plus "tout fait foirer", de m'être enfuie ainsi, comme une voleuse, comme une coupable.

Ensuite je suis rentrée en toute discrétion, ai attrapé le téléphone pendant que mes parents et ma grand-mère regardaient les émissions de réveillon et suis allée téléphoner à mon "amour" pour lui confier tout mon malheur.
À minuit je suis réapparue dans le salon.
Je ne me souviens plus ce que j'ai pu dire.

CNED...

C'est ainsi qu'a commencée mon année sabbatique. Pas d'autre nom.
J'ai si peu étudié.

Quand j'ai reçues les brochures du CNED, qui s'accumulaient dans ma chambre en une pile dangereusement haute, j'ai été enthousiaste, pourtant. Je voulais tout lire, étudier seule, être une bonne élève, persuadée que tous mes problèmes venaient du système scolaire en lui même, de mes mauvaises relations avec mes camarades, de l'incompréhension récurrente de mes enseignants (oui, c'est toujours la faute du prof...^^).
Sauf que...

J'ai toujours eu du mal à étudier. Soit je comprends tout de suite, et tout va bien, soit je ne comprends pas, et je me braque. Une fois dans cette disposition d'esprit, il devient très difficile pour moi d'étudier et de comprendre les notions. C'est comme si tout mon être ne cessait plus de répéter "je n'y arriverais jamais jamais jamais jamais...". Dès que j'essaye de contredire cette ritournelle, je me trouve un peu plus bloquée encore. Cette façon d'être génère une profonde honte de moi même ("je suis nulle"), et une crainte non seulement de décevoir les autres, mais en plus qu'ils portent un jugement sur moi ("elle n'essaye même pas", ou bien "elle est paresseuse").

J'ai toujours été comme ça, même à la primaire. Mais avec les années, le problème s'est amplifié et a empiré, jusqu'à ce que je soit complètement bloquée.

Tant que j'étais scolarisée en établissement scolaire, ça allait encore à peu près, car je devais respecter des délais. Or, quand l'urgence se faisait plus pressante que la volonté de bien faire, je faisais mes devoirs tête baissée (aux deux sens du terme), en cessant de réfléchir, et j'arrivais donc tout de même à produire quelque chose (souvent mauvais, ou passable).

Au début janvier 2000 j'ai donc essayé de m'attaquer à ma nouvelle scolarité.
Mais la seule lecture des consignes relatives au bac de français m'a donné des sueurs froides.
Je n'y comprenais rien.
Il y a des dizaines d'ouvrages sur la liste, et comme je ne savais absolument pas comment ça se passerait le jour de l'examen, mon angoisse déjà terrible en était devenue paralysante.
Plusieurs fois j'ai essayé de m’atteler sérieusement au travail, mais à chaque fois, j'ai eu l'impression que tout ça était absolument insurmontable, et bien entendu, j'ai rejeté l'idée même de demander de l'aide.

D'ailleurs en parlant d'aide, j'allais au CMP, à cette période.
J'y voyais un pédopsychiatre... mais pour ça, j'étais obligée de parcourir 17 kilomètres aller et retour en scooter. Un véritable périple pour moi. Je me souviens qu'à chaque fois j'avais peur de me perdre, qu'à chaque croisement j'étais au bord des larmes. Mais je m'étais engagée auprès de ma mère à consulter, et j'obéissais.
J'étais incapable de dire à qui que ce soit que ces trajets m'épuisaient nerveusement. Que ce soit à mes parents ou au psychiatre.
D'ailleurs, j'étais toute aussi incapable d'évoquer la nature de mes vrais problèmes, dont je ne me rendrais d'ailleurs  compte que des années et des années plus tard.
Alors un jour, l'angoisse est devenue trop forte, et je n'y suis pas allée.
J'ai écris au psychiatre, incapable (déjà) de téléphoner.
J'ai laissé tombé et me suis repliée sur moi même.

Quelques fois, quand même, je suis allée à Angoulême par le bus, ai revus mes anciens camarades de classe. Mais je n'ai pas insisté... je ne me sentais pas d'affinités particulières avec eux. 

N'étudiant pas, j'avais des journée remplies de télévision, d'Internet et de pâtisserie. De coups de téléphone à mon "amoureux" d'Île de France. De lettre manuscrites que je lui envoyais, aussi (sans recevoir de réponses, d'ailleurs).

J'ai aussi commencé à prendre des cours à l'auto-école, où j'allais toujours en scooter, pour prendre les cours de code. J'avais 17 ans et demi, il était temps de s'intéresser à la chose.
Je me souviens que j'étais tremblante les premières fois où j'y allais. Je faisais des erreurs stupides, que je ressassais sans arrêt (et je me souviens de certaines comme si c'était hier).
J'avais vite intégré les heures creuses, pendant lesquelles j'étais quasi certaine d'être seule dans la salle de projection, mon boitier à la main. Je n'avais bien entendu absolument pas conscience de l'évitement mis ainsi en place.

Le début des cours de conduite a été éprouvant. Pendant toutes mes heures de conduite, j'ai cherché à me donner contenance, à avoir l'air à l'aise, en papotant en permanence. Mais j'éprouvais de grosses difficultés à me concentrer et à avoir suffisamment confiance en moi pour intégrer les manœuvres que je devais intégrer.

Je bénéficiais de leçons de deux heures, aux moments calmes de la journée, puisque je n'étais pas dépendante d'horaires de lycée.
Malgré cet aspect positif de ma situation, je restais très anxieuse, et j'ai fais de grosses erreurs, au cours d'heures de conduite, comme de mettre mon clignotant à gauche (première route dans mon champ de vision) alors que le moniteur m'avait demandé de prendre la première à droite. D'ailleurs j'ai encore dans la tête la route, un virage à droite, dans les bois, la route à gauche au milieu du virage, et la "bonne", en haut de la côte et du virage, à la sortie des bois. Et de la colère de Denis, le moniteur, qui m'accusait de ne pas faire attention, de mon angoisse, de ma colère, de ma détresse, ce jour là.
J'ai été obligée d'avouer que mon babillage permanent ne servait qu'à une seule chose : masquer mon état d'angoisse permanent, à chaque leçon.
C'était peut être bien la première fois que je faisais un tel aveux à qui que ce soit.
Je me savais déjà nerveuse, depuis des années.
Mais j'en étais encore à croire que j'étais "comme ça" et que ça ne changerait pas...

En avril 2000, j'ai passé mon Code et je l'ai eu. Par contre en juin, mes heures de conduite ont été annulées, parce que je n'avais pas l'âge de passer l'examen (session le 21 juin... alors que je suis née le 22). La secrétaire de l'école de conduite m'a dit qu'elle me rappellerait dans l'après-midi pour me redonner des heures... mais elle ne l'a pas fait. Et moi, avec ma peur du téléphone (que je n'arrivais pas à formaliser), j'ai attendu plusieurs jours avant de faire la démarche... assez de temps pour que les cours de conduite soient complets jusqu'en août, vacances d'été obligent.

Vers une re scolarisation.

Peu à peu, ma mère s'est mise à me parler du lycée autogéré de Paris, le LAP. Il était en effet devenu évident que cette année de tentative de scolarité par correspondance était un échec complet, et qu'il fallait absolument que je réintègre un établissement scolaire, quel qu'il soit. Je voulais m'intégrer, avoir mon bac, aller à l'université "comme tout le monde".
J'ai acceptée la proposition.
Il n'est venu à l'idée de personne (même pas à moi), à l'époque, de me faire intégrer le tout petit lycée de la ville du coin, Ruffec, quitte à ce que je change de section, quittant L arts plastiques pour Économique et Social... ce qui m'aurait placée à 18 kilomètres de la maison, vers le CMP décentralisé où j'étais allée consulter.

En tout cas, une fois contacté, le LAP nous a renvoyés vers le CEPMO (Centre Expérimental Maritime en Oléron), basé à l'époque à Boyardville. Ma mère m'a proposé d'aller à la journée portes ouvertes, qui devait se tenir au mois de mai, à l'époque...  C'était à 150 kilomètres de la maison.

Je me souviens que je me suis faite jolie, que j'ai portée une robe, alors que j'étais plutôt abonnée des pantalons. J'avais envie d'être originale, de ne pas avoir l'air coincée.
Mais je me suis mise une pression effroyable, sans doute invisible pour les autres, mais terrible pour moi. La lettre de motivation a été une épreuve à rédiger. Et l'entretien de pré-inscription a été pire encore. Je me souviens de mes sueurs froides dans cette salle de chimie, mais pas des questions. Sauf qu'elles me faisaient peur, que j'avais peur du piège, de ne pas être prise, de ne pas être appréciée, et d'avoir cherché à plaire, impérativement. La seule chose dont je me souvienne avec précision, c'est qu'un des profs m'a demandé si je n'avais pas de loisirs, des envies pour moi, ou quelque chose comme ça, et que j'ai dis que j'aimerais bien apprendre à jouer du piano. Dire que ça fait 12 ans, et j'ai encore cette réponse, avec ma peur dans le corps, qui reste imprimée en moi.
Après ça, j'avais envie de pleurer, de me cacher.

J'étais avec mes deux parents, je ne sais plus comment s'est passé le reste de la journée. J'étais simplement terrorisée à l'idée de ne pas être prise, comme s'il s'était s'agit d'une grande école, sans être capable le moins du monde de me rendre compte que l'entretien ne devait pas du tout servir à sélectionner les futurs élèves, mais simplement à élaborer au mieux le futur projet individuel de scolarisation.

Toujours est-il que mon dossier a été accepté.
Il a fallut trouver un logement, car le lycée ne disposait pas d'internat.
Je ne me souviens plus comment on a choisit le logement, à Saint-Denis d'Oléron.

Aujourd'hui le lycée occupe de nouveaux locaux, ayant déménagé de Boyardville vers Saint-Trojan. Mais voici une photo des locaux que j'ai fréquentés, et un lien vers le site actuel du lycée :

Amours d'été ?

Pendant des mois, j'ai attendu un signe de Stéphane, mon "amoureux" yvelinois... Sans rien voir venir. Finalement, un jour j'ai osé lui proposé d'aller au Futuroscope ensemble. Prendre le train, le retrouver, s'amuser, et peut être, qui sait, passer un plus long moment avec lui ?
C'était un mardi, je m'en souviens. Mais de l'organisation, aucun souvenir des choses. Était-ce en avril, comme il me semble ? Ou en mai ? Ou en juin ?
Aucune idée. J'aurais même des doutes sur l'année, si je m'en laissais l'occasion. Mais quand j'y réfléchit, ça ne peut être que cette année là.
Comment ai-je fait pour prendre le train, aller le retrouver ? Je ne sais pas non plus. À croire que je fais un blocage sur mes réussites.

À la gare, il était en retard. Et la pire des choses, j'avais peur de ne pas le reconnaître. Imaginez : je l'avais rencontré pour la première fois quand j'avais 16 ans, j'en avais désormais presque 18, et entre temps, nous ne nous étions vus qu'une seule fois, plus d'un an auparavant. Pas de photos d'échangées, même s'il avait un site internet, et que j'y avais récupérées quelques clichés.
Comment pouvais-je me dire amoureuse de lui? Et bien quand on ressent des chose, on déteste que les autres viennent vous contredire... donc même si mon entourage essayait un peu de me mettre en garde contre mes sentiments auto-alimentés, je ne voulais pas prendre en compte ce que les autres me disaient. Tout ce que je savais, c'est que j'aimais Stéphane, qu'il m'écoutait, qu'il s'intéressait à moi... même s'il ne faisait aucun effort pour venir me voir, alors que c'était lui qui m'avait déclaré sa "flamme" ?
J'ai compris bien plus tard que derrière son "je t'aime" se cachait un autre sentiment, qu'il avait dû juger trop honteux pour l'avouer à une gamine de 17ans : du désir. Il aurait pu écrire "j'ai envie de toi, je rêve de toi, de te faire l'amour", ce jour là, dans son mail... aveu qui aurait évité un quiproquo qui a duré des années, mais ce n'était sans doute pas moralement acceptable à ses yeux.
Malheureusement cette honnêteté aurait sans doute mieux valu qu'un aveu déguisé, maquillé, qui m'a finalement enfermée des années durant dans une passion sans avenir possible.

Ce jour là, donc, je l'ai retrouvé à la gare de Poitiers.
Je ne l'ai pas trouvé beau. Je l'ai trouvé gros, il avait la brioche de la quarantaine approchant. Il m'a fait la bise, mais ne m'a pas embrassée. J'ai été déçue.
J'ai eu un pincement au cœur, mais ai choisi de l'ignorer. Je voulais continuer à l'aimer, coûte que coûte, sans prendre l'expression à la légère.

De la journée, finalement, j'ai peu de souvenirs. Sinon que je n'aimais pas son rire idiot dans les cinémas dynamiques. Qu'il s'est endormi dans la salle IMAX. Car il était sortit avec des amis la veille, à Paris, qu'il s'était couché à 2h du matin, puis était venu en TGV à Poitiers pour me rejoindre. D'ailleurs il a perdu son téléphone portable, tombé de sa poche, que nous avons du retourner chercher un peu plus tard.

J'aurais du sentir que tout ça ressemblait à une sortie "entre potes", mais je n'ai rien voulu voir. Je voulais l'aimer, même s'il ne me plaisait pas, même si j'étais déçue. J'étais "amoureuse" de lui depuis des mois. Il était inacceptable pour moi de me renier, comme ça, d'un seul coup. Pourtant, aujourd'hui, je me demande si ce n'était pas ça justement qu'il était venu chercher ce jour là...

Je n'ai pas aimé sa façon de m'embrasser. Notre premier baiser, sur la grande passerelle, au dessus des bassins. Il embrassait en tendant les dents, en choquant les miennes contre les siennes. Un baiser d'adolescent, qui ne sait pas caresser de ses lèvres et de sa langue, qui se contente de se plaquer contre l'autre.
Je n'aimerais jamais sa façon de m'embrasser.
Et malgré tout cela je restais "amoureuse".

Le soir... à 17 heure ou un peu plus nous sommes repartis. J'ai pris un billet de TGV pour Ruffec, et lui a rejoint la gare de Poitiers pour remonter sur Paris. Même pas de baiser fougueux d'adieux. Je n'avais pas vraiment envie de l'embrasser. J'étais déçue, perturbée, déboussolée.

Et pourtant, j'ai continué à dire à qui voulait entendre que tout allait bien, que nous nous aimions, et à lui trouver mille et une excuses pour ne pas venir me voir.

Tout l'été, j'ai espéré une visite, une excursion, un voyage. Mais rien de rien. Le néant.
Mes parents sont partis en vacance, me confiant la maison. Stéphane avait parlé de venir me voir. Il ne l'a pas fait.

Finalement, fin août, alors que je devais emménagé dans mon logement de Saint-Denis, il a accepté de venir passer quelques jours avec moi. Quelques nuits à l'hôtel, puis une nuit dans "mes" murs, avant de repartir, le jour où mes parents m'aideraient à m'installer.
Je crois bien que c'est ma mère qui a réservée la chambre. Quand j'y pense, je me dis que c'est absurde. Mais en même temps je sais que c'est elle qui m'a accompagnée à Saint-Denis, ce jeudi là.
J'étais la première à l'hôtel. Stéphane est arrivé par bateau. Je lui ai même trouvé un charme tout nouveau, les cheveux et l'écharpe au vent, alors que la navette de La Rochelle abordait le port de Saint-Denis.
Le premier soir a été parfait, et sans doute est-ce la raison pour laquelle j'en garde peu de souvenirs. Nous avons passé un temps fou à discuter dans une crêperie, c'était magique, j'étais heureuse. Pourtant le soir même, sur la jetée, il n'a pas su combler mes attentes, me prendre dans ses bras. Il a téléphoné, à je ne sais trop qui, je me suis sentie seule, abandonnée. Et puis j'ai été malade...
Et puis on est allés ensemble récupérer les clés de mon logement... mais pas de draps, et nous avions quitté l’hôtel. La dernière nuit a été épouvantable, abrités d'une seule couverture. Une aventure qui aurait pu être savoureuse, mais qui m'a laissé un gout amer.

Le lendemain, Stéphane partait, mes parents m'aidaient à emménager, et une nouvelle année scolaire commençait.

jeudi 10 mai 2012

Hausse du moral...!

J'avais un rendez vous très important cette après midi.
J'en suis sortie heureuse, après 45 minutes de paroles et de tentatives d'explications de ma part.
Je vais avoir un suivi, un vrai, avec des ateliers en groupes en accueil de jour, et un suivi en individuel avec le psychiatre.
Je sais que ça va me demander des efforts, mais je suis convaincue que ça en vaut le coup.
Je me sens bien, cette après midi.

Si seulement il faisait moins chaud!

68,4 kilos

IMC de 25,1.
Je suis "officiellement" en surpoids.
Énorme déception.
J'étais motivée pour faire du vélo d'appartement ce matin. Une demie heure devant une série TV. De la sueur. Un léger essoufflement. Tout ce qu'il faut.
Et après, motivée pour monter sur la balance, surtout que mon mari était sortit, et que je ne supporte pas qu'il sache quand je me pèse, ni qu'il connaisse mon poids (en même temps, il lit le blog...).
68,4 kilos.
10 kilos de plus qu'il y a 10 ans.
2 kilos de plus que les 66 qui m'ont décidée à tenter mon unique "régime" il y a un an et demi... et là, j'étais descendue à 64,8.
J'en pleurais, tout à l'heure.

Un sujet de plus à aborder avec le psychiatre, cette après midi.

lundi 7 mai 2012

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère...?

Jeudi 10 mai, à 13h30, je serais dans le bureau d'un psychiatre spécialisé en TCC.
Mardi 22 mai, à 9h, je serais dans le bureau d'une psychologue du CMP spécialisée en TCC.
Deux thérapeute valent-ils mieux qu'un ? Je ne sais pas, en tout cas mon médecin traitant m'a conseillé de voir les deux, au moins pendant un temps, ne serait-ce que parce qu'on "accroche" pas forcément avec tous les psys.

Ces deux rendez vous, dont l'un imminent (vendredi dernier, quand j'ai songé que mon rendez vous du 10 était si proche, j'ai eut un violent haut-le-cœur) m’amènent à revenir sur mes motivations en matière de thérapie.
Après tout, je me sens bien. En équilibre. Mais comme je l'écrivais il y a peu de temps, il suffit souvent d'un petit rien pour que cet équilibre s'effrite.

Pas inutile, alors, de me remettre en mémoire les raisons qui me font consulter (si vous lisez ce blog depuis quelques temps, vous avez une idée globale du problème... mais pas si facile de le résumer à un psy). Il s'agit pour moi de remettre mes idées en ordre. Ordre de bataille?

♦♦♦

Pour beaucoup de gens, quand on a un problème de souffrance morale, on devrait résoudre ça seul, "comme un grand". Je n'échappe pas à cette règle d’orgueil. J'ai essayé. Puis j'ai essayé de me faire aider, puis j'ai été déçue par une "aide" qui tombait à coté, qui ne trouvait jamais le vrai problème... des psy qui concluaient parfois que, finalement, je n'avais pas de problème.
Si, en plus de 15 ans d'introspection et de tentatives de suivi, je n'ai pas réglé mes problèmes, au moins sont ils aujourd'hui identifiés : troubles anxieux généralisés et phobie sociale.

Par ailleurs, pour certaines personnes, consulter un psy (psychologue, psychiatre, psychanalyste, etc), c'est prendre le risque de devenir dépendant de cet "autre", de ne plus être capable d'avancer dans la vie sans lui. J'avoue que cette crainte m'a taraudée pendant des années, sans que je l'ai toujours formulée ainsi. C'était plus une idée qui restait tapie à la lisière de ma conscience. Une crainte parmi tant d'autres. Et puis au cours des deux dernières années, il me semble que j'ai su dépasser cette crainte là.

Autre crainte... Guérir ? Serais-je encore la même, alors ? La fin de la thérapie constitue donc une grosse angoisse. Heureusement, cette crainte a elle aussi volé en éclats, grâce aux six mois durant lesquels j'ai consultée une psychiatre, à Angoulême... Au bout de ce temps, elle a confirmé que je connaissais le "pourquoi", mais qu'elle était incompétente pour m'aider à résoudre l'équation. À des collègues de prendre le relais.

Voir un psy, c'est aussi le risque d'être confrontée à des choses douloureuses (heureusement j'ai déjà fais un bout de chemin et je sais aujourd'hui qu'on dépasse ce genre de chose...). Il faut accepter cette catharsis, et la faire sienne.

Voilà pour les grandes lignes...
Reste la crainte de faire des démarches pour rien, encore une fois... que ça ne "colle" pas avec le psy, la psy, et que je me retrouve de nouveau bloquée avec moi même.

♦♦♦

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère ?

Faisons le point...

Mes émotions : si je me sens bien mieux qu'il y a quelques mois, je demeure extrêmement sensible au stress, malgré les anxiolytiques. Je suis facilement irritable, d'où une agressivité que je supporte mal. La culpabilité me ronge moins ces derniers temps, surtout depuis que j'ai su dire "non" à mon employeur, mais je sais bien que ce sentiment reste récurrent chez moi. J'ai un manque de confiance en moi difficile à dépasser.

Mes sentiments sur moi même : J'aimerais être moins renfermée, moins inactive. J'aimerais avoir envie de faire des choses, d'être plus épanouie. Ma façon d'être me déplait parfois énormément. Il y a encore quelques mois, je ne me sentais pas capable de grand chose, et continue encore de douter de mes capacités. Ainsi, malgré ma licence en droit, je me sentirais incapable d'occuper un poste à un niveau plus élevé que celui que j'ai actuellement. Je ne m'en sens pas capable, et si les gens viennent à me dire le contraire, j'ai la conviction profonde qu'ils se trompent.
J'avance souvent sous la contrainte, parfois simplement issue de ma peur de décevoir les autres.
Prendre des décisions (importantes ou non) me terrorise et je cherche à éviter cette situation le plus souvent possible.
Je ne suis rarement satisfaite de mes performances, scolaires ou professionnelles : c'est toujours soit trop dur, soit trop facile.

Mes relations aux autres : Mes relations avec mes parents se sont améliorées ces derniers mois, surtout depuis que j'ai changé de regard sur nos relations, en février dernier.
Je n'avais quasiment pas de rapports avec les autres il y a encore peu. Pas d'amis ou de vagues connaissances. Ni seule ni en couple, d'ailleurs. Au plus quelques relations éphémères, en cours de scolarité, ou pendant des contrats d'intérim.
Mais j'ai une copine voisine, depuis quelques mois...
Sinon j'ai souvent plutôt peur de mes collègues (qu'elles jugent mal mon travail quand je les remplace), de mes supérieures (qu'elles prennent mal mes refus répétés de faire des remplacements, par exemple).
Et les autres, ceux que je ne connais pas, que je vois, qui me voient, que je côtoie, parce qu'il le faut (à la sécu, à la banque, etc), et bien ils me mettent mal à l'aise, génèrent de l'angoisse.

Ma façon de vivre : Je suis accro à mon PC. J'ai du mal à meubler mes loisirs sans lui. Et pourtant je n'en fais pas grand chose (bloguer, c'est peut être 1% du temps que je passe sur le net). Jouer est ma plus grande occupation. Alors que j'aspire à "décrocher", mais je n'ai fais rien, si ce n'est pour cuisiner (et bloguer... et regarder la TV en cuisinant).
Je me lève, je prend le petit déjeuner, et je saute sur mon PC. Si je suis courageuse, je lance une émission et fais du vélo d'appartement. Sinon je rester fixée dessus, jusqu'à ce que je doive aller travailler, ou préparer à manger. Pourtant je suis soulagée quand mon mari me propose d'aller marcher avec lui, ou de siester... et frustrée en même temps (accro, je vous dis!!!).
J'aimerais avoir des loisirs plus "constructifs", plus créatifs. Mais je n'arrive jamais à me lancer. Souvent je me donne comme excuse que pour faire les trucs que j'ambitionne, il faut sortir, ou bien acheter du matos, et que tout ça m'angoisse.

Les événements importants de l'année écoulée : C'est là que ça devient drôle : l'année écoulée a été super riche, comparativement aux précédentes! Parce que si en 2009 j'ai obtenu mon diplôme (Licence en droit), puis ai fais quelques missions d'intérim très anxiogènes, c'est seulement en novembre 2011 que j'ai commencé à travailler "pour de vrai".
Cette année, j'ai décroché un CDD dont j'étais quasi-certaine d'obtenir la transformation en CDI (et ça a été le cas). Entrer dans le monde du travail, à 29 ans passé, ça m'a fait un bien fou, et m'a obligée à me rendre compte des progrès que j'ai pu faire. Mais mon anxiété sociale restant toujours bien présente, et je vois donc que j'ai encore des efforts à faire, mais que j'ai besoin pour cela d'être aidée.

Nous avons emménagé en Hautes-Pyrénées le 28 mars 2011, autant dire il y a un an.

Il y a encore un an, j'envisageais une formation plutôt qu'un emploi, dans l'idée que ce serait "plus facile" pour moi d'aller en formation que de travailler. Le choc que j'ai eu en obtenant une place pour ladite formation, dans des conditions épouvantables, alors même que je signais mon CDI m'a démontré le contraire et j'ai été forcée de faire un choix douloureux, mais que j'assume finalement pleinement.

Il y a un an aussi, j'avais entamées les démarches pour une prise en charge au sein du CMP de Tarbes, mais la psychologue spécialisée en TCC partait justement en congé maternité, puis parental... j'avais laissée la chose en "stand-by".

Et puis... et puis mon mari a eu des ennuis de santé, et ma santé psychique est revenue sur le premier plan de la scène. J'ai été forcée de prendre conscience que mon "équilibre" n'était pas si stable que je me le laissais croire, et que mon instabilité réelle était très pénible à vivre pour mon mari. D'où remise en branle de la machine de soins.

Mon point de vue sur le passé : Il a beaucoup changé en février dernier, quand mes parents sont venus et que j'ai enfin pu évoquer avec eux ma maladie. Je me suis alors rendue compte que je me souvenais souvent très mal des "grands événements" de mon enfance. J'ai aussi eu l'occasion de voir qu'ils étaient quant à eux passés à coté de choses "essentielles" que je tenais pour évidentes. Ces "faux" souvenirs, résultats de distorsions cognitives (encore elles ^^) contribuent à mon désir de suivre une thérapie.
Une chose est sûre, quand j'étais enfant, j'étais gaie, je chantais sans cesse, j'étais curieuse de tout, j'allais facilement vers les autres et était plutôt extravertie.
Ensuite je suis devenue solitaire, d'humeur souvent triste, cherchant souvent la compagnie des adultes, synonyme de protection. Je ne saurais dire exactement à quel âge... j'ai le sentiment que le basculement a commencé dès la maternelle. Des abandons par des "petites copines" pour des motifs anodins, le départ de ma sœur en CP... le mal au ventre en allant à l'école... des petites choses, de petits détails. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Mon point de vue sur l'avenir : Il y a deux ou trois ans, je me disais que si les choses continuaient d'être telles qu'elles étaient alors, j'aurais du mal à travailler, à vivre, à me construire, à maintenir mon couple en santé. Aujourd'hui je me rend compte que je travaille, même si ce n'est pas parfait, que je vis, malgré tout, et que pas à pas, je me découvre.
J'ai envie de vivre, d'apprendre à me faire confiance et faire confiance aux autres. J'ai envie de faire tomber les barrières et je suis certaine d'avoir en mains les clés pour y arriver.
Oui, je tiens mon avenir entre mes mains, j'en suis actrice à part entière, et j'ai soif de cet avenir, même si je présent que tout ne sera pas rose et facile...
Je veux cesser de voir le monde à travers mes angoisses, vivre mieux, être libre dans ma tête.
Je commence une thérapie, je veux que ça me mène quelque part, et je compte bien m'y impliquer pour que ça soit le cas.

Un jour, je ne serais plus assistante de vie. Un jour, je serais responsable de secteur, ou j'occuperais un poste en relation avec ma licence. Ou bien encore je serais toujours assistante de vie, mais en libéral. En tout cas, j'arriverais à vivre pour de vrai !

J'ai le sentiment d'avoir une grande force de vivre. Il l'a toujours fallut. Si je ne l'avais pas eu, je me serais laissée en arrière, j'aurais abandonné, d'une manière ou d'une autre. Parfois je suis allée la puiser dans le besoin de ressentir du plaisir, ou encore de la douleur, pour sentir que je vivais vraiment. J'ai aussi un profond besoin de ne surtout pas faire de mal aux autres. Et je flirte parfois avec la ligne de vide, au bord d'un gouffre... la peur de ne plus vivre.

Mes attentes face à la thérapie : Pour moi, un thérapeute ne doit jamais juger. Il doit aider à démêler les dysfonctionnements, aider à assumer des choix, et cela en s'efforçant de prendre conscience de nos points forts et de nos faiblesses. Il doit aider à vaincre les peurs et les angoisses. Il doit apporter son concours pour nous aider à mieux nous évaluer.
À un psy, je demande un coup de pouce, une autorité qui me pousse en avant.
Je n'ai pas besoin d'un analyste, qui me fera parler sur des points mille fois étudiés, par moi, par d'autres. Si je lui parle du passé, de ce que je ressens, de toutes ces choses, ce devra être dans le seul but de lui montrer les points de blocage, pour qu'il m'aide à soulever, doucement, progressivement, chacun des loquets qui m'enferment à l'intérieur de moi même.
Une analyse, je n'en veux plus. J'ai déjà donné. Et comme je suis anxieuse sociale, que je cherche systématiquement à plaire aux autres... et bien je cherchais à plaire à mes psys! et donc je disais "oui oui" face aux analyses proposées, même si mon cœur et tout mon être hurlait "non".

Je veux une thérapie de soutien, avec un thérapeute directif. Tout le contraire d'une psychanalyse.