Je ne suis pas faite pour la vie en couple.
Christophe, un vieil ami, m'a dit un jour, il y
a bien longtemps, que je n'étais pas la femme d'un seul homme.
Sur le coup j'avais plutôt mal prit cette réflexion,
sans rien lui en dire cependant...
Elle impliquait tacitement que j'avais une
personnalité atypique et que je resterais en marge de la société, à laquelle, à l'époque je
voulais tant réussir à m'intégrer...
Aujourd'hui, je sais qu'il avait raison.
C'était il y a une quinzaine d'années.
Je ne suis pas et je ne serais jamais la "femme
d'un seul homme", ni la femme d'une seule femme.
Cependant je modèrerais tout de même ce propos.
Je ne suis certes pas faite pour vivre "en
couple", mais cela ne signifie pas que je n'ai pas la capacité de
m'attacher profondément à des personnes, hommes ou femmes, pour des raisons
diverses, mue par des émotions complexes.
Simplement je ne suis pas gênée d'éprouver des
sentiments d'amitié, d'attachement et d'attirance pour plusieurs personnes
en parallèle...
Je ne peux en aucun cas me définir comme polyandre ou polygame.
Du moins est-ce le nom que l'on donne à cette façon
d'être des personnes qui, comme moi, peuvent ressentir un attachement
émotionnel intime envers plus d'une personne à la fois, durant la même
période, sans se sentir déchiré, sans ressentir le besoin de se rapprocher de
manière exclusive d'un partenaire. C'est une éthique de la relation à l'autre. Il existe des symboles de ce type de mode de vie, comme celui-ci:
L'utilisation du terme de polyamour implique une forme de militantisme que je ne ressens cependant pas. Je vis ma vie comme je ressens devoir le faire pour être en accord avec moi même. Toutefois je me reconnais dans les valeurs de non appartenance de cette description des choses. C'est la notion de polyamour qui décrit le mieux ma façon d'être et de ressentir mes relations.
En fait, en matière d'ancrage émotionnel, tant que mon
lien émotionnel n'est pas brisé avec l'autre, il subsiste en moi. C'est une
des raisons pour lesquelles je fréquente facilement mes "ex" quand
les séparations se sont faites en bons termes. En particulier parce que je me sentais incapable de respecter l'exclusivité imposée par les "bonnes mœurs".
Pour que les choses soient parfaitement claire, il
faut comprendre une une chose importante à mon sujet : j'ai été attirée
très précocement par la sexualité et ai su tout aussi précocement m'informer
sur celle-ci.
Il a existé une quantité effrayante de théories selon
lesquelles l'éveil de la sexualité à un âge prépubère était une mauvaise chose,
une forme de névrose, un "problème". Il s'agissait selon certains du
signe de l'exposition de l'enfant à des "choses" auxquelles il
n'aurait pas du avoir accès. Soit qu'il ait assisté à des relations sexuelles,
soit qu'il ait été abusé ou que sais-je encore...
De mon point de vue, ces théories sont dangereuses en
soit.
Heureusement la plupart des pédopsychiatres ont évolué
dans leurs points de vue, ces dernières années.
Ouf!
J'ai du commencer à m'intéresser véritablement à la sexualité
vers l'âge de 3 ou 4 ans.
C'était totalement spontané. Comme la pousse d'une graine, tombée là on ne sait comment, et qui croit...
Je n'ai pas été
abusée, je ne pense pas avoir été exposée à des images particulièrement explicites. Simplement ça
a piqué ma curiosité et j'éprouvais des choses, dont du désir, accompagné
d'un besoin de contact physique avec les individus qui me plaisaient, un besoin
sensuel et tout ce qu'il y a d'érotique.
À la différence des autres enfants de mon âge, jouer
"au papa et à la maman" intégrait tout à fait une dimension sexuelle et
érotique, en ce qui me concernait. Les bébés n'ont jamais été au centre de mon
monde. J'ai su très tôt que je n'en voulais pas. Je suis nulligeste et compte
le rester.
La discrétion dont les adultes entouraient la
sexualité et ses manifestations la rendait d'autant plus fascinante à mes yeux. Ce n'est pas nouveau : l'interdit est fascinant.
Toutefois cette dimension de dissimulation était également assez perturbante, pour moi. Cela me préoccupait beaucoup et a contribué à mon renfermement sur moi même et à ma tendance à me tenir éloignée des autres. Je craignais énormément d'être "découverte" et jugée de manière négative.
J'avais compris spontanément, par observation
élémentaire, ce qu'était la pudeur, même si je ne disposais pas encore du
vocabulaire adéquat pour décrire la notion. Cependant j'avais aussi compris
qu'il était plus judicieux de ne pas afficher trop clairement que la sexualité
m'intéressait, dès la cours de maternelle.
J'avais vraiment conscience que ça
aurait fait "désordre".
La sexualité, dans toutes ses dimensions a donc
toujours été une de mes grandes passions, un de mes tout premier domaines
d'intérêt restreint. Théorie, pratique, sociologie, identités de genre,
identité sexuelle, pratiques diverses, tous les champs d'étude qui touchent à la sexualité humaine me fascinent et sont le moteur de vastes recherches et expérimentations...
J'avais deux domaines d'intérêt restreint étant enfant
: la sexualité et la nourriture (consommation, préparation, puis composition, qualités organoleptiques, applications
thérapeutiques...).
Cette image m'amuse tout particulièrement... c'est une sorte de synthèse intéressante, je trouve...
La lecture et l'écriture étaient les piliers de mon petit
empire intellectuel.
J'ai su lire au bout de quelques semaines au CP, et
rapidement, les dictionnaires et encyclopédies de mes parents ont trouvé une
lectrice assidue, allant de mots connexes en expressions diverses. Les planches
anatomiques des dictionnaires illustrés restent d'ailleurs imprégnées dans ma
mémoire. Cette rémanence me fait sourire.
L'intérêt de ma mère pour les langues m'a aussi été
très utile, avec les dictionnaires de synonymes et d'étymologie (j'aime
énormément l’étymologie). Il est amusant de connaître la racine latine du mot
"lapin"... Pensez à la cuniculiculture, qui est le mot désignant
l'élevage des lapins, et vous comprendrez où je veux en venir...
Question sexe, l'aspect pratique de base est assez vite devenu
très clair pour moi. Les organes reproducteurs, la sensibilité des organes, le
principe de procréation... et je ne m'y suis pas attardée.
Tant mieux, ça m'a laissé l'occasion d'avoir des
surprises ! J'ai donc découvert par la suite (très agréablement, en général) à
combler mes lacunes.
L'aspect théorique me fascinait bien davantage.
L'expression "faire l'amour" m'intriguait.
Une partie de moi ne comprenait pas trop le rapport
entre le sexe et l'amour...
L'amour, déjà, en soit, c'était une notion un peu
obscure, comme je l'ai expliqué dans mon précédent billet... La notion de
"relation sexuelle" était bien plus évidente, ainsi que tous les
termes de jargon plus ou moins explicites.
La notion d'exclusivité amoureuse censée
aboutir à la formation d'un couple me posait également problème, bien que j'ai
été entourée d'enfants issus de parents vivant en couple mariés...
Mes parents, eux, ne formaient pas un couple très
"conventionnel", apparemment, puisque plusieurs fois des condisciples
nous ont demandé à ma sœur et à moi, s'ils étaient mariés (mes parents n'ont
jamais porté d'alliance).
Les tâches ménagères n'étaient pas non plus
"réparties" de manière "traditionnelle" à la maison (papa était aux
fourneaux, maman derrière les ordinateurs et les deux maniaient la boite à outils...).
Donc, le lien entre le sexe, l'amour et la relation de
couple me semblait... curieuse. Si ce n'est incongrue.
Je comprenais bien que les gens qui s'aimaient, qui
étaient attachés l'un à l'autre et qui étaient en couple aient une sexualité
ensemble. En revanche j'avais du mal à comprendre pourquoi la plupart des
ouvrages subordonnait le sexe à l'amour. Ainsi que les séries télé, la plupart
des films et pour ainsi dire, tous les médias.
La passion, après tout, c'est avant tout du désir
sexuel, non ?
J'éprouvais du désir pour un garçon ou une fille (oui,
j'ai su très tôt que j'étais bisexuelle, aussi, sans savoir si c'était
"normal" ou pas), mais je savais que je n'avais pas envie de former
un couple avec ladite personne.
Le terme de couple est même un peu dérangeant pour
moi.
Je visualise des fils électriques qu'on insère dans une douille pour faire briller une ampoule. Une fois qu'ils sont ainsi reliés, ils sont
"mélangés" et indisponibles pour d'autres usages...
L'ampoule brillera, certes. Tant que le circuit sera fermé, le courant circulant. Mais si on introduit un autre fil, il se passe quoi? Un court-circuit, il me semble...
Les histoires de "moitié d'orange" et "d'âme sœur" me
perturbaient, aussi.
Ce genre de notion induit l'idée qu'on serait
incomplet, tant qu'on est célibataire ou qu'on vit seul...
Moi je me suis souvent sentie, au contraire, privée
d'une partie de moi même, quand je devais composer avec une seconde personne... ça me rendait mal à l'aise.
En partie parce que je n'osais pas demander à l'autre son opinion ou ses ressentis concernant mes désirs personnels orientés vers l'extérieur, c'est à dire vers une tierce personne.
Le mot couple désigne généralement une paire de
choses, qui ensemble constituent une entité nouvelle avec des propriétés
spécifiques. Je n'aime pas tellement l'idée de nouvelle entité. Elle est
privative de libertés, selon mes ressentis individuels.
J'admets sans aucun problème l'idée d'avoir un
partenaire sentimental auquel je suis attachée, ancrée. Un ami au sens le plus noble qui soit, pour moi.
Une personne que j'aime, et avec laquelle je me sens bien et épanouie.
Je n'aime en revanche pas du tout que cette notion
soit cantonnée à une seule et unique relation.
La notion de "couple" au sens traditionnel
ne me convient donc pas.
Honnêtement,
j'en suis revenue aux déductions que j'avais trouvées vers mes 12 ou 13 ans:
L'amour n'existe pas en soi, en tant qu'émotion
"pure".
La passion elle, qui est un élan fusionnel vers un
autre individu, qui donne envie de connaître l'autre, de le découvrir
sensuellement, sexuellement et sous toutes sortes d'aspects est une émotion réelle.
C'est une réaction biologique autant qu'émotionnelle.
Mais cet état passionnel ne dure pas. C'est comme les saisons, les choses évoluent...
Qui plus est, il n'est pas non plus indispensable pour
qu'une relation se crée entre deux personnes qui s'apprécient, se respectent et
se désirent... Et cette relation n'aboutit pas non plus forcément sur une
relation "de couple" au sens traditionnel (vivre ensemble, se jurer
fidélité et exclusivité, bla bla bla...).
Quand l'état passionnel existe, il fini toujours par
muter... Soit il disparaît, soit il est remplacé par un mélange spécial de
sentiments et d'émotions tournées vers l'autre: c'est cela que la plupart des
gens appellent l'amour. C'est ce que, moi, j'appelle l'ancrage émotionnel, composé
d'une multitude d'éléments variables à l'infini. Les relations interpersonnelles sont des kaléidoscopes. Selon ce qu'on y introduit et les mouvements que l'on donne aux choses, les résultats sont aléatoires et infinis.
L'amour n'est donc rien d'autre qu'un mélange
d'émotions diverses et variées. C'est une construction.
Les mélanges d'émotions sont propres à chaque
individu, envers chacune des personnes qu'il côtoie, le désir peut ou ne pas
être présent.
Ces sentiments peuvent être ceux de la reconnaissance,
de l'attachement, du respect, de la fascination, de la curiosité, du désir (oui, il est souvent là), ou
encore une impression d'être redevable (ce sentiment en particulier crée
généralement des relations malsaines). Mais ils peuvent aussi être faits de
dégout, de malaise, de peur, de honte, et de désir. Tous les mélanges sont
possibles et envisageables.
Les sentiments qu'on éprouve pour une personne donnée
constituent donc une figure en mouvement perpétuel. Comme lorsqu'on regarde
dans un kaléidoscope.
Mais comme ce mélange est si complexe, selon la
personne donnée, comment est-il possible, alors, d'aimer vraiment une seule
personne à la fois?
Je dois être terriblement cinglée ou avoir l'esprit
beaucoup plus large que la majorité de mes contemporains...
Est-ce que c'est aimer que de souhaiter que l'autre ne
soit plus libre d'être lui même ? Qu'il fonde un couple avec soi, s'enferme
dans la bulle du "couple légitime", une bulle par laquelle les deux
protagonistes se retrouvent finalement circonscrits ?
Pas selon ma façon de ressentir des choses.
Je suis polyamoureuse, donc...
Pour être plus claire, je ne m'inscris pas dans une
logique de relation de couple et je tiens absolument à mon statut d'individu autonome. Cela même si je peux avoir des relations impliquant un fort
attachement avec une ou plusieurs personnes. Cependant, j'ai besoin que le sentiment de confiance soit réciproque, et dans le cadre de ce type de relations, ça signifie tenir compte de ce qu'éprouvent les autres.
De fait, c'est plus "facile" de se positionner dans une relation "monogame" non exclusive, en tenant compte de l'avis d'un partenaire privilégié, plutôt que d'avoir deux ou trois relations en parallèle.
Le polyamour, pour moi, signifie donc plutôt que j'aime à ma façon
toutes les personnes auxquelles je tiens, et qui n'appartiennent pas à ma famille.
Dont certaines avec qui j'ai des rapports plus
intimes.
Finalement, si on y réfléchit bien, je suis non exclusive en matière de relations
"sentimentales", mais également en matière de relations tout court.
Comme tout le monde.
En fait, même si je me suis efforcée de respecter les
"normes sociales" en la matière pendant des années, je n'ai jamais
vraiment bien compris en quoi il serait mal de désirer une personne avec
laquelle je ne ressens pas un besoin de développer un quelconque lien
d'attachement émotionnel.
Le désir fait partie de la biologie humaine.
La libido est naturelle, le plaisir l'est aussi.
C'est le principe des sexualités ludiques, qu'il s'agisse du libertinage ou d'autres formes de modèles alternatifs.
Cependant la confiance réciproque des personnes auxquelles je tiens reste très importante pour moi.
Il faut comprendre que la jalousie est un sentiment qui m'est un peu étranger.
Je peux me sentir envieuse de certaines choses, éprouver une sensation de manque parce que quelqu'un que j'aime est absent, mais
je ne vais pas me sentir jalouse, spoliée, volée ou je ne sais quoi parce qu'un
de mes amis, même le plus proche, a ou a eut, une autre relation avec une autre personne.
On ne me prend rien, à ce que je sache, puisque les gens, les émotions et les expériences de vie ne sont pas des choses "palpables" qu'on peut posséder...
Du moment que cela se fait dans un cadre de sécurité
et de respect mutuel, l'autre n'a t'il pas droit lui aussi d'aimer la diversité
?
En quoi serait-ce mal ?
Qui suis-je pour en juger ?
L'important reste la confiance mutuelle et le respect de cette valeur.
Je respecte les personnes qui ne partagent pas mon type
de point de vue et j'évite de les laisser se lier à moi : je sais aujourd'hui que je les blesserais, et je n'aime pas ça.
C'est pour cette raison que j'essaie de faire en sorte de fréquenter des
individus qui partagent ma façon de voir les choses et de m'éloigner de ceux
qui n'ont pas la même ouverture d'esprit que moi.
Mais tout ne tourne pas autour du sexe dans ma vie.
Les relations de
franche camaraderie sont extrêmement plaisantes.
😊
Il y a des
personnes avec qui je me sens particulièrement bien et avec lesquelles je crée
des liens étroits, de quelque nature que ce soit, en fonction des émotions réciproques...
Et il y a également des personnes qui m'attirent sexuellement, pour des raisons
diverses, mais avec lesquelles je n'ai pas forcément envie, justement, de créer
du "lien social". Ni de passer à l'acte, au risque de le regretter par la suite, parce que je sens que quelque chose "cloche".
C'est une manière d'être complexe, mais j'ai toujours
été ainsi intrinsèquement.
Je ne l'ai en revanche pas toujours assumé. Entre ce que me dictait mon âme et les attentes de la société, qui envahissaient mon esprit, j'étais coupée en deux...
Je suis libre, à présent.
Je ne suis pas seulement attirée par les personnes ou
les corps, mais également par les personnalités. Quelqu'un qui penserait
que je suis une fille facile, se tromperait lourdement sur mon compte.
Il peut m'arriver d'avoir un désir impérieux pour une
personne, mais c'est finalement rare.
Ce que j'aime, c'est le plaisir de la découverte,
d'échanger avec les autres, de savoir qui sont les gens... Ensuite si je peux partager
quelque chose avec une personne qui m'a tapé dans l’œil, tant mieux... Si ça
n'arrive pas, je suis heureuse malgré tout.
Je ne vois pas ça comme une
"chasse", mais simplement comme une potentialité, et une façon d'être.
Parfois je ne me trouve aucun "atome crochu"
avec les personnes que j'ai face à moi, et ça ne va pas plus loin.
Pour en revenir au désir, aux émotions et à mon choix
de style de vie, mon vécu particulier des émotions me mène à ressentir
des choses très puissantes... c'est comme si côtoyer une personne en
particulier colorait mon âme de pincées d'émotions diverses, en variations
infinies.
En côtoyer une autre, partager avec elle mon
affection, ma tendresse, mon attachement, mon désir, mon respect, ma confiance,
fera naître une autre palette, un nouveau tableau, de nouveaux tourbillons de
pigments...
Une palette d'émotions spécifique, liée à une personne
spécifique, ne changera en rien ce que me font éprouver les autres personnes
pour qui j'ai des sentiments d'amitié, d'attachement, de désir et plusieurs de
ces centaines d'émotions qui peuvent exister.
En cela, toutes les personnes que j'ai appréciées
et aimées sont restées ancrées en moi.
Sauf celles qui m'ont trahie.
La trahison pour moi, c'est une violation du
respect, de l'égalité et l'honnêteté, de mon individualité et de mon droit fondamental à l'autonomie.
La valeur absolument essentielle pour moi, pour qu'une
relation soit positive est le respect, qui va de paire avec la
confiance. Une personne pour qui j'ai un attachement et qui me respecte,
m'écoute, tient en compte mes remarques ou mes besoins va obtenir la même chose
de moi.
Mon respect et ma confiance.
Je vais lui demander son avis dans certaines circonstances, surtout si je ressens quelque chose pour une autre personne, et je vais en tenir compte.
Nous serons amis, camarades, partenaires et nos sentiments seront sains.
Si la personne refuse systématiquement que j'ai une vie en dehors d'elle, aucune confiance ne pourra s'installer durablement.
De même, si a un moment donné je sens que cette personne n'a
pas ou n'as plus pour moi ce sentiment de respect, même si elle prétend
l'avoir, qu'elle prétend m'aimer, mais me fait sentir que mes désirs, mes
opinions, mes attentes ne sont pas "respectables", qu'elle les désapprouve systématiquement ou qu'elle me cache
des choses dans le but précis que je les ignore, je vais le sentir très vite...
Et je vais me détourner d'elle.
Je différencie le fait de ne pas dire certaines choses du fait de mentir par omission, parce
que chacun a droit à sa vie privée, son jardin secret (ne pas dire). Le manque de respect vient avec le mensonge, avec le fait de cacher
délibérément des choses, comme son identité, voire de carrément dire des choses fausses, induisant les autres dans l'erreur et la confusion (ce qui peut parfois constituer un danger réel).
Il m'arrive de ne pas parler de certaines choses à
certaines personnes, parce que ma vie n'appartient qu'à moi et que certaines
informations me concernant ne présentent pas d'intérêt à être connues de mes
interlocuteurs.
Si la personne que j'ai en face de moi estime le contraire, ça
la regarde.
Je me considère comme une personne honnête et franche.
Si on m'accuse de mentir
par dissimulation sur certains points, alors que c'est faux, je vais me sentir agressée. C'est très désagréable mais surtout, ça révèle l'absence de respect et de
confiance réciproque.
Le respect, c'est donc aussi le fait de me respecter
en tant que personne, de respecter mes opinions, mes valeurs, mes sensibilités,
ma volonté, mes désirs (charnels ou autres).
Et mes non-dits.
Une personne qui ne me respecte pas en tant que personne,
n'a rien à faire avec moi.
Que ce soit dans ma vie quotidienne, amicale ou
intime.
Je me suis trouvée plusieurs fois dans des situations
où des personnes m'ont clairement fait sentir qu'elles ne me respectaient pas.
J'ai mis du temps à apprendre à m'affirmer, mais je sais désormais faire.
Ces personnes, je les laisse derrière moi, avec le
passé, et je continue d'avancer sur mon chemin de vie. Mes capacités de
résilience m'étonnent, désormais.
Dans ma vie, j'ai aussi rencontré des arnaqueurs, des mythos, et deux ou trois tarés. Des personnes qui m'étaient toxiques.
Je les ai évacués de ma vie.
Certes, j'ai un positionnement relationnel qui est
divergent de celui de la société dans laquelle je vis, mais il faut comprendre
que c'est une forme de respect vis à vis de moi même et de ma façon de
ressentir les choses.
J'ai fais des erreurs par le passé, je l'ai dis et je l'assume.
C'est la moindre des choses.
J'ai eu des
relations "de couple", je me suis mariée, et je servais même des "je
t'aime" en salve comme si cela prouvait la profondeur de mes sentiments. C'était mièvre et excessif, mais j'agissais ainsi parce que je ne savais pas
comment faire autrement pour être conforme à une situation que je ne "sentais pas". J'étais pourtant totalement sincère !
Mais ça n'était que la projection de ce que je pensais devoir faire.
J'ai aussi fait des choix de facilité ou de fuite, en me "mettant" avec quelqu'un pour échapper à des situations conflictuelles ou désagréables. Ce n'est pas une bonne chose. C'est malsain pour la relation et pour les personnes qui y sont impliquées.
En agissant ainsi, je ne me respectais pas et je n'induisais pas non
plus de respect mutuel dans la relation, car je restais avant tout dans la fuite d'une autre situation.
J'essayais de "compenser", par des cadeaux, comme des offrandes, même si je restais mal à l'aise face à une situation clairement dysfonctionnelle. En fait, toutes les fois où j'ai véritablement vécu avec quelqu'un, je fuyais autre chose. Or cette situation n'a existé que deux fois, en comptant mon mariage.
J'avais besoin de me sentir aimée... mais je ne m'aimais pas assez moi-même. Pour aimer vraiment, je crois qu'il faut s'aimer d'abord.
Je crois avoir enfin fait ce pas immense vers moi même, récemment.
Je pense qu'il est mieux de prendre conscience de ce genre de choses à 34 ans que jamais.
Je ne peux pas refaire le passé, alors autant me tourner vers l'avenir.
Aujourd'hui, j'assume mon style de vie.
La sexualité fait partie des éléments stabilisants
dans mon équilibre psycho émotionnel.
J'apprécie de fréquenter une certaine catégorie de
personnes, qui partagent parfois le même type de points de vu que moi, ou qui, tout au moins,
s'en montrent respectueuses.
J'essaie d'être cohérente avec ce que je ressens, avec
mon besoin de liberté, qui dépasse très nettement les limites de la morale
conventionnelle.
Je me suis toujours sentie au delà de cette morale.
J'ai toujours aspiré à avoir une vie libre.
Une vie de femme libre, hors de la notion normalisée
du couple "traditionnel".
Un vie libre, mais dans laquelle je m'efforce d'être respectueuse des ressentis des gens que j'aime.
Une vie libre, mais entourée de gens respectueux
de la personne que je suis, et de mes besoins particuliers, qui sont
complexes.
J'ai longtemps cru que de telles personnes étaient
rares, mais elles ne le sont pas tant que ça...
J'ai vraiment choisi mon mode de vie, et je constate à
quel point j'avais raison d'y aspirer, car il me convient parfaitement.
En mon fort intérieur, je savais avant l'âge de 10 ans, que c'était cette façon d'être qui me conviendrait le mieux. Cependant je n'en avais ni les moyens intellectuels, émotionnels ou financiers.
J'ai connu très tôt quelles étaient
mes valeurs et je savais qu'elles étaient en décalage total avec le
monde dans lequel je vivais.
C'est une chose pénible à affronter.
Je me suis donc efforcée de rester discrète autant que
possible dans mon enfance, mon adolescence, et le reste du temps. Jusqu'à il y a peu de temps.
Mais je
n'étais pas épanouie.
Même si j'ai cherché à me fondre dans le moule, à
disparaître dans la masse, durant des années, aujourd'hui, j'ai fait le choix
de m'accepter, telle que je me ressens.
Je ne me suis jamais sentie aussi bien.
J'ai des amis qui me comprennent et avec qui je n'ai
pas à me cacher derrière des masques.
La vie de couple n'est vraiment pas pour moi, et pourtant il y
a des personnes avec qui je me sens particulièrement bien et avec qui j'apprécie de passer du temps et de partager des activités diverses...
Peut être formons
nous des "sortes" de couples.
Si ça peut faire plaisir à certains...
Moi je pars de la base que nous sommes avant tous des amis, que nous nous
faisons une confiance mutuelle et que le courant "passe", entre nous.
Le reste, qu'est ce que ça peut faire ?
J'ai su très
tôt que la sexualité a été artificiellement reliée et codifiée en lien avec le
mariage monogame, pour des motifs culturels, liés à des questions religieuses
et patrimoniales.
La biologie quant à elle oriente les partenaires
compatibles génétiquement, dans un but de reproduction. Je ne souhaite pas me
reproduire. Je laisse ça à ceux à qui ça fait vraiment envie.
Mon bien être est la chose qui m'importe le plus.
En respectant autant que possible celui des autres, mais sans me sacrifier pour eux pour autant.
Si je sens que quelque chose va m'être agréable sur le coup mais me faire souffrir par la suite (regret, sentiment de culpabilité...), j'évite de passer à l'acte.
Je suis devenue plus réfléchie.
J'ai appris avec le temps à exprimer mon accord ou
désaccord, même si ça a été compliqué, du fait de mes difficultés dans les
relations interpersonnelles.
J'ai fait d'immenses progrès ces derniers mois dans ce domaine.
Je ne regrette rien de ce que j'ai pu vivre ces 20
dernières années.
Tout a son importance, le bon comme les ratés.
Il y a "du lourd", pourtant, dans mon passé.
Mais c'est du passé. C'est trop tard, maintenant... et pas pour des histoires de délai de prescription... Et c'est fini, la résilience est passée par là et j'en suis sortie renforcée.
Ma psychiatre connait mes principes et pratiques et
elle ne semble rien y trouver de malsain (je suis simplement fortement susceptible d'être neuro-atypique, et un tantinet
névrosée, ne vous inquiétez pas tout est sous contrôle).
Elle sait bien que tout ça ne constitue pas mon seul
centre d'intérêt...
Que ceux qui pensent sincèrement qu'on ne peut pas
être heureux en vivant seul... n'ont qu'à vivre en couple et se taire quant à ce qui concerne les autres.
C'est une affaire de gouts, et comme chacun sait, les
gout et les couleurs, ça ne se discute pas.
Après mes rares et désastreux essais, je suis certaine
de mon choix de vie et je sais parfaitement que je préfère nettement le
"chacun chez soi, et on est libre de faire ce qu'on veut" plutôt
qu'une "vie de couple".
Ce n'est vraiment pas le genre de chose que
j'apprécie.
J'aime avoir des amis, en qui j'ai véritablement
confiance...
Au masculin, au féminin et au pluriel...
Et puis ne pas avoir de vie de couple (vivre
ensemble), ça ne signifie pas pour autant ne pas vouloir de relations de
couple...
😉
En dehors de ça, j'aime ma solitude, ma liberté de
choix, ma liberté d'aller et venir, mon droit à rester chez moi pépère, ou à sortir faire des rencontres ou pas,
ma liberté absolue de pouffer de rire en lisant "Cinquante nuances de
Grey" ou "Harry Potter", tout en écoutant du jazz, du hard rock ou de la techno-trance...
Bref, profiter de mon "chez-moi" et faire ce que j'ai envie, sans avoir à
en référer à une autre personne. Même s'il m'arrive de prendre conseil auprès de mes amis. Parce que j'en ai besoin.
Je peux enfin être la personne que j'ai toujours été, et être moi-même avec des
personnes auprès desquelles je n'ai pas besoin de me "limiter" à une
imitation de moi-même. Je peux aussi partager avec elles des moments tout
simples pendant je ne me sens pas obligée de faire semblant d'être quelqu'un d'autre...
Cette liberté n'a pas de prix, c'est un vrai trésor.
Au delà de tout, cette partie de ma personnalité me
plait et je suis heureuse de pouvoir la laisser s'exprimer en étant
respectée. Je me sens épanouie...