jeudi 17 décembre 2020

Une sexualié précoce n'a rien à voir avec la pédophilie

ATTENTION CONTENU RELATIF À MA SEXUALITÉ
(et divers problèmes de santé physique et psychique)
 
 
Je ne me souviens plus à quel âge j'ai commencé à être intéressée par la sexualité.
Ça a été très précoce chez moi, et cela a prit diverses formes successives, que je ne renie pas. Certaines font encore partie de moi, tandis que d'autres se sont atténuées, estompées, voire se sont mises à me faire horreur et je les ai expurgées du mieux que possible de mon univers intérieur..

La sexualité est très exposée, de nos jours. Partout, à outrance. Souvent sous couvert d'information, les médias versent dans une quête de sensationnalisme en la matière. Qu'il s'agisse d'évoquer certaines pratiques spécifiques rendant bien heureux leurs pratiquants, qui ne font de mal à personne (du moment que tout le monde est consentant) ou de médiatiser des dérives, drames ou autres histoires de vie gâchées, bouleversées, saccagées.
On médiatise la sexualité des adultes... mais on explique très peu celle des enfants. Sans doute pour ne pas prendre le risque d'être accusé de pédophilie et autres crimes.
 
Toutefois il faut savoir que la sexualité de l'enfant existe et est étudiée depuis des décennies par les pédopsychiatres. Dans ses aspects "normaux" ou pathologiques.
 
"L’enfant en âge d’aller à l’école primaire – entre 6 et 11 ans environ – est habité et mû, entre autres, par sa pulsion et ses désirs sexuels. C’est une énergie vitale en lui qui vise aussi bien à l’union positive avec l’autre qu’à une union positive à lui-même.[...] elle engage plus ou moins concrètement le corps et les parties sexuées de celui-ci, et apporte à l’enfant – et à ses éventuels partenaires – plaisirs et joies. Il y a donc réellement une vie sexuelle à cette période de la vie, faite de représentations mentales, d’affects, mais aussi de mises en pratique. Elle peut être momentanément estimée soit « normale », soit pathologique."
 
Il est important pour moi de poser cela en préambule, car je vais parler de moi et de ma sexualité, très précoce, et complexe. Je ne la renierais jamais. Elle fait partie de moi.

Comme chaque être humain, j'ai une histoire de vie. C'est la mienne, elle m'appartient.
J'ai longtemps été très mal dans ma peau, honteuse, me sentant "anormale", me jugeant "perverse" et ne méritant pas vraiment d'avoir une vie épanouie. Pas uniquement en raison de mon monde érotique intérieur, mais aussi en raison de mes grandes difficultés à aller vers les autres.
Mon histoire de vie n'est pas linéaire, elle est faite d'éléments intrinsèques et de pièces rapportées, d'événements positifs ou négatifs.
De manière certaine, aujourd'hui je ne suis pas la même qu'il y a un an, tout en étant la même.
De manière toute aussi certaines, aujourd'hui, je ne suis pas la même que celle que j'étais à 20 ou 22 ans.

De manière encore plus certaine et indubitable, je suis aujourd'hui une adulte, mais j'ai été une enfant.

Or, enfant, j'avais un monde imaginaire très dense, où l'érotisme et la sexualité étaient présents.

Mon premier souvenir clairement érotique remonte à une scène du mythique film "Il était une fois en Amérique" de Sergio Leone. Scène vue, je le précise immédiatement, à l'insu de mes parents.
 
Pour rappel il s'agit tout de même de l'histoire d'un gang de New York, dont les protagonistes, d'abord enfants, puis évoluant en âge, grimpent les échelons du banditisme: meurtres, viols, braquages et autres actes répréhensibles y sont donc récurrents.
Il est évident que mes parents ne m'auraient jamais laissé en regarder un morceau, et ça n'a d'ailleurs pas été le cas: j'avais du mal à dormir, et ce d'autant plus que j'avais senti cette étrange ambiance d'interdit, quand on nous avait envoyées nous coucher ma sœur et moi. Alors, quand je m'étais relevée, c'était en catimini et en rasant les murs, que je m'étais faufilée dans le couloir de l'entrée et que j'avais regardé le petit écran, fascinée par ce mystère des films "pas de notre âge". J'avais alors contemplé la solution pour "faire taire" une secrétaire par quelques gangsters... La dame poussée contre un bureau et visiblement troussée plus ou moins contre sa volonté par l'un des membres de la bande.

Un peu plus loin dans le film, la dame "joue" à identifier l'auteur de son troussage.


Je n'avais pas été choquée par cette scène, mais bien plutôt émoustillée. J'en conserve un souvenir fort et... très fortement idéalisé. Aujourd'hui, je n'éprouve aucune honte à avouer cela. Je ne vois absolument pas pourquoi je devrais l'être.
 
J'ai revu le film, dans son intégralité, l'an passé, en constatant que mon souvenir est vraiment plus intéressant que la réalité. Cette dichotomie entre le réel et le souvenir est intéressante, en soit. Pour moi elle est le signe de ce que peut être le monde intérieur de tout-un-chacun: la mémoire des émotions déforme les choses, en laisse une trace parfois très surfaite.

Ce qui ne s'est ni estompé ni effacé de ma mémoire, c'est ce sentiment fort, alors que j'étais tapie dans l'ombre du couloir, en train de regarder ce bref passage, de commettre une transgression. Une émotion qui a sans doute donné son "sel" à mes sensations.

À ce stade, je me dois de donner quelques importantes précisions:
 
J'ai l’immense chance (selon moi, et c'est bien entendu un point de vue personnel) d'avoir grandis dans un foyer où la nudité n'était pas un tabou ni quelque chose d'anormal. Toute la famille se changeait dans la salle de bain, en même temps ou dans un laps de temps rapproché. Nous étions régulièrement nus les uns avec les autres, sans que cela ne nous choque ou nous semble "anormal" en quoi que ce soit. Ni les uns ni les autres n'avions de vision sexualisée de nos corps dénudés.
 
De même que l'été, dans notre petite piscine de jardin, nous nous baignions nues, ma sœur et moi, et il ne nous serait jamais venu à l'idée que cela pouvait être choquant, indécent, incorrect ou immoral... et encore moins que cela aurait pu avoir trait à une forme de sexualité.
Que ce soit dans le jardin, la salle de bain, notre chambre d'enfants ou en train de courir dans le couloir, la nudité était juste un état "non habillé", réservé toutefois à la sphère privée.
Ni plus, ni moins.

J'ai vus mes parents et ma sœur nus, ainsi que certains camarades (amis d'enfance, camarades d'école), et je ne ressentais rien de sexuel ou d'émoustillant dans ces situations. Je n'étais pas pudique, au sens que ma propre nudité ne me met pas mal à l'aise), et cependant je respectais la pudeur des autres, qu'il s'agisse de ceux qui ne souhaitaient pas me voir nue ou de ceux qui ne souhaitaient pas l'être devant moi. Je ne cherchais pas à espionner les autres, qu'ils soient enfants ou adultes.

Selon ma conception des choses (contemporaine à cet écrit), la nudité en soi n'est pas sexuelle ou sexualisée: c'est simplement l'état naturel de l'être humain, qui nait ainsi, sans vêtements ni cache sexe naturel.
Certaines personnes sont à l'aise dans leur corps et se sentent bien nus, d'autres n'ont pas ce même ressenti. Que ce soit l'une ou l'autre de ces deux attitudes, il n'y en pas une qui soit "bonne" ou "mauvaise" universellement. Il s'agit bien davantage de traditions et de codes sociaux que de nature, de "bien" ou de "mal".
Le fait est que nous vivons malheureusement dans une période trop fortement sexualisée, dans laquelle circulent de très nombreux préjugés de nature à brouiller les signaux (propice, par exemple à une  confusion entre naturisme et exhibitionnisme).
 
Malheureusement le regard des uns sur la nudité des autres reste le critère pour les premiers de décider si cette nudité est "normale" ou pas, mais aussi de ce qui est permis ou pas. Dès lors ma propre considération de ma nudité ou de ma pudeur, importe peu. Quel que soit mon ressenti ou mon intention, c'est l'interprétation de l'autre qui primera.
Quelle injustice!
 
Non seulement j'ai vu mes parents (et d'autres personnes, sur des plages, par exemple) nus, mais qui plus est, j'ai grandi dans une famille où il y avait une grande prévention sur le thème "ton corps est à toi". Très tôt, nous avons assimilé qu'aucun individu (que ce soit un adulte ou un enfant de notre classe d'âge) n'avait le droit de nous toucher, de nous tenir des propos nous mettant mal à l'aise ou avoir tout type de comportements au travers desquels nous ne nous sentions pas respectés.
 
Ma sœur et moi avons été éduquées afin de comprendre ce qu'est la pudeur (la notre aussi bien que celle des autres), de même que nous avons bénéficié d'une éducation sexuelle adaptée à nos âges, expliquant le corps, son développement, la puberté, etc.
Je n'ai jamais été choquée de cette éducation à la sexualité et au contraire je suis heureuse de ces préventions bienveillantes de la part de mes parents. Il est d'ailleurs prouvé qu'une éducation sexuelle complète protège les enfants et contribue à rendre la société plus sûre et inclusive (voir site du Conseil de l'Europe)
 
Si j'ai, malheureusement, été victime d'abus au cours de ma vie, cela a été rendu possible principalement par des états de confusion affective, ayant tendance à faire fusionner "désir" et "confiance" (voire "redevabilité et autres sentiments), et non pas par une méconnaissance des corps et de la sexualité. La flatterie, les encouragements à "devenir grande", un manque de confiance en soi qui pousse à prendre des risques pour essayer de "faire illusion", ou encore les risques inhérents à un état de dépendance affective sont des aspects de la vie sur lesquels je n'avais pas été accompagnée ou suffisamment éduquée. Je crains d'ailleurs que ces aspects restent encore largement sous traités actuellement.

J'ai donc reçu une éducation sexuelle théorique, adaptée à mon âge.
J'ai connus des émois.

J'avais des fantasmes, également.
En fait mon imaginaire a été très largement tourné vers la sexualité, et ce de façon très précoce.
Est-ce cela qui explique que j'étais mal à l'aise avec mes pairs, ceux de mon âge, qui s'amusaient de jeux dans lesquels je ne trouvais pas d'intérêt? Peut être, je n'en sais rien.
Mes souvenirs sont flous, lointains.
J'en ai des réminiscences.
 
Je n'ai pas le souvenir de fantasmes très structurés, mais je me souviens avoir toujours été attirée par les garçons que j'estimais matures sexuellement. C'est à dire que les enfants de mon âge ou à peine pubères ne me faisaient pas rêver.
 
Très tôt, grâce à l'éducation de mes parents, j'ai compris que le regard des autres sur ma  sexualité était le critère pour ces autres de décider si cet aspects de mon existence était normal. J'avais par ailleurs la conviction que ce que je rêvais, ce que je fantasmais, serait forcément mal vu.
Je ne voulais pas être punie ou maltraitée par mes parents ou ma famille, pour des pensées, des idées qui, malgré tout, me faisaient du bien. Je ne voulais pas risquer d'être jugée et d'être encore plus être mise à l'écart par mes camarades d'école pour des histoires qui ne vivaient que dans mon esprit. Par ailleurs, je ne voulais pas non plus que ça se sache, parce que j'avais conscience que ma mère, institutrice, était déjà bien trop rejetée par les parents d'élèves pour qu'on lui reproche cela.

À huit ans, j'avais déjà le poids du secret qui plombait mon existence. Cela a renforcé mon sentiment de différence, de marginalité. Un état de fait lié à des "bizarreries" trop visibles.
La première d'entre elles étant que j'étais l'une des filles de l'institutrice.
La seconde était que... et bien j'étais vraiment bizarre, que je "collais" ma sœur et était incapable de véritablement m'amuser avec les autres. Sans compter que j'étais la "malade imaginaire" de service.

Dès l'école maternelle, j'ai commencé à  souffrir de diverses manifestations physiques de troubles anxieux. Toutefois, des "simples" maux de ventre (très douloureux) et céphalées chroniques rencontrées, les premières années, j'ai commencé à souffrir également de troubles mictionnels (incapacité à sentir quand j'avais besoin d'uriner, ou incapacité d'émettre le jet alors que j'en avais besoin). J'ai également souffert de paresthésies des membres inférieurs, attribuées à la croissance par le médecin de famille (qui étaient si douloureuses, que j'étais incapable de marcher sans appuis), et j'en passe. Bref, j'étais en souffrance physique, et ça ne s'est jamais arrêté depuis.

Ces troubles ont un lien avec ma sexualité infantile. En effet beaucoup de petites filles se touchent parce que ça leur fait du bien. C'est naturel et je trouve que c'est très bien qu'elles soient les premières à connaître leur corps.
Moi je me touchais parce-que ça calmait mes douleurs urinaires, au niveau du méat urinaire. C'était un geste que j'avais conscience de ne pas pouvoir faire en public, et dont j'avais très profondément honte. Et pour cause : lorsque je n'arrivais pas à uriner, alors que je sentais ma vessie me déchirer le ventre, je rentrais les doigts pour faire pression sur la paroi interne du vagin, contre celle de la vessie, afin de stimuler la miction.
Je n'en ai jamais parlé à mes parents. Je ne me souviens pas pourquoi, mais je pense que j'avais honte.
Pendant des années n'ai pas eu de mictions normales (avec simple relâchement des muscles pelviens, au lieu de pousser pour expulser l'urine.
 
J'ai aussi découvert le plaisir anal à durant cette période là, et comme les encyclopédies illustrées et les livres d'éducation sexuelle pour enfants n'en parlaient pas, j'en éprouvais vraiment une très grande honte. J'aimais me toucher, mais c'était plutôt de l'ordre compulsif: lorsque ça me "prenait", j'en avais terriblement envie, et je devais passer à l'acte, mais avec un grand sentiment de honte, et je finissais toujours très frustrée, sans compter la panique totale que j'éprouvais à l'idée d'être surprise.
 
Je ne raconte pas ça pour choquer.
Ça n'est pas pour rien que j'ai inclus un avertissement en en-tête.
Tous ces trucs sont assez trashs, et globalement, j'avoue que c'est plus facile de ne pas les évoquer.
 
Bizarrement cependant, ça me fait un bien fou de les écrire. Une catharsis salvatrice.
J'ai vécu un certain nombre de choses de façon très négative et honteuse. Pour autant, je n'ai pas le sentiment d'avoir jamais été victime de qui que ce soit dans mon enfance. Toutes les émotions négatives que j'ai éprouvées face à ma sexualité naissante, c'est mon propre esprit qui les a générées.
 
Pourtant les enfants sont bêtes et s'amusent parfois de choses très cruelles qu'ils font subir à leurs camarades. Or j'étais la "pisseuse" de l'école, puisque j'avais ces problèmes de troubles de la miction. 
Pour être toute à fait claire, je sentais le pipi.
On se moquait de moi à cause de ça, et moi je ne voulais pas aller me plaindre à mon institutrice, pour diverses raisons.
Un jour, après la fin de la classe, on traînait derrière l'école avec d'autres gamins, et le berger allemand du coin est venu me renifler l'entrejambe de façon insistante. Alors un des gamins m'a dit en riant de pencher en avant, ou de me mettre à quatre pattes, et je l'ai fais. J'étais habillée et je n'ai pas compris ce qui se passait sur le coup. Il m'a fallut des années pour assimiler la vue grivoise et inconvenante qu'ils avaient pu avoir ce jour là.
Je n'en suis pas traumatisée. Je ne me suis jamais sentie "salie" par ce jeu idiot. Je ne suis pas en colère. Je me sens simplement attristée, peut-être: ces enfants là, eux, ne savaient pas ce qu'était le respect des autres et de soi. J'espère que les adultes qu'ils sont devenus l'ont apprit.
 
Dans cette école, que j'ai fréquenté de mes 6 ans à mes 8 ans (soit trois ans), j'ai eu divers émois "érotiques". Mais c'était une sorte d'attirance, sans fantasmagorie associée (je ne m'imaginais pas en train de faire des choses avec l'objet de mon désir). J'étais attirée par les garçons qui n'étaient plus à l'école primaire, comme mes camarades et moi même, et de préférence ceux dont la voix avait mué.

Je n'étais pas une petite fille soignée. Je n'affectionnais pas les jupes et robes, ne tenais pas à être mignonne ou élégante. Je traînais en survêtement environ 350 jours par an.

J'étais très curieuse, à plein de points de vue, cependant la sexualité, était un de mes sujets "d'étude" de prédilection. Je savais déjà comment on faisait les bébés. J'avais conscience que mon corps et celui de ma maman ne ressemblaient pas aux planches anatomiques des dictionnaires encyclopédique. Je n'ai jamais vu ou cherché à voir des adultes dans leurs ébats sexuels, toutefois enfant des années 80, je voyais des femmes à demi nues se trémousser dans "Palace", et d'autres émissions laissaient comprendre ce qu'était la sexualité et l'aspect lié au plaisir bien plus qu'à la procréation.
Par ailleurs, je dois avouer que je me sentais "mûre". Or la sexualité (et ce qui y avait trait) semblait être réservé aux adultes, que j'enviais profondément. Cet aspect était un fort moteur.

Mais par dessus tout, j'aimais fantasmer et me sentir excitée. Je n'avais pas de camarades de mon âge avec qui j'aurais pu partager ces idées. J'ai bien essayé, maladroitement, mais cela s'est soldé par un échec et mon petit camarade (qui du reste n'était pas dans la même école primaire que moi) n'avais plus voulu me voir pendant un long moment après ça. Je n'avais donc pas de possibilités de partager mes impressions, ni de découvrir les autres via des jeux plus ou moins innocents (mais très très curieux) et je n'avais guère de satisfaction à me toucher moi même.
Alors je me suis mise à rêver, intensément.
Puisque les enfants de mon âge ne semblaient pas intéressés (et ne m'intéressaient pas, du reste), mes pensées se sont tournées vers des "grands".

J'ai continué à grandir, mon environnement social a peu évolué (j'ai changé d'école, mais avec de grosses difficultés à créer du lien social).

J'ai le souvenir d'avoir, un soir, joué à une version de "cap ou pas cap" (de montrer ton zizi) avec deux ou trois autres enfants. Nous avions 9 ou 10 ans. Je n'ai jamais considéré que ce jeu avait quoi que ce soit de sexuel. Les autres étaient dans la transgression de la nudité génitale... moi je ne faisais que participer à l'un des rares jeux où on m'acceptait.
 
J'avais mis la main sur des bandes dessinées satiriques et de caricatures, où le sexe ou la sexualité étaient parodiés ou tournés en dérision. Les œuvres de Jean-Marc Reiser m'ont profondément marquée, mais aussi certains volumes des "Passagers du vent" de François Bourgeon (comportant des dessins très explicites et réalistes). J'en alimentais mes fantasmes et mon imaginaire érotique, ainsi que mes notes intérieures sur les meilleures façons de donner du plaisir à mes futurs et hypothétiques partenaires.
J'ai aussi le souvenir des premières fois où j'ai vu les films "Angélique". Ha! Angélique, fille du baron de Sancé de Monteloup, élevée très librement et incarnée par Michèle Mercier. Il me semble que c'est à cette période que j'ai commencé à développer un gout prononcé pour la contention érotique (liens, menottes, bondage, shibari...), mais je ne pourrais pas le jurer.
Tout ça est très lointain et je ne sais plus au juste comment tout a évolué.

Quand je suis rentrée au collège, à 11ans, j'avais envie d'être une femme, mais je restais une simple préado, n'osant pas aller vers les autres, effrayée par la nouveauté, moquée par ses condisciples et s'évadant en pensées dans des scenarii d'enlèvements où je serais devenue l'esclave sexuelle tantôt de chasseurs concupiscents, tantôt d'une secte new age. Ou alors je m'imaginais séduite par un beau brun aux yeux verts, qui m'emmènerait dans sa voiture pour m'initier comme une vraie femme.
Mais je n'avais que 11 ans, et ma poitrine commençait à peine à pointer.

J'avais des désirs, que j'orientais sur les élèves de 3ème, qui ne m'accordaient bien entendu pas un regard, si ce n'était pour se moquer des "bleus" de 6ème.

Je ne me souviens plus comment j'en suis arrivée là, mais j'ai voulu "sortir" avec un garçon, mais au lieu que cela se fasse dans la tendresse et les mots doux (ce que je suppose être une relation "normale" au collège), je me suis retrouvée avec un élève multi-redoublant, en train de plonger sa main dans mon pantalon devant les autres garçons de la classe. J'avais 12 ou 13 ans, et j'étais malheureuse.
J'alternais les fantasmes sexuels avec la bouffe et les mille et une façons de me suicider tout en pourrissant bien la vie des autres (genre s'ouvrir les veines dans les toilettes, en répandant bien mon sang partout). Je ne comprenais pas le sens de ma vie. Je savais que mes camarades de classe ne m'aimaient pas, et c'était réciproque, je haïssais le collège, les profs, les emplois du temps que j'étais incapable d'assimiler.
 
Quand je rentrais du collège, je voulais me vider la tête. Un jour, j'ai découvert le Minitel rose. Des récits érotiques, et puis des serveurs de discussion. Je me faisais passer pour majeure, mais quand on me demandais de façon directe "est-ce que tu suces", j'étais finalement choquée.

À 13 ans, je me suis laissée embarquer à faire des "conneries" (sécher les heures d'étude!) avec un petit groupe d'élèves (qui aimaient surtout mon argent de poche) et une de ces camarades m'a entraînée à fréquenter un mec de 17ans. J'étais vierge et, comme dans certains films pour midinettes, je voulais "le faire". Mais à part me rouler des pelles pendant plus d'une heure et mettre sa main dans ma culotte (sans que je ne ressente quoi que ce soit, d'ailleurs), il ne s'est rien passé avec lui.

De dépit, l'été qui a suivi, celui de mes 14 ans, aux environs du 15 aout j'ai fais du rentre-dedans à un groupe de potes de 22-23 ans. Ma "première" s'est finalement faite sur le siège passager d'une Super 5. Pas le coup du siècle et le dialogue qui a suivit, qui me fait qui plus est rire depuis deux décennies : "Tu as joui?"..."Heu... je sais pas"..."Tu as pas ressenti une chaleur dans ton ventre?". Mon gars, je te pardonne, mais mes orgasmes ne me font pas vraiment cet effet là. Mais tu as fais preuve de bonne volonté, quand même.

Pendant un an, rien. Enfin si: des envies, des fantasmes, des histoires un peu barbares dont je n'ai pas envie de parler, des envies de rencontrer des hommes vraiment mûrs, de 35 ou 40 ans. Des fantasmes de soumission, dans lesquelles je n'aurais pas eu à prendre la moindre initiative. Sans violences, mais avec une sorte d'abandon déculpabilisant.

Et puis à 15 ans, aux alentours du 15 aout, j'ai rencontré mon premier "vrai" copain. Il avait 25 ans. Enfin... "vrai", c'est vite dit. On est jamais "sortit" ensemble, sauf une fois au cinéma. Le reste du temps, on couchait ensemble et je mettais en pratique toutes les connaissances théoriques que j'avais accumulées depuis des années.

En parallèle, je restais taraudée par des fantasmes pas du tout avouables, et je le vivais très, très mal.
J'étais obsédée par des histoires de harem, de contraintes et autres, et ne maîtrisais rien. Je jouais avec divers objets de formes oblongue, était frustrée, me détestais, me maudissais et me jurais de ne plus me laisser appeler par ces pratiques, mais immanquablement je recommençais.

Mon année de 3ème s'est déroulée dans un grand isolement social, sans amis. Je passais les "récréations" dans un coin, sur les marches du gymnase, enfermée dans les WC ou en salle d'autodiscipline pour avoir la paix, ne pas devoir subir les autres, qui semblaient ne me remarquer que pour me balancer des vacheries. Je n'allais même plus déjeuner au self, pour ne pas faire la queue, ne pas devoir chercher une place où m'assoir, vu que personne ne voulait de moi. Alors à 17h30, je rentrais chez moi affamée et avec l'envie profonde de m'évader, de dissoudre ma conscience de ma médiocrité et de mes infâmes obsessions sexuelles dans des séries qui annihileraient tout mon être.

Au lycée, à l'internat, le fait que je dessine beaucoup de femmes nues a fait se propager la rumeur que j'étais lesbienne. Pas faux. Pas vrai. J'aime les hommes et les femmes. Mais de toute façon, je m'en fichais. Le weekend, je rentrais et je me connectais à Internet. L'arrivée de ce nouveau moyen de communication, basé sur l'écrit, et non sur des interaction verbales (que je ne maîtrisais pas) m'a aidée à m'épanouir, à me développer, à évoluer. Mais pas toujours en bien.
J'ai pu approfondir ma quête de sexualité, de stimulations intellectuelles et érotiques. J'ai trouvé des forums et des sites où étaient publiés des récits érotiques. Je parlais de sexe sur des forums, avec des gens qui me demandaient mon ASV (Age, Sexe, Ville). Cependant j'étais toujours torturée par mes démons. Je ne connaissais toujours rien aux relations interpersonnelles dans le "monde réel", et qui plus est, j'étais d'une naïveté navrante.

Je me suis mise à correspondre avec diverses personnes, toujours pour parler de sexe, partager des fantasmes. Je ne concevait pas de passer à l'acte, à la rencontre, au réel. J'étais trop peureuse et trop lâche pour ça. Trop anxieuse, aussi.

Parmi mes correspondants, il y avait une soi-disant jeune femme de 19 ou 20 ans, au discours très débridé. Peu à peu, au fil des semaines, des mois, elle avait évoqué des parties fines avec des couples de quinquas, et essayait de toute évidence de m'inciter à participer. Oserais-je prétendre que je n'en ai pas eu le désir, l'envie, la pulsion? Non. En revanche je sais que je n'aurais jamais voulu. J'étais excitée par l'idée.

Ils étaient un certain nombre à m'écrire, à être sans doute fascinés par mon jeune âge. Et ils étaient aussi très certainement nombreux à chercher à abuser de ma crédulité, de ma sincérité.

Un jour mes parents ont tout découvert. Ma mère surtout. J'ai du arrêter toutes mes correspondances du jour au lendemain. Cela m'a valu une certaine rancune de certains. Internet n'était pas ce qu'il est aujourd'hui: c'était avant tout accessible à des personnes qui touchaient leur bille en informatique, en lecture d'IP, voire capables de remonter au numéro RTC de la ligne téléphonique.
J'ai été très blessée que ma mère pense que j'aurai pu me mettre en danger (quoi que j'admette, avec 20 ans de recul, qu'elle avait raison), mais surtout de la violence de l'attitude qu'elle s'est mise à avoir (ne plus respecter mon intimité, chercher à m'imposer des discours sans m'écouter).
J'étais déjà honteuse de mes désirs, de mes fantasmes. Soudain, j'ai eu la confirmation que j'étais monstrueuse.
 
Diverses choses se sont produites. J'ai entamée une relation à distance avec quelqu'un de 20 ans de plus que moi, sans rien connaître de ce qu'était une relation amoureuse "normale" (si tant est que ça existe).
J'ai arrêté, en décembre 1999, le lycée pour essayer de suivre une scolarité via le CNED, ce dont je me suis montrée incapable. J'ai cuisiné, marché, lu et regardé beaucoup de conneries à la TV.
Puis je suis entrée dans un autre lycée, à 150km de chez mes parents.
Peu à peu, j'ai recommencé à traîner chercher une forme de sexualité virtuelle sur Internet et c'est ainsi que j'ai découvert un site publiant des récits érotiques amateurs. J'aimais beaucoup lire et alimenter mon imaginaire. Toutefois seuls 20 récits étaient en accès libre chaque mois : pour pouvoir en lire davantage il fallait prendre un abonnement payant (ce qui était hors de question, pour moi) ou alors devenir contributeur.
Qu'à cela ne tienne, je me suis mise à mon clavier.
J'ai pris plaisir à écrire des textes de quelques pages, mettant en scène une jeune fille de 18ans, les cheveux longs, pas froid aux yeux. Un alias très différent de ce que j'étais dans la réalité.
Puis je me suis enhardie et ai recherché spécifiquement des correspondants. Le site était canadien francophone, aussi la probabilité de correspondre avec des personnes géographiquement proches étaient très réduites.
 
Plusieurs personnes ont répondu à mon annonce. Anicka, Lola et son mari Bernard, Tony, Julien et quelques autres. Tous différents mais tous avec une qualité similaire: une prose agréable à lire et m'engageant aux confidences. Plusieurs de ces correspondants m'ont peu à peu soumis des questionnaires, d'abord légers, puis de plus en plus approfondis.
Honnêtement, je ne me souviens plus de la teneur de ceux-ci. Je n'ai jamais été une acharnée des sauvegardes et tout ça, pour moi, était de l'ordre du fantasme, de l'excitation cérébrale. J'étais très excitée par l'interdit et l'idée de transgression. J'aimais aussi explorer la théorie des possibles.
Toutefois il a toujours existé un très large fossé entre l'esprit et le passage à l'acte.

Je crois me souvenir (et c'est peut être inexact) avoir eut des échanges que je considérais comme hypothétiques sur des relations sexuelles entre mineur et majeur. Sachant que je me projetais dans la position du mineur, toute travaillée par ma sexualité que je l'avais été depuis des années.
Jamais je n'ai envisagé d'acte pédophile et je n'avais absolument pas conscience que, par mes réponses naïves portées par un sentiment d'excitation, je pouvais encourager mon interlocuteur à un comportement réel.

Je n'ai pas le souvenir, entre ma préadolescence et cette période, d'avoir eu des fantasmes mettant clairement en scène une petite fille avec un homme adulte. Aussi je tend à penser que cette idée m'a été suggérée par l'un de mes correspondants, chez qui ce thème spécifique revenait régulièrement.

Idéaliste, j'ai toujours considéré qu'on ne peut pas faire de procès d'intention aux personnes qui ont des fantasmes, même malsains.
Qui plus est, je trouvais mon compte dans les scenarii proposés, puisqu'il s'agissait d'évoquer des "si" me concernant plus jeune. N'ayant pas de machine à remonter le temps je ne voyais pas de mal à tout ça.

Pourtant, aujourd'hui j'ai été qualifiée de "pédophile". Un jugement fondé sur la lecture de ces fameuses correspondances remontant à une vingtaine d'années (qui ont été sauvegardées par quelqu'un de clairement plus obsessionnel que moi).
 
Je ne suis pas attirée par les enfants. Ça serait même plutôt le contraire, puisque je ne suis pas attirée par des hommes moins âgés que moi, ni par des femmes qui ont un "air" ne serait-ce qu'adolescente.
De même, je ne suis pas attirée par les personnes qui ont des désirs pédophiles, que ce soit dans leurs fantasmes ou par des désirs de passage à l'acte.
Je n'ai pas et n'ai jamais eu aucun comportement de cette nature et il ne me viendrait pas à l'idée de toucher ou même de parler à un enfant en des termes sexuels. Cette seule idée me choque profondément.
Autant dire que question activités "pédophiles" de ma part, c'est le grand néant (et un rejet émotionnel profond).

En revanche, oui, j'avoue que j'ai entretenu consciemment, et cependant des années, des fantasmes qui mettaient en scène un avatar de la femme que je suis, sous la forme d'une enfant préadolescente, ayant des rapports sexuels avec des adultes. Je ne saurais prétendre en être fière, pas plus que je n'irais cependant prétendre qu'on m'a amenée à être excitée par cette idée. Ce sont plutôt les émotions érotiques que j'éprouvais étant enfant, qui m'apportaient une forme de plaisir.

Certes, un certain contexte, dont ma relation avec une personne dont ce type de "fantasme" (un homme adulte de toute évidence très excité par l'idée de relations sexuelles avec une jeune fille prépubère) a grandement favorisé la récurrence de ce type de fantasme chez moi, sous diverses formes, et ce pendant des années.
Cependant me concernant, cela n'a jamais dépassé le stade des idées. J'espère ne pas me tromper en écrivant que je n'ai jamais mis par écrit ces fantasmes (je n'en ai en tout cas aucun souvenir) et même si ça avait été le cas, cela n'aurait jamais été dans un objectif de diffusion.
 
J'en ai fini depuis quelques temps déjà avec cet avatar. J'ai fini par réussir à extirper cette idéalisation récurrente qui avait fini par être traumatisante. Ce d'autant que j'ai fini par réaliser qu'il s'agissait d'une forme d'autopunition de n'avoir pas compris que lui, cet homme, n'était pas que dans le fantasme. Pour lui, j'étais un succédané de ce qu'il avait fait par le passé.

Il n'en reste pas moins que je ne suis pas coupable de ses crimes.

Il est hors de question qu'on me punisse à sa place, ou même qu'on me fasse un procès pour des intentions que je n'ai jamais eu.

Mes fantasmes actuels ne regardent que moi et c'est un véritable soulagement de ne plus être harcelée par un compagnon qui cherche à m'en imposer ou m'en soutirer.

J'ai pris du recul sur la sincérité des gens, la crédibilité qu'on peut accorder (ou non) à leurs dires, le degré auquel je suis concernée par leurs convictions ou leurs idéaux. J'ai appris que j'ai le droit d'être en désaccord avec quelqu'un que j'aime, de même que j'ai le droit de refuser ce que je n'approuve pas, ou ce qui ne me fait pas envie à un instant "T". J'ai découvert que j'avais le droit d'être moi-même sans chercher à plaire aux autres à tout prix, et que justement, je ne m'en porte que bien mieux.


mardi 6 octobre 2020

Retrouvailles avec mon ressourcement

J'étais enfant et je vivais à la campagne. À quelques dizaines de mètres, les prés en bord de Charente. À quelques centaines de mètres, les bois, les coteaux, les chemins et les sentiers. Je ne le réalisais pas, à cette époque, mais ma source de salut coulait là, dans les arbres, les plantes, sous les cailloux et dans cette nature.
 
Après le collège, il est devenu difficile pour moi de m'enfuir dans ces balades sylvestres et salvatrices.
Marguerite de Valois, ça n'est pas le lycée le plus arboré d'Angoulême...
 
Pendant ma pause "CNED", chez moi, je n'ai pas vraiment pu reprendre mes balades de verdure, d'arbres, de terre et de feuilles: La tempête de 1999 avait défigurés les bois de mon enfance, effacés les sentiers si souvent empruntés, dévorés mes souvenirs de joies et de liberté.

Quand j'étais au CEPMO, je n'osais pas m'aventurer dans les bois encore blessés de l'île d'Oléron, et les balades dans les dunes et sur les plages, malgré les instants de calme et de bonheur qu'elles m'ont fourni, n'ont jamais pu remplacer la vie qui se déversait dans mon âme, pénétrait par mes poumons et me faisait me sentir (un peu) forte.
 
Puis Poitiers... Puis l'abandon de la faculté de psychologie... et le retour chez mes parents, les longues marches dans la nature, explorant bois et chemins, bouffées d'ivresse retrouvée. Le passage d'une belette à la recherche de sa pitance, les sentiers de gibiers, les agacements de trouver des douilles vides abandonnées par des chasseurs indélicats.
 
Puis Angoulême, mon studio boulevard Chabasse. Les arbres? Pffft ceux du boulevard Liédot, et aucune connaissance des parcs et jardins, à part le Jardin Vert, qui me semblait tellement loin.
 
Puis L'Isle d'Espagnac, la rue Pierre Loti, et pendant les vacances, les Pyrénées. Les Pyrénées au pas de course, je dois le préciser. Car mon compagnon certes aimait la montagne, mais la performance aussi, le défi. Moi j'aimais savourer la nature autour de nous, surtout dans les bois, dans les forêts. Je veillais à ce que personne ne figure sur mes photos de randonnées. Photos perdues... toutes perdues, ou presque. Cœur brisé de cette perte. L'impression d'avoir été flouée de ces centaines de clichés numériques qui me faisaient me sentir bien. En dehors des vacances, j'allais marcher, au début. Et avant que nous ne déménagions, après l'obtention de ma Licence, en 2009. Là j'ai commencé à découvrir les chemins qui montaient vers Soyaux, je montais à Grand Frais m'acheter une pomme. En vérité je fuyais, mais je n'étais pas prête à mesurer ce besoin de fuir.
 
Puis Juillan, Tarbes... mais presque jamais seule, et c'était dur. Puis seule, mais avec le poids de l'attente de celui qui était empêché de marcher.
 
Le retour en Charente, dans la douleur. Marcher, pas plus loin que le tour du quartier, et des questions parfois insultantes quand je rentrais. Tristesse.
 
Puis seule... impossible de marcher, je ne sais pas pourquoi. L'idée de prendre la voiture pour aller marcher m'étais insupportable, insurmontable. Pendant presque trois ans encore. Et puis il y a eu le GEM être ensemble, et la marche interGEM... puis mon adhésion à Sport pour tous et les marches du lundi et du jeudi matin, quand je pouvais, quand la météo le permettait.

Et le confinement. Marcher. Une heure par jour, à 1km maximum.
Puis un été de sédentarité.

Finalement, il y a quelques semaines, j'ai pris mes bâtons et je me suis lancée. Parfois dans la souffrance, au début avec l'objectif principal de perdre du poids...


 
Aujourd'hui, ce matin... j'ai marché pour marcher. Parce que j'en avais besoin, un besoin viscéral, comme un appétit, une gourmandise. Je me suis engouffrée dans ma marche, dans les bois humides, sous les gouttes tombant des arbres, entre ces grands chênes encore chargés de fruits que le vent ébrouait, dans la bruine et les averses, entre les brins d'herbe et la gadoue, et j'ai été remplie de bonheur.

Marcher. Marcher dans la nature. Auprès ou au milieu des arbres.
Me ressourcer. Me recentrer. Laisser ce chant monter en moi, ces notes de gorge fredonnées au hasard, comme des notes me raccordant avec moi même, me ré accordant, comme un instrument détraqué. Un pas après l'autre, bruit des feuilles qui murmurent, cris du gravier sous mes chaussures, charme des glands qui tombent encore et des cyclamens sauvages qui ponctuent mon cheminement.

Marcher dans la nature. J'adore les bois, tout près, là...
Marcher là, sous la pluie, libre de pleurer si j'en ressens le besoin, sensation de liberté de marcher sous la pluie, alors que les autres n'osent pas sortir.

Je m'étais perdue, toutes ces années.
Merci à Maud, qui m'a fait rencontrer Magali, laquelle m'a fait rencontrer la marche nordique. Merci à Gilles, qui m'a aidée à m'équiper, merci à mes amis d'aujourd'hui et à ma vie.

Je dois marcher, en toutes saisons, par tous les temps, parce que c'est vital.
J'en ai pleuré de joie, ce matin, la pluie avalant mon sel, l'entraînant loin de mon imperméable rouge.
Un écureuil m'a regardé avancer, un long moment, avant de grimper dans un arbre, et je me sentais vivante.

dimanche 19 avril 2020

Dimanches

Les dimanches sont depuis longtemps, très longtemps, des jours où la solitude me pèse davantage que les autres jours de la semaine.

Certes je ne travaille pas. Quoique ces derniers mois le GEM ait grandement occupé mon temps "libre", jusqu'à me pourrir la vie en m'empêchant de participer aux activités qui me sont bénéfiques au profit de réunions bien trop nombreuses, alors même que je ne voyais pas vraiment les choses évoluer (à tors ou à raison, je n'en sais rien, et là n'est pas la question...).

On pourrait facilement se dire que tous les jours sont chômés pour moi.
Sauf que les semaines ordinaires, hors Confinement, le monde vit, lui, autour de moi.

En temps normal, le weekend, le dimanche, certaines entreprises, certains commerces fonctionnent également. Alors en temps "normal", lorsque nos libertés ne sont pas entravées par des aménagements exceptionnels, j'arrive à diluer mon sentiment de solitude et de vacuité avec une séance de ciné, parfois suivie d'une balade.

Par ailleurs, la plupart du temps, en semaine j'ai donc un semblant de vie sociale, quelques activités... mais les dimanches, je me sens souvent seule, alors que de nombreuses personnes (la majorité? ça n'est pas certain), sont en famille, avec des amis, avec leurs conjoints, et moi... moi le plus souvent, je suis seule.

Presque toutes les semaines depuis des années...

Le dimanche est donc forcément un jour où le silence est exacerbé.

Contrairement à ce que certaines personnes perçoivent de moi, je n'aime pas pleurnicher et encore moins me faire plaindre. Beaucoup trop de gens pensent cela de moi, alors que j’essaie simplement de donner aux autres les clés pour mieux me comprendre.

Je n'attends pas non plus de conseils, soit dit en passant.

Je suis consciente que ma situation amoureuse actuelle est compliquée. Peut être qu'en fin de compte, en ce moment (ainsi que toutes les semaines en temps ordinaire, et ce du vendredi soir au lundi matin), je suis plus "libre" que le reste du temps. Libre d'avoir ma propre vie, de faire ce que je veux. Mon amoureux n'est pas là... Quand il l'est, il ne se confie guère sur sa vie (ce en dépit de mes incitations). Il est évident qu'il a sa vie. Devrais-je dire "ses secrets"? Je n'en ai pas envie. De même que je n'ai pas envie d'en avoir pour lui. Mais ce qu'on ne dit pas, est-ce un secret? En tout cas ça n'est pas un mensonge non plus, car on ne raconte pas quelque chose de faux pour dissimuler quelque chose. C'est un "non dit". Il y a une sorte de flou artistique...
Bien. Il a son flou, j'ai le mien. Voyons comment ça évolue.

J'ai bien peur, bien entendu, que cette attitude ne soit qu'une réaction de fuite, une forme de déni, mais je ne parviens pas à en faire davantage pour le moment. Je me sens lâche.

Alors certes le dimanche, or confinement, je pourrais être avec ma famille... Cependant de ce côté là aussi j'ai des petits soucis relationnels. Un peu ça va, toutes les semaines, faut pas abuser.

Le dimanche est propice à des cogitations plutôt déprimantes, mais elles me font avancer.

Je me livre beaucoup, mais je ne sais tout simplement pas faire autrement.

Je suis comme je suis.
J'espère qu'un jour, je serais davantage apaisée.

mardi 31 mars 2020

Confinement

31 mars 2020... le confinement d'état d'urgence sanitaire a commencé le 17, il y a deux semaines.
Un peu avant ça, je m'étais éloignée de la vie du GEM, touchée par un petit virus bien moins embêtant que le Covid-19, mais qui m'avait collé une sacrée sinusite puis une pharyngite.

Pour le GEM, je me demande bien ce que je fais là bas... Certes je suis valorisée à travers mon rôle de Secrétaire de l'association, et aussi via la création de la Page Facebook. Mais les activités qui y ont cours ne m'intéressent pas franchement, ni les gens. J'ai vraiment fais des efforts dans ce sens, mais je ne m'y sens pas à ma place et ces derniers mois, ça me pèse vraiment. Je me sens en décalage et même en souffrance. Dois-je persister? Dois-je essayer un autre GEM?

Après deux semaines de confinement quasi total (je suis sortie une fois faire des courses, et il me reste encore plein de choses à manger, au frais et dans mon congélateur), je me sens seule. Sans doute parce que je le suis un peu. Mais franchement la vie par Skype, ça n'est pas mon truc. Il me manque un chat, sans doute.

Yoga, PC, lecture, Netflix, Amazon play, lecture, dessin, gribouillages et coloriages... 
Beau temps, mauvais temps, soleil, pluie, neige...

Tu sais, je suis au courant. Maintenant voilà tu sais que je sais, mais on va continuer à faire comme si je ne savais rien.

J'adore regarder les chats des voisins passer sous mes fenêtres pour aller chasser sur le terrain de l'ancienne clinique Ferrand. Les chats perchés, c'est toujours rigolo, même si ça serait plus sympa pour moi d'en avoir un sur les genoux quand je suis dans le canapé. Même si c'est pour me retrouver avec de la fourrure plein les plaids. En attendant, ben j'ai deux plantes vertes. Dont une fougère qui perd des feuilles. Ça vaut pas des poils de chats, mais après tout j'ai déjà mes cheveux à aspirer.

J'ai déménagé fin février pour troquer mon T3 impasse du Pont de Vars pour un T2 avec balcon dans une résidence très calme (quoique, je me demande à quoi mon voisin du dessus occupe ses journées...). Le balcon est orienté Est-Sud-Est, c'est sympa, j'ai le soleil depuis son levé jusqu'à 15h (heure d'été). Y'a pas a dire, ça éclaire mes journées sous un jour nouveau. Et puis de la verdure par les fenêtres, sans bitume ni voisins d'en face (sauf côté balcon, là j'ai un vis à vis, mais c'est pas grave).

Je me sens bien ici. Il a fallut que je me sépare de plein de choses, mais je reviens à l'essentiel. Bon j'aimerais savoir à quoi s'occupent les gens ordinaires célibataires sans marmaille qui ne travaillent pas. Une question complexe. Qui traduit ma difficulté à structurer mes journées de solitude.

Me réveiller (entre 5h45 et 6h45, sinon c'est pas drôle). Enlever mon orthèse d'avancée mandibulaire et la laver. Un pipi. Petit déjeuner (boire une grande tasse de chicorée-café au lait de soja). Allumer le PC. Relever mes mails pour voir ce qu'annonce la météo, lire les gros titres de France Info et de France 3 Nouvelle Aquitaine, biffer les pubs des sites commerciaux chez qui j'ai un compte qui me proposent de dépenser mon argent de manière plus ou moins "fun". Lire (ou parcourir) La Charente libre en numérique... jouer un peu à cette saloperie de CharmFarm (rhaaa je suis accro). Cracher les accumulations de mucus jaunâtres qui ont stagné dans ma gorge (beurk). Soupirer un grand coup. M'étirer. Allumer la TV et la clé 4G (oui parce que je n'ai toujours pas Internet ni via ADSL, ni via la Fibre comme c'était prévu), allumer la Fire-Stick d'Amazon et lancer YouTube. Dérouler le tapis de sol. Choisir une séance de Yoga sur la chaîne de Doctissimo... Montagne... Pince debout... Planche... Chien tête en bas... Fente... Guerrier... etc. Pinaise, ça tire, je suis rouillée. Et c'est quoi ce bourrelet qui m'empêche de faire mon mouvement? Bordel je suis molle et grasse... Bon et maintenant? Tiens, si je passais l'aspirateur? La vaisselle est faite? Est-ce que j'ai encore des fringues à ranger? Bon une douche... ha j'ai pas envie de sortir de dessous l'eau, mais vider le cumulus, c'est naze. Ok, je vais pas me faire la pédicure tous les jours, quand même. J'ai pas un poil qui sorte sans que je l'arrache. Préparer le déjeuner? Pas envie. Pas envie de manger, même. J'en étais où de "Breaking bad", déjà?... Il fait trop froid aujourd'hui pour aller lire sur le balcon dans le fauteuil relax, zut. Bon de toute façon, Agatha Raisin peut attendre. J'en peux plus du Magazine de la Santé, y'a quoi sur les autres chaînes? Ha ben la TV m'a regardée pendant une bonne heure. J'ai un petit creux et il me reste des Wasa et des mandarines. Il se passe quoi sur Facebook? Mouais... et CharmFarm (en fait Gameroom reste activé sur le jeu toute la journée). Aller, je remet un peu Netflix. Et si je faisais une petite partie de Candy Crush Soda?... Purée, mon écran de téléphone est passé en nuances de gris (mode nuit, à 23h). Je dois changer de crémerie. Lire un peu...

J'essaie de changer mon quotidien, depuis 2-3 jours.
Faut dire que depuis le début, j'ai eu tendance à lancer les séances de yoga, mais m'en "imprégner" assise derrière mon PC. La honte.
Je m'étire pour de vrai et essaie de penser à ce que je vais faire, me donner un temps donné pour le faire, passer à l'action et prendre un peu de temps pour savourer le résultat.

Aller, il reste quoi? un mois?

Fingers in the nose!

lundi 6 janvier 2020

Recentrage

Début 2018, j'ambitionnais de rejoindre un BTS en alternance en Économie Sociale et Familiale. Après avoir reçu quelques conseils de ma tante, j'avais regardé en direction du BTS SP3S (Services et prestations des secteurs sanitaire et social), malheureusement j'ai très vite compris que je courrais à l'échec. Pas tant scolaire qu'émotionnel, nerveux, dépressif... bref, psychiquement, c'était dangereux pour moi.
En conséquence de cela, j'ai laissé de coté l'éventualité de reprendre des études et décidé de m'investir dans un GEM (Groupe d'Entraide Mutuelle). En l’occurrence, le GEM Être ensemble, situé dans le quartier le L'Houmeau, à Angoulême.

Je cherchais avant tout à participer à des activités socialisantes, ainsi qu'à trouver une place sociale active, à défaut d'avoir un emploi.

J'ai essayé.
Malheureusement, même après avoir été élue Secrétaire de l'association, je peine à trouver ma place.

Je souhaitais participer à des activités mais l'année 2019 n'a guère répondu à mes attentes (sans doute suis-je trop exigeante, bien entendu).

J'ai bien entendu fais de belles découvertes (la rencontre avec l'association Sport pour tous 16, dont je suis à présent adhérente, par exemple), mais cela ne suffit pas à compenser le stress que je m'inflige actuellement.

J'ai souhaité rejoindre le Bureau de l'association pour avoir une influence sur l'association et ses orientations, mais rien que pour cela, la charge mentale occasionnée me déstabilise.

Ces derniers mois, j'ai vu mon équilibre se déliter, ce qui m'oblige à me recentrer sur mes besoins.
Être secrétaire d'association n'est franchement pas au cœur de mes préoccupations actuelles.

Si j'ai bel et bien envie de continuer à avoir une part active dans le GEM Être ensemble (dans les activités et les rencontres), je tolère de plus en plus mal les réunions récurrentes et les comptes rendus qui en découlent. Qui plus est, ces réunions ayant lieu le matin à des horaires où je pourrais participer à de la marche nordique, activité qui contribue fortement à apaiser mon anxiété, mon agacement croît de séance en séance. Je me sens flouée.

Nouvelle année, nouveau recentrage.

Pour accorder la priorité à ma stabilité psychique, je ne serais pas candidate à ma réélection en mai prochain.