Affichage des articles dont le libellé est Evitement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Evitement. Afficher tous les articles

jeudi 8 février 2018

Université de Poitiers... hésitations et abandons

Septembre 2002... Le bac en poche. Inscrite à la Faculté de Sciences Humaines de Poitiers en Sociologie. Matière de découverte : Psychologie.

J'ai trouvé un studio de 27m² à 10 minutes du campus. Avant même la rentrée, j'y ai dormi avec Frédéric, que j'ai rencontré quelques jours avant le début des cours.

Le début de l'année universitaire est difficile. Des amphithéâtres pleins, du bruit, de l'agitation et des cours que je peine à suivre, surtout en sociologie. Les enseignants tiennent pour acquit que tous les étudiants sortent de la filière économique et sociale, ce qui n'est pas mon cas.

Les cours de psychologie m'intéressent beaucoup et je galère beaucoup moins.
Les six premières semaines, je m'accroche. Les cours de travaux dirigés des étudiants de sociologie n'ont pas encore commencés. Quand cela arrive, je m’effondre et perd pied. Je suis obsédée par l'idée que c'est au delà de mes forces, j'entre en mode "blocage". Terrorisée, je demande au secrétariat de l'UFR de faire basculer ma matière de découverte en matière principale et réciproquement.
Malheureusement les travaux dirigés de psychologie ont commencé dès le début de l'année et je ne peux donc pas les intégrer.
On me fait rencontrer le directeur pédagogique du DEUG de Psychologie. Je m’effondre en larmes dans son bureau, en grande détresse morale. Il me propose d'être dispensée d'assiduité pour ce premier semestre et de passer l'épreuve documentaire sur table sous la forme d'une note de synthèse. J'accepte sans hésiter.

Je remonte un peu la pente, même si les cours de sociologie en "découverte" sont extrêmement rébarbatifs : quatre heures dans un amphi immense. Qui plus est il me manque une grande partie des cours et je n'ai personne vers qui me tourner.

Je ne sais pas où se trouve le service de reprographie et n'ose demander à personne. Je n'ai aucun ami, aucune "copine" vers qui me tourner. Je suis incapable de mettre les pieds à la bibliothèque universitaire, mais également dans un "resto U". Je ne sais pas comment ça fonctionne, je n'ose pas demander de peur qu'on se moque de moi. Je ne sais même pas où sont les toilettes avant d'avoir passé trois mois dans les locaux, incapable de demander. Je suis dominée par la peur et je continue à prendre le Lexomil qu'on m'a prescrit pour passer le bac, au coup par coup.

Au bout de quelques temps, Frédéric, que j'ai rencontré pendant l'été, me propose de le rejoindre à Paris alors qu'il y est en formation. Ça tombe en semaine, sur deux jours de cours, mais j'y vais, je m'évade.

Je n'ai pas de but dans la vie. On m'a tracée la voie : dès le collège, on m'a "conseillé" de passer en seconde littéraire en option Arts Plastiques. C'était la meilleure façon d'avoir mon bac, paraît-il. J'ai suivie cette voie. Après, et bien l'université semblait être la voie "normale", alors c'est là que je suis allée. Mais je ne sais pas pourquoi. Je m'intéressais à des tas de choses, mais surtou aux comportements humains, que je ne comprend pas bien, à la nutrition, à (ce que je ne sais pas encore être) l'économie sociale et familiale, à l'art, la cuisine, le dessin. J'ai des passions intenses dans lesquelles je m’investis, la plupart loin du regard des autres.

Je ne me sens pas vraiment à ma place à l'université.
Je ne sais rien des soirées étudiantes, je n'y ai jamais mis les pieds.

De l'Université de Poitiers, j'ai peu de souvenirs.
J'ai rapidement réalisé que j'avais besoin d'être dans les premiers rangs pour pouvoir suivre, pour ne pas être gênée par les bruits parasites produits par les autres étudiants. Lors des travaux dirigés, j'ai réalisé avec gêne et un certain désarrois que mon fonctionnement cognitif était assez divergent de celui de mes camarades, ce qui n'a pas manqué de me perturber alors que ça semblait intéresser mes chargés de TD (doctorants), lesquels me proposaient de manière récurrente de venir participer aux études du bâtiment de recherches, ce qui me terrorisait.

J'ai fini la première année. Le jour du début des examens, mon grand père paternel est décédé. Mon père m'a dit de ne pas venir à l'enterrement. Je savais que j'allais rater mes examens, alors que ce soit en étant mauvaise ou absente... mais j'ai écouté mon père. C'est un de mes grands regrets.
Je n'ai validé que la langue étrangère du premier semestre.

Redoublement.
J'étais de moins en moins assidue en cours, je voyais Frédéric de temps à autre, même si il se montrait de plus en plus imbu de lui même et de plus en plus critique et désagréable à mon égard. Finalement, il a fini par me dire qu'on ferait mieux d'en rester là, un soir. Je suis restée près de lui toute la nuit, à l'hôtel, et le lendemain, quand il est descendu prendre son petit déjeuner, je me suis habillée et suis partie, tout simplement.

Par ailleurs, depuis quelques temps, j'avais repris contact avec "Julien", sous l'influence de plusieurs de mes correspondants, dont "Lola", "Mélodie", "Bernard"...
Je met les noms entre guillemets parce que ces "gens" n'ont jamais existé: plus d'un an après le décès de mon mari, à la recherche de mes sauvegardes personnelles sur les disques durs externes d'Alain, je suis tombée sur des fichiers texte très étranges. Il s'agissait de dizaines (voire des centaines) de correspondances partielles, écrites à la première personne, sous diverses identités. Parmi les alias, j'ai trouvé... Lola, Bernard, Bruno, Daniel, Mélodie... et autres. J'ai eu des correspondances avec ces alias. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, je n'ai pas été véritablement surprise ou choquée, même si j'aurais pu l'être. Ça a simplement été comme si je regardais un film d'un tournage, une pièce de théâtre depuis les coulisses. J'ai vu les événements passés sous un nouvel angle et j'ai vu à quel point j'avais été manipulée par quelqu'un de profondément malade. En outre, quand j'ai fais le tri des papiers, j'ai aussi trouvé des courriers manuscrits lui étant adressés de manière plus ou moins détournée (à un autre nom mais à la bonne adresse, à son ex-femme ne vivant pourtant plus avec lui...), parfois très anciens, où il était question de correspondances entre femmes ou couples.

Fin de la digression : alors que j'étais "étudiante" à Poitiers, donc, je ne sais pas trop à quel moment, j'avais repris contact avec "Julien", encouragée par plusieurs de mes correspondants, dont certains étaient sensés l'avoir rencontré dans le cadre de relations professionnelles. "On" m'affirmait qu'il avait été "maladroit", "ne pensait pas à mal" et autres arguments et je m'étais fais avoir. Je lui avait proposé de nous revoir et c'est ce que nous avions fait. Cependant j'étais mal à l'aise avec ça, je sentais qu'il y avait quelque chose de malsain (en dehors de nos 34 années d'écart). Il ne se montrait jamais insistant, aucun geste déplacé à mon égard, nous ne faisions que discuter, encore et encore et toujours.

En janvier 2004, je n'ai pas repris les cours et personne ne s'en est soucié.
J'ai continué à aller à Poitiers comme si j'étais toujours étudiante.
Je sortais un peu, sous l'impulsion d'une voisine, mais je végétais essentiellement.
J'avais l'idée de faire de l'intérim, comme me le suggérait Alain lors de nos longues discussions, mais jamais je n'ai trouvé l'impulsion de le faire.
Finalement, je suis retournée vivre chez mes parents, malheureuse, ne comprenant pas pourquoi j'étais si "incapable" d'agir, tellement "bonne à rien". Je me renfermais sur moi.

Je ne fais pas d'intérim durant cette période. Cela viendra plus tard.
Je marche pendant des heures dans la campagne. Parfois je prend le train, pour rejoindre un ami à Paris, mais j'arrête vite.

Début 2005, je décide d'aller vivre à Angoulême, espérant évoluer. J'emménage dans un studio vétuste en mars.

Après qu'on m'y ait incité plus ou moins directement depuis des années, je m'essaie à essayer de passer le BAFA "comme ma sœur", même si au fond de moi, je sais que je ne suis pas du tout faite pour ça. Bonheur : on ne valide pas mon premier stage (c'est très rare). C'était un vrai soulagement après les crises d'angoisse que j'ai eu pendant ce stage "théorique", dont une crise d'agitation aigüe avec perte de contrôle, lors d'une "chasse au trésor" nocturne. J'en ai encore honte de cet épisode, mais c'est arrivé et je n'y peux rien. Cette nuit là, j'ai crié après des gens qui ne comprenaient pas mon état d'anxiété extrême, j'ai jeté ma lampe torche au sol, beaucoup pleuré et vécu un moment très humiliant.

Le dernier jour du stage, Alain m'a envoyé un SMS dans lequel il m'invitait à venir vivre chez lui.

mardi 4 avril 2017

Panique ordinaire...

Il fait beau aujourd'hui, le printemps est là.
Je suis fatiguée.

Je suis souvent fatiguée en ce moment.
J'essaie d'être plus active, ou plutôt de changer d'activités, de cesser de procrastiner, mais si je dois être honnête, j'ai tendance surtout tendance à essayer de tenir le rythme de quelqu'un d'autre que moi.

Parce que j'ai envie d'être avec lui et parce que je suis épuisée d'être moi.

Sauf que je commence à craindre d'y perdre plutôt que d'y gagner.
Au lieu de gagner en confiance en moi, de réussir à surmonter les choses, je me sens rongée intérieurement et j'ai l'impression de perdre une énergie conséquente, dont je ne dispose plus quand j'en ai besoin pour ma "vraie" vie. Sauf que je ne veux pas d'une vie seule et solitaire, recluse à l'écart des choses et des gens.

Ces derniers temps j'ai vraiment peur de perdre pied, je me demande si le "jeu en vaut la chandelle".

En grande partie parce que je ne peux pas m'empêcher de me demander sans arrêt si ce que je fais est "bien", si je ne commet pas des bourdes, si mon comportement est adéquat, si je ne risque pas de déranger ou de blesser émotionnellement les autres.
Du coup je suis épuisée, et donc déprimée, et je le laisse voir plus que je ne le voudrais, alors je m'en veux, parce que je me dis que ça doit être épuisant pour les autres de me voir dans des états pareils...

Je suis allée à une consultation chez un allergologue hier après-midi.
Je suis idiote, je suis sous Lorandatine (Clarytine) depuis des mois, j'aurais du savoir qu'on ne pourrait pas me faire un basique test cutané.
Je n'ai pas prévu que je serais en état de stress intense ni que le médecin me poserait des tas de questions sous mon type de literie et que d'autres interrogations viendraient bourdonner dans mon esprit pendant qu'il remplirait ses formulaires. Est-ce que j'ai déjà fait de l’eczéma? Non, je ne crois pas. De l'urticaire? Au sens médical, je ne sais pas. Il se trouve que j'ai des rougeurs de contact et que je ne peux pas marcher pieds nus dans une pièce donnée chez moi, sinon j'ai les pieds qui virent au rouge. J'ai une hypersensibilité cutanée, est-ce que je fais de l'urticaire, je n'en sais rien. Je n'en sais rien de rien!

Pourquoi ai-je voulu cette consultation chez un allergologue? Pourquoi n'ai-je pas gardé le courrier de mon médecin, pour le rendez-vous chez un autre médecin allergologue, pneumologue celui là, chez qui j'ai rendez-vous début aout? Après tout c'est surtout ma tendance à faire de l'asthme qui m'inquiétait...

Je suis sortie de là avec des examens à faire en laboratoire. Au retour je suis passée devant le labo sans m'arrêter. Je ne me suis pas arrêtée faire mes courses, je suis montée directement chez moi, je me suis déshabillée et je me suis couchée. Il était 17 heure.
J'avais très envie de pleurer, mais sans pouvoir. Je me suis enroulée dans les draps, bien serrée et j'ai dormi pendant trois heures. À 20h15 mon alarme "As tu mangé" s'est déclenchée sur mon téléphone...
Je me suis forcée à sortir du lit.

Il faut boire, manger, prendre mon anxiolytique (qui me semble être un bien maigre rempart contre l'anxiété ces temps ci)...
"Troubles de l’interaction et de la relation" et "troubles du comportement en lien avec défaut de la théorie de l'esprit".

Je reste admirative devant les personnes pour qui les choses semblent aller de soi dans la vie.
Les personnes ordinaires et celles qui le sont moins, mais pour qui la vie n'est pas une zone de guerre permanente.

Les choses à faire, les sorties, ça ne semble pas leur demander d'énergie particulière à accomplir. Pour elles, ce ne sont que des choses ordinaires et banales.
Elles n'ont pas besoin de plans établis pour ne pas perdre pied.

Pourquoi n'ai-je pas su dire plus tôt à mes parents que je ne les comprenais pas, eux, les gens, les autres, ma sœur, la vie, les relations avec les autres, la façon dont ça marche? Je me torture sans fin avec ça. Une partie de moi se dit que si ça avait été le cas, j'aurais été prise en charge de manière plus adaptée, plus tôt, et que ça se passerait mieux pour moi aujourd'hui.

Il n'y a aucun moyen de le savoir.

D'autant qu'à une époque j'ai réussi à me "laisser vivre", mais je ne sais pas ce que j'ai fais de cette fille là.

Même quand un incident ou un événement malheureux se produit, la plupart des adultes savent comment réagir.
Moi je ne sais même pas réagir face à ces personnes.

Je réalise que le fait de souffrir de "troubles de l’interaction et de la relation" fait que j'ai peur des relations humaines. Peu d'amis ou de connaissances. Souvent elles restent superficielles et s'éteignent très vite et je comprend facilement pourquoi : isolée, j'aimerais "tout savoir" des personnes avec qui j'échange, et me conduis avec elles comme si elles étaient dans le même type d'attente. Je dis trop de choses de moi, me confie trop aisément, peut être dans l'attente immature que les autres en fasse autant.
Sauf que la plupart des personnes ne fonctionnent bien entendu pas du tout comme ça, et je dois sembler envahissante et intrusive, et fini donc par les écarter de moi.

J'ai besoin de connaître les gens pour les "cerner" et savoir comment je dois réagir dans une situation donnée face à ces personnes. Sauf que, elles, ne souhaitent généralement pas disposer du même type d'informations me concernant.

Et même, quand je connais les gens, il y a des circonstances qui font que je suis totalement perdue pour comprendre ce que ressentent les autres et les attentes qu'ils peuvent avoir de moi.

Là il s'agit du fameux "trouble du comportement en lien avec un défaut de la théorie de l'esprit"...
Ma capacité à comprendre les intentions, les attentes et les besoins des autres est limitée.
Je suis capable de comprendre bien des choses sur les autres, mais en général je ne comprend pas ce que veulent mes amis, ce dont ils ont besoin, ce qui leur convient spécifiquement. Mes amis, ma famille, mon entourage, les gens qui m'entourent globalement. À quoi pensent les autres? Je ne sais pas et je n'ose pas poser la question, qui me semble indécente, voire honteuse, s'il s'agit de "que ressens tu" ou pire, "qu'est ce que je pourrais faire pour t'aider, pour te plaire, pour correspondre à ton schéma de pensée actuelle et ne pas te contrarier"... Oui, c'est indécent. Et totalement artificiel, en contradiction avec la spontanéité humaine, je crois.

Je souffre beaucoup de l'incompréhension mutuelle.
Contrairement à ce que je semble montrer de moi sur ce blog, dans la vraie vie, je n'aime pas m'étendre sur mes problèmes et mes difficultés, mais c'est la seule solution viable que j'ai trouvé pour ne pas être accusée d'être insensible par les autres.

C'est très douloureux de se se voir obligé de dire à un proche qu'on est complètement perdu face à ce qui éprouve, parce qu'on ne comprend pas ce dont il s'agit, et qu'en conséquence on ne sait pas comment réagir face à cette situation... J'en suis honteuse et j'ai tendance à prendre la fuite plutôt que d'avoir à affronter ce genre de choses.

Devoir gérer des situations pareilles, ça m'est arrivé avec ma sœur, avec ma mère et avec de très nombreuses personnes au fil du temps.
Plus je suis attachée émotionnellement à une personne et plus c'est dur à vivre.

J'ai l'impression de me mettre en avant si je cherche à savoir ce que les personnes ressentent et ce qui pourrait les soulager de leur peine, alors je me retrouve prise au piège des suppositions, souvent fausses. Distorsions cognitives... Je trouve ça cruel pour tout le monde...
Je ne veux pas que les autres pensent que je suis insensible, ou que je me moque d'eux. Par extension, j'ai peur qu'ils me rejettent, m'abandonnent, et je suis encore plus paniquée à l'idée de ne pas les comprendre correctement.

C'est vraiment pénible à vivre d'être comme ça.

Dans de nombreux cas, j'aimerais avoir un protocole à respecter, mais les humains diffèrent les uns des autres, et ça rend la gestion des choses plutôt compliquée. Et terriblement éreintante.

Surtout quand j’interagis avec des personnes qui sont peu expansives quant à leurs émotions et leurs besoins.

Comment je vais faire, comment je peux avancer?
Parfois la seule solution que je trouve, c'est de tout débrancher.
De me précipiter dans le lit et de dormir.
M'abandonner à un lâcher prise total.

dimanche 5 mars 2017

Je n'y arrivais plus, et je l'avais écris...

08 février 2014

La culpabilité, au quotidien.
Je me sens de plus en plus souvent gênée face aux comportements d'Alain à mon égard. Est-ce qu'ils sont liés à la maladie?
Chaque contrariété qui tourne en crise. Il me soupçonne de mille et un méfait, m'insulte, me hurle dessus...
Suivent ensuite les réconciliations, la "lune de miel" d'apaisement.

Mon besoin d'apaiser sa détresse reste malgré tout plus fort que mon épuisement, ma lassitude. L'amour, l'attachement, la peur de lui déplaire, la peur de le plonger dans une plus grande détresse, tout ça arrive à me faire oublier les crises.

J'occulte autant que possible ces événements, les uns après les autres, involontairement mais avec une grande réussite. Heureusement que je tiens mon agenda à jour, que je note ces déraillements récurrents, sinon je les oublierais probablement...

La position que j'occupe est en train de me rendre intolérable l'intimité que nous avions. Ou plutôt celle que nous n'avions jamais eu, en fait... Parce que je crois qu'avant sa maladie, même si les autres avaient une image fusionnelle de notre couple, c'était un mensonge. Nous vivions ensemble sous le même toit, nous dormions ensemble et mangions ensemble, mais ça se limitait à ça 95% du temps. Alain ne me disait que très peu de chose de ses passions. En dehors du fait qu'il aimait les Pyrénées, il n'a pratiquement jamais rien partagé avec moi et j'ai vite du accepter le fait qu'il n'aimait pas que je lui parle de mes centres d'intérêt personnels.

Cette sensation d’intimité pourrissante est insupportable. Un fossé qui s'est creusé entre nous en même temps que nous nous sommes retrouvés à vivre dans cette proximité infernale. Il ne veut plus que je ferme la porte de mon bureau, il veut savoir où je vais, où je suis allée, il s'énerve s'il m'appelle et que je ne décroche pas assez vite.

Alain pense que mon mal-être est passager, que je vais aller mieux, mais je sais moi que je ne peux pas revenir en arrière. Plus il insiste et plus je me braque. À ce que je sache, j'ai toujours été dépressive, même s'il déteste que je le lui rappelle. Il m'a toujours reproché mon anxiété, comme si j'en étais responsable et maintenant il ne semble pas comprendre à quel point notre situation me pèse, depuis que le psychiatre du CMP m'a mise en arrêt maladie et que j'ai démissionné.

Dire qu'il m'a poussée à travailler, que je crevais de trouille et d'angoisse, jour après jour, quand je bossais, même si ces quelques heures loin de lui, j'ai honte de l'écrire, étaient libératrices... Et quand le psychiatre m'a mise en arrêt maladie, il m'a insultée quand je le lui ait avoué. Il m'a fait une scène de ménage et m'a dit qu'il n'avait jamais voulu que je travaille!!!

Je ne comprends rien.
J'en ai marre de me battre pour essayer de lui plaire, et en même temps, je ne peux pas m'en empêcher.

Je suis bloquée dans une situation qui me vide chaque jour de toute mon énergie.
Je tourne autour du pot et j'évite consciencieusement la seule solution possible...
Impossible... je ne peux pas. Pourtant il le faudrait mais non, non, non! Je ne peux pas!!!

Partir. Me sauver.
Pas fuir. Non.
Me sauver, sauver ma tête, mon esprit.
Mais je ne peux pas.
Je ne peux pas l'abandonner, le laisser
La solution impossible, possible parmi d'autres toutes aussi impossibles.

Il a accepté d'aller en USLD, si on déménage, qu'on retourne en Charente. Il y a une très bonne unité de soins de longue durée, à Cognac, d'après ce que je sais.

Déménager avec lui et l'aider à se rapprocher de sa famille, lui permettre d'être aidé par des gens dont c'est le travail, la vocation... des gens qui ont des horaires, des vacances. Est-ce que ça serait la solution la moins mauvaise? Je ne sais pas. J'espère.

Je voudrais avancer et je ne peux pas.
Un pas en avant, deux pas en arrière.
Je porte nos douleurs conjuguées sur mes épaules. Je suis obligée d'assumer le terrible fardeau de toutes les responsabilités en attente, mais jour après jour, je croule davantage sous ce poids immense, je défaille.
Les douleurs sont partout, dans le corps et dans l'âme, comme si on me cognait dessus, jour après jour. Parfois j'ai l'impression qu'Alain est satisfait de me voir souffrir, et je suis triste de m'imaginer des choses pareilles.

J'ai besoin de me sauver, d'être sauvée.
Par qui? Qui?!? Quand?!? Quand je serais déjà dans le trou, avec lui, quand j'aurais glissé, que je serais irrémédiablement cassée?
Qui pourrait m'aider?!? Mais qui donc???
Où êtes vous, qu'attendez vous?!?

Je vous en prie.
Je vous en supplie.
Je n'y arrive plus.


 J'ai eu l'opportunité d'être hospitalisée en centre psychiatrique, par deux fois dans les Hautes Pyrénées, après avoir écrit ça. Mais les deux fois, rien n'était prévu pour prendre en charge Alain, alors j'ai refusé de partir.
J'aurais du partir et déclarer sa situation, une fois hospitalisée, mais je n'avais pas ce courage.
Alain a également refusé de faire un séjour médicalisé pour que je bénéficie d'un répit, ainsi que le préconisait sa neurologue.

Pendant tout le temps où mon état de santé mentale et physique se dégradait, alors que je l'accompagnais du matin au soir dans la maladie, Alain me répétait sans arrêt que, quand sa première femme avait eut son "accident" (elle était psychotique et avait sauté du 3ème étage), il s'était occupé d'elle, bien qu'elle soit devenue paraplégique. Il répétait, encore et encore qu'il aurait continué à le faire, si les psychiatres n'avaient pas déclaré que c'était lui qui la rendait malade, et qu'ils devaient divorcer.
Il a toujours balayé ces "accusations" du corps médical comme fausses...

Le fait est que je ne suis "que" névrotique et probablement neuro-atypique, mais que cet homme m'a fait un mal considérable.

En outre j'ai su de sa propre bouche qu'il encourageait régulièrement lui même sa femme a arrêter les neuroleptiques, dès que son état mental se stabilisait "parce qu'elle était différente" quand elle les prenait. Soit qu'on ne lui ait jamais expliqué ce qu'était une psychose et que les neuroleptiques constituaient un traitement au long court, soit qu'il n'y ait tout simplement pas cru ou souhaité en tenir compte.

Pour Alain, tout était question de volonté.
"Si on veut, on peut"
Pour certaines choses, peut être...
Pas pour guérir d'une maladie neurodégénérative, ni d'une psychose.

J'ai essayé d'être assez forte pour le soutenir, aussi longtemps que j'ai pu.
Mais plus j'essayais d'être à la hauteur et plus il me rabaissait et tentait de me démontrer par A+B que je n'étais qu'une incapable : de l'assumer et encore moins de m'assumer moi-même.

Il a passé son temps à saper mon moral et à me faire douter, à me répéter que je n'avais pas assez de volonté, que je n'étais pas assez rigoureuse.

Je me reprochais souvent, moi, de ne sans doute pas être assez amoureuse.
Malgré tout, j'ai essayé d'être là pour lui.

Alain est revenu sur son acceptation d'aller en USLD, dès que nous avons ré-emménagé en Charente.
Je me suis sentie trahie et humiliée.
 J'ai mis un an à partir, finalement.

J'en ai assez de cacher tout ça.
Il est temps que ça s'arrête.

mardi 13 décembre 2016

"Magie" de Noël ???

J'ai les boules... de Noël.

Trente quatre ans et demi et peut être bien dix ans d'âge "émotionnel" concernant Noël.
 🎄🎅🎄
Ce qui me fait rêver comme une gamine, c'est le foutu "esprit de Noël" qu'on nous rabat dans les médias, les clochettes, le sapin, le houx, le lait de poule, le vin chaud, les huîtres, le foie gras, la dinde (ou la pintade, ou le rôti de biche... enfin bref un truc un peu "traditionnel"), et la fameuse bûche... et puis les petits lutins et les chansons tintinnabulantes, la déco "kitsch" et les trucs qui sortent de l'ordinaire...

Les cadeaux, je n'y prête plus trop attention, maintenant.
Les chocolats, je préfère autant éviter.

Sauf que la féérie de Noël, je ne la ressens pas, présentement.💀💀💀
J'ai bien essayé de sortir les décorations, mais ça m'a filé le bourdon et je n'ai pas insisté.

Ouais, j'aime être une femme libre et vivre seule.
J'ai des parents, qui habitent à une quarantaine de kilomètres, il me reste une grande-mère (que je n'appelle pas assez souvent) et une sœur, qui elle même a des enfants. Les fêtes de fin d'année sont sensées permettre à la famille de se retrouver.

La célébration chrétienne, on oublie, merci, on est athées, dans la famille. Certes j'ai fais des crèches quand j'étais enfant, mais pas pour l'aspect religieux: c'était juste parce que j'aime bien les maquettes et les miniatures. Et puis parce que je voulais tellement être "comme tout le monde".

Depuis quelques années mon amour des Fêtes de fin d'années s'est émoussé et il commence à ressembler à un truc qui donnerait presque envie de fuir en hurlant.💣

Noël n'est jamais à la hauteur de mes projections mentales.
Cette année, c'est pas compliqué, des projections mentales, je n'en ai même pas.
Mes derniers réveillons de Noël m'ont laissé des souvenirs pas facile à encaisser.

J'ai pourtant bien connues de belles fêtes à l'âge adulte, le soir ou des déjeuners de famille...
Mais je me suis aussi tanné quelques repas "de famille"  à plus de 30 personnes, pas franchement dans ma famille à moi, pendant lesquels j'attendais seulement que ça se termine avec l'envie de gerber à peine passée l'entrée. Il y aussi eut des réveillons du premier de l'an avec mes beaux parents, pour qui je cuisinais avec plaisir, "pour qu'ils ne soient pas seuls". Rien de vraiment festif.

Pendant des années, j'ai préparé des fournées de biscuits de Noël, des bocaux de gingembre confit ou de babas au rhum à offrir et même des chocolats. À fortiori quand j'ai commencé à sentir que moi, des "fêtes" de fin d'année, ça allait commencer à devenir un enfer.

Parce que ces dernières années ont été assez merdiques, je dois dire.
Pour plein de raisons diverses.

J'aurais à nouveau de belles fêtes de fin d'année, j'en suis certaine...

Mais franchement cette année, j'ai juste envie de dire que je passe mon tour...
Oubliez moi, laissez moi aller me coucher à 21h, me blottir sous ma couette après m'être enfilé un, voire deux comprimés de Seresta, et, laissez moi chialer tranquille sur le bonheur des autres... celui que j'ai pas.

Foutez moi la paix.

J'ai pas envie que ça se passe comme ça, mais c'est ce que je ressens, là.

J'ai l'impression que, de toute façon, où que je sois les 24 et 31 au soir, je vais subir des effondrements émotionnels majeurs.
😆
Je n'ai pas envie de la compassion des autres et je n'ai pas non plus envie de les voir flipper à cause de moi. Je n'ai surtout pas envie qu'on me voit en pleine crise de panique.
😖
Bref, je me sens mal, et l'évitement me semble être la solution la plus facile.
😑

Je voudrais que ça soit différent, mais je ne vois vraiment pas comment.

On m'a proposé d'aller à un réveillon de la Saint-Sylvestre, et je dois dire que je serais assez emballée...
😊
Mais quand mes cogitations reprennent le dessus, les possibles évolutions de mon état psychologique, je me dis qu'il faudra juste qu'il y ait une chambre où je puisse aller me réfugier si jamais je sens que je pars en vrille.
😱

jeudi 14 juillet 2016

Aimer...

Comme pour tout un tas de choses, j'ai souvent de grosses difficultés à comprendre ce que je ressens, ce qui fait que je suis obligée d’accumuler un grand nombre d'informations, façon documentaliste.

L'Amour est une des émotions les plus ingérable que je connaisse.
J'ai du mal à aimer.

Je sais que j'aime, mais c'est quelque chose qui ne va pas de soi, qui n'est pas du tout simple, beau et merveilleux.

Aimer, pour moi, c'est compliqué et souvent douloureux.
J'ai besoin d'en parler.

J'ai "L'intelligence émotionnelle" qui sédimente sur ma table de nuit depuis 18 mois...
Le l'avais déjà avec moi quand j'ai été hospitalisée.

Je ne l'ai toujours pas lu.
Je crois qu'il est temps que je me plonge sérieusement dedans.

920 pages  pour "Analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres".

J'ai d'ailleurs eu l’occasion de lire sur Asperansa que certaines personnes avaient trouvé dans cet ouvrage beaucoup de réconfort...

L'amour.

Kessecé ?
 
Pas "juste" l'amour sensuel et sexuel qui existe entre deux partenaires qui s'aiment bien, mais l'Amour, là, celui qui fait que les gens se mettent en couple, vivent ensemble, font éventuellement des enfants, tout ça...
Qu'est ce que c'est ?
Pourquoi est-ce que, alors que c'est censé être beau et merveilleux, je n'arrive pas quant à moi, à ressentir ce super truc sans fondre les plombs ?

Malgré mes efforts, l'amour ça reste très "conceptuel", pour moi.
Je me suis souvent et sincèrement attachée aux autres, j'aime encore plusieurs de mes ex, d'une certaine façon (pas tous, non plus...) mais l'état amoureux reste très problématique pour moi...

C'est quelque chose de vraiment, vraiment douloureux et éprouvant.
Le genre de choses qui me donnent envie de m'enfuir, soit disant pour avancer.
Sauf que parfois, surtout quand l'autre est tout à fait à l'écoute, mieux vaut rester pour avancer.

Peut être qu'il serait temps que je me plante en face de mon problème, que je le regarde frontalement et que je lui casse la figure une bonne fois pour toutes...?
Jusqu'ici, je dirais que j'ai eu des sortes de mouvement de dévotion, me portant vers des personnes et des relations idéalisées.
J'ai aussi déversé des tonnes de "je t'aime" bien dégoulinants de sentiments, très démonstratifs.
Peut être pour essayer de ressentir davantage le truc ?

Sauf que l'amour, en fait, ça se construit, ma brave dame.
Il y a d'abord la passion (parfois charnelle, parfois intellectuelle, parfois les deux ensemble), et ensuite, ben il faut communiquer.
Oups.
Là comme ça, on pourrait croire que je communique énormément avec les autres.
C'est faux : je barjotte dans mon coin, jusqu'à me transformer en matière dangereuse type nitroglycérine...
=> très mauvais.

Le hic c'est que j'ai souvent tendance à penser qu'on voit en moi comme dans un livre ouvert (je sais que c'est faux, bien sûr), et donc je ne communique pas sur mes besoins personnels (très étendus), ce qui a pour conséquence logique de créer des désaccords, des tensions, des rancœurs, etc...

Je suis capable de manifester un i
ntérêt et un goût très vif pour une personne, pour une source de plaisir ou de satisfaction.

J'ai eu de vives inclinaisons pour d'autres personnes, ayant un caractère souvent sexuel pour commencer, puis passionnel.

Puis j'ai eu envie que cela cesse.

J'aurais eu envie que ces attirances se transforment en amitiés sincères, mais je suis obligée de constater que la grande majorité de l'humanité ne fonctionne pas ainsi en matière de continuité des relations.

Soit on aime, soit on n'aime plus, voire on déteste.

Objectivement (et subjectivement, aussi), je ne comprends pas cet état d'esprit cloisonné.
Qui plus est je ressens un truc de malade.
L'allergie à la relation de "couple".

"Je t'aime parce que tu es quelqu'un pour qui j'ai de la tendresse, par qui je suis attirée intellectuellement et sexuellement, mais je n'ai aucun désir de former un couple au sens sociologique avec toi."

C'est une formulation des choses qui est "légèrement" choquante, je crois.

J'aspire d'abord à une amitié sincère, honnête, éventuellement sexuelle avec quelqu'un.
Mais je crève de trouille à l'idée de former une "entité couple" avec qui que ce soit.

...

La majorité des gens semble "équipé" émotionnellement pour vivre en couple.
Comme la plupart des femmes le sont pour être mères.
Je ne le suis ni pour l'un, ni pour l'autre.

Je n'ai aucun regret concernant la maternité.

Concernant la vie à deux, c'est plus complexe.
Je préfèrerais ne pas souffrir de l'attachement que je suscite chez les autres, et je préfèrerais être stérile. Les deux m'économiseraient bien des peines.


Sauf que j'aime aimer et être aimée.

Même si je ne suis encore jamais parvenue à développer de relation heureuse dans le mode de vie "couple".


J'ai le douloureux sentiment que je ne sais pas "aimer" de manière pérenne.

Par moment, je me dis que je n'ai plus envie d'essayer.

Dans ces moments là, je n'ai plus envie de continuer à trancher dans ce qui fait mon âme pour essayer de m'adapter à un mode de vie dans lequel je ne trouve pas ma place.


Sauf que ce n'est pas ce qu'on me demande.
C'est moi qui choisi de me mutiler, pas l'autre.

Si je ne sais pas communiquer sur ce qui me blesse, me manque ou me mes mal à l'aise, comme l'autre peut-il le deviner ? À moins d'être extralucide, c'est impossible. Donc... c'est purement impossible!

L'amour est censé être "un s
entiment très intense, un attachement englobant la tendresse et l'attirance physique entre deux personnes"... (Enc. Larousse).

J'ai de la tendresse pour lui, et de l'attirance physique.
Je ne peux pas le nier.
Je l'aime.

Je le sais très bien au fond de moi.
Mais l'amour reste quand même une notion conceptuelle et abstraite.

L'Encyclopédie Larousse propose un article très intéressant sur l'amour.
J'éprouve cette palette de "sentiments très intenses" qui constituent ce qu'on qualifie d'amour.
Je suis également frappée par la véracité fondamentale de la discussion concernant l'amour, le désir et la sexualité :

"De nos jours, l'épanouissement sexuel, considéré comme une part intégrante de l'amour, sert parfois à mesurer la qualité du lien. Or, attirance sexuelle et capacité à vivre ensemble ne sont pas directement superposables. Une très bonne entente sexuelle spontanée, fondée en partie sur des similitudes de sensualité et de fantasmes, peut exister entre deux êtres par ailleurs mal assortis en matière de goûts ou de valeurs morales. À l'inverse, une grande complicité affective et intellectuelle peut s'accompagner de divergences sensuelles.
Dans le domaine de l'amour et du sexe, comme dans bien d'autres, il faut se garder des idées reçues et comprendre l'importance de la tolérance envers l'autre pour pouvoir avancer ensemble sur le chemin de la vie et mieux s'aimer."

J'éprouve actuellement un fort sentiment amoureux.
Seulement ça me fait beaucoup, beaucoup de mal.

Trop de mal pour que je l'accepte ? Par moments.

Sauf que je persiste, et je veux persister.

L'amour, comme dans de nombreux domaines en ce qui me concerne, c'est le chaos.
Je survis et je souffre.

Entre refuser d'avoir mal et accepter d'en parler, il y a un gouffre.

Que j'ai décidé de franchir.

L'Amour heureux, partagé entre deux personnes passe pour être une chose naturelle et innée.
Visiblement, pour la grande majorité des gens, c'est une chose simple, qui ne requiert pas d'apprentissage.
Mais c'est une illusion.
L'Amour n'est pas simple.

Ma psychiatre m'avait parlé, voici déjà un petit moment, de Trouble de l'attachement, à mon sujet.
Sur le coup, je n'étais pas d'accord.
Ensuite, j'ai beaucoup lu sur le sujet.


Le hasard (ou le bon sens de la rédaction?) a voulu que le N°21 du magazine "Le cercle psy" contienne un dossier sur l'attachement, en plus de celui sur "Le handicap invisible des femmes Asperger".
Rien que l'éditorial, intitulé "L'attachement, avec détachement" est parlant quant à la complexité de la "théorie de l'attachement".

Je cite une partie de l'éditorial :
"Si je suis aimé à l'aurore de ma vie, alors que je construis tous mes points de repère, que je découvre mes émotions, que j'explore les merveilles et les dangers du monde, alors je me sens en confiance, sûr de moi, je suis bien équipé pour cheminer vers l'inconnu. L'amour est comme une arme et une bénédiction."
Cet extrait parle de la théorie de l'attachement, cette théorie qui voudrait, entre autre, que notre capacité à aimer les autres dépende de l'amour qu'on a reçu dans la petite enfance... sauf que :
"Elle suggère encore trop souvent, en creux, que tout repose sur la mère".
Justement, pendant longtemps on a fait "porter le chapeau" des diverses formes d'autisme aux mères.

Je pense que l'amour maternel que j'ai reçu lors de ma petite enfance était "normal", ainsi que celui de mon père, de ma sœur, de mes grands parents etc.
C'est autre chose qui a "déconné".

Pourtant je présente malgré tout ce qui ressemble fort à des "troubles de l'attachement".

Je ne sais pas aimer.

Pire, je suis terrorisée par la palette incroyable de sentiments que l'amour génère en moi.

L'Amour n'est pas une chose rassurante pour moi, ce n'est qu'une succession de coups de tonnerre, une tempête, un ouragan constitué de choses extrêmement violentes que je ne comprends pas et que je subi en m'efforçant de me dire que ça va passer, que ça va aller mieux, que ça va s'améliorer.
Mais c'est de pire en pire et ça me fait de plus en plus mal.
L'amour n'est pas douceur et caresse pour moi.
C'est douleur et violence.

Je me disais encore hier que je n'ai ni la volonté ni la persévérance de continuer à essayer d'arranger les choses dans une relation qui est extérieure à ma cellule familiale.
Sauf que j'ai vraiment cette volonté, et la persévérance, aussi.

Sans sentiment amoureux, ma vie serait plus simple.
Mes relations amicales et autres seraient plus simples.


Mais ma vie serait vide, aussi.

Je préfère l'amitié à l'amour.
C'est moins dangereux.

Parfois, l'idée de ne plus jamais avoir de "vie de couple" m'est extrêmement rassurante...

La vie de couple me semble être une cage étroite pour mon âme.

Jusqu'ici, je ne me suis jamais totalement épanouie, en "couple".
Après plusieurs tentatives infructueuses, une partie de moi aimerait se convaincre que la vie de couple ne me convient pas. Mais mon cœur me tire dans une autre direction.

Lors d'une relation "amoureuse", en couple, je deviens obsédée par l'autre, ses attentes, ses besoins, ses soucis, et je me met à nier mes attentes, mes besoins, mes soucis...

J'aimerais avant tout que nous soyons amis.

Trouver un ou une ami(e) qui ne va pas me juger, qui va rester à mes cotés, même en cas de désaccord, qui va être à l'écoute et à l'écoute de qui je suis, qui va  me soutenir en cas de coup dur,  moralement, quelqu'un qui va m'encourager quand je réussi, quelqu'un qui ne va pas rapporter à lui ou à ses expériences ce que je vis, mais se montrer attentif, même si ce n'est que de loin en loin... quelqu'un pour qui je vais agir de même... C'est cela, l'amitié.
C'est tellement plus que l'amour seul, cet attachement affectif et physique.
L'idéal serait de partager un attachement affectif, physique et amical avec quelqu'un. Sans préjugés, sans jugements, sans toutes ces choses qui parasitent les relations...

L'amitié.
Cela, c'est vraiment rare et précieux.
Si rare que je n'ai jamais rencontré personne qui puisse être mon ami.
Sauf lui.

Je n'avais que ma sœur. Mes parents.
Mais on ne peut pas tout partager avec les personnes qui appartiennent aussi étroitement au cercle familial.

L'amitié... c'est pour moi un sentiment d'affection puissant entre deux personnes.
Un attachement et une sympathie qu'une personne témoigne à une autre
, en lui montrant bienveillance, gentillesse, chaleur, et ce dans les relations sociales, privées ou publiques... Un ou une amie, c'est cette personne qui sait soutenir sans forcément donner des conseils, qui s'intéresse à l'autre pour ses qualités intrinsèques, même quand elle ne partage pas les mêmes opinions.
Ce sentiment si fort et si inexplicable en même temps.

Ma sœur a de nombreux copains et une seule véritable amie.

...

Pour en revenir à l'amour et à la vie de couple...
Avant de vivre avec l'homme qui est devenu mon mari, je ne m'étais jamais imaginé vivre en couple.
Même pendant nos années de vie commune, je continuais à me dire que nous définir, lui et moi comme un "couple", ça n'avait aucun sens.

Je n'avais pas d'objectif de vie avec lui, et j'ai toujours su que tôt ou tard, il faudrait tomber le masque.
Toutefois, avec la maladie, les choses se sont complexifiées. Aujourd'hui, même s'il m'est difficile d'aller le voir, car je souffre beaucoup de le voir souffrir, il est hors de question pour moi de divorcer. L'attachement que j'ai pour lui est devenu extrêmement complexe et stable.

...

Se sentir aimé est censé être quelque chose de fort et de positif.
En ce qui me concerne, j'ai avant tout besoin d'être encouragée à agir, à avancer dans la vie, en sentant qu'on m'encourage.
Ou tout du moins qu'on ne me désapprouve pas ni qu'on me considère avec persévérance comme une personne fragile.


Le premier de mes besoins, c'est de m'écouter et de ne pas m'imposer à moi même des souffrances que je peux m'épargner. Mais aussi de tenir bon pour avancer, au lieu de m'enfuir, toujours.




mercredi 13 avril 2016

La Vie n'est pas un long fleuve tranquile...

><
Je commence à passablement me connaître. Quand je dors tout le temps, il y a un soucis. Je compense quelque chose. Or, j'ai dormi beaucoup jeudi dernier, dimanche après midi et beaucoup lundi aussi. Et ce matin je me suis réveillée à 6h30 puis j'ai comaté jusqu'à 9h30.

Je crois savoir ce que je compense, et j'ai pas envie.

Je veux pas. Je fais l'autruche. Je suis triste. J'ai pas envie de ça.

Pourtant il y a mon cerveau qui essaie de communiquer avec moi et je fais la sourde oreille. Bordel je me sens bien avec lui!!! "Pour dormir?" il me demande, le petit con avec ses synapses partout...
Ben heu.. non ! pour être avec lui !
"Ben ça se voit pas, la marmotte!", il me répond, le petit con... "en plus tu compense chaque fois que tu le vois... tu roupille 9 voire 10 heures d'affilé".... crénom de non, tu vas te taire, ciboulot de mes deux?
"Et pis tu compense pas quand vous sortez, que vous voyez des gens nouveaux, qui te font kiffer, tu trouve pas ça bizarre ?".

Tais toi, tais toi, tais toi, tais toi...

Merde.
T'es moi, bordel, t'es moi, t'es moi, t'es moi... Bhouhouhouhouhou (grosses larmes qui coulent partout).

T'est un vilain cerveau, je te fais la tête, na !
"Tu peux pas, je suis toi, je te signale... je suis pas une voix dans ta tête, je suis tes propres pensées, qui fulgurent à chaque seconde... tu crois pas que tu lui donne de faux espoirs? Hier qu'est'ce t'as foutu, encore, à réactiver ton compte NL? T'es conne ou quoi ? Tu as pas encore compris pourquoi tu as tes petits soucis de santé ?"

Tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi, tais toi...

Et comment je fais pour le lui dire moi?

Par un lâche billet sur mon blog où j'essaie de lui expliquer que je me bats avec moi même, mais que moi même l'emporte, et que c'est le morceau qui veux que je reste vraiment vraiment vraiment célibataire...?

Je l'aime quoi.
"T'es sûre?"
Ben en amour, j'ai jamais été durablement sûre de rien...

Je veux pas, fout moi la paix.
"Tu sais bien que c'est ça que tu veux"... "tu l'aime, c'est ton chéri, mais tu n'y arrive pas... il n'y est pour rien, c'est toi qui est comme ça. C'est tout."

Non, c'est pas tout. C'est dégueulasse, quelque part. Je ne veux pas l'abandonner.
"Tu ne l'abandonne pas, tu essaie de vivre en accord avec toi même."

Mais ça fait mal, bordel!

"Oui, ça je sais... Mais tu ne peux pas le laisser dans l'illusion, continuer à lui mentir..."

Je ne lui mens pas.

"Non. Juste par intermittence. Je sais très bien que tu es toujours sincère à l'instant "T" où tu dis les choses. Mais il faut que tu soi honnête avec toi à 100%, aussi, pour que tu t'épanouisse, tu le sais. C'est comme ça, c'est tout. Je sais que c'était plus simple quand ils habitaient à l'autre bout de la France, mais là il habite à 20 bornes et passe devant chez toi tous les jours... tu dois faire avec. Il peut rester un pote."

Non, je suis pas sûre de le supporter.
J'ai essayé, on voit ce que ça donne :
Un dialogue de mes deux (lobes cérébraux), pour essayer de me convaincre que pour l'instant mon équilibre émotionnel prime sur... sur la peur de faire souffrir quelqu'un que j'aime, mais avec qui je souffre à chaque instant, parce que je l'aime mais que je ne supporte plus de le fréquenter.

Pffff... Il y a quelqu'un sur la toile qui arrive à me suivre?
SVP, ce(s) quelqu'un(s) peuvent me donner un conseil avisé?

Non? Une fois... deux fois....... trois fois !
Démerde toi, Ségo.


Rhaaaaaaaaa.
Et crotte de bique mauvais choix, j'aime l'odeur...
Chiotte de vérole (merci papa pour tes expressions de dépit si imagées...).

J'en peux plus, c'est vrai.
Je voudrais.
Mais je n'en peux plus, vraiment.
J'ai mal. Si je m'écoutais, je me gratterais au sang, mais je ne veux plus jamais faire ça de ma vie.
Si je peux tenir une promesse que je lui ai faite, c'est bien celle là.

Et merde.

Je suis pas complètement lâche...
Ce n'est pas via ce billet qu'il l'aura apprit...

Volontairement mariée, séparée, célibataire, nulligeste.

Bon, en même temps c'est ce à quoi j'aspire depuis des années, alors pourquoi je chiale?
Même pas de chats pour me faire des câlins...



Edit : J'ai causé avec moi même et j'ai décidé que :

Lui, je ne veux pas qu'il sorte de ma vie  !
Alors il y reste.
C'est tout.

mercredi 28 octobre 2015

30 ans de honte, 3 décennies gâchées à chercher à plaire à tout prix... Et...


Je l'ai déjà écris, il me semble, mais toute ma vie j'ai été angoissée et dépressive. J'en avais honte, parce que je voyais bien autour de moi que les autres n'étaient pas comme moi. Ils n'avaient pas peur d'agir, ils avaient l'air de savoir ce qu'il voulaient, ils avaient l'air d'avoir une vie.

Moi j'avançais dans le temps parce que le temps passe. J'avais peur de presque tout, sauf quand ma sœur était près de moi. J'avais peur de ma mère (que j'aime très fort), parce que je voulais lui plaire, mais qu'elle était si imprévisible dans sa façon d'être qu'elle me terrorisait. Je ne savais pas ce que je voulais, sinon être aimée, ne pas être rejetée, exclue, repoussée. Je préférais me mettre moi-même à l'écart plutôt que d'avoir à vivre cette honte.
Je croyais que ma peur et ma honte faisaient partie de moi, qu'elles me définissaient.

J'avais tors, bien sûr. Mais celui qui n'a jamais été comme ça aura beaucoup de mal à comprendre. La phobie sociale anxiété généralisée sévère est un mal qui empoisonne tout le quotidien. On a peur de ce qui arrive, de ce qui pourrait arriver, de ce que les gens pensent et même de ce que l'on pense soi même...
Les troubles anxieux généralisés et les troubles d'anxiété sociale sont donc de vrais handicaps à ne pas prendre à la légère, tout comme la phobie scolaire.

J'ai toujours eu peur de l'école, même si j'ai toujours aimé apprendre.
Peur d'abord parce que c'est une situation sociale pleine d’interactions indésirables. Les enfants sont durs entre eux. J'étais plus fragile, plus sensible que la plupart des autres enfants, alors c'était très dur. Les récréations, c'était le bagne. Au moindre rejet, je me repliais sur moi même et n'essayais plus de me confronter à la situation qui m'avais exposée à l'humiliation du rejet, signe que "je ne valais rien".
Peur de l'école ensuite parce que j'avais besoin de comprendre tout, tout de suite. Pas par orgueil, mais parce que dès qu'un blocage apparaissait, les tourments me prenaient à la gorge et je devenais obsédée par l'idée de ne pas "y arriver", par la certitude même que je n'y arriverais pas, la conviction que j'étais trop nulle...
Souvent je finissais par passer l'éponge et abandonner les exercices en chemin, parce que la peur de commettre des fautes était plus imposante que la peur de me tromper, de ne pas avoir compris la leçon. Inimaginable pour moi de devoir (et même pouvoir) l'avouer à mes professeurs. J'abandonnais, purement et simplement, avec une sorte de fatalisme désarmant.

La honte était partout dans ma vie. La peur des autres m'empêchait de lier des liens trop solides avec les autres. Je les fuyais, de toute façon. J'étais seule et solitaire... mais je haïssais ma solitude.

J'étais torturée par le sentiment de ne pas être "conforme" à la société, aux attentes (supposées, souvent imaginaires) de mes parents.
Pourtant, j'étais très vive d'esprit et je m'intéressais à tout.
J'étais ainsi précoce à bien des points et c'était le cas aussi de la sexualité.
Là aussi, je vivais ça avec une honte démesurée. J'ai eu le sentiment d'être "obsédée sexuelle" avant même d'être prépubère... et le sentiment aussi d'être anormale parce que je ne me sentais ni hétérosexuelle ni homosexuelle, et ça, ça me perturbait énormément. J'en faisais même le bouc-émissaire de tous mes maux.
Je me trompais d’ennemi, bien entendu.
Comme quand je rendais ma mère "coupable" de mon mal être, à cause de son instabilité récurrente, des incohérences dans ses paroles de parent et ses actes d'adulte (ne pas parler sèchement aux autres, alors qu'elle faisait le contraire, respecter l'intimité et la pudeur des autres, alors qu'elle rentrait dans ma chambre sans prévenir ou me regardait sous la douche à l'improviste...). Ma maman n'avait pas conscience qu'elle m'infligeait des tortures quotidiennes, et je ne disais d'ailleurs jamais rien, sauf sous le coup de la colère, quand ça devenait trop oppressant.

Paillasson et hérisson.

J'ai grandis comme ça, tant mal que bien.
J'ai passée la primaire, le collège, le lycée... toujours un peu plus en retrait, toujours dans la crainte croissante des autres, avec de nombreuses décompensations en chemin, jamais vraiment prises en compte. J'ai subi une large palette de troubles psychosomatiques, allant des algies fonctionnelles des membres inférieurs (douleurs insupportables dans les jambes, au point de ne pas tenir debout... sans "causes médicales") aux diarrhées fonctionnelles récurrentes, en passant par des angines ou des cystites de crispation...
Aujourd'hui encore mon ventre me persécute.

J'ai grandis, j'ai pris de l'âge, une partie de moi a évolué... mais une autre n'a pas mûrit. À bien des points de vue, je suis restée une enfant. Sensible, crédule, ayant besoin de se me sentir protégée par les autres, les "adultes".
Ainsi, à 33 ans je ne me sens toujours pas adulte.

Je l'étais encore moins à 19, quand j'ai rencontré Alain, ni même à 23, quand je suis allée vivre avec lui.

Malheureusement mon absence pathologique de confiance en moi me place en situation de grande vulnérabilité.

Quand j'apprécie quelqu'un, simplement parce qu'il sait me faire me sentir bien, en valorisant certains aspects de ma personne, de mes capacités ou autres, je deviens très manipulable. Ayant alors un fort sentiment de reconnaissance, je me sens même redevable à certains égards...
Aucun signal d'alarme "danger" ne s'allume dans mon cerveau, et je plonge tête baissée dans les embrouilles !

J'ai été si loin dans cette "reconnaissance mal placée".

Si loin que, malgré toute l'affection que j'ai pour Alain, dont j'ai souvent parlé sur ce blog, durant les dix années où j'ai vécu avec lui, j'ai nié ce qui aurait sauté aux yeux de qui que ce soit... c'est à dire un dysfonctionnement total du couple, flirtant (voire, étant carrément) de la violence psychologique. Bref, une violence conjugale "proprette" (pas de coups, peu de cris), réelle et trop peu médiatisée.

Pourtant elle est reconnue comme telle... D'où des campagnes de sensibilisation qui, malheureusement, passent trop souvent inaperçues...
http://www.tekiano.com
"La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes." Source : www.solidaritefemmes.org

Je me suis très longtemps masquée la face en me focalisant sur l'aspect "volontaire", trouvant des explications (mais pas des "excuses") au comportement de mon mari, sa surveillance omniprésence de tout ce qui fait une vie (dépenses, consommations d'eau, d'électricité, de carburant, fréquentations, loisirs...)... mais peu importe en fait.

Alain a toujours eut un caractère psychorigide, ayant une obsession pour la maîtrise de son environnement matériel et humain...

Wikitionnaire donne la définition suivante des personnalités psychorigides :

"Qui, mentalement, manque de souplesse, d’autocritique, de fantaisie, qui fait preuve d’autoritarisme et de méfiance; Qui se trouve psychiquement dans l'incapacité à se mettre à la place de l'autre. Caractéristique propre aux paranoïaques".

Tout est dit.

Je suis sortie de ça, je travaille jour après jour sur moi, pour me défaire de mes fragilités... Chaque jour est un combat et je ne baisse plus ma garde. Chaque jour est une victoire. Chaque jour est un nouveau pas vers le reste de ma vie.

Merci à toutes les personnes qui me soutiennent.♥♥♥




mercredi 7 octobre 2015

J'ai écris à ma mère...

Mes rapports avec ma maman ont toujours été complexes... je l'aime très fort, mais elle porte en elle une colère, une agressivité imprévisible. Des angoisses aussi, très certainement. Une sensibilité extrême, associée à de fortes distorsions cognitives (ce qu'elle perçoit d'une situation ne correspond pas toujours à une réalité factuelle). De la culpabilité aussi. Et une inquiétude au delà du pessimisme concernant l'avenir du monde.

Grandir auprès d'une telle personnalité peut laisser des traces... Surtout quand on est déjà en proie à une hypersensibilité et à des troubles de la personnalité évitante... Quant à savoir le lien de cause à effet entre la personnalité de ma maman et mes problèmes actuels... je ne m'avancerais qu'à dire que ça y a certainement contribué.
En plus d'une multitude d'autres choses.

Plusieurs fois dans ma vie, de l'adolescence à ma vie d'adulte, j'ai essayé de lui parler de certains de ses comportements qui me blessaient, mais elle n'était pas toujours à l'écoute, n'entendait pas (au sens qu'elle ne comprenait pas vraiment ce que je disais ou exprimais).
Parfois, tout de même, elle s'est efforcée de faire des efforts, mais ça n'a jamais duré.

Longtemps, elle n'a eut de cesse de me répéter que je devrais consulter des psys, à propos de ci, de ça... sauf que je consultais, justement, mais que je ne supportais pas l'idée de le lui dire, de peur qu'elle pense que c'était "grâce à elle", qu'elle me "défasse" de mes réussites individuelles pour se les approprier, en quelque sorte (vous arrivez à suivre?).

Elle disait aussi de temps à autre qu'elle devrait suivre une psychanalyse (je pense cependant qu'une thérapie avec un psychiatre pratiquant l'EMDR ou les TCC serait plus judicieux que de blablater des années durant), mais voici plus de 15 ans que je l'entend tenir ce discours et ne jamais passer à l'acte.

J'aime très très fort ma maman. Mais je ne peux plus la côtoyer qu'à faibles doses. Elle m'est toxique émotionnellement, ce qui m'oblige à la fuir. Me sauver. Une forme de colère permanente se dégage d'elle, comme une aura qui m'empoisonne émotionnellement.
C'est très dur à vivre.
De part et d'autre.

D'autant que j'ai fini par "lâcher le morceau", tout récemment.

En effet, après mon hospitalisation à la clinique psychiatrique "La Villa Bleue", entre le 10 mars et le 03 avril dernier, j'ai habité quelque jours chez mes parents, puis chez ma sœur un mois durant, jusqu'à début mai où j'ai emménagé très officiellement dans la toute nouvelle résidence secondaire de mes parents (qui habitent à environ à 45 km de là, c'est à dire de la commune d'Angoulême).

Au début la maison était vide. Seule ma chambre était meublée. Je passais mes journées à lire, à regarder des films sur mon PC et à aller à mon ancienne adresse, me connecter en WiFi sur la box de mon mari, cachée dans la cage d'escalier ou même assise par terre sur le pallier... J'allais marcher.

Mais peu à peu ma mère (bien plus que mon père) a commencé à emménager dans sa résidence secondaire. La cuisine s'est vue envahie de flots de choses et d'autres, avec toutes les descriptions qui vont avec. La salle de séjour, la salle de bain.
Certes, je suis hébergée à titre gratuit, mais ce n'est pas un endroit où je peux me sentir "chez moi".

Un ami m'ayant proposé de m’héberger chez lui, à la campagne, j'ai accepté... Je ne vis donc plus réellement dans la résidence secondaire de mes parents, où je ne fais plus guère que passer de temps à autres. J'y éprouve en effet un sentiment d'insécurité, de colère, de souffrance, avoué par mail...

Ma maman m'a alors répondu une chose qui a été la goutte d'eau faisant déborder le vase de ma gentillesse et de mon besoin de la protéger (elle est très sensible). Je lui ai alors écris un long mail concernant mes ressentis.

Sa question, sa remarque ?
"Et  comment expliques-tu ce sentiment de colère de souffrance et d'insécurité à la TG? Une maison en ville, tu crains une agression, ou bien c'est plus au niveau du symbolique?
Je crois que tu devrais bosser sur cet aspect de ta souffrance"
Je l'explique très bien, et je l'ai fais. Inutile que je copie ici le développement, c'est privé. Cela concerne les sentiments que j'ai vis à vis d'elle, qui me perturbent beaucoup...

Quant au fait "bosser" sur tel ou tel aspect de mes souffrances, je lui ai expliqué le plus posément possible qu'elle était ma maman, et non ma thérapeute, et que donc elle n'avait pas à intervenir dans mon parcours de soins, quel que soit le bien qu'elle me veuille...
"L'enfer est pavé de bonnes intentions", n'est-ce pas ?

Ainsi j'ai écris à ma mère.
Je l'ai ménagée tant que possible.
Je sais par mon père qu'elle va mal, psychologiquement parlant, ces temps ci.
Je suis inquiète pour elle, et triste.

On parle de la cathédrale qui se fout de la chapelle...
Mais ici, il est question d'une cathédrale souterraine (ma mère) et d'une cathédrale "traditionnelle" (moi). Personne ne se fout de personne. Nos trajectoires de vie sont dissemblables, même si liées par sa parentalité et ma filiation, nos souffrances sont discordantes, nos besoins sont différents.

Une seule chose compte.
Nous nous aimons.




mardi 11 août 2015

Euphorie délétère de l'alcool

J'ai commencé à boire avec l'arrivée de la maladie de mon (ex) mari [certes, nous ne sommes pas divorcés, mais l'esprit a ses lois que la Loi ne peut connaître].

À l'heure où j'écris ces lignes, je suis en état d'ébriété. Pas pour gourmandise pour l'alcool (Whisky et liqueur de citron) mais par gourmandise pour cet état planant où me met la substance. J'ai fais ça avant ma séparation, plus d'une fois, avec du Gin, du Rhum, du Whisky à la crème de cassis, avec du rhum blanc et du sirop de sucre, pour que l'effet soit immédiat.
Je cherche à planer, ni plus, ni moins.
Je suis une droguée et bien que sous l'emprise de l'alcool, je pleure.
Je sais que je suis une loque de 80 kilos.
L'alcool me rend gaie, habituellement. Je plane, tout disparait, la souffrance, la tristesse, le poids de tout, moi y comprit.
Mais je ne peux pas, je ne peux plus continuer comme ça.
J'ai déjà promis que je ne me tailladerais plus...
J'ai déjà promis que je ne me gratterais plus jusqu'au sang...
Il me reste à promettre de ne plus m'enivrer en cachette, que ce soit à la codéine ou à l'alcool.

Je ne suis pas alcoolo-dépendante. Pas "alcoolique" cliniquement. Pas besoin de sevrage, pas de risque de delirium tremens et autres symptômes de sevrage. Dur de renoncer, certes, d'accepter de ne plus me faire planer comme ça.*
Au secours!!!
Je me noie.
Dans un verre de Sky, après avoir longtemps hésité, ce matin,  au rayon des alcools titrant à plus de 40°...l y a à peine une heure, en réussissant à ne rien acheter, sauf de quoi combler ma compulsion alimentaire. Desserts glacés danbs de jolis verres. Pas de place au congélo, connasse!!!

Mon Ange Gardien ne sait pas du tout dans quelle merde il s'est engagé et j'aimerais l'épargner, mais je ne peux plus.
Pas de secrets.
C'est la première fois que je me met la tête à l'envers depuis que je suis ici, chez lui.
Je me déteste. Je suis une merde, sans volonté, sans r&sistancve, sans barrières. J'ai le sentiment d’abuser de sa gentillesse. J'ai le sentiment de défier la confiance qu'on m’accorde ici bas. Je ne suis qu'une loque qui sait faire bonne figure. J'ai mal partout comme si on me déchiquetait de l'intérieur,. Mais c'est moi qui me déchiquète, parce que sous mon désir de vivre ke voudrais mouroir, ^pour toujours, pour jamais, pour cesser d'être inutile au monde et en, disparaitre une fois pour toutes.

IUn seul verre, un, seul, et au lieu de planer, je tombe, je tombe, sans réyussir à voir l'écran, sans voir vraiment mes doigts courir sur le clavier.


Impossible de faire les courses sans dépenser au moins 75 euros de ma poches ces temps ci. Je me détruit. Et quand je n'en ai plus assez, c'est mon ex mari qui paie. trop. Demande de tutelle sans motif? Vraiment? Je bousille tout ce qui m'entoure.

Un ami qui ferait mieux de me foutre à la porte. Je serais mieux à Breuty, chez les dingues.

Veux plus de ma famille, veux plus de personne, veux être shootée au Théralène et dormir jusqu'à la fin des temps de merde. Veux être irresponsable, déresponsabilisée, sombrer.

Je veux un nouveau shoot d'alcool, je veux de la codéine, quitte à dormir, je veux oublier le lisier qui me pleut dessus depuis que j'ai deux ans. Trente années de merde liquide qui coule dans mes veines. Je veux me noyer dans ma douche, alors que je n’arrive toujours pas à me laver tous les jours, tous ces fouitus jours!!! Je veux crever sous une douche er jeveux vivre et oublier. Je veux renaître vierge de tout, de mes drames, de mes angoisses, des tortures, des peurs.

Un seul putain de verre.
Un seul!!!

Deux putains de verres glacés
Il aura au moins les verres


Le soleil dans le jardin et la pluie sur mon visage

Saloperie de vie de merde

samedi 11 octobre 2014

Lieux et personnes "ressources"

Quand on est dans ma situation (dépression, anxiété...) il est bon d'avoir des lieux et des personnes dites "ressources". Pour rompre avec l'isolement. Des personnes vers qui se tourner, des lieux où aller, quand ça ne va pas.
La MJC est un endroit de ce genre là.
Encore faut-il pour moi parvenir à arriver là bas.
Passer les portes, ça n'est pas mon fort. Faire des choses nouvelles. Entrer dans des lieux où je ne suis jamais allée pour rencontrer des gens que je ne connais pas.

Pourtant hier je suis parvenue à entrer dans la MJC Louis Aragon.

J'y ai rencontrées des personnes sympathiques. C'est un lieu ressource.
Mais encore faut-il que je sois en état d'y aller, que j'ai la force d'y aller.
Surtout en cas d'invitation.
Rien de pire.

J'ai été invitée à y aller cette après-midi.
Mais ça m'a torturée toute la journée, mon angoisse n'a cessé de croître, jusqu'à ce que je sois à la limite de la crise de panique. J'ai été obligée de prendre des anxiolytiques. Beaucoup. Plusieurs fois des demi barrettes de Bromazepam.

J'ai fini par accepter cet "échec personnel".
Mais ça a été dur, très très dur.

vendredi 22 août 2014

La semaine où j'ai décompensé de mes troubles anxieux...

Semaine du lundi 04 aout au dimanche 10 aout 2014.

Je m'inquiétais pour mon mari.
Sa maladie neurodégénérative continue inexorablement d'évoluer, grignotant sa vie, son autonomie, son indépendance... perturbant aussi sa façon de voir la vie, c'est à dire qu'elle influe sur son humeur, ses sentiments, sa résistance aux contrariétés. Oui, quand on est malade, diminué, qu'on a mal, et bien il se trouve qu'on est plus facilement déprimé, dépressif, parfois même un peu agressif avec les autres.
Je pense que ça peut se comprendre.

Je m'inquiétais donc pour mon mari, que je trouvais parano et morbide.

En fait c'était moi qui était en train de complètement péter les plombs, avec paranoïa, interprétations délirantes des situations, agitation, distorsions cognitives complètement tordues, etc.

Le lundi, on a signé la procuration devant permettre à mon père de signer pour notre compte l'achat d'un appartement de 90m² à Angoulême, où nous retournons vivre.
J'étais toute fière de mon mari, qui m'avais fait un bel alphabet de la main gauche, juste après m'avoir écris une suite de nombres allant de 1 à 30.
Fière comme une maman devant les premiers gribouillis de son enfant, j'étais.
Et en même temps un grand, grand soulagement, l'impression que des mois de souffrance psychique allaient enfin trouver leur fin grâce au déménagement. J'allais enfin pouvoir souffler grâce à la famille, grâce au changement de prise en charge...
Souffler...
Souffler...
Cette idée est alors devenue une obsession.
À un tel point que j'ai commencé à vouloir souffler, déjà.
Ne plus devoir tenir, avoir à faire face à tout ça, à tous les impératifs de notre vie jusque là...
Le lever, le petit déjeuner, la toilette, l'urinal, la crainte des fausses-routes, les craintes de contrariétés pouvant entraîner une agressivité, une volonté de mort de la part de mon mari. Les impératifs du fauteuil roulant, des sorties, des non-sorties... etc.
Sentant que j'allais mal et que mon mari allait mal, j'ai essayé de joindre notre médecin traitant.
En vacances.
J'ai eu sa collègue du cabinet, le Dr.F.
J'étais dans un état d'agitation important, j'avais peur, j'étais épuisée.
La doctoresse, qui ne m'avait jamais vue (et ne me verra plus jamais, grrrr) en consultation ne m'a été d'aucun secours...
J'ai ensuite eu au téléphone ma famille au téléphone, ma sœur, mon père, une belle sœur.... Au bout du compte, en fin de journée, j'étais à bout, je voulais que "ça cesse", et j'ai carrément appelé le SAMU pour mon mari. Qui n'était pas agité. Enfin... pas plus que n'importe quel mari qui voit sa femme s'agiter sans raison apparente. Il faut dire quand même qu'il disait (ou je m'imaginais?) des trucs genre "tue moi", "il faut que je meure" et autres délicatesses.
Le SAMU a débarqué, avec les pompiers, trois urgentistes du SAMU, quatre pompiers, sept personnes en tout. Mon mari était dans le fauteuil du salon, il avait l'air d'aller bien, il était relativement calme vue la situation, logique, cohérent. Moi par contre, j'étais agitée, très très agitée, en larmes, limite "hystérique", comme on dit. Mais j'avais appelé pour mon mari, et le constat de l'équipe du SAMU, c'est que mon mari allait bien. Alors ils m'ont laissée, seule avec lui et mon désespoir, que je ne savais même plus dire, expliquer.
Ils m'ont laissée avec la haine, celle que je voyais dans le regard de mon mari...

Le mardi j'allais de mal en pis. Mon mari me haïssait pour "ce que je lui avais fais", pour avoir "essayé de me débarrasser de lui".
J'étais en grande souffrance face à ces mots que je me prenais dans la face comme la dureté des pierres d'une lapidation publique. Je me sentais irrémédiablement coupable, acceptant le châtiment, convaincue au plus profond de moi que ma trahison à son égard, m'avait déchue sans retour possible dans son estime.
J'ai appelée la généraliste, le Dr.F. pour lui demander un rendez-vous, comme je l'aurais fais dans les mêmes circonstances avec mon médecin traitant, le Dr.R.. Pas avant 18h15.
J'étais désespérée. Je perdais les pédales, et je ne disais rien à mon mari de cette détresse psychologique, partagée entre la colère et l'amour. Pour moi c'était évident que c'était... évident ! Je n'ai même pas pensé à lui dire, lui expliquer, que le Dr.F. était la collègue généraliste de notre médecin traitant.

Pour ajouter à tout ça, comme mon mari me semblait agité (à la suite des événements de la veille, c'était compréhensible), j'ai demandé à l'association d'aide aux personnes qui intervient chez nous au titre de l'APA, de nous envoyer quelqu'un pour l'après midi. Fanny, notre aide ménagère était disponible, elle est venue fissa.

Si je voulais une présence en mon absence, c'était parce que j'avais peur que mon mari se fasse du mal, après qu'il eut affirmé à plusieurs reprises vouloir crever, après qu'il m'ait aussi demandé de le tuer...

Je voulais voir la généraliste pour lui dire que je n'en pouvais plus de la situation. Que je ne parvenais plus à me sentir épouse, que je ne me sentais plus qu'aidante, que j'avais le sentiment de ne pas pouvoir, de ne pas avoir le droit de le dire, de ne pas avoir le droit de souffrir de la situation. Je voulais dire à quelqu'un du corps médical que je n'en pouvais "simplement" plus, plus, plupluplu...
Et je que donc je voulais être hospitalisée, car sinon on courrait au drame... Mais je voulais que la prise en charge de mon mari soit en cohérence avec mon absence.

Mais elle n'a rien comprit. Rien du tout. Elle a promit qu'elle contacterait la clinique, mais elle n'a rien fait pour mon mari, en fait.

Je suis rentrée à la maison. Les choses étaient pires, les choses allaient mal, mais je ne savais toujours pas dire à mon mari à quel point ça allait mal. Il faut dire que chaque fois que je me suis plainte, j'ai eu à affronter une remarque agressive telle que "qu'est ce que je devrais dire, moi?!?", comme si c'était un concours.
Aucun point de comparaison ne peut être fait entre nos souffrances, sa maladie, mes TAG, son anxiété, ses douleurs. Aucune n'est acceptable. La douleur, c'est toujours inacceptable, quelle que soit la cause, qui que soit la personne qui y est exposée.
pourtant depuis des mois, je devais taire ma souffrance, mes craintes, mes angoisses. Pire je devais être disponible pour toutes ses attentes, pour l'aider à marcher, pour lui préparer des repas adaptés, pour l'emmener chez les prestataires de soins, pour l'emmener se promener, pour assouvir ses plaisirs. Ma volonté, mon désir, mes angoisses, tout ça, ça n'avait pas voix au chapitre. Ou alors c'était stigmatisé, c'était "mal" de ma part de ne pas être bien, de ne pas avoir envie de faire ci ou faire ça, parce qu'il est malade, et qu'on ne tire pas sur une ambulance. Et je me laissais écraser, voilà tout, stoïquement, pour éviter tout conflit, toute contrariété à l'Homme que j'Aime.

Le mercredi, je trouvais que mon mari était agité (à la suite de mon appel au SAMU de lundi soir, il avait consacré une partie de son après midi de mardi à appeler les membres de sa famille pour leur dire pourquoi ils devraient me haïr, que je ne l'aimais plus et voulais l'éliminer le plus vite possible.
Il se gardait bien de dire qu'à de multiples reprises il m'avait demandé de mettre fin à ses jours, lors de diverses crises d'angoisse au fil des derniers mois...

J'ai donc encore appelé la généraliste, qui m'a proposée une consultation en urgence à la permanence psy de l’hôpital, mais il fallait y aller par nos propres moyens et j'étais sure et certaine que Alain ne voudrait pas. Non non non non non non.
Je n'étais pas en état de l'entendre, de la comprendre, lorsqu'elle me disait de faire monter Alain dans la voiture sous un faux prétexte. J'étais alors convaincue que c'était impossible. Aussi le Dr.F. a dû abandonner cette idée, pourtant la plus simple, la meilleure...
Donc elle a appelé les ambulances et on est allés aux urgences. Il a du falloir 6h pour que Alain voit la psychiatre (qu'il aurait vue en 10 min si j'avais été en état d'entendre ce que Laure F., la généraliste, m'avait dit...). 8h aux urgences en tout.

Le jeudi ça allait à peu près, je crois?
J'ai essayé de démêler la réalité de mes troubles cognitifs, mais ça n'était pas top quand même.
J'ai beaucoup appelé ma famille, suite à l'épisode des urgences. Je sentais que je débloquais, que je faisais n'importe quoi à cause de mon état de panique croissant. À cause de la souffrance croissance. Il n'y avait plus que ça en moi. La douleur, la souffrance. La colère aussi, le sentiment d'incompréhension.

Le vendredi, on avait rendez-vous chez la neurologue de mon mari à 8h. Elle avait été injoignable une grosse partie de la semaine, s'étant cassé le pied le dimanche 03 aout en descendant un escalier. À 7h40 l'ambulance était là pour ce petit voyage. Heureusement parce que l'accès au cabinet serait devenue impossible sans les grands ambulanciers baraqués.
Le rendez-vous s'est très bien passé. On a eu une grosse bise de Monika, tout sourire malgré son pied en attelle (2 métatarses en morceaux).

Malheureusement, une fois qu'on a été de retour à la maison, j'ai commencé à aligner de grosses crises d'angoisse, avec une sensation de dépersonnalisation, une impression de "devenir folle". Être là... mais pas là. Se sentir absente à soi même, absente au monde mais se savoir là quand même. Vraiment, ça n'allait pas. Je voulais "disparaître" (mais pas mourir), m'enfermer au fond d'un placard, dans un tas de couvertures et de couettes, dans un nid, dans le noir, disparaître...

À 11h, je suis allée à la permanence du CMP et on a décidé de mettre en place une prise en charge à partir du lundi suivant avec mon infirmier référent, mais dans l'après midi, ça a été de pire en pire, j'étais parano, hyperactive, complètement aliénée par mes devoirs envers mon mari, son manque de "reconnaissance", son manque d'empathie envers ma propre souffrance, mon épuisement face à la situation...
J'étais très très mal.
Du coup j'ai demandé au CMP de m'envoyer au CHS, sauf que personne ne proposait de solution pour Alain qui dépend pourtant à plus de 95% des autres, c'est à dire de moi... J'ai cherché auprès de toutes les ressources dont je disposais, c'est à dire bien peu de monde, et finalement on ne m'a proposé aucune solution valable.

Ce qui fait du mal à mon mari ne peut pas me procurer de bien être. Mon bien être, au prix de son abandon, c'était et ça reste inenvisageable. Sans contradiction possible.

Donc à 17h30 environ, j'ai laissé tomber l'hospitalisation. J'étais épuisée, j'avais abandonné totalement.
Ce jour là, j'ai fais une décompensation massive de mes troubles anxieux. Larmes etc, parano, dépersonnalisation, douleur psychique à 7 ou 8, je savais plus qui j'étais, je hurlais que je n'en pouvais plus, des trucs cohérents et d'autres pas, je bavais tellement je pleurais...

Mon mari est tombé des nues.
Il m'avait jamais vue comme ça.
Il pensait pas que les TAG, ça pouvait faire ça. Il était perdu et très très triste.

C'était entre le 4 et le 8 aout.
Je ne suis pas encore remise.
Mes parents se relaient pour être là le weekend et j'essaye de préparer le déménagement du mieux que je peux.
Voilà.