mercredi 23 mai 2012

Psy, psy et repsy...

Je suis en train de regarder le magazine "Enquête de santé" sur les Psys... ça tombe bien, ça faisait quelques temps que j'avais envie de faire un billet sur le sujet. D'ailleurs le billet récent d'Anouchka sur le coaching rejoint assez bien le reportage de France 5. Ils en parlent dans le documentaire de première partie.
Par ailleurs, très vite dans le débat qui suit le reportage, une des intervenant relève que "psy", ça ne veut rien dire. J'en suis convaincue : entre les psychologues , les psychiatres, les psychanalystes, les psychothérapeutes etc, la plupart des gens nagent en pleine confusion. Sans compter mon mari qui, quand il dit de certaines personnes qu'elles sont "psy"... veut dire "psychologiquement atteintes".
Mais je précise : ce billet ne concerne pas le magazine de France 5, qui n'a été qu'un déclic pour écrire. D'ailleurs je n'ai toujours pas fini de le regarder, et certains aspects m'ont plutôt déçue (pas assez exhaustif sur les différents "psy" et les pratiques... ni sur les réels besoins de la population).

Des psys, j'en ai vu pas mal à partir de mes 12-13 ans.
Je vous épargne toutes les difficultés pour consulter, je les ai citées ou le ferais dans d'autres billets relatifs à mon histoire.

1) Une psychologue clinicienne, d'abord, diplômée, exerçant en libéral. J'étais au collège. Et depuis des années, ça n'allait pas, mais alors pas du tout.
Autant vous prévenir de suite, ça n'a pas collé. Pendant tout le temps où je l'ai vue, j'ai avant tout cherché à lui plaire, à rentrer dans les clous, et chaque fois que j'osais parler vraiment de moi, je me suis sentie jugée, au lieu d'être aidée. Bref, elle ne me comprenait pas et je crois que c'était réciproque.

2) Ensuite, vers 14 ou 15 ans, alors que j'étais encore au collège, j'ai vu un infirmier psy (donc qui avait le diplôme d'état d'infirmier, et qui s'était spécialisé en psychiatrie). Il faisait les évaluations pour le CMP du coin.

3) L'entretien suivant, c'était avec une autre "psy"... psychiatre ? Psychologue ? Je ne l'ai jamais su. De toute façon, ça n'a pas accroché du tout du tout. Avant même qu'on se voit : elle avait plus de 20 minutes de retard, avait fumé dans les locaux du centre social avant de me faire entrer, bref, je l'ai jugée ennemie d'emblée. Et après m'être un peu forcée à y aller, et bien je n'ai pas insisté.

4) Après une période sans voir personne (mais toujours mon malaise vissé au corps, palpable, mais in-identifiable, sans nom, sans visage), j'ai vues les infirmières du lycée, qui venaient à mon secours régulièrement, quand je piquais une "crise de nerfs". En fait identifiées aujourd'hui comme des crises d'angoisse, quand mon incapacité à étudier normalement, avec les autres, devenait trop oppressante pour moi.
Elles n'étaient pas "psy", mais bon, un diplôme ne fait pas tout. La capacité d'écoute, pour moi, est peut être le critère le plus important. Elles m'ont proposé des solutions, aussi, mais je n'étais pas prête, et puis, j'en avais marre des psys... un peu.

5) Quand j'ai voulu faire le CNED, on nous a dit qu'il fallait que je vois un pédopsychiatre (en fait, j'avais plus de 16 ans, ce n'était pas obligé). J'ai haït ce type dès que je l'ai vu. J'ai eu tellement peur qu'il m'empêche de quitter le lycée. Je me suis efforcée de faire bonne figure autant que faire se peut. Mais j'ai ressentis un profond soulagement quand il a dit que cet entretien ne servait à rien, vu mon âge.

6) Quand j'ai essayé de suivre des cours par correspondance, ma mère m'a convaincue d'aller au CMP... en scooter. Un calvaire que j'ai décris récemment. Et pour ne pas me confier plus que ça, en plus. Au contraire, j'avais honte de parler. Je me sentais travaillée par des tas de choses, et je n'étais capable d'en évoquer aucune qui ait de l'importance, voilant mes vraies difficultés derrière un babillage sans intérêt.

7) Quand j'ai réintégré un établissement scolaire, j'ai vue la "psy" (psychologue?) qui tenait une permanence au lycée. Pour la première fois j'ai osé aborder avec quelqu'un le problème que j'ai avec la nourriture. Je ne connaissais pas le terme d'hyperphagie à l'époque. Je mangeais pour occuper tout ce vide qui me dévorait, jusqu'à être saturée de nourriture, nauséeuse. Mais pour elle, ça n'était pas grave : j'avais un IMC normal pour mon âge, je ne me faisais pas vomir ni rien. "Tout le monde grignote un peu comme ça, pour le plaisir". Défaut flagrant dans l'évaluation de la souffrance psychologique occasionnée par ces grignotages incessants. Du coup, je n'ai pas insisté, et je ne lui ai pas parlé de ces autres jours, pendant lesquels je restais parfois sans manger de la journée (un bol de thé sans sucre n'a jamais nourrit personne), pour dévorer le soir venu.

8) Psy indéterminés, encore. Toujours dans mon petit lycée d'Oléron, il y a eut un atelier "sophrologie" de mis en place à midi, certains jours. Mais je n'ai pas osé y aller plus qu'une séance d'introduction. Sans suites.

9) Psychologue clinicien, chercheur... un de mes enseignants, en fait. Fac de psycho, première année... J'avais 20 ans. J'ai basculé très tardivement de la section "sociologie" à celle de "psychologie". Ce n'était pas un rendez-vous de psy. C'était pour discuter des TD, que je ne pouvais pas intégrer, comme ça, en cours de semestre. Une chance pour moi, d'ailleurs, car travailler en groupe m’aurait fait sans doute beaucoup souffrir (et d'ailleurs, c'est le commencement des TD de sociologie qui m'avait fait complètement paniquer). Il m'a dispensée de TD et fait passer l'épreuve écrite de fin de semestre (j'ai eu une bonne note)... mais finalement en cours d'entretien, j'ai craqué, et il m'a soutenu. Mais n'a pas dit les mots magiques... "anxiété sociale". Si seulement il avait pu les dire! Mais il m'a quand même parlé de la médecine préventive du campus.

10) Psychiatre de la médecine préventive, à l'université. Je me sentais si mal. Et pourtant j'avais un équilibre, donc, même si ma souffrance psychologique était visible, finalement, elle n'a rien pu faire pour moi, n'a pas su à qui m'adresser.

11) Un bond dans le temps. Plus de psys. Juste mon médecin traitant, qui m'écoutait dans son bureau, qui essayait de faire ce qu'elle pouvait pour moi, de traiter mon anxiété. Jusqu'au jour où elle les dira, elle, ces mots magiques. "Pour moi, ce que vous décrivez finalement, ça ressemble à une phobie sociale". J'avais 27 ans et quelques...
Et elle m'a adressée à un psychiatre...

12) Premier essai. Je lis les tarifs dans la salle d'attente : plus de 60 euros la séance ! À ce prix d'or, j'espère que la séance dure une heure.
Au bout de 20 minutes, c'est fini. Le psychiatre m'a interrompue plusieurs fois. Il est polonais, et ne comprenait pas quand je parlais trop vite.
Il m'a donné un autre rendez-vous, mais finalement j'ai rappelé pour annuler.

13) Retour chez mon médecin pour demander un nouveau courrier. Cette fois ci j'ai vu sur le site de la sécu que le Dr.V. est conventionné. Et dans l'annuaire, c'est marqué "relaxation". Mais ça ne colle pas. C'est un de ces psychiatres qui restent derrière leur bureau, sans parler, les yeux mi-clos, qu'on se demande s'ils ne sont pas carrément en train de s'endormir.
Il me déplait, et je quitte la première séance en larmes. Je me dis d'abord que c'est normal, que c'est la tension nerveuse qui s'évacue... mais bon, en même temps, je ne l'aime pas trop, ce type, et ses quart d'heure non plus.
À la deuxième séance, il se moque carrément de moi (du moins ça y ressemble) quand je lui dit que je voudrais que tout le monde m'aime (je sais que c'est con et irréaliste, ça va, je suis pas débile, mais bon, en même temps, je voudrais que tout le monde m'aime, et je ne peux pas m'en empêcher). Il m'interrompt, me contredit. Grrr.
La troisième séance est la dernière...

14) Cette fois c'est la bonne. La psychiatre est un peu âgée, mais très gentille. Elle n'est pas passive, et discute avec moi. Nous allons passer six mois "ensemble". Mais elle est la première à s'avouer incompétente pour m'aider à aller mieux. Elle m'aura au moins aidée à mettre de l'ordre dans mes pensées, à comprendre pourquoi je suis comme ça. Mais le pourquoi ne m'aide pas à guérir. Elle m'aura donnée son écoute et sa gentillesse. Mais je fini par arrêter de la voir, n'y trouvant plus rien.
Elle a essayé de stabiliser mon humeur, aussi, mais les médicaments me faisaient dormir, alors on a laissé tomber.

15) Ensuite, j'essaye la sophrologie... ou plutôt, je fais une seule et unique séance chez une psychologue sophrologue. 70 euros les 45 minutes. On ne fait que parler. Je n'ai pas les moyens, je laisse tomber.

16) Après mon déménagement à Tarbes, au printemps 2011, je vais au CMP... je suis reçue par l'infirmière psy. On parle longtemps, longtemps. Mais la psychologue qui pratique des thérapies comportementales et cognitives part malheureusement justement en congé maternité, lequel sera suivit d'un congé parental. Retour en mars 2012.

17) À défaut de cailles, on mange des grives. Je consulte le psychiatre du CMP. Un espagnol. Même problème qu'avec son collègue polonais, il n'arrive pas à me comprendre quand mon débit de paroles devient trop rapide. Et puis j'en ai marre de redire encore et encore toujours les mêmes choses à tous ces psys. J'en ai marre marre marre. Je fais deux séances, puis je passe l'éponge.

18) Et puis là... le 13 avril, j'en parle à mon médecin traitant. Celui à qui j'ai dit la première fois que je l'ai vu que j'avais des troubles anxieux généralisés et une forte anxiété sociale. Celui là même qui m'a répliqué "ça pourrit bien la vie, tout ça". Et bien je lui dis que ça ne va pas, ces derniers temps, que mon équilibre n'est pas si équilibré, que j'ai besoin d'aller mieux, pour moi, pour mon mari. Il me met sous anxiolytiques et surtout me fait un courrier pour un psychiatre. Mon psychiatre.
Je l'ai vu pour la première fois le 10 mai.
C'est un jeune.
On a discuté de moi, de ma famille, de mes lectures (les livres de Christophe André). Et de TCC.
Je le revoit le 30 mai prochain.
Et le 01er juin, j'entame des demies-journées d’hôpital de jour, pour apprendre à gérer mon anxiété. Lundi 21 mai, je fais mon admission administrative à la clinique de jour.

J'espère que cette fois ci, c'est la bonne!
J'étais assise là, lundi, pour mon admission.

3 commentaires:

  1. Eh ben, quel parcours...

    En tout cas j'ai trouvé que l'émission d'hier ne réflétait pas du tout ce qu'était vraiment un psy, genre celui que les gens en souffrance allaient consulter. Y'a eu ceux de la sécurité routière qui servent à récupérer des points de permis, ouais super..., après les psys dans les médias, les psys au téléphone, les psys sur Internet...

    Et puis la coach, dont on se demande ce qu'elle venait foutre à une émission sur les psys, d'ailleurs elle a limite avoué qu'elle n'avait rien à faire ici...

    Ce genre d'émission donne une image des psys qui n'est pas du tout la bonne... Enfin heureusement que la psychanalyste essayait d'expliquer un peu sa pratique...

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    1. Je dois avouer que je n'ai pas encore regardée la partie débat.
      Ceci dit, j'ai moins aussi été un peu déçue que le reportage n'aborde pas les différents types de thérapies reconnues (dont les TCC). C'est à dire que le reportage était mal intitulé, là c'était plutôt les psys pour les gens qui ne sont pas vraiment en souffrance morale (exception faite des victimes de catastrophes, mais je ne pense pas que ce soit tout de suite après l'événement qu'on est prêt à se faire aider)...

      C'est vraiment dommage qu'ils n'aient pas montré de praticiens traitant la dépression ou les TOC, par exemple, ou les dépendances...
      Dans le reportage, ils n'ont pas non plus rappelé que seuls les psychiatres sont des médecins, parfaitement remboursés s'ils sont conventionnés et qu'on va les voir dans le cadre du parcours coordonné.
      Mais peut être dans le débat?

      En tout cas mon billet ne concernait pas le reportage de France 5. C'était juste le déclic pour pondre un billet qui mûrissait déjà depuis des semaines dans ma caboche ;)

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  2. Je croise les doigts pour toi. Courage.
    χtuC

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