mercredi 27 juillet 2022

(re)Découvertes à propos de moi même

Très récemment, une personne de ma connaissance, avec qui je ne suis pas particulièrement amie (mais parente d'un ami) m'a priée de cesser de lui écrire, au motif que mes dernières lettres sont, selon elle, "lamentables".

Mon ami est adulte (il a la cinquantaine) et est dans une situation particulière, qui fait que son courrier est susceptible d'être (légalement) lu par des tiers. Cette lecture n'étant destinée qu'à vérifier qu'il n'y a pas de communication par ce canal d’éléments susceptibles de compromettre la sécurité de l’établissement au sein duquel il se trouve, ou de permettre la commission d’une infraction. Exceptionnellement, une lettre reçue dans ce cadre peut être "retenue" par l’administration. C'est le cas par exemple si elle contient des éléments de nature à compromettre gravement sa réinsertion, ou le maintien du bon ordre et la sécurité dans l'établissement.

Le fait qu'un correspondant évoque des faits personnels dans ses courriers ne peut en aucun cas être considéré comme une incitation à prendre part à ces faits, si ce n'est pas clairement évoqué. Et même si ça l'était, si ces faits n'ont rien de délictuel, quel est le problème?!?

Et de quoi parlais-je dans ces fameuses lettres "lamentables"?
De BDSM.

Quand on parle de BDSM, l'imaginaire collectif évoque immédiatement du sexe et convoque des images de personnes toutes de cuir (ou de latex) vêtues, partagées entre le clan des sadiques et celui des masochistes, les unes faisant subir aux autres des pratiques douloureuses voire dégradantes.

Mais quand j'évoque le BDSM, je parle quant à moi d'un état d'esprit, ainsi que de jeux d'échanges de pouvoirs (sachant qu'on ne peut pas échanger ce qu'on ne détient pas...), pratiqués dans un cadre parfaitement sain, sécurisé et consensuel.
"B" pour Bondage. C'est le fait d'attacher ou d'être attaché (je suis une "rope bunny" et je l'ai toujours été).
"D" pour Domination. Cela peut s'exercer de bien des manières, mais jamais dans un cadre abusif.
"SM" pour Sado Maso. Pour ce qui est de ça, je vous jure que ça n'est pas ce à quoi vous pensez (ou peut être que si, vu que tous les gouts sont dans la nature).

Le sigle BDSM est un sigle "valise" dans lequel on regroupe une multitude de pratiques très très différentes, y compris les fétichismes et toutes autres pratiques un peu "perverses" et "inhabituelles". Certains parlent d'ailleurs de pratiques "kinky" ("bizarre" et/ou "pervers") plutôt que de BDSM.
Mais il faut savoir que le DSM (Manuel diagnostique et statistique des maladies mentales) ne considère plus les paraphilies (excitation sexuelle par des objets, des situations, et/ou des objectifs atypiques) comme des troubles mentaux devant être soignés. Ce ne sont que des intérêts inhabituels. S'ils mettent en souffrance les personnes, et/ou sont de nature à les conduire à commettre des actes illégaux, alors là oui c'est un problème. Mais tant que tout se passe entre adultes consentants, cela relève de la liberté individuelle.

Or je suis une femme libre. Et forte.
Pour qu'il y ait des échanges de pouvoirs, il faut faire preuve de fermeté, d'autodétermination et d'une bonne dose de connaissance de soi.

Je ne suis pas en mode "BDSM" en 24/7 (cela existe, ce sont des personnes qui souhaitent vivre les choses en permanence), entre personnes consentantes.

Par contre je suis indubitablement en permanence kinky, de la même façon que je suis queer: cela fait partie de mon identité, et je l'assume totalement, car contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, cela n'a justement pas trait qu'à la sexualité. Cela peut également avoir une dimension très spirituelle, et c'est finalement le cas pour moi.

Dans tous les cas, je respecte profondément tous les gens que je côtoie, quels qu'ils soient, dans leurs idées, leur pudeur, leur façon d'être. J'attends qu'il en soit de même à mon attention.
"Ne me jugez pas et je ne vous jugerais pas".
Jugez moi... je ne vous jugerais toujours que sur la profondeur de votre ignorance en matière de respect des autres.

J'ai toujours été attirée par ces pratiques, très diverses, qu'on regroupe dans ce sigle "valise" de BDSM.

À commencer par la contention, c'est à dire le fait d'être entravée dans mes mouvements. J'ai développé ce gout très jeune, et je n'y voyais rien de sexuel. Simplement c'était quelque chose qui me faisait me sentir bien. C'est toujours resté quelque chose de très important pour moi. Être enfermée dans un espace exigüe, être attachée, je trouve ça plaisant.

La soumission par obéissance aussi m'a toujours plu, mais dans un cadre contrôlé. Les jeux de rôle s'y prêtent bien. Ils ont l'avantage d'être constitués d'un scenario, d'un début et d'une fin. Dans ce cadre là, j'ai toujours eu un gout pour ce qu'on appelle les jeux type "Age Play". C'est à dire un scenario où les protagonistes jouent des rôles style Papa / petite fille (et une fois de plus, ça peut ne rien avoir à faire avec le sexe). Du fait d'écrits que j'ai eu il y a des décennies, un certain Sylvain a cru que j'étais potentiellement pédophile. Sauf que j'aime simplement jouer à être une petite fille. Je précise que je ne fantasme pas sur mon père biologique.

Il y a en fait énormément de façons de vivre des choses "bizarres", et certaines sont loin de faire aussi mauvaise impression que le BDSM. L'expiation, qui est prônée par de nombreuses religions. Se flageller, répéter des formules ou des litanies, se frapper le front avec véhémence, dans le cadre religieux, c'est ok... se serrer un cilice armé de griffes autour de la cuisse aussi (quelle horreur!)...

Mais par contre vivre des choses de ce genre (en moins "hard") dans le cadre de la vie privée laïque, ça serait un problème? Un peu chelou, comme raisonnement, non?

Je ne juge pas. Je constate.

J'aime ressentir des sensations particulières.
Au fond, qu'est que ça peut faire de savoir comment?

Et surtout, ça n'a rien de lamentable.
La seule chose lamentable, c'est l'ignorance des gens qui jugent sans rien connaître sur le sujet qu'ils critiquent.