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samedi 19 août 2017

Trop parler faciliterait l'incompréhension ?

Moins les gens que je fréquente en savent sur ma vie, moins il y a de risques de problèmes d'incompréhensions et de quiproquos.

Ma vie personnelle ne regarde pas la plupart des gens que je fréquente dans la vie.
L'amitié est un type de relation qui prend des mois voire des années pour se construire donc, hors de ce cadre, en dire le moins possible.

En cas de questions de la part des personnes que je "connais" simplement, répondre de manière fermée par oui ou par non, sans entrer dans les détails, et si les questions sont plus précises, prendre des raccourcis, faire des ellipses, voire commettre des omissions.
Dans tous les cas, ne pas "raconter ma vie".
C'est une vilaine habitude.
Au mieux les gens s'en foutent, au pire, ils peuvent essayer de s'en servir contre moi et surtout, souvent c'est plutôt mal perçu.

Ha et puis aussi : éviter de chercher à susciter une certaine intimité avec les gens juste parce que je me sens seule (ce qui me conduit à me confier et en avant la galère!). Qui plus est je suis généralement déçue, donc... inutile de me perdre dans les nébuleuses de mon histoire personnelle.



Trop parler de moi aux gens que je fréquente superficiellement facilite souvent leur incompréhension me concernant...!

Et ça, parce que :


Les gens qui ne me connaissent pas, ou qui ont une vision superficielle de ma personnalité commettent souvent des erreurs de jugement me concernant.

Il s'agit en fait généralement de problèmes d'incompréhensions réciproques et de quiproquos quant à ce que les uns et les autres pensent ou croient que je pense, ou ce que je crois qu'ils pensent.

En outre mes idées, même si elles suivent une trame générale "stable" ont tendance à varier en fonction de mon état d'esprit, des événements auxquels j'ai été confrontée, des personnes que je fréquente et de l'attachement que je leur porte et d'une foule d'autres "détails".

Je n'ai jamais réussi à me "faire" au discours pourtant récurent selon lequel je serais une menteuse et que je reviendrais sur ma parole.

En général, les personnes qui me tiennent ce type de discours sont des personnes pleines de rigueur morale (quelle que soit cette morale) et dont les idées sont fermement ancrées, ne variant que très peu dans le temps. Je dirais que ce sont des gens sur qui les variables extérieures ont peu d'influence quant à leur manière de penser. Du moins c'est l'impression qu'ils me donnent.

Il y a encore peu de temps, j'étais souvent très blessée quand je suscitais de telles réactions.
Je ne les comprenais absolument pas et les trouvais donc profondément injustes et injustifiées.

Aujourd'hui, je comprend un peu mieux cette façon de voir les choses, et même si je suis encore blessée (je ne peux pas m'empêcher de ressentir cette souffrance intime), je comprend davantage ce type de point de vue, et surtout, d'où il sort (c'est à dire pas du chapeau d'un magicien).

Les choses sont à la fois simples (pour moi, parce que je me connais) et extrêmement compliquées à expliquer.

Il est très fréquent que je ne comprenne pas les gens, leurs intentions, leurs attentes...
Pendant très longtemps (et même encore parfois), j'ai fais en sorte d'adapter mon comportement en fonction de ce que je pensais être les attentes des autres (c'est idiot et pas du tout rigoureux). Et ce pour la raison simple que je ne savais pas vraiment quelles étaient mes attentes et mes volontés propres.
Je ne suis pas aussi "ancrée" dans mes positions que la plupart des gens. Y compris ceux qui n'ont pas d'opinions ou de valeurs.
Je me sens un peu comme un palétuvier... Ces arbres qu'on trouve dans les mangroves, qui ont la particularité de ne pas véritablement s'enraciner. Ils ne sont véritablement fixés à la mangrove elle même que lorsque leur système racinaire s'entremêle à celui des autres arbres. Sans cela, il arrive qu'on en trouve des solitaires, allant à la dérive, bien en vie, mais changeant d'emplacement avec les flux et reflux des marées...


Pendant la plus grande partie de ma vie j'ai été ballotée entre des incitations à avoir mes propres idées, envies et volontés, et des comportements agressifs venant contredire ces incitations (mes idées, envies etc étant jugée comme n'étant pas les "bonnes" par tel ou telle autre).

C'est compliqué de se construire quand on est tiraillé entre l'idée qu'on a droit à être un individu à part entière (une individualité) et celles, induites par des tiers ou par des expériences de vies, que notre état est "non conforme" aux attentes des autres... surtout quand on est tenaillé par la peur de déplaire.

La vérité est que je commence à peine à savoir qui je suis, ce que je veux ou pas, ce que j'aime ou non, quelles sont mes opinions sur tel ou tel sujet, quels sont mes vrais besoins, quelles sont mes envies, et parmi celles-ci, quelles sont celles qui sont compatibles avec mes besoins.

Je pense que la plupart des gens se construisent sans avoir besoin de penser à ce genre de choses... Ils acquièrent une maturité émotionnelle et intellectuelle via des automatismes, qui s'inscrivent spontanément dans leur mode de fonctionnement général. Ils tracent leur route, quelle qu'elle soit.


Je ne suis pas comme ça. Je ne dispose pas d'automatismes similaires. En fait je bricole et je bidouille ma conduite au fur et à mesure, en m'efforçant de rester sur le chemin, peu importe lequel, pour peu qu'il ne me conduise pas dans un ravin ou une impasse...


Bref, je commence à peine à "trouver le cap".

Jusqu'à il a bien peu de temps, j'étais constamment perdue et hésitante.
J'en suis encore à faire des essais et des erreurs et à ne pas apprendre de mes erreurs, et donc les reproduire. Pire qu'un gamin, quoi!

Bon, en fait, je n'en suis plus tout à fait encore là.
Cependant, même si je suis désormais plus attentive à mes erreurs, de sorte que j'arrive à me concentrer pour les corriger, je dois quand même apprendre. Or apprendre des comportements sociaux à trente-cinq berges, c'est difficile et parfois vraiment douloureux.

Pour me connaître moi même et acquérir les "bons" automatismes, j'ai besoin de points de référence clairement enregistrés, compris et assimilés.

Sur certains points, ça me demande un effort intellectuel intense, qui inclut éventuellement de prendre des notes écrites et de les réviser. Carrément la honte...😖

Merveille des merveilles, j'ai enfin compris que je devais aussi trouver des compromis entre mes envies et mes besoins, ou entre mes envies et certains éléments extérieurs qui me tiennent à cœur...
Vraiment la honte.😣

De tels compromis impliquent parfois une grande frustration, mais je pense que ça fait partie de la vie et que je dois l'accepter au lieu d'essayer de contourner le problème, parce que... ben.. je ne sais pas franchement tricher. En tout cas ça m'arrache les tripes, donc tant qu'à faire, je préfère m'abstenir.😱

Je trouve humiliant de devoir avouer à certaines personnes auxquelles je tiens les tiraillements que j'éprouve entre mes envies divergentes. Les difficultés que j'éprouve à faire des choix constituent une grande source d'angoisse.

Il est fréquent que je me dise que l'inaction, l'inertie et l'enfermement constitueraient une solution simple et facile. Sauf que je n'en veux pas. Ça n'est pas une vie, ça, alors que je veux vivre, justement, m'épanouir.

Donc je dois faire des choix.
Comme je tâtonne, je fais des erreurs et parfois j'en souffre, mais j’apprends.
Je me connais mieux et je connais mieux les autres.
 
J'essaie de sortir des vieux schémas où je voulais me protéger à tout prix des sentiments désagréables (sans gros succès, d'ailleurs).

Comme j'ai encore peur de ce que les personnes auxquelles je tiens pourraient penser de mes comportements, à présent j'essaie de leur en parler, au lieu de laisser planer le doute. Si je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, je demande des éclaircissements et surtout j'explique pourquoi je ne comprends pas (parce que je sais que je fonctionne d'une manière différente et que les autres peuvent ne pas comprendre... que je ne comprenne pas!).
Je ne sais pas comment font les gens "ordinaires" pour gérer les interactions sociales et leur diversité. Il paraît qu'il y a quelque chose d'inné que je n'ai pas... et ça se greffe pas, apparemment.
J'aimerais sincèrement mieux comprendre les autres, mais je pense que je me suis beaucoup trop entravée ces dernières années par mes tentatives de compréhension internes...


Ne pouvant pas fonctionner comme la majorité des gens, je dois régulièrement mettre en place des comportements adaptatifs destinés à pallier mes défaillances.
Je dois apprendre à contourner mes problèmes de perception sociale, parce que je ne veux plus continuer à me mettre dans des situations conflictuelles simplement parce que je n'ai pas su prendre la mesure de mes actes.
Je comprend mal les gens. OK.
J'oublie certaines choses les concernant alors qu'elles sont parfois essentielles pour les respecter. Et m....!

Quand je parle de défaillances dans ma perception sociale, je veux dire que je n'arrive pas à comprendre les gens, leur façon de fonctionner, de penser... c'est une chose qui m'est généralement complètement étrangère.

Ceci me place parfois dans des situations de grande confusion et de détresse psychique.
Ça s'est atténué avec le temps, mais c'est toujours très présent.

Généralement, les personnes avec lesquelles j'éprouve encore ce genre de confusion sont précisément celles auxquelles je suis la plus attachée, avec lesquelles j'ai des relations humaines réelles (et non superficielles).
Les relations superficielles, à faible investissement émotionnel, et sans partage relatif à mon identité, mon histoire, mon vécu, mes "valises" me posent rarement des problèmes. Ou alors c'est parce que la relation est de toute façon destinée à rester superficielle, parce qu'elle a une nature professionnelle par exemple.

Malheureusement, j'ai longtemps eu la mauvaise habitude de partager de nombreuses informations sur moi avec les autres. J'essaie de ne plus le faire, ou du moins de prendre des raccourcis (très, très raccourcis, si possible).🙊

C'est important, parce que j'ai fini par comprendre que c'est humain d’inférer toute une suite de conclusions et comportements face à ce que dit ou montre un autre être humain. C'est de la psychologie sociale de base.😏
Mouais... mais moi je tend à justement à pas trop tirer de conclusions, genre je pars du principe que même si untel me dit des trucs sur sa vie, ça me permet pas de savoir qui il est, ce qu'il aime, ce qu'il attend de la vie, de moi ou de son taf...

Sur la base de la psychologie sociale de base, fondée sur le plus grand nombre, ce que je montre de moi influence pratiquement systématiquement la perception et l'attitude des personnes avec lesquelles j’interagis.

À plus de 35 ans, j'ai fini par comprendre que, si je n'y prête pas garde, lorsque je parle de moi, de mon vécu, de mes émotions... ou bien en fonction de ma façon de m'exprimer et de me comporter... le tout passant par le prisme de mon mode de pensée personnel (et dysfonctionnel par rapport au plus grand nombre), je peux générer chez les autres des émotions en totale dichotomie avec ma réalité.
C'est comme écouter la description d'un paysage très coloré faite par un daltonien. Une personne dotée d'une vue "normale" pourra être interloquée, se moquer, penser qu'on se moque d'elle, etc, alors qu'à la base, tout est une simple question de perception.

Malheureusement comme je fonctionne de manière non conventionnelle par rapport à la majorité des personnes, en général, les perceptions, conclusions et toutes autres formes d'allégations que peuvent avoir les autres me concernant risquent fort de se trouver totalement faussées.👹

Comme la majorité l'emporte, c'est à moi d'être plus attentive.
Mieux vaut exprimer moins de choses que de passer pour ce que je ne suis pas.

De rares personnes comprennent mes dysfonctionnement et arrivent à les contourner. Mais c'est compliqué, et il serait temps que je fasse un peu plus d'efforts pour leur faciliter la vie... D'autant que ceux qui ne me connaissent pas, ou pas bien, eux, vont souvent penser qu'ils me connaissent parce que je leur aurais dis plein de choses, et divers quiproquos risquent fort d'émerger.

Je fais donc, depuis quelques temps, des efforts assez intenses pour ne plus partager avec les autres qu'une quantité d'informations limitées, de sorte à limiter les incompréhensions réciproques. C'est extrêmement frustrant, mais c'est de toute évidence nécessaire.


Il existe un champ d'incompréhension particulier dans mes relations avec les autres : celui des choix.

À quelques exceptions près, très spécifiques, j'ai d'immenses difficultés à savoir ce que je veux, quelles sont mes envies et, par dessus tout, à faire des choix.

Mon indécision est problématique. En plus elle est variable, ce qui ne simplifie la vie à personne.
Quand je ne sais pas ce que je veux, ça peut être parce que j'ai peur de ne pas faire le bon choix, mais parfois c'est simplement parce que je ne sais vraiment pas du tout ce que je veux, ce dont j'ai envie, ce à quoi j'aspire. Les autres n'apprécient généralement pas et le moins que je puisse dire, c'est que je partage ce sentiment avec eux...

Par le passé, je me suis trouvée à plusieurs reprises dans des situations où mon indécision, ma mauvaise compréhension de l'Humain et des attentes des tiers, m'ont placée en mauvaise posture. Agressée verbalement, insultée de différentes manières, traitée avec mépris pour avoir changé d'avis, ou "manqué à ma parole" (que je ne me souvenais pas avoir donnée... mais il semblerait que pour certaines personnes, le simple fait de dire une chose soit une forme de promesse, ce qui est un autre problème).

Pendant très, très longtemps, je n'ai pas compris les réactions des autres, qui me semblaient "excessives" face à mes revirements ou mes choix.💣
Maintenant, je comprends un peu mieux ces mouvements d'humeur, cette colère que je peux susciter involontairement par moment, parce que je me suis engagée dans une voie, que je réalise qu'elle ne me convient pas et que je "rebrousse chemin".
Pour beaucoup de gens, je "retourne ma veste", je "change de bord", et jusqu'il y a peu de temps, je ne comprenais pas qu'ils puissent m'en vouloir de m'être trompée et d'avoir choisi de corriger une ou plusieurs erreurs.

Ma mère m'a souvent dit que c'est comme ça qu'on apprend: en faisant des erreurs.
Le soucis c'est que j'en fais beaucoup et que j'ai eu tendance à ne pas très voir où je m'étais planté, et donc à ne pas en tirer de leçon... et reproduire les mêmes erreurs.

Il paraît que je me pose trop de questions...
Bha figurez vous qu'à une époque, je ne m'en posais pas: moi j'étais Calimero, le monde était injuste avec moi, et c'était tout. J'écrivais pour tartiner d'injustices incompréhensibles des cahiers et des logiciels de traitement de texte...

Certes, je me remettais en cause de manière intermittente, je me posais beaucoup de questions sur moi, mais malgré tout, je tendais à penser "l'enfer, c'est les autres".

J'ai changé d'approche.
Depuis quelques années, je me pose énormément de questions (d'où les pavés postés sur ce blog), et, petit progrès récent, je cherche maintenant aussi à formuler des réponses concises que je puisse retenir facilement, quitte à me les répéter comme des mantras tous les matins...

Ici aussi, donc, ma meilleure compréhension m'incite à davantage de retenue.

Autant je peux me permettre d'exposer mon vécu ici, autant dans la vie, je dois prendre exemple sur les autres et garder une retenue, apprendre à faire usage d'ellipses et omissions concernant mon vécu, mes opinions, mes choix...

C'est un exercice très difficile de mon point de vue, mais je pense que ça n'est qu'un nouvel automatisme à mettre en place, même s'il me demande un effort conscient permanent.
Récemment, ça m'a même littéralement donné des boutons...

Je crois que le jeu vaut la chandelle.
"Mieux vaut allumer une chandelle que maudire l'obscurité".


Les gens sont trop prompts à juger, et surtout à penser que mes comportements inadaptés sont volontaires, alors autant les effacer du mieux que je peux. Si le contexte nécessite que j'explique un peu les choses, je le ferais, mais mieux vaut m'en abstenir en règle générale.

mardi 4 avril 2017

Panique ordinaire...

Il fait beau aujourd'hui, le printemps est là.
Je suis fatiguée.

Je suis souvent fatiguée en ce moment.
J'essaie d'être plus active, ou plutôt de changer d'activités, de cesser de procrastiner, mais si je dois être honnête, j'ai tendance surtout tendance à essayer de tenir le rythme de quelqu'un d'autre que moi.

Parce que j'ai envie d'être avec lui et parce que je suis épuisée d'être moi.

Sauf que je commence à craindre d'y perdre plutôt que d'y gagner.
Au lieu de gagner en confiance en moi, de réussir à surmonter les choses, je me sens rongée intérieurement et j'ai l'impression de perdre une énergie conséquente, dont je ne dispose plus quand j'en ai besoin pour ma "vraie" vie. Sauf que je ne veux pas d'une vie seule et solitaire, recluse à l'écart des choses et des gens.

Ces derniers temps j'ai vraiment peur de perdre pied, je me demande si le "jeu en vaut la chandelle".

En grande partie parce que je ne peux pas m'empêcher de me demander sans arrêt si ce que je fais est "bien", si je ne commet pas des bourdes, si mon comportement est adéquat, si je ne risque pas de déranger ou de blesser émotionnellement les autres.
Du coup je suis épuisée, et donc déprimée, et je le laisse voir plus que je ne le voudrais, alors je m'en veux, parce que je me dis que ça doit être épuisant pour les autres de me voir dans des états pareils...

Je suis allée à une consultation chez un allergologue hier après-midi.
Je suis idiote, je suis sous Lorandatine (Clarytine) depuis des mois, j'aurais du savoir qu'on ne pourrait pas me faire un basique test cutané.
Je n'ai pas prévu que je serais en état de stress intense ni que le médecin me poserait des tas de questions sous mon type de literie et que d'autres interrogations viendraient bourdonner dans mon esprit pendant qu'il remplirait ses formulaires. Est-ce que j'ai déjà fait de l’eczéma? Non, je ne crois pas. De l'urticaire? Au sens médical, je ne sais pas. Il se trouve que j'ai des rougeurs de contact et que je ne peux pas marcher pieds nus dans une pièce donnée chez moi, sinon j'ai les pieds qui virent au rouge. J'ai une hypersensibilité cutanée, est-ce que je fais de l'urticaire, je n'en sais rien. Je n'en sais rien de rien!

Pourquoi ai-je voulu cette consultation chez un allergologue? Pourquoi n'ai-je pas gardé le courrier de mon médecin, pour le rendez-vous chez un autre médecin allergologue, pneumologue celui là, chez qui j'ai rendez-vous début aout? Après tout c'est surtout ma tendance à faire de l'asthme qui m'inquiétait...

Je suis sortie de là avec des examens à faire en laboratoire. Au retour je suis passée devant le labo sans m'arrêter. Je ne me suis pas arrêtée faire mes courses, je suis montée directement chez moi, je me suis déshabillée et je me suis couchée. Il était 17 heure.
J'avais très envie de pleurer, mais sans pouvoir. Je me suis enroulée dans les draps, bien serrée et j'ai dormi pendant trois heures. À 20h15 mon alarme "As tu mangé" s'est déclenchée sur mon téléphone...
Je me suis forcée à sortir du lit.

Il faut boire, manger, prendre mon anxiolytique (qui me semble être un bien maigre rempart contre l'anxiété ces temps ci)...
"Troubles de l’interaction et de la relation" et "troubles du comportement en lien avec défaut de la théorie de l'esprit".

Je reste admirative devant les personnes pour qui les choses semblent aller de soi dans la vie.
Les personnes ordinaires et celles qui le sont moins, mais pour qui la vie n'est pas une zone de guerre permanente.

Les choses à faire, les sorties, ça ne semble pas leur demander d'énergie particulière à accomplir. Pour elles, ce ne sont que des choses ordinaires et banales.
Elles n'ont pas besoin de plans établis pour ne pas perdre pied.

Pourquoi n'ai-je pas su dire plus tôt à mes parents que je ne les comprenais pas, eux, les gens, les autres, ma sœur, la vie, les relations avec les autres, la façon dont ça marche? Je me torture sans fin avec ça. Une partie de moi se dit que si ça avait été le cas, j'aurais été prise en charge de manière plus adaptée, plus tôt, et que ça se passerait mieux pour moi aujourd'hui.

Il n'y a aucun moyen de le savoir.

D'autant qu'à une époque j'ai réussi à me "laisser vivre", mais je ne sais pas ce que j'ai fais de cette fille là.

Même quand un incident ou un événement malheureux se produit, la plupart des adultes savent comment réagir.
Moi je ne sais même pas réagir face à ces personnes.

Je réalise que le fait de souffrir de "troubles de l’interaction et de la relation" fait que j'ai peur des relations humaines. Peu d'amis ou de connaissances. Souvent elles restent superficielles et s'éteignent très vite et je comprend facilement pourquoi : isolée, j'aimerais "tout savoir" des personnes avec qui j'échange, et me conduis avec elles comme si elles étaient dans le même type d'attente. Je dis trop de choses de moi, me confie trop aisément, peut être dans l'attente immature que les autres en fasse autant.
Sauf que la plupart des personnes ne fonctionnent bien entendu pas du tout comme ça, et je dois sembler envahissante et intrusive, et fini donc par les écarter de moi.

J'ai besoin de connaître les gens pour les "cerner" et savoir comment je dois réagir dans une situation donnée face à ces personnes. Sauf que, elles, ne souhaitent généralement pas disposer du même type d'informations me concernant.

Et même, quand je connais les gens, il y a des circonstances qui font que je suis totalement perdue pour comprendre ce que ressentent les autres et les attentes qu'ils peuvent avoir de moi.

Là il s'agit du fameux "trouble du comportement en lien avec un défaut de la théorie de l'esprit"...
Ma capacité à comprendre les intentions, les attentes et les besoins des autres est limitée.
Je suis capable de comprendre bien des choses sur les autres, mais en général je ne comprend pas ce que veulent mes amis, ce dont ils ont besoin, ce qui leur convient spécifiquement. Mes amis, ma famille, mon entourage, les gens qui m'entourent globalement. À quoi pensent les autres? Je ne sais pas et je n'ose pas poser la question, qui me semble indécente, voire honteuse, s'il s'agit de "que ressens tu" ou pire, "qu'est ce que je pourrais faire pour t'aider, pour te plaire, pour correspondre à ton schéma de pensée actuelle et ne pas te contrarier"... Oui, c'est indécent. Et totalement artificiel, en contradiction avec la spontanéité humaine, je crois.

Je souffre beaucoup de l'incompréhension mutuelle.
Contrairement à ce que je semble montrer de moi sur ce blog, dans la vraie vie, je n'aime pas m'étendre sur mes problèmes et mes difficultés, mais c'est la seule solution viable que j'ai trouvé pour ne pas être accusée d'être insensible par les autres.

C'est très douloureux de se se voir obligé de dire à un proche qu'on est complètement perdu face à ce qui éprouve, parce qu'on ne comprend pas ce dont il s'agit, et qu'en conséquence on ne sait pas comment réagir face à cette situation... J'en suis honteuse et j'ai tendance à prendre la fuite plutôt que d'avoir à affronter ce genre de choses.

Devoir gérer des situations pareilles, ça m'est arrivé avec ma sœur, avec ma mère et avec de très nombreuses personnes au fil du temps.
Plus je suis attachée émotionnellement à une personne et plus c'est dur à vivre.

J'ai l'impression de me mettre en avant si je cherche à savoir ce que les personnes ressentent et ce qui pourrait les soulager de leur peine, alors je me retrouve prise au piège des suppositions, souvent fausses. Distorsions cognitives... Je trouve ça cruel pour tout le monde...
Je ne veux pas que les autres pensent que je suis insensible, ou que je me moque d'eux. Par extension, j'ai peur qu'ils me rejettent, m'abandonnent, et je suis encore plus paniquée à l'idée de ne pas les comprendre correctement.

C'est vraiment pénible à vivre d'être comme ça.

Dans de nombreux cas, j'aimerais avoir un protocole à respecter, mais les humains diffèrent les uns des autres, et ça rend la gestion des choses plutôt compliquée. Et terriblement éreintante.

Surtout quand j’interagis avec des personnes qui sont peu expansives quant à leurs émotions et leurs besoins.

Comment je vais faire, comment je peux avancer?
Parfois la seule solution que je trouve, c'est de tout débrancher.
De me précipiter dans le lit et de dormir.
M'abandonner à un lâcher prise total.

mardi 1 mars 2016

Leçons

Quiconque cherche à me donner des conseils sans que je les lui ai demandé, présumant me connaître ou me comprendre, commet une erreur. C'est plus fort que moi, je le vis comme une agression, une leçon... Tous nous sommes différents, aucun problème personnel n'a de solution "universelle". Quiconque commet cette erreur avec moi de penser pouvoir m'aider en fonction de son propre vécu, me perd un peu, me perd beaucoup.

♦♦♦

De tout temps, en tout lieu
jamais je n'ai supporté,
de quelque genre qu'ils soient,
les donneurs de leçons.

Ils regardent sans voir,
écoutent sans entendre,
observent sans comprendre,
conseillent, inconscients.

Il croient en leur expérience
étalon à leurs yeux
de ce qui convient ou non,
même quand il ne s'agit pas d'eux.

Il ont leurs idéaux
et bien souvent les comparent,
à ceux des autres
qui pourtant n'ont pas la même histoire.

C'est Humain sans doute.
Malgré tout, de tout temps,
jamais je n'ai supporté
les donneurs de leçons.

Ce qu'il faut manger, ce qu'il faut boire,
comment s'habiller,
comment présenter...
quelles ambitions avoir,
sans se gêner parfois
pour dénigrer celles, toutes autres
 que les tiers peuvent avoir.

À ce jour, mon ambition première
reste mon épanouissement.

Depuis quelques années déjà,
les conseils et autres aides,
je sais les solliciter.

Ensuite je suis seule juge
pour les appliquer.

Le premier respect,
face à l'autre quel qu'il soit,
est de l'écouter,
de comprendre qui il est.

L'autre, quel qu'il soit,
ce n'est pas vous,
ce n'est pas moi.

Personne ne peut présumer,
des besoins fondamentaux
d'une personne, quelle qu'elle soit.

Voilà pourquoi les donneurs de leçons,
je ne les supporte pas.

J'aime les gens et m'efforce de leur montrer mon respect,
mais parfois, plutôt que serrer les dents,
je préfère m'en aller ;
les laisser seuls
avec leurs conclusions
plus ou moins hâtives,
leurs belles théories,
sur ce qui me faudrait, ce qui m'épanouirait.

Les donneurs de leçons,
je les écarte de moi.

Je leur demande pardon,
je m'excuse par avance,
pour tous ceux qui par ces mots,
croient se reconnaître.
En aucun cas je ne veux moi même,
leur donner une leçon.

Juste suivre ma route, écrire mon chemin, choisir mes conseils, construire mon "demain"...



mercredi 17 février 2016

Vivre avec les autres... Notice technique ?

Une fois de plus je nage en plein questionnement existentiel sur ma capacité à vivre "normalement" avec les autres (tout en sachant que la normalité n'existe pas).

Pour gagner (sans usurper) la confiance de quelqu'un à qui je tiens, je surnage dans un maelström de pensées qui me font perdre la tête et boire la tasse...
Comment dois-je être ?
Que dois-je faire ou ne pas faire ?
Que dois-je accepter ou non des tiers ?
Qu'est ce qui relève de la traîtrise ou pas ?
Qu'est ce qui est bien et ce qui ne l'est pas ?
Qu'est ce que j'ai le droit ou non de faire ?
Où est-ce que je peux aller?
Quand ?
Comment ?
Pourquoi ?
Combien de temps ?
Avec qui ?
etc.

Ce que je sais c'est que j'ai toujours aussi peur des autres et même des gens que j'aime énormément.
Surtout des gens que j'aime.

J'ai toujours peur que mes actes soient inadaptés.
Alors le plus connement du monde, encore et encore je reproduis le même schéma : je fais les choses quand les autres ne sont pas là, comme si ça pouvait m'éviter d'être jugée.

Il y a des exemples tristement stupides, comme ma mère qui me disait que je n'avais pas étendu le linge... remarque derrière laquelle je me trouvais paralysée, parce que je n'avais pas vu qu'il y avait du linge à étendre, que je l'aurais étendu volontiers si elle ne m'avait pas fait cette remarque, mais comme elle me l'avait fait, mon cerveau malade en déduisait que si j'étendais le linge dans la foulée, elle pourrait imaginer que je ne l'aurais pas fais sinon, présumant à posteriori d'une intention qui n'avait jamais existé (ne pas participer aux taches ménagères).

Je continue de reproduire des schémas sur la base de l'angoisse de présomption de jugement négatif des uns et des autres.

La plupart du temps, je suis complètement à coté de la plaque et en cherchant à me "préserver" d'un mauvais jugement, je fais n'importe quoi, le contraire de ce qu'il faudrait faire. Pire : je provoque par mes actes la suspicion et la méfiance.
Quelque chose que je pourrais faire sans problème (dans ma tête, une chose que j'aurais le "droit" de faire) en la présence d'une personne à qui je tiens, et dont la confiance m'importe énormément... je vais partir de la base que justement je n'ai pas "le droit" de la faire à ses yeux... donc je vais agir en cachette... cette personne va s'en rendre compte et se sentir trahie. Elle va me le dire, garder de la rancœur.

Je sais qu'elle a raison, que c'est ma faute.

Je prie pour qu'on m'explique, qu'on me donne une notice complète, que je puisse apprendre par cœur les "il faut /il ne faut pas". Je sais que c'est illusoire, que ça ne peut pas arriver.

Alors je pleure, je ravale mes larmes et je me dis fugacement qu'une vie entière à vivre comme ça, ce n'est pas une vie.

Ce matin j'ai pensé très fort à me mettre un sac sur la tête ou à foncer dans un mur après avoir détachée ma ceinture. Être taré ça vous donne la haine de vous même... Et parfois l'envie d'en finir une bonne fois pour toute, au lieu d'essayer de guérir.


mercredi 7 octobre 2015

J'ai écris à ma mère...

Mes rapports avec ma maman ont toujours été complexes... je l'aime très fort, mais elle porte en elle une colère, une agressivité imprévisible. Des angoisses aussi, très certainement. Une sensibilité extrême, associée à de fortes distorsions cognitives (ce qu'elle perçoit d'une situation ne correspond pas toujours à une réalité factuelle). De la culpabilité aussi. Et une inquiétude au delà du pessimisme concernant l'avenir du monde.

Grandir auprès d'une telle personnalité peut laisser des traces... Surtout quand on est déjà en proie à une hypersensibilité et à des troubles de la personnalité évitante... Quant à savoir le lien de cause à effet entre la personnalité de ma maman et mes problèmes actuels... je ne m'avancerais qu'à dire que ça y a certainement contribué.
En plus d'une multitude d'autres choses.

Plusieurs fois dans ma vie, de l'adolescence à ma vie d'adulte, j'ai essayé de lui parler de certains de ses comportements qui me blessaient, mais elle n'était pas toujours à l'écoute, n'entendait pas (au sens qu'elle ne comprenait pas vraiment ce que je disais ou exprimais).
Parfois, tout de même, elle s'est efforcée de faire des efforts, mais ça n'a jamais duré.

Longtemps, elle n'a eut de cesse de me répéter que je devrais consulter des psys, à propos de ci, de ça... sauf que je consultais, justement, mais que je ne supportais pas l'idée de le lui dire, de peur qu'elle pense que c'était "grâce à elle", qu'elle me "défasse" de mes réussites individuelles pour se les approprier, en quelque sorte (vous arrivez à suivre?).

Elle disait aussi de temps à autre qu'elle devrait suivre une psychanalyse (je pense cependant qu'une thérapie avec un psychiatre pratiquant l'EMDR ou les TCC serait plus judicieux que de blablater des années durant), mais voici plus de 15 ans que je l'entend tenir ce discours et ne jamais passer à l'acte.

J'aime très très fort ma maman. Mais je ne peux plus la côtoyer qu'à faibles doses. Elle m'est toxique émotionnellement, ce qui m'oblige à la fuir. Me sauver. Une forme de colère permanente se dégage d'elle, comme une aura qui m'empoisonne émotionnellement.
C'est très dur à vivre.
De part et d'autre.

D'autant que j'ai fini par "lâcher le morceau", tout récemment.

En effet, après mon hospitalisation à la clinique psychiatrique "La Villa Bleue", entre le 10 mars et le 03 avril dernier, j'ai habité quelque jours chez mes parents, puis chez ma sœur un mois durant, jusqu'à début mai où j'ai emménagé très officiellement dans la toute nouvelle résidence secondaire de mes parents (qui habitent à environ à 45 km de là, c'est à dire de la commune d'Angoulême).

Au début la maison était vide. Seule ma chambre était meublée. Je passais mes journées à lire, à regarder des films sur mon PC et à aller à mon ancienne adresse, me connecter en WiFi sur la box de mon mari, cachée dans la cage d'escalier ou même assise par terre sur le pallier... J'allais marcher.

Mais peu à peu ma mère (bien plus que mon père) a commencé à emménager dans sa résidence secondaire. La cuisine s'est vue envahie de flots de choses et d'autres, avec toutes les descriptions qui vont avec. La salle de séjour, la salle de bain.
Certes, je suis hébergée à titre gratuit, mais ce n'est pas un endroit où je peux me sentir "chez moi".

Un ami m'ayant proposé de m’héberger chez lui, à la campagne, j'ai accepté... Je ne vis donc plus réellement dans la résidence secondaire de mes parents, où je ne fais plus guère que passer de temps à autres. J'y éprouve en effet un sentiment d'insécurité, de colère, de souffrance, avoué par mail...

Ma maman m'a alors répondu une chose qui a été la goutte d'eau faisant déborder le vase de ma gentillesse et de mon besoin de la protéger (elle est très sensible). Je lui ai alors écris un long mail concernant mes ressentis.

Sa question, sa remarque ?
"Et  comment expliques-tu ce sentiment de colère de souffrance et d'insécurité à la TG? Une maison en ville, tu crains une agression, ou bien c'est plus au niveau du symbolique?
Je crois que tu devrais bosser sur cet aspect de ta souffrance"
Je l'explique très bien, et je l'ai fais. Inutile que je copie ici le développement, c'est privé. Cela concerne les sentiments que j'ai vis à vis d'elle, qui me perturbent beaucoup...

Quant au fait "bosser" sur tel ou tel aspect de mes souffrances, je lui ai expliqué le plus posément possible qu'elle était ma maman, et non ma thérapeute, et que donc elle n'avait pas à intervenir dans mon parcours de soins, quel que soit le bien qu'elle me veuille...
"L'enfer est pavé de bonnes intentions", n'est-ce pas ?

Ainsi j'ai écris à ma mère.
Je l'ai ménagée tant que possible.
Je sais par mon père qu'elle va mal, psychologiquement parlant, ces temps ci.
Je suis inquiète pour elle, et triste.

On parle de la cathédrale qui se fout de la chapelle...
Mais ici, il est question d'une cathédrale souterraine (ma mère) et d'une cathédrale "traditionnelle" (moi). Personne ne se fout de personne. Nos trajectoires de vie sont dissemblables, même si liées par sa parentalité et ma filiation, nos souffrances sont discordantes, nos besoins sont différents.

Une seule chose compte.
Nous nous aimons.




lundi 24 août 2015

Vies communes, distortions cognitives et crises de parano...

Ma vie est un peu compliquée, ces derniers temps.

Pour rappel du contexte, j'ai vécu 18 ans avec mes parents, puis 2 ans (en période scolaire) en studio sur l'Île d'Oléron, puis 2 ans environ en studio à Poitiers, puis quelques mois chez mes parents, 3 mois dans un studio tout pourrit.

Ensuite je me suis installée avec Alain, que je fréquentais depuis deux ou trois ans, sporadiquement, entre mes crises de parano et de rejet... "Je suis bien avec toi", puis "t'es con", "t'es gros", "t'es moche...", puis "j'en envie qu'on se voit", etc.

Une relation extrêmement ambivalente, allant de la passion aveugle au rejet total.
Autant dire qu'il en a vue des, vertes, des pas mûres et des archi pourries!

Alain m'aimait.
Moi j'aimais Julien...
Triangle amoureux schizophrène...
Alain et Julien ne sont qu'une seule et même personne... mais la vie moderne a fait entrer les pseudonymes dans la vie ordinaire...
Internet a fait entrer la vie intérieure des gens dans la sphère intime des autres, voire publique (la preuve!).

Julien était mon correspondant coquin (oui, j'ai une vie sexuelle, aussi). Il écrivait bien, il était charmeur et charmant, et, d'un point de vue purement épistolaire, je l'aimais. Quand nous nous sommes découverts "voisins" de département, je suis entrée dans une relation tenant d'une forme d'exhibitionnisme cérébral. J'étais émoustillée, du haut de mes 19 ou 20 ans, par l'idée que cet homme inconnu puisse me regarder entrer au cinéma un dimanche matin, sans se faire connaître.

Le 27 mai 2001, les choses se sont passées autrement. Je lui avais dis que j'allais voir "Amélie Poulain" au cinéma. C'était le dimanche à 11 heure. Dans ma simplicité d'esprit, ce n'était pas un rencart. Il me verrait me mouvoir, me regarderait de loin, m’effleurerait peut être, mais je ne cherchais pas (consciemment, en tout cas) à le rencontrer.
Les choses ont été toutes autres.
Quand je suis arrivée sur le parking, il était là, sur le trottoir à m'attendre. Il m'a regardée dans les yeux et j'ai eu envie d'embrayer la marche arrière et de foutre le camp. Au diable Amélie Poulain. Je déteste ce film. Je n'arrive pas à m'immerger dans les comédie. Mais là n'est pas le propos.

J'étais venue pour le film, j'étais profondément irritée que "Julien" se soit démasqué.
Alain me déplaisait physiquement. Il avait mentit sur son âge, portait la barbe, avait une silhouette enrobée (84 kilos pour 1,65m). Et mon imagination en prenait un coup.

J'ai essayé de lui signifier que je ne voulais pas de lui, mais je n'ai pas su. Il n'a pas comprit.
Sans doute avais-je utilisés des mots dans mes derniers messages qui l'avaient incité à croire que je voulais une rencontre, un flirt.
Mais en cet instant "T" de notre première rencontre, il me dégoutais.
Tous mes fantasmes construits autour de notre correspondance à l'aveugle (pas de photos numériques, pas de cam, à l'époque) s'effondraient.

Nous sommes allés au cinéma et j'en ai été profondément irritée.
Il a payé ma place de cinéma et j'en ai été profondément irritée.
Il m'a caressée la cuisse et j'en ai été profondément irritée.
Mais mon corps avait besoin de contacts, la louve avait besoin d'un loup.
Je me suis abandonnée.

Je suis partie furieuse, un sourire de pacotille aux lèvres, en refusant de promettre qu'on se revoit.
"On verra" ai-je seulement accepté de lâcher.

Je l'ai haïs.
Je me haïssais aussi. Je savais bien qu'au font, j'avais provoquée et même précipitée notre rencontre.

Il est devenu l'objet d'une grande haine de moi même et d'un profond désir.

Tout n'a été qu'ambivalence, en permanence.

Nous nous sommes revus, je l'ai rejeté de nouveau, puis je lui ai réclamé de le revoir, avant de le trahir encore.
Je ne comprend toujours pas pourquoi il s'est accroché à moi.
Trente quatre ans nous séparaient, il vivait en couple (certes bancal, mais je n'y étais pour rien).
Je ne voulais pas de lui tandis que lui semblait croire que j'étais attachée à lui.

Incapable de rester insensible aux sentiments des autres, j'essayais, encore et encore. Je m'imposais d'accepter ses invitations à discuter, lors desquelles je montais dans sa voiture, nous trouvions un coin tranquille et nous passions des heures à dialoguer.
Mais je ne sais pas si je disais vraiment les choses, ni s'il les entendait vraiment...
Ne disais-je pas ce que je pensais qu'il attendait que je lui dise...?
Ne comprenait-il pas que ce qui l'arrangeait de comprendre...?
Nul ne peut le savoir.

À l'époque je n'avais pas encore les bons mots pour décrire mon mal être.

Je ne comprenais même pas que je souffrais en quasi permanence de distorsions cognitives, ces déformations inconscientes de la réalité, me poussant à interpréter en permanence le comportement, les actes, les paroles des autres, et à en tirer des conclusions négatives, à échafauder des théories paranoïaques. Toutes mes journées, et même mes nuits étaient perdues dans ce maelström de déductions hâtives, erronées, basées sur mes pires craintes.

Aujourd'hui encore, ma vie est tiraillée en permanence par ces troubles psychiatriques.
Cela s'est atténué, car j'essaie d'être plus attentive à la réalité. J'ai appris à reconnaître que les autres ne peuvent en aucun cas être tenus responsables de mes ressentis, a fortiori si je n'en parle pas.

Le problème étant que je ne suis pas toujours consciente de ce que je ressens, ce qui est un danger pour toute vie sociale normale.

Ce qui est certain, c'est que je reste extrêmement et exagérément sensible à la critique, du fait de mes doutes permanents et de ma faible estime de moi même.
Malheureusement il est plus aisé d'accuser les autres d'être "méchants" ou indélicats que de reconnaître qu'on est excessivement fragile et auto-malléable.

Alain et moi avons finit par nous fréquenter tant et si bien que nous nous sommes mis en couple en juin 2005.
De mon coté, ça n'a jamais vraiment "marché". Mais j'avais desespérement besoin d'être aimée, qu'on me le dise, qu'on prenne soin de moi.

Dès la première année, en septembre ou octobre 2005, je doutais, je m'interrogeais quant à savoir si je l'aimais vraiment, mais je ne formulais aucun de ces doutes, d'aucune manière. Jamais. Ni à lui, ni auprès de ma famille. J'avais honte.
J'essayais de combler mes failles sentimentales par une relations hyper fusionnelle, mais je souffrais malgré tout en permanence. Alain n'a jamais été l'homme qui me convenait, et je n'ai jamais su le lui dire.

Mes compulsions alimentaires sont allées en empirant... je m'empiffrais à la moindre occasion, j'achetais des vêtements par correspondance, incapable de fréquenter la moindre boutique. J'essayais de combler un vide... un vide sans fond.

Nous avons eut de très bons et très beaux moment ensemble...
Mais la grande majorité du temps je ne faisais que "suivre le mouvement".
Oui. Si tu veux. Comme tu veux.

Mois après mois, je me suis pliée à un style de vie qui ne me convenait pas, sans jamais rien dire, sans me plaindre à personne.
Les courses ensemble, les "balades", l'absence de vie sociale ou culturelle...

Quand j'ai repris mes études, entamant une Licence de Droit en septembre 2005, Alain ne manquait pas de critiquer les horaires des cours, des séances de travaux dirigés et tout aléa d'emploi du temps (cours déplacés, annulés, etc). 
Il me donnait des conseils en méthodes de travail et se montrait désagréable lorsque je "bloquais" sur un exercice. Alors je n'en ai plus parlé. Je ne parlais plus non plus des cours, ayant essuyés plusieurs "j'en ai rien à foutre". Je ravalais ma salive et mes passions et le laissais à son PC, à son jardin...

Je me distrayais sur mon PC, je discutais sur des forums ou des tchat. Tout comme lui, d'ailleurs... Mais parfois sa colère éclatait, parce que j'y passait trop de temps à son gout, parce que... je ne sais plus.

Le pire était quand je discutais à la sortie des cours avec des camarades. Je n'appelais pas systématiquement pour prévenir de mon "retard", étouffée par cette obligation de rendre des comptes en permanence.
La même critique me hante depuis ces années là, blessante et humiliante...
"Quand tu es avec tes copines, je n'existe plus!!!".

Peut-être, justement.
Une pause, un répit dans des routines insupportables.
La faculté était un lieu de vie, même si mes troubles anxieux et ma phobie sociale me la rendait invivable.
Là bas au moins... je pouvais m'isoler.  

Quand le cardiologue d'Alain lui a annoncé, le 12 décembre 2007, qu'il devait être opéré le plus rapidement possible d'une dilatation aortique, je n'ai pas contredite sa déclaration purement factuelle selon laquelle que nous devions nous marier.
Pas plus que je ne l'avais contredit quand il s'était s'agit de conclure un PACS en 2006.

Nous nous sommes donc mariés le 25 janvier 2008, et il a été hospitalisé le samedi 29 mars, et opéré à cœur ouvert le lundi 31, alors que je passais mes dernières épreuves de partiels universitaires le mardi 1er avril. J'ai suivie sa convalescence, lui ai rendu visite régulièrement au centre de rééducation cardiologique.

Mais j'ai passé le mois d'avril 2008 seule, incapable de dire à ma famille que j'avais besoin d'eux, de soutien, de présence.
Personne ne s'est occupé de moi. J'ai été laissée à l'abandon, en friche.
J'en ai longtemps gardé une grande colère contre les miens, rivée à l'âme.
Aujourd'hui, elle s'est évanouie, car je sais que je maintenais inconsciemment les autres à l'écart, trop heureuse de vivre quelques semaines en toute indépendance.

Un an plus tard, en avril 2009, j'obtenais enfin ma licence en Droit.

Dès lors, à chaque occasion, nous partions pour les Hautes-Pyrénées, prospecter pour y acquérir une maison.

Je n'arrivais pas à ne pas être sincère lors des visites. Autrement dit, je disais vraiment ce que je pensais (points positifs ou négatifs!) et Alain ne manquait jamais de me faire sèchement remarquer sa désapprobation. J'aurais dû être plus critique, plus ceci ou plus cela. Je n'en sais rien, en fait. J'avais mal, c'est tout. Je serrais les dents, je me disais qu'il faisait ça pour de bonnes raisons. Il avait forcément raison.

Nous avons achetée une maison. Un "coup de cœur". Une connerie.
L'enchaînement de plusieurs conneries.
Mon travail parce que je croyais, parce que j'étais persuadée que c'était ça qu'Alain voulait pour moi, alors qu'il détestait que je travaille (mais ne me le disait pas, pensant que j'en avais besoin pour être épanouie)... Je détestais ça, j'avais des crises d'angoisse sans arrêt, mais au moins je sortais de la maison, de l'atmosphère écrasante d'une relation à laquelle je ne savais pas comment mettre fin, dont je n'osais parler à personne.
Mes hospitalisations de demi journée, qui ont finies par me rendre plus malade et dépressive que jamais, et auxquelles Alain vouait une haine féroce.
D'autres choses, je ne me souviens plus... 
L'arrivée de la maladie d'Alain. Le parcours du combattant pour obtenir un diagnostic. L'impression soudaine d'être utile, valorisée... Mais aussi les chutes, de plus en plus fréquentes... dont une dans l'escalier de cette maison près de Tarbes. Douze agrafes dans le crâne. Et des colères terribles... à le voir trembler, à me donner envie de mourir, à aller m'enfermer dans la voiture, dehors, pour hurler, pleurer. À vouloir crever.

"Tu me mens, tu me mens tout le temps"...
Une phrase qui est revenue souvent. Là bas, dans les Hautes-Pyrénées. Puis ici, en Charente, quand nous avons emménagé dans notre nouvel appartement, qu'Alain détestait.
Une phrase qui doit être vraie, puisqu'il n'est pas le seul à m'avoir fait ce reproche.

Cette accusation me fait pourtant toujours aussi mal. 

Nous sommes séparés, maintenant.
La maladie d'Alain était devenue tellement envahissante que j'avais commencé à me détruire physiquement.
Hospitalisation. Hébergement chez les uns et chez les autres...

Mais un sentiment d'insécurité permanent. Paranoïa.

Autre chose...
Autre chose, mais toujours la peur au ventre, la peur de l'autre, peur de décevoir, incapacité de dire les choses, la perte de toute rationalité, les crises d'angoisse dissimulées, les mêmes terreurs, les mêmes erreurs.

Jusqu'à la fuite, presque sans explication.

Et le retour à la réalité.
Fracassant.
Une immense tristesse, un sentiment de lâcheté et d'échec terrible, alors que j'étais bien, mieux que jamais, mieux que depuis très longtemps.



Alors la vérité.
Le dialogue, tout simplement.
Et un nouveau départ.

Miss. Try again.