samedi 2 avril 2016

Pour en finir avec les billets concernant mon histoire

Je crois que l'essentiel est dans le titre...

Attention, c'est trèèèès long.
Et c'est d'un seul jet, aussi.
(corrigé à partir de 18h20, le même jour).
Écrit ce jour, 02 avril 2016, entre 7h et 11h du matin.

J'ai envie d'en finir avec les longs billets concernant mon histoire scolaire et personnelle en général.
J'ai envie de me concentrer sur le moment présent.
Mon histoire, je la connais, donc c'est pour les quelques (rares?) lecteurs de ce blog que je dépense de l'énergie à... repousser sans cesse à plus tard l’achèvement de mon récit de ma "vie d'avant".
Une tâche qui m'apparaît aujourd'hui finalement ridicule et sans doute remplie d'orgueil...

Donc on va se le faire au pas de course...

Lycée, deuxième partie : le CEPMO pour mes années de 1ère et terminale.

J'ai écris récemment que je suis allée au CEPMO, sur l'ile d'Oléron.
En effet, durant deux ans, je suis allée là bas, dans des classes à très faibles effectifs, avec une grande liberté.
L'établissement, alors installé à Boyardville, ne comportait pas d'internat et les élèves non insulaires étaient soit logés chez l'habitant, soit dans des studios qu'ils devaient abandonner en saison estivale. J'ai logé ainsi 9 et 3 mois dans un logement à Saint-Denis (au nord de l'ile) puis 6 mois à La Côtinière (plein ouest).

La première année (en 1ère), j'ai été pas mal absente, car j'ai été rattrapée par mes troubles anxieux (que je ne savais pas nommer à l'époque) et les très nombreux troubles psychosomatiques qui y sont associés.

La chronologie se bousculant dans ma mémoire, je crois que c'est également cette année là (2000-2001) que nous avons fait un voyage d'échange avec des élèves d'un établissement autrichien situé à Graz (ville natale d'Arnold Schwarzenegger, ce dont tout le monde se fiche, je crois).
Nous y sommes allés, ils sont venus, et les deux versions ont été des cauchemars pour moi... trop, beaucoup trop de monde!!!

L'ambiance était très bonne, même si je n'ai jamais réussi à m'intégrer.
Du moins c'est le souvenir que j'en garde : je ne me sentais pas intégrée... je me sentais marginale par rapport aux autres élèves.

Je ne suis jamais allée à aucune fête et j'avais du mal (j'ai toujours cette difficulté) à me faire des "amis", ou plutôt des camarades. D'ailleurs je parlais régulièrement de condisciples, c'est dire si je me sentais étrangère à la plupart des autres élèves.
J'étais surtout attirée par les personnalités franchement atypiques.
J'ai été copine avec une élève qui a eut un déni de grossesse, avec une autre qui avait un prénom alambiqué et parlait aussi de manière alambiquée et qui a fini par quitter l'établissement en cours d'année...
J'ai aussi été amie avec une fille déjà libertine (nous étions plusieurs dans l'établissement à avoir une conception non exclusive de l'amour et de la sexualité... et puis la plupart des ados et jeunes adultes sont souvent travaillés par "ça", je pense)...
Je crois que j'ai aussi fréquenté plusieurs schizophrènes et au moins une personne atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. J'ai aussi côtoyé de jeunes adultes déjà alcooliques, mais pas plus, pas moins que ceux présents en moyenne dans un établissement "traditionnel".

Simplement au CEPMO, on se sentait plus libres, moins obligés de se cacher de tous, par rapport à qui nous étions vraiment.
C'est ce que je ressentais.
Tout ça n'était pas important, finalement, et j'espère que ce grand respect des autres reste encore une marque de l'établissement, car c'est véritablement épanouissant de pouvoir se sentir être soi même, sans avoir de craintes d'être jugé.

Ellipse concernant certaines "révélations" personnelles.

C'est à cette période que j'ai commencé à assumer le fait que je n'étais pas vraiment hétérosexuelle, ni homosexuelle, mais bisexuelle. Je me souviens l'avoir écrit à ma sœur aînée, n'arrivant pas à lui en parler verbalement.
Pour moi la bisexualité n'est pas un stade intermédiaire "d'indécis".
C'est une façon d'être à part entière, une orientation sexuelle qui en vaut une autre. Et comme je me suis échinée à l'expliquer à de nombreuses personnes, si les hétéros ne "sautent" pas "sexuellement" sur les membres de l'autre sexe, il n'y a pas de raison que les homosexuels ou bisexuels le fassent !!!

Quand je vois des gens qui ont encore ce style de raisonnement, je pense à Jackie/ Dany Boon dans "Bienvenue chez les ch'tis", qui raconte que :
"Msio l'directeurr, ma vu dég'sé (en femme) pour l'corn'val et l'a bloqué l'porte avec un' chais, d'peur qu'o j'tombe amoureux pendant lo nuit"...
Certes, il est ivre au moment où il raconte la chose à ses collègues, mais c'est franchement très explicite quant aux idées surfaites que les gens ont...

Les hétérosexuels ont ils peur à tout moment d'être seulement désirés par d'autres hétéros? En règle générale, non...
Pourquoi est-ce que les homosexuels, les bisexuels, les travestis, les transgenres, les hermaphrodites... auraient des "pulsions" (voire des compulsions) sexuelles plus marquées que les hétérosexuels?
Et en quoi cela ferait du tors à un ou une hétéro d'être simplement désiré(e) par quelqu'un(e) d'autre?
Je cherche toujours...

Je comprends qu'il y ait des mythes autour d'une minorité homosexuelle provocatrice, qui ne pense qu'au sexe. Mais la plupart des gens sont juste... des gens! Leurs actes ne sont pas définis par leur identité de genre (homme ou femme, biologiquement ou psychologiquement, et je ne parle pas même pas des trisomies sexuelles type XXY ou XYY), ni par leur identité sexuelle.

Nos actes, les miens, les vôtres, ceux de tout le monde sont une résultante d'une équation multifactorielle variable à l'infini. Cette équation tenant compte du milieu où on a grandit, des personnes qu'on a croisé, de tout un tas de facteurs environnementaux, mais aussi biologiques, neurologiques, historiques etc.

J'écris cela en résonance avec le souvenir de plusieurs filles qui ont semblé "inquiètes" que je leur "saute" dessus, dès le moment où elles ont su que j'étais potentiellement attirée par les femmes...
Tandis que les seules qui ont jamais fait battre mon cœur, alors que j'étais au lycée, ne m'ont jamais accordé un regard, ou m'ont carrément tournée en dérision...

Me concernant, je suis attirée par des personnes. Des individus. J'aime les gens avec qui le "courant" passe, au delà de leur identité de genre. Je suis attirée physiquement mais d'abord émotionnellement, intellectuellement. Les gens me plaisent ou ne me plaisent pas. Avec certains je ne vais tisser que des liens relationnels du type "voisin de pallier", tandis qu'avec d'autres, si je ressens une connectivité compatible, je vais aller plus loin.
Avant tout je respecte les autres.

Par ailleurs, c'est aussi à l'époque où j'allais au CEPMO (18-20 ans) que je me suis mise à écrire des récits érotiques. À acheter des livres érotiques, aussi, d'ailleurs. Voire pornographiques, comme les romans d'Esparbec. Mais surtout Régine Desforges, Pierre Louÿs, Sade, Françoise Rey, Pauline Réage, Emmanuelle Arsan, Françoise Simpère, Cécile Philippe... Anne Rice (oui, l'auteur de "Entretien avec un vampire" a également écrit des livres érotiques, et elle semble très versée dans la D/s, d'ailleurs.
Je lisais également des récits sur Internet...
J'étais fascinée par la sexualité, sociologiquement parlant.
Mais aussi du point de vue pratique, je ne vais pas le nier... ^^


Mais pour en revenir à mon passé...

Baccalauréat.

J'ai passé mon bac de français à Rochefort et obtenu, je crois, une moyenne de 13/20.
Les sujets écrits ne m'inspiraient pas (je ne me souviens plus du commentaire de texte, que je n'ai pas choisi, et le texte argumentatif m'a semblé déplacé, car il consistait à écrire le discours d'un élu pour les vœux de nouvel an... en classe de première, généralement, on ne fait pas de politique et je pense que la moyenne des élèves, âgés de 16 ans pour la plupart, n'a pas un point de vue suffisamment clair des politiques locales pour rédiger un argumentaire tenant la route... mais bon, je m'égare).

Mon oral a porté sur un incipit de roman... "Le père Goriot", de Balzac.
C'était une introduction très très imagée, avec des couleurs, des odeurs, des sons, et je m'étais toujours sentie très à l'aise avec ce texte, car je me projetais mentalement avec une très grande facilité dans la scène, bien que décrite de manière "répugnante", mais je n'avais qu'à fermer les yeux, et j'y étais.

Cette année là, nous testions une formule spéciale du baccalauréat, où d'autres matières connaissaient des épreuves anticipées. Étant en section littéraire Arts Plastiques, j'ai donc passé les mathématiques, la physique et les sciences de la vie et de la terre (SVT) à la fin de la première. Mathématiques -informatique, d'ailleurs. J'ai eu 10/20 sur cette matière, en grande partie grâce à ma bonne maîtrise d'Excel, car à la différence de la majorité des lycéens de 2001, toutes les classes de première du CEPMO avaient eut accès tout au long de l'année à la salle informatique... nous n'avions donc pas seulement étudié la théorie des formules, mais bel et bien pratiqué. Le sujet de maths, en revanche, a laissé pantois la plupart des élèves... et profs de mathématiques!!!
Il me semble que j'ai eu un peu plus que la moyenne en physique/SVT.
Je m'en fiche, c'est du passé.

En terminale, je ne me souviens pas vraiment de mon année, sinon que j'ai changé de logement. Le premier, au nord de Boyardville avait l'inconvénient majeur d'être coupé en deux par une ruelle : pour aller à la cuisine, à la salle d'eau, et aux WC, je devais sortir de la pièce faisant office de chambre et de pièce à vivre, traverser une venelle, passer un portillon puis rentrer dans un second local... (sympa à la belle saison, mais franchement pas top en hiver au moment des tempêtes).

J'ai le souvenir de grands froids durant l'hiver 2001/2002 (jusqu'à -8°C dans ma voiture, certains matins).

D'un prof de lettres et philosophie encore trop fraîchement sortit de sa fac pour se mettre à la portée d'une classe de lycée.
Il semblait obsédé par les commentaires de textes, alors que cet exercice me faisait déjà horreur (il m'a toujours semblé saugrenu de vouloir commenter ce qu'un auteur à "voulu dire" dans un texte : l'auteur a écrit. Point. Certes on peut relever des figures de styles, comparaisons, métaphores et autres... mais malgré tout, ça reste bizarre dans ma tête).
Je crois que mon aversion pour les commentaires de textes m'a fâchée avec la littérature française, car après le lycée, j'ai toujours eu du mal à lire les "classiques". Sauf érotiques... :P

Après tout, mon premier prof de mathématiques, au collège, m'a bien créée une aversion pour la discipline, que j'adorais pourtant jusque là... Mais "L'arithmétique appliquée et impertinente" de Mr Jean-Louis Fournier, livre adapté à la télévision en série animée, commentée par le très regretté Claude Piéplu (célèbre voix "off" des non moins célèbres Shadocks), m'en a redonné le gout quelques années plus tard...
D'ailleurs je crois que je vais demander ça pour mon anniversaire... Avec "La grammaire française et impertinente".
Mais je m’égare...

En philosophie, j'attendais des cours vivants et dynamiques et j'ai eu le sentiment de faire face à un mur. Pas de cours dynamiques sur les grands thèmes au programme, pas d'échanges avec le prof sur les grandes notions ou les grands auteurs, de l'antiquité à nos jours... Rien.
La conscience et l'inconscient ? aux oubliettes... les passions, la connaissance d'autrui, l'espace, le temps, l'histoire, le langage, la logique et les mathématiques, les sciences de la matière, la connaissance du vivant, la justice, l'art, la liberté, la perception, la mémoire, l'illusion, l'existence, l'imagination, etc. He bien? Rien, un néant d'exploration et d'intéractions humaines.
Commentaires de textes sur commentaires de textes...
Quelle horreur!
Des cours de philo où on ne nous montrait pas ce qu'était philosopher!!!
Je choisissais systématiquement les dissertations, à tous les contrôles.
Heureusement que j'avais acheté les manuels de philosophie de Verger et Huisman (bien qu'aujourd'hui, quand je les lis, je les trouve singulièrement subjectifs... et pas dans le bon sens tu terme...).
En la matière, finalement, j'ai passé le bac en "freestyle".

Toutefois je ne garde aucune rancune pour Fabrice, notre professeur. Il était plein de bonne volonté et on le sentait plein de désir de bien faire, remplit de sa mission de partage du savoir. Même si je trouvais qu'il s'y prenait comme une patate (mais je ne suis peut être pas bien placée pour juger, en tant qu'élève).

En Lettres, ça n'a guère été mieux et je me suis mal préparée à l'examen.
Là aussi les commentaires de textes étaient centraux, mais finalement pas assez orientés par rapport au programme. Peu importe.
Je n'ai pas suffisamment lu et relu "Tristan et Yseult" pour m'en imprégner, habituée aux lectures uniques et passionnées, me laissant des souvenirs gravés. Mais insuffisants cette année là.
Sans doute aurais-je dû compulser les analyses sur Internet, mais je n'y ai même pas pensé...
Peu importe, c'est le passé.

Je n'ai pratiquement révisé aucun cours pour passer le baccalauréat, en fait.
Du reste, j'avais égaré la grande majorité de mes notes de cours, au fil des mois...
J'avais toujours suivie ma scolarité sur mes "acquis de cours", j'ai passé le bac de la même façon.

À la nuance près que j'ai passé le bac sous Lexomil, à raison d'une barrette par jour (1/4 matin, midi, soir et 1/4 avant les épreuves)!

En effet, trois semaines avant les épreuves, je ne dormais plus la nuit...

J'ai lu l'intégrale du roman "Les misérables" à ce moment là (j'aurais mieux fait de relire "Tristan et Yseult" nuit après nuit, quand j'y repense...).

Du bac, finalement, je ne me souviens que des sujets de Lettre et de Philosophie que j'ai choisi...
En lettres, "Les couleurs dans la balade de Tristan et Yseult" (Aaaaaaarg...7/20)
En philosophie "Peut-on mieux connaître le présent que le passé" (Youpiiii... 13/20).
Je me suis délectée du sujet de philosophie des jours durant, je dois dire.
En dehors de ça, le reste est sans importance.
Y compris mon épreuve pratique d'arts plastiques, de 5heures, à La Rochelle. Je n'ai pas aimé ce que j'avais fait, en fait. Donc autant zapper.

J'ai obtenu le bac avec une "petite" mention "Assez Bien".
Première "victoire" personnelle car ma sœur aînée, qui n'avait jamais redoublé et avait déjà finie son école d'infirmière, avait obtenu son bac sans ce petit "plus"... Sans me sentir supérieure à elle (voire toujours inférieure), je remontais quand même un peu dans mon estime personnelle.

Université de Poitiers :
Sociologie/ Psychologie... Psychologie/Sociologie...
Psychologie/Introduction aux Lettres...

J'étais fascinée par la sociologie, mais quand je me suis "essayée" à cette filière à l'Université de Poitiers, j'ai vite déchanté, tous les professeurs et maîtres de conférence tenant pour acquis que nous venions tous de la filière Économique et Social.
Heu... ben non, en fait.
J'ai donc interchangé ma matière principale (Sociologie) pour ma matière secondaire (Psychologie).
Je me suis quand même ramassée aux examens, n'ayant jamais appris à apprendre.
Sans compter que les 4 heures de sociologie hebdomadaire en "matière de découverte" étaient particulièrement indigestes. Sauf quand un chat se promenait dans l'amphi, là, c'était drôle... mais le prof ne pouvait plus faire cours.

Je retenais facilement les éléments de culture générale, mais les détails plus techniques ne me pénétraient pas. Par ailleurs j'avais rencontré un homme qui, pour sa part avait finies ses études, à Saint-Cyr et était alors Capitaine de gendarmerie à Douai... et je loupais régulièrement de nombreux cours pour aller le rejoindre à Paris, Rochefort ou autres... Il ne comprenait pas mon incapacité totale à aller à la bibliothèque universitaire, lui qui n'avait pratiquement jamais assisté à un seul cours magistral durant sa licence d'histoire de l'art (ou une matière dans le genre), et ne comprenait donc pas non plus qu'en me faisant louper des semaines entières de cours, c'était me faire perdre toutes mes chances de valider mes semestres.
Du reste, je crois qu'il s'en fichait totalement.
J'étais mignonne et... bon, voilà quoi. C'est tout ce qui lui "parlait", à lui.

J'ai foiré mon année.
J'ai tenté le rattrapage, sans illusion.
Je me suis de nouveau ramassée.
Les seules matières que j'ai validé pour le 1er semestre étaient les techniques documentaires (examen passé sur table, car les séances de travaux dirigés étaient trop avancées lorsque j'ai échangé ma majeure contre ma mineure (sociologie >psychologie) et la langue vivante.

J'ai redoublé, en choisissant "Lettres" comme matière de découverte, à la place de sociologie. J'y ai obtenue une bonne note de premier semestre, mais en janvier 2004, j'ai définitivement abandonnés les cours à Poitiers.

Tentative de prise d'indépendance.

En avril de la même année, je me suis mise en quête d'un logement à Angoulême.
Je fréquentais alors beaucoup Alain, rencontré par le biais d'Internet, et plus du tout "mon" gendarme.

En mars 2004 je me suis installée dans un studio insalubre où je ne suis restée en fait que 3 mois, puisqu'en juin 2004, j'ai emménagé en catimini chez Alain, que sa compagne avait, très théâtralement, décidé de quitter... Dans l'espoir qu'il ne supporte pas de vivre seul et vienne la supplier de revenir.
Sauf qu'il n'était pas seul.
Quand elle s'en est rendue compte, pendant plusieurs semaines, tous les soirs, puis toutes les nuits, elle appelait, encore, encore et encore. Par moment elle demandait à me parler, mais Alain lui répondait invariablement "non, elle ne veut pas". "Elle" (moi) aurait bien aimé dormir tranquille, surtout, quitte à déposer plainte pour harcèlement téléphonique!!!

Loin d'être une briseuse de ménages, la situation d'Alain m'avait incommodée dès que j'en avais pris connaissance. Ainsi, le fait de savoir qu'il avait une concubine depuis 20 ans, qu'il refusait d'épouser, et que j'étais en quelque sorte la "maîtresse" de cet homme divorcé de longue date, mais ayant deux grands garçons (âgés respectivement de 5 et 10 ans de plus que moi), c'était difficile psychologiquement.

Pour que les choses soient très claires, car je les assume pleinement, à 17 ans environ, j'ai commencé à écrire des textes érotiques très explicites. Au début uniquement pour moi. Un loisir comme un autre. J'aime écrire et je passais des après midi entières à libérer mes pensées à travers cet exutoire.
Puis, à force d'en lire sur Internet, j'ai réalisé que leur publication me donnerais accès aux archives de certains sites. Sans hésitation, je devenais alors contributrice, à raison d'une publication mensuelle, m'assurant l'accès à "l'entre-peaux" d'un site québecois.
J'avais un profil sur ledit site et indiquais que je vivais en France métropolitaine, et plus précisément, en Charente.
Alain lisait les textes que je publiais et c'est ainsi que nous nous sommes connus.
Via un site d'échanges érotiques.
Je ne vois pas en quoi je devrais en avoir honte, maintenant que les personnes qui auraient pu s'en montrer choquées sont sorties de notre entourage.
J'estime que la sexualité et les récits érotiques sont un mode d'expression comme un autre. Comme le nu en peinture ou les hanches de Marilyn au cinéma...

Alain et moi avons échangés des mails pendant deux ans, avant de nous rencontrer réellement, le 27 mai 2001, alors que j'avais 19 ans.
J'étais alors encore scolarisée au CEPMO.
Cette rencontre n'avait pas été très positive, car l'homme qui m'avait fait face ce jour là ne ressemblait en rien à la personne que j'avais idéalisée d'après ses écrits. Je le repoussais donc, préférant rester fixée sur un personnage fait de mots et d'espoirs. J'avais d'autres expériences, plus ou moins réussies, mais je fini par le fréquenter réellement. Il était fou amoureux de moi. Moi... j'étais heureuse d'être aimée, écoutée, choyée. Je "jouais" à la "petite femme".
En vérité, en 2004, j'étais âgée de 22 ans et complètement perdue quant à mon passé, mon présent et mon futur. Je ne voyais pas où j'allais, j'étais terrorisée par le monde, j'avais peur de retourner de nouveau chez mes parents et de leur avouer que je n'arrivais pas du tout à affronter la vie.
C'est la raison principale pour laquelle j'ai aimé Alain et me suis installée avec lui.
Nos 34 années de différence d'âge étaient pour moi une sorte de garantie qu'il connaissait la vie et saurait me "protéger" de celle-ci.

Alors lorsqu'en avril il m'a annoncé le départ de sa concubine et m'a invitée à venir habiter chez lui, j'ai accepté.

Ne souhaitant pas être entretenue, je voulais vraiment reprendre des études, passer un BTS ou... ou réaliser un vieux rêve, un défi...

Depuis le collège, j'avais envie d'étudier le Droit, mais mes enseignants et conseillers d'orientation n'avaient de cesse de me décourager. De fait, quand j'ai annoncé à mes parents qu'à la rentrée suivante (2005/2006) je m'inscrivais au Centre Universitaire de la Charente en première année de Droit, ma mère n'a pu retenir une exclamation pleine de sens :
"La fac de Droit ? Mais c'est pour les bosseurs, ça !". Merci maman...

Faculté de Droit - Centre Universitaire de la Charente (CUC), antenne délocalisée de l'Université de Poitiers.

La première année s'est plutôt bien passée.
J'avais regagné du terrain sur ma carence d'estime personnelle.
J'osais prendre la parole en public.
Les cours d'anglais étaient géniaux.
J'avais appris à me mettre au premier rang de sorte à ne pas percevoir les autres, leurs papotages, les bruits des feuilles qu'on tourne...
Les cours d'histoire du droit me traumatisaient, mais je surnageais mieux que la moyenne, fonctionnant toujours en grande partie sur mes acquis de cours.

Je haïssais profondément les séances de travaux dirigés et priais l'univers pour qu'on ne m'interroge jamais.

En avril ou en mai 2005, Alain a proposé que nous établissions un PACS.
Motifs avant tout fiscaux : je lui faisais gagner une part fiscale, et en plus je ne travaillais pas.

Ma seconde année de droit s'est moins bien passée que la première.
Mon anxiété est revenue au galop.
J'étais perdue dans mes cours et Alain, qui avait fait en son temps une classe préparatoire à une grande école, m'a alors apprit à faire des fiches.

Toutefois je restais à la traîne sur les majeures qu'étaient le Droit Civil et le Droit Administratif.
Les deux matières "à TD". De fait, c'étaient les TD qui me plombaient.
En droit civil les TD portaient davantage sur la philosophie et la théorisation que sur la bonne compréhension juridique. J'avais l'impression de me retrouver en terminale avec mon prof de philo... sauf que là, nous étions sensés travailler à l'approfondissement des cours magistraux et nous nous retrouvions à discuter théorie, interprétations et opinions des "grands" auteurs, etc.
Moi qui fuyais la bibliothèque universitaire comme la peste, risquant une crise de panique chaque fois que je m'en approchais, ces travaux dirigés étaient un enfer...
En droit administratif, j'étais paralysée par la jurisprudence, principale source d'un droit non codifié... Il fallait donc connaître par cœur les intitulés des arrêts, leurs dates, les sujets concernés. Un enfer là aussi, car je mémorise très mal ce genre de choses. Je n'arrive pas à visualiser les dates, leurs tenant et aboutissants, à relier les noms des parties. C'est passablement horrible. La littérature, oui, les chiffres et dates, non.

Devant ma situation, j'ai fais un choix. Je me suis concentrée sur les Unités d'Enseignement (UE) "mineures", que j'ai travaillées à fond, certaines pour les examens, d'autres pour le rattrapage... et j'ai totalement laissé de coté les majeures constituant l'UE1, c'est à dire droit civil et droit administratif.

J'ai donc redoublé ma seconde année de licence, consacrant totalement ce repiquage à l'étude des deux matières où j'avais des difficultés, c'est à dire Droit Civil et Droit Administratif. Pas de bol, je me retrouvais avec le même chargé de TD en droit civil, tandis que celui de droit administratif changeait. Ouf.
Au final j'ai eu 12 en droit administratif et 08 en droit civil... avec le même coefficient, ça m'a fait un joli 10/20.

En décembre 2007, on a diagnostiqué à Alain une dilatation aortique grave.
Le 16 décembre 2007. J'avais un partiel de droit civil le matin. Alain passait un scanner thoracique l'après-midi et avait rendez-vous chez le cardiologue dans la foulée.
Il avait alors 59 ans.
Dans le cabinet du cardiologue, il a déclaré qu'il voulait que nous nous marions. Nous sommes passés à la mairie sur le chemin du retour pour prendre les papiers et le 25 janvier 2008, nous sommes passés devant le maire en tout petit comité.
C'était un vendredi. Quelques heures avant j'étais en séance de travaux dirigés de droit civil et mon détestable chargé de TD, outrageusement obsédé par la philosophie du droit, scandant régulièrement à qui voulait l'entendre que, lui, il avait fait la majorité de ses études sans jamais mettre un pied en cours magistral, mais en fréquentant assidument la bibliothèque universitaire pour emmagasiner du savoir, m'avait ramassé ma copie, sur laquelle j'avais gribouillé que je me mariais le soir même. Je n'ai pas eu le temps de prendre une gomme qu'il avait déjà tiré la copie double de ma table.

Alain a été hospitalisé à Bordeaux le 29 mars 2008 (et opéré le 31, il me semble).
Son aorte faisait alors presque 60 mm de diamètre, contre 20 à 25 mm chez une personne en bonne santé. On lui a passé un manchon en téflon dans le vaisseau exagérément dilaté et remplacé une valve du cœur par une prothèse mécanique en carbone et titane, l'obligeant ainsi à prendre un traitement anticoagulant jusqu'à la fin de ses jours.

En septembre 2008, alors qu'Alain commençait à profiter de sa retraite, j'entrais en troisième année de droit.

C'était la dernière année "faisable" à Angoulême et non à Poitiers.
Terminus en matière de droit me concernant.
Je commençais à être habituée aux fiches.
Nous étions peu nombreux dans la promo et de cette année, je retiens : la neige de l'hiver 2008/2009, mes troubles anxieux en aggravation, avec des diarrhées fonctionnelles quotidiennes, et des crises de larmes dans les toilettes, presque à chaque entre-cours.
Plus deux notes.
17/20 en droit du travail, à l'oral (wahou!!!)!
13/20 en droit communautaire, à l'écrit, sur un exercice que je hais et que je ne sais pas faire, un commentaire d'arrêt.

Je sais que je ne sais pas faire de commentaire juridique et pourtant j'ai obtenue l'honorable note de 13/20 sur un commentaire juridique. Mais je sais pertinemment que je ne sais pas faire de commentaire d'arrêt, ce qui signifie que je ne devrais pas avoir obtenue une telle note. Pourtant je l'ai obtenue. Elle est réelle et objective. C'est donc ma conviction de ne pas savoir commenter un arrêt qui est erronée. Mais pourtant c'est une conviction profondément ancrée en moi.
On appelle ça une distorsion cognitive : une pensée irrationnelle qui se heurte à une preuve rationnelle allant dans le sens opposé, mais la preuve ne suffit absolument pas à abolir la pensée irrationnelle.

J'avais peu de loisirs avec Alain. Nous ne sortions presque jamais, pas de restaurants, sauf des cafeteria, de temps en temps... Pas de ciné, pas de concerts, rien. Juste la "balade" du dimanche, sur le marché. Pour ça, il aimait que je me fasse belle et sexy, histoire de me montrer... je suppose. On faisait le tour, on achetait rien (de toute façon, nous n'achetions que en magasins "discount"), sauf des pommes "hors calibrage" chez "Tastet"...
Bref, je m'ennuyais profondément... mais je continuais de "suivre la vague".
Par trouille de l'inconnu.
Par défaut d'une lueur d'espoir...

"Phobie sociale".

Voilà.
J'ai obtenue ma licence de droit en avril 2009, sans passer par le rattrapage.
Je me suis laissé le temps et en septembre, j'ai voulu m'inscrire à Pôle Emploi.

L'univers s'est effondré.
Je me suis effondrée.

Je suis allée voir mon médecin traitant, laquelle me suivait depuis déjà deux ans pour mes troubles anxieux.
Elle a évoqué une possible "phobie sociale".
J'ai lu le livre de Christophe André "La peur des autres".
Je l'ai annoté presque à chaque page!!!

Pyrénées... travail pour moi, anxiété exacerbée... maladie de mon mari.

Mon mari voulait déménager près des Pyrénées, à Pau ou à Tarbes.
Nous avons consacré beaucoup de temps à chercher une maison, bien que j'aurais préféré un appartement.
Nous avons fini par trouver.

Emménagés en mars 2011, nous avons passé l'été à randonner dans les environs d'Argelès-Gazost et la vallée des Gaves (en face de la ville de Lourdes).
J'ai trouvé un emploi d'assistante de vie auprès d'une association en novembre 2011. Un CDD de 3 mois, qui a évolué en CDI.


Malheureusement Alain commençait déjà à présenter certains troubles inquiétants... des agrippements incontrôlés, des troubles de l'équilibre...

Il a fallut un an, deux neurologues et l'expertise de l'hôpital Purpan, à Toulouse, pour diagnostiquer sa Dégénérescence Cortico Basale (DCB). Maladie neurodégénérative rare, apparentée aux maladies d'Alzheimer et de Parkinson.

La maladie a progressé sans cesse. L'anxiété d'Alain également, la mienne suivant le mouvement.
À la mi novembre 2013, alors que j'avais depuis longtemps déjà cessé d'aller à la clinique Caussade pour être suivie par le CMP de Tarbes, le psychiatre qui me suivait m'a purement et simplement mise en arrêt maladie.

J'ai accepté sans broncher, bien qu'incapable de dire à Alain la chose.

Il s'est mit en colère, le soir.
J'ai été très choquée.
Ses colères étaient de plus en plus fréquentes, violentes, avec un fond de méchanceté à mon égard.
Il m'a finalement dit qu'il n'avait jamais voulu que je travaille, que ça l'embêtait parce que ça nous empêchait d'être "ensemble" et de faire ce "qu'on" voulait.
En gros ça le privait de moi, alors que moi, ça m'offrait un peu de liberté.

Je me suis de plus en plus sentie prise au piège, surveillée, contrainte à être présente, tout en étant littéralement interdite d'ordinateur le weekend car "moi, je pouvais faire autre chose!"... alors j'allais dans la cuisine, je regardais la télévision et je mangeais.

Je préparais des repas qu'il percevait comme "dégueulasses", ayant perdues les connexions olfactives et donc ses sensations retro-nasales, qui participent (voire constituent) à notre odorat et notre sens du gout. Percevant les saveurs de base par ses papilles, plus rien n'a vraiment de gout pour lui, depuis longtemps.

Alain s'est efforcé de fuir la maladie, de continuer à marcher, à faire du sport d'appartement.
Il a continué à me terroriser par ses colères...
Puis il est tombé dans l'escalier.
Douze agrafes sur le sommet du crâne, mais rien de cassé.
Il a malgré tout continué de refuser le fauteuil roulant, jusqu'à ce qu'un de ses fils le convainque... juste parce qu'il voulait que ce fils inquiet et bien intentionné soit rassuré.
J'en ai pris pour mon grade, à l'occasion.
Le fils ne s'est pas privé de m'accuser de ne pas assez stimuler son père, sans tenir compte un seul instant de mes réalités du quotidien...

Lors d'une autre visite, j'ai compris que je commençais à devenir "personæ non gratta" sur les photos de "famille"... Blessée, je me suis malgré tout écartée sans protester.

J'avais commencé à envisager le retour en Charente, les montagnes des Pyrénées étant un crève cœur pour Alain, lui qui rêvait de passer sa retraite à jardiner et randonner... Nous nous sommes donc mis en quête d'un appartement (ma préférence) ou d'une maison (celle d'Alain)...

Septembre 2014, retour en Charente...

Nous avons ré-emménagé en Charente en septembre 2014, dans un appartement qu'Alain m'avait dit de choisir pour moi, car il considérait qu'il "serait mort avant d'y emménager"...

Et puis la suite, lisible dans les billets passés...

Des crises d'agitation aigüe allant en croissant, jusqu'au burnout de l'aidant et mon hospitalisation à la clinique de santé mentale "La Villa Bleue" à Jarnac, le 10 mars 2015.

Lorsque je suis sortie,  début avril 2015, je ne suis pas retournée vivre avec mon mari. J'ai été hébergée un temps par ma soeur, puis par mes parents, avant de finalement retourner vivre à Angoulême, hebergée à titre gratuit dans la résidence secondaire de mes parents. 

J'ai fais le choix de déclarer moi même mon abandon de domicile à la police,  mais de rester mariée.

J'avais, bien avant mon hospitalisation, demandé une mise sous protection juridique, pour mon mari, et pour moi-même. Ces demandes ont abouti, l'une comme l'autre, de sorte à nous protéger,  l'un comme l'autre, dans nos situations respectives.

Nous nous voyons de temps à autre et ne sommes pas en froid.
Mon départ remonte à plus d'un an, à présent. 

Voilà.
Maintenant, j'avance.

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