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jeudi 22 février 2018

Après la fac, boulversements...

Avril 2009. Je décroche ma licence de Droit à 27 ans.
Je me sais incapable de continuer en Master à Poitiers.
Qui plus est, je n'en ai aucune envie.
J'ai étudié des matières fascinantes comme le droit des biens, des personnes morales, le droit communautaire ou l'histoire du droit français... mais je ne me vois aucun avenir juridique.

J'avais voulu étudier la sociologie pour comprendre la société.
J'ai permuté vers la psychologie pour comprendre le fonctionnement des gens.
J'ai finalement étudié le droit dans le même type de démarche : comprendre, avant tout. La justice, le droit, des choses "communes", des institutions, du monde étrange dont je fais partie malgré moi.

Durant l'été, je lis des romans, cuisine, me promène, pars en vacances avec Alain...
C'est vague dans mon esprit.

Parfois, je me sens très, très mal.
Ma vie ne me convient pas.
Je ressens de nombreux manques, un vide profond...
J'essaie de ne pas y penser mais je relâche parfois la tension en me laissant aller en écrivant, en jetant sur le papier des réflexions d'ordre intime sur le papier, sans penser, sans réfléchir, déversant mon mal-être profond.

Un jour je suis dans le jardin tandis qu'Alain est à son ordinateur, dans la salle de séjour.
Quand je reviens à la cuisine, je suis confrontée à mon mari, furieux. Il irradie la rage. Je ne comprends pas.
Il s'avère qu'il est entré dans mon bureau pour regarder un livre et a vu un de mes textes, sur mon bureau. Et l'a lu.
Je suis choquée car il existe un accord tacite entre nous : cette pièce appartient à mon intimité personnelle. Je m'y sens en sécurité, c'est en quelque sorte mon "chez moi", chez lui, mon refuge. J'en ai un réel besoin. Il le sait très bien, mais n'en a pas tenu compte.

Ce qu'il a lu, c'étaient des mots de désarrois, des maux de mon esprit. De mon corps, aussi, qui hurle depuis longtemps, me torture quand je vais mal, quand je ne vis pas, que je survis, que je vis pour les autres, que je nie les choses et me laisse diriger par les autres parce que j'ai trop peur d'être moi-même.

Ce qu'Alain a lu ce jour là, c'étaient des mots de doutes...
Est-ce que je l'aime vraiment?
La question était réellement posée sur le papier, parmi d'autres réflexions.

L'écrire ici, publiquement, on pourrait se dire que c'est me livrer exagérément.
Alors que non.
Non, parce que en dépit de mes doutes d'alors, d'avant, de plus tard, j'ai toujours été très attachée à Alain, j'avais des sentiments forts pour lui, même s'ils étaient souvent ambivalents.
Je l'aimais, je le détestais, j'avais besoin de savoir qu'il allait bien, qu'il était en sécurité, tranquille, mais je me sentais prise au piège. J'ai détesté une partie de sa personnalité, son "passager noir", l'ombre tapie qui entachait sa douceur et sa gentillesse.
Alain était aimant, mais quelque chose était "cassé", en lui, défaillant.

Il était devenu mon mari sans que nous en ayons parlé avant que ça se fasse.
Je n'avais pas refusé.
Tout comme j'étais allée vivre chez lui parce qu'il me l'avait proposé.
Tout comme j'avais conclu un PACS.
Je ne protestais pas, j'étais sans opinion, je laissais la vie faire les choses pour moi.
Je laissais Alain décider.

Quels reproches pourrais-je lui faire, alors que je ne l'ai jamais contredit ?
Pendant des années je suis restée dans une attitude d'acceptation, ne le contredisant jamais, sauf intérieurement, faisant juste parfois des choses discrètement quand il s'affirmait détenteur d'une vérité, qui en fin de compte était trompeuse. Il m'est ainsi arrivé de laisser le chauffage dans certaines pièces, en hiver, au lieu de le couper et de le relancer... il était en effet persuadé qu'il faisait des économies d'énergie, mais une pièce où la température est constante et modérée se réchauffe plus vite et à moins de frais qu'un espace glacé (du sol au plafond, surfaces et air). Au final mon attitude discrète n'avait aucun impact notable sur la facture et mon confort était amélioré.

Souvent Alain se plaisait à dire aux tiers que nous ne nous disputions jamais.
Je pondèrerais largement cette affirmation : nous ne nous affrontions pas dans de bruyantes querelles. Non.
Cependant j'affrontais régulièrement des pluies de reproches, souvent injustifiées au sens commun (ses récriminations étaient "légitimes" au regard de son système de valeurs personnel). Simplement je choisissais de ne pas y répondre. Je le savais meilleurs orateur que moi, plus acharné et obstiné. Sans compter que j'étais le plus souvent convaincue qu'il avait finalement raison, que j'étais dans l'erreur, que j'avais fais ou dis quelque chose de "mal". Ceci en dépit du fait que les notions de bien et de mal soient à géométrie variable, selon les personnes, les sociétés, les époques, la gravité des faits, et autres aspects.

Les choses ne sont jamais toutes blanches ou toutes noires.
La vie, ce qu'on ressent, c'est une palette infinie de nuances, de tons, de textures, de mesures.
On ne peut pas présumer de ce que ressent tel ou untel pour une autre personne.
On peut aimer et détester, désirer et repousser, on peut vivre auprès de quelqu'un et avoir besoin d'en rester éloigné, comme on peut vivre éloigné et ressentir le besoin de contact.

Toujours est-il que je m'étais toujours interrogée sur le bien fondé de notre relation, et évidemment aussi après notre mariage.

J'ai toujours vécu dans le doute. Ça a longtemps été mon principal mode de fonctionnement, d'ailleurs. Quiconque me le reproche me reproche également d'être la personne que je suis, et par extension, me reproche de souffrir de troubles anxieux sévères.
Reprocherait-on à un cancéreux d'être malade ? Non !
Alors quiconque s'estimerait légitime à me reprocher mes troubles psychiques serait dans l'erreur.
Merci bien, je n'ai pas choisi d'être ainsi. Croyez moi, c'est un lourd fardeau.

Lors de l'été 2009, j'ai demandé à mon mari s'il souhaitait que nous nous séparions ou que l'on divorce. La chose me semblait logique devant la réaction extrême d'Alain. Peut être que cela semble absurde vu de l'extérieur, mais après tout, il avait bien lu ce que j'avais bel et bien écris : j'étais attachée à lui, mais je me sentais mal à l'aise et pas vraiment à ma place auprès de lui.

Non, il ne voulait ni divorce ni séparation.
Peut être que c'était ce que je désirais, mais je ne saurais honnêtement pas le dire aujourd'hui.

Le mariage est un contrat qui concerne uniquement les parties qui le signent : les conjoints, donc. La pérennité du contrat est leur affaire, à eux et eux seuls. Une fois le mariage conclu, sauf cas très spécifiques (mariage blanc, mariage forcé...), les tiers n'ont pas leur mot à dire.

Nous n'avons plus remis en question le contrat avant des années, et même alors, nous avons chacun fait le choix explicite de rester mariés.

En septembre, j'ai commencé à faire de l'intérim. Beaucoup d'inventaires et des missions d'ouvrier polyvalent (sans qualifications). J'étais malade quasiment à chaque nouvelle mission. Question recherche d'emploi, j'ai commencé à me sentir vraiment très mal. Au delà de mal à l'aise, l'idée de postuler à des offres me mettait dans un état de panique totalement irrationnel.

Dès le mois d'octobre, je suis allée consulter mon médecin traitant (cette femme me suit toujours et je pense que, à moins qu'elle ne déménage, elle le fera jusqu'à sa retraite). Elle qui avait suivi ma scolarité et constaté mon anxiété croissante au fil de mes études a finit par comprendre que j'étais bien au delà du stress ordinaire. Je lui ai parlé de mes angoisses, que je porte en moi depuis aussi loin que mes souvenirs m'entraînent, et de mon incapacité totale à aller vers l'emploi, vers les autres, vers la vie, à entrer dans les magasins, à pousser des portes, faire de nouvelles choses. Bref, je me suis effondrée, j'ai tout lâché dans les larmes devant elle.

"Ça ressemble beaucoup à une phobie sociale, tout ça".

C'était le début de mon véritable parcours diagnostic.

Grâce à elle, j'ai commencé à aller mieux. J'ai trouvée une psychiatre (en 2010, après plusieurs essais avec des praticiens avec qui ça n'a pas "collé) qui m'a apprit que je souffre de dysthymie (anciennement appelée "névrose bipolaire"), et peu à peu, j'ai appris à me connaître, à faire la différence entre qui je suis et ce dont je souffre.

Mon médecin traitant, Laurence, est formidable.
Ce n'est qu'une humaine.
Moi aussi.

mercredi 28 octobre 2015

30 ans de honte, 3 décennies gâchées à chercher à plaire à tout prix... Et...


Je l'ai déjà écris, il me semble, mais toute ma vie j'ai été angoissée et dépressive. J'en avais honte, parce que je voyais bien autour de moi que les autres n'étaient pas comme moi. Ils n'avaient pas peur d'agir, ils avaient l'air de savoir ce qu'il voulaient, ils avaient l'air d'avoir une vie.

Moi j'avançais dans le temps parce que le temps passe. J'avais peur de presque tout, sauf quand ma sœur était près de moi. J'avais peur de ma mère (que j'aime très fort), parce que je voulais lui plaire, mais qu'elle était si imprévisible dans sa façon d'être qu'elle me terrorisait. Je ne savais pas ce que je voulais, sinon être aimée, ne pas être rejetée, exclue, repoussée. Je préférais me mettre moi-même à l'écart plutôt que d'avoir à vivre cette honte.
Je croyais que ma peur et ma honte faisaient partie de moi, qu'elles me définissaient.

J'avais tors, bien sûr. Mais celui qui n'a jamais été comme ça aura beaucoup de mal à comprendre. La phobie sociale anxiété généralisée sévère est un mal qui empoisonne tout le quotidien. On a peur de ce qui arrive, de ce qui pourrait arriver, de ce que les gens pensent et même de ce que l'on pense soi même...
Les troubles anxieux généralisés et les troubles d'anxiété sociale sont donc de vrais handicaps à ne pas prendre à la légère, tout comme la phobie scolaire.

J'ai toujours eu peur de l'école, même si j'ai toujours aimé apprendre.
Peur d'abord parce que c'est une situation sociale pleine d’interactions indésirables. Les enfants sont durs entre eux. J'étais plus fragile, plus sensible que la plupart des autres enfants, alors c'était très dur. Les récréations, c'était le bagne. Au moindre rejet, je me repliais sur moi même et n'essayais plus de me confronter à la situation qui m'avais exposée à l'humiliation du rejet, signe que "je ne valais rien".
Peur de l'école ensuite parce que j'avais besoin de comprendre tout, tout de suite. Pas par orgueil, mais parce que dès qu'un blocage apparaissait, les tourments me prenaient à la gorge et je devenais obsédée par l'idée de ne pas "y arriver", par la certitude même que je n'y arriverais pas, la conviction que j'étais trop nulle...
Souvent je finissais par passer l'éponge et abandonner les exercices en chemin, parce que la peur de commettre des fautes était plus imposante que la peur de me tromper, de ne pas avoir compris la leçon. Inimaginable pour moi de devoir (et même pouvoir) l'avouer à mes professeurs. J'abandonnais, purement et simplement, avec une sorte de fatalisme désarmant.

La honte était partout dans ma vie. La peur des autres m'empêchait de lier des liens trop solides avec les autres. Je les fuyais, de toute façon. J'étais seule et solitaire... mais je haïssais ma solitude.

J'étais torturée par le sentiment de ne pas être "conforme" à la société, aux attentes (supposées, souvent imaginaires) de mes parents.
Pourtant, j'étais très vive d'esprit et je m'intéressais à tout.
J'étais ainsi précoce à bien des points et c'était le cas aussi de la sexualité.
Là aussi, je vivais ça avec une honte démesurée. J'ai eu le sentiment d'être "obsédée sexuelle" avant même d'être prépubère... et le sentiment aussi d'être anormale parce que je ne me sentais ni hétérosexuelle ni homosexuelle, et ça, ça me perturbait énormément. J'en faisais même le bouc-émissaire de tous mes maux.
Je me trompais d’ennemi, bien entendu.
Comme quand je rendais ma mère "coupable" de mon mal être, à cause de son instabilité récurrente, des incohérences dans ses paroles de parent et ses actes d'adulte (ne pas parler sèchement aux autres, alors qu'elle faisait le contraire, respecter l'intimité et la pudeur des autres, alors qu'elle rentrait dans ma chambre sans prévenir ou me regardait sous la douche à l'improviste...). Ma maman n'avait pas conscience qu'elle m'infligeait des tortures quotidiennes, et je ne disais d'ailleurs jamais rien, sauf sous le coup de la colère, quand ça devenait trop oppressant.

Paillasson et hérisson.

J'ai grandis comme ça, tant mal que bien.
J'ai passée la primaire, le collège, le lycée... toujours un peu plus en retrait, toujours dans la crainte croissante des autres, avec de nombreuses décompensations en chemin, jamais vraiment prises en compte. J'ai subi une large palette de troubles psychosomatiques, allant des algies fonctionnelles des membres inférieurs (douleurs insupportables dans les jambes, au point de ne pas tenir debout... sans "causes médicales") aux diarrhées fonctionnelles récurrentes, en passant par des angines ou des cystites de crispation...
Aujourd'hui encore mon ventre me persécute.

J'ai grandis, j'ai pris de l'âge, une partie de moi a évolué... mais une autre n'a pas mûrit. À bien des points de vue, je suis restée une enfant. Sensible, crédule, ayant besoin de se me sentir protégée par les autres, les "adultes".
Ainsi, à 33 ans je ne me sens toujours pas adulte.

Je l'étais encore moins à 19, quand j'ai rencontré Alain, ni même à 23, quand je suis allée vivre avec lui.

Malheureusement mon absence pathologique de confiance en moi me place en situation de grande vulnérabilité.

Quand j'apprécie quelqu'un, simplement parce qu'il sait me faire me sentir bien, en valorisant certains aspects de ma personne, de mes capacités ou autres, je deviens très manipulable. Ayant alors un fort sentiment de reconnaissance, je me sens même redevable à certains égards...
Aucun signal d'alarme "danger" ne s'allume dans mon cerveau, et je plonge tête baissée dans les embrouilles !

J'ai été si loin dans cette "reconnaissance mal placée".

Si loin que, malgré toute l'affection que j'ai pour Alain, dont j'ai souvent parlé sur ce blog, durant les dix années où j'ai vécu avec lui, j'ai nié ce qui aurait sauté aux yeux de qui que ce soit... c'est à dire un dysfonctionnement total du couple, flirtant (voire, étant carrément) de la violence psychologique. Bref, une violence conjugale "proprette" (pas de coups, peu de cris), réelle et trop peu médiatisée.

Pourtant elle est reconnue comme telle... D'où des campagnes de sensibilisation qui, malheureusement, passent trop souvent inaperçues...
http://www.tekiano.com
"La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes." Source : www.solidaritefemmes.org

Je me suis très longtemps masquée la face en me focalisant sur l'aspect "volontaire", trouvant des explications (mais pas des "excuses") au comportement de mon mari, sa surveillance omniprésence de tout ce qui fait une vie (dépenses, consommations d'eau, d'électricité, de carburant, fréquentations, loisirs...)... mais peu importe en fait.

Alain a toujours eut un caractère psychorigide, ayant une obsession pour la maîtrise de son environnement matériel et humain...

Wikitionnaire donne la définition suivante des personnalités psychorigides :

"Qui, mentalement, manque de souplesse, d’autocritique, de fantaisie, qui fait preuve d’autoritarisme et de méfiance; Qui se trouve psychiquement dans l'incapacité à se mettre à la place de l'autre. Caractéristique propre aux paranoïaques".

Tout est dit.

Je suis sortie de ça, je travaille jour après jour sur moi, pour me défaire de mes fragilités... Chaque jour est un combat et je ne baisse plus ma garde. Chaque jour est une victoire. Chaque jour est un nouveau pas vers le reste de ma vie.

Merci à toutes les personnes qui me soutiennent.♥♥♥




mercredi 19 février 2014

Besoin de m'abandonner

Ces temps ci je suis toujours sur le qui-vive. À l'écoute de mon mari, attentive à son équilibre, à ses besoins, à ses possibilités, à son humeur. Je dois essayer de maintenir le rythme qui lui convient, parce que la moindre perte de repère est préjudiciable. Je suis aussi sur le qui-vive, toujours en alerte à cause de mes angoisses. Mes troubles anxieux sévères empirent. Je souffre de fatigue chronique. Je suis sur le qui vive à l'extérieur et je sens bien que je suis en régression par rapport à certains progrès que j'avais fais sur ma phobie sociale.
La vie m'oppresse de toutes parts et je ne rêve que d'une chose: pouvoir m'abandonner, lâcher prise, être prise en charge. Totalement. Par des personnes qui ne me sont rien. Des professionnels, des soignants. Besoin qu'on prenne soin de moi et que je puisse récupérer un peu, juste un peu, pour pouvoir continuer.
Je sais que ce n'est pas une solution parfaite, et sans doute pas la meilleure solution. Je sais que je ne serais pas nimbée de coton, de douceur et d'attentions. Un établissement psychiatrique reste ce qu'il est. Mais je serais en paix, une ou deux semaine, "institutionnalisée", et je l'appelle de mes vœux les plus sincères et les plus désespérés.


lundi 7 mai 2012

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère...?

Jeudi 10 mai, à 13h30, je serais dans le bureau d'un psychiatre spécialisé en TCC.
Mardi 22 mai, à 9h, je serais dans le bureau d'une psychologue du CMP spécialisée en TCC.
Deux thérapeute valent-ils mieux qu'un ? Je ne sais pas, en tout cas mon médecin traitant m'a conseillé de voir les deux, au moins pendant un temps, ne serait-ce que parce qu'on "accroche" pas forcément avec tous les psys.

Ces deux rendez vous, dont l'un imminent (vendredi dernier, quand j'ai songé que mon rendez vous du 10 était si proche, j'ai eut un violent haut-le-cœur) m’amènent à revenir sur mes motivations en matière de thérapie.
Après tout, je me sens bien. En équilibre. Mais comme je l'écrivais il y a peu de temps, il suffit souvent d'un petit rien pour que cet équilibre s'effrite.

Pas inutile, alors, de me remettre en mémoire les raisons qui me font consulter (si vous lisez ce blog depuis quelques temps, vous avez une idée globale du problème... mais pas si facile de le résumer à un psy). Il s'agit pour moi de remettre mes idées en ordre. Ordre de bataille?

♦♦♦

Pour beaucoup de gens, quand on a un problème de souffrance morale, on devrait résoudre ça seul, "comme un grand". Je n'échappe pas à cette règle d’orgueil. J'ai essayé. Puis j'ai essayé de me faire aider, puis j'ai été déçue par une "aide" qui tombait à coté, qui ne trouvait jamais le vrai problème... des psy qui concluaient parfois que, finalement, je n'avais pas de problème.
Si, en plus de 15 ans d'introspection et de tentatives de suivi, je n'ai pas réglé mes problèmes, au moins sont ils aujourd'hui identifiés : troubles anxieux généralisés et phobie sociale.

Par ailleurs, pour certaines personnes, consulter un psy (psychologue, psychiatre, psychanalyste, etc), c'est prendre le risque de devenir dépendant de cet "autre", de ne plus être capable d'avancer dans la vie sans lui. J'avoue que cette crainte m'a taraudée pendant des années, sans que je l'ai toujours formulée ainsi. C'était plus une idée qui restait tapie à la lisière de ma conscience. Une crainte parmi tant d'autres. Et puis au cours des deux dernières années, il me semble que j'ai su dépasser cette crainte là.

Autre crainte... Guérir ? Serais-je encore la même, alors ? La fin de la thérapie constitue donc une grosse angoisse. Heureusement, cette crainte a elle aussi volé en éclats, grâce aux six mois durant lesquels j'ai consultée une psychiatre, à Angoulême... Au bout de ce temps, elle a confirmé que je connaissais le "pourquoi", mais qu'elle était incompétente pour m'aider à résoudre l'équation. À des collègues de prendre le relais.

Voir un psy, c'est aussi le risque d'être confrontée à des choses douloureuses (heureusement j'ai déjà fais un bout de chemin et je sais aujourd'hui qu'on dépasse ce genre de chose...). Il faut accepter cette catharsis, et la faire sienne.

Voilà pour les grandes lignes...
Reste la crainte de faire des démarches pour rien, encore une fois... que ça ne "colle" pas avec le psy, la psy, et que je me retrouve de nouveau bloquée avec moi même.

♦♦♦

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère ?

Faisons le point...

Mes émotions : si je me sens bien mieux qu'il y a quelques mois, je demeure extrêmement sensible au stress, malgré les anxiolytiques. Je suis facilement irritable, d'où une agressivité que je supporte mal. La culpabilité me ronge moins ces derniers temps, surtout depuis que j'ai su dire "non" à mon employeur, mais je sais bien que ce sentiment reste récurrent chez moi. J'ai un manque de confiance en moi difficile à dépasser.

Mes sentiments sur moi même : J'aimerais être moins renfermée, moins inactive. J'aimerais avoir envie de faire des choses, d'être plus épanouie. Ma façon d'être me déplait parfois énormément. Il y a encore quelques mois, je ne me sentais pas capable de grand chose, et continue encore de douter de mes capacités. Ainsi, malgré ma licence en droit, je me sentirais incapable d'occuper un poste à un niveau plus élevé que celui que j'ai actuellement. Je ne m'en sens pas capable, et si les gens viennent à me dire le contraire, j'ai la conviction profonde qu'ils se trompent.
J'avance souvent sous la contrainte, parfois simplement issue de ma peur de décevoir les autres.
Prendre des décisions (importantes ou non) me terrorise et je cherche à éviter cette situation le plus souvent possible.
Je ne suis rarement satisfaite de mes performances, scolaires ou professionnelles : c'est toujours soit trop dur, soit trop facile.

Mes relations aux autres : Mes relations avec mes parents se sont améliorées ces derniers mois, surtout depuis que j'ai changé de regard sur nos relations, en février dernier.
Je n'avais quasiment pas de rapports avec les autres il y a encore peu. Pas d'amis ou de vagues connaissances. Ni seule ni en couple, d'ailleurs. Au plus quelques relations éphémères, en cours de scolarité, ou pendant des contrats d'intérim.
Mais j'ai une copine voisine, depuis quelques mois...
Sinon j'ai souvent plutôt peur de mes collègues (qu'elles jugent mal mon travail quand je les remplace), de mes supérieures (qu'elles prennent mal mes refus répétés de faire des remplacements, par exemple).
Et les autres, ceux que je ne connais pas, que je vois, qui me voient, que je côtoie, parce qu'il le faut (à la sécu, à la banque, etc), et bien ils me mettent mal à l'aise, génèrent de l'angoisse.

Ma façon de vivre : Je suis accro à mon PC. J'ai du mal à meubler mes loisirs sans lui. Et pourtant je n'en fais pas grand chose (bloguer, c'est peut être 1% du temps que je passe sur le net). Jouer est ma plus grande occupation. Alors que j'aspire à "décrocher", mais je n'ai fais rien, si ce n'est pour cuisiner (et bloguer... et regarder la TV en cuisinant).
Je me lève, je prend le petit déjeuner, et je saute sur mon PC. Si je suis courageuse, je lance une émission et fais du vélo d'appartement. Sinon je rester fixée dessus, jusqu'à ce que je doive aller travailler, ou préparer à manger. Pourtant je suis soulagée quand mon mari me propose d'aller marcher avec lui, ou de siester... et frustrée en même temps (accro, je vous dis!!!).
J'aimerais avoir des loisirs plus "constructifs", plus créatifs. Mais je n'arrive jamais à me lancer. Souvent je me donne comme excuse que pour faire les trucs que j'ambitionne, il faut sortir, ou bien acheter du matos, et que tout ça m'angoisse.

Les événements importants de l'année écoulée : C'est là que ça devient drôle : l'année écoulée a été super riche, comparativement aux précédentes! Parce que si en 2009 j'ai obtenu mon diplôme (Licence en droit), puis ai fais quelques missions d'intérim très anxiogènes, c'est seulement en novembre 2011 que j'ai commencé à travailler "pour de vrai".
Cette année, j'ai décroché un CDD dont j'étais quasi-certaine d'obtenir la transformation en CDI (et ça a été le cas). Entrer dans le monde du travail, à 29 ans passé, ça m'a fait un bien fou, et m'a obligée à me rendre compte des progrès que j'ai pu faire. Mais mon anxiété sociale restant toujours bien présente, et je vois donc que j'ai encore des efforts à faire, mais que j'ai besoin pour cela d'être aidée.

Nous avons emménagé en Hautes-Pyrénées le 28 mars 2011, autant dire il y a un an.

Il y a encore un an, j'envisageais une formation plutôt qu'un emploi, dans l'idée que ce serait "plus facile" pour moi d'aller en formation que de travailler. Le choc que j'ai eu en obtenant une place pour ladite formation, dans des conditions épouvantables, alors même que je signais mon CDI m'a démontré le contraire et j'ai été forcée de faire un choix douloureux, mais que j'assume finalement pleinement.

Il y a un an aussi, j'avais entamées les démarches pour une prise en charge au sein du CMP de Tarbes, mais la psychologue spécialisée en TCC partait justement en congé maternité, puis parental... j'avais laissée la chose en "stand-by".

Et puis... et puis mon mari a eu des ennuis de santé, et ma santé psychique est revenue sur le premier plan de la scène. J'ai été forcée de prendre conscience que mon "équilibre" n'était pas si stable que je me le laissais croire, et que mon instabilité réelle était très pénible à vivre pour mon mari. D'où remise en branle de la machine de soins.

Mon point de vue sur le passé : Il a beaucoup changé en février dernier, quand mes parents sont venus et que j'ai enfin pu évoquer avec eux ma maladie. Je me suis alors rendue compte que je me souvenais souvent très mal des "grands événements" de mon enfance. J'ai aussi eu l'occasion de voir qu'ils étaient quant à eux passés à coté de choses "essentielles" que je tenais pour évidentes. Ces "faux" souvenirs, résultats de distorsions cognitives (encore elles ^^) contribuent à mon désir de suivre une thérapie.
Une chose est sûre, quand j'étais enfant, j'étais gaie, je chantais sans cesse, j'étais curieuse de tout, j'allais facilement vers les autres et était plutôt extravertie.
Ensuite je suis devenue solitaire, d'humeur souvent triste, cherchant souvent la compagnie des adultes, synonyme de protection. Je ne saurais dire exactement à quel âge... j'ai le sentiment que le basculement a commencé dès la maternelle. Des abandons par des "petites copines" pour des motifs anodins, le départ de ma sœur en CP... le mal au ventre en allant à l'école... des petites choses, de petits détails. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Mon point de vue sur l'avenir : Il y a deux ou trois ans, je me disais que si les choses continuaient d'être telles qu'elles étaient alors, j'aurais du mal à travailler, à vivre, à me construire, à maintenir mon couple en santé. Aujourd'hui je me rend compte que je travaille, même si ce n'est pas parfait, que je vis, malgré tout, et que pas à pas, je me découvre.
J'ai envie de vivre, d'apprendre à me faire confiance et faire confiance aux autres. J'ai envie de faire tomber les barrières et je suis certaine d'avoir en mains les clés pour y arriver.
Oui, je tiens mon avenir entre mes mains, j'en suis actrice à part entière, et j'ai soif de cet avenir, même si je présent que tout ne sera pas rose et facile...
Je veux cesser de voir le monde à travers mes angoisses, vivre mieux, être libre dans ma tête.
Je commence une thérapie, je veux que ça me mène quelque part, et je compte bien m'y impliquer pour que ça soit le cas.

Un jour, je ne serais plus assistante de vie. Un jour, je serais responsable de secteur, ou j'occuperais un poste en relation avec ma licence. Ou bien encore je serais toujours assistante de vie, mais en libéral. En tout cas, j'arriverais à vivre pour de vrai !

J'ai le sentiment d'avoir une grande force de vivre. Il l'a toujours fallut. Si je ne l'avais pas eu, je me serais laissée en arrière, j'aurais abandonné, d'une manière ou d'une autre. Parfois je suis allée la puiser dans le besoin de ressentir du plaisir, ou encore de la douleur, pour sentir que je vivais vraiment. J'ai aussi un profond besoin de ne surtout pas faire de mal aux autres. Et je flirte parfois avec la ligne de vide, au bord d'un gouffre... la peur de ne plus vivre.

Mes attentes face à la thérapie : Pour moi, un thérapeute ne doit jamais juger. Il doit aider à démêler les dysfonctionnements, aider à assumer des choix, et cela en s'efforçant de prendre conscience de nos points forts et de nos faiblesses. Il doit aider à vaincre les peurs et les angoisses. Il doit apporter son concours pour nous aider à mieux nous évaluer.
À un psy, je demande un coup de pouce, une autorité qui me pousse en avant.
Je n'ai pas besoin d'un analyste, qui me fera parler sur des points mille fois étudiés, par moi, par d'autres. Si je lui parle du passé, de ce que je ressens, de toutes ces choses, ce devra être dans le seul but de lui montrer les points de blocage, pour qu'il m'aide à soulever, doucement, progressivement, chacun des loquets qui m'enferment à l'intérieur de moi même.
Une analyse, je n'en veux plus. J'ai déjà donné. Et comme je suis anxieuse sociale, que je cherche systématiquement à plaire aux autres... et bien je cherchais à plaire à mes psys! et donc je disais "oui oui" face aux analyses proposées, même si mon cœur et tout mon être hurlait "non".

Je veux une thérapie de soutien, avec un thérapeute directif. Tout le contraire d'une psychanalyse.

vendredi 13 avril 2012

Téléphoner...

Téléphoner... un acte qui est entré dans la vie courante au cours des dernières décennies. D'abord avec l'introduction des lignes filaires privées, progressivement au cours du XXème siècle, puis, ces vingts dernières années, avec le développement incroyable de la téléphonie mobile.

Le téléphone, je ne vous l'apprend pas, est un appareil de communication conçu pour transmettre la voix et permettre de mener une conversation à distance.
Justement, c'est le hic. C'est éminemment anxiogène, pour moi, que de téléphoner.

La distance ne me permet pas de percevoir la personne comme je le fais quand elle est en face de moi. Mon hyper-empahie et la plupart des mécanismes interpretatifs que je met habituellement en place pour savoir si je déplais à mon interlocuteur se retrouvent sur le carreau. Ne restent que les variations du ton de la voix, les silences, pour me faire une idée de la qualité de ma prestation. Plaire ou ne pas déplaire. J'ai conscience que ce leitmotiv est illusoire, mais c'est pathologique chez moi, et j'ai beau avoir une conscience aigüe de l'absurdité de la chose, c'est ce que je ressens profondément.

La conversation n'est pas seule à poser problème. C'est sûr que ça entre en jeu, quand j'appelle mon employeur pour essayer de dire "non" à un remplacement que j'ai accepté malgré moi...
Mais quand j'appelle mon médecin ?
J'ai peur de déranger, tout simplement. Qu’il ne soit pas disponible... Et puis il y a aussi l'anticipation anxieuse du rendez vous que je apprête à prendre, qui se repporte sur cet appel.

Quand j'appelle, je préfère ne pas être entendue de qui que ce soit (mon mari, par exemple). Pour appeler, j'attends souvent qu'il se livre à une occupation qui va le distraire de mon appel (sport, jardinage...) de sorte à être certaine qu'il ne va pas écouter, observer mes hésitations, ma façon de parler, mon argumentaire.
Pourtant je sais qu'il ne me jugera pas, voire qu'il s'en fiche. Mais ça ne change rien, et ça m'angoisse toujours autant.

J'ai du mal à téléphoner à ma famille, ma sœur, mes parents. Des personnes qui sont souvent absentes de chez elles, avec le risque de tomber sur le répondeur, pour lequel je met un point d'honneur à laisser un message (rien de plus agaçant qu'un répondeur annonçant "trois... messages" et dont les seules traces sont d'exaspérants bips de tonalité...). Quoi dire au répondeur? Et si c'est mon beau frère qui décroche, lui parler de quoi?
Même ma grand mère, dans une certaine mesure, j'ai des difficultés pour l'appeler, ce que je fais pourtant toutes les semaines. Elle, elle sort peu, surtout le matin, et parfois l'après midi, après 15h en général, et seulement si le temps s'y prête. Mais quand je l'appelle, j'ai toujours du mal à mettre fin à la conversation. Je ne veux pas la vexer, en raccrochant trop vite, en ayant rien de neuf  à lui raconter. Alors la conversation s'étire, souvent sur une demie heure, pour finalement ne pas se dire grand chose.

J'ai du mal à téléphoner à mes amis. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cette raison que je vis au milieu du désert, de ce coté là.
Alors que ma sœur passait un temps fou au téléphone avec ses copines, à l'adolescence, je n'ai jamais su appeler les miennes (j'en ai pourtant eu quelques unes, de manière fugace). Moi je n'aurai n'ai jamais su quoi dire. J'avais peur d'être inintéressante au possible, et puis je ne me voyais pas inviter des copines (pour faire quoi!?!).

J'ai du mal à téléphoner aux médecins (généraliste, dentiste, spécialiste, psychiatre...) pour prendre rendez-vous. La peur de déranger. L'appréhension d'une éventuellement brusquerie de la part de l'interlocuteur, de son jugement sur ma façon de me présenter, de balbutier, ou je ne sais quoi encore...
J'ai quelques mauvais souvenirs de prises de rendez vous. Le plus prégnant dans ma mémoire est celui de la prise de rendez vous auprès de la psychiatre qui m'a suivie six mois durant à Angoulême. Ce jour là, au ton de sa voix, j'ai eu la sensation de m'être montrée impolie, ou de lui avoir déplut. Quand nous en avons discuté, quelques semaines plus tard, elle a sourit et m'a assuré... qu'elle ne se souvenait pas de mon appel, ce qui était le signe que je n'avais pas commis d'impair.
Mais j'ai aussi du mal à appeler les médecins par peur du rendez vous à venir (anticipation anxieuse). Parfois parce que c'est la première fois que je m'y rend. Parfois parce que j'ai peur de la façon dont ça va se passer (ainsi un gynécologue qui, de rendez vous en rendez vous me disait en alternance que j'étais "trop à l'écoute de mon corps"... puis "pas assez à l'écoute de mon corps"... ceci résultant de mes tentatives perpétuelles d'"obéir" à ses recommandations).
Sans compter l’appréhension ressentie lorsqu'il s'agit d'annuler un rendez vous. La raison de l'annulation pouvant être un simple report, ou une fin de relations (j'ai trouvé un nouveau dentiste, ces derniers jours, qui me convient mieux que l'ancienne, avec qui j'ai un rendez vous le 18 avril, que je dois annuler... depuis 8 jours que j'ai commencé à faire soigner mes dents ailleurs).

Et puis j'ai du mal à appeler les administrations, la banque, les organismes divers et variés. Même  Pôle Emploi, à l'époque où j'étais inscrite... je préférais prendre la voiture et aller à l'agence, plutôt que d'utiliser mon téléphone.
Pareil, j'ai des papiers de banque à faire corriger (une histoire de domiciliation de compte toujours basée en Charente où je ne vis plus depuis plus d'un an...). Impossible une véritable épreuve que d'appeler. Et plus de 6 minutes d'attente sans résultat m'ont poussée à raccrocher avant d'obtenir un interlocuteur. Il faudra bien que je m'en occupe, pourtant!

Bref, le téléphone, c'est pas ma tasse de thé.
Autant dire que mon forfait mobile de 40 minutes fait surtout gagner de l'argent à mon opérateur.

mardi 6 mars 2012

Quoi de neuf ?


Un mois que je n'ai pas posté de billet.
Quoi de neuf ? Pas grand chose. Des petites choses. J'ai travaillé, ce n'est pas nouveau, avec des bénéficiaires que j'avais déjà le mois précédent, encore moins de nouveauté, donc.

Je me suis désinscrite de Pôle Emploi (le 27 février, ça n'est pas loin...).

J'ai suivi une formation de Sauveteur Secouriste du Travail (SST) au GRETA, et je devrais recevoir bientôt ma carte. Il faudra revalider tout ça tous les ans (j'espère que j'arriverais enfin à faire gonfler les poumons d'Oscar le mannequin). Mais je reviendrais sans doute sur ce stage de deux jours, première vraie occasion de rencontrer des collègues.

J'ai apporté des biscuits à ma voisine espagnole de 72 ans, et je me suis confiée à elle pour lui faire comprendre que certaines choses me sont parfois difficiles, et pourquoi. Étonnée, elle m'apporte son soutien, sans pour autant être envahissante. Elle est adorable. J'y suis encore allée mercredi dernier, car j'avais fais des choux garnis à la crème au beurre, pour ma participation à Culinoversion...

Quoi d'autre?

L'anxiété, encore et toujours... La trachée qui me brûle à force que je retienne ma respiration ou que je respire seulement superficiellement. Les soupirs quand je reprend mon souffle après l'avoir bloqué sans m'en rendre compte. Les douleurs. La fatigue. Les coliques...
Les crises de larmes, parfois, comme ça, alors que je vais travailler, ou que je suis en train de cuisiner, parce que d'un seul coupe je ressasse une anecdote vieille de 20 ans. Et je culpabilise de ne pas avoir su dire à mes parents mes peurs, mes angoisses, et d'avoir peut être tout gâché, tout loupé, à cause de ma honte et de mon sentiment d'être "comme ça", étrangère au monde pour toujours, sans pouvoir rien y faire.

Parler à mes parents, il y a un mois, ça a été une grande chose, mais ça n'a pas été sans séquelles, sans conséquences. Avant je souffrais déjà de mon passé, pour des tas de raisons... s'y sont ajoutées d'autres raisons encore... tout ce que j'ai "loupé" parce que je n'ai pas su, pas pu, pas voulu leur dire, leur faire comprendre vraiment que j'étais en souffrance, comment, pourquoi...
Mais je n'avais pas les mots, alors. Juste les maux. Qui se sont amplifiés, jours après jours, insidieusement, mêlés à d'autres problèmes, et dilués, minimisés, effacés devant cette sorte d'indifférence. À quoi bon dire qu'on a mal, si c'est pour être tournée en ridicule ("quand tu auras mal nul part, tu nous préviendra").
♦♦♦

Hier l'Université de Poitiers m'a contactée pour savoir ce que j'étais devenue (moi et mes condisciples diplômés en 2009). Étude statistique. Questionnaire à réponses préformées. Nous nous sommes éloignées un peu des cases à remplir, avec mon interlocutrice. On a discuté, de façon fort sympathique. Je suis un cas un peu à part. J'ai une licence de droit, mais je suis employée à domicile, sans aucune fonction d'encadrement, à un temps partiel choisi, sans prétentions salariales. C'est le genre d'informations qui font se poser des questions. J'ai parlé anxiété et phobie sociale, bien entendu, mais avec humour et espoir, sans apitoiement.
Cette conversation m'a fait du bien.

Quoi de neuf?
Pas grand chose.
Tout est (déjà) vieux.

lundi 6 février 2012

Mes parents, ma phobie, des découvertes...

Ce weekend mes parents sont venus partager quelques flocons de neige avec nous... Il faut dire toute de même que depuis décembre 2010, moment où nous avons achetée la maison, nous n'avions jamais vu neigé. C'est chose faite depuis jeudi dernier.

Ce long weekend froid m'a donné l'occasion, pour la toute première fois de parler avec mes parents de ma maladie. Et au delà de ça, d'évoquer des souvenirs avec eux. Pour découvrir que, même s'ils se sont rendus compte à mon adolescence que je n'allais pas bien, ils sont passés à coté de tas de choses.

Culpabilité des parents de ne pas avoir vu...
Et pourtant "d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été comme ça".
Mon souvenir le plus ancien de ma peur des autres remonte à la maternelle. Je n'avais donc pas plus de quatre ans.

Difficile de parler de tout ça.
Difficile aussi d'entendre que mes distorsions cognitives, depuis toujours, ont occulté à ma conscience une partie de la réalité des événements. Du coup mon point de vue sur certaines choses changent. Une sorte de paranoïa ancienne étant soudain révélée à ma conscience horrifiée.

J'y reviendrais...

mercredi 18 janvier 2012

Les autres et pas moi...

Ces derniers temps, je suis mal dans ma peau et je ressens un regain dans le besoin de suivre une thérapie. Pourtant, à certains moments, je me dis "à quoi bon". J'ai le sentiment que ça ne servira à rien, que même si je me sens mieux dans ma peau, je continuerais à vivre dans le même isolement social. J'ai du mal à imaginer que je puisse améliorer mes performances sociales et développer ensuite un réseau d'amis ou de connaissances. Je ne sors pas, si ce n'est pour travailler. Je ne connais personne, si ce n'est mes employeurs, et vaguement quelques voisins. Et surtout, je n'ai jamais connu personne.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été isolée des autres. Jamais je n'ai tissé de vrais liens avec les autres. Mes rares amis d'école, de collège, puis de lycée et d'université, je les ai eu en quelque sorte "par défaut", pour ne pas rester seule, mais sans parvenir à me sentir "en lien" avec eux, justement. Donc je n'ai pas conservées ces relations.

Je fini pas être envieuse de ces personnes qui, à un moment difficile de leur vie ont basculé dans la phobie sociale, après avoir connue une vie toute autre. Moi j'ai le sentiment d'avoir toujours été ainsi, et je ne vois pas bien comment on pourrait m'aider à y changer quoi que ce soit.

D'où peut être ma difficulté à relancer les démarches pour une thérapie.

vendredi 13 janvier 2012

Exclusion, mise à l'écart, rejet...


Ces derniers temps, l'essentiel de mes rêves tournent autour du thème de l'exclusion, de la mise à l'écart, du rejet. Pas étonnant dans ces conditions que je me réveille tous les matins avec cet épuisement qui me colle à la peau.
Les cauchemars sont divers, les situations changent, mais au final, je me retrouve toujours seule, exclue de la vie sociale, des activités.

En réalité, c'est moi qui m'en exclu. D'ailleurs cela fait maintenant neuf mois que nous avons emménagé dans les Hautes-Pyrénées, et je ne connais toujours personne ici. À peine si j'ai de vagues échanges avec les voisins, que je n'ose fréquenter (et comment m'y prendre, de toute façon?).

Mon rêve est pratiquement aujourd'hui de rejoindre un groupe de parole ou de sophrologie, constitué d'anxieux sociaux, comme moi, pour essayer de nouer des liens.

lundi 29 août 2011

Toujours rien...

Voici 5 mois que nous avons emménagé ici, et toujours rien.

Pas d'activité professionnelle réelle (si on excepte 3 missions d'intérim), pas de formation (je ne remercie pas les lenteurs administratives), et pas de relations humaines non plus.

Sur ce dernier point, je ne peux m'en prendre qu'à moi même. Je me suis inscrite au site OnVaSortir, mais je suis paralysée devant mon PC dès qu'il s'agit de m'inscrire à la moindre sortie, en me donnant plein de motifs bien pourris ("j'ai pas d'argent", "c'est de l'autre coté de la ville", "j'ai pas d'enfant à promener", "il faut que j'emprunte la voiture de mon mari"), ou moins pourris ("et si j'ai une diarrhée fonctionnelle à cause de ça?", "et si je me sentais mal à l'aise, si je me casse en plein milieu, les gens vont se poser des questions...", "et si j'arrivais pas à bavarder (et dire des trucs intéressants)" etc).
Du coup, je ne fais rien de ce coté là.

Par ailleurs, j'avais fais la connaissance (virtuelle) d'une nana assez sympa, via Doctissimo, mais je n'arrive pas à fixer avec elle un jour pour qu'on se rencontre pour de vrai autour d'un café, toujours paralysée par la peur et par des tas de conneries qui virevoltent dans ma tête. On discute un peu sur facebook, de temps à autre, mais j'ai du mal à demander "et tel jour, tu serais libre?".

Moi je suis libre tout le temps, sauf les vendredi et samedi (weekend en amoureux).

Sauf aussi le 7 septembre à 15h, parce que là, je passe un entretien d'embauche avec une association d'aide aux personnes (gloups). J'espère que ça va marcher, parce que pas de nouvelle session de formation à l'AFPA avant mars 2012 (période à laquelle sera aussi libre la psy qui fait des thérapies comportementales et cognitives au CMP de Tarbes... c'est con, je pourrais même pas y aller!). Mais j'espère aussi être prise par CPM pour un travail d'animatrice sur "Tous au numérique" en novembre...

Mais je m'égare complètement!
Je ne parlais pas de travail, il y a quelques instants, mais de ma vie sociale sous-développée.

En fait, tout ça pour dire qu'en ce moment j'ai la sensation que je suis en train de basculer à nouveau vers une personnalité évitante...

Je ne peux pas dire que je déprime particulièrement, mais je ne peux pas non plus dire que je me réjouis de me voir prendre un si vilain chemin...


samedi 18 décembre 2010

Toute ma vie j'ai été anxieuse et dépressive...

Toute ma vie j'ai été dépressive, anxieuse chronique, hypersensible.
Toute ma vie ou presque. Je ne me souviens pas exactement vers quel âge tout ça a commencé, mais je revois dans ma mémoire des photos de moi enfant, avec déjà ce regard triste et vide, mélancolique.
J'étais triste, je n'avais envie de rien. Je me sentais terriblement fatiguée, au bord de l'épuisement total. J'avais du mal à ressentir du plaisir, sauf peut être avec la nourriture, dont je me gavais de manière compulsive jusqu'à l'indigestion. Quand j'étais adolescente j'en voulais terriblement aux autres de ne pas voir que j'allais mal, tout en rejetant violemment toute aide extérieure, tout intérêt qui m'était porté. Personne ne pouvait me comprendre, je ne me comprenais pas moi même...
Je me sentais inutile, nulle, inadaptée. La vie en société me faisait peur, j'avais beaucoup de mal à supporter l'école, les autres, leur contact, leurs regards, leurs paroles.
Mon hypersensibilité me rendait vulnérable face aux moindres difficultés.
Et surtout je souffrais de troubles anxieux généralisés.

À mon entrée au collège j'ai sombré dans une dépression majeure (c'est la dépression pour la plupart des gens, qui ignorent souvent qu'il en existe en réalité plusieurs formes). Celle-ci a duré approximativement jusqu'à mon entrée en terminale, puis j'ai retrouvé mon état antérieur, qui reste cependant un état dépressif.

Quand j'avais 16 ans mes crises de grignotage compulsif m'avaient conduite à avoir si souvent des indigestions que mon père m'a emmenée voir un gastro-entérologue qui n'a pu que constater les effets du stress sur mon organisme. J'avalais une trentaine de fois à la minute, une fréquence anormalement élevée. Il m'avait alors prescrit de l'Euphytose, à raison de 4 comprimés par jour (matin, midi, soir, coucher)

J'ai connu des périodes de rémission de mon anxiété et de mes troubles dépressifs. Mais aussi des périodes d'aggravation, comme au moment du bac, où je ne dormais plus, et où j'ai vu mes problèmes de concentration s'aggraver. J'ai passé ces examens sous Lexomil, un puissant anxiolytique. Je suis devenue dépendante psychologiquement de ce produit, et c'est grâce à lui que je suis entrée à l'Université, que j'ai pu louer un studio... mais j'ai fini par ne plus en avoir dans le flacon et je n'ai pas voulu aller en mendier à mon médecin.

Je ne suis pas restée à la fac. Chaque cours était une épreuve. Je devais arriver 20 minutes en avance pour maîtriser mes angoisses, je garais ma voiture à l'écart des autres, et je passais le temps d'attente enfermée dans les toilettes à l'écart des autres. C'est difficile de résumer tout cela en quelques lignes, d'où les billets sur mon histoire.
J'ai fini par passer l'éponge et arrêter la fac de psycho.
J'ai continué de vivre dans mon studio encore quelques mois puis je suis retournée chez mes parents, malgré le conflit que j'avais avec ma mère (de nombreux billets lui seront sans doute consacrés).

De fil en aiguille j'ai tout de même réussi à braver mes peurs et ai repris un studio, dans le chef lieu de département. Grâce à mon futur mari, en grande partie, le seul à me soutenir, à m'encourager, à me tenir la tête hors de mon mal être.
Grâce à lui je suis retournée à la fac. Une toute petite faculté de Droit délocalisée.
Cette scolarité a été une rude épreuve pour moi.
Au cours de ma deuxième année mes troubles de l'humeur, ma dépression et mes troubles anxieux ont conduit mon médecin à me faire passer un bilan thyroïdien, qui s'est révélé normal. Et j'ai passée le reste de l'année sous Stresam, un autre anxiolytique. J'ai senti mon corps se détendre, ma vessie a cessé de se faire sentir (crispée en permanence, j'ai eu de nombreux troubles de la miction au cours de ma vie). J'ai cessé de me mordre la langue, de serrer les dents. Pendant cette période j'ai aussi réussi à arrêter de grignoter quasi totalement.
Malgré tout j'ai redoublée mon année, uniquement sur les "majeures". L'année qui a suivi n'a cependant pas été plus relax...

Ma troisième année a été une épreuve, que j'ai passée sans médicaments.
À la fin, j'ai renoncé à aller plus loin, retourner à l'Université, à Poitiers, de fréquenter des couloirs bondés, tout ça pour étudier une matière pour laquelle ma passion s'était éteinte. Mon anxiété généralisée prenait de plus en plus le pas sur tout le reste... chaque séance de travaux dirigés était un calvaire: j'avais la diarrhée en partant de chez moi et en arrivant à la fac, je me mettais à pleurer en pleine séance et je finissais enfermée en pleurs dans les toilettes, pour évacuer la tension nerveuse occasionnée par cette confrontation aux autres et à mes trop nombreuses lacunes.

J'ai voulu chercher du travail.
Et là je me suis effondrée.

J'ai soudain pris douloureusement conscience de ce que je n'arrivais pas à faire. Je me suis découverte incapable de la moindre démarche. Et plus que jamais je me suis trouvée au bord de l'épuisement.

Une simple consultation a fini par révéler le cœur du problème. Je me suis effondrée dans le cabinet. Non pas physiquement, mais psychologiquement. Je me suis mise à pleurer en parlant de mon incapacité à aller faire les démarches que je m'étais promises, que j'avais de la volonté mais que je n'arrivais pas à agir. À force de pleurs et de détresse, mon médecin a fini par me dire que cela ressemblait beaucoup à une phobie sociale.

Cet entretien avec mon médecin, c'était il y a un an et trois mois. Et depuis j'ai fais des progrès incroyables face à ma phobie sociale. Je ne suis toujours pas heureuse mais je garde espoir. J'ai vue une psychiatre pendant 6 mois, et nous en sommes parvenues à la conclusion que j'ai besoin aujourd'hui de me réapproprier mon corps, et pour cela de suivre une thérapie corporelle du type sophrologie, mais également de suivre une thérapie de groupe.

Je ne serais jamais guérie, m'a-t-elle dit. Il faudra toujours combattre ma faible estime de moi même, mon hypersensibilité, ma peur des autres. Mais je peux trouver un équilibre.

Cet équilibre commence à se constituer, peu à peu, pas à pas, pour que je commence enfin à avancer, en avant vers ma vie.

(description médicale tirée du DSM-IV : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders - American Psychiatric Association)
  1. Une peur persistante et intense d'une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à l'éventuelle observation attentive d'autrui. Le sujet craint d'agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante ou humiliante.
  2. L'exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique une anxiété qui peut prendre la forme d'une Attaque de panique liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
  3. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
  4. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses.
  5. L'évitement, l'anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s) sociale(s) ou de performance redoutée(s) perturbent , de façon importante, les habitudes de l'individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d'avoir cette phobie s'accompagne d'un sentiment de souffrance important.
  6. Pour les individus de moins de 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée est d'au moins 6 mois.
  7. La peur ou le comportement d'évitement n'est pas lié aux effets physiologiques directs d'une substance ni à une affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex. le trouble panique avec ou sans agoraphobie).
  8. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur décrite en 1 est indépendante de ces troubles; par exemple, le sujet ne redoute pas de bégayer, etc..