vendredi 23 septembre 2016

Clinique, le retour

Ouais, y'a des titres plus détonants que d'autres.
Retour à la case "clinique de santé mentale", donc.
Le précédent épisode datait du 10 mars 2015.

Bizarrement, hier, après 10 jours passés ici (je suis rentrée le 14 septembre), je commençais à me dire "mais qu'est ce que je fais là, en vrai?"

Cette après midi, après avoir passé deux heures recroquevillée dans mon lit, à me les geler grave en pyjama polaire, et à avoir mal dans tous les membres comme si on me broyait les os de l'intérieur, je ne me posais plus du tout la même question.

Je suis ici parce que le 18 aout ma sœur a déménagé à Bourges, que le 19 aout j'ai mis fin à une relation qui me faisais me sentir de plus en plus fragile, et que le 20 aout, mon mari est décédé.

Je suis là surtout parce que le 11 septembre au soir, j'ai sérieusement songé à avaler un flacon entier de Théralène (Aliménazine, pour les intimes, un médicament puissamment sédatif) et me mettre un sac sur la tête, histoire que les tempêtes qui ravagent mon esprit s'arrêtent une bonne fois pour toute... 

Mais finalement, l'idée d'avoir envisagé une telle absurdité m'a fait comprendre que j'avais vraiment besoin d'aide.

J'éprouve actuellement un immense vide et une peur de l'inconnu qui s'apparente à de la terreur.
Des tas de choses qui se sont passées ces trente dernières années se réveillent et je me les prend en plein dans la face. Ce qui n'a rien d'agréable, je vous assure.

Une chose est sûre et certaine :

Maintenant

Je veux être actrice de ma vie
Je ne veux plus me laisser paralyser par mes peurs
La peur ne doit pas sidérer
La peur doit faire avancer, progresser et s'améliorer

 

mercredi 7 septembre 2016

Hypersensibilité et hyposensibilité...

Comme vous l'avez forcément remarqué, je me sens très largement interpellée par les troubles envahissants du développement (TED), ces derniers mois. En particulier les TED à haut niveau de fonctionnement, comme le syndrome d'Asperger.

Les TED (ou TSA, pour troubles du spectre autistique) ne sont pas une maladie, mais résultent d’altérations dans les modes de perception et de traitement de l’information dans le cerveau, qui entraînent des déficits plus ou moins sévères et envahissants du développement.


Ces altérations se situent principalement dans les sphères de la communication verbale et non verbale (émise et perçue), des interactions sociales et des comportements (avec des intérêts restreints, entre autres).

Les personnes porteuses de TSA présentent pratiquement toujours des stéréotypies. Il s'agit là avant tout d'une recherche de sensation agréable pour la personne ayant des troubles autistiques.

La personne se fait du bien, elle sait ce dont elle a besoin et prend soin d’elle.
La stéréotypie a son utilité pour se détendre et aider à la concentration.
Elle est également un indicateur des besoins sensoriels, du vécu de la personne.

Certaines personnes touchées par un TSA souffrent d'hypersensibilité, d'autres d'hyposensibilité et certaines encore cumulent ces deux caractéristiques, soit conjointement, soit par périodes.

Une personne hypersensible réagira de manière excessive à des stimuli sensoriels "ordinaires", car elle reçoit toutes les informations de manière intensive, ce qui provoque des effets aversifs de protection (mains sur les oreilles, cris, fuite, rejet des vêtements...).

Une personne hyposensible réagira peu ou pas du tout à certains stimuli, ce qui aura pour conséquence une recherche des stimulus afin de pouvoir arriver à "ressentir" l'information sensorielle.

L'hypersensibilité  comme l'hyposensibilité peuvent toucher différents sens.

Il est possible qu'elles s'alternent, sur un seul ou sur plusieurs sens.
Elles peuvent aussi concerner tous les sens et varier d'une personne à l'autre.

Mon sens du toucher peut relever à la fois de l'hyper et de l'hyposensibilité. Actuellement je suis plutôt dans une phase hyposensible, et j'ai besoin de stimuli forts pour ressentir quelque chose. Cela peut être très éprouvant au quotidien.

Je suis généralement hyposensible en matière de proprioception. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles j'aime beaucoup le sport, la natation (car l'eau me fait profondément ressentir mon corps), les étirements et le fait de savoir "bander" certains de mes muscles en isométrique.

Je suis principalement hypersensible au niveau de la vue (lunettes de soleil indice 4 à longueur d'année, conduite de nuit très pénible en raison des contrastes de lumières, et véritable douleur "visuelle" en cas d'exposition à trop de lumière vive).

Je suis également plutôt hypersensible aux sons. Toutefois j'ai le sentiment que je peux "gérer" plutôt bien le bruit... même si une ambiance très sonore me fatigue, et ce a fortiori lorsqu'elle es porteuse de messages (conversations). Lorsque je suis attelée à une tâche, comme passer des examens, les bruits ambiants me paraissent intolérables et me paralysent l'esprit pendant de longues secondes (le tic-tic d'un stylo, les feuilles qu'on tourne autour de moi, le "ding-ding" des bracelets de la fille au dernier rang...)...

Au niveau de l'odorat et du gout, je suis plutôt hyposensible, ce qui m'a poussé pendant une grande partie de ma vie à expérimenter tout un tas de saveurs pour chercher des sensations (j'aime les fromages qui "puent", les légumes genre panais ou céleri, les saveurs piquantes comme celle du gingembre...). Malheureusement pour mon tour de taille, il se trouve que le gras est un vecteur de sapidité (ce qui est gras "véhicule" davantage les molécules responsables de l'expression des saveurs).

Le tableau suivant présente quelques exemples, dont j'ai rayé ceux qui ne me correspondent pas.

Source : http://www.ted-caetera.fr 

SENS HYPERSENSIBLE HYPOSENSIBLE
vue Ne supporter aucune lumière vive Être très attiré par les objets brillants
ouïe Se couvrir les oreilles quand les gens parlent 
entre eux
Aimer le bruit des sirènes
toucher Ne pas aimer être touché Être ou paraître insensible à la douleur
odorat Ne pas vouloir manger un aliment parce que l'odeur est ressentie comme insupportable Aimer les odeurs fortes et désagréables
goût Sélectionner la nourriture Ingurgiter des choses non comestibles ou au goût très prononcé
sens de l'équilibre Assis en hauteur, être angoissé de ne pas sentir ses pieds toucher le sol Tournoyer longtemps sans être pris de vertige
proprioception  Adopter des postures corporelles étranges Ne pas être conscient de certains signes corporels comme la soif

Potentiel intellectuel...

Voici des mots dans lesquels je me retrouve étrangement...

Est ce que j'étais une enfant HPI (Haut Potentiel Intellectuel)?
Certaines personnes pensent que "oui"...
Plusieurs des personnes que j'ai rencontré au cours de ces 20 dernières années ont en effet déjà émit cette hypothèse.
Dans ce cas, serais-je une personne HP-C (Haut Potentiel Complexe)?
Au regard de la présentation suivante... cela m'apparaît possible.
Toutefois, sans mesures fiables, aucun moyen de le savoir en vérité...

Il est à noter que les profils HPI ne sont pas incompatibles avec les Troubles du Spectre Autistique.
Pas d'exclusion, mais pas d'inclusion automatique non plus...

J'ai surligné en violet les passages qui font profondément écho en moi...

"HP- Profil Complexe

Cognition

L’enfant à HP- Profil Complexe (HP-C) a besoin d’apprendre, mais surtout de comprendre ce qu’il apprend et pourquoi il l’apprend. Ce besoin de stimulations quasi permanent lui confère une grande curiosité concernant le monde qui l’entoure.

Le processus d’adaptation repose ainsi principalement sur un filtrage des stimulations au travers de son intelligence, et plus particulièrement de ses capacités (défensives) de rationalisation.

La pensée, probablement par adaptation à ce « picorement cognitif », apparaît rapide, fulgurante, associative et intuitive. Il s’agit d’une pensée profondément divergente, où une image en appelle une autre, un mot en fait surgir un autre, pour arriver de fil en aiguille à l’Eureka.

C’est pourquoi tant d’enfants et d’adultes à profil Complexe relatent ce « cerveau qui tourne en permanence », comme si la réflexion était une addiction. Ainsi, l’enfant à HP-C convoite cette drogue ; mais elle l’épuise parfois.

L’univers interne se montre ainsi très riche et imagé, et l’enfant éprouve un grand besoin de prendre régulièrement du temps pour laisser vagabonder sa pensée fantasmatique débordante.

Un autre avantage conféré par ce profil HP-C réside dans la créativité qu’il induit (Gibello, 2003). En effet, le mode cérébral analogique repose sur des associations symboliques et sur une forte charge émotionnelle, terreaux essentiels à la capacité de création.

En revanche, on notera une difficulté dans le raisonnement analytique et dans les capacités d’approfondissement. Cette difficulté est liée à la fois à la préférence cérébrale analogique au détriment d’un fonctionnement digital, et à l’instabilité inhérente à tout processus émotionnel.

Par ailleurs, le mécanisme préférentiel de pensée analogique met l’enfant à profil Complexe aux prises avec une difficulté de planification et d’anticipation. Ce phénomène s’explique probablement par le caractère non chronologique de la pensée en arborescence par opposition au processus de planification.

L’expression psychomotrice se montre ainsi très irrégulière, ponctuée à la fois de « coups de génie corporel » et de « pieds pris dans le tapis ».

Enfin, la vulnérabilité attentionnelle, psychomotrice, et émotionnelle dont souffre souvent cet enfant se montre en décalage avec certaines de ses aptitudes cognitives. Cette dyssynchronie se traduit d’ailleurs par une plus forte hétérogénéité des résultats aux échelles de Wechsler (Terrassier, 2005). 

 Comportement

Le comportement de l’enfant à HP-C correspond généralement à son fonctionnement cognitif : il est assez inégal.

En premier lieu, on observe un enfant à la personnalité atypique, cultivant la différence, sans forcément le vouloir. Que cette différence s’exprime sous une forme introvertie ou extravertie, cet enfant ne passe jamais inaperçu. Il bénéficie et pâtit à la fois d’une présence particulière, connotée positivement ou non.

L’enfant au profil Complexe est animé par une sensibilité « à fleur de peau », qui lui confère souvent un humour cinglant, ayant probablement une fonction sublimatoire.

On le qualifie ainsi fréquemment d’ « incontrôlable », « caractériel », « mal élevé », surtout quand il se trouve dans un contexte où certaines règles sont incontournables : système scolaire, jeu, compétition, vie en société (Terrassier, 2005)… Car cet enfant supporte assez mal l’aspect rigide et froid d’une règle, qui, pour être en mesure de s’adapter à la majorité, s’avère forcément grossière et sans pertinence dans certains cas… ce qu’il ne manque pas de pointer !

Sa différence mal assumée, souvent déniée, et sa sensibilité exacerbée l’emprisonnent ainsi dans des écueils relationnels, et parfois dans une tour de solitude. Qu’il se présente comme un chef de file ou comme un marginal, son attitude au sein du groupe ne souffre pas la demie mesure, de sorte qu’il fait rarement l’unanimité en société…

Consciemment ou non, il peut aisément se mettre en position difficile par la provocation, incapable d’adopter une position politiquement correcte, de sécurité ou d’économie (physique, psychique, relationnelle). Il engendre ainsi, sans le vouloir, désapprobation et rejet, ce qui le fait profondément souffrir.

Pourtant, il s’agit la plupart du temps d’un enfant généreux et attachant. De surcroît, il est en capacité de communier avec l’émotion de son interlocuteur, d’être en sympathie pour l’autre. Mais s’il est apte à « fusionner » émotionnellement, il rencontre une réelle difficulté à faire preuve de suffisamment de flexibilité mentale pour se mettre à la place de l’autre sur un plan affectif tout en gardant une certaine distance. En d’autres termes, il s’agit d’un enfant pourvu de sympathie, mais assez dénué d’empathie.
En outre, l’inconstance des émotions qui le transportent peut l’amener parfois à se montrer agressif envers autrui (Marcelli & Braconnier, 2007). Son côté imprévisible dans la relation semble dès lors trop effrayant pour son entourage, qui, bien que fasciné par lui, a tendance à le tenir à distance pour se protéger de ses ardeurs.

Le parcours scolaire apparaîtra comme hautement dépendant de la relation à l’enseignant. S’il parvient à se nouer une relation qui dépasse les tentatives régulières de cet enfant de questionner les limites posées, et qu’il se crée un lien émotionnel entre l’enseignant et lui, alors l’enfant à HP-C sera en mesure d’exprimer son potentiel. Si, en revanche, la relation qui s’installe est basée sur un rapport frontal dont l’objectif principal est d’amener cet enfant à s’adapter au système coûte que coûte, alors les conséquences au niveau des performances scolaires et du comportement peuvent devenir désastreuses.

D’aucun décriront ainsi l’enfant à HP-C comme manipulateur. Sa compréhension fine des processus émotionnels, bien que mal gérés, et son besoin de maintenir un contact affectif constant comme lien entre lui et son environnement sont pour beaucoup dans cette interprétation.

En réalité, la plupart des enfants à profil Complexe sont en souffrance : Le monde qui les entoure leur est étranger et menaçant, de sorte qu’ils sont contraints de développer des capacités cognitives et une sensibilité extrêmes pour se l’approprier, au prix d’une dépense attentionnelle considérable.

Par ailleurs, la différence de temporalité et de spécificités entre sa réalité interne et la réalité externe plonge souvent cet enfant dans un sentiment de frustration intense, qu’il a bien du mal à maîtriser. Il ne supporte pas de ne pas réussir immédiatement une tâche, et préfère l’abandonner ou ne pas s’y engager pour ne pas avoir à faire face à une angoisse d’échec. Il éprouve aussi la plus grande difficulté à faire preuve de patience ou à ne pas voir son désir assouvi.

En résumé, l’enfant à Haut Potentiel Intellectuel, profil Complexe, bénéficie d’une pensée hors normes, d’une grande créativité et d’une capacité d’attachement considérable. Cependant son inconstance dans l’effort et les irrégularités dans ses capacités cognitives, psychomotrices et relationnelles font de lui un enfant souvent fragile, isolé et en souffrance qu’il convient d’accompagner pour valoriser son potentiel et minimiser ses handicaps."

Source : Centre Psyrene.
http://www.centre-psyrene.fr/

vendredi 2 septembre 2016

Triste et perdue

Je suis triste et perdue, en ce moment.
J'ai toujours été triste et perdue, dans ma vie. Des fois un peu moins qu'à d'autres moments, mais j'ai quand même l'impression que c'est ce sentiment qui prend le plus de place.

Je ne sais pas qui je suis, pourquoi je suis là, ce que je dois faire, ni où je vais...
Je me suis efforcée d'avancer, depuis toujours, parce que je ne sais pas quoi faire d'autre.
Mais ça fait si mal depuis tellement de temps...

Je ne parle pas de la mort de mon mari, même si ça n'aide bien entendu pas.

Je suis perdue depuis des années. Depuis avant Alain.
En fait, j'évolue depuis toujours dans une sorte de brouillard qui n'a aucun sens.

J'ai 34 ans et j'ai l'impression que je ne serais jamais capable de faire quelque chose de bien de ma vie.
J'ai tellement peu de ne pas "y arriver". J'ai tellement peur de tellement de choses.

Je suis en colère, parce que j'avais l'espoir qu'avec la fin de la maladie d'Alain, avec son décès, je pourrais avancer. Je sais que c'est encore tout récent... mais j'ai l'impression inverse : celle d'être désormais prise au piège dans une mare de bitume en cours de solidification.
Je panique totalement.
J'ai l'impression que je ne pourrais en réalité plus "avancer" dans ma vie avant de longs mois, plus prisonnière que jamais de cette relation.

Aujourd'hui je me suis demandé de drôles de choses...
Je me suis demandé si je n'allais pas retourner vivre à notre appartement, que j'avais quitté parce que la cohabitation avec la maladie d'Alain était devenue insupportable.

Je vis depuis de si longs mois chez les autres, chez mes parents.
Jamais je ne me suis sentie "chez moi", dans cette maison... mais je ne sais plus si je suis chez moi dans notre appartement.

J'ai envie de tout ranger, là bas, de faire le vide, d'arracher l'affreux revêtement de sol du "bureau", de bouger les meubles, de tout réorganiser... j'ai envie d'y ramener le plus gros de mes affaires, de retourner vivre là bas, de rentrer à la maison.

Mais je suis effrayée à cette idée... J'ai peur qu'on me le reproche d'une manière ou d'une autre, alors que je suis pourtant bien chez moi, là bas! J'ai peur qu'on me reproche que c'est trop tôt. Je me dis que l'appartement est en mauvais état, qu'il y a plein de travaux à faire là bas...

Malgré la rénovation des extérieurs, il fait chaud dans cet appartement... la cuisine ne ressemble à rien, non plus que la salle d'eau, dont le bac de douche serait à changer (j'aimerais avoir une baignoire, tant qu'à faire)... l'isolation phonique est désastreuse... mais là où je vis actuellement j'entends la rue, les bus, les voisins...

Je me suis demandé si cet appartement avait vraiment un sens pour moi. Mon opinion sur la question fluctue beaucoup. Parfois je me dis que nous aurions mieux fait de louer quelque chose, au lieu d'acheter... À d'autres moments je me dis que j'ai envie de retrouver un vrai "chez moi", à d'autre je songe à tout faire refaire à neuf et ensuite... acheter autre chose, ailleurs... Ou que je resterais...
Et puis il y a des moments où je ne me dis rien du tout, j'ai juste envie de fuir.

Je suis en colère à cause des histoires de succession.

Alain a toujours voulu que j'ai de l'argent "à moi" et voilà qu'on me dit que mes comptes à la banque sont dans la communauté de bien et que même l'argent que j'ai mis moi-même de coté, en fait, il n'est pas "à moi", mais dans la communauté, et qu'en conséquence, il entrera dans la succession.

Si j'avais su, jamais je n'aurais accepté la suggestion de mon mari de faire transférer mes comptes de ma banque vers la sienne. Et surement pas mon Livret A.

La communauté réduite aux acquêts. Un truc qui ne veut rien dire, finalement, si un compte qui est à mon nom propre est en fait dans la communauté.

Des choses auxquelles je n'ai pas prêté attention pendant mes cours à la fac, trop obsédée par l'angoisse des partiels, terrorisée par les commentaires d'arrêts de tous poils, la jurisprudence et tout ce genre de choses...
Je me sens nulle.

Quatre années d'étude pour un diplôme que je ne sais même pas réclamer, qui n'a aucune valeur qualifiante et qui ne m'aide en rien à affronter la vie.

Je suis en colère et je suis triste.

Je me sens incapable de vivre.
Je ne vois pas ce que je fais là.

Je ne peux même pas aimer quelqu'un sans perdre complètement la boule, sans me sacrifier, m'effacer pour essayer d'être la personne que je crois que l'autre veut que je sois. J'ai toujours été comme ça, aussi loin que je me souvienne. Mais bien sûr, ça occasionne de l'angoisse et de la frustration, parce que personne ne peut vivre comme ça, en s'oubliant lui même...

J'ai aimé Alain comme ça. J'ai sacrifié beaucoup de choses, y compris des choses stupides, comme le fait de ne plus faire de vélo, parce qu'il n'aimait pas ça, parce qu'il n'aimait pas que j'en fasse, parce qu'il était tellement inquiet pour moi qu'il m'empêchait d'en faire...
J'ai passé mon enfance, mon adolescence et une partie de ma vie de jeune adulte sur une bicyclette.

C'est un  détail. Il y a eut tellement de détails.
Seulement, une montagne de détails, ça fait quand même une montagne.

Qui je suis, si je ne peux pas aimer et que je n'arrive pas à avoir une vie, que je ne sais même pas ce que je voudrais dans la vie ?

Je me sens tellement vide.
Vide de sens.

Je commence à comprendre les rapports que j’entretiens avec le monde, la société, les autres êtres humains, mais je ne sais toujours pas qui je suis, ce que je pourrais être ou devenir, quel type d'avenir s'offre à moi, l'intérêt qu'il peut représenter.

Je veux vivre, ça je l'ai déjà.
Je sais que j'ai des tas de passions, mais j'ai du mal à donner une priorité claire à l'une ou l'autre.

L'école me manque, même si je détestais ça...
Le coté institutionnel, qui fait qu'on fait tel truc le lundi, tel truc le mardi, etc. C'est ça qui me manque. Que ma vie soit régie par des rythmes qui m'impulsent.
La clinique me manque.
Le monastère, peut être, même...
Mais je sais très bien que je ne suis pas faite pour ce genre de vie là.

J'ai besoin de plus de choses dans ma vie, mais je ne sais pas lesquelles...

Je suis terrorisée par ma vie actuelle parce qu'elle n'a pas ce sens donné par des choses qui me sont extérieures.

J'arrive à retrouver un certain entrain avec la salle de sport, mais de manière très minime.
En même temps je suis terrorisée par l'idée de devoir faire des choses de manière régulière.

Je suis actuellement dans un état tel que je serais incapable de retravailler comme je l'ai fais, que ce soit en intérim ou dans le secteur de l'aide aux personnes.
Quoique quelques services rendus ces derniers mois me font dire que je serais peut être une bonne coursière ou livreuse...?

La plupart des autres activités qui me viennent à l'esprit me semblent tout de même inenvisageables...
Je me sens simplement "bonne à rien". Incapable de travailler en équipe, fort peu capable d'interagir avec d'autres personnes, de "m'imposer", ayant besoin de consignes écrites pour être efficace, ainsi que de comprendre parfaitement les tenant et aboutissants de ma tâche (et si elle me semble dépourvue de sens, ou incompatible avec la "bonne santé générale", j'aurais du mal à la faire correctement).

À partir de là, je ne vois pas ce que je pourrais bien faire de ma vie.

Je me sens fatiguée et malade.
Malade de ne pas comprendre, de ne pas savoir, de ne pas "y arriver".

J'ai envie de changement.
Mais je ne sais pas comment l'impulser.

En rentrant chez moi ?
Est-ce bien "chez moi" ?
Ce "chez moi" me semble bien loin du centre de mes intérêts actuels, c'est à dire de ma salle de sport... et pourtant c'est tout près ! Quelques minutes en voiture ou en vélo (mais dur dur, la remontée, à vélo...).
C'est chez moi, après tout...

On dit parfois "Un petit chez soi  vaut mieux qu'un grand chez les autres".
Je commence à ressentir profondément le sens de ces mots... même si mon chez moi me semble un peu étranger... Il est entouré de choses qui m'apparaissent aujourd'hui hostiles, comme tous les lycéens qui vont et qui viennent, les voisins de paliers et d'immeuble, la circulation dense, le parking pas privatif...

Je crève de trouille, décidément.
Vraiment très triste et perdue.

Je voudrais une petit chez moi qui soit vraiment seulement à moi... ailleurs.


jeudi 1 septembre 2016

"La différence invisible", roman graphique sur le syndrome d'Asperger.

https://www.amazon.fr/Diff%C3%A9rence-invisible-Julie-Dachez/dp/2756072672/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1472743003&sr=1-1&keywords=la+diff%C3%A9rence+invisible

Sortit hier, reçu aujourd'hui (je ne suis pas assez en forme en ce moment pour aller à la librairie).

Lu cette après midi.

Pleuré presque tout du long.

Je ne ressemble pas tant que ça à Marguerite... et en même temps je lui ressemble tellement !
Nous n'avons pas forcément les mêmes difficultés dans la vie, ni les mêmes intérêts restreints, mais je me retrouve malgré tout énormément dans ce très, très bel ouvrage, que je recommande profondément à toute personne intéressée par le syndrome d'Asperger et par les autres formes de "troubles du spectre autistique".

Et un très, très, très, grand merci à Julie Dachez.

"Aspie quizz"

Hey hey...
Il est tard, je ne dors pas, alors pourquoi ne pas se faire un petit test, comme ça, tranquillou ?
Je ne suis pas trop portée sur les tests des magazines féminins genre Cosmo, Elle ou Psychologies, ceci dit.

Je me concentre plus sur des trucs qui ont un véritable intérêt...
Ceci dit, celui-ci, ça fait quand même plusieurs fois que je le fais, je répond avec la plus grande sincérité, et je me retrouve avec le même résultat que la première fois, à 3 ou 4 points près...

"The" Aspie Quizz...
Le test en ligne qui est sensé indiquer si on a des raisons de se sentir un peu autiste, ou pas...

"Le but de ce test est de donner une indication fiable du spectre de l'autisme chez les adultes.
Vous pouvez choisir de participer à notre évaluation des modifications de résultats au fil du temps et nous aider à calibrer le test (vous devez vous identifier avec un nom d'utilisateur valide ou enregistrer un nouveau nom d'utilisateur pour cela) ou d’aller directement au test simplifié.
Les statistiques et résultats sont sauvegardés dans une base de données. Les statistiques peuvent être publiées, comme la recherche de données ou de contrôle permettant d'étalonner le test. Nous ne sauvegardons pas les adresses IP ou autres informations personnelles.
"

Tentés?

En ce qui me concerne, le résultat obtenu est invariablement "Vous êtes très probablement Asperger".
Je n'ai jamais dépassé le score de 40/200 en "neurotypique" et je ne suis jamais descendue en dessous de 170/200 en "traits Asperger".
Pourtant j'ai essayé de biaiser, mais sans essayer de mentir non plus...

Il est clairement affiché sur le site que ce test n'a pour but que de donner une indication fiable...
Et au regard de toutes les informations que j'ai consulté au cours des cinq derniers mois, j'estime que ce but est atteint.

Voici le diagramme que j'obtiens généralement :

    
J'obtiens généralement un score "intéressant" en relationnel, mais c'est à relativiser au regard de mes capacités sociales, en communication et en perception...

Les résultats sont expliqués sous la forme d'un document PDF, que je ne vous soumettrais pas...

Dans les questions, il y en a quand même quelques unes qui me frappent et me marquent profondément...

"Avez vous des difficultés à lire les heures?"
Oui, absolument. Je déteste les cadrans, qui me demandent un très gros effort intellectuel, c'est la raison pour laquelle je préfère les affichages numériques à 24h. Qui plus est je déteste le bruit des aiguilles et autres trotteuses de réveils, pendules et autres...

"Avez-vous une bonne perception de la quantité de pression nécessaire à appliquer lorsque vous faites des activités manuelles ?"... Ben non. C'est pour ça que je ne peux pas écrire durablement avec un stylo bille (je les casse) et que j'ai besoin d'un stylo plume de très bonne qualité (je risquerais de le casser aussi). D'autres disciplines que l'écriture me posent problème, mais celui-ci est vraiment un soucis.

"Pensez-vous qu'il est difficile de dire l'âge des gens ?". Indéniablement. Je suis une quiche en la matière. J'ai toujours été comme ça. Je ne sais pas non plus vraiment "lire" les émotions, sauf quand elles sont "extrêmes"... et encore : la plupart du temps je me trompe ("Êtes vous bon dans la l'interprétation de l'expression des visages?").

"Avez-vous des difficultés à juger les distances, la hauteur, la profondeur ou la vitesse ?". Oh que oui! Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'ai pas le "compas dans l’œil"... bien que je puisse tracer des droites sans règle et dessiner des cercles parfois aussi bien que si j'avais un compas... Mais les évaluations visuelles ne sont pas mon point fort et me jouent souvent des tours.

Je pourrais continuer longtemps comme ça...

Je me suis toujours balancée, et quand je voyais des autistes (réels ou joués) à la télévision, ça m'a toujours interpellée.... à une époque j'arrivais à maîtriser cet aspect de mon expression anxieuse, mais depuis trois ou quatre ans, ça revient en force...
Je joue avec mes doigts, ils virevoltent quand je suis anxieuse...
J'ai souvent besoin d'avoir un objet dans les mains pour me sentir à l'aise...
Quand j'étais plus jeune, j'adorais tournoyer, et rebondir, aussi.
Je suis "excessivement" sensible aux lumières vives, aux sons, aux odeurs, à certaines textures...
J'ai souvent le sentiment que les gens me comprennent mal, et j'accumule des souvenirs blessants en la matière, qui remontent pour certains à plusieurs années dans le passé, mais qui pourraient s'être produits hier... et en même temps j'ai souvent du mal à comprendre pourquoi les gens sont contrariés et pourquoi ils sont agressifs avec moi. J'aime comprendre les réactions des gens et qu'ils m'expliquent les motifs de leur mécontentement. C'est très pénible de ne pas comprendre ce qu'on me reproche.
Je trouve parfois très difficile d'être émotionnellement proche d'une personne. Cela me perturbe et je fais n'importe quoi. C'est très pénible à vivre. Je ne sais toujours pas comment je suis sensée agir et je n'aime pas ça.

Globalement, toutes les questions m'interpellent, sauf celle concernant l'apparence (qui n'est pas ma priorité : je suis en surpoids et ce n'est pas tant mon apparence qui me dérange, que l'inconfort et les risques potentiels sur ma santé... dans une certaine mesure, mon sentiment de perte de contrôle m'est très pénible et je suis attristée de ne plus être telle que "je me vois"), et celle sur les voyages, car je ne sais pas comment répondre à une question "virtuelle", car je considère que les voyages que j'ai fais ne sont pas représentatifs de ma notion personnelle du "voyage" (et pourtant je suis allée en Europe en camping-car avec mes parents, en Irlande en séjour linguistique, en Autriche en voyage scolaire, en Chine avec mes parents et un opérateur... plus quelques voyages en France... mais je ne suis pas sûre d'avoir "voyagé"!!!).

Sur ce, il est 2h30 du matin, et il faut impérativement que je me douche avant d'aller me coucher.