lundi 25 juillet 2016

Ma vie d'étrangère au monde


Je pratique l'introspection de manière automatique depuis aussi loin que je me souvienne.
Je me suis toujours interrogée sur le sens de la vie, sur mes émotions, sur les actions des autres, sur les relations de cause à effet.

Il m'a fallut plus de trois semaines pour rédiger ce billet...

La vie est une chose très complexe.
Je ne veux pas parler du processus biologique de l'apparition de la vie sur Terre, mais de la vie quotidienne des êtres humains, et en particulier la mienne (c'est la seule que je connaisse de l'intérieur).

Pour la plupart des gens, la vie courante semble aller de soi, de la petite enfance à leur grand âge. Ils avancent dans la vie sans trop de difficultés, même si certains obstacles se dressent sur leur route... Mais globalement, ça "roule".

C'est un peu comme si la plupart des gens voyaient des sculptures zéotrope fixes...



Tandis que je percevrais leurs versions animées, déroutantes... et magnifiques!!!


La plupart des gens semblent avoir une vision claire et stable de ce qui est...
J'ai le sentiment de ne percevoir que les arborescences et la complexité.
Pourquoi ai-je à vivre, ressentir, éprouver, expérimenter tout ça ? Est-ce que ça a un sens ? Si ce n'est pas le cas... je suis perdue. Pourquoi tout ça n'a pas de sens ?

Je comprend les gens qui cherchent des réponses auprès de diverses déités. L'idée qu'il puisse exister une intelligence supérieure, une volonté globale peut paraître rassurant. Mais incohérent, si on regarde les maladies, les catastrophes naturelles, les progrès techniques etc.

La vie est compliquée. Mais la plupart des gens ne le voient pas.
Ma vie est vraiment, vraiment compliquée.
Un chemin magnifique mais sinueux et complexe...


Il est compliqué pour moi d'accepter que le temps passe, qu'il est l'heure de dormir, que j'ai soif, besoin d'uriner et que vais devoir me coucher au lieu de continuer d'écrire.
Je dois laisser ce billet en suspend, en brouillon, et le reprendre demain.
C'est une chose difficile à faire, complexe.
Mais je vais le faire...

[une nuit plus tard]

Qu'on ne se trompe pas : en aucun cas je ne souhaite mettre fin à mon chemin de vie. Voici une très belle citation qui exprime bien ce que je ressens. J'accepte la lutte contre mes doutes.
"J'ai compris que le bonheur, ce n'est pas vivre une petite vie

sans embrouilles, sans erreurs et sans bouger.

Le bonheur, c'est accepter la lutte, le doute, l'effort."

J'ai appris le sens du mot "pragmatisme" tardivement. Il existe une école de philosophie, qui affirme que n'est vrai que ce qui a des conséquences réelles dans le monde. Je rejoins assez ce courant dans ma façon de ressentir le monde.
Toutefois je trouve ce mode de pensée limitée et non cohérente avec l'Univers dans sa globalité.

Je tend à être pragmatique, tournée vers l'action. Je réagis aux choses qui me sont extérieures et cherche avant tout à garder une stabilité d'esprit face à elles.

Ma mère m'a dit récemment que j'étais légaliste.
Peut être. Pas tout à fait.
Est légaliste une personne qui a pour souci de respecter minutieusement la lettre de la loi et les formes qu'elle prescrit.
En ce sens je ne suis pas légaliste, car certaines lois sont purement absurdes. Je ne dis pas qu'il faut les braver ou les contourner... mais bon, c'est ce que beaucoup de gens font, et dans un certain nombre de cas, je trouve ça normal.

Je respecte les règles quand elles ont un objectif cohérent, ou au pis aller, lorsque la sanction encourue en cas d'infraction à une règle qui me semble pourtant excessive est trop préoccupante et potentiellement privative (d'argent, de points sur le permis de conduire, de libertés...).
En cela, je suis pragmatique.
Je soupèse l'impact que les choses risquent d'avoir sur moi, de sorte à prendre des décisions "à faible impact émotionnel".

Je suis dérangée lorsque certaines personnes se montrent agressives gratuitement à l'égard des autres. Les agressions verbales sont répréhensibles, au même titre que les agressions physiques. Ce n'est pas être légaliste que de dire ça. C'est souligner simplement le fait que c'est mal d'insulter son voisin au lieu de discuter avec lui.
Donc, non, je ne suis pas légaliste au sens propre.
J'aime connaître et comprendre les règles, de la société, du jeu social, de la communication verbale et non verbale.



J'accepte très mal que les règles changent sans prévenir.

Probablement en raison de ma mauvaise acceptation du changement, je ne prend pas grand chose pour acquis. Je sais que les choses peuvent potentiellement changer. Les règles, les gens, les situations, une quantité incroyable de choses.
Cela ne semble pas poser de problèmes à la plupart des êtres humains...
Cela m'en pose énormément, à moi.

Je sais depuis bien longtemps déjà que je suis fragile face au monde, aux interactions sociales, et en ce qui concerne divers domaines de compétences (lesquelles me font défaut, car ils ne sont pas innés).
Je peux me montrer très soupçonneuse ou au contraire excessivement naïve.
Heureusement, j'apprends peu à peu à mettre en place les bons "systèmes".
Mais je rappelle que j'ai 34 ans.
Je me suis déjà faite arnaquer plusieurs fois dans ma vie et ce n'est que maintenant que je commence à savoir réagir dans des situations "à risque". De toute façon, je suis protégée efficacement, désormais. Économiquement et juridiquement.
C'est malheureux de devoir en arriver là.

Comme vous pouvez le constater, je suis d'une grande honnêteté.
Toutefois mes ressentis, mes émotions sont souvent versatiles, à géométrie variable...

Ce n'est pas pour autant que je mens ou dissimule volontairement des choses.

En revanche j'ai eu souvent tendance à considérer que certaines choses ne regardaient que moi et voyais mal pourquoi je devrais en parler à tel ou telle, vu que les tiers n'étaient pas concernés.
J'ai appris au fil du temps que certains appellent ça mentir.
Par omission.
Pour moi le mensonge comporte une dimension volontaire : il a pour but spécifique de cacher quelque chose. Donc je ne voyais pas en quoi ne pas dire certaines choses était mentir, dans la mesure où je ne cherchais pas spécifiquement à les dissimuler. Je comprenais pourtant le mode de pensée des personnes qui s'offusquaient de la chose. Mais je n'y adhèrais pas.
Il me manquait sans doute un élément crucial, que je ne sais pas encore bien qualifier.
Le besoin de me sentir "respectable"?

Garder un certain nombre de choses pour moi m'assure généralement une certaine tranquillité de vie.
Je ne mens pas, vu que l'information n'a aucune importance pour l'autre, sinon d'être connue, et je n'aime pas ça.
C'est invasif, ce besoin de "savoir" tout comme ça (écrit la fille qui aimerait tout savoir...).

De même, pourquoi partager une information qui va susciter des sentiments négatifs chez les autres?
Ce n'est pas logique.
Je n'aime pas faire souffrir les autres. Pourquoi est-ce que je devrais partager les informations qui font souffrir ? Je comprend bien qu'on puisse considérer ça comme un "mensonge", mais je ne suis vraiment pas d'accord avec ce point de vue.

Je ne considère pas que je sois manipulatrice.
Entendre des gens me reprocher des mensonges, des manigances ou des manœuvres diverses est une chose extrêmement blessante et fausse. Je suis très loyale, en règle générale. Mais on en revient à ce que j'ai écris ci dessus. Ma droiture n'apparait pas toujours comme telle, du fait que certains de mes comportements peuvent laisser penser que je "mens". Cela principalement en raison du fait que j’hésite en permanence entre le confort émotionnel des autres et le mien.

J'ai d'ailleurs parfois du mal à identifier les manipulations dont je peux être sujette.
J'ai eu tendance à être très crédule, à certains moment de ma vie.
Après l'avoir souvent caché, j'ai fini par apprendre à avoir la démarche totalement inverse : j'ai appris à le dire.

Avant je gardais les choses pour moi, trop honteuse d'avouer mes déficiences.
Aujourd'hui je préfère les étaler.
Je suis fragile, je le sais, aidez moi... Je les étale, donc les autres le savent aussi, et loin d'ouvrir la porte de la bergerie, j’essaie de liguer ainsi les autres autour de moi.

Je me suis un peu blindée, aussi.

Blindée... mais pas contre tout.

Je reste souvent confuse et complètement submergée face aux sentiments des autres. D'ailleurs je suis confuse face à mes propres sentiments, la plupart du temps. J'ai une usine à gaz à la place du centre des émotions. Parfois, elle s'emballe et ça donne du pur "n'importe quoi". Je suis complètement perdue.

Je passe mon temps à chercher à me rapprocher des autres et à m'en écarter car, à dire vrai, les relations avec les autres sont complexes et épuisantes. J'ai longtemps vécu avec un sentiment d'isolement vissé au cœur et à l'âme. Heureusement je bénéficie aujourd'hui du soutien clair et positif de ma famille, et c'est quelque chose d'incroyablement générateur d'équilibre.

Malgré tout, je reste caractérisée par des mécanismes de fuite.
Fuir pour se sauver, se préserver de la souffrance.

Je me protège de l'anxiété générée par l'existence en cogitant.
Arrêter de penser, c'est ne plus être. Je pense donc je suis. Je suis, donc j'ai une place (j'espère) même si je n'arrive pas à la trouver.
Je me sens tellement étrangère au monde qui m'entoure !!!
J'essaie et j'échoue, mais j’apprends, aussi.

Je fais régulièrement des "fixettes" sur certains sujets, certaines choses. Une façon d'expulser l'anxiété, de la fuir, encore, toujours. Je fuis de tellement de façons différentes les choses qui me perturbent que ça me semble impossible de les énumérer toutes. C'est souvent intellectuel, mais pas que. Parfois cela passe par un abrutissement volontaire devant des jeux sur Internet (je suis une joueuse persistante de Farm Heroes et de Papa Pear, et dans une moindre mesure, de Candy Crush et Candy Crush Soda), devant la télévision (j'adore les séries policières "techniques", telles Les Experts, mais aussi la science fiction et le fantastique) ou autres moyens d'évasion imaginaire.

Depuis que je sais lire, je consomme les mots avec une sorte de boulimie et les utilise avec la même intensité. Ce blog en est témoin. Écrire est une bonne façon de mettre de l'ordre dans mes pensées et d'apprendre de moi même. Me connaître est essentiel, pour pouvoir tenter d'aider les autres à me comprendre un peu.

Une autre façon de fuir consiste à gommer les différences qui peuvent exister entre moi et les autres. Ainsi, lors d'une discussion ou d'une relation avec une tierce personne, je vais spontanément prendre le même accent, manifester les mêmes tics de langage, adopter des comportements similaires. C'est quelque chose que je maîtrise très peu et que je trouve terriblement agaçant. Je passe mon temps à espérer que les autres ne le voient pas et n'imaginent surtout pas que je me moque d'eux (ce qui n'est pas le cas du tout, bien sûr!).

La fuite se fait aussi dans la création, les couleurs, le dessin, le coloriage, la couture, la cuisine... bref, toute sorte de domaines de loisirs créatifs. Je suis peu portée sur le jardinage (peut être parce que j'ai toujours peur de mal faire et que ça ne pousse pas... certains ont les "pouces verts", moi je fais crever les plantes). En revanche j'adore tailler les haies, débroussailler, et autres choses plus "techniques". J'adorais tailler les buis, fut un temps... Pendant que je manie la cisaille ou le sécateur, mon cerveau ralentit, je parviens à sortir de mes cogitations constantes. C'est très reposant.
On peut obtenir des choses superbes, juste avec du buis...


C'est très difficile pour moi de me reposer vraiment. "Ne rien faire" ne me permet pas de mettre mon esprit en sourdine. Je dois absolument me concentrer sur quelque chose pour vider mon esprit.
Un cours d'aquagym est relativement efficace. Surtout quand je connais bien la chorégraphie... mais elle change tous les trois mois. Snif.

Pour arrêter les cogitations, je compte parfois. Mes pas, le nombre de marches, les rayures au sol, le tic-tac d'une pendule... Comme une danseuse inexpérimentée qui danserait la valse devant des tiers pour la première fois. 1, 2, 3, 4... 1, 2, 3,4.. etc

Il y a aussi la fuite tout ce qu'il y a de plus réelle. Comme la fois où je me suis enfuie dans les toilettes d'une salle des fêtes, lors d'un anniversaire, pour échapper à "la chenille". Ou cette autre fois où je m'étais cachée sous mon lit, à 16 ans, parce que mes parents avaient invité à déjeuner des gens que je n'avais pas du tout envie de voir (ça avait été pire, parce que ma mère avait eu l'idée stupide d'inviter les petits enfant à jouer dans MA chambre... elle n'avait absolument pas conscience, à l'époque, du viol de mon intimité qu'elle me faisait ainsi subir... d'autant que j'étais sous le lit en train de faire une crise d'angoisse terrible...).

Les complexités de la vie ne s'arrêtent pas là...
Mes sentiments sont complexes. C'est souvent Jeanne qui rit et Jeanne qui pleure. Je peux passer d'un état d'euphorie totale à un abattement aussi complet en un temps record. Je peux me montrer complètement indifférente à une chose un jour et y être excessivement sensible quelques temps après.
J'ai le sentiment désespérant de n'avoir strictement aucune prise sur ces réactions et c'est très effrayant. Je vis dans un univers dangereux, toujours sur le qui-vive.
C'est épuisant.

Comme je l'ai déjà expliqué, je souffre des contrastes de luminosité (une seule bougie dans la nuit, les flammes d'un briquet lors d'un spectacle ou d'un concert, et surtout la conduite de nuit sont des choses qui me sont très pénible) et de l'excès de luminosité (je sors rarement sans lunettes de soleil).


J'ai de nombreuses acouphènes et autres sensations désagréables au niveau des oreilles (bouche, débouche, vibrations...). Je suis très très sensible aux bruits générés par les autres et m'efforce le plus possible de ne pas en produire trop (vaisselle, clés, cuillère dans une tasse, dans un pot de confiture, portes et placards qui claquent...).
Certaines matières sont insupportables à toucher pour moi. Cela génère un malaise physique tellement intense que je m'abstiens, la plupart du temps (rien que d'évoquer la chose en pensée, j'ai instantanément la nausée!). Certaines textures alimentaires sont également nuisibles... J'ai découvert récemment que je ne supporte pas le jus de betterave crue (je sais, on trouve pas ça à tous les coins de rue): nausée absolue, car une sorte de "truc" râpeux affreux.
Si je suis très anxieuse, cela va modifier mes perceptions olfactives et gustatives. Un repas "normal" va prendre des saveurs infectes.

Ma vie est aussi compliquée du fait que je manque parfois de coordination.
J'arrive à suivre les cours d'aquagym et les séances de yoga (à peu près...), mais dès que les mouvements sont rapides, je suis perdue, physiquement et émotionnellement. L'aérobic en salle est devenue avec le temps un supplice.

Pour vous donner une idée de mon manque de coordination, de ma mauvaise estimation des distances, de ma vitesse ou celle d'autres objets, sachez que je suis une grande spécialiste du "loupé de virage en couloir": je ne compte même plus le nombre de fois où je me suis cognée dans le mur en voulant contourner un angle, ni les coups de table (haute ou basse) que je me suis "mangé", même en faisant attention, ou encore les montants de portes. Je me prends régulièrement des gadins, avec plus ou moins de séquelles (j'ai des cicatrices qui témoignent encore de certaines chutes). Je suis une quiche en badminton, parce que je n'arrive pas à frapper le volant au bon moment ("boing!", sur le manche!!!)...

Je parle de conduite de nuit mais ma conduite tout court peut laisser à désirer. Je m'efforce d'être bien concentrée, car j'ai parfois du mal à gérer mon véhicule, son volume, l'espace dans lequel j'évolue (mauvaise évaluation des distances, des hauteurs...). J'ai fais plus de 40 heures de cours de conduite (je rappelle que 20h sont obligatoires, pour passer le permis) et n'ai obtenu le "papier rose" qu'à la troisième tentative.

La conduite est un ensemble de procédures et ça, c'est un truc qui me pose vraiment problème. Qu'on ne se trompe pas : j'adore conduire et j'estime être une conductrice "normale". Mais ça m'a demandé des efforts très très intenses depuis 16 ans que j'ai le permis.
Les nouveaux endroits (et donc les trajets) me posent en revanche de gros soucis. Comme le fait de conduire un autre véhicule que celui auquel je suis habituée. L'idéal pour moi serait une petite citadine, à la place de la Mégane II que je conduit actuellement...

Mon rêve : la Fiat 500C ^^
Mon rêve : la Fiat 500C ! ☺ Une 500, ça serait déjà ça...
Dans l'ensemble, tout ce qui me demande une bonne coordination génère une grande anxiété. Si je dois faire quelque chose en plusieurs étapes, avec des choix à faire, en mettant en place des savoir-faire ou des savoir-être, ça va être "chaud".

L'idée même de la succession d'opérations à exécuter pour accomplir une tâche déterminée (c'est à dire ce que j'appelle les "procédures") est en soi anxiogène.
Comme je suis angoissée, la probabilité que j'exécute mal les opérations est augmentée, ce dont j'ai conscience, ce qui augmente mes risques de mauvaise exécution, etc. Du coup je passe mon temps à me poser des questions, sur l'utilité des étapes, l'utilité de la tâche... Et parfois j'abandonne purement et simplement, avec honte, parce que je suis complètement bloquée.

Si une tâche me semble sans intérêt, je ne l'accomplis pas.
Pourquoi m'infliger de la souffrance alors que c'est inutile?

Quand je vous dis que ma vie est épuisante!!!

Faire le ménage est parfois une activité insurmontable.
Prendre soin de moi également (brossage des dents, douche, séchage et brossage des cheveux, coiffure...).

Je suis assez désordonnée, surtout concernant les choses "secondaires" (mes crayons de couleur sont rangés par teinte, par contre, toujours dans le même tiroir...). Toutefois, mon désordre est en quelque sorte "organisé". J'ai une mémoire audio-visuelle et photographique. Je ne me situe pas bien dans le temps (des choses survenues il y a deux jours pourraient tout aussi bien s'être passées il y a deux mois...), mais par contre si je sais que j'ai vu un truc à tel endroit, même s'il est enterré sous une montagne de fringue en vrac, je vais retrouver ce que je cherche. La plupart du temps. ^^'

[13h26... départ pour la douche que j'avais prévu de prendre 3 heures auparavant... 13h53, de retour]

Pfff... j'ai les mains qui tremblent, pas top pour écrire... Faible tonus musculaire lié à la fatigue. C'est fréquent, je suis habituée. Je sucre les fraises par intermittence.
J'ai le cuir chevelu qui me pique et me brûle, car je me suis grattée, encore et toujours (je me gratte la tête depuis... aussi loin que je me souvienne).

Je suis épuisée... Je vais devoir laisser de nouveau ce billet de coté pour essayer de me refaire un peu la fraise.
Je souffre de fatigue chronique.
À tel point que j'en suis à 8 bilans thyroïdiens en moins de 6 ans. Toujours normaux.
Je suis habituée à la fatigue. C'est un état avec lequel je suis familière, même si c'est pénible à vivre.
C'est en partie à cause de cette fatigue que je me cogne si facilement je pense, et que je fais tomber des choses. 
C'est fatiguant d'être fatiguée.
Je me sens régulièrement "au bord de l'épuisement".

...nuit...

J'ai des troubles alimentaires depuis pas mal de temps. Hyperphagie compulsive. Difficultés à percevoir la satiété, aussi.
Justement, un de mes plus anciens intérêts restreints concerne... la bouffe.
Même à la fac de droit, j'ai réussi à faire un exposé sur les cookies (en cours d'anglais, hein... ^^').
À la primaire, je faisais tous mes exposés sur des sujets alimentaires.

Très jeune, par contre, j'ai été "accro" au sucre. À une époque, je mettais jusqu'à 7 morceaux de sucre dans mon thé du matin! Puis j'ai lu "Sugar Blues, le roman noir du sucre blanc", de William Dufty. Je me suis sevrée de la douce mais malveillante substance qu'est le saccharose raffiné, du jour au lendemain et ai tenu des mois...

Je suis fascinée par l'alimentation, la nutrition, les nutrithérapies...
Par extension, j'adore cuisiner (mais inimaginable d'en faire un travail : je supporte à peine que quelqu'un d'autre soit dans ma cuisine pendant que j'opère, alors inutile d'imaginer que je puisse passer un CAP ou créer un laboratoire culinaire !).

Toujours par extension, je m'intéresse à la médecine, la santé globale, la psychologie, la phytothérapie, l'aromathérapie, la pharmacologie...

Je cherche des réponses.
Pourquoi ai-je mal au ventre? Pourquoi ai-je la vessie si facilement irritable? Pourquoi ai-je sans arrêt des mucosités qui me gênent au niveau de l’épiglotte? Pourquoi ai-je ces douleurs récurrentes ? Pourquoi mes acouphènes ? Pourquoi mon bruxisme... Pourquoi moi?!?
Pourquoi je suis là, pourquoi j'ai une vie de merde compliquée ? Qui je suis ?
Dans quelle état j'erre? Et dans quelle étagère on devrait me ranger, dans quelle "case" ?



Qu'est ce que je suis ? Comment est-ce que je peux changer tout ça ?
Pourquoi est-ce que je me gratte partout, pourquoi est-ce que je me sens mieux quand je me balance, quand je suis dans l'eau ou quand je suis enfouie sous des couverture pesantes?

Je commence à obtenir des commencements de réponse.
Ouf!
J'ai bien fait d'entretenir l'espoir, alors !
Savoir qu'il existe des réponses est rassurant.
Ce n'est pas pour autant que ça rend ma vie rassurante.


J'ai conscience de tenir parfois des choses pour acquises. Par les autres. Par exemple le suis souvent persuadée que telle ou telle personne sait parfaitement une ou plusieurs choses me concernant, alors que ça n'est pas le cas. Cela cause des quiproquos, l'impression chez les tiers que je leur mens, leur dissimule des choses ou encore que je me moque d'eux. Ce n'est pas le cas.


Inversement il a pu m'arriver d'être excessivement confiante et crédule.


Tout cela est très confus pour moi.
Ce que je ressens est confus.
Ce que ressentent les autres aussi.
Ce qu'ils pensent et ce que j'imagine qu'ils sont susceptibles de penser...


J'essaie en permanence de donner une certaine cohérence à tout cela.
C'est peut être pour cela que j'aime beaucoup les origamis (je ne suis pas pratiquante, mais je commence à y songer). L'art des origami consiste tout de même à créer un volume plus ou moins complexe à partir d'une feuille de papier, surface simple et entière. La matière reste cohérente. Les plis sont minutieux et spécifiques, rationnels. La forme obtenue est souvent à forte charge symbolique...




Je pense que je cherche à obtenir cette cohérence dans la vie. Mais les interactions avec les autres sont malheureusement loin d'être cohérentes et logiques. Je continue d'avoir les mêmes comportements d'attente vis à vis des autres, même après avoir reçu pour preuve à de nombreuses reprises que les choses ne "fonctionnent" pas comme je l'attend.


Souvent je "m'attend" à obtenir certains résultats dans mes interactions sociales (directes ou indirectes), en agissant de telle ou telle manière. Comme si la vie était une équation mathématique simple. Sauf qu'elle ne l'est pas. En matière d'émotions, on ne peut jamais présager des résultats, des réactions des autres. Je suis souvent blessée par les réactions illogiques et imprévues.


Je le sais.
Mais une partie de moi n'arrive pas à fonctionner en fonction de ce savoir.
J'ai la connaissance du phénomène, mais mon "savoir-être" semble ne pas vouloir s'accorder à cette réalité.


Au moins je sais que j'ai fais d'énormes progrès dans certains domaines...
L'humour, par exemple. J'ai vraiment été lamentable dans cette matière, pendant des décennies. C'était très douloureux. Je me sentais vraiment exclue d'une partie de la vie sociale à cause de ce "handicap mental". Heureusement, il semblerait que j'ai appris et me soi adaptée, au fil du temps. Peut être aussi que j'accorde aujourd'hui moins d'importance à ces choses là et me laisse simplement "aller" plus facilement.


L'humour est une chose complexe, parce que parfois on ne sait pas si les gens plaisantent ou bien sont sérieux. Il y a des personnes dont je crois qu'elles plaisantent mais sont en fait très sérieuses, et inversement. Quelque part, cette difficulté face à l'identification des traits d'humour est la même que celle face à l'honnêteté des gens.


J'ai souvent eu le tors de penser que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Mouais...
Sauf que parfois la réalité vraie est toute autre...

Oui, j'ai de l'humour. Noir, même.

J'essaie de me blinder un peu plus et de partir un peu plus sur une base défensive...
Il faut que je soi capable de partir sur la base que les gens ne sont pas sympa, ne sont pas mes amis et que je dois être très très prudente avant de leur accorder ma confiance. Je ne veux pas dire que je veux être sur la défensive en permanence, ni agressive. Mais la véritable confiance se mérite. Dans la plupart des cas, mieux vaut s'en tenir à une confiance "méfiante", c'est à dire à en dire le moins possible, et à ne pas ressembler à l'agnelle de la veille.
En plus je suis loin d'être une oie blanche, alors il faut vraiment que je m'habitue à avoir l'air d'une femme solide, au lieu d'exposer sans cesse mes failles.
Je crois que je vais commencer à aller aux cours d'AquaBoxing...
Bizarrement, le peu de gestes de kick-boxing que je connais et parviens à exécuter correctement me donnent un sentiment de confiance en moi, et de plus grande solidité psychique.

Je ne pense pas en revanche que ce genre d'activité efface ma grande propension à me sentir responsable des sentiments négatifs des autres. Je ne pense malheureusement pas que ça m'aidera à cesser de culpabiliser ou avoir cette sorte de "pitié mal placée" pour les gens qui m'ont blessée ou fait du mal d'une manière que je ne cesse de juger "involontaire".


Attention : je ne culpabilise pas de ma colère contre les vrais "méchants loups", ceux qui sont ainsi, le savent, et utilisent toutes leurs capacités malfaisantes pour abuser les autres.

Je culpabilise en revanche énormément lorsque une personne que j'apprécie (ou ai apprécié), me cause de la souffrance. Une partie de moi pense que je suis en faute, pour ne pas avoir été claire, pour ne pas avoir su exprimer ma souffrance ou rectifier une "vision déformée" que l'autre a peut être eu à mon sujet, ce qui (dans mon esprit en quête de sens) l'a amené à être désagréable, agressif ou liberticide à mon égard...


La moindre divergence d'opinion avec quelqu'un que j'aime (d'amitié, de liens familiaux, d'amour...) est susceptible de prendre des dimensions "délirantes". Je vais être blessée très rapidement, parce que je prête parfois aux autres des intentions ou des pensées qu'ils n'ont pas, d'où ma culpabilité postérieure. Mes blessures émotionnelles viennent souvent de ma mentalité du "tout ou rien".
"Si il ne parle pas de faire un truc avec moi, c'est parce qu'il ne veut pas et ne voudra jamais".
Ou, plus rationnellement, il ne sait pas que ça me fait envie, peut être que je n'ai jamais évoquée la chose, peut être qu'il n'imagine même pas que ça puisse m'intéresser...
Sauf que la plupart du temps je reste "en fixette" sur le "négatif" et ne parviens pas à tenir compte de la situation globale, à dépasser mes propre préjugés et discuter.

Il y a des tas de gens avec qui j'aurais pu faire des tas de trucs, mais avec qui ça n'a jamais pu se faire, parce que je partais sur la base que ça ne les intéressait pas.
Mon mari aimait l'Opéra.
J'aurais adoré aller à l'opéra avec lui.
Je ne lui proposais même pas ce genre de sorties quand je voyais des choses comme ça au programme culturel... parce que je le savais fan de Jazz, mais pas d'Opéra.
Je ne l'ai su que quand il était déjà malade.

Cela peut toucher tous les domaines de la vie, sociale, culturelle, quotidienne...

J'éprouve de nombreux sentiments négatifs et délétères, dès que je suis en relation avec une personne que j'apprécie, principalement en raison de mes difficultés à communiquer quant à mes désirs et blessures. Je vais être obsédée par un "non" de circonstances et en faire un "non" généralisé.

Je ne sais pas comment l'écrire correctement, l'exprimer correctement, de manière à ce que ça soit comprit par le plus grand nombre.
C'est très éprouvant, émotionnellement et même physiquement.
L'idée de ne pas réussir à exprimer ce que je ressens crée un malaise physique envahissant.

À l'opposé, un simple petit compliment ou une invitation "banale" va me mettre dans un état de bonheur tout aussi délirant.

C'est vraiment "tout ou rien"...


Et c'est vraiment triste.

Je ne sais pas prioriser mes besoins personnels par rapport aux besoins ou attentes des autres.
C'est vraiment un très très gros problème.
Je fini par ne pas du tout tenir compte de ce dont j'ai besoin dans la vie pour être épanouie.

Mes besoins fondamentaux (en dehors de manger, boire, dormir etc) sont d'avoir prise sur ma vie (me sentir autonome et responsable) et d'avoir une vie sentimentale (ce qui implique intrinsèquement de réussir à communiquer efficacement avec l'homme que j'aime, ce qui est régulièrement sujet à quelques ratés...

J'ai beau aimer les mots et leur étymologie, cela ne m'aide désespérément pas à communiquer, ni par exemple à savoir prendre à part mon chéri pour lui dire quelque chose...

J'aime les mots et les modèles.
D'une certaine façon, j’entretiens l'espoir vain selon lequel en connaissant le sens des mots et l'organisation des modèles généraux, ça va me rendre plus apte à affronter la vie. Mais c'est vain, car le monde ne fonctionne pas ainsi. C'est désespérant, mais c'est comme ça.
J'aurais beau enregistrer le modèle de ce qu'il faut ou ne faut pas faire dans une situation donnée, il est probable qu'elle ne se reproduise pas, ou pas à l'identique, et je serais de nouveau dépourvue.

Chaque fois que j'ai l'impression que les choses ont évolué en positif, je me prend les pieds dans le tapis, comme si la vie se faisait un malin plaisir de me voir me casser la gueule. C'est épuisant.

J'essaie d'écrire pour comprendre, analyser, identifier les problèmes et leur trouver des solutions, mais la plupart du temps, ça ne marche pas. Pas de manière durable.
Je me sens vraiment handicapée de la communication.
Parfois c'est tellement insurmontable que j'ai seulement envie de disparaître.

Il faut dire que j'ai souvent tendance à me confier énormément aux personnes en qui j'ai confiance et à imaginer que mes confidences vont les aider à "faire les bons choix pour moi" si nécessaire.

Sauf que ça ne fonctionne évidemment pas.

Pire, cela me place parfois dans des situations vraiment dangereuses pour mon équilibre, parce que j'ai parfois le sentiment d'avoir donné toutes les "clés" à une personne pour qu'elle sache comment gérer telle ou telle situation me concernant... mais en réalité la plupart des personnes "normalement constituées" ne retiennent tout simplement pas ces informations, car elles pensent que je vais être capable d'exprimer ce que je veux ou pas, dans des situations qui leurs paraissent "simples", alors que justement, elles sont extrêmement compliquées pour moi.

J'ai tellement de mal à exprimer ce que je veux ou ne veux pas que ma vie sentimentale peut vite devenir délétère, à l'insu de l'autre, parce qu'une partie de moi voudrait que ce soit à lui de "comprendre" alors que mon esprit rationnel sait parfaitement que c'est à moi de savoir "faire comprendre".

J'ai tendance à garder pour moi beaucoup de pensées et de ressentis et à m'imaginer par ailleurs que je les ai partagé, ou que "ça se voit comme le nez au milieu de la figure".

J'ai souvent l'impression de communiquer de manière efficace et efficiente, alors que ça n'est de toute évidence pas du tout le cas. C'est épuisant et vraiment difficile à vivre.


Dès le moindre cafouillage, je me remet en cause, quand ce n'est pas les autres que je remet en question, leur présence dans ma vie, à mes cotés. Parfois la seule solution viable me semble de passer à un mode de vie de recluse, de ne plus fréquenter personne, pour ne plus souffrir ni faire souffrir les autres à cause de mes modes de pensée dysfonctionnels. Je sais pourtant que je ne peux pas vivre comme ça.
J'ai vraiment besoin des autres dans ma vie.
Même avec toutes les difficultés que j'ai par rapport aux relations sociales, j'ai malgré tout besoin d'être avec les autres. Peu mais bien.

J'aimerais tellement être capable d'analyser correctement les situations et de trouver les bonnes variables d'ajustement de manière spontanée.
En général, c'est tout le contraire qui se produit.
Je me retrouve à faire exactement ce qu'il ne faut pas, et ça me terrorise.
Je fini par être épuisée par une situation sociale subie, en colère contre moi et contre les autres... je me retrouve alors à mettre les pieds dans le plat de la manière la plus incorrecte qui soit, et n'avoir qu'une seule envie : fuir loin de toute cette agitation, simplement pour que ça s'arrête.

Fuir dans la solitude est un vieux réflexe de survie.
Malheureusement, je ne vis plus aussi bien qu'autrefois mes prises de tangente subites.
J'en éprouve au contraire une grande honte et le sentiment d'agir de manière puérile et inadaptée.
Non seulement je souffre des situations sociales que j'essaie de fuir, mais en plus je souffre de ma façon de les fuir.

Parfois je n'ai pas du tout envie de sortir de chez moi, mon havre de solitude, parce que je n'ai pas envie de parler, de devoir m'adapter. À ces moments là, les interactions sociales me semblent tout simplement insurmontables.

Quand je suis dans cet état, un coup de téléphone va être terrible (mais je vais me sentir obligée de décrocher, quitte à me montrer désagréable).
Sortir de chez moi, ou rester avec l'homme que j'aime, à ces moments, c'est épuisant... Je me sens traquée, observée, jugée. Je passe mon temps à me demander si ce que je fais ou si ma façon d'être est "correcte" ou pas. Je perd parfois complètement pied et j'ai seulement envie de disparaître au fond d'un placard capitonné, de m'endormir recroquevillée sur moi même et d'attendre que la tempête se calme. Voire de disparaître tout court.

Je conserve toujours l'espoir que tout ça se calme vraiment, complètement, un jour.

J'essaie de tout faire pour que tout ça ne se reproduise pas, mais cela revient, encore et encore, ad nauseam.

Je me sens vraiment coincée entre ma volonté d'épanouissement personnel et ma volonté de m'intégrer, de partager des choses avec les personnes que j'apprécie ou que j'aime. La "société", je m'en fous, maintenant. Elle se passe très bien de mon intégration, alors je préfère la laisser où elle est. Mais j'ai malgré tout besoin de contacts, je ne peux pas vivre sans sentiments, sans émotions et sans relations humaines.

J'ai même tellement besoin d'être avec les autres que je refoule bien trop souvent mes véritables souhaits, mes besoins. Je cherche à plaire, à satisfaire les autres, à "être comme tout le monde", sauf que je n'ai strictement pas la moindre idée de ce que ça peut bien être...
J'ai encore aujourd'hui tendance à adapter mes comportements et préferences en fonction des personnes que je fréquente, et non en fonction de mes besoins intrinsèques.

Le pire c'est que souvent je m'imagine que ce que je ressens alors fait vraiment partie de moi, alors que ça n'est pas du tout vrai. J'essaye seulement de "coller" aux "attentes" que je crois identifier chez les autres.
Cette manière d'être me dégoute profondément.



Je voudrais tant réussir à être différente...
Je voudrais tant réussir à savoir qui je suis, ce que je veux ou ne veux pas, sans me laisser influencer par quoi que ce soit, de sorte à faire passer des messages clairs et cohérents...
Je voudrais être une personne meilleure et différente.
Ou simplement trouver qui je suis et l'accepter.

J'aimerais être vue telle que je suis, honnête et sincère, et comprise, malgré ma complexité.

Je sais très bien que je suis excessivement sensible aux points de vue et opinions des autres. Je déteste qu'on mette en exergue mes limites et défaillances, même si je les connais bien. Simplement cela tombe toujours comme un couperet, quelque chose de péremptoire et de cruel. Le fameux "point où ça fait mal". Inutile d'appuyer dessus, merci bien.
Sauf que souvent les gens ne font pas du tout exprès, en fait.
Parfois, même, ils pensent réellement bien faire.

Ce n'est pas de ma faute, si je suis aussi étrangère au monde.
Je vous jure que je fais des efforts. Depuis des dizaines d'années.
Mais parfois, je me demande vraiment à quoi bon...

Et puis je pense à tous les gens que j'aime, et à toutes les choses que j'aime, et ça va un peu mieux...

jeudi 14 juillet 2016

Aimer...

Comme pour tout un tas de choses, j'ai souvent de grosses difficultés à comprendre ce que je ressens, ce qui fait que je suis obligée d’accumuler un grand nombre d'informations, façon documentaliste.

L'Amour est une des émotions les plus ingérable que je connaisse.
J'ai du mal à aimer.

Je sais que j'aime, mais c'est quelque chose qui ne va pas de soi, qui n'est pas du tout simple, beau et merveilleux.

Aimer, pour moi, c'est compliqué et souvent douloureux.
J'ai besoin d'en parler.

J'ai "L'intelligence émotionnelle" qui sédimente sur ma table de nuit depuis 18 mois...
Le l'avais déjà avec moi quand j'ai été hospitalisée.

Je ne l'ai toujours pas lu.
Je crois qu'il est temps que je me plonge sérieusement dedans.

920 pages  pour "Analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres".

J'ai d'ailleurs eu l’occasion de lire sur Asperansa que certaines personnes avaient trouvé dans cet ouvrage beaucoup de réconfort...

L'amour.

Kessecé ?
 
Pas "juste" l'amour sensuel et sexuel qui existe entre deux partenaires qui s'aiment bien, mais l'Amour, là, celui qui fait que les gens se mettent en couple, vivent ensemble, font éventuellement des enfants, tout ça...
Qu'est ce que c'est ?
Pourquoi est-ce que, alors que c'est censé être beau et merveilleux, je n'arrive pas quant à moi, à ressentir ce super truc sans fondre les plombs ?

Malgré mes efforts, l'amour ça reste très "conceptuel", pour moi.
Je me suis souvent et sincèrement attachée aux autres, j'aime encore plusieurs de mes ex, d'une certaine façon (pas tous, non plus...) mais l'état amoureux reste très problématique pour moi...

C'est quelque chose de vraiment, vraiment douloureux et éprouvant.
Le genre de choses qui me donnent envie de m'enfuir, soit disant pour avancer.
Sauf que parfois, surtout quand l'autre est tout à fait à l'écoute, mieux vaut rester pour avancer.

Peut être qu'il serait temps que je me plante en face de mon problème, que je le regarde frontalement et que je lui casse la figure une bonne fois pour toutes...?
Jusqu'ici, je dirais que j'ai eu des sortes de mouvement de dévotion, me portant vers des personnes et des relations idéalisées.
J'ai aussi déversé des tonnes de "je t'aime" bien dégoulinants de sentiments, très démonstratifs.
Peut être pour essayer de ressentir davantage le truc ?

Sauf que l'amour, en fait, ça se construit, ma brave dame.
Il y a d'abord la passion (parfois charnelle, parfois intellectuelle, parfois les deux ensemble), et ensuite, ben il faut communiquer.
Oups.
Là comme ça, on pourrait croire que je communique énormément avec les autres.
C'est faux : je barjotte dans mon coin, jusqu'à me transformer en matière dangereuse type nitroglycérine...
=> très mauvais.

Le hic c'est que j'ai souvent tendance à penser qu'on voit en moi comme dans un livre ouvert (je sais que c'est faux, bien sûr), et donc je ne communique pas sur mes besoins personnels (très étendus), ce qui a pour conséquence logique de créer des désaccords, des tensions, des rancœurs, etc...

Je suis capable de manifester un i
ntérêt et un goût très vif pour une personne, pour une source de plaisir ou de satisfaction.

J'ai eu de vives inclinaisons pour d'autres personnes, ayant un caractère souvent sexuel pour commencer, puis passionnel.

Puis j'ai eu envie que cela cesse.

J'aurais eu envie que ces attirances se transforment en amitiés sincères, mais je suis obligée de constater que la grande majorité de l'humanité ne fonctionne pas ainsi en matière de continuité des relations.

Soit on aime, soit on n'aime plus, voire on déteste.

Objectivement (et subjectivement, aussi), je ne comprends pas cet état d'esprit cloisonné.
Qui plus est je ressens un truc de malade.
L'allergie à la relation de "couple".

"Je t'aime parce que tu es quelqu'un pour qui j'ai de la tendresse, par qui je suis attirée intellectuellement et sexuellement, mais je n'ai aucun désir de former un couple au sens sociologique avec toi."

C'est une formulation des choses qui est "légèrement" choquante, je crois.

J'aspire d'abord à une amitié sincère, honnête, éventuellement sexuelle avec quelqu'un.
Mais je crève de trouille à l'idée de former une "entité couple" avec qui que ce soit.

...

La majorité des gens semble "équipé" émotionnellement pour vivre en couple.
Comme la plupart des femmes le sont pour être mères.
Je ne le suis ni pour l'un, ni pour l'autre.

Je n'ai aucun regret concernant la maternité.

Concernant la vie à deux, c'est plus complexe.
Je préfèrerais ne pas souffrir de l'attachement que je suscite chez les autres, et je préfèrerais être stérile. Les deux m'économiseraient bien des peines.


Sauf que j'aime aimer et être aimée.

Même si je ne suis encore jamais parvenue à développer de relation heureuse dans le mode de vie "couple".


J'ai le douloureux sentiment que je ne sais pas "aimer" de manière pérenne.

Par moment, je me dis que je n'ai plus envie d'essayer.

Dans ces moments là, je n'ai plus envie de continuer à trancher dans ce qui fait mon âme pour essayer de m'adapter à un mode de vie dans lequel je ne trouve pas ma place.


Sauf que ce n'est pas ce qu'on me demande.
C'est moi qui choisi de me mutiler, pas l'autre.

Si je ne sais pas communiquer sur ce qui me blesse, me manque ou me mes mal à l'aise, comme l'autre peut-il le deviner ? À moins d'être extralucide, c'est impossible. Donc... c'est purement impossible!

L'amour est censé être "un s
entiment très intense, un attachement englobant la tendresse et l'attirance physique entre deux personnes"... (Enc. Larousse).

J'ai de la tendresse pour lui, et de l'attirance physique.
Je ne peux pas le nier.
Je l'aime.

Je le sais très bien au fond de moi.
Mais l'amour reste quand même une notion conceptuelle et abstraite.

L'Encyclopédie Larousse propose un article très intéressant sur l'amour.
J'éprouve cette palette de "sentiments très intenses" qui constituent ce qu'on qualifie d'amour.
Je suis également frappée par la véracité fondamentale de la discussion concernant l'amour, le désir et la sexualité :

"De nos jours, l'épanouissement sexuel, considéré comme une part intégrante de l'amour, sert parfois à mesurer la qualité du lien. Or, attirance sexuelle et capacité à vivre ensemble ne sont pas directement superposables. Une très bonne entente sexuelle spontanée, fondée en partie sur des similitudes de sensualité et de fantasmes, peut exister entre deux êtres par ailleurs mal assortis en matière de goûts ou de valeurs morales. À l'inverse, une grande complicité affective et intellectuelle peut s'accompagner de divergences sensuelles.
Dans le domaine de l'amour et du sexe, comme dans bien d'autres, il faut se garder des idées reçues et comprendre l'importance de la tolérance envers l'autre pour pouvoir avancer ensemble sur le chemin de la vie et mieux s'aimer."

J'éprouve actuellement un fort sentiment amoureux.
Seulement ça me fait beaucoup, beaucoup de mal.

Trop de mal pour que je l'accepte ? Par moments.

Sauf que je persiste, et je veux persister.

L'amour, comme dans de nombreux domaines en ce qui me concerne, c'est le chaos.
Je survis et je souffre.

Entre refuser d'avoir mal et accepter d'en parler, il y a un gouffre.

Que j'ai décidé de franchir.

L'Amour heureux, partagé entre deux personnes passe pour être une chose naturelle et innée.
Visiblement, pour la grande majorité des gens, c'est une chose simple, qui ne requiert pas d'apprentissage.
Mais c'est une illusion.
L'Amour n'est pas simple.

Ma psychiatre m'avait parlé, voici déjà un petit moment, de Trouble de l'attachement, à mon sujet.
Sur le coup, je n'étais pas d'accord.
Ensuite, j'ai beaucoup lu sur le sujet.


Le hasard (ou le bon sens de la rédaction?) a voulu que le N°21 du magazine "Le cercle psy" contienne un dossier sur l'attachement, en plus de celui sur "Le handicap invisible des femmes Asperger".
Rien que l'éditorial, intitulé "L'attachement, avec détachement" est parlant quant à la complexité de la "théorie de l'attachement".

Je cite une partie de l'éditorial :
"Si je suis aimé à l'aurore de ma vie, alors que je construis tous mes points de repère, que je découvre mes émotions, que j'explore les merveilles et les dangers du monde, alors je me sens en confiance, sûr de moi, je suis bien équipé pour cheminer vers l'inconnu. L'amour est comme une arme et une bénédiction."
Cet extrait parle de la théorie de l'attachement, cette théorie qui voudrait, entre autre, que notre capacité à aimer les autres dépende de l'amour qu'on a reçu dans la petite enfance... sauf que :
"Elle suggère encore trop souvent, en creux, que tout repose sur la mère".
Justement, pendant longtemps on a fait "porter le chapeau" des diverses formes d'autisme aux mères.

Je pense que l'amour maternel que j'ai reçu lors de ma petite enfance était "normal", ainsi que celui de mon père, de ma sœur, de mes grands parents etc.
C'est autre chose qui a "déconné".

Pourtant je présente malgré tout ce qui ressemble fort à des "troubles de l'attachement".

Je ne sais pas aimer.

Pire, je suis terrorisée par la palette incroyable de sentiments que l'amour génère en moi.

L'Amour n'est pas une chose rassurante pour moi, ce n'est qu'une succession de coups de tonnerre, une tempête, un ouragan constitué de choses extrêmement violentes que je ne comprends pas et que je subi en m'efforçant de me dire que ça va passer, que ça va aller mieux, que ça va s'améliorer.
Mais c'est de pire en pire et ça me fait de plus en plus mal.
L'amour n'est pas douceur et caresse pour moi.
C'est douleur et violence.

Je me disais encore hier que je n'ai ni la volonté ni la persévérance de continuer à essayer d'arranger les choses dans une relation qui est extérieure à ma cellule familiale.
Sauf que j'ai vraiment cette volonté, et la persévérance, aussi.

Sans sentiment amoureux, ma vie serait plus simple.
Mes relations amicales et autres seraient plus simples.


Mais ma vie serait vide, aussi.

Je préfère l'amitié à l'amour.
C'est moins dangereux.

Parfois, l'idée de ne plus jamais avoir de "vie de couple" m'est extrêmement rassurante...

La vie de couple me semble être une cage étroite pour mon âme.

Jusqu'ici, je ne me suis jamais totalement épanouie, en "couple".
Après plusieurs tentatives infructueuses, une partie de moi aimerait se convaincre que la vie de couple ne me convient pas. Mais mon cœur me tire dans une autre direction.

Lors d'une relation "amoureuse", en couple, je deviens obsédée par l'autre, ses attentes, ses besoins, ses soucis, et je me met à nier mes attentes, mes besoins, mes soucis...

J'aimerais avant tout que nous soyons amis.

Trouver un ou une ami(e) qui ne va pas me juger, qui va rester à mes cotés, même en cas de désaccord, qui va être à l'écoute et à l'écoute de qui je suis, qui va  me soutenir en cas de coup dur,  moralement, quelqu'un qui va m'encourager quand je réussi, quelqu'un qui ne va pas rapporter à lui ou à ses expériences ce que je vis, mais se montrer attentif, même si ce n'est que de loin en loin... quelqu'un pour qui je vais agir de même... C'est cela, l'amitié.
C'est tellement plus que l'amour seul, cet attachement affectif et physique.
L'idéal serait de partager un attachement affectif, physique et amical avec quelqu'un. Sans préjugés, sans jugements, sans toutes ces choses qui parasitent les relations...

L'amitié.
Cela, c'est vraiment rare et précieux.
Si rare que je n'ai jamais rencontré personne qui puisse être mon ami.
Sauf lui.

Je n'avais que ma sœur. Mes parents.
Mais on ne peut pas tout partager avec les personnes qui appartiennent aussi étroitement au cercle familial.

L'amitié... c'est pour moi un sentiment d'affection puissant entre deux personnes.
Un attachement et une sympathie qu'une personne témoigne à une autre
, en lui montrant bienveillance, gentillesse, chaleur, et ce dans les relations sociales, privées ou publiques... Un ou une amie, c'est cette personne qui sait soutenir sans forcément donner des conseils, qui s'intéresse à l'autre pour ses qualités intrinsèques, même quand elle ne partage pas les mêmes opinions.
Ce sentiment si fort et si inexplicable en même temps.

Ma sœur a de nombreux copains et une seule véritable amie.

...

Pour en revenir à l'amour et à la vie de couple...
Avant de vivre avec l'homme qui est devenu mon mari, je ne m'étais jamais imaginé vivre en couple.
Même pendant nos années de vie commune, je continuais à me dire que nous définir, lui et moi comme un "couple", ça n'avait aucun sens.

Je n'avais pas d'objectif de vie avec lui, et j'ai toujours su que tôt ou tard, il faudrait tomber le masque.
Toutefois, avec la maladie, les choses se sont complexifiées. Aujourd'hui, même s'il m'est difficile d'aller le voir, car je souffre beaucoup de le voir souffrir, il est hors de question pour moi de divorcer. L'attachement que j'ai pour lui est devenu extrêmement complexe et stable.

...

Se sentir aimé est censé être quelque chose de fort et de positif.
En ce qui me concerne, j'ai avant tout besoin d'être encouragée à agir, à avancer dans la vie, en sentant qu'on m'encourage.
Ou tout du moins qu'on ne me désapprouve pas ni qu'on me considère avec persévérance comme une personne fragile.


Le premier de mes besoins, c'est de m'écouter et de ne pas m'imposer à moi même des souffrances que je peux m'épargner. Mais aussi de tenir bon pour avancer, au lieu de m'enfuir, toujours.




lundi 4 juillet 2016

En plein syndrome d'arrêt du Déroxat, youhou!!!

Ceci est un billet mi figue mi raisin...

Je suis en fin de sevrage du Déroxat (Paroxétine, en générique), après une diminution très lente, un passage à 10 mg, puis 10 mg un matin sur deux, et enfin, rien.

Ben j'ai le désagréable honneur de vous dire que je vis actuellement ce qu'on appelle un syndrome d'arrêt des inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS, pour les intimes).

Et c'est pas joli joli.

Mercredi dernier, comme j'avais des symptômes de "réapparition de la dépression", ma psychiatre a envisagé de ré-augmenter le dosage de mon traitement.

J'ai bien fait de refuser.

Après plusieurs jours de léthargie, avec des cauchemars hyper réalistes et flippant, des suées nocturnes et des démangeaisons, des engourdissement de la bouche et de divers membres, etc, j'ai fini par aller demander à Google ce qui m'arrivait.

Après avoir flippé un peu sur un éventuel lymphome (sueurs nocturnes et démangeaisons), j'ai fini par chercher "sevrage Deroxat" (je précise que ce lundi, ici, c'est "santé morte", donc pas de médecin généraliste...)..

Je n'ai pas été déçue des résultats de mes recherches.

Wikipédia expose le problème du syndrome d'arrêt des antidépresseurs en long, en large et en travers.
Par ailleurs, j'ai découvert que de nombreuses pétitions à travers le monde demandent le retrait du marché du Deroxat, précisément en raison de l'intensité du syndrome d'arrêt qu'il provoque, ainsi que de sa durée potentielle (plusieurs mois chez certains patients!!!).

La bonne nouvelle, c'est que d'un état d'abattement profond, je suis passée à un état d'euphorie impressionnant.
Gnarf!
Le syndrome d'arrêt des antidépresseurs désigne l'ensemble des symptômes qui peuvent apparaître à la suite de l'arrêt brutal, ou une réduction marquée d'un traitement antidépresseur, qui a été pris pendant au moins 4 semaines. Le syndrome d'arrêt des antidépresseurs dépend des propriétés pharmacologiques des molécules sans lien direct avec leurs effets sur la dépression.
De telles réactions sont rapportées avec les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), notamment avec la paroxétine (Deroxat). Les symptômes les plus fréquents sont: vertiges, nausées, léthargie et céphalées. Anxiété, paresthésies, lipothymies, troubles de l'équilibre, tremblements, sudation, insomnie, agressivité, courbatures, confusion, cauchemars, troubles de la concentration.
De tous les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS), la paroxétine est celui entraînant le plus d'effets de sevrage.

En 2002 la FDA a publié une alerte produit concernant la paroxétine, au regard des symptômes sévères de sevrage que l'arrêt du traitement peut provoquer chez certains patients.
Le syndrome d'arrêt peut se produire plusieurs semaines après l'arrêt du traitement et le syndrome d'arrêt peut persister jusqu'à 2 mois après l'arrêt d'un traitement antidépresseur...
Le syndrome prolongé de sevrage concernant les antidépresseurs, est l'expérience des symptômes de discontinuation longtemps après l'arrêt du traitement(plusieurs mois, voir années). La paroxétine semble être particulièrement difficile à arrêter et un syndrome prolongé de sevrage durant plus de 18 mois a été rapporté avec la paroxétine.

Ben heureusement qu'on a commencé le sevrage il y a 6 mois...

Pour moi, le Deroxat, c'est un peu ce smiley... Un taré dangereux !!!


samedi 2 juillet 2016

Monsieur Mouche

 
Je vous présente officiellement MrMouche.
Je l'apprivoise depuis des mois, et hop! le 1er juillet, histoire de marquer le coup, il s'est installé dans ma chambre !

Pour l'heure, il est installé sur une chaise de la cuisine.


Être entendue.

Entendre : verbe transitif.

Du latin intendere, signifiant "diriger son attention".

Divers sens possibles :

  • Percevoir par l'ouïe.
  • Percevoir par l'ouïe les bruits, les sons produits par quelque chose ou quelqu'un, les paroles, la musique, le chant, produits par quelqu'un. 
  • Se rendre compte de quelque chose en le percevant par l'ouïe.
  • Écouter volontairement quelqu'un, quelque chose.
  • Écouter ce que quelqu'un a à dire, y prêter attention.
  • Comprendre le souhait de quelqu'un, accéder à sa demande.
  • Donner telle ou telle interprétation de quelque chose, le comprendre d'une certaine manière.
  • Comprendre, saisir le sens des paroles, des écrits de quelqu'un.
  • Vouloir quelque chose, avoir l'intention bien arrêtée de...

 
Être entendue, alors, qu'est ce que ça veux dire, pour moi ?
 
Être écoutée et comprise. En tant que personne. Avec mes imposantes difficultés dans la vie.