vendredi 25 janvier 2013

Je ne sais pas ce que je veux

Vouloir : v.t. : Appliquer sa volonté, son énergie à obtenir quelque chose.

Choisir : v.t. : Faire des comparaisons entre plusieurs choses, exercer son jugement, user des son gout, etc, pour prendre, adopter quelque chose de préférence à quelque chose d'autre.
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Je ne sais pas ce que je veux.
La plupart des gens n'en ont pas conscience, mais vouloir quelque chose, c'est un acte mental terriblement complexe. Il faut être apte à faire des choix, sans s'emmêler les pinceaux entre ses envies, les envies des autres, ou même les envies qu'on attribue aux autres. Vouloir, c'est accepter d'être un individu à part entière, indépendant sans pour autant être dans la négation de l'autre. C'est quelque chose de vraiment très difficile. Pour moi.

Je ne sais pas ce que je veux.
Dans la vie en général, je me laisse balloter par la vie, par les autres, par leurs idées et leurs choix. J'évite tant que possible d'avoir à m'engager, et parfois ça me met dans des situations invraisemblables. Je m'engage par ici, me désengage par là, tout en souhaitant ne décevoir personne, moi y compris, mais j'ai tellement peur qu'au final je ne fais pas de choix et je suis bien incapable de dire ce que je veux vraiment.

Par exemple, en ce moment, je veux continuer d'avoir un suivi psychologique, mais je ne veux plus aller à la clinique, qui est chronophage et me gêne dans ma relation de couple. Mais j'aimerais avoir une vie à moi que je puisse gérer comme je l'entend. Mais je ne veux pas faire de peine à mon mari. J'ai l'impression que le CMP m'offrirait un suivit plus allégé, mais si ça "colle" parfaitement avec la psychologue, mes expériences passées avec le psychiatre qui exerce là bas sont mitigées. En parallèle de ça, j'ai un super contact avec le psychiatre de la clinique, et je pense que mes entretiens avec l'infirmière pourraient être un grand bien, s'ils étaient plus fréquents. Mais cela signifierait continuer d'aller à la clinique au moins une après midi par semaine, priver mon mari de sa sieste, puisqu'il dort mieux quand je suis là, et rentrer "tard" à la maison. Une semaine sur deux, ça tomberait sur un "mauvais jour" à cause de son fonctionnement "ON/OFF", et il risquerait à chaque fois de faire des crises d'angoisse d'abandon. Du coup j’hésite à choisir une telle option. En même temps choisir l'option CMP, cela signifie quitter une équipe qui commence à me connaître pour recommencer tout ce travail d'approche ailleurs, et je ne suis pas certaine que ça soit une bonne idée. Je pourrais aussi choisir de tout laisser tomber, et de juste vivre en arrêtant de compter sur les autres pour aller mieux, et me secouer un peu les puces, en me faisant un peu plus violence, avec l'aide de quelques bouquins bien choisis, et y mettant le plus d'assiduité possible...

Au final, le choix me reviendra...
Mais je ne sais pas choisir.

Note ajoutée en 2017 : à la clinique Caussade, personne n'a su me dire ce que d'autres avaient essayé de me faire comprendre par ailleurs, c'est à dire que ma relation avec mon mari était totalement anormale et biaisée. Je pensais pour son bien être et non le miens, j'étais obsédée par ses colères et sa façon de vouloir vivre et j'essayais de ma calquer dessus sans le pouvoir... Il m'était impossible de savoir ce que je voulais, parce que mon mari faisait en sorte de me faire douter en permanence de mes choix qui ne lui convenaient pas. C'est aussi simple que ça.
Au CMP, en 2010, pourtant, une infirmière de garde avait essayé de me faire me questionner sur le sujet. Elle m'avait recommandé de m'informer sur l'emprise psychologique et les pervers narcissique.
Je n'étais pas prête, à l'époque.
Ni en 2013...

lundi 21 janvier 2013

Nouveau départ?

Mercredi soir je suis rentrée de la clinique tardivement. Il faut dire qu'après une après-midi dont l'utilité reste encore à démontrer, j'ai croisée mon amie Dorothée qui revenait de chez elle avant d'aller se reposer un peu. Nous avons discuté dans le hall d'accueil de la clinique et je n'ai repris la route qu'à 17h40. Trop tard au gout de mon mari, et finalement au mien aussi.
C'est toujours trop tard, le mercredi.

Je m'explique : depuis le début, en juin, je vais à la clinique deux après-midi par semaine. Au début le jeudi et le vendredi, puis peu à peu le lundi et le jeudi. Et depuis quelques semaines, le lundi et le mercredi. Je pars de chez moi à 13h15 et je rentre vers 17h voire 17h30, parce que j'ai souvent du mal à renoncer à la tentation d'aller "faire une course" au retour.

Seulement voilà, moi qui voulais travailler une dizaine d'heures par semaine, pour connaître un épanouissement personnel. Le reste de mon temps, je voulais le préserver libre pour être avec mon mari. Pourtant au bout de huit mois seulement, je me suis retrouvée avec six heures de plus "prises" sur ce précieux temps libre. Huit, si on compte les temps de trajet.

Or ces absences répétées sont de plus en plus un poids, pour moi.

La conséquence, c'est que je ne m'épanouis plus, à la clinique. Je régresse. J'empire, même.
Quand j'y suis arrivée j'avais un désir d'avancer et d'agir énorme.
Au fil des mois une tendance dépressive s'est emparée de moi et désormais je n'y vais plus qu'à reculons, en soupirant, avec pour seule motivation de voir ma chère Dorothée.

Bien entendu, dans mon état, celui de mon mari n'est pas pour rien. Au contraire. Mais contrairement à ce que me laisseraient croire les soignants de la clinique, ce n'est pas par ça que je me fais "bouffer", mais bien par mes sentiments d'obligations, notamment envers la cette structure de "soins". Or des soins, j'en vois peu. Ou en tout cas pas de ceux que j'attendrais, de ce qui me conviennent.
Certes je bénéficie de séances de relaxation individuelle (sur fauteuil de massage), d'aromathérapie, d'ergothérapie, de groupe de parole, de gym douce... et de temps à autre, j'ai même des entretiens avec l'infirmière.
Mais je ne me sens pas aidée. Je ne me sens pas soutenue. Et pire, je ne me sens même pas comprise.

Depuis bientôt huit mois, je vais dans cette clinique en hospitalisation de jour. Huit mois, ça devrait représenter beaucoup, si j'étais en TCC. Au lieu de ça, rien. Je stagne dans une structure parfaitement adaptée à des malades dépressifs, mais absolument pas à une phobique sociale qui a une prodigieuse envie de vivre et d'avancer.
On me laisse à mariner, pendant que la sécu et ma mutuelle crachent leurs sous en pagaille.

On me dit que je suis trop dépendante de mon mari, parce que, c'est vrai, je me suis souvent abritée derrière ses besoins à lui pour tenter d'affirmer les miens.
Les miens, de besoins, c'est d'être suivie pour de vrai.
D'avoir une thérapie de soutien, en individuel ou en groupe, voire les deux, bien ciblée sur mon problème d'anxiété sociale, et aussi sur le fait que je me retrouve accompagnante d'un homme malade, que j'aime et auprès de qui ma présence compte plus que tout ♥♥♥
Mes besoins, c'est de l'aimer, mais aussi de pouvoir le regarder en face en lui disant "Je t'aime, et je m'en sortirais sans toi... mais reste avec moi le plus longtemps possible!". Mes besoins c'est d'être respectée pour ça, et pas d'entendre cycliquement "l'important c'est vous".

Mes besoins, c'est de ne pas trouver mon mari en pleine crise d'angoisse, qui se prolonge tard dans la nuit, quand je reviens de la clinique. Mon besoin, c'est même de ne plus aller à la clinique, si y aller signifie nous faire souffrir tous les deux ainsi. C'est inacceptable et totalement irrespectueux. De moi, de lui, de nous.
Mes besoins, c'est aussi d'avoir du vrai temps pour moi, et pas de ce temps volé sur le trajet de retour de la clinique. Les gens ne semblent pas comprendre que ce temps là, il est en semaine, pas le weekend. Eux, ils ont leur propre mode de vie, ils fonctionnent de telle façon ou de telle autre, et sont finalement peu enclins à comprendre qu'on puisse vouloir vivre différemment.

Je n'arrive pas à voir reconnus mes vrais besoins à la clinique.
Encore une expérience négative à ajouter à la longue liste des psys, psys et repsys...

Avant tout ça, j'avais été mise en contact avec le CMP de Tarbes. Là bas, il y avait une psychiatre qui pratiquait la TCC. Le seul problème ? La psychiatre en question, justement, n'exerçait plus là bas, et la psychologue qui avait repris ses activités partait précisément en congé parental...
En avril 2012, pourtant, de retour à son travail, elle m'avait appelée, pour me proposer un suivi dans la structure publique. Malheureusement, comme c'était concomitant avec mon premier rendez-vous chez le psychiatre qui me suit actuellement, j'avais refusé. Pleine de bon sens, elle m'avait alors dit de ne pas hésiter à rappeler en cas de problème ou si je changeais d'avis.
De fait, j'ai repris contact avec le CMP. Mlle B. se souvenait toujours de moi.
J'ai rendez vous mardi 22 janvier 2013, à 9h.

Pour la suite de la clinique, je verrais à ce moment là.
Une fois de plus, je dois choisir. Continuer, arrêter ? Tout de suite, plus tard ?
Pfff...

 

mercredi 16 janvier 2013

Rien de neuf sous la pluie

Un billet pour écrire qu'il n'y a rien de neuf... est-ce bien utile? Et pourquoi pas, si j'ai envie d'écrire, après tout... Et puis il y a du neuf, en fait.

Nous sommes le 16 janvier. Normalement j'aurais dû travailler, aujourd'hui, pour remplacer les heures loupées du jeudi 10... mais finalement ce sera le 30 janvier, que je travaillerais.

Le 10 janvier, mon mari avait rendez-vous à l'hôpital Purpan. Comme il ne conduit plus, et que de toute façon c'est important pour nous deux d'aller ensemble à ses consultations, j'avais demandé à ma patronne de faire un changement ponctuel à mon emploi du temps.
C'était le jour de la grève des taxis, mais l'hôpital se situant à proximité immédiate du périphérique toulousain, nous n'avons éprouvé aucune difficulté de circulation. En revanche le stationnement a été une autre paire de manche, le CHU étant en plein travaux de rénovation. La plupart des accès étaient donc réservés aux personnels et ambulances.

Arrivés vers midi, nous avons eu quelques difficultés à trouver une place sur le parking de l'hypermarché voisin. Nos sandwichs avalés, nous sommes allés clopin-clopant jusqu'au pavillon Riser abritant de service de neurologie.
Arrivés là bas à 12h50 pour un rendez-vous à 13, nous n'avons pénétré dans le bureau de la neurologue qu'aux alentours de 15h.

Confirmation de l'idée de la neurologue de Tarbes.
Et surtout, conviction d'être enfin vraiment pris en charge de manière compétente. La neurologue savait ce qu'elle faisait, et nous a traités comme des vraies personnes, et pas comme des symptômes et un accompagnant. À l'image du Dr. P. de Tarbes, nous étions, dans ce bureau, des époux, en souffrance face à une situation physique de l'un. Nous étions des personnes, des êtres humains.

J'ai posé des questions, j'ai participé à l'entretien, même si je ne me souviens pas précisément des choses. Celui qui était au centre, c'était Alain, et c'est ce que je voulais.

Il devra être hospitalisé quelques jours, probablement en février. On lui refera des tests, des examens. Certains déjà passés, d'autres tout nouveaux. On lui fera un bilan pharmacologique, histoire de déterminer quel traitement lui convient mieux.
Car le problème des maladies rares, c'est qu'elles ne disposent pas souvent de traitement bien "à elles". Donc on devra le traiter avec ceux des maladies "voisines". Des choses à ne pas mettre en place à la légère.

En tout cas, nous sommes passés à coté de ce que j'appréhendais le plus... la formulation d'un pronostic vital à moyen terme. La dessus, silence. Je crois que j'aime autant. Et pourtant je voudrais savoir, comme si de savoir pouvais me permettre de profiter mieux de cet hypothétique temps "restant". Un sablier stressant et rassurant. Ou pas.
Ma soeur m'a affirmé que mon ambivalence des sentiments face à cette épreuve était parfaitement normale. Mais je m'en veux parfois de tout ce qui me passe par la tête.
Parfois je suis folle de rage contre la Terre entière, contre moi, contre le précédent neurologue, contre tous ces gens qui refusent de comprendre, de voir, d'écouter notre vécu, les difficultés quotidiennes. Bien sûr on s'adapte. Mais jamais on ne minimise comme font certains et certaines. Minimiser, c'est un peu nier la douleur d'Alain, et par écho, la mienne aussi. Je suis en colère contre tous ceux qui lui font ça.

Je suis en  colère contre la vie, aussi, contre la malchance, qui s'est d'abord attaquée à son cœur, et maintenant à son cerveau. Pourquoi n'avions nous pas le droit d'être heureux, nous aussi, comme tout le monde, de profiter vraiment de la vie?!?
Nous profitons, malgré tout. Autrement, différement.
Nous savourons tous les petits moments de la vie.
Mais je suis si inquiète pour lui, je voudrais tant lui éviter les désagréments quotidien, sans pour autant le couver, en lui laissant au contraire la plus grande indépendance.

Au final je me retrouve coincée entre mes nœuds virtuels au cerveau et les siens, bien plus réels...