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jeudi 25 janvier 2024

Incompatibilité humaine

La vie est faite de rencontres.
Dans des circonstances particulières.
Avec une grande diversité de personnes.

Chaque individu est différent et riche de ses expériences.
Chaque être humain contient en lui un cocktail unique de ressentis, d'émotions.
Nous abordons tous la vie à travers un prisme, que dis-je, un kaléidoscope qui nous est absolument propre.
Ce qui se trouve devant la lentille, reflété par les miroirs de notre conscience, ce sont nos joies, nos peines, nos douleurs, nos espoirs, nos blessures, nos efforts, nos réussites, nos échecs, la façon dont nous avons géré tout ça, ce passé, ces avenirs... bref c'est unique.
Au cours de notre existence il est rare qu’on éprouve toutes les émotions possibles.
Chaque individu ne vit que ce qu’il expérimente.
Dans mon kaléidoscope, qui n'est autre que mon profil émotionnel, il y a des milliers d'expériences, parfois légères, parfois pesantes, mais dont chacune a son importance.
Certes les quelques 21.856.200 minutes de mon existence n'ont pas toutes été d'une importance cruciale.
Si on se rapporte en heures, cela fait quand même 364.270 heures. Si j'ôte à la louche environ 8h de sommeil par nuit, il me reste encore plus de 240.418 heures d'état de conscience qui ont influé sur mon profil émotionnel.

Pourquoi ces savants calculs?
Parce que ces deux cent quarante mille quatre cent et des brouettes moments ont fait de moi celle que je suis en cet instant 'T" où j'écris.

Je ne suis plus la même que celle que j'étais quand j'ai commencé à écrire ce blog. J'ai changé, au fil des expériences, des émotions, de mes lectures, de mes échanges...

Au cours de ma vie, j'ai eu quelques amitiés. Rares sont celles qui ont perduré.
J'ai du mal à nouer des liens, ainsi qu'à faire confiance.

Mes amitiés sincères, je les ai découvertes ces dernières années.
Auparavant, je connaissais davantage le copinage, c'est à dire des relations superficielles dans lesquelles je jouais un rôle social qui ne correspondait pas à ma personnalité réelle et sincère. Non dans un but de faire semblant, mais par peur du rejet. Je n'avais même pas conscience de me dissimuler ainsi.

Depuis quelques années, j'ai compris qu'avoir des relations sociales saines, basée sur une honnêteté et un respect réciproque est bien plus important pour moi que d'avoir des relations sociales tout court.

C'est ainsi qu'en 2019 un ami m'a affirmé une chose sur ma personnalité, à laquelle je n'ai pas voulu croire. Il m'a dit que j'avais du charisme. Plaît-il? Tu parle de moi, là, t'es sûr? Non parce que... hem... Mais portnawak!

Je n'y croyais pas une seconde. Moi, charismatique? Pfff!
Le charisme est la qualité d'une personne (ou d'un groupe) qui séduit, influence, voire fascine les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions.

Cet ami, aujourd'hui décédé, avait lui un véritable charisme à mes yeux.

Par contre sa compagne, bien que j'ai fais des efforts, m'épuisait. J'avais de la sympathie pour elle, mais sa façon de parler, ses attitudes, et sa façon d'être globale, quelque chose d'indéfinissable en soit, me rendait pénibles les moments passés seule à seule avec elle. Je culpabilisais beaucoup de cet état de fait émotionnel, que je jugeais négativement.

Peu à peu, j'ai réalisé que c'était cette qualité spécifique qui m'attire chez les gens et m'en rapproche.
Toutefois un trait de personnalité ne fait pas toute une identité. D'autres éléments sont importants dans mon cœur, comme l'ouverture d'esprit et sans doute des milliers de choses dont je n'ai absolument pas conscience.

Pour moi, l'amitié, c'est partager une relation d'affection mutuelle avec quelqu'un avec qui on se sent libre d'être soi-même, sans fards ni faux semblants, sans être jugé, en toute bienveillance. On peut être en désaccord, ne pas partager les mêmes gouts, les mêmes opinions, mais on sait que l'autre nous respecte en dépit de nos différences. On sait aussi que le dialogue est possible, sans que les passions se déchaînent et mènent au conflit.

Ces trois dernières années, j'ai été en relation avec une personne que j'ai considérée comme une amie.
Je me sentais libre d'être moi même, sans fards ni faux semblants. J'avais le sentiment que nous avions beaucoup en commun.
Cette personne est indéniablement charismatique. Elle a un tempérament fort qui attire l'attention, une présence qui ne laisse pas indifférent. Sur certains sujets spécifiques, elle a un savoir encyclopédique.

Nous nous sommes fréquentées assidument puis un déménagement a mit de la distance entre nous.
Chaque fois que nous nous voyions, je me retrouvais épuisée nerveusement et j'avais l'impression que je me surinvestissais à cause de mon envie de passer du temps avec cette personne.
Puis un autre déménagement nous a rapprochés.
En quelques semaines, j'ai commencé à réaliser que, bien que j'apprécie, respecte et souhaite le meilleur à cette personne, envers qui j'ai une sorte de fascination, quelque chose d'indéfinissable nous séparait.

Peu à peu, j'ai réaliser que fréquenter cette personne était par moment une corvée, que je cherchais à éviter. Je l'ai très mal vécu, car enfin! nous étions amis! Pourquoi ce besoin de distance?

Puis, cette personne a commencé à me demander de modifier mes comportements en sa présence.
D'abord, il a s'agit de ne plus évoquer de sujets négatifs, de me montrer plus "positive".
Pardon? Je suis "négative"? À quels moments? Je ne partageais pas ce sentiment.
Il est vrai que je souffre de troubles anxieux et d'un syndrome fibromyalgique, et très probablement aussi du très génial syndrome de l'intestin irritable. Je n'avais vraiment pas l'impression de passer mon temps à m'en plaindre. En revanche, quand j'ai mal, je ne vois pas pourquoi je le cacherais. Pour moi, rien à voir avec une plainte ni quelque chose de "négatif". J'énonce un fait, qui existe.
Apparemment, je le faisais trop. Ha. Bon. D'accord. Le truc, c'est que c'est un trait de personnalité, pas forcément un choix délibéré. Ne pas le faire, ça c'est un choix délibéré, et ça me demande des efforts importants, qui me plombent considérablement le moral (et donc ça a un impact négatif).

Toutefois, je crois que c'est un point de détail...

Il faut savoir que je suis limitée dans plein de choses.
Les troubles anxieux et la fibromyalgie drainent mon énergie.
Je dispose d'une sorte de jauge pour la journée et pour la semaine et dois veiller à utiliser mes forces avec parcimonie, en respectant mes limites.
Normalement, je connais bien mes limites.
Toutefois, très, très souvent, auprès de cette personne, j'ai dû partir précocement, me reposer ou subir des crises d'angoisse, frappée violemment par une dépassement inattendu desdites limites!

Je ne comprenais pas, comme souvent quand je ne veux pas accepter certaines choses.

J'ai persisté à refuser de regarder la réalité en face, jusqu'à ce que cette personne revienne vivre plus près de chez moi... Au début, j'étais très heureuse, mais j'ai déchanté. J'ai commencé à me sentir très mal, psychologiquement et physiquement. C'est seulement là, la semaine dernière, que j'ai regardé les choses en face.

Cette réalité, qui est la mienne, et dont personne n'est responsable, c'est que quand je passais du temps avec cette personne, même par messages instantanés, ça me pompait littéralement mon énergie.

On a tous entendu parler de "vampires énergétiques".
Ce terme désigne une personne qui draine l'énergie mentale et émotionnelle des autres. Elle "profite" de leur sens de l'écoute et de leur empathie pour satisfaire ses propres besoins, et n'offre pas son soutien en retour. Je pense cependant que nous sommes tous le vampire potentiel d'une autre personne.

Toujours est-il que c'est un phénomène qui est très difficile à accepter quand il se produit avec une personne qu'on apprécie. Pourtant, c'est important d'en prendre conscience.

J'ai pris conscience du problème lorsque cette personne s'est mise à me reprocher d'avoir sollicité un service à un ami commun, de lui avoir proposé un café... certes, c'étaient des moments qui nous étaient communs. Toutefois, les reproches qui s'en sont suivis étaient disproportionnés, à mes yeux, par rapport aux incidents de communication...

J'ai été inondée de messages visant à me faire prendre conscience que je n'aurais pas été franche, que j'aurais caché mes intentions véritables, que j'aurais cherché ceci, ou cela, que je serais trop centrée sur le négatif, que je ne tiendrais pas compte des émotions des autres... J'ai eu à faire face à une véritable avalanche de messages... mes réponses ont été accueillies avec mépris. Un langage trop soutenu, des messages trop longs, trop fatiguant à lire... J'ai essayé de prendre du recul. Pas facile, quand l'affectif entre en jeu.

Peu à peu, j'ai regardé le problème en face: ce ne sont pas les faits le problème.
Le problème, c'est la relation elle même.

Même si une personne m'intéresse, que j'ai envie de passer du temps avec elle, de la fréquenter... si je me rend compte que cette relation m'épuise, peut être mieux vaut-il que j'y mette fin.

J'aurais envie de continuer à être présente... mais je constate que c'est impossible.
Mes tentatives de... de quoi, d'ailleurs? Je ne sais plus trop.
Serait-ce pour avoir le dernier mot... Non: j'ouvre mon PC, constate qu'il y a un message qui avance que, ne m'étant jamais "sentie écoutée" par cette personne (comprise, en réalité), la conclusion était que nous n'aurions jamais étés amis...
J'ai eu l'idée idiote de répondre.
Une réponse courte.
Suivie de la sienne.
Il y était pointé une sorte de manque de respect de de ma part d'une spécificité de cette personne.
Pas du tout: j'avais toujours supposé qu'elle bénéficiait d'une application l'aidant avec ça...
J'ai fais une réponse courte, sans affect, suggérant une telle appli.
Réaction longue et agressive.
Alors oui, peut être que je voulais avoir le dernier mot, face à ce rejet de principe.
Le dernier message a été de trop, je pense... À "Arrête de m'envoyer des messages!", je me suis permis d'envoyer "Arrête de me répondre."

Cependant, je souligne que la conclusion de cette personne, qui tendrait vers le fait que nous n'ayons jamais étés liées par de l'amitié, est à mon sens extrême: entre être amis et se détester rageusement, voire être indifférents l'un à l'autre, il y a une multitude d'émotions diverses. L'indifférence étant un sentiment d'une personne qui ne se sent pas concernée ou touchée, qui n'accorde aucun intérêt, aucune attention à quelqu'un ou quelque chose.

Cette personne ne m'est et ne me sera probablement jamais indifférente.
Pour l'instant je suis soulagée, frustrée, un peu rageuse face à un refus d'écoute, mais en même temps touchée et triste parce qu'elle est blessée, et je ne lui veux aucun mal.
Je ne suis absolument pas indifférente.

Tous les humains ne sont pas compatibles entre eux.

En tant qu'individus, nous cohabiterons, car nous partageons des affinités communes et fréquentons des lieux en commun. Nous nous croiserons donc forcément. Cela rend certainement les choses plus difficiles, pour tout le monde, y compris les gens qui gravitent autour de nous.

Ainsi va la vie.

lundi 6 janvier 2020

Recentrage

Début 2018, j'ambitionnais de rejoindre un BTS en alternance en Économie Sociale et Familiale. Après avoir reçu quelques conseils de ma tante, j'avais regardé en direction du BTS SP3S (Services et prestations des secteurs sanitaire et social), malheureusement j'ai très vite compris que je courrais à l'échec. Pas tant scolaire qu'émotionnel, nerveux, dépressif... bref, psychiquement, c'était dangereux pour moi.
En conséquence de cela, j'ai laissé de coté l'éventualité de reprendre des études et décidé de m'investir dans un GEM (Groupe d'Entraide Mutuelle). En l’occurrence, le GEM Être ensemble, situé dans le quartier le L'Houmeau, à Angoulême.

Je cherchais avant tout à participer à des activités socialisantes, ainsi qu'à trouver une place sociale active, à défaut d'avoir un emploi.

J'ai essayé.
Malheureusement, même après avoir été élue Secrétaire de l'association, je peine à trouver ma place.

Je souhaitais participer à des activités mais l'année 2019 n'a guère répondu à mes attentes (sans doute suis-je trop exigeante, bien entendu).

J'ai bien entendu fais de belles découvertes (la rencontre avec l'association Sport pour tous 16, dont je suis à présent adhérente, par exemple), mais cela ne suffit pas à compenser le stress que je m'inflige actuellement.

J'ai souhaité rejoindre le Bureau de l'association pour avoir une influence sur l'association et ses orientations, mais rien que pour cela, la charge mentale occasionnée me déstabilise.

Ces derniers mois, j'ai vu mon équilibre se déliter, ce qui m'oblige à me recentrer sur mes besoins.
Être secrétaire d'association n'est franchement pas au cœur de mes préoccupations actuelles.

Si j'ai bel et bien envie de continuer à avoir une part active dans le GEM Être ensemble (dans les activités et les rencontres), je tolère de plus en plus mal les réunions récurrentes et les comptes rendus qui en découlent. Qui plus est, ces réunions ayant lieu le matin à des horaires où je pourrais participer à de la marche nordique, activité qui contribue fortement à apaiser mon anxiété, mon agacement croît de séance en séance. Je me sens flouée.

Nouvelle année, nouveau recentrage.

Pour accorder la priorité à ma stabilité psychique, je ne serais pas candidate à ma réélection en mai prochain.

samedi 19 août 2017

Trop parler faciliterait l'incompréhension ?

Moins les gens que je fréquente en savent sur ma vie, moins il y a de risques de problèmes d'incompréhensions et de quiproquos.

Ma vie personnelle ne regarde pas la plupart des gens que je fréquente dans la vie.
L'amitié est un type de relation qui prend des mois voire des années pour se construire donc, hors de ce cadre, en dire le moins possible.

En cas de questions de la part des personnes que je "connais" simplement, répondre de manière fermée par oui ou par non, sans entrer dans les détails, et si les questions sont plus précises, prendre des raccourcis, faire des ellipses, voire commettre des omissions.
Dans tous les cas, ne pas "raconter ma vie".
C'est une vilaine habitude.
Au mieux les gens s'en foutent, au pire, ils peuvent essayer de s'en servir contre moi et surtout, souvent c'est plutôt mal perçu.

Ha et puis aussi : éviter de chercher à susciter une certaine intimité avec les gens juste parce que je me sens seule (ce qui me conduit à me confier et en avant la galère!). Qui plus est je suis généralement déçue, donc... inutile de me perdre dans les nébuleuses de mon histoire personnelle.



Trop parler de moi aux gens que je fréquente superficiellement facilite souvent leur incompréhension me concernant...!

Et ça, parce que :


Les gens qui ne me connaissent pas, ou qui ont une vision superficielle de ma personnalité commettent souvent des erreurs de jugement me concernant.

Il s'agit en fait généralement de problèmes d'incompréhensions réciproques et de quiproquos quant à ce que les uns et les autres pensent ou croient que je pense, ou ce que je crois qu'ils pensent.

En outre mes idées, même si elles suivent une trame générale "stable" ont tendance à varier en fonction de mon état d'esprit, des événements auxquels j'ai été confrontée, des personnes que je fréquente et de l'attachement que je leur porte et d'une foule d'autres "détails".

Je n'ai jamais réussi à me "faire" au discours pourtant récurent selon lequel je serais une menteuse et que je reviendrais sur ma parole.

En général, les personnes qui me tiennent ce type de discours sont des personnes pleines de rigueur morale (quelle que soit cette morale) et dont les idées sont fermement ancrées, ne variant que très peu dans le temps. Je dirais que ce sont des gens sur qui les variables extérieures ont peu d'influence quant à leur manière de penser. Du moins c'est l'impression qu'ils me donnent.

Il y a encore peu de temps, j'étais souvent très blessée quand je suscitais de telles réactions.
Je ne les comprenais absolument pas et les trouvais donc profondément injustes et injustifiées.

Aujourd'hui, je comprend un peu mieux cette façon de voir les choses, et même si je suis encore blessée (je ne peux pas m'empêcher de ressentir cette souffrance intime), je comprend davantage ce type de point de vue, et surtout, d'où il sort (c'est à dire pas du chapeau d'un magicien).

Les choses sont à la fois simples (pour moi, parce que je me connais) et extrêmement compliquées à expliquer.

Il est très fréquent que je ne comprenne pas les gens, leurs intentions, leurs attentes...
Pendant très longtemps (et même encore parfois), j'ai fais en sorte d'adapter mon comportement en fonction de ce que je pensais être les attentes des autres (c'est idiot et pas du tout rigoureux). Et ce pour la raison simple que je ne savais pas vraiment quelles étaient mes attentes et mes volontés propres.
Je ne suis pas aussi "ancrée" dans mes positions que la plupart des gens. Y compris ceux qui n'ont pas d'opinions ou de valeurs.
Je me sens un peu comme un palétuvier... Ces arbres qu'on trouve dans les mangroves, qui ont la particularité de ne pas véritablement s'enraciner. Ils ne sont véritablement fixés à la mangrove elle même que lorsque leur système racinaire s'entremêle à celui des autres arbres. Sans cela, il arrive qu'on en trouve des solitaires, allant à la dérive, bien en vie, mais changeant d'emplacement avec les flux et reflux des marées...


Pendant la plus grande partie de ma vie j'ai été ballotée entre des incitations à avoir mes propres idées, envies et volontés, et des comportements agressifs venant contredire ces incitations (mes idées, envies etc étant jugée comme n'étant pas les "bonnes" par tel ou telle autre).

C'est compliqué de se construire quand on est tiraillé entre l'idée qu'on a droit à être un individu à part entière (une individualité) et celles, induites par des tiers ou par des expériences de vies, que notre état est "non conforme" aux attentes des autres... surtout quand on est tenaillé par la peur de déplaire.

La vérité est que je commence à peine à savoir qui je suis, ce que je veux ou pas, ce que j'aime ou non, quelles sont mes opinions sur tel ou tel sujet, quels sont mes vrais besoins, quelles sont mes envies, et parmi celles-ci, quelles sont celles qui sont compatibles avec mes besoins.

Je pense que la plupart des gens se construisent sans avoir besoin de penser à ce genre de choses... Ils acquièrent une maturité émotionnelle et intellectuelle via des automatismes, qui s'inscrivent spontanément dans leur mode de fonctionnement général. Ils tracent leur route, quelle qu'elle soit.


Je ne suis pas comme ça. Je ne dispose pas d'automatismes similaires. En fait je bricole et je bidouille ma conduite au fur et à mesure, en m'efforçant de rester sur le chemin, peu importe lequel, pour peu qu'il ne me conduise pas dans un ravin ou une impasse...


Bref, je commence à peine à "trouver le cap".

Jusqu'à il a bien peu de temps, j'étais constamment perdue et hésitante.
J'en suis encore à faire des essais et des erreurs et à ne pas apprendre de mes erreurs, et donc les reproduire. Pire qu'un gamin, quoi!

Bon, en fait, je n'en suis plus tout à fait encore là.
Cependant, même si je suis désormais plus attentive à mes erreurs, de sorte que j'arrive à me concentrer pour les corriger, je dois quand même apprendre. Or apprendre des comportements sociaux à trente-cinq berges, c'est difficile et parfois vraiment douloureux.

Pour me connaître moi même et acquérir les "bons" automatismes, j'ai besoin de points de référence clairement enregistrés, compris et assimilés.

Sur certains points, ça me demande un effort intellectuel intense, qui inclut éventuellement de prendre des notes écrites et de les réviser. Carrément la honte...😖

Merveille des merveilles, j'ai enfin compris que je devais aussi trouver des compromis entre mes envies et mes besoins, ou entre mes envies et certains éléments extérieurs qui me tiennent à cœur...
Vraiment la honte.😣

De tels compromis impliquent parfois une grande frustration, mais je pense que ça fait partie de la vie et que je dois l'accepter au lieu d'essayer de contourner le problème, parce que... ben.. je ne sais pas franchement tricher. En tout cas ça m'arrache les tripes, donc tant qu'à faire, je préfère m'abstenir.😱

Je trouve humiliant de devoir avouer à certaines personnes auxquelles je tiens les tiraillements que j'éprouve entre mes envies divergentes. Les difficultés que j'éprouve à faire des choix constituent une grande source d'angoisse.

Il est fréquent que je me dise que l'inaction, l'inertie et l'enfermement constitueraient une solution simple et facile. Sauf que je n'en veux pas. Ça n'est pas une vie, ça, alors que je veux vivre, justement, m'épanouir.

Donc je dois faire des choix.
Comme je tâtonne, je fais des erreurs et parfois j'en souffre, mais j’apprends.
Je me connais mieux et je connais mieux les autres.
 
J'essaie de sortir des vieux schémas où je voulais me protéger à tout prix des sentiments désagréables (sans gros succès, d'ailleurs).

Comme j'ai encore peur de ce que les personnes auxquelles je tiens pourraient penser de mes comportements, à présent j'essaie de leur en parler, au lieu de laisser planer le doute. Si je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, je demande des éclaircissements et surtout j'explique pourquoi je ne comprends pas (parce que je sais que je fonctionne d'une manière différente et que les autres peuvent ne pas comprendre... que je ne comprenne pas!).
Je ne sais pas comment font les gens "ordinaires" pour gérer les interactions sociales et leur diversité. Il paraît qu'il y a quelque chose d'inné que je n'ai pas... et ça se greffe pas, apparemment.
J'aimerais sincèrement mieux comprendre les autres, mais je pense que je me suis beaucoup trop entravée ces dernières années par mes tentatives de compréhension internes...


Ne pouvant pas fonctionner comme la majorité des gens, je dois régulièrement mettre en place des comportements adaptatifs destinés à pallier mes défaillances.
Je dois apprendre à contourner mes problèmes de perception sociale, parce que je ne veux plus continuer à me mettre dans des situations conflictuelles simplement parce que je n'ai pas su prendre la mesure de mes actes.
Je comprend mal les gens. OK.
J'oublie certaines choses les concernant alors qu'elles sont parfois essentielles pour les respecter. Et m....!

Quand je parle de défaillances dans ma perception sociale, je veux dire que je n'arrive pas à comprendre les gens, leur façon de fonctionner, de penser... c'est une chose qui m'est généralement complètement étrangère.

Ceci me place parfois dans des situations de grande confusion et de détresse psychique.
Ça s'est atténué avec le temps, mais c'est toujours très présent.

Généralement, les personnes avec lesquelles j'éprouve encore ce genre de confusion sont précisément celles auxquelles je suis la plus attachée, avec lesquelles j'ai des relations humaines réelles (et non superficielles).
Les relations superficielles, à faible investissement émotionnel, et sans partage relatif à mon identité, mon histoire, mon vécu, mes "valises" me posent rarement des problèmes. Ou alors c'est parce que la relation est de toute façon destinée à rester superficielle, parce qu'elle a une nature professionnelle par exemple.

Malheureusement, j'ai longtemps eu la mauvaise habitude de partager de nombreuses informations sur moi avec les autres. J'essaie de ne plus le faire, ou du moins de prendre des raccourcis (très, très raccourcis, si possible).🙊

C'est important, parce que j'ai fini par comprendre que c'est humain d’inférer toute une suite de conclusions et comportements face à ce que dit ou montre un autre être humain. C'est de la psychologie sociale de base.😏
Mouais... mais moi je tend à justement à pas trop tirer de conclusions, genre je pars du principe que même si untel me dit des trucs sur sa vie, ça me permet pas de savoir qui il est, ce qu'il aime, ce qu'il attend de la vie, de moi ou de son taf...

Sur la base de la psychologie sociale de base, fondée sur le plus grand nombre, ce que je montre de moi influence pratiquement systématiquement la perception et l'attitude des personnes avec lesquelles j’interagis.

À plus de 35 ans, j'ai fini par comprendre que, si je n'y prête pas garde, lorsque je parle de moi, de mon vécu, de mes émotions... ou bien en fonction de ma façon de m'exprimer et de me comporter... le tout passant par le prisme de mon mode de pensée personnel (et dysfonctionnel par rapport au plus grand nombre), je peux générer chez les autres des émotions en totale dichotomie avec ma réalité.
C'est comme écouter la description d'un paysage très coloré faite par un daltonien. Une personne dotée d'une vue "normale" pourra être interloquée, se moquer, penser qu'on se moque d'elle, etc, alors qu'à la base, tout est une simple question de perception.

Malheureusement comme je fonctionne de manière non conventionnelle par rapport à la majorité des personnes, en général, les perceptions, conclusions et toutes autres formes d'allégations que peuvent avoir les autres me concernant risquent fort de se trouver totalement faussées.👹

Comme la majorité l'emporte, c'est à moi d'être plus attentive.
Mieux vaut exprimer moins de choses que de passer pour ce que je ne suis pas.

De rares personnes comprennent mes dysfonctionnement et arrivent à les contourner. Mais c'est compliqué, et il serait temps que je fasse un peu plus d'efforts pour leur faciliter la vie... D'autant que ceux qui ne me connaissent pas, ou pas bien, eux, vont souvent penser qu'ils me connaissent parce que je leur aurais dis plein de choses, et divers quiproquos risquent fort d'émerger.

Je fais donc, depuis quelques temps, des efforts assez intenses pour ne plus partager avec les autres qu'une quantité d'informations limitées, de sorte à limiter les incompréhensions réciproques. C'est extrêmement frustrant, mais c'est de toute évidence nécessaire.


Il existe un champ d'incompréhension particulier dans mes relations avec les autres : celui des choix.

À quelques exceptions près, très spécifiques, j'ai d'immenses difficultés à savoir ce que je veux, quelles sont mes envies et, par dessus tout, à faire des choix.

Mon indécision est problématique. En plus elle est variable, ce qui ne simplifie la vie à personne.
Quand je ne sais pas ce que je veux, ça peut être parce que j'ai peur de ne pas faire le bon choix, mais parfois c'est simplement parce que je ne sais vraiment pas du tout ce que je veux, ce dont j'ai envie, ce à quoi j'aspire. Les autres n'apprécient généralement pas et le moins que je puisse dire, c'est que je partage ce sentiment avec eux...

Par le passé, je me suis trouvée à plusieurs reprises dans des situations où mon indécision, ma mauvaise compréhension de l'Humain et des attentes des tiers, m'ont placée en mauvaise posture. Agressée verbalement, insultée de différentes manières, traitée avec mépris pour avoir changé d'avis, ou "manqué à ma parole" (que je ne me souvenais pas avoir donnée... mais il semblerait que pour certaines personnes, le simple fait de dire une chose soit une forme de promesse, ce qui est un autre problème).

Pendant très, très longtemps, je n'ai pas compris les réactions des autres, qui me semblaient "excessives" face à mes revirements ou mes choix.💣
Maintenant, je comprends un peu mieux ces mouvements d'humeur, cette colère que je peux susciter involontairement par moment, parce que je me suis engagée dans une voie, que je réalise qu'elle ne me convient pas et que je "rebrousse chemin".
Pour beaucoup de gens, je "retourne ma veste", je "change de bord", et jusqu'il y a peu de temps, je ne comprenais pas qu'ils puissent m'en vouloir de m'être trompée et d'avoir choisi de corriger une ou plusieurs erreurs.

Ma mère m'a souvent dit que c'est comme ça qu'on apprend: en faisant des erreurs.
Le soucis c'est que j'en fais beaucoup et que j'ai eu tendance à ne pas très voir où je m'étais planté, et donc à ne pas en tirer de leçon... et reproduire les mêmes erreurs.

Il paraît que je me pose trop de questions...
Bha figurez vous qu'à une époque, je ne m'en posais pas: moi j'étais Calimero, le monde était injuste avec moi, et c'était tout. J'écrivais pour tartiner d'injustices incompréhensibles des cahiers et des logiciels de traitement de texte...

Certes, je me remettais en cause de manière intermittente, je me posais beaucoup de questions sur moi, mais malgré tout, je tendais à penser "l'enfer, c'est les autres".

J'ai changé d'approche.
Depuis quelques années, je me pose énormément de questions (d'où les pavés postés sur ce blog), et, petit progrès récent, je cherche maintenant aussi à formuler des réponses concises que je puisse retenir facilement, quitte à me les répéter comme des mantras tous les matins...

Ici aussi, donc, ma meilleure compréhension m'incite à davantage de retenue.

Autant je peux me permettre d'exposer mon vécu ici, autant dans la vie, je dois prendre exemple sur les autres et garder une retenue, apprendre à faire usage d'ellipses et omissions concernant mon vécu, mes opinions, mes choix...

C'est un exercice très difficile de mon point de vue, mais je pense que ça n'est qu'un nouvel automatisme à mettre en place, même s'il me demande un effort conscient permanent.
Récemment, ça m'a même littéralement donné des boutons...

Je crois que le jeu vaut la chandelle.
"Mieux vaut allumer une chandelle que maudire l'obscurité".


Les gens sont trop prompts à juger, et surtout à penser que mes comportements inadaptés sont volontaires, alors autant les effacer du mieux que je peux. Si le contexte nécessite que j'explique un peu les choses, je le ferais, mais mieux vaut m'en abstenir en règle générale.

mercredi 21 décembre 2016

"Deviens qui tu es"... facile à dire.

Comme tout le monde, je pense, j'ai besoin de sécurité affective.
De sécurité tout court.

Pendant des années, je ne suis pas aimée.
J'avais des opinions bien ancrées, citées dans mes récents billets, mais j'étais oppressée par le sentiment de me mettre à l'écart.

C'est difficile d'être fidèle à soi même dans ces conditions, de ne pas se laisser emporter par les attentes (réelles ou supposées) des autres.

S'aimer soi même n'est pas si facile que ça.
Surtout quand on est une personne comme moi.
C'est douloureux et angoissant, la plupart du temps.

J'ai besoin d'aimer.
Trouver une personne avec qui je me sens bien, en accord, avec qui j'ai envie de passer du temps et  de construire une relation reste une chose essentielle pour moi. J'ai besoin d'une résonance, d'être "au diapason".
Trouver une telle personne, se trouver et se reconnaître, c'est une chose qui se ressent et qui se construit, également, qui demande des ajustements...

Il n'y a pas de réponses universelles aux questions que je me pose, aux problèmes qui me harcèlent.
C'est à moi de trouver mes réponses... ou à nous...

J'ai besoin d'être en accord avec moi même, mais aussi de me sentir en accord avec les personnes que j'aime, et réciproquement.

Ne pas aimer, pour moi, c'est aussi perdre une partie de mon bonheur de vivre.

Mes changements perpétuels m'épuisent et je suis effrayée à l'idée d'épuiser les autres dans mon sillage.
 
La vie, nos expériences, nos rencontres font évoluer nos consciences, nos envies, nos désirs, et ébranlent parfois des convictions profondes.

Je veux continuer de vivre seule, sans pour autant me refermer sur moi même.
Je veux aussi conserver ma liberté, mon libre-arbitre. Mais pas de manière égo-centrée.
Je continue de me sentir profondément polyamoureuse, polysexuelle, polyfidèle, et polyculturelle aussi...

Cela ne nuit pas à mon désir d'engagement, en fin de compte.
L'engagement envers l'autre, les autres, passe par une alchimie complexe faite d'équilibre entre l'amour que je me porte et celui que je porte aux autres, l'amour de ma liberté et de celle des autres, le besoin d'être autonome et celui d'être ensemble, le besoin d'amitié, de désirer et d'aimer tout en même temps.

Il n'y a qu'avec les autres, finalement, que je peux résoudre mes dilemmes, solutionner mes paradoxes. Dans une confiance mutuelle.

samedi 17 décembre 2016

Positionnement relationnel, sexualité et polyamour.


Je continue d'apprendre à me connaître, d'apprendre à vivre en conformité avec mes ressentis, d'où la mise à jour de ce billet...
Il s'inscrit dans la continuité de celui concernant ma façon de vivre l'attachement, "l'ancrage émotionnel"...

Je ne suis pas faite pour la vie en couple.
Christophe, un vieil ami,  m'a dit un jour, il y a bien longtemps, que je n'étais pas la femme d'un seul homme.
Sur le coup j'avais plutôt mal prit cette réflexion, sans rien lui en dire cependant...
Elle impliquait tacitement que j'avais une personnalité atypique et que je resterais en marge de la société, à laquelle, à l'époque je voulais tant réussir à m'intégrer...

Aujourd'hui, je sais qu'il avait raison.
C'était il y a une quinzaine d'années.
Je ne suis pas et je ne serais jamais la "femme d'un seul homme", ni la femme d'une seule femme.

Cependant je modèrerais tout de même ce propos.
Je ne suis certes pas faite pour vivre "en couple", mais cela ne signifie pas que je n'ai pas la capacité de m'attacher profondément à des personnes, hommes ou femmes, pour des raisons diverses, mue par des émotions complexes.

Simplement je ne suis pas gênée d'éprouver des sentiments d'amitié, d'attachement et d'attirance pour plusieurs personnes en parallèle...



Je ne peux en aucun cas me définir comme polyandre ou polygame.
Je suis polyamoureuse...

Du moins est-ce le nom que l'on donne à cette façon d'être des personnes qui, comme moi, peuvent ressentir un attachement émotionnel intime envers plus d'une personne à la fois, durant la même période, sans se sentir déchiré, sans ressentir le besoin de se rapprocher de manière exclusive d'un partenaire. C'est une éthique de la relation à l'autre. Il existe des symboles de ce type de mode de vie, comme celui-ci:
L'utilisation du terme de polyamour implique une forme de militantisme que je ne ressens cependant pas. Je vis ma vie comme je ressens devoir le faire pour être en accord avec moi même. Toutefois je me reconnais dans les valeurs de non appartenance de cette description des choses. C'est la notion de polyamour qui décrit le mieux ma façon d'être et de ressentir mes relations.

En fait, en matière d'ancrage émotionnel, tant que mon lien émotionnel n'est pas brisé avec l'autre, il subsiste en moi. C'est une des raisons pour lesquelles je fréquente facilement mes "ex" quand les séparations se sont faites en bons termes. En particulier parce que je me sentais incapable de respecter l'exclusivité imposée par les "bonnes mœurs".

Pour que les choses soient parfaitement claire, il faut comprendre une une chose importante à mon sujet : j'ai été attirée très précocement par la sexualité et ai su tout aussi précocement m'informer sur celle-ci.


Il a existé une quantité effrayante de théories selon lesquelles l'éveil de la sexualité à un âge prépubère était une mauvaise chose, une forme de névrose, un "problème". Il s'agissait selon certains du signe de l'exposition de l'enfant à des "choses" auxquelles il n'aurait pas du avoir accès. Soit qu'il ait assisté à des relations sexuelles, soit qu'il ait été abusé ou que sais-je encore...

De mon point de vue, ces théories sont dangereuses en soit.
Heureusement la plupart des pédopsychiatres ont évolué dans leurs points de vue, ces dernières années.
Ouf!
J'ai du commencer à m'intéresser véritablement à la sexualité vers l'âge de 3 ou 4 ans.
C'était totalement spontané. Comme la pousse d'une graine, tombée là on ne sait comment, et qui croit...
Je n'ai pas été abusée, je ne pense pas avoir été exposée à des images particulièrement explicites. Simplement ça a piqué ma curiosité et j'éprouvais des choses, dont du désir, accompagné d'un besoin de contact physique avec les individus qui me plaisaient, un besoin sensuel et tout ce qu'il y a d'érotique.
À la différence des autres enfants de mon âge, jouer "au papa et à la maman" intégrait tout à fait une dimension sexuelle et érotique, en ce qui me concernait. Les bébés n'ont jamais été au centre de mon monde. J'ai su très tôt que je n'en voulais pas. Je suis nulligeste et compte le rester.

La discrétion dont les adultes entouraient la sexualité et ses manifestations la rendait d'autant plus fascinante à mes yeux. Ce n'est pas nouveau : l'interdit est fascinant.
Toutefois cette dimension de dissimulation était également assez perturbante, pour moi. Cela me préoccupait beaucoup et a contribué à mon renfermement sur moi même et à ma tendance à me tenir éloignée des autres. Je craignais énormément d'être "découverte" et jugée de manière négative.

J'avais compris spontanément, par observation élémentaire, ce qu'était la pudeur, même si je ne disposais pas encore du vocabulaire adéquat pour décrire la notion. Cependant j'avais aussi compris qu'il était plus judicieux de ne pas afficher trop clairement que la sexualité m'intéressait, dès la cours de maternelle.
J'avais vraiment conscience que ça aurait fait "désordre".

La sexualité, dans toutes ses dimensions a donc toujours été une de mes grandes passions, un de mes tout premier domaines d'intérêt restreint. Théorie, pratique, sociologie, identités de genre, identité sexuelle, pratiques diverses, tous les champs d'étude qui touchent à la sexualité humaine me fascinent et sont le moteur de vastes recherches et expérimentations...

J'avais deux domaines d'intérêt restreint étant enfant : la sexualité et la nourriture (consommation, préparation, puis composition, qualités organoleptiques, applications thérapeutiques...).
Cette image m'amuse tout particulièrement... c'est une sorte de synthèse intéressante, je trouve...

La lecture et l'écriture étaient les piliers de mon petit empire intellectuel.

J'ai su lire au bout de quelques semaines au CP, et rapidement, les dictionnaires et encyclopédies de mes parents ont trouvé une lectrice assidue, allant de mots connexes en expressions diverses. Les planches anatomiques des dictionnaires illustrés restent d'ailleurs imprégnées dans ma mémoire. Cette rémanence me fait sourire.

L'intérêt de ma mère pour les langues m'a aussi été très utile, avec les dictionnaires de synonymes et d'étymologie (j'aime énormément l’étymologie). Il est amusant de connaître la racine latine du mot "lapin"... Pensez à la cuniculiculture, qui est le mot désignant l'élevage des lapins, et vous comprendrez où je veux en venir...

Question sexe, l'aspect pratique de base est assez vite devenu très clair pour moi. Les organes reproducteurs, la sensibilité des organes, le principe de procréation... et je ne m'y suis pas attardée.

Tant mieux, ça m'a laissé l'occasion d'avoir des surprises ! J'ai donc découvert par la suite (très agréablement, en général) à combler mes lacunes.

L'aspect théorique me fascinait bien davantage.
L'expression "faire l'amour" m'intriguait.
Une partie de moi ne comprenait pas trop le rapport entre le sexe et l'amour...
L'amour, déjà, en soit, c'était une notion un peu obscure, comme je l'ai expliqué dans mon précédent billet... La notion de "relation sexuelle" était bien plus évidente, ainsi que tous les termes de jargon plus ou moins explicites.

La notion d'exclusivité amoureuse censée aboutir à la formation d'un couple me posait également problème, bien que j'ai été entourée d'enfants issus de parents vivant en couple mariés...
Mes parents, eux, ne formaient pas un couple très "conventionnel", apparemment, puisque plusieurs fois des condisciples nous ont demandé à ma sœur et à moi, s'ils étaient mariés (mes parents n'ont jamais porté d'alliance).
Les tâches ménagères n'étaient pas non plus "réparties" de manière "traditionnelle" à la maison (papa était aux fourneaux, maman derrière les ordinateurs et les deux maniaient la boite à outils...).

Donc, le lien entre le sexe, l'amour et la relation de couple me semblait... curieuse. Si ce n'est incongrue.
Je comprenais bien que les gens qui s'aimaient, qui étaient attachés l'un à l'autre et qui étaient en couple aient une sexualité ensemble. En revanche j'avais du mal à comprendre pourquoi la plupart des ouvrages subordonnait le sexe à l'amour. Ainsi que les séries télé, la plupart des films et pour ainsi dire, tous les médias.

La passion, après tout, c'est avant tout du désir sexuel, non ?
J'éprouvais du désir pour un garçon ou une fille (oui, j'ai su très tôt que j'étais bisexuelle, aussi, sans savoir si c'était "normal" ou pas), mais je savais que je n'avais pas envie de former un couple avec ladite personne.

Le terme de couple est même un peu dérangeant pour moi.
Je visualise des fils électriques qu'on insère dans une douille pour faire briller une ampoule. Une fois qu'ils sont ainsi reliés, ils sont "mélangés" et indisponibles pour d'autres usages...
L'ampoule brillera, certes. Tant que le circuit sera fermé, le courant circulant. Mais si on introduit un autre fil, il se passe quoi? Un court-circuit, il me semble...
 
Les histoires de "moitié d'orange" et "d'âme sœur" me perturbaient, aussi.
Ce genre de notion induit l'idée qu'on serait incomplet, tant qu'on est célibataire ou qu'on vit seul...
Moi je me suis souvent sentie, au contraire, privée d'une partie de moi même, quand je devais composer avec une seconde personne... ça me rendait mal à l'aise.

En partie parce que je n'osais pas demander à l'autre son opinion ou ses ressentis concernant mes désirs personnels orientés vers l'extérieur, c'est à dire vers une tierce personne.

Le mot couple désigne généralement une paire de choses, qui ensemble constituent une entité nouvelle avec des propriétés spécifiques. Je n'aime pas tellement l'idée de nouvelle entité. Elle est privative de libertés, selon mes ressentis individuels.

J'admets sans aucun problème l'idée d'avoir un partenaire sentimental auquel je suis attachée, ancrée. Un ami au sens le plus noble qui soit, pour moi.
Une personne que j'aime, et avec laquelle je me sens bien et épanouie.

Je n'aime en revanche pas du tout que cette notion soit cantonnée à une seule et unique relation.
La notion de "couple" au sens traditionnel ne me convient donc pas.

Honnêtement, j'en suis revenue aux déductions que j'avais trouvées vers mes 12 ou 13 ans:
L'amour n'existe pas en soi, en tant qu'émotion "pure".
La passion elle, qui est un élan fusionnel vers un autre individu, qui donne envie de connaître l'autre, de le découvrir sensuellement, sexuellement et sous toutes sortes d'aspects est une émotion réelle.
C'est une réaction biologique autant qu'émotionnelle.

Mais cet état passionnel ne dure pas. C'est comme les saisons, les choses évoluent...

Qui plus est, il n'est pas non plus indispensable pour qu'une relation se crée entre deux personnes qui s'apprécient, se respectent et se désirent... Et cette relation n'aboutit pas non plus forcément sur une relation "de couple" au sens traditionnel (vivre ensemble, se jurer fidélité et exclusivité, bla bla bla...).

Quand l'état passionnel existe, il fini toujours par muter... Soit il disparaît, soit il est remplacé par un mélange spécial de sentiments et d'émotions tournées vers l'autre: c'est cela que la plupart des gens appellent l'amour. C'est ce que, moi, j'appelle l'ancrage émotionnel, composé d'une multitude d'éléments variables à l'infini. Les relations interpersonnelles sont des kaléidoscopes. Selon ce qu'on y introduit et les mouvements que l'on donne aux choses, les résultats sont aléatoires et infinis.


L'amour n'est donc rien d'autre qu'un mélange d'émotions diverses et variées. C'est une construction.
Les mélanges d'émotions sont propres à chaque individu, envers chacune des personnes qu'il côtoie, le désir peut ou ne pas être présent.

Ces sentiments peuvent être ceux de la reconnaissance, de l'attachement, du respect, de la fascination, de la curiosité, du désir (oui, il est souvent là), ou encore une impression d'être redevable (ce sentiment en particulier crée généralement des relations malsaines). Mais ils peuvent aussi être faits de dégout, de malaise, de peur, de honte, et de désir. Tous les mélanges sont possibles et envisageables.

Les sentiments qu'on éprouve pour une personne donnée constituent donc une figure en mouvement perpétuel. Comme lorsqu'on regarde dans un kaléidoscope.

Mais comme ce mélange est si complexe, selon la personne donnée, comment est-il possible, alors, d'aimer vraiment une seule personne à la fois?

Je dois être terriblement cinglée ou avoir l'esprit beaucoup plus large que la majorité de mes contemporains...

Est-ce que c'est aimer que de souhaiter que l'autre ne soit plus libre d'être lui même ? Qu'il fonde un couple avec soi, s'enferme dans la bulle du "couple légitime", une bulle par laquelle les deux protagonistes se retrouvent finalement circonscrits ?
Pas selon ma façon de ressentir des choses.

Je suis polyamoureuse, donc...
Pour être plus claire, je ne m'inscris pas dans une logique de relation de couple et je tiens absolument à mon statut d'individu autonome. Cela même si je peux avoir des relations impliquant un fort attachement avec une ou plusieurs personnes. Cependant, j'ai besoin que le sentiment de confiance soit réciproque, et dans le cadre de ce type de relations, ça signifie tenir compte de ce qu'éprouvent les autres.
De fait, c'est plus "facile" de se positionner dans une relation "monogame" non exclusive, en tenant compte de l'avis d'un partenaire privilégié, plutôt que d'avoir deux ou trois relations en parallèle.

Le polyamour, pour moi, signifie donc plutôt que j'aime à ma façon toutes les personnes auxquelles je tiens, et qui n'appartiennent pas à ma famille.
Dont certaines avec qui j'ai des rapports plus intimes.

Finalement, si on y réfléchit bien, je suis non exclusive en matière de relations "sentimentales", mais également en matière de relations tout court.
Comme tout le monde.

En fait, même si je me suis efforcée de respecter les "normes sociales" en la matière pendant des années, je n'ai jamais vraiment bien compris en quoi il serait mal de désirer une personne avec laquelle je ne ressens pas un besoin de développer un quelconque lien d'attachement émotionnel.
Le désir fait partie de la biologie humaine.
La libido est naturelle, le plaisir l'est aussi.
C'est le principe des sexualités ludiques, qu'il s'agisse du libertinage ou d'autres formes de modèles alternatifs.

Cependant la confiance réciproque des personnes auxquelles je tiens reste très importante pour moi.

Il faut comprendre que la jalousie est un sentiment qui m'est un peu étranger.
Je peux me sentir envieuse de certaines choses, éprouver une sensation de manque parce que quelqu'un que j'aime est absent, mais je ne vais pas me sentir jalouse, spoliée, volée ou je ne sais quoi parce qu'un de mes amis, même le plus proche, a ou a eut, une autre relation avec une autre personne.
On ne me prend rien, à ce que je sache, puisque les gens, les émotions et les expériences de vie ne sont pas des choses "palpables" qu'on peut posséder...
Du moment que cela se fait dans un cadre de sécurité et de respect mutuel, l'autre n'a t'il pas droit lui aussi d'aimer la diversité ?
En quoi serait-ce mal ?
Qui suis-je pour en juger ?


L'important reste la confiance mutuelle et le respect de cette valeur. 

Je respecte les personnes qui ne partagent pas mon type de point de vue et j'évite de les laisser se lier à moi : je sais aujourd'hui que je les blesserais, et je n'aime pas ça.
C'est pour cette raison que j'essaie de faire en sorte de fréquenter des individus qui partagent ma façon de voir les choses et de m'éloigner de ceux qui n'ont pas la même ouverture d'esprit que moi.

Mais tout ne tourne pas autour du sexe dans ma vie.
Les relations de franche camaraderie sont extrêmement plaisantes.
😊

Il y a des personnes avec qui je me sens particulièrement bien et avec lesquelles je crée des liens étroits, de quelque nature que ce soit, en fonction des émotions réciproques... Et il y a également des personnes qui m'attirent sexuellement, pour des raisons diverses, mais avec lesquelles je n'ai pas forcément envie, justement, de créer du "lien social". Ni de passer à l'acte, au risque de le regretter par la suite, parce que je sens que quelque chose "cloche".

C'est une manière d'être complexe, mais j'ai toujours été ainsi intrinsèquement.
Je ne l'ai en revanche pas toujours assumé. Entre ce que me dictait mon âme et les attentes de la société, qui envahissaient mon esprit, j'étais coupée en deux...

Je suis libre, à présent.
Je ne suis pas seulement attirée par les personnes ou les corps, mais également par les personnalités. Quelqu'un qui penserait que je suis une fille facile, se tromperait lourdement sur mon compte.

Il peut m'arriver d'avoir un désir impérieux pour une personne, mais c'est finalement rare.

Ce que j'aime, c'est le plaisir de la découverte, d'échanger avec les autres, de savoir qui sont les gens... Ensuite si je peux partager quelque chose avec une personne qui m'a tapé dans l’œil, tant mieux... Si ça n'arrive pas, je suis heureuse malgré tout.
Je ne vois pas ça comme une "chasse", mais simplement comme une potentialité, et une façon d'être.
Parfois je ne me trouve aucun "atome crochu" avec les personnes que j'ai face à moi, et ça ne va pas plus loin.

Pour en revenir au désir, aux émotions et à mon choix de style de vie, mon vécu particulier des émotions me mène à ressentir des choses très puissantes... c'est comme si côtoyer une personne en particulier colorait mon âme de pincées d'émotions diverses, en variations infinies.

En côtoyer une autre, partager avec elle mon affection, ma tendresse, mon attachement, mon désir, mon respect, ma confiance, fera naître une autre palette, un nouveau tableau, de nouveaux tourbillons de pigments...

Une palette d'émotions spécifique, liée à une personne spécifique, ne changera en rien ce que me font éprouver les autres personnes pour qui j'ai des sentiments d'amitié, d'attachement, de désir et plusieurs de ces centaines d'émotions qui peuvent exister.

En cela, toutes les personnes que j'ai appréciées et aimées sont restées ancrées en moi.
Sauf celles qui m'ont trahie.
La trahison pour moi, c'est une violation du respect, de l'égalité et l'honnêteté, de mon individualité et de mon droit fondamental à l'autonomie.

La valeur absolument essentielle pour moi, pour qu'une relation soit positive est le respect, qui va de paire avec la confiance. Une personne pour qui j'ai un attachement et qui me respecte, m'écoute, tient en compte mes remarques ou mes besoins va obtenir la même chose de moi.
Mon respect et ma confiance.
Je vais lui demander son avis dans certaines circonstances, surtout si je ressens quelque chose pour une autre personne, et je vais en tenir compte.
Nous serons amis, camarades, partenaires et nos sentiments seront sains.

Si la personne refuse systématiquement que j'ai une vie en dehors d'elle, aucune confiance ne pourra s'installer durablement. 

De même, si a un moment donné je sens que cette personne n'a pas ou n'as plus pour moi ce sentiment de respect, même si elle prétend l'avoir, qu'elle prétend m'aimer, mais me fait sentir que mes désirs, mes opinions, mes attentes ne sont pas "respectables", qu'elle les désapprouve systématiquement ou qu'elle me cache des choses dans le but précis que je les ignore, je vais le sentir très vite...
Et je vais me détourner d'elle.

Je différencie le fait de ne pas dire certaines choses du fait de mentir par omission, parce que chacun a droit à sa vie privée, son jardin secret (ne pas dire). Le manque de respect vient avec le mensonge, avec le fait de cacher délibérément des choses, comme son identité, voire de carrément dire des choses fausses, induisant les autres dans l'erreur et la confusion (ce qui peut parfois constituer un danger réel).


Il m'arrive de ne pas parler de certaines choses à certaines personnes, parce que ma vie n'appartient qu'à moi et que certaines informations me concernant ne présentent pas d'intérêt à être connues de mes interlocuteurs.

Si la personne que j'ai en face de moi estime le contraire, ça la regarde.
Je me considère comme une personne honnête et franche.
Si on m'accuse de mentir par dissimulation sur certains points, alors que c'est faux, je vais me sentir agressée. C'est très désagréable mais surtout, ça révèle l'absence de respect et de confiance réciproque.

Le respect, c'est donc aussi le fait de me respecter en tant que personne, de respecter mes opinions, mes valeurs, mes sensibilités, ma volonté, mes désirs (charnels ou autres).
Et mes non-dits.

Une personne qui ne me respecte pas en tant que personne, n'a rien à faire avec moi.
Que ce soit dans ma vie quotidienne, amicale ou intime.

Je me suis trouvée plusieurs fois dans des situations où des personnes m'ont clairement fait sentir qu'elles ne me respectaient pas. J'ai mis du temps à apprendre à m'affirmer, mais je sais désormais faire.

Ces personnes, je les laisse derrière moi, avec le passé, et je continue d'avancer sur mon chemin de vie. Mes capacités de résilience m'étonnent, désormais.

Dans ma vie, j'ai aussi rencontré des arnaqueurs, des mythos, et deux ou trois tarés. Des personnes qui m'étaient toxiques.
Je les ai évacués de ma vie.

Certes, j'ai un positionnement relationnel qui est divergent de celui de la société dans laquelle je vis, mais il faut comprendre que c'est une forme de respect vis à vis de moi même et de ma façon de ressentir les choses.

J'ai fais des erreurs par le passé, je l'ai dis et je l'assume.
C'est la moindre des choses.
J'ai eu des relations "de couple", je me suis mariée, et je servais même des "je t'aime" en salve comme si cela prouvait la profondeur de mes sentiments. C'était mièvre et excessif, mais j'agissais ainsi parce que je ne savais pas comment faire autrement pour être conforme à une situation que je ne "sentais pas". J'étais pourtant totalement sincère !
Mais ça n'était que la projection de ce que je pensais devoir faire.

J'ai aussi fait des choix de facilité ou de fuite, en me "mettant" avec quelqu'un pour échapper à des situations conflictuelles ou désagréables. Ce n'est pas une bonne chose. C'est malsain pour la relation et pour les personnes qui y sont impliquées.

En agissant ainsi, je ne me respectais pas et je n'induisais pas non plus de respect mutuel dans la relation, car je restais avant tout dans la fuite d'une autre situation.
J'essayais de "compenser", par des cadeaux, comme des offrandes, même si je restais mal à l'aise face à une situation clairement dysfonctionnelle. En fait, toutes les fois où j'ai véritablement vécu avec quelqu'un, je fuyais autre chose. Or cette situation n'a existé que deux fois, en comptant mon mariage.
J'avais besoin de me sentir aimée... mais je ne m'aimais pas assez moi-même. Pour aimer vraiment, je crois qu'il faut s'aimer d'abord.
Je crois avoir enfin fait ce pas immense vers moi même, récemment.


Je pense qu'il est mieux de prendre conscience de ce genre de choses à 34 ans que jamais.
Je ne peux pas refaire le passé, alors autant me tourner vers l'avenir.

Aujourd'hui, j'assume mon style de vie.

La sexualité fait partie des éléments stabilisants dans mon équilibre psycho émotionnel.
J'apprécie de fréquenter une certaine catégorie de personnes, qui partagent parfois le même type de points de vu que moi, ou qui, tout au moins, s'en montrent respectueuses.

J'essaie d'être cohérente avec ce que je ressens, avec mon besoin de liberté, qui dépasse très nettement les limites de la morale conventionnelle.
Je me suis toujours sentie au delà de cette morale.
J'ai toujours aspiré à avoir une vie libre.

Une vie de femme libre, hors de la notion normalisée du couple "traditionnel".
Un vie libre, mais dans laquelle je m'efforce d'être respectueuse des ressentis des gens que j'aime.
Une vie libre, mais entourée de gens respectueux de la personne que je suis, et de mes besoins particuliers, qui sont complexes.

J'ai longtemps cru que de telles personnes étaient rares, mais elles ne le sont pas tant que ça...
J'ai vraiment choisi mon mode de vie, et je constate à quel point j'avais raison d'y aspirer, car il me convient parfaitement.

En mon fort intérieur, je savais avant l'âge de 10 ans, que c'était cette façon d'être qui me conviendrait le mieux. Cependant je n'en avais ni les moyens intellectuels, émotionnels ou financiers.
J'ai connu très tôt quelles étaient mes valeurs et je savais qu'elles étaient en décalage total avec le monde dans lequel je vivais.
C'est une chose pénible à affronter.
Je me suis donc efforcée de rester discrète autant que possible dans mon enfance, mon adolescence, et le reste du temps. Jusqu'à il y a peu de temps.

Mais je n'étais pas épanouie.

Même si j'ai cherché à me fondre dans le moule, à disparaître dans la masse, durant des années, aujourd'hui, j'ai fait le choix de m'accepter, telle que je me ressens.

Je ne me suis jamais sentie aussi bien.
J'ai des amis qui me comprennent et avec qui je n'ai pas à me cacher derrière des masques.

La vie de couple n'est vraiment pas pour moi, et pourtant il y a des personnes avec qui je me sens particulièrement bien et avec qui j'apprécie de passer du temps et de partager des activités diverses...
Peut être formons nous des "sortes" de couples.
Si ça peut faire plaisir à certains...

Moi je pars de la base que nous sommes avant tous des amis, que nous nous faisons une confiance mutuelle et que le courant "passe", entre nous.
Le reste, qu'est ce que ça peut faire ?

J'ai su très tôt que la sexualité a été artificiellement reliée et codifiée en lien avec le mariage monogame, pour des motifs culturels, liés à des questions religieuses et patrimoniales.
La biologie quant à elle oriente les partenaires compatibles génétiquement, dans un but de reproduction. Je ne souhaite pas me reproduire. Je laisse ça à ceux à qui ça fait vraiment envie.

Mon bien être est la chose qui m'importe le plus.
En respectant autant que possible celui des autres, mais sans me sacrifier pour eux pour autant.
Si je sens que quelque chose va m'être agréable sur le coup mais me faire souffrir par la suite (regret, sentiment de culpabilité...), j'évite de passer à l'acte.
Je suis devenue plus réfléchie.

J'ai appris avec le temps à exprimer mon accord ou désaccord, même si ça a été compliqué, du fait de mes difficultés dans les relations interpersonnelles.
J'ai fait d'immenses progrès ces derniers mois dans ce domaine.

Je ne regrette rien de ce que j'ai pu vivre ces 20 dernières années.
Tout a son importance, le bon comme les ratés.
Il y a "du lourd", pourtant, dans mon passé.
Mais c'est du passé. C'est trop tard, maintenant... et pas pour des histoires de délai de prescription... Et c'est fini, la résilience est passée par là et j'en suis sortie renforcée.


Ma psychiatre connait mes principes et pratiques et elle ne semble rien y trouver de malsain (je suis simplement fortement susceptible d'être neuro-atypique, et un tantinet névrosée, ne vous inquiétez pas tout est sous contrôle).

Elle sait bien que tout ça ne constitue pas mon seul centre d'intérêt...

Que ceux qui pensent sincèrement qu'on ne peut pas être heureux en vivant seul... n'ont qu'à vivre en couple et se taire quant à ce qui concerne les autres.

C'est une affaire de gouts, et comme chacun sait, les gout et les couleurs, ça ne se discute pas.
Après mes rares et désastreux essais, je suis certaine de mon choix de vie et je sais parfaitement que je préfère nettement le "chacun chez soi, et on est libre de faire ce qu'on veut" plutôt qu'une "vie de couple".
Ce n'est vraiment pas le genre de chose que j'apprécie.

J'aime avoir des amis, en qui j'ai véritablement confiance...
Au masculin, au féminin et au pluriel...

Et puis ne pas avoir de vie de couple (vivre ensemble), ça ne signifie pas pour autant ne pas vouloir de relations de couple...
😉

En dehors de ça, j'aime ma solitude, ma liberté de choix, ma liberté d'aller et venir, mon droit à rester chez moi pépère, ou à sortir faire des rencontres ou pas, ma liberté absolue de pouffer de rire en lisant "Cinquante nuances de Grey" ou "Harry Potter", tout en écoutant du jazz, du hard rock ou de la techno-trance...
Bref, profiter de mon "chez-moi" et faire ce que j'ai envie, sans avoir à en référer à une autre personne. Même s'il m'arrive de prendre conseil auprès de mes amis. Parce que j'en ai besoin.

Je peux enfin être la personne que j'ai toujours été, et être moi-même avec des personnes auprès desquelles je n'ai pas besoin de me "limiter" à une imitation de moi-même. Je peux aussi partager avec elles des moments tout simples pendant je ne me sens pas obligée de faire semblant d'être quelqu'un d'autre...

Cette liberté n'a pas de prix, c'est un vrai trésor.
Au delà de tout, cette partie de ma personnalité me plait et je suis heureuse de pouvoir la laisser s'exprimer en étant respectée. Je me sens épanouie...