lundi 18 novembre 2013

Ho lalalalala... Je suis une Fabienne Lepic

Pour ceux qui ne connaissent pas Fabienne Lepic, c'est une des héroïnes ordinaire de la série humoristique "Fais pas ci, fais pas ça".
Fabienne est maman de quatre enfants, et ce ne sera jamais mon cas, mais par contre Fabienne Lepic râle. C'est une râleuse de compétition. C'est aussi une nana complètement neuneue, aux antipodes de mon anxiété sociale, qui n'a pas peur du ridicule et qui, bien que considérée comme "médiocre" par son entourage, arrive à se faire une place à la mairie de sa commune.

Dans un épisode, Fabienne sort une réplique dans le genre "mais je suis comme ça, je rââââle toujours, c'est ma façon d'être de râler! On va pas en faire toute une histoire!?!".

Bon ben je suis comme ça.
Je râle.

Je me plains pas, non.
Je râle.

Quelque part, ça me fait du bien.
Mais ça emmerde le monde, je le comprend bien.

Faut que j'arrive à moins râler...

samedi 16 novembre 2013

Parce que je... j'y étais très attachée.

Mon désir positif, c'est d'être avec mon mari et de lui permettre de vivre ces derniers temps de sa vie, trop tôt, bien trop tôt, mais de la manière la plus épanouie possible. Pour ça, il faut que je sois épanouie, d'abord.

Je suis aidante et je le serais toujours, puisque un jour, je serais CESF (Conseillère en Economie Sociale et Familiale), c'est à dire agent social. Le métier que j'ai toujours voulu faire, sans savoir que ça existait.

Mais je suis phobique sociale depuis l'enfance, avec probablement une dimension héréditaire (la chimie de mon cerveau était sans doute mal conçue au départ).

Alain, mon mari, m'a toujours encouragée dans les soins (je suis suivie par une équipe médico-psychologique), mais sa maladie à lui lui donne aussi des troubles anxieux. Il a besoin de moi, et j'ai toujours l'impression que m'absenter, c'est l'abandonner un peu.

Je l'aime et hors de question de le laisser tomber. Les bonheurs avec lui, c'est comme des grains de raisin, comme la boite de chocolat de Forest Gump, mais ça n'est pas grave. J'aime ces surprises, ces inattendus. J'aime mieux les hauts que les bas, évidemment. Des fois c'est très dur, et puis à d'autres moments, ça va très bien.
Pour l'instant il est vivant et encore capable de faire des tas de choses, malgré ce qu'il pense parfois. Je crois en lui.
Des fois je perds pied, parce que j'ai peur de lui montrer mes peurs, mes faiblesses, et que ça le tire vers le bas, que ça le trouble, que ça le blesse. Mais je crois en lui, en sa force, en notre amour, et à tout ce qu'on peut encore faire ensemble.

C'est vrai, je me prépare à "l'après", mais avec pragmatisme. Parce que la maladie est d'une fulgurance effrayante et que je sais que, peut être bientôt, je serais seule, et j'ai besoin d'être sûre que je tiendrais le choc. J'ai besoin qu'il sache que je tiendrais le choc.

Souvent je fais des cauchemars où je perd pied. Je le vois qui s'étouffe après avoir avalé de travers, moi le sauvant et lui m'en voulant de l'avoir sauvé. Ou je le retrouve en rentrant du boulot et je perd les pédales, je vomis sur moi avant de pouvoir appeler les secours, ou je reste prostrée...

J'ai peur de tout ce qui pourrait lui arriver. Pas des conséquences pour ma vie, je rebondirais, j'ai de la famille, des amis. Mais juste peur de le perdre, de ne pas savoir réagir, de l'abandonner ou qu'il se sente abandonné ou trahit.

Je suis pleine de doutes, plus que jamais.
Mon désir positif, c'est de m'épanouir en tant que personne, au delà de l'aidante, pour être 100% son épouse, quand je suis avec lui, avec toute l'intimité et la complicité que ça induit. Sans les doutes et les angoisses.

Parce que je l'aime.
Il compte plus que tout, plus que moi. Mais si je ne me ménage pas des temps de répit, je risque d'imploser sous l'effet du stress. Et alors je le laisserais seul, et je m'en voudrais à jamais. Alors il faut que je tienne bon. Parce que je l'aime.

On va sortir, c'est repartit




Il y a... pfffiou... longtemps longtemps, je m'étais inscrite sur OVS Tarbes. C'était en aout 2011, c'est dire si ça date. J'étais restée inscrite et je n'étais jamais jamais sortie, pas même pour prendre un café avec des gens.
Aujourd'hui, je crois que je suis mûre pour ça. Juste un petit café (ou thé, ou chocolat...) de temps en temps, si les horaire mes vont, si je suis pas trop angoissée, si ça ne dérange pas trop mon mari.
Je culpabilise énormément vis à vis de mon mari, de le laisser seul (mais il peut aussi venir avec moi!!!).

Juste je suis à bout en ce moment. J'essaye de ne pas le laisser voir à Alain, parce que j'ai peur qu'il croit que c'est sa faute. Mais je suis neuneue et ça date pas de sa maladie. C'est juste que déjà avant ça me pesait, cet isolement social, et que maintenant, j'aurais vraiment besoin de m'aérer la tête, de faire des choses nouvelles et de pouvoir le lui dire et... qu'il soit fier de moi.

C'est peut être con, mais j'ai envie qu'il soit fier de moi, mon homme. Qu'il voit que je suis capable de ne pas rester isolée, d'aller vers les autres, même si pour ça il faut que je le laisse tout seul... ou que je le confronte lui aussi aux autres, s'il le veut bien.

Mais je préfèrerais d'abord me faire des amis, et ensuite les lui présenter.

Enfin bref, oui, OVS, c'est repartit.

J'ai déjà pas mal de messages de soutien sur le site, et rien que ça, ça me fait du bien.

mardi 5 novembre 2013

Deux mois plus tard...

Dernier billet le 04 septembre.
Deux mois plus tard...

Le 12 septembre à 13h, mon mari est tombé dans les escaliers.
C'était un jeudi.
J'étais à l'étage, il m'avait dit de passer avant lui, pour ne pas me ralentir.
Je venais de m'installer à mon bureau et je l'ai entendu crier.
Trois "haaaaaa" de détresse. Et le bruit de la chute.
Je me suis précipitée dans les escaliers, avec cette question absurde "est-ce que ça va!?!".
Non ça ne va pas.
Comment ça pourrait aller quand votre mari, âgé de 65 ans, dépérit à cause d'une saloperie de maladie rare à la con, que vous avez envie de hurlez, de lui casser la gueule à cette connasse.
Et surtout ça ne peut pas aller quand votre mari a le crâne éclaté qui saigne sur le carrelage.

Comment ça pouvait aller, de toute façon? ça faisait des jours, des semaines, qu'il allait de crise d'angoisse en crise d'angoisse. Il venait de commencer un traitement anxiolytique.
Comment ça pourrait aller, quand je le voit avec toute sa détresse dans ses yeux, d'être là, sur le sol froid, avec son cœur froid, avec son âme frigorifiée par la douleur psychique de se sentir réduire, diminuer, jour après jour.

Mais si, ça allait. À peu près.
Pas de perte de conscience.
Pas de fracture. Nul part.
"Juste" le cuir chevelu "éclaté".
Douze agrafes d'acier chirurgical et une nuit en observation à l'hôpital.

Et puis l'angoisse de tomber encore.

Mon père est venu, il m'a aidée à dégager la salle de séjour pour faire de la place pour le lit double médicalisé. Il a aussi installé des rampes supplémentaires dans les escaliers.
Il a aussi apporté le vieux fauteuil roulant de ma mémée Dédée...

Le lit médicalisé a été livré le mercredi 18 septembre.
On y dort pas. Toujours pas. Il "décore".

Nous avons cessé d'aller au laboratoire pour les prises de sang d'Alain. L'infirmière vient, désormais. La kiné aussi. Alain a aussi changé d'orthophoniste, parce que les escaliers de la première étaient devenus infranchissables, si ce n'est physiquement, au moins psychologiquement.

Le mardi 24 septembre, Alain a vu le médecin, qui lui a ôtées les agrafes et prescrit un nouvel anxiolytique. Il a enfin été soulagé de ses crises d'angoisse et je l'ai retrouvé dans toute sa gentillesse. Il planait un peu quand même, ce qui l'a conduit à se limiter à une prise le soir au coucher uniquement.

Le jeudi 26 septembre, Alain est à nouveau tombé, dans la salle de séjour. Perte de ses repères visuels suite au remplacement du canapé par le lit médicalisé. Une plaie à l'arcade sourcilière droite et quelques hématomes. Pas d’hôpital, et un simple point de suture.

Après ça, j'ai perdu le compte, je ne tenais plus mon journal, mon agenda.

J'ai du mal à m'y remettre.

Vers la mi octobre, Alain a eu envie de sortir avec le fauteuil roulant.
On est allés à Géant.

Le vendredi 18 octobre, j'ai arrêté le Seroplex 10mg et suis passée au Prozac 15mg.
Je retrouve le gout aux choses, mais la dépression est là, très présente. Et je dors très mal.

Nous sortons de plus en plus et je sens que mon mari reprend gout à la vie et ça me remplit de joie. Mais j'étouffe. J'ai envie d'être avec lui et je suis heureuse de tous les instants passés avec lui. Mais j'étouffe. J'ai besoin de sortir, de trouver une occupation. Au travail, j'étouffe tout autant.

J'ai juste besoin de rebondir un peu.
Le contrecoup de ces dernières semaines.
ça va aller.
Il faut que ça aille.

En tout cas, aujourd'hui j'ai réussi à téléphoner, à faire des choses, et je suis contente de ça.
Il faut que je recommence à faire attention à moi, à me valoriser, à me féliciter...

Pour moi, pour mon mari, pour nous deux.

Le vendredi 25 octobre, on est allés à Géant... et là bas on a rencontrés mon amie Dorothée et son mari Pascal. Un an que je ne les avais pas vu et jamais je n'avais pu leurs faire rencontrer Alain. Nous avons passé un très bon moment ensemble.
La vie est là, pas loin.
À nous de la saisir, de s'y agripper.