mercredi 7 octobre 2015

J'ai écris à ma mère...

Mes rapports avec ma maman ont toujours été complexes... je l'aime très fort, mais elle porte en elle une colère, une agressivité imprévisible. Des angoisses aussi, très certainement. Une sensibilité extrême, associée à de fortes distorsions cognitives (ce qu'elle perçoit d'une situation ne correspond pas toujours à une réalité factuelle). De la culpabilité aussi. Et une inquiétude au delà du pessimisme concernant l'avenir du monde.

Grandir auprès d'une telle personnalité peut laisser des traces... Surtout quand on est déjà en proie à une hypersensibilité et à des troubles de la personnalité évitante... Quant à savoir le lien de cause à effet entre la personnalité de ma maman et mes problèmes actuels... je ne m'avancerais qu'à dire que ça y a certainement contribué.
En plus d'une multitude d'autres choses.

Plusieurs fois dans ma vie, de l'adolescence à ma vie d'adulte, j'ai essayé de lui parler de certains de ses comportements qui me blessaient, mais elle n'était pas toujours à l'écoute, n'entendait pas (au sens qu'elle ne comprenait pas vraiment ce que je disais ou exprimais).
Parfois, tout de même, elle s'est efforcée de faire des efforts, mais ça n'a jamais duré.

Longtemps, elle n'a eut de cesse de me répéter que je devrais consulter des psys, à propos de ci, de ça... sauf que je consultais, justement, mais que je ne supportais pas l'idée de le lui dire, de peur qu'elle pense que c'était "grâce à elle", qu'elle me "défasse" de mes réussites individuelles pour se les approprier, en quelque sorte (vous arrivez à suivre?).

Elle disait aussi de temps à autre qu'elle devrait suivre une psychanalyse (je pense cependant qu'une thérapie avec un psychiatre pratiquant l'EMDR ou les TCC serait plus judicieux que de blablater des années durant), mais voici plus de 15 ans que je l'entend tenir ce discours et ne jamais passer à l'acte.

J'aime très très fort ma maman. Mais je ne peux plus la côtoyer qu'à faibles doses. Elle m'est toxique émotionnellement, ce qui m'oblige à la fuir. Me sauver. Une forme de colère permanente se dégage d'elle, comme une aura qui m'empoisonne émotionnellement.
C'est très dur à vivre.
De part et d'autre.

D'autant que j'ai fini par "lâcher le morceau", tout récemment.

En effet, après mon hospitalisation à la clinique psychiatrique "La Villa Bleue", entre le 10 mars et le 03 avril dernier, j'ai habité quelque jours chez mes parents, puis chez ma sœur un mois durant, jusqu'à début mai où j'ai emménagé très officiellement dans la toute nouvelle résidence secondaire de mes parents (qui habitent à environ à 45 km de là, c'est à dire de la commune d'Angoulême).

Au début la maison était vide. Seule ma chambre était meublée. Je passais mes journées à lire, à regarder des films sur mon PC et à aller à mon ancienne adresse, me connecter en WiFi sur la box de mon mari, cachée dans la cage d'escalier ou même assise par terre sur le pallier... J'allais marcher.

Mais peu à peu ma mère (bien plus que mon père) a commencé à emménager dans sa résidence secondaire. La cuisine s'est vue envahie de flots de choses et d'autres, avec toutes les descriptions qui vont avec. La salle de séjour, la salle de bain.
Certes, je suis hébergée à titre gratuit, mais ce n'est pas un endroit où je peux me sentir "chez moi".

Un ami m'ayant proposé de m’héberger chez lui, à la campagne, j'ai accepté... Je ne vis donc plus réellement dans la résidence secondaire de mes parents, où je ne fais plus guère que passer de temps à autres. J'y éprouve en effet un sentiment d'insécurité, de colère, de souffrance, avoué par mail...

Ma maman m'a alors répondu une chose qui a été la goutte d'eau faisant déborder le vase de ma gentillesse et de mon besoin de la protéger (elle est très sensible). Je lui ai alors écris un long mail concernant mes ressentis.

Sa question, sa remarque ?
"Et  comment expliques-tu ce sentiment de colère de souffrance et d'insécurité à la TG? Une maison en ville, tu crains une agression, ou bien c'est plus au niveau du symbolique?
Je crois que tu devrais bosser sur cet aspect de ta souffrance"
Je l'explique très bien, et je l'ai fais. Inutile que je copie ici le développement, c'est privé. Cela concerne les sentiments que j'ai vis à vis d'elle, qui me perturbent beaucoup...

Quant au fait "bosser" sur tel ou tel aspect de mes souffrances, je lui ai expliqué le plus posément possible qu'elle était ma maman, et non ma thérapeute, et que donc elle n'avait pas à intervenir dans mon parcours de soins, quel que soit le bien qu'elle me veuille...
"L'enfer est pavé de bonnes intentions", n'est-ce pas ?

Ainsi j'ai écris à ma mère.
Je l'ai ménagée tant que possible.
Je sais par mon père qu'elle va mal, psychologiquement parlant, ces temps ci.
Je suis inquiète pour elle, et triste.

On parle de la cathédrale qui se fout de la chapelle...
Mais ici, il est question d'une cathédrale souterraine (ma mère) et d'une cathédrale "traditionnelle" (moi). Personne ne se fout de personne. Nos trajectoires de vie sont dissemblables, même si liées par sa parentalité et ma filiation, nos souffrances sont discordantes, nos besoins sont différents.

Une seule chose compte.
Nous nous aimons.




1 commentaire:

  1. bonjour
    je vous lis régulièrement...
    juste une précision : on peut ne pas être en phase avec le psychanalyse et préférer les différentes thérapies en vogue mais " on ne blablatte pas en analyse " on y associe , on y décrypte ses rêves , on apprend à être adulte !
    bon courage
    bien à vous

    RépondreSupprimer

Un petit mot, ça fait toujours plaisir...
Mais comme je n'aime ni les machines ni les trolls, je modère tout de même un peu ^^