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vendredi 22 novembre 2019

Nous changeons tous

Voici de longs mois que je n'ai pas écris.

Globalement, je vais mieux: mon implication dans le GEM Être ensemble me donne un nouveau moteur. Malheureusement, je me (re)découvre des limites handicapantes. Ma fatigabilité nerveuse est très envahissante, notamment. Je peine ainsi à être active plus de 4 heures d'affilée, sans être prise de vertiges ou d'altération de l'humeur (agressivité ou au contraire, euphorie). J'en ressens un sentiment d'échec et de culpabilité.

Certaines choses changent, d'autre non, il semblerait.

Quand j'écris que nous changeons tous, je veux parler de nos point de vue sur les choses passées.

Qu n'a jamais regardé en arrière sur sa vie et posé un regard neuf sur lui-même? Un regard critique, éclairé par une meilleure connaissance de lui même, de nouvelles connaissances des autres, d'un contexte qu'on ne percevait pas, autrefois, dans son ensemble?

Aujourd'hui je regarde en arrière et je me souviens de la personne fragile et malléable que j'ai été.

Les années de scolarité, passées à essayer de comprendre la direction que les autres aimeraient me voir prendre, travaillant bien moins pour moi même que pour satisfaire les autres...

Les années d'études supérieures, passées à essayer de surmonter mes angoisses, pour avoir un "vrai" diplôme...

Les années de vie de couple, passées à essayer de prouver que je pouvais être "normale", à essayer de satisfaire quelqu'un, sans me rendre vraiment compte à quel point cette attitude était illusoire, vaine, et déviante.

Les années de thérapies à essayer de trouver des solutions pour aller "mieux" avant même de regarder la réalité de mes troubles en face...

On ne décrit jamais le passé comme on l'a vécu.
Nous changeons tous notre regard.

Nos façons de ressentir, de voir ou de décrire les choses évoluent selon les éléments dont on dispose pour les comprendre, ainsi que du recul qu'on a sur celles-ci.

Alors, certes, les paroles s'envolent, les écrits restent...
Mais des écrits rédigés alors qu'on était dans tel ou tel état d'esprit (colère, revanche, apitoiement, joie, bonheur, dépression...), sont ils la traduction d'une réalité objective, ou simplement l'expression d'une compréhension des choses à un instant "T"?

Mon sujet de philosophie, au bac, était "Peut on mieux connaître le présent que le passé?"
Non, on ne peux pas.
On est jamais objectif dans le présent, car on ne peut en aucun cas en avoir une vision globale. On ne peut pas connaître les gens, les choses qui les motive, les émotions qu'ils ressentent, les conflits qu'ils vivent. Ce sont des choses qu'on ne peut découvrir qu'avec le temps. De même qu'on apprend à se connaître soi-même.

Je me suis toujours sue anxieuse et dépressive.
J'ai vécu dans l'illusion que ça passerais et que je pourrais un jour vivre "normalement".
Sauf que la "normale", ça n'existe pas.
Je vis aujourd'hui dans l'espoir d'être le moins mal possible, entourée le mieux possible de gens qui me comprennent au moins un peu et me soutiennent.
J'ai mis très longtemps à admettre que mes troubles anxieux et dépressifs constituaient un réel handicap, bien que j'ai toujours été en quête d'aide, parfois auprès des mauvaises personnes (au sens qu'elles ne pouvaient m'aider).

C'est d'autant plus difficile à admettre lorsqu'on connait de longues périodes où "tout va bien", avec une sorte de sentiment illusoire que les choses vont de mieux en mieux, que, quoi qu'on fasse, ça va continuer à aller mieux.
Lorsque l'effritement se produit, que l'anxiété et la dépression réapparaissent, on se retrouve au bord du gouffre et on ne regarde plus les choses que l'on a fais, dis ou écris de la même façon. C'est comme si la personne qu'on est, que je suis, n'était plus la même. C'est absolument terrifiant.

En ce moment, je suis en train de refaire mon dossier MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Je demande à être reconduite dans mes "droits": une reconnaissance de handicap (entre 50% et 79%), la RQTH (Reconnaissance de Qualité Travailleur Handicapé), éligibilité à l'AAH (Allocation Adulte Handicapé - je précise cependant que, depuis octobre 2016, je ne perçois plus cette allocation, ayant d'autres revenus par ailleurs... cependant y être éligible compte malgré tout). Je demande aussi une carte de priorité, dont je me garde bien d'abuser, mais qui me permet de faire certaines choses que j'évite purement et simplement, sans cela. Rassurer vous, il ne s'agit en aucun cas de stationnement ou de places assises, mais principalement du droit de couper une file d'attende en cas de crise d'angoisse. C'est aussi par exemple utile quand je fais une crise de mutisme nerveux.
L'établissement de ce dossier, c'est aussi l'occasion pour mon psychiatre de communiquer avec mon médecin traitant.

Cette démarche, ça n'est pas pour les autres que je la fais. Je n'ai rien à prouver à qui que ce soit. C'est pour moi, d'abord et avant tout.

En aucun cas, ce n'est une question d'argent, puisque justement, je ne perçois aucune allocation, que ce soit l'AAH, l'APL ou autre. C'est une question de limites à connaître et à respecter, ou a savoir titiller si nécessaire, tout en ne culpabilisant pas d'échouer. Essayer, c'est toujours important.
Je suis contente et fière d'avoir essayer de travailler (et d'essayer encore dans l'avenir?), même si je sais que ça me rend malade physiquement et psychiquement, que ça m'angoisse beaucoup et me conduit généralement à un état dépressif.
La reconnaissance de handicap ne définit pas mes empêchements, elle m'offre à mieux me connaître et mieux être connue de mon entourage social.

Je choisi d'avancer, en acceptant que nous changeons tous.
Je n’effacerais pas les choses qui se sont produites, la façon dont je les ai vécue ou interprétées.
Ce n'est plus moi, je vais vers l'avenir.
Advienne que pourra.

Je ne nie pas avoir émis des jugements déplacés, à des moments où j'étais absolument certaine d'avoir raison, puis d'avoir -sinon changé radicalement d'avis, au moins- changé mon degré de perception et donc d'expression.
Nous changeons tous: Nous révisons nos opinions et jugements, en fonction des nouveaux éléments qui nous sont révélés, ainsi qu'en fonction de nos émotions.

J'ai cru un long moment que ça avait une quelconque importance, que je sois au non "aspie" (touchée par le syndrome d'Asperger), mais ça n'en a en fait aucune. Ce qui compte, c'est que je souffre de troubles névrotiques sévères qui altèrent ma qualité de vie. Un "trouble anxieux et dépressif avec une prédominance sur la sphère phobique sociale avec agoraphobie". Un "trouble de l'adaptation", aussi. Je suis parfois "trop empathique" et j'ai du mal à "anticiper les limites affectives nécessaires"... Un état qui est susceptible d'alimenter diverses manifestations psychosomatiques, mais aussi un fort sentiment d'échec et de culpabilité. Un fonctionnement qui a malheureusement pour conséquence d'occasionner un risque de décompensation dépressive.

La plupart du temps, j'aborde la vie quotidienne seule. Parfois, pour des choses qui sortes de mes habitudes (prendre rendez-vous pour changer mes pneus, par exemple...), je suis obligée de me faire aider, parce que ça me met en panique totale...
Même quand je suis en groupe, je ne me sens pas intégrée et je vis les choses avec anxiété.
J'essaye cependant de vivre sans dépendre totalement des autres, alors que c'est ce que j'ai fais la plus grande partie de ma vie (mes parents, ma sœur, tous les hommes avec qui j'ai entretenu une relation...). Parfois par simple "confort", pour éviter d'avoir à prendre des décisions par moi-même, d'autres fois pour contourner mes angoisses et souvent par "obédience", comme si l'autre était une puissance spirituelle qui avait le pouvoir de m'indiquer "la" Voie à suivre. Une partie de moi voulait croire que, en suivant les préceptes de cet autre, j'irais mieux. Les hommes se sont succédés dans ma vie, et ce depuis depuis mes 16 ans, mais je me suis toujours fourvoyée. Aujourd'hui, j'essaie de vivre les choses de façon différente, moins fusionnelle, préservant mes opinions et mon identité.
J'essaie de ne pas toujours m'appuyer sur les mêmes personnes, aussi...
Mais j'ai conscience de rester en quête d'approbation sociale, et de "validation" de mes choix.

J'ai beaucoup changé, ces dernières années.
J'espère que c'est en bien.

Je continue d'y travailler...

vendredi 9 mars 2018

Emploi : et si on reprenait depuis le "début"?

Mardi dernier, j'avais un gros coup de blues en lien avec ma recherche d'emploi.
Pour citer la MDPH, mon handicap "réduit ma capacité de travail" et je bénéficie donc d'une RQTH (Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé).
Lisant mon billet, Super Tatie m'a appelée. 😍

Je m'étais interrogée sur la possibilité d'accès à une formation en alternance, malgré mon âge. Elle m'a apporté la réponse sur un plateau : oui !
Grâce à ma RQTH précisément.
Le statut de travailleur handicapé donne accès au statut d'apprenti quel que soit l'âge du demandeur. Mon Super Papa (ils font bien la paire, mon papa et sa sœur💞) m'a confirmé qu'il avait appris ça pendant les sessions de formation qu'il a suivi récemment avec le Centre de Gestion (de l'emploi territorial), car il est conseiller municipal d'une commune rurale.

Entre temps, donc, j'ai réfléchis. Car ma tante m'a aussi parlé du BTS SP3S (Services et Prestations des Secteurs Sanitaire et Social) qui au final semble mieux cadrer avec ce que je voudrais faire que le BTS ESF (Économie Sociale et Familiale).

Deux différences majeures et une information intéressante du point de vue de l'emploi.
Pour commencer, le SP3S est proposé par un lycée d'Angoulême (donc pas besoin de faire deux heures de route chaque jour pour aller et revenir du lycée en période de formation). Mais en "contrepartie" ce BTS n'est pas en alternance, mais en version "traditionnelle" (six semaines de stage en première année, sept semaines en deuxième année).
Cependant, il semblerait que, peu à peu, le SP3S prenne le pas sur le BTS ESF. La raison est simple: on peut passer le DE CESF (troisième année d'étude, avec Diplôme d’État à la clé, donc) avec un SP3S, qui par ailleurs est plus demandé sur le marché du travail.

Voici quelques petites choses posées.

S'y ajoute un constat évident : actuellement, j'ai un revenu (la réversion de mon mari, qui ne s'arrêtera qu'en 2053). Ce n'est donc pas précisément pour l'argent que je souhaite un emploi, mais pour structurer ma vie et trouver ma place dans la société. Je n'ai pas besoin d'un emploi pour vivre (même si ça serait bien d'avoir de quoi manger des épinards à 71 ans), mais pour me sentir "complète" et insérée socialement.
Donc reprendre des études n'est pas un problème (même si je vais peut être devoir me payer des cours de soutien en supplément).

Qu'est ce que je cherche à dire ?

C'est bien simple : je vais postuler à la fois pour le BTS ESF, le BTS SP3S et, tant qu'à faire, à la Licence Professionnelle Administration des collectivités territoriales (au Centre Universitaire de la Charente, où j'ai passé ma licence de droit fondamental). Ha ben non... il semblerait bien que la LP ne soit par reconduite en 2018, finalement... 😕
N'oublions pas que ces filières de formation sont contingentées et recrutent donc leurs élèves sur dossier.

Toujours est-il que postuler au plus possible de formations me correspondant, c'est faire en sorte de me donner le plus de chances possibles d'être à nouveau étudiante en septembre prochain !
👍

Qu'est que ça veut dire aussi?
Heu... Pôle Emploi... 👽💀👻
Je ne rentre pas dans leurs "cases" préformatées, prévues pour le plus grand nombre de demandeurs, mais pas pour les "cas particuliers". La structure n'a jamais su quoi faire de moi, durant mes trois inscriptions successives, donc je les laisse tranquille à partir du mois prochain. Je reviendrais peut être les voir une fois ré-diplômée, mais rien n'est moins sûr...

Finalement je fais ce que mon conseiller m'a écrit récemment :
"Je vous invite à suivre cette formation à partir du moment où vous seule vous en sentiez capable. J'insiste sur ce que vous ressentez : vous ne devez pas vous mettre en difficulté au vue de vos problématiques reconnues par la MDPH. Si vous avez le sentiment de pouvoir y arriver, alors je vous encourage à mener cette formation..."

Oui bon, il parlait de la formation de Secrétaire-assistante, à Retravailler dans l'Ouest, celle dont l'information collective m'a servit l’électrochoc... 😅 Mais ça ne change rien aux conclusions que j'en ai tiré:

Je me sens capable de suivre un BTS, qu'il soit en alternance ou pas.
Je n'estime pas que c'est me mettre en difficulté vis à vis de mon handicap (du moment que l'encadrement de formation est prévenu et que je prend sur moi de reconnaitre quand je suis en difficulté et de faire en sorte de rectifier le tir).

Et pffffft! Pôle emploi, bye bye !
😋

Et même si je devenais une "éternelle étudiante", je m'en fous... hiiiiiiii! 😜😄

Alors certes, j'aurais moins de de temps pour partir en vadrouille ou des trucs comme ça... mais tout le monde a des priorités dans la vie. Avoir du temps pour partir en vadrouille de temps en temps, ça signifie aussi que le reste du temps, je m'ennuie tellement que je n'arrive plus à faire des trucs simples, parce que justement "j'ai tout le temps pour les faire". La honte!

Bon aller, il faut que j'aille à la salle de sport.
Hop hop hop!

samedi 6 janvier 2018

2018

Il est d'usage de souhaiter une bonne année.
Bonne année 2018 donc.
Moi, je commence sur les chapeaux de roue:
  • Je ne sais toujours pas si oui ou non je vais entrer en formation le 28 janvier...
  • La succession de mon mari n'est toujours pas réglée plus de 16 mois après son décès (procédure judiciaire en cours)...
  • Je veux déménager, parce que habiter seule un T3 bis de 90m² où j'ai vécu six des pires mois de ma vie entre septembre 2014 et mars 2015, avec tous les mauvais souvenirs qui y sont rattachés, on fait mieux pour le moral...
  • Tout ça fait beaucoup de choses à gérer et ma logistique personnelle est un très gros problème
  • Je suis en train de perdre le peu d'équilibre que j'avais réussi à trouver et ces temps ci, c'est rare qu'un jour passe sans que je m'interroge au moins une fois sur l'intérêt de continuer à vivre. Je sais, c'est nul, mais c'est comme ça.
Bref, je pars en vrille.

J'aimerais tellement savoir sous quelle échéance je peux m'attendre à voir cette succession être enfin réglée.
Indéniablement, vivre écartelée entre deux vies, c'est mauvais pour la santé.
L'anxiété générée par l'attente interminable du droit à passer à autre chose me mine énormément.

J'ai refusé de regarder la réalité en face pendant très longtemps, mais habiter un endroit que mon mari m'avait demandé de choisir "pour quand il ne serait plus là" (chose que nous n'avons pas eu le bon sens de faire inscrire dans l'acte d'achat), avec toute la charge émotionnelle des meubles, des objets ou des traces de sa longue agonie (que je n'ai pas été capable de supporter), c'est profondément malsain.

J'ai voulu "revenir chez moi" en octobre 2016 parce que je ne supportais plus de squatter la résidence secondaire de mes parents, mais aussi parce que j'avais l'amer sentiment de m'être fais chasser de l'appartement en mars 2015. Je dois cependant regarder la vérité en face: j'ai fais le choix de ne pas revenir vivre avec mon mari, le 03 avril 2015, quand je suis sortie d'hospitalisation.
Je ne savais pas où j'allais, mais je savais au moins ça.

J'étais dévastée. Je voulais son bien, mais je pensais que sa meilleure place était en USLD et je n'ai pas osé le lui imposer. Je me suis éloignée en pensant me protéger.

Si j'avais été moins faible, je n'aurais tout simplement jamais accepté d'aller vivre avec Alain en 2004. Nous nous fréquentions, mais je le sentais bien plus enflammé que moi et une partie de moi ne souhaitait pas de rapprochement trop réel. Quand nous parlions de notre relation, nous disions que, même s'il se séparait de sa concubine, on préférait rester "chacun chez soi". Il disait être d'accord avec ça. Mais il m'a tout fait oublier de ces belles résolutions quand elle a effectivement décidé de le quitter. Il s'est empressé de m'appeler pour m'inviter à venir vivre chez lui, ce que j'ai fais.

Il me faisait me sentir forte et exceptionnelle à cette époque.

Quand j'ai commencé à sentir que je ne l'aimais pas vraiment, j'avais commencé à perdre à nouveau confiance en moi, mais je pensais qu'il représentait ma seule chance d'avoir une vie "normale". Un part de moi essayait de me convaincre que jamais je ne pourrais trouver d'autre homme qui m'aimerait comme lui. Sauf que je ne suis pas vraiment sûre que ce qui nous liait était de l'amour.

J'aurais du parler de mes doutes à tous les gens que je connaissais, à l'époque. À ma famille, à mes rares copines de la fac de droit.
J'étais encore en première année.
Au lieu de ça, j'ai fais semblant.

Alain m'a apprit à faire semblant que tout allait bien alors que ça n'était pas le cas.
J'avais commencé à me défaire de ce travers mis en place durant des années comme moyen de survie, mais il m'a incité à affirmer sans arrêt que j'étais "en pleine forme" et à cacher mes émotions réelles.

Ma vie avec Alain a été une succession d'erreurs commises dans une apparente béatitude.
La vérité était que j'avais peur d'affronter seule la vie et qu'il était la seule branche à laquelle j'avais trouvé à m'accrocher. Je l'ai laissé me pourrir la vie pour ne pas avoir à affronter la mienne.

Tors partagés.

Alors qu'importe la succession...
Je ne lâcherais pas l'affaire : après tout, c'est lui qui a voulu qu'on conclue un PACS (fiscalement c'était avantageux: j'étais étudiante, je ne gagnais pas un sous) et c'est lui aussi qui a voulu qu'on se marie (il ne m'a pas demandée en mariage, il a dit qu'on devait se marier, dans le bureau d'un cardiologue qui venait de lui annoncer qu'on devait l'opérer du cœur).

Grâce à lui, j'ai une petite rente qui m'est versée tous les mois.
C'est pas le Pérou, mais ça aide davantage que l'allocation adulte handicapé que je touchais avant.

Mais il n'est plus question que je me rende malade pour des histoires relatives à ce mariage pourri et ses conséquences.

C'est pourtant comme ça qu'avait commencé ce billet.

En effet, en rangeant la paperasse en vue de mon futur déménagement, c'est justement des questions de cet ordre qui se sont mises en travers de ma gorge. Déménager me permettra de ne plus devoir payer les charges et les impôts liés à l'appartement, qui iront alors grossir le passif de la succession.
Je vivrais enfin ma vie, ailleurs.
Je voulais me faire une idée du cout mensuel d'occupation de l'appartement.

Résolue à quitter cet endroit, j'ai récemment commencé à ranger les papiers de mon mari, les séparant des miens. Le hic c'est que quand on fait le tri dans les papiers d'une personne décédée, on trouve des choses parfois désagréables (et pourquoi j'ai fourré mon nez la dedans, aussi?!?).

J'ai trouvé par hasard les avenants de changement de bénéficiaire de plusieurs assurances vie de mon défunt mari.
Cinq en tout.
Composées au moment du décès de mon mari de plus de 45.000€.
C'est con mais je me suis pris une grosse baffe émotionnelle.
La raison est très simple : Alain avait tenu à m'inscrire comme bénéficiaire de ces contrats en 2008, après notre mariage, alors que nous attendions que soit fixée la date de son opération du cœur.
Mais je n'ai bien entendu pas touché un centime au moment de son décès.
Les avenants dataient de fin juillet 2015.
Mon mari a été placé sous sauvegarde de justice début aout 2015.

Trouver ces papiers m'a fait un choc et je me suis rendue malade, psychologiquement parlant, avant de retrouver mes esprits.

Je. M'en. Fous.
Je m'en fous du pognon.
Je voudrais que la succession soit liquidée. Point.

Bien sûr que ça m'agace que les enfants de mon mari aient d'ors et déjà touché plus de 100.000€ chacun et que moi, on me dise que les avoirs que j'avais sur mes comptes personnels au moment du décès de mon mari entraient dans la communauté et donc dans la succession... mais de toute façon je n'en sortirais pas plus pauvre que je n'y suis entrée.
C'est la seule chose qui compte.
En plus j'ai fais tirer le relevé de mes comptes à la veille de mon mariage, donc il faut retirer cette somme du tout. Ainsi que les prestations sociales qui m'ont été versées nominativement.

Bref.
Je dois passer à autre chose.
Ça se joue devant le tribunal, maintenant tout ça, donc on positive.
Et hop! un souci en moins.

Ce que je cherchais à la base, c'était de savoir à combien mon occupation de l'appartement me revient par an à peu près...
Taxe d'habitation : 1240€ (qui devrait passer à 870€ en 2018)
Taxe foncière : 2.200€
Si on y ajoute
Charges de copropriété : 2.000€
Assurance habitation : 336€

Ça me fait à peu près 450€ de dépenses mensuelles, et ça me permet de mieux appréhender la comparaison avec une future location...

Pour le moment, il faut que je dégage tout ce que je ne veux plus voir.
Dans l'appartement et dans ma vie tout court.

dimanche 9 juillet 2017

Telle le phénix

Le dragon sous la montagne...

Le dragon sous la montagne est une métaphore sur les traumatismes enfouis.
Il est une montagne de pierre noire, craquelée et fissurée de toutes parts, qui cache en son sein un dragon endormi. La montagne n'est que douleur et souffrance, à cause du dragon mais tant qu'il dort, l'origine du mal reste cachée et ignorée.

Le dragon représente les traumatismes accumulés, les coups encaissés, mais qu'on a caché et dissimulé avec honte, cette honte terrible qu'on peut ressentir quand on est la victime d'une situation traumatisante dont on se croit parfois responsable.
La montagne est une partie de l'esprit qui a vécu ces traumatismes.

En occultant le souvenir des violences subies, on se donne une chance d'avancer dans une situation qui reste parfois périlleuse, afin de ne pas flancher.

Même une fois le péril écarté, il est fréquent que les souvenirs les plus douloureux restent occultés... La montagne est comme une gangue, et le dragon y est enfermé, en sommeil.
Si les souvenirs douloureux finissent par remonter à la conscience, le dragon est réveillé, il s'ébroue, s'agite, et commence à s'acharner contre la montagne...

Parfois, la solution n'est pas de tout cassez, mais de se débarrasser de ce qu'il y a "en trop"... Faire muer le dragon, le transformer en autre chose de plus léger... Un Phénix me semble une bonne allégorie.



Récemment, j'ai décidé d'arrêter de me mentir et de lever le voile sur ce qu'étaient réellement mes rapports avec mon mari...

Une longue relation de dépendance affective, flirtant avec la soumission, dans laquelle j'étais mue essentiellement par l'angoisse d'abandon, le besoin de reconnaissance et, surtout la peur que j'avais de lui, de ses colères et de sa capacité incroyable à me faire me sentir extrêmement coupable et honteuse.

Certes il ne m'a jamais frappée physiquement, mais dès les premiers moments de notre relation, il m'a menti et manipulée. Certaines personnes font ça de manière inconsciente et je ne saurais jamais ce qu'il en était le concernant.

Dès nos premiers jours de vie commune, il s'est mit à régenter mon existence toute entière, me reprochant tout écart dans les horaires, sans jamais m'expliquer le sens de ceux ci, s'emportant quand je l'interrogeais, ou m'ignorant simplement, en me regardant avec un air presque amusé, comme si j'étais trop stupide pour comprendre.

Il n'a cessé de me faire des promesses, sans jamais les tenir.

Il m'a tenue à l'écart du monde, me promettant sans cesse des sorties, des voyages, mais rien de ce que je lui proposait n'avait grâce à ses yeux et il refusait même que j'aille seule au cinéma!

Je n'osais pas aller contre ses décisions parce que ses sermons et ses reproches étaient épouvantables. Quand il se mettait en colère, c'était un autre homme, un homme terrifiant.

Il m'encourageait prétendument à aller vers les autres, mais dès que je tissais des liens avec quelqu'un, aussi superficiels fussent-ils, dès que je discutais avec d'autres personnes que lui, il me reprochait de l'ignorer, de l'oublier, de "ne rien en avoir à foutre" de lui.

Il m'a encouragée à reprendre mes études mais presque chaque semaine il se plaignait de mes horaires, comme si j'avais la moindre prise sur ceux-ci.

Il m'a poussée à travailler, mais comme pour l'université, il se montrait amer et désagréable dès que je sortais de la maison, et régulièrement, il me reprochait de le "laisser", alors qu'il "aurait pu m'entretenir".

M'entretenir... La pensée me ferait presque sourire... il ne me donnait que 200€ chaque mois, rechignait à faire les boutiques en ma compagnie et nous n'étions jamais d'accord sur ce qui m'allait ou pas... de fait, la plupart du temps il préférait des tenues d'adolescente plutôt que de femme, et ça avait finit par me mettre mal à l'aise au point que je ne le consultais plus quand je m'achetais mes vêtements. Peut être ai-je inconsciemment prit du poids également pour gommer cette image de femme-enfant qu'il appréciait mais que je détestais...

Si j'avais accepté la vie de "femme au foyer" qu'il me proposait, j'aurais été totalement dépendante de lui, y compris du point de vue de la sécurité sociale, ce qui a pourtant été le cas sur une courte période...
Être "ayant-droit" de son conjoint est une situation inconfortable, surtout lorsqu'on a pas vraiment le "droit" d'utiliser le compte commun pour effectuer ses dépenses de santé (ce qui aurait été logique, pourtant). Or, quand j'ai expérimenté ce statut, je me suis retrouvée dans la situation absurde où je devais payer les médecins à partir de mon compte courant personnel, avant que le "remboursement" soit fait sur le compte bancaire de mon mari, qui était sensé me restituer les sommes que j'avais versé.

Alain prétendait vouloir que j'aille mieux. Je ne remet pas en cause l'intention.
Il m'avait toujours connue anxieuse, avec des troubles de l'interaction et de la relation (même si on ne les avait pas encore nommés ainsi), ce qui me rendait triste et dépressive.
Mais quand j'allais en thérapie, quelle que soit la forme de la chose, il me le reprochait et me tourmentais pour me faire dire ce dont j'avais parlé en séance. À ses yeux, tous les "psys" (psychologues, psychiatres et autres...) étaient des "charlatans". Ce discours était très destructeur, car je me sentais en permanence obligée de justifier la poursuite des consultations. Et à chaque fois que je revenais à la maison, il renouvelait ses inquisitions pour savoir de quoi j'avais parlé, et de quoi je me "plaignais", comme s'il me contestait le droit d'avoir des pensées privées, tandis qu'il s'abstenait totalement quant à lui de me faire part de ses ressentis.

Alain était très habile pour jouer du bâton et de la carotte... mais plutôt pour mieux me contrôler que pour m'aider. En fait, c'était justement sa conception personnelle de l'aide qu'il m'apportait. Il ne me soutenait pas: j'étais encouragée à aller de l'avant, certes, mais dès que je m'écartais du scénario qu'il avait espéré me voir suivre, j'étais aussitôt placée en position d'accusation (de ne pas faire assez d'efforts, de me "laisser aller" et il n'était pas rare que je sois généreusement insultée et que je me sente profondément humiliée et honteuse.
Au début j'ai essayé de le contredire, mais j'ai rapidement compris que ça ne faisait que le contrarier davantage et augmenter son agressivité. Alors j'ai accepté de répéter "je suis en pleine forme", dès qu'il me demandait comment j'allais.
J'ai cédé, j'ai accepté son contrôle et je me suis pliée à sa "rigueur".

Mais quoi que je fasse, ça n'était généralement pas à la hauteur de ses exigences.

Il ne tenait aucun compte de mes besoins ni des réalités de la vie moderne. En dehors de son ordinateur et de l'utilisation d'internet, son mode de vie reproduisait singulièrement celui qu'il avait du avoir dans son enfance et son adolescence, à une époque où il vivait dans une maison sans chauffage central ni eau courante. Il se lavait chaque matin devant le lavabo, gardant le même maillot de corps pour la semaine, et prenait un bain hebdomadaire, faisant la lessive de ses sous vêtements par la même occasion, à la main.

Il n'est pas étonnant que, dans ces conditions il m'ait reproché mes douches "trop longues", "trop chaudes" et "trop fréquentes"... au point qu'aujourd'hui encore, j'éprouve des difficultés à passer par cette étape, alors qu'avant de vivre avec lui, je passais sous la douche facilement deux fois par jour...

Je ne peux pas résumer toutes ces années que j'ai laissé s'écouler auprès de lui, consciente d'être captive, sans doute sans que lui même en ait conscience, incapable de me rebeller... Parfois j'ai terriblement honte de moi.
Je suis restée parce que j'avais peur de la vie et que je pensais ne pas pouvoir survivre en dehors de ce vase clôt.

J'ai laissé Alain me mettre en cage et j'ai nourris une grande colère, contre lui ainsi que contre moi.
De quoi est-ce que je parlais, durant mes séances de thérapie? De nombreuses choses... Au début j'évitais d'évoquer à quel point je me sentais mal auprès de mon conjoint. Ensuite j'y suis parvenue, mais je restais convaincue d'être responsable de mon malheur, de mes ressentis que je considérais biaisés, convaincue d'avoir des attentes irréalistes qui ne pouvaient donc pas être satisfaites.
En fait, je me suis toujours sentie coupable et j'ai choisi d'être punie.
Cela peut paraître absurde, formulé ainsi, mais c'était un choix de facilité, pour moi : il était plus facile de rester en terrain connu, aussi violent qu'il soit, plutôt que de partir vers un inconnu bien plus effrayant.

J'ai conscience aujourd'hui que si j'avais fuis dès que j'ai commencé à comprendre que ça n'allait pas, début 2005, mes parents m'auraient soutenue. Malheureusement à cette époque là, j'étais également dévorée par l'angoisse et la honte de ne pas être "à la hauteur" à leurs yeux, de ne pas être "assez bien", et je cherchais à tout prix à fuir ces sentiments.

Je me suis cachée pendant tellement longtemps que c'était devenu un mode de vie en soit. Non. Un mode de survie, plutôt.

Toujours est-il que la maladie de mon mari a fini par me faire craquer.
Mais surtout, j'ai commencé à me libérer de mon mode de pensée erroné, fondé sur le principe que j'étais coupable (de ne pas comprendre l'existence, pour l'essentiel).

Quand Alain est tombé malade, il s'est montré de plus en plus agressif envers moi. Il répétait fréquemment une expression qui me blessait profondément, car j'y voyais de méchanceté gratuite. Il me disait "tu m'humilie!".
En réalité, il, l'a avoué ensuite, mais sans cesser pour autant d'utiliser cette formulation particulière, il voulait dire qu'il éprouvait un sentiment global d'humiliation, du fait de son état physique dégradé. Mais comme j'étais le témoin permanent de sa déchéance, il disait les choses qu'il ressentait comme si c'était moi qui provoquait ces émotions, et non sa maladie.

La maladie ayant altéré son odorat et son sens du gout, il lui était le plus souvent désagréable de manger. Mais au lieu de dire "pour moi, tout est mauvais", il me regardait avec rage et déclarait avec hargne, jour après jour, repas après repas "c'est dégueulasse". Comme si j'y étais pour quoi que ce soit. Je savais que je n'y pouvais rien, et malgré tout, jour après jour, ses mots me blessaient toujours aussi douloureusement...

Quand j'ai commencé à essayer d'aménager le quotidien pour m'adapter aux difficultés posées par la spasticité de ses membres (contractures permanentes proche de la rigidité) et l'altération de son équilibre, il a systématiquement refusé les changements. Parfois même alors que c'était lui qui en avait émit l'idée. J'avais alors droit à la litanie "tu m'humilie, t'es une salope, t'es dégueulasse", etc.
Mais quand je lui proposais de revenir à la façon de faire précédente, j'avais droit à la variante "tu comprends vraiment rien, tu es conne, tu me déteste" etc...
Quoi que je fasse, donc, j'étais en tors.

Il a fallu faire des aménagements dans la maison, certains organismes ont demandé à ce qu'on remplisse des papiers... J'aidais mais évitais de prendre des initiatives, demandant systématiquement à Alain son opinion, sa position.
Malgré tout, une fois les choses faites, il est arrivé qu'elles ne lui conviennent pas. La responsable était toujours toute trouvée... J'avais eu beau prendre toutes les précautions, le faire participer à chaque étape de la prise de décision, si une chose ne lui convenait pas, même s'il l'avait validée sur le papier, il me reprochait d'avoir manœuvré dans son dos, de l'avoir abusé d'une manière ou d'une autre, pour le persécuter et, dans son idée "le faire crever plus vite".
J'avais ma conscience pour moi. Sans compter qu'à ce moment là, j'avais fini par demander régulièrement son opinion à mon père, et il n'était pas rare que j'appelle mes parents tous les jours, à cause de cette pluie continue de reproches. Je faisais tout mon possible pour qu'Alain reste le plus autonome possible, en essayant de le lui faire admettre. Il s'y refusait et je ne pouvais rien y changer.

Imaginez un individu ayant un trouble de la personnalité obsessionnelle, vivant depuis des décennies dans un soucis extrême de perfectionnisme, ayant un soucis de bien faire poussé à l'extrême, avec un niveau d'exigence extrêmement élevé le concernant et concernant son entourage. Pensez que cette personne se soit construit des valeurs morales très fortes, avec une rigueur implacable dans le respect de ses propres règles et de ses horaires, au point d'être déraisonnablement autoritaire vis à vis des autres, et très critique vis à vis de quiconque ayant une vision divergente de la sienne par rapport à ce qui est et doit être... Ce genre de personnes veut tout contrôler et déteste déléguer quoi que ce soit, à moins qu'elles se sachent incompétentes (elles préfèreront dire qu'elles sont "au dessus de ça", ou tourner en dérision le domaine en question). Ces gens là développent généralement un mode de croyance qui fait qu'ils sont convaincu d'avoir "raison", de détenir la "vérité", et dans la grande majorité des circonstances, ils sont incapables de tenir réellement compte des avis contradictoires...
Ces personnes présentent également de grosses difficultés à exprimer leurs sentiments réels, surtout s'ils les jugent honteux ou synonymes de faiblesse et développent des stéréotypies, des masques, pour ne pas avoir à exposer aux autres leurs ressentis profonds.

Mon mari était comme ça.
Imaginez le calvaire qu'a représenté sa maladie, pour lui : perdre progressivement l'usage de ses membres, de ses sens, devenir dépendant des autres, avec les aléas que ça induit (le kiné qui n'est pas à l'heure, les interventions des aides soignants qui varient en fonction des plannings, la multiplication des interlocuteurs, ainsi que des opinions portées sur "ce qui est le mieux" pour lui.
Qu'est-ce qui restait à Alain dans ces conditions?

Moi. Le contrôle qu'il pouvait exercer sur moi.
Malheureusement, au lieu d'en faire une consolation et une ressource, au lieu de s'adoucir et de me montrer que j'étais précieuse à ses yeux, il a préféré m'accuser de tous ses maux, et, à force de promesses non tenues, de demandes inacceptables moralement et d'accusations mensongères, il fini par me convaincre que je ne pouvais plus rien pour lui, à part mourir moi même ou partir.
N'étant pas suicidaire, je suis partie.

Ce n'est que très récemment que j'ai enfin réalisé que, loin d'avoir abandonné mon mari, comme certains l'ont prétendu (même si j'aurais du le quitter, bien avant ce mariage, en fait), celui-ci m'a en fait chassée.
Alain m'a chassée de sa vue, de sa vie et de notre appartement... Je pense qu'il a cherché involontairement à se débarrasser de mon regard et de mes attentions, qu'il percevait comme humiliants.
Sa famille a malheureusement participé à mon expulsion symbolique, en me disant frontalement que je lui faisais du mal, et en m'accusant de le torturer. Probablement n'avaient-ils pas conscience de ne faire que répéter des mots, sans comprendre les mécanismes de pensée qui les avaient fait naître...
Alain disait à sa famille que je l'humiliais et le torturais, que je me conduisais de façon odieuse avec lui, pour quelle raison auraient-ils mis sa parole en doute? Peut-être en lui demandant de s'expliquer sur ses ressentis. Mais il est probable qu'il aurait refusé, ça n'était pas son genre.

Certains membres de la famille ont tout de même été jusqu'à dire que je n'étais qu'une "erreur" dans la vie d'Alain. Peut être. Mais ça, c'était une affaire entre lui et moi. À ce que je sache, les tiers, même de la famille, n'ont pas à s’immiscer dans les affaires de couple.

On m'a accusée d'avoir torturé Alain lorsque j'étais hospitalisée, en refusant de lui donner des nouvelles...
Je sais intimement ce qu'est la torture psychologique.
J'ai maintenant conscience que j'y ai été soumise pendant des années... mais je n'ai jamais répliqué, parce que j'ai toujours considéré que blesser volontairement les autres était profondément mal. A fortiori quand on utilise contre les autres leurs faiblesses et leurs douleurs intrinsèques pour ce faire.

J'aurais torturé mon mari en ne l'informant pas de mon état de santé, alors que j'étais hospitalisée en clinique "de santé mentale"? En psychiatrie, donc...

J'avais besoin de calme et j'avais besoin aussi de voir des gens, après des mois d'ostracisme, à cohabiter avec la maladie et le mépris. Car c'était ça qu'Alain me jetait au visage, jour après jour, depuis que la DCB avait commencé à faire partir en lambeau son système nerveux : sa maladie, sa souffrance, et son horreur que j'en sois le témoin.

Si Alain ou un de ses proches avait appelé la clinique pour demander de mes nouvelles, on leur aurait répondu que j'avais besoin de repos.
S'ils avaient demandé pourquoi je ne répondait pas aux appels de mon mari, on leur aurait expliqué que j'avais fais le choix de garder mon téléphone mobile éteint, au fond de mon placard, et de m'en servir exclusivement pour parler à des personnes rassurantes... et peut être aurais-je même confié aux équipes soignantes que mon mari m'appelait plusieurs fois par jour et m'envoyait des dizaines de sms.

Un harcèlement dont je m'étais plainte à plusieurs reprises à Alain.

Au bout de quelques jours, son attitude a provoqué en moi une réaction extrême de rejet: j'ai essayé de me débarrasser de mon alliance. J'ai essayé si fort, sans y parvenir tant j'avais prit de poids, que je me suis arraché la peau autour de l'annulaire gauche. L'inflammation a fait enfler mon doigt, poussant à faire craindre que je développe une infection. Un membre de ma famille a alors du m'emmener chez un bijoutier pour qu'il coupe l'anneau. Je l'ai toujours. J'aurais pu m'en débarrasser, d'une manière ou d'une autre, mais je ne le souhaite pas. Je l'avais voulue, cette alliance, je l'avais demandée. Une des rares choses que j'ai jamais demandé, et encore, deux mois après notre mariage.

Qu'en est-il aujourd'hui?

Aujourd'hui, la succession est au point mort.

D'aucuns souhaiteraient que je n'ai droit à rien, eut égard à mon statut "d'erreur de parcours", ainsi qu'au fait que j'avais "abandonné" Alain.

Je pourrais facilement répliquer que le psychiatre du CMP de Tarbes avait essayé de me faire accepter une hospitalisation au CHS de Lannemezan, en 2014, avant que nous ne quittions les Hautes-Pyrénées pour réintégrer la Charente, mais que j'avais refusé, la mort dans l'âme, parce qu'on ne me proposait aucune solution d'assistance pour Alain.
Là, je pense qu'on aurait éventuellement pu parler d'abandon.

Toutefois en février 2015, quand j'ai senti que, décidément, je n'arriverais pas à rester auprès de mon mari sans que nous ne tombions dans la maltraitance réciproque, j'ai fais en sorte de mettre mon mari en sécurité, médicalement parlant, avant d'accepter d'être hospitalisée.

En conséquence, il n'est pas question que la haine  aboutisse à me dépouiller, que ce soit dans mes biens ou dans ma dignité. J'ai au contraire tout à fait l'intention de lui faire comprendre que cette dignité est plus forte que jamais. D'autant que mon mari n'a pas été le seul à m'insulter, m'humilier et me faire subir des violences d'ordre moral. Mon mari est mort, d'autres ne le sont pas. Je pourrais nourrir un désir de vengeance, entamer des poursuites, mais ça n'est pas ce que je désire.

Je souhaite tourner la page.

Prendre conscience de l'ampleur de l'emprise qu'Alain avait sur moi et de la multitude de tortures psychologiques qu'il m'a infligé, au fil des ans, ça a été extrêmement violent.

Il s'avère que des événements récent, combinés au calendrier successoral ont "réveillé le dragon", comme certaines personnes disent... ce flot de souvenirs douloureux, qui était enfouit profondément, et qui à présent rugit en moi et me malmène intérieurement...



Je n'ai aucun désir de vengeance. Je n'irais pas cracher le feu sur les uns ou les autres, en imaginant que ça pourrait atténuer la douleur. Je ne crois pas une seule seconde que ça pourrait être d'une quelconque efficacité.

Je suis simplement déterminée à mettre un point final à l'histoire, clore cette succession de malheurs et vivre ma vie.

Je veux transformer le dragon en phénix... il s'envolera, trouvera son chemin à travers les roches et s'en ira loin, très loin de cette montagne.

dimanche 12 février 2017

Passons à autre chose !

Il n'y a pas de partition claire entre autisme et neurotypie.
Certes on peut observer des différences sur la bases d'IRM, mais certaines formes neuro-atypiques ne relèvent pas des troubles du spectre autistique. Certaines personnes sont donc neuro atypiques sans pour autant être autistes.

Alors le suis-je ? Suis-je neuro-atypique, et porteuse d'un TSA ?
Plus important, est-ce que ça a vraiment une importance de le savoir ?

Je crois que non.
Comme je l'ai écris, je ne suis pas "typique" et je n'ai pas l'intention et je ne pense pas être en capacité de le devenir. Je ne pense pas pouvoir changer la personne que je suis de manière intrinsèque.
Je peux uniquement modifier ma manière d'être, d'aborder les choses.
Ainsi, je pense pouvoir continuer à mettre en place des stratégies d'adaptation de plus en plus efficaces avec le temps, en étant aidée des bonnes personnes, ce qui me semble être le plus important, dans le fond.

Je suis atypique, avec une hypersensibilité émotionnelle, une grande capacité d'empathie et de résilience (ce qui étonnerait certaines personnes qui pensent me connaître... mais elles doivent comprendre que je passe en fait très facilement "à autre chose" en cas de "traumatisme"... bien qu'il soit vrai que, quand je suis victime de ce que j'estime être une injustice, ou que j'ai été confrontée à une personne que je considère comme néfaste, j'ai tendance à étaler les faits, en quelque sorte par mesure de prévention).
Je suis atypique et j'ai des douances dans divers domaines, dont principalement l'expression écrite, mais pas uniquement...
Je souffre également de troubles anxieux invalidants très enracinés, de même que j'éprouve des phénomènes d'hypersensibilité et d'hyposensibilité sensoriels. Ce sont des choses qui font partie de moi.

Je pense qu'un jour, je passerais le WAIS (test d'évaluation du quotient intellectuel) mais ça n'est pas ma priorité. Je le financerais moi même, parce que j'ai besoin de savoir, d'une certaine façon, mais surtout, j'éprouve une grande curiosité concernant ma propre personne, ma façon de fonctionner, mes capacités et les points qui me posent réellement problème.

Il est important de savoir que ma curatelle renforcée (mesure de protection des majeurs à laquelle j'avais été à l'initiative) prendra fin le 17 février 2017, soit dans moins d'une semaine.
À partir de là, je crois qu'on peut dire que je pourrais prendre un nouveau départ.

En outre, le 20 février, cela fera six mois que mon mari est décédé. Un mari à la personnalité obsessionnelle qui a contrôlé une partie de ma vie de jeune adulte puis s'est efforcé de contrôler ma vie tout court...
Il faut savoir que l'interface d'administration de ce blog comporte un certain nombre de billets non publiés concernant ma vie de couple... des billets que je ne pouvais décemment pas publier de son vivant, mais qui m'ont apporté du réconfort lorsque je les ai rédigés. Je pense que je les publierais, lorsque mes liens avec la famille de mon mari seront totalement et définitivement rompus...🚫

Ma priorité actuelle est de trouver l'équilibre et donc la paix intérieure.
Pour cela il va falloir que je passe plusieurs caps:
  • Respecter mes routines
  • Trouver un emploi
  • Changer de lieu de vie
Le reste viendra en son temps.
Rien ne presse... 🐌

🍀"Abandonne le passé, vie pleinement le présent, aie confiance en ton futur"... 🍀

Les routines de vie sont difficiles à mettre en place, mais c'est en train de revenir tranquillement (réveil spontané vers 8 heure du matin, et plus ça va, plus c'est tôt)...
Beaucoup de sport, même si c'est surtout en salle, pour l'instant....
Un équilibre alimentaire riche en vitamines, minéraux, équilibré en protéines et bonnes graisses (de nombreux nutriments jouent un rôle important dans le bon fonctionnement du système nerveux, mais aussi dans la bonne santé des phalènes, ce qui est important pour moi qui tiens énormément à la santé de mes cheveux...).
J'ai également besoin de continuer à me cultiver et Internet n'est pas un si bon médium que ça car il me coupe du monde extérieur : la médiathèque du Grand Angoulême me semble être un lieu plus adapté...
😊

En ce qui concerne un emploi, je sais que j'ai de bonnes capacités dans divers domaines. Des compétences que j'ai cependant de grosses difficultés à valoriser en raison de mes troubles anxieux et diverses autres problèmes d'adaptation. Toutefois je bénéficie d'une reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH) et ma psychiatre m'a conseillé de m'adresser à "Raisons de plus". Il serait complexe de résumer les actions de cet organisme ici, et le mieux est de consulter leur site, toutefois ce que je peux en dire est que j'ai l'espoir de bénéficier d'un véritable accompagnement à l'emploi, en dépit de mes difficultés actuelles.
Qui sait, je pourrais peut être même passer le WAIS (on peut toujours rêver) dans ce cadre....?

Comme me l'a donc conseillé récemment une personne bien intentionnée, je vais laisser tomber ce qui ne me "parle pas", je me vais me concentrer sur mon instinct et sur mes certitudes, ainsi que sur les personnes qui me connaissent vraiment et me respectent.
🙌 

Dans quelques mois, je pense pouvoir changer radicalement ma vie.

Le chemin restera accidenté et sinueux, comme il l'a toujours été, mais ça ne me fait plus peur: les sentiers linéaires, bien tracés, me semblent bien monotones. Rien n'est plus beau qu'une belle randonnée dont les détours délivrent au regard des surprises. Certes, parfois, on se retrouve à longer une falaise au bord d'un précipice, mais qui dit que quelques instants plus tard on ne sera pas en train de parcourir des sous bois superbes ?

C'est la beauté de la vie...🌱



dimanche 5 février 2017

Je ne mourrais pas ce soir.

Quelle est la dose létale de prazépam ?
Pour information, c'est l'anxiolytique que je prend tous les jours, trois fois par jour.

Je suppose que si j'avalais les 80 comprimés de 10 mg des deux boites pleines qui sont dans ma cuisine, et que j'arrosais tout ça avec un alcool qui titre 49°, je pourrais m'allonger une dernière fois dans mon lit et m'endormir pour toujours...

À quoi bon cette vie, après tout ?

Je ne cherche pas à faire carrière, je ne veux pas d'enfants et je ne souhaite pas vivre en couple cohabitant. Je n'ai pas "d'ambitions" dans la vie, si ce n'est de moins souffrir et d'avoir une vie "ordinaire".
Ces temps ci, je n'atteins pas franchement mes objectifs en matière de réduction de la souffrance psychique.

J'ai souffert physiquement et mentalement toute ma vie et je n'ai pas encore 35 ans.
Les personnes qui sont atteintes de maladies chroniques savent ce qu'est la souffrance physique, jour après jour, année après année. J'ai toujours éprouvé des douleurs diffuses ou localisées, mais il n'y a pratiquement jamais eut de raisons médicales à ces douleurs "fonctionnelles". J'ai fini par apprendre à ne plus en parler, puis à les ignorer. Il est rare que j'ai mal nul part, mais ça fait partie de ma vie et les gens, y compris mes proches ne veulent généralement pas savoir.
Et bien sûr il y a la souffrance psychique, la douleur émotionnelle, qui souvent n'a même pas de cause clairement définie. Mais j'ai appris à faire avec. L'expérience m'a appris que les antidépresseurs n'y changent pas vraiment grand chose, me concernant. J'ai essayé, pendant cinq ans, mais ça n'a pas changé ma vie.

Pour le reste, j'aime mes parents, ma sœur, mon neveu et ma nièce, la grand mère qui me reste, et un homme.
Je l'aime très sincèrement et tendrement, bien que parfois je souffre de mal le connaître (notre relation est récente, c'est normal qu'il en soit ainsi).

Cependant, malgré mon attachement pour les personnes que j'aime et le respect que j'ai pour l'attachement qu'elles ont elles-mêmes pour moi, par moment je m'interroge sérieusement sur le sens de ma persévérance à continuer d'avancer dans la vie. Une partie de moi ne peut pas donner de sens rationnel à cette attitude. J'ai parfois la sensation de simplement survivre, rien de plus, de continuer "pour les autres", mais pas pour moi.

Je me lève le matin mais ma vie n'a pas de sens.
Je ne sers à rien, ou à bien peu de choses.
Je ne suis pas utile aux autres, et je représente même un coût non négligeable pour la collectivité, du fait de mes troubles psychiques, qui eux mêmes me causent des problèmes de santé, qui ont un coût également.

Je n'aime pas ma vie.

En tout cas la plus grande partie de ce qui la constitue.

Pourtant j'ai toujours envie d'essayer. De vivre.

J'ai envie de changer, de travailler, me rendre utile, aller mieux, moins souffrir, voir les enfants de ma sœur grandir et passer de bons moments avec tous les gens que j'aime.

Trois comprimés de prazépam par jour, c'est déjà bien assez.

 ...

Hier j'ai vidé une bouteille de Johnny Walker dans mon évier.
À la base je voulais boire.
Pas me saouler.
Juste avoir la tête qui tourne un peu...

J'ai bu en secret à une époque.
Des alcools forts.
Ce qu'il y avait dans le buffet du salon, chez mon mari...
Chez mon mari, ça a jamais été chez moi, ni chez nous. Même maintenant qu'il est mort.
J'ai commencé à consommer de l'alcool pour les sensations de délivrance que ça me procurait en 2013 ou 2014 environ.
J'aimais cette sensation d'anesthésie. Je voulais planer.
Je n'ai jamais été dépendante, mais je fuyais la douleur. Les douleurs.

Après... pendant un certain nombre de mois, je n'a plus bu du tout.
Puis ce whisky . Du "Sky" comme il disait, le poète...
J'ai pas vu le ciel.
J'ai vu des dizaines et des dizaines de bouteilles se vider, pendant 15 mois.
C'est pas moi qui les vidais. Même si j'ai à nouveau bu en cachette, quand même, au bout d'un certain temps. Délivrance, anesthésie, planer...

Hier j'ai failli mélanger CoDoliprane et whisky.
Codéine et alcool, je ne crois pas que ça fasse bon ménage.
Johnny a été marcher dans le siphon de mon évier.
Toute la bouteille.
Quelque part, je me suis débarrassée d'une histoire ancienne, en faisant ça.

T'as pas l'air dans ton assiette, Johnny...
Les antalgiques, je vais essayer de m'en tenir éloignée.
Pourtant j'ai mal. Mais j'ai toujours eu mal quelque part, de toute façon, que ce soit à un genou, à une épaule, la mâchoire, la vessie, le ventre, un orteil, à l'intérieur des orbites, à une arcade sourcilière, au cuir chevelu, à des côtes, à un talon (oui, j'ai mal à tous ces endroits, là, tout de suite, à des degrés divers, pas fort, mais c'est tout le temps comme ça, ou presque...).

Je vais prendre sagement mon oméprasol (réducteur d'acidité gastrique, j'ai des ulcères), rien d'autre, me coucher et essayer de dormir.

Demain je serais moins déprimée et j'irais chez mon médecin généraliste (une bronchite qui ne guérit pas, une suscpicion d'allergie aux acariens et besoin de faire confirmer mon allergie à l'ibuprofène)...

Ensuite, j'irais me défouler à la salle de sport.
J'aimerais bien aller à la bibliothèque, aussi.
En 2010, j'ai laissé pas mal de lectures en suspens à la bibliothèque centrale... Il faudra que je pense à prendre un justificatif de domicile à mon nom de jeune fille avec moi : hors de question que je garde ma carte avec mon nom d'épouse.

Mardi, je vois ma psychiatre.
J'en ai vraiment besoin, je crois.
Va falloir que je fasse une liste de ce qui tourne pas rond en ce moment...

mercredi 21 décembre 2016

"Deviens qui tu es"... facile à dire.

Comme tout le monde, je pense, j'ai besoin de sécurité affective.
De sécurité tout court.

Pendant des années, je ne suis pas aimée.
J'avais des opinions bien ancrées, citées dans mes récents billets, mais j'étais oppressée par le sentiment de me mettre à l'écart.

C'est difficile d'être fidèle à soi même dans ces conditions, de ne pas se laisser emporter par les attentes (réelles ou supposées) des autres.

S'aimer soi même n'est pas si facile que ça.
Surtout quand on est une personne comme moi.
C'est douloureux et angoissant, la plupart du temps.

J'ai besoin d'aimer.
Trouver une personne avec qui je me sens bien, en accord, avec qui j'ai envie de passer du temps et  de construire une relation reste une chose essentielle pour moi. J'ai besoin d'une résonance, d'être "au diapason".
Trouver une telle personne, se trouver et se reconnaître, c'est une chose qui se ressent et qui se construit, également, qui demande des ajustements...

Il n'y a pas de réponses universelles aux questions que je me pose, aux problèmes qui me harcèlent.
C'est à moi de trouver mes réponses... ou à nous...

J'ai besoin d'être en accord avec moi même, mais aussi de me sentir en accord avec les personnes que j'aime, et réciproquement.

Ne pas aimer, pour moi, c'est aussi perdre une partie de mon bonheur de vivre.

Mes changements perpétuels m'épuisent et je suis effrayée à l'idée d'épuiser les autres dans mon sillage.
 
La vie, nos expériences, nos rencontres font évoluer nos consciences, nos envies, nos désirs, et ébranlent parfois des convictions profondes.

Je veux continuer de vivre seule, sans pour autant me refermer sur moi même.
Je veux aussi conserver ma liberté, mon libre-arbitre. Mais pas de manière égo-centrée.
Je continue de me sentir profondément polyamoureuse, polysexuelle, polyfidèle, et polyculturelle aussi...

Cela ne nuit pas à mon désir d'engagement, en fin de compte.
L'engagement envers l'autre, les autres, passe par une alchimie complexe faite d'équilibre entre l'amour que je me porte et celui que je porte aux autres, l'amour de ma liberté et de celle des autres, le besoin d'être autonome et celui d'être ensemble, le besoin d'amitié, de désirer et d'aimer tout en même temps.

Il n'y a qu'avec les autres, finalement, que je peux résoudre mes dilemmes, solutionner mes paradoxes. Dans une confiance mutuelle.

vendredi 23 septembre 2016

Clinique, le retour

Ouais, y'a des titres plus détonants que d'autres.
Retour à la case "clinique de santé mentale", donc.
Le précédent épisode datait du 10 mars 2015.

Bizarrement, hier, après 10 jours passés ici (je suis rentrée le 14 septembre), je commençais à me dire "mais qu'est ce que je fais là, en vrai?"

Cette après midi, après avoir passé deux heures recroquevillée dans mon lit, à me les geler grave en pyjama polaire, et à avoir mal dans tous les membres comme si on me broyait les os de l'intérieur, je ne me posais plus du tout la même question.

Je suis ici parce que le 18 aout ma sœur a déménagé à Bourges, que le 19 aout j'ai mis fin à une relation qui me faisais me sentir de plus en plus fragile, et que le 20 aout, mon mari est décédé.

Je suis là surtout parce que le 11 septembre au soir, j'ai sérieusement songé à avaler un flacon entier de Théralène (Aliménazine, pour les intimes, un médicament puissamment sédatif) et me mettre un sac sur la tête, histoire que les tempêtes qui ravagent mon esprit s'arrêtent une bonne fois pour toute... 

Mais finalement, l'idée d'avoir envisagé une telle absurdité m'a fait comprendre que j'avais vraiment besoin d'aide.

J'éprouve actuellement un immense vide et une peur de l'inconnu qui s'apparente à de la terreur.
Des tas de choses qui se sont passées ces trente dernières années se réveillent et je me les prend en plein dans la face. Ce qui n'a rien d'agréable, je vous assure.

Une chose est sûre et certaine :

Maintenant

Je veux être actrice de ma vie
Je ne veux plus me laisser paralyser par mes peurs
La peur ne doit pas sidérer
La peur doit faire avancer, progresser et s'améliorer

 

vendredi 19 août 2016

Mes besoins, suite...

Jeudi soir, 23h et des brouettes.

Seule dans le lit. Un crayon dans une main, un calepin dans l'autre.

J'essaie de mettre des mots sur ma détresse, qui dure depuis des semaines.
Je voudrais retrouver ma vie, mais je ne sais pas comment faire ça "bien".
Je voudrais que personne ne souffre. Ni lui, ni moi. Moi, c'est foutu... Mais éviter à l'autre de souffrir n'est pas une raison valable pour rester à ses cotés.

Je sais depuis des semaines que je vais partir.
Je ne cesse de me fixer des échéances.
Il y a des moments de "mieux", alors je recule.
Tôt ou tard, il faudra sauter le pas, de toute façon.

Je ne vois pas bien ce que nous partageons vraiment.
J'aimerais qu'il soit là pour me le dire.
J'aimerais qu'il me donne des raisons valables et rationnelles qui me donneraient envie de continuer dans cette relation... Mais il n'est pas là.
Je n'ai plus envie de continuer à essayer.
J'ai juste envie de fuir le plus totalement et fermement possible.
Sans me retourner, cette fois-ci.
 

J'ai écris beaucoup avant de réussir à écrire que...


J'ai vraiment besoin d'être seule au gouvernail de ma propre vie.

J'ai besoin de n'avoir à m'occuper que de moi, de n'être responsable que de moi.

J'ai besoin d'être autonome et indépendante, autant que possible.

J'ai besoin de faire ma propre route.

J'ai besoin d'affection, de tendresse, de désir, certes. J'ai besoin de me sentir aimée, besoin d'aimer, aussi, mais pas au prix d'un mal-être permanent.
Aucune affection ne justifie de se faire du mal.

J'ai besoin de remettre de l'ordre dans le chaos qui me sert de vie.
J'ai besoin de trouver un sentiment de sécurité dont je ne bénéficie plus depuis trop longtemps.

J'ai aussi besoin de cesser de faire des plans sur la comète sur un "plus tard" au cotés d'une personne en compagnie de laquelle je ne me sens pas si bien que ça.

J'en ai marre de devoir m'asseoir sur mes priorités de vie et de me laisser envahir par les soucis des autres.

J'en ai marre d'avoir l'air entourée et de me sentir plus isolée que jamais.

J'en ai marre de m'exposer à toutes sortes de choses qui me font du mal, comme la fumée de tabac, la procrastination des autres alors que j'essaie d'échapper à la mienne, les soucis d'argent, la solitude qu'on ressent à être assit en permanence à coté d'une personne avec qui on pourrait bricoler (mécanique, travail du bois, électricité...), s'occuper dans le jardin, communiquer, être dans l'intimité...

J'en ai marre de rendre des services qui me pèsent chaque fois plus.
Je ne me sens plus valorisée, juste exploitée.
L'impression d'être la "bonne poire", qui se laisse avoir, ça suffit.
Je ne veux plus être la "solution de secours" pour pallier à certaines insuffisances.
J'ai aussi besoin d'être dans l'action, et non de m'enfoncer de plus en plus dans l'inertie, entraînée par une relation qui m'apporte décidément bien peu de choses positives.

J'en ai marre de vivre dans l'instabillité et les attentes insatisfaites.
Je préfère ne plus rien attendre, et partir.

On ne peut pas ressentir toutes ces choses en étant vraiment amoureux.
Si cette relation est à sens unique, à quoi bon ?
Si cette relation me fait souffrir, pourquoi insister ?

Je crois que là bas, je n'ai oublié qu'une boite de thé.


lundi 25 juillet 2016

Ma vie d'étrangère au monde


Je pratique l'introspection de manière automatique depuis aussi loin que je me souvienne.
Je me suis toujours interrogée sur le sens de la vie, sur mes émotions, sur les actions des autres, sur les relations de cause à effet.

Il m'a fallut plus de trois semaines pour rédiger ce billet...

La vie est une chose très complexe.
Je ne veux pas parler du processus biologique de l'apparition de la vie sur Terre, mais de la vie quotidienne des êtres humains, et en particulier la mienne (c'est la seule que je connaisse de l'intérieur).

Pour la plupart des gens, la vie courante semble aller de soi, de la petite enfance à leur grand âge. Ils avancent dans la vie sans trop de difficultés, même si certains obstacles se dressent sur leur route... Mais globalement, ça "roule".

C'est un peu comme si la plupart des gens voyaient des sculptures zéotrope fixes...



Tandis que je percevrais leurs versions animées, déroutantes... et magnifiques!!!


La plupart des gens semblent avoir une vision claire et stable de ce qui est...
J'ai le sentiment de ne percevoir que les arborescences et la complexité.
Pourquoi ai-je à vivre, ressentir, éprouver, expérimenter tout ça ? Est-ce que ça a un sens ? Si ce n'est pas le cas... je suis perdue. Pourquoi tout ça n'a pas de sens ?

Je comprend les gens qui cherchent des réponses auprès de diverses déités. L'idée qu'il puisse exister une intelligence supérieure, une volonté globale peut paraître rassurant. Mais incohérent, si on regarde les maladies, les catastrophes naturelles, les progrès techniques etc.

La vie est compliquée. Mais la plupart des gens ne le voient pas.
Ma vie est vraiment, vraiment compliquée.
Un chemin magnifique mais sinueux et complexe...


Il est compliqué pour moi d'accepter que le temps passe, qu'il est l'heure de dormir, que j'ai soif, besoin d'uriner et que vais devoir me coucher au lieu de continuer d'écrire.
Je dois laisser ce billet en suspend, en brouillon, et le reprendre demain.
C'est une chose difficile à faire, complexe.
Mais je vais le faire...

[une nuit plus tard]

Qu'on ne se trompe pas : en aucun cas je ne souhaite mettre fin à mon chemin de vie. Voici une très belle citation qui exprime bien ce que je ressens. J'accepte la lutte contre mes doutes.
"J'ai compris que le bonheur, ce n'est pas vivre une petite vie

sans embrouilles, sans erreurs et sans bouger.

Le bonheur, c'est accepter la lutte, le doute, l'effort."

J'ai appris le sens du mot "pragmatisme" tardivement. Il existe une école de philosophie, qui affirme que n'est vrai que ce qui a des conséquences réelles dans le monde. Je rejoins assez ce courant dans ma façon de ressentir le monde.
Toutefois je trouve ce mode de pensée limitée et non cohérente avec l'Univers dans sa globalité.

Je tend à être pragmatique, tournée vers l'action. Je réagis aux choses qui me sont extérieures et cherche avant tout à garder une stabilité d'esprit face à elles.

Ma mère m'a dit récemment que j'étais légaliste.
Peut être. Pas tout à fait.
Est légaliste une personne qui a pour souci de respecter minutieusement la lettre de la loi et les formes qu'elle prescrit.
En ce sens je ne suis pas légaliste, car certaines lois sont purement absurdes. Je ne dis pas qu'il faut les braver ou les contourner... mais bon, c'est ce que beaucoup de gens font, et dans un certain nombre de cas, je trouve ça normal.

Je respecte les règles quand elles ont un objectif cohérent, ou au pis aller, lorsque la sanction encourue en cas d'infraction à une règle qui me semble pourtant excessive est trop préoccupante et potentiellement privative (d'argent, de points sur le permis de conduire, de libertés...).
En cela, je suis pragmatique.
Je soupèse l'impact que les choses risquent d'avoir sur moi, de sorte à prendre des décisions "à faible impact émotionnel".

Je suis dérangée lorsque certaines personnes se montrent agressives gratuitement à l'égard des autres. Les agressions verbales sont répréhensibles, au même titre que les agressions physiques. Ce n'est pas être légaliste que de dire ça. C'est souligner simplement le fait que c'est mal d'insulter son voisin au lieu de discuter avec lui.
Donc, non, je ne suis pas légaliste au sens propre.
J'aime connaître et comprendre les règles, de la société, du jeu social, de la communication verbale et non verbale.



J'accepte très mal que les règles changent sans prévenir.

Probablement en raison de ma mauvaise acceptation du changement, je ne prend pas grand chose pour acquis. Je sais que les choses peuvent potentiellement changer. Les règles, les gens, les situations, une quantité incroyable de choses.
Cela ne semble pas poser de problèmes à la plupart des êtres humains...
Cela m'en pose énormément, à moi.

Je sais depuis bien longtemps déjà que je suis fragile face au monde, aux interactions sociales, et en ce qui concerne divers domaines de compétences (lesquelles me font défaut, car ils ne sont pas innés).
Je peux me montrer très soupçonneuse ou au contraire excessivement naïve.
Heureusement, j'apprends peu à peu à mettre en place les bons "systèmes".
Mais je rappelle que j'ai 34 ans.
Je me suis déjà faite arnaquer plusieurs fois dans ma vie et ce n'est que maintenant que je commence à savoir réagir dans des situations "à risque". De toute façon, je suis protégée efficacement, désormais. Économiquement et juridiquement.
C'est malheureux de devoir en arriver là.

Comme vous pouvez le constater, je suis d'une grande honnêteté.
Toutefois mes ressentis, mes émotions sont souvent versatiles, à géométrie variable...

Ce n'est pas pour autant que je mens ou dissimule volontairement des choses.

En revanche j'ai eu souvent tendance à considérer que certaines choses ne regardaient que moi et voyais mal pourquoi je devrais en parler à tel ou telle, vu que les tiers n'étaient pas concernés.
J'ai appris au fil du temps que certains appellent ça mentir.
Par omission.
Pour moi le mensonge comporte une dimension volontaire : il a pour but spécifique de cacher quelque chose. Donc je ne voyais pas en quoi ne pas dire certaines choses était mentir, dans la mesure où je ne cherchais pas spécifiquement à les dissimuler. Je comprenais pourtant le mode de pensée des personnes qui s'offusquaient de la chose. Mais je n'y adhèrais pas.
Il me manquait sans doute un élément crucial, que je ne sais pas encore bien qualifier.
Le besoin de me sentir "respectable"?

Garder un certain nombre de choses pour moi m'assure généralement une certaine tranquillité de vie.
Je ne mens pas, vu que l'information n'a aucune importance pour l'autre, sinon d'être connue, et je n'aime pas ça.
C'est invasif, ce besoin de "savoir" tout comme ça (écrit la fille qui aimerait tout savoir...).

De même, pourquoi partager une information qui va susciter des sentiments négatifs chez les autres?
Ce n'est pas logique.
Je n'aime pas faire souffrir les autres. Pourquoi est-ce que je devrais partager les informations qui font souffrir ? Je comprend bien qu'on puisse considérer ça comme un "mensonge", mais je ne suis vraiment pas d'accord avec ce point de vue.

Je ne considère pas que je sois manipulatrice.
Entendre des gens me reprocher des mensonges, des manigances ou des manœuvres diverses est une chose extrêmement blessante et fausse. Je suis très loyale, en règle générale. Mais on en revient à ce que j'ai écris ci dessus. Ma droiture n'apparait pas toujours comme telle, du fait que certains de mes comportements peuvent laisser penser que je "mens". Cela principalement en raison du fait que j’hésite en permanence entre le confort émotionnel des autres et le mien.

J'ai d'ailleurs parfois du mal à identifier les manipulations dont je peux être sujette.
J'ai eu tendance à être très crédule, à certains moment de ma vie.
Après l'avoir souvent caché, j'ai fini par apprendre à avoir la démarche totalement inverse : j'ai appris à le dire.

Avant je gardais les choses pour moi, trop honteuse d'avouer mes déficiences.
Aujourd'hui je préfère les étaler.
Je suis fragile, je le sais, aidez moi... Je les étale, donc les autres le savent aussi, et loin d'ouvrir la porte de la bergerie, j’essaie de liguer ainsi les autres autour de moi.

Je me suis un peu blindée, aussi.

Blindée... mais pas contre tout.

Je reste souvent confuse et complètement submergée face aux sentiments des autres. D'ailleurs je suis confuse face à mes propres sentiments, la plupart du temps. J'ai une usine à gaz à la place du centre des émotions. Parfois, elle s'emballe et ça donne du pur "n'importe quoi". Je suis complètement perdue.

Je passe mon temps à chercher à me rapprocher des autres et à m'en écarter car, à dire vrai, les relations avec les autres sont complexes et épuisantes. J'ai longtemps vécu avec un sentiment d'isolement vissé au cœur et à l'âme. Heureusement je bénéficie aujourd'hui du soutien clair et positif de ma famille, et c'est quelque chose d'incroyablement générateur d'équilibre.

Malgré tout, je reste caractérisée par des mécanismes de fuite.
Fuir pour se sauver, se préserver de la souffrance.

Je me protège de l'anxiété générée par l'existence en cogitant.
Arrêter de penser, c'est ne plus être. Je pense donc je suis. Je suis, donc j'ai une place (j'espère) même si je n'arrive pas à la trouver.
Je me sens tellement étrangère au monde qui m'entoure !!!
J'essaie et j'échoue, mais j’apprends, aussi.

Je fais régulièrement des "fixettes" sur certains sujets, certaines choses. Une façon d'expulser l'anxiété, de la fuir, encore, toujours. Je fuis de tellement de façons différentes les choses qui me perturbent que ça me semble impossible de les énumérer toutes. C'est souvent intellectuel, mais pas que. Parfois cela passe par un abrutissement volontaire devant des jeux sur Internet (je suis une joueuse persistante de Farm Heroes et de Papa Pear, et dans une moindre mesure, de Candy Crush et Candy Crush Soda), devant la télévision (j'adore les séries policières "techniques", telles Les Experts, mais aussi la science fiction et le fantastique) ou autres moyens d'évasion imaginaire.

Depuis que je sais lire, je consomme les mots avec une sorte de boulimie et les utilise avec la même intensité. Ce blog en est témoin. Écrire est une bonne façon de mettre de l'ordre dans mes pensées et d'apprendre de moi même. Me connaître est essentiel, pour pouvoir tenter d'aider les autres à me comprendre un peu.

Une autre façon de fuir consiste à gommer les différences qui peuvent exister entre moi et les autres. Ainsi, lors d'une discussion ou d'une relation avec une tierce personne, je vais spontanément prendre le même accent, manifester les mêmes tics de langage, adopter des comportements similaires. C'est quelque chose que je maîtrise très peu et que je trouve terriblement agaçant. Je passe mon temps à espérer que les autres ne le voient pas et n'imaginent surtout pas que je me moque d'eux (ce qui n'est pas le cas du tout, bien sûr!).

La fuite se fait aussi dans la création, les couleurs, le dessin, le coloriage, la couture, la cuisine... bref, toute sorte de domaines de loisirs créatifs. Je suis peu portée sur le jardinage (peut être parce que j'ai toujours peur de mal faire et que ça ne pousse pas... certains ont les "pouces verts", moi je fais crever les plantes). En revanche j'adore tailler les haies, débroussailler, et autres choses plus "techniques". J'adorais tailler les buis, fut un temps... Pendant que je manie la cisaille ou le sécateur, mon cerveau ralentit, je parviens à sortir de mes cogitations constantes. C'est très reposant.
On peut obtenir des choses superbes, juste avec du buis...


C'est très difficile pour moi de me reposer vraiment. "Ne rien faire" ne me permet pas de mettre mon esprit en sourdine. Je dois absolument me concentrer sur quelque chose pour vider mon esprit.
Un cours d'aquagym est relativement efficace. Surtout quand je connais bien la chorégraphie... mais elle change tous les trois mois. Snif.

Pour arrêter les cogitations, je compte parfois. Mes pas, le nombre de marches, les rayures au sol, le tic-tac d'une pendule... Comme une danseuse inexpérimentée qui danserait la valse devant des tiers pour la première fois. 1, 2, 3, 4... 1, 2, 3,4.. etc

Il y a aussi la fuite tout ce qu'il y a de plus réelle. Comme la fois où je me suis enfuie dans les toilettes d'une salle des fêtes, lors d'un anniversaire, pour échapper à "la chenille". Ou cette autre fois où je m'étais cachée sous mon lit, à 16 ans, parce que mes parents avaient invité à déjeuner des gens que je n'avais pas du tout envie de voir (ça avait été pire, parce que ma mère avait eu l'idée stupide d'inviter les petits enfant à jouer dans MA chambre... elle n'avait absolument pas conscience, à l'époque, du viol de mon intimité qu'elle me faisait ainsi subir... d'autant que j'étais sous le lit en train de faire une crise d'angoisse terrible...).

Les complexités de la vie ne s'arrêtent pas là...
Mes sentiments sont complexes. C'est souvent Jeanne qui rit et Jeanne qui pleure. Je peux passer d'un état d'euphorie totale à un abattement aussi complet en un temps record. Je peux me montrer complètement indifférente à une chose un jour et y être excessivement sensible quelques temps après.
J'ai le sentiment désespérant de n'avoir strictement aucune prise sur ces réactions et c'est très effrayant. Je vis dans un univers dangereux, toujours sur le qui-vive.
C'est épuisant.

Comme je l'ai déjà expliqué, je souffre des contrastes de luminosité (une seule bougie dans la nuit, les flammes d'un briquet lors d'un spectacle ou d'un concert, et surtout la conduite de nuit sont des choses qui me sont très pénible) et de l'excès de luminosité (je sors rarement sans lunettes de soleil).


J'ai de nombreuses acouphènes et autres sensations désagréables au niveau des oreilles (bouche, débouche, vibrations...). Je suis très très sensible aux bruits générés par les autres et m'efforce le plus possible de ne pas en produire trop (vaisselle, clés, cuillère dans une tasse, dans un pot de confiture, portes et placards qui claquent...).
Certaines matières sont insupportables à toucher pour moi. Cela génère un malaise physique tellement intense que je m'abstiens, la plupart du temps (rien que d'évoquer la chose en pensée, j'ai instantanément la nausée!). Certaines textures alimentaires sont également nuisibles... J'ai découvert récemment que je ne supporte pas le jus de betterave crue (je sais, on trouve pas ça à tous les coins de rue): nausée absolue, car une sorte de "truc" râpeux affreux.
Si je suis très anxieuse, cela va modifier mes perceptions olfactives et gustatives. Un repas "normal" va prendre des saveurs infectes.

Ma vie est aussi compliquée du fait que je manque parfois de coordination.
J'arrive à suivre les cours d'aquagym et les séances de yoga (à peu près...), mais dès que les mouvements sont rapides, je suis perdue, physiquement et émotionnellement. L'aérobic en salle est devenue avec le temps un supplice.

Pour vous donner une idée de mon manque de coordination, de ma mauvaise estimation des distances, de ma vitesse ou celle d'autres objets, sachez que je suis une grande spécialiste du "loupé de virage en couloir": je ne compte même plus le nombre de fois où je me suis cognée dans le mur en voulant contourner un angle, ni les coups de table (haute ou basse) que je me suis "mangé", même en faisant attention, ou encore les montants de portes. Je me prends régulièrement des gadins, avec plus ou moins de séquelles (j'ai des cicatrices qui témoignent encore de certaines chutes). Je suis une quiche en badminton, parce que je n'arrive pas à frapper le volant au bon moment ("boing!", sur le manche!!!)...

Je parle de conduite de nuit mais ma conduite tout court peut laisser à désirer. Je m'efforce d'être bien concentrée, car j'ai parfois du mal à gérer mon véhicule, son volume, l'espace dans lequel j'évolue (mauvaise évaluation des distances, des hauteurs...). J'ai fais plus de 40 heures de cours de conduite (je rappelle que 20h sont obligatoires, pour passer le permis) et n'ai obtenu le "papier rose" qu'à la troisième tentative.

La conduite est un ensemble de procédures et ça, c'est un truc qui me pose vraiment problème. Qu'on ne se trompe pas : j'adore conduire et j'estime être une conductrice "normale". Mais ça m'a demandé des efforts très très intenses depuis 16 ans que j'ai le permis.
Les nouveaux endroits (et donc les trajets) me posent en revanche de gros soucis. Comme le fait de conduire un autre véhicule que celui auquel je suis habituée. L'idéal pour moi serait une petite citadine, à la place de la Mégane II que je conduit actuellement...

Mon rêve : la Fiat 500C ^^
Mon rêve : la Fiat 500C ! ☺ Une 500, ça serait déjà ça...
Dans l'ensemble, tout ce qui me demande une bonne coordination génère une grande anxiété. Si je dois faire quelque chose en plusieurs étapes, avec des choix à faire, en mettant en place des savoir-faire ou des savoir-être, ça va être "chaud".

L'idée même de la succession d'opérations à exécuter pour accomplir une tâche déterminée (c'est à dire ce que j'appelle les "procédures") est en soi anxiogène.
Comme je suis angoissée, la probabilité que j'exécute mal les opérations est augmentée, ce dont j'ai conscience, ce qui augmente mes risques de mauvaise exécution, etc. Du coup je passe mon temps à me poser des questions, sur l'utilité des étapes, l'utilité de la tâche... Et parfois j'abandonne purement et simplement, avec honte, parce que je suis complètement bloquée.

Si une tâche me semble sans intérêt, je ne l'accomplis pas.
Pourquoi m'infliger de la souffrance alors que c'est inutile?

Quand je vous dis que ma vie est épuisante!!!

Faire le ménage est parfois une activité insurmontable.
Prendre soin de moi également (brossage des dents, douche, séchage et brossage des cheveux, coiffure...).

Je suis assez désordonnée, surtout concernant les choses "secondaires" (mes crayons de couleur sont rangés par teinte, par contre, toujours dans le même tiroir...). Toutefois, mon désordre est en quelque sorte "organisé". J'ai une mémoire audio-visuelle et photographique. Je ne me situe pas bien dans le temps (des choses survenues il y a deux jours pourraient tout aussi bien s'être passées il y a deux mois...), mais par contre si je sais que j'ai vu un truc à tel endroit, même s'il est enterré sous une montagne de fringue en vrac, je vais retrouver ce que je cherche. La plupart du temps. ^^'

[13h26... départ pour la douche que j'avais prévu de prendre 3 heures auparavant... 13h53, de retour]

Pfff... j'ai les mains qui tremblent, pas top pour écrire... Faible tonus musculaire lié à la fatigue. C'est fréquent, je suis habituée. Je sucre les fraises par intermittence.
J'ai le cuir chevelu qui me pique et me brûle, car je me suis grattée, encore et toujours (je me gratte la tête depuis... aussi loin que je me souvienne).

Je suis épuisée... Je vais devoir laisser de nouveau ce billet de coté pour essayer de me refaire un peu la fraise.
Je souffre de fatigue chronique.
À tel point que j'en suis à 8 bilans thyroïdiens en moins de 6 ans. Toujours normaux.
Je suis habituée à la fatigue. C'est un état avec lequel je suis familière, même si c'est pénible à vivre.
C'est en partie à cause de cette fatigue que je me cogne si facilement je pense, et que je fais tomber des choses. 
C'est fatiguant d'être fatiguée.
Je me sens régulièrement "au bord de l'épuisement".

...nuit...

J'ai des troubles alimentaires depuis pas mal de temps. Hyperphagie compulsive. Difficultés à percevoir la satiété, aussi.
Justement, un de mes plus anciens intérêts restreints concerne... la bouffe.
Même à la fac de droit, j'ai réussi à faire un exposé sur les cookies (en cours d'anglais, hein... ^^').
À la primaire, je faisais tous mes exposés sur des sujets alimentaires.

Très jeune, par contre, j'ai été "accro" au sucre. À une époque, je mettais jusqu'à 7 morceaux de sucre dans mon thé du matin! Puis j'ai lu "Sugar Blues, le roman noir du sucre blanc", de William Dufty. Je me suis sevrée de la douce mais malveillante substance qu'est le saccharose raffiné, du jour au lendemain et ai tenu des mois...

Je suis fascinée par l'alimentation, la nutrition, les nutrithérapies...
Par extension, j'adore cuisiner (mais inimaginable d'en faire un travail : je supporte à peine que quelqu'un d'autre soit dans ma cuisine pendant que j'opère, alors inutile d'imaginer que je puisse passer un CAP ou créer un laboratoire culinaire !).

Toujours par extension, je m'intéresse à la médecine, la santé globale, la psychologie, la phytothérapie, l'aromathérapie, la pharmacologie...

Je cherche des réponses.
Pourquoi ai-je mal au ventre? Pourquoi ai-je la vessie si facilement irritable? Pourquoi ai-je sans arrêt des mucosités qui me gênent au niveau de l’épiglotte? Pourquoi ai-je ces douleurs récurrentes ? Pourquoi mes acouphènes ? Pourquoi mon bruxisme... Pourquoi moi?!?
Pourquoi je suis là, pourquoi j'ai une vie de merde compliquée ? Qui je suis ?
Dans quelle état j'erre? Et dans quelle étagère on devrait me ranger, dans quelle "case" ?



Qu'est ce que je suis ? Comment est-ce que je peux changer tout ça ?
Pourquoi est-ce que je me gratte partout, pourquoi est-ce que je me sens mieux quand je me balance, quand je suis dans l'eau ou quand je suis enfouie sous des couverture pesantes?

Je commence à obtenir des commencements de réponse.
Ouf!
J'ai bien fait d'entretenir l'espoir, alors !
Savoir qu'il existe des réponses est rassurant.
Ce n'est pas pour autant que ça rend ma vie rassurante.


J'ai conscience de tenir parfois des choses pour acquises. Par les autres. Par exemple le suis souvent persuadée que telle ou telle personne sait parfaitement une ou plusieurs choses me concernant, alors que ça n'est pas le cas. Cela cause des quiproquos, l'impression chez les tiers que je leur mens, leur dissimule des choses ou encore que je me moque d'eux. Ce n'est pas le cas.


Inversement il a pu m'arriver d'être excessivement confiante et crédule.


Tout cela est très confus pour moi.
Ce que je ressens est confus.
Ce que ressentent les autres aussi.
Ce qu'ils pensent et ce que j'imagine qu'ils sont susceptibles de penser...


J'essaie en permanence de donner une certaine cohérence à tout cela.
C'est peut être pour cela que j'aime beaucoup les origamis (je ne suis pas pratiquante, mais je commence à y songer). L'art des origami consiste tout de même à créer un volume plus ou moins complexe à partir d'une feuille de papier, surface simple et entière. La matière reste cohérente. Les plis sont minutieux et spécifiques, rationnels. La forme obtenue est souvent à forte charge symbolique...




Je pense que je cherche à obtenir cette cohérence dans la vie. Mais les interactions avec les autres sont malheureusement loin d'être cohérentes et logiques. Je continue d'avoir les mêmes comportements d'attente vis à vis des autres, même après avoir reçu pour preuve à de nombreuses reprises que les choses ne "fonctionnent" pas comme je l'attend.


Souvent je "m'attend" à obtenir certains résultats dans mes interactions sociales (directes ou indirectes), en agissant de telle ou telle manière. Comme si la vie était une équation mathématique simple. Sauf qu'elle ne l'est pas. En matière d'émotions, on ne peut jamais présager des résultats, des réactions des autres. Je suis souvent blessée par les réactions illogiques et imprévues.


Je le sais.
Mais une partie de moi n'arrive pas à fonctionner en fonction de ce savoir.
J'ai la connaissance du phénomène, mais mon "savoir-être" semble ne pas vouloir s'accorder à cette réalité.


Au moins je sais que j'ai fais d'énormes progrès dans certains domaines...
L'humour, par exemple. J'ai vraiment été lamentable dans cette matière, pendant des décennies. C'était très douloureux. Je me sentais vraiment exclue d'une partie de la vie sociale à cause de ce "handicap mental". Heureusement, il semblerait que j'ai appris et me soi adaptée, au fil du temps. Peut être aussi que j'accorde aujourd'hui moins d'importance à ces choses là et me laisse simplement "aller" plus facilement.


L'humour est une chose complexe, parce que parfois on ne sait pas si les gens plaisantent ou bien sont sérieux. Il y a des personnes dont je crois qu'elles plaisantent mais sont en fait très sérieuses, et inversement. Quelque part, cette difficulté face à l'identification des traits d'humour est la même que celle face à l'honnêteté des gens.


J'ai souvent eu le tors de penser que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Mouais...
Sauf que parfois la réalité vraie est toute autre...

Oui, j'ai de l'humour. Noir, même.

J'essaie de me blinder un peu plus et de partir un peu plus sur une base défensive...
Il faut que je soi capable de partir sur la base que les gens ne sont pas sympa, ne sont pas mes amis et que je dois être très très prudente avant de leur accorder ma confiance. Je ne veux pas dire que je veux être sur la défensive en permanence, ni agressive. Mais la véritable confiance se mérite. Dans la plupart des cas, mieux vaut s'en tenir à une confiance "méfiante", c'est à dire à en dire le moins possible, et à ne pas ressembler à l'agnelle de la veille.
En plus je suis loin d'être une oie blanche, alors il faut vraiment que je m'habitue à avoir l'air d'une femme solide, au lieu d'exposer sans cesse mes failles.
Je crois que je vais commencer à aller aux cours d'AquaBoxing...
Bizarrement, le peu de gestes de kick-boxing que je connais et parviens à exécuter correctement me donnent un sentiment de confiance en moi, et de plus grande solidité psychique.

Je ne pense pas en revanche que ce genre d'activité efface ma grande propension à me sentir responsable des sentiments négatifs des autres. Je ne pense malheureusement pas que ça m'aidera à cesser de culpabiliser ou avoir cette sorte de "pitié mal placée" pour les gens qui m'ont blessée ou fait du mal d'une manière que je ne cesse de juger "involontaire".


Attention : je ne culpabilise pas de ma colère contre les vrais "méchants loups", ceux qui sont ainsi, le savent, et utilisent toutes leurs capacités malfaisantes pour abuser les autres.

Je culpabilise en revanche énormément lorsque une personne que j'apprécie (ou ai apprécié), me cause de la souffrance. Une partie de moi pense que je suis en faute, pour ne pas avoir été claire, pour ne pas avoir su exprimer ma souffrance ou rectifier une "vision déformée" que l'autre a peut être eu à mon sujet, ce qui (dans mon esprit en quête de sens) l'a amené à être désagréable, agressif ou liberticide à mon égard...


La moindre divergence d'opinion avec quelqu'un que j'aime (d'amitié, de liens familiaux, d'amour...) est susceptible de prendre des dimensions "délirantes". Je vais être blessée très rapidement, parce que je prête parfois aux autres des intentions ou des pensées qu'ils n'ont pas, d'où ma culpabilité postérieure. Mes blessures émotionnelles viennent souvent de ma mentalité du "tout ou rien".
"Si il ne parle pas de faire un truc avec moi, c'est parce qu'il ne veut pas et ne voudra jamais".
Ou, plus rationnellement, il ne sait pas que ça me fait envie, peut être que je n'ai jamais évoquée la chose, peut être qu'il n'imagine même pas que ça puisse m'intéresser...
Sauf que la plupart du temps je reste "en fixette" sur le "négatif" et ne parviens pas à tenir compte de la situation globale, à dépasser mes propre préjugés et discuter.

Il y a des tas de gens avec qui j'aurais pu faire des tas de trucs, mais avec qui ça n'a jamais pu se faire, parce que je partais sur la base que ça ne les intéressait pas.
Mon mari aimait l'Opéra.
J'aurais adoré aller à l'opéra avec lui.
Je ne lui proposais même pas ce genre de sorties quand je voyais des choses comme ça au programme culturel... parce que je le savais fan de Jazz, mais pas d'Opéra.
Je ne l'ai su que quand il était déjà malade.

Cela peut toucher tous les domaines de la vie, sociale, culturelle, quotidienne...

J'éprouve de nombreux sentiments négatifs et délétères, dès que je suis en relation avec une personne que j'apprécie, principalement en raison de mes difficultés à communiquer quant à mes désirs et blessures. Je vais être obsédée par un "non" de circonstances et en faire un "non" généralisé.

Je ne sais pas comment l'écrire correctement, l'exprimer correctement, de manière à ce que ça soit comprit par le plus grand nombre.
C'est très éprouvant, émotionnellement et même physiquement.
L'idée de ne pas réussir à exprimer ce que je ressens crée un malaise physique envahissant.

À l'opposé, un simple petit compliment ou une invitation "banale" va me mettre dans un état de bonheur tout aussi délirant.

C'est vraiment "tout ou rien"...


Et c'est vraiment triste.

Je ne sais pas prioriser mes besoins personnels par rapport aux besoins ou attentes des autres.
C'est vraiment un très très gros problème.
Je fini par ne pas du tout tenir compte de ce dont j'ai besoin dans la vie pour être épanouie.

Mes besoins fondamentaux (en dehors de manger, boire, dormir etc) sont d'avoir prise sur ma vie (me sentir autonome et responsable) et d'avoir une vie sentimentale (ce qui implique intrinsèquement de réussir à communiquer efficacement avec l'homme que j'aime, ce qui est régulièrement sujet à quelques ratés...

J'ai beau aimer les mots et leur étymologie, cela ne m'aide désespérément pas à communiquer, ni par exemple à savoir prendre à part mon chéri pour lui dire quelque chose...

J'aime les mots et les modèles.
D'une certaine façon, j’entretiens l'espoir vain selon lequel en connaissant le sens des mots et l'organisation des modèles généraux, ça va me rendre plus apte à affronter la vie. Mais c'est vain, car le monde ne fonctionne pas ainsi. C'est désespérant, mais c'est comme ça.
J'aurais beau enregistrer le modèle de ce qu'il faut ou ne faut pas faire dans une situation donnée, il est probable qu'elle ne se reproduise pas, ou pas à l'identique, et je serais de nouveau dépourvue.

Chaque fois que j'ai l'impression que les choses ont évolué en positif, je me prend les pieds dans le tapis, comme si la vie se faisait un malin plaisir de me voir me casser la gueule. C'est épuisant.

J'essaie d'écrire pour comprendre, analyser, identifier les problèmes et leur trouver des solutions, mais la plupart du temps, ça ne marche pas. Pas de manière durable.
Je me sens vraiment handicapée de la communication.
Parfois c'est tellement insurmontable que j'ai seulement envie de disparaître.

Il faut dire que j'ai souvent tendance à me confier énormément aux personnes en qui j'ai confiance et à imaginer que mes confidences vont les aider à "faire les bons choix pour moi" si nécessaire.

Sauf que ça ne fonctionne évidemment pas.

Pire, cela me place parfois dans des situations vraiment dangereuses pour mon équilibre, parce que j'ai parfois le sentiment d'avoir donné toutes les "clés" à une personne pour qu'elle sache comment gérer telle ou telle situation me concernant... mais en réalité la plupart des personnes "normalement constituées" ne retiennent tout simplement pas ces informations, car elles pensent que je vais être capable d'exprimer ce que je veux ou pas, dans des situations qui leurs paraissent "simples", alors que justement, elles sont extrêmement compliquées pour moi.

J'ai tellement de mal à exprimer ce que je veux ou ne veux pas que ma vie sentimentale peut vite devenir délétère, à l'insu de l'autre, parce qu'une partie de moi voudrait que ce soit à lui de "comprendre" alors que mon esprit rationnel sait parfaitement que c'est à moi de savoir "faire comprendre".

J'ai tendance à garder pour moi beaucoup de pensées et de ressentis et à m'imaginer par ailleurs que je les ai partagé, ou que "ça se voit comme le nez au milieu de la figure".

J'ai souvent l'impression de communiquer de manière efficace et efficiente, alors que ça n'est de toute évidence pas du tout le cas. C'est épuisant et vraiment difficile à vivre.


Dès le moindre cafouillage, je me remet en cause, quand ce n'est pas les autres que je remet en question, leur présence dans ma vie, à mes cotés. Parfois la seule solution viable me semble de passer à un mode de vie de recluse, de ne plus fréquenter personne, pour ne plus souffrir ni faire souffrir les autres à cause de mes modes de pensée dysfonctionnels. Je sais pourtant que je ne peux pas vivre comme ça.
J'ai vraiment besoin des autres dans ma vie.
Même avec toutes les difficultés que j'ai par rapport aux relations sociales, j'ai malgré tout besoin d'être avec les autres. Peu mais bien.

J'aimerais tellement être capable d'analyser correctement les situations et de trouver les bonnes variables d'ajustement de manière spontanée.
En général, c'est tout le contraire qui se produit.
Je me retrouve à faire exactement ce qu'il ne faut pas, et ça me terrorise.
Je fini par être épuisée par une situation sociale subie, en colère contre moi et contre les autres... je me retrouve alors à mettre les pieds dans le plat de la manière la plus incorrecte qui soit, et n'avoir qu'une seule envie : fuir loin de toute cette agitation, simplement pour que ça s'arrête.

Fuir dans la solitude est un vieux réflexe de survie.
Malheureusement, je ne vis plus aussi bien qu'autrefois mes prises de tangente subites.
J'en éprouve au contraire une grande honte et le sentiment d'agir de manière puérile et inadaptée.
Non seulement je souffre des situations sociales que j'essaie de fuir, mais en plus je souffre de ma façon de les fuir.

Parfois je n'ai pas du tout envie de sortir de chez moi, mon havre de solitude, parce que je n'ai pas envie de parler, de devoir m'adapter. À ces moments là, les interactions sociales me semblent tout simplement insurmontables.

Quand je suis dans cet état, un coup de téléphone va être terrible (mais je vais me sentir obligée de décrocher, quitte à me montrer désagréable).
Sortir de chez moi, ou rester avec l'homme que j'aime, à ces moments, c'est épuisant... Je me sens traquée, observée, jugée. Je passe mon temps à me demander si ce que je fais ou si ma façon d'être est "correcte" ou pas. Je perd parfois complètement pied et j'ai seulement envie de disparaître au fond d'un placard capitonné, de m'endormir recroquevillée sur moi même et d'attendre que la tempête se calme. Voire de disparaître tout court.

Je conserve toujours l'espoir que tout ça se calme vraiment, complètement, un jour.

J'essaie de tout faire pour que tout ça ne se reproduise pas, mais cela revient, encore et encore, ad nauseam.

Je me sens vraiment coincée entre ma volonté d'épanouissement personnel et ma volonté de m'intégrer, de partager des choses avec les personnes que j'apprécie ou que j'aime. La "société", je m'en fous, maintenant. Elle se passe très bien de mon intégration, alors je préfère la laisser où elle est. Mais j'ai malgré tout besoin de contacts, je ne peux pas vivre sans sentiments, sans émotions et sans relations humaines.

J'ai même tellement besoin d'être avec les autres que je refoule bien trop souvent mes véritables souhaits, mes besoins. Je cherche à plaire, à satisfaire les autres, à "être comme tout le monde", sauf que je n'ai strictement pas la moindre idée de ce que ça peut bien être...
J'ai encore aujourd'hui tendance à adapter mes comportements et préferences en fonction des personnes que je fréquente, et non en fonction de mes besoins intrinsèques.

Le pire c'est que souvent je m'imagine que ce que je ressens alors fait vraiment partie de moi, alors que ça n'est pas du tout vrai. J'essaye seulement de "coller" aux "attentes" que je crois identifier chez les autres.
Cette manière d'être me dégoute profondément.



Je voudrais tant réussir à être différente...
Je voudrais tant réussir à savoir qui je suis, ce que je veux ou ne veux pas, sans me laisser influencer par quoi que ce soit, de sorte à faire passer des messages clairs et cohérents...
Je voudrais être une personne meilleure et différente.
Ou simplement trouver qui je suis et l'accepter.

J'aimerais être vue telle que je suis, honnête et sincère, et comprise, malgré ma complexité.

Je sais très bien que je suis excessivement sensible aux points de vue et opinions des autres. Je déteste qu'on mette en exergue mes limites et défaillances, même si je les connais bien. Simplement cela tombe toujours comme un couperet, quelque chose de péremptoire et de cruel. Le fameux "point où ça fait mal". Inutile d'appuyer dessus, merci bien.
Sauf que souvent les gens ne font pas du tout exprès, en fait.
Parfois, même, ils pensent réellement bien faire.

Ce n'est pas de ma faute, si je suis aussi étrangère au monde.
Je vous jure que je fais des efforts. Depuis des dizaines d'années.
Mais parfois, je me demande vraiment à quoi bon...

Et puis je pense à tous les gens que j'aime, et à toutes les choses que j'aime, et ça va un peu mieux...