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dimanche 5 février 2017

Je ne mourrais pas ce soir.

Quelle est la dose létale de prazépam ?
Pour information, c'est l'anxiolytique que je prend tous les jours, trois fois par jour.

Je suppose que si j'avalais les 80 comprimés de 10 mg des deux boites pleines qui sont dans ma cuisine, et que j'arrosais tout ça avec un alcool qui titre 49°, je pourrais m'allonger une dernière fois dans mon lit et m'endormir pour toujours...

À quoi bon cette vie, après tout ?

Je ne cherche pas à faire carrière, je ne veux pas d'enfants et je ne souhaite pas vivre en couple cohabitant. Je n'ai pas "d'ambitions" dans la vie, si ce n'est de moins souffrir et d'avoir une vie "ordinaire".
Ces temps ci, je n'atteins pas franchement mes objectifs en matière de réduction de la souffrance psychique.

J'ai souffert physiquement et mentalement toute ma vie et je n'ai pas encore 35 ans.
Les personnes qui sont atteintes de maladies chroniques savent ce qu'est la souffrance physique, jour après jour, année après année. J'ai toujours éprouvé des douleurs diffuses ou localisées, mais il n'y a pratiquement jamais eut de raisons médicales à ces douleurs "fonctionnelles". J'ai fini par apprendre à ne plus en parler, puis à les ignorer. Il est rare que j'ai mal nul part, mais ça fait partie de ma vie et les gens, y compris mes proches ne veulent généralement pas savoir.
Et bien sûr il y a la souffrance psychique, la douleur émotionnelle, qui souvent n'a même pas de cause clairement définie. Mais j'ai appris à faire avec. L'expérience m'a appris que les antidépresseurs n'y changent pas vraiment grand chose, me concernant. J'ai essayé, pendant cinq ans, mais ça n'a pas changé ma vie.

Pour le reste, j'aime mes parents, ma sœur, mon neveu et ma nièce, la grand mère qui me reste, et un homme.
Je l'aime très sincèrement et tendrement, bien que parfois je souffre de mal le connaître (notre relation est récente, c'est normal qu'il en soit ainsi).

Cependant, malgré mon attachement pour les personnes que j'aime et le respect que j'ai pour l'attachement qu'elles ont elles-mêmes pour moi, par moment je m'interroge sérieusement sur le sens de ma persévérance à continuer d'avancer dans la vie. Une partie de moi ne peut pas donner de sens rationnel à cette attitude. J'ai parfois la sensation de simplement survivre, rien de plus, de continuer "pour les autres", mais pas pour moi.

Je me lève le matin mais ma vie n'a pas de sens.
Je ne sers à rien, ou à bien peu de choses.
Je ne suis pas utile aux autres, et je représente même un coût non négligeable pour la collectivité, du fait de mes troubles psychiques, qui eux mêmes me causent des problèmes de santé, qui ont un coût également.

Je n'aime pas ma vie.

En tout cas la plus grande partie de ce qui la constitue.

Pourtant j'ai toujours envie d'essayer. De vivre.

J'ai envie de changer, de travailler, me rendre utile, aller mieux, moins souffrir, voir les enfants de ma sœur grandir et passer de bons moments avec tous les gens que j'aime.

Trois comprimés de prazépam par jour, c'est déjà bien assez.

 ...

Hier j'ai vidé une bouteille de Johnny Walker dans mon évier.
À la base je voulais boire.
Pas me saouler.
Juste avoir la tête qui tourne un peu...

J'ai bu en secret à une époque.
Des alcools forts.
Ce qu'il y avait dans le buffet du salon, chez mon mari...
Chez mon mari, ça a jamais été chez moi, ni chez nous. Même maintenant qu'il est mort.
J'ai commencé à consommer de l'alcool pour les sensations de délivrance que ça me procurait en 2013 ou 2014 environ.
J'aimais cette sensation d'anesthésie. Je voulais planer.
Je n'ai jamais été dépendante, mais je fuyais la douleur. Les douleurs.

Après... pendant un certain nombre de mois, je n'a plus bu du tout.
Puis ce whisky . Du "Sky" comme il disait, le poète...
J'ai pas vu le ciel.
J'ai vu des dizaines et des dizaines de bouteilles se vider, pendant 15 mois.
C'est pas moi qui les vidais. Même si j'ai à nouveau bu en cachette, quand même, au bout d'un certain temps. Délivrance, anesthésie, planer...

Hier j'ai failli mélanger CoDoliprane et whisky.
Codéine et alcool, je ne crois pas que ça fasse bon ménage.
Johnny a été marcher dans le siphon de mon évier.
Toute la bouteille.
Quelque part, je me suis débarrassée d'une histoire ancienne, en faisant ça.

T'as pas l'air dans ton assiette, Johnny...
Les antalgiques, je vais essayer de m'en tenir éloignée.
Pourtant j'ai mal. Mais j'ai toujours eu mal quelque part, de toute façon, que ce soit à un genou, à une épaule, la mâchoire, la vessie, le ventre, un orteil, à l'intérieur des orbites, à une arcade sourcilière, au cuir chevelu, à des côtes, à un talon (oui, j'ai mal à tous ces endroits, là, tout de suite, à des degrés divers, pas fort, mais c'est tout le temps comme ça, ou presque...).

Je vais prendre sagement mon oméprasol (réducteur d'acidité gastrique, j'ai des ulcères), rien d'autre, me coucher et essayer de dormir.

Demain je serais moins déprimée et j'irais chez mon médecin généraliste (une bronchite qui ne guérit pas, une suscpicion d'allergie aux acariens et besoin de faire confirmer mon allergie à l'ibuprofène)...

Ensuite, j'irais me défouler à la salle de sport.
J'aimerais bien aller à la bibliothèque, aussi.
En 2010, j'ai laissé pas mal de lectures en suspens à la bibliothèque centrale... Il faudra que je pense à prendre un justificatif de domicile à mon nom de jeune fille avec moi : hors de question que je garde ma carte avec mon nom d'épouse.

Mardi, je vois ma psychiatre.
J'en ai vraiment besoin, je crois.
Va falloir que je fasse une liste de ce qui tourne pas rond en ce moment...

samedi 4 février 2017

Restitution au Centre Expert Autisme... heu... j'ai déconné "grave".

Bon je vais être claire:
Aïe !

Bon, je m'en suis remise... un peu.

Selon l'équipe du Centre Expert Autisme Adulte de Niort, je ne suis pas autiste.
Voilà, c'est écrit (aïe, ça fait toujours mal...[><])

J'étais sceptique devant la rapidité de la restitution... Je rappelle que j'ai eu mon premier rendez-vous en décembre et mon second il y a 15 jours, avec mes parents.

J'ai donc passé un entretien verbal avec un psychiatre et une psychologue début décembre puis l'ADOS en janvier, pendant que mes parents passaient l'ADI-R.

Fin janvier, j'ai vue ma psychiatre qui m'a rempli un certificat médical MDPH sur lequel elle a indiqué que je présente un syndrome d'Asperger... (observez l'absence de conditionnel).

Mais la restitution du Centre Expert Autisme Adultes n'avait pas encore eut lieu.
J'ai été prévenue une semaine à l'avance qu'elle se ferait le mercredi 01er février 2017.

Je n'ai pas voulu déranger mon père et j'ai fais le choix d'y aller seule, je me sentais assez solide pour ça. Et puis j'étais convaincue qu'on allait m'annoncer une nouvelle phase de tests...

C'était la première fois que j'y allais seule et donc que je conduisais.
Je n'ai pas réussi a décrocher de mes activités avant l'heure limite que je m'étais fixée pour partir et bien entendu, la route m'a demandé plus de temps que prévu (1h45 au lieu de 1h30). J'ai appelé pour prévenir, mais il n'empêche que quand je suis arrivée j'étais vraiment mal, en pleine crise de panique. Je me suis assise dans le salon d'accueil et le psychiatre / chef de Pôle et la psychologue sont arrivés.

J'ai eu du mal à dire que la voiture m'avait épuisée, je suis partie dans des trucs sur mon weekend qui avait été chargé (ce qui est vrai, mais j'étais surtout très très anxieuse, je voulais qu'on me dise que j'avais un trouble envahissant du développement, et je me focalisais exclusivement là dessus).
Sauf que le premier truc que le psychiatre a dit après s'être assit a été:

"J'ai une bonne nouvelle pour vous, vous n'êtes pas autiste".

Les choses, dites comme ça, sur ce ton enjoué, j'ai vécu la chose très très mal.
J'avais vraiment très envie de dire, de hurler, même, que ça n'était pas une bonne nouvelle pour moi, mais je me suis retrouvée complètement enfermée à l'intérieur de moi même, avec quelques centaines de cloches.

En fait, j'ai perdu le fil de ce qui se disait.
J'ai oublié que ces gens avaient des choses à me dire, en dehors de ces quelques mots qui sonnaient comme une sentence.

Ils m'ont quand même reçue, écoutée, observée, m'ont fait passer des tests, donc ils doivent en avoir tiré des conclusions quelconques.
Seulement en ouvrant les choses sur cette affirmation, la vague d'incompréhension et de colère, le déferlement de rage qui m'a traversé à été tel que je me suis complètement fermée à tout ce qu'on pouvait me dire ensuite.

Mon cerveau est partit à 200 à l'heure et m'a laissée sur le coté, avec mon cœur qui battait à tout rompre et mes larmes prêtes à jaillir. Dans mon crâne, tout ce qui pulsait, c'était "mais c'est quoi cette restitution de merde?". Dans mon esprit, ça n'aurait pas du ressembler à ça, une "restitution". Là, j'avais l'impression d'être jugée sur ce que j'ai cru tous ces derniers mois, et que donc je subissais un jugement et recevais une sentence.

J'ai complètement zappé que ces gens ne m'avaient sans doute pas fais venir juste pour me sortir ces quelques mots qui me semblaient totalement absurdes et en décalage total avec ce que je ressens au fond de moi.

Attention: je ne me sens pas "autiste". Mais j'ai la très vive impression de souffrir de troubles envahissants du développement et de présenter des traits neuro-atypiques.

Alors peut être le vocabulaire du psychiatre était-il mal choisi, tout simplement?

Peut être que s'il avait dit "Mme, je comprends que vous soyez en souffrance, et que vous cherchiez des réponses mais, selon nous, vous n'êtes pas autiste", j'aurais réagis différemment..

A fortiori s'il avait continué par un argumentaire et avait embrayé immédiatement sur la restitution (c'est à dire les éléments que mes entretiens avaient mit en lumière). Seulement ça ne s'est pas passé comme ça.

Le psychiatre ne m'a pas laissé le temps de digérer la "bonne" nouvelle (ni le temps de réussir à dire "mais c'est pas possible!")... il a embrayé sur des questions administratives, et ça m'a fait perdre la boule. J'ai eu l'impression que je comptais pour du beurre, qu'il n'avait aucune considération pour moi, et d'un seul coup, de manière complètement stupide, je me suis dis que je n'avais pas à en avoir pour lui, moi non plus.

Là, j'ai juste été conne.

Ma psychiatre m'avait pré-diagnostiquée... je rappelle qu'elle me suit depuis plus d'un an et elle ne croyait pas du tout à la base, quand je lui parlais d'un TED me concernant... et pourtant, le 18 janvier 2017, elle a remplit mon certificat médical MDPH, sur lequel elle a indiqué "Syndrome d'Asperger" comme cause du handicap.

Alors, cette restitution, là, je l'ai vécue comme une sorte d'injustice flagrante.
J'ai beau savoir qu'ils sont formés, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'ils ne me connaissent pas, qu'ils n'ont pas le droit, qu'ils ne peuvent pas juger de mon état neurologique après avoir passé si peu de temps avec moi, même s'ils ont utilisé des outils diagnostiques homologués et reconnus (ADOS et ADI-R)...

En plus, j'avais déjà essayé de faire comprendre à ces personnes (très maladroitement, visiblement) qu'apprendre que je présentais un trouble envahissant du développement serait un soulagement pour moi, durant les entretiens. J'avais insisté sur le faite que je ne "voulais" pas être "autiste", mais je n'ai pas su dire que j'étais quand même convaincue de présenter un TED et que s'il s'avérait que ça n'était pas le cas, je le vivrais probablement très mal (en fait j'avais essayé de cacher que si les résultats étaient négatifs, je le vivrais très mal...).

En soit je dois dire que le terme "d'autisme", en tant que généralité, me révulse un peu...

Mais là, pendant cet entretien de restitution, les termes si mal choisis m'ont complètement bouleversée : le "bonne nouvelle" associé à "vous n'êtes pas autiste".

Une bonne nouvelle aurait été qu'on m'annonce "nous savons d'où provient votre souffrance psychique, vos difficultés sociales, vos problèmes de coordination, vos soucis sensoriels..."

Or il y a eut une dichotomie totale entre l'expression "bonne nouvelle" et mon attente...
Car, je ne le nie pas, j'étais dans l'attente teintée de certitude qu'on me confirme que j'étais bien neuro-atypique...
D'où la hauteur de ma chute.

Trois jours plus tard, je n'ai pas franchement dépassé le stade "ils se trompent, ils ne m'ont pas fait passer assez de tests, et un jour où l'autre, ailleurs, le diagnostic sera le bon".

Pourtant... une partie de moi commence à se dire "à quoi bon?".
Vraiment, à quoi bon?
J'aurais aimé passer le WEIS III (test de quotient intellectuel), mais ça je peux toujours, en le finançant moi même... Mais à quoi bon? Je n'ai jamais couru après la performance.

Je voulais avant tout savoir qui j'étais et je commence à le savoir, petit à petit.

Malheureusement, après m'avoir annoncée la "bonne" nouvelle, le psychiatre du centre, au lieu d'aborder les résultats de l'expertise, m'a demandé qui me suivait (j'ai fais ma demande de diagnostic sans l'appui de ma psychiatre, à la base, donc même si elle a ensuite envoyé un pré-diagnostic au CEAA, elle n'était pas techniquement impliquée dans ma démarche, à l'origine).

Ce qui m'a mise hors de moi? C'est le psychiatre du Centre, chef de Pôle, quand même, qui s'est mit à dire qu'ils enverraient "à ce monsieur" les conclusions de l'expertise...

Dans mon esprit anxieux, où était en train de se déchainer une colère terrible contre l'opposition entre "bonne nouvelle" et "pas autiste", le fait que je dise que j'étais suivie par une psychiatre, en citant son  prénom et que j'entende le psychiatre parler de ce monsieur m'a fait sortir de mes gonds.

Je venais de faire 1h45 de route, de me tromper 5 fois de route et je m'étais efforcée de pas m'arracher la peau du front à force de me gratter sous le coup de l'anxiété... On venait de m'annoncer tout le contraire de ce que j'espérais entendre et qui plus est, je me sentais rabaissée à... rien, même pas une gamine, quelqu'un qu'on écoute pas et dont on ne tient pas compte, comme si j'avais été absente, invisible.
Il me semblait que ni le psychiatre ni la psychologue n'avaient perçu à quel point j'étais désorientée par l'affirmation qu'ils m'avaient assénée d'entrée de jeu en me disant "vous n'êtes pas autiste".

J'attendais de l'humanité, de l'empathie, un soutien émotionnel, psychologique, et au lieu de ça, les personnes en présence desquelles je me trouvais n'étaient même pas capable de voir mon agitation ni d'entendre dans ma voix à quel point je prêtais de l'importance à l'identité de genre de ma psychiatre.

Alors de là à ce qu'ils se préoccupent de ce que je pouvais ressentir quant au reste...!

J'ai été stupide.

J'ai ramassées mes affaires, sans pouvoir regarder ni le psychiatre ni la psychologue, j'ai dis de manière quasi hystérique que ma psychiatre (en accentuant bien le féminin) venait de me refaire mon certificat MDPH en indiquant textuellement que je présentais un Syndrome d'Asperger...

Je me suis levée, je suis sortie de la pièce, je suis sortie du bâtiment, j'ai fouillé mon sac pour retrouver mes clés, comme si j'avais peur qu'ils me poursuivent (en espérant un peu qu'ils le fassent), et ensuite je suis remontée dans ma voiture.

J'ai hésité quelques instants à rester là, sur le parking, et puis j'ai démarré et je suis allée me garer à l'extérieur, 20 m plus loin dans la rue, pour me mettre à pleurer.

Ensuite j'ai appelé mon père pendant 50 minutes... Je me sentais vraiment mal et je voulais mourir.

Je me suis encore perdue au retour.

Au final j'ai le sentiment d'avoir tout gâché.

Au début, je me suis dis que cette "restitution", ils l'auraient fait par mail ou par courrier, ça aurait été pareil.

Sauf que je n'ai pas la moindre idée de son contenu en réalité...
Je me suis enfuie purement et simplement, comme un gamin qui refuse d'affronter la frustration de ne pas obtenir ce qu'il veut. J'ai réagis de manière puérile et stupide. Je n'ai posé aucune question. Je n'ai pas cherché à savoir ce qu'ils pensaient de mes difficultés, bref, je n'ai pas cherché à avoir un commencement de début de réponse, je ne leur ai accordé aucune confiance.
Je me suis plongée toute entière dans une logique du "tout ou rien", et au final c'est exactement ce que j'ai obtenu : RIEN. Accompagné de la frustration encore plus terrible de m'être placée de moi même face à ce néant, de m'être confrontée de moi même à précipice vide de sens.

Je suis furieuse de m'être conduite de cette façon.
Toutefois, je suis aussi furieuse contre le manque de tact de ce médecin psychiatre.

Au final, je ne sais plus où j'en suis et ce que je dois croire.

Mon père dit que l'important c'est que la MDPH relève mes difficulté réelles, peu importe l'étiquette que qui que ce soit mettra dessus. Il a raison, d'une certaine façon : j'ai avant tout besoin d'obtenir les aides appropriées, et je ne parle pas de l'AAH, mais d'un emploi, car c'est la chose qui me manque véritablement actuellement: ce truc là qui structurerait ma vie, me ferait me lever le matin, m'occuperait l'esprit et me permettrait de me confronter au monde tout en construisant moi même mon autonomie.



Mon attitude a été extrêmement impolie et irrespectueuse, ce mercredi, et ce en dépit du fait que j'ai vécu les mots du médecin psychiatre comme s'il s'agissait d'un acte de violence psychologique à mon encontre.
Oui, j'avais vraiment envie de hurler que c'était une façon parfaitement stupide de présenter les choses, mais je savais que ça aurait été indécent et je ne voulais pas donner de moi cette image là. Pourtant je souvent réagis ainsi par le passé, dans des circonstances où j'avais le sentiment d’être confrontée à une profonde injustice, notamment lorsque les tiers semblaient nier le niveau de ma souffrance psychique.

Comme je l'ai déjà écris, peut être que si le Dr F. avait dit:
"Madame, je comprends que vous soyez en souffrance, et que vous cherchiez des réponses mais, selon nos estimations, vous n'êtes pas neuro-atypique, vous ne présentez pas de trouble envahissant du développement, pas de trouble du spectre autistique", j'aurais réagis différemment.
Mais au lieu de ça il a semblé m'annoncer que youpi! je n'avais pas de cancer.

Je me suis focalisée uniquement sur un détail. Pour moi, les choses étaient "simples": il y a un manque cruel de diplomatie et de compréhension des patient(e)s adultes qui sollicitent spontanément un diagnostic auprès des CEAA.
J'étais convaincue (et je dois dire que je le reste) que les personnes qui, d'elles-mêmes, sollicitent un diagnostic de syndrome d'Asperger ou de tout autre trouble du spectre autistique auprès d'un Centre Expert, ne trouveront pas de soulagement à voir exclu un état neuro-atypique. Ce n'est pas, pour elles, un soulagement d'apprendre que, non, ça n'est pas ça leur "problème"...

De mon point de vue les adultes qui sont dans une telle démarche sont (comme moi...) des personnes qui ont cherché à comprendre toute leur vie pourquoi elles se sentaient si différentes des autres, pourquoi le monde leur semble étranger, pourquoi elles se sentent étrangères au monde, pourquoi elles semblent davantage sensibles ou au contraire beaucoup moins (voir pas du tout) sensibles à certains stimuli sensoriels (à la fois ou de manière séparée au niveau de la vue, du gout, de l'odorat, du toucher, de l'audition...) que le reste de leur entourage, pourquoi elles semblent souffrir davantage ou de manière moindre dans certaines circonstances que leurs semblables...

Il s'agit là bien sûr que d'éléments "de surface"...
J'ai le sentiment (mais je ne suis pas omnisciente) que ces personnes s'interrogent sans cesse et ne peuvent pas s'arrêter de penser, d'apprendre, de lire, d'écrire, et des tas d'autres choses... Elles se demandent pourquoi elles ont le sentiment de ressentir plus fort leurs propres émotions mais de ne pas comprendre celles des autres, pourquoi (à leur grand désarrois parfois) elles ne savent pas y donner de réponse adaptée...

Bine sûr, c'est à moi que je pense... c'est à moi que je pensais, dans cette pièce, ce "salon d'accueil", pendant ces courtes minutes où je me suis trouvée perdue, abandonnée, désespérée...
Puisque ce n'est pas ça, puisqu'ils disent que ça n'est pas ça, pourquoi continuer? J'en ai tellement marre, je n'en peux plus...
J'ai vraiment voulu mourir, l'espace d'un instant, pour faire taire la douleur et l'esprit.

Sauf que la solution n'est pas là.

La solution, c'est avancer, essayer d'aller mieux, essayer de me construire...

Peu importe le diagnostic...

De toute façon, je ne suis pas une personne "typique".
Je ne compte pas le devenir.

Pour le reste, et bien on verra.

Continuer d'avancer.
Un pas après l'autre...
 Dans la sérénité...

dimanche 20 novembre 2016

Souvenirs "rémanents"

Dans de divers domaines sensoriels, j'ai des rémanences.
Une rémanence est la persistance d'un état après la disparition de sa cause.
Au niveau de la vue ou de l'ouïe, ce sont des classiques pour moi.
Parfois ça se manifeste au niveau des autres sens, comme l'odorat ou le toucher.

Parfois c'est agréable, d'autres fois, c'est très douloureux.

Les souvenirs rémanents sont une chose complexe à gérer.
C'est comme revivre un événement d'un instant "t" dans une période "x".

Parfois l'expérience est agréable, comme manger un très bon gâteau, sentir son odeur, sa texture en bouche, son gout... D'autres fois, c'est traumatisant.

La résurgence d'émotions dans des conditions données peut être très douloureuse, parce que justement ma mémoire (qui me semble parfois pourtant défaillante) retient le moindre détail de certaines situations. Généralement les situations extrêmes de bonheur-plaisir ou de douleur-souffrance.

Ce soir je marchais sur le "Chemin des falaises" (rien de bien dangereux, par ici).
Je me sentais bien, je retrouvais un paysage familier qui me rappelait mon enfance.
Et puis il s'est mit à tomber une pluie fine et piquante... et les choses ont basculé.

J'avais 34 ans et j'en avais 13.
Je marchais dans la lande du chemin des carrières et je marchais aussi à Paris.

Voyage scolaire.

J'allais bien plus mal que je ne le laissais paraître, à l'époque.
Je m’efforçais de ne rien laisser voir, à personne, sauf quand ça devenait insoutenable.
Dans ces cas là, j'explosais.

L'attentat de la station Saint-Michel était tout récent, et notre classe circulait à pieds dans Paris.

Dans le froid humide et venteux de cet hiver là, sous le crachin, je suivais le troupeau de ma classe, avec une sorte de mépris pour mes condisciples de notre classe "sciences et arts", qui faisaient la moue devant les activités proposées aux scolaires par la Cité des Sciences de la Vilette (que je connaissais bien, moi, pour fréquenter les lieux régulièrement avec mes parents) et qui critiquaient sans vergogne les œuvres de Picasso ou autres artistes...

Dans le crachin permanent qui nous fouettait le visage, je regardais mes pieds, mes lunettes enfoncées sur les yeux, mon bonnet noir tombant sur la moitié des verres, permettant de cacher mes yeux rougis par le malaise profond que j'éprouvais alors. Un mélange de haine de moi et des autres, de colère, de rancune contre ceux qui ne me voyaient pas (alors que je me cachais sans cesse d'eux)... bref, un bonnet noir qui dissimulait mes yeux toujours humides de cette forme si nocive de désespoir qu'est celui de se sentir si différente, sans en comprendre la raison.

Chaque fois que nous passions sur un pont, je louchais vers la Seine. Je savais que dans l'eau froide du fleuve, mes vêtements se gorgeraient rapidement d'eau, que je coulerais... que l'eau froide m'engourdirait, m'endormirait, et que ça aurait pu être fini une fois pour toute.

J'avais si mal.
Je me sentais si "anormale", à tellement de points de vue...

Mais aussi mal que je me sois sentie, quelle qu'ait été ma douleur mentale de me sentir si différente sans en comprendre la raison... chaque fois que j'imaginais mettre fin à mon calvaire intérieur, je pensais avec un désespoir encore plus grand à la peine que je provoquerais immanquablement chez ma sœur si je venais à me tuer.
L'idée de la déchirure que je risquais de créer en elle m'étouffait, me faisait suffoquer, et je m'interdisais de bondir par dessus le parapet et de me jeter à l'eau.

Je pensais à tout ça, à chaque pont, et je pleurais en évitant de cligner des yeux, pour faire sécher mes larmes dans le vent, avant qu'elles ne coulent et me trahissent.
...

C'était il y a longtemps, mais les souvenirs rémanents ont pour moi cette particularité de ressembler à s'y méprendre à un vécu réel et instantané. Ce ne sont pas des hallucinations, je ne confond pas ce qui est et ce qui a été, mais c'est comme si j'avais soudain une connexion en direct avec ce qui s'est produit à un moment particulier.

Il y a parfois des éléments déclencheurs.
Ce soir je marchais seule dans un endroit que j'aime beaucoup...
Mais j'avais des lunettes de soleil sur les yeux (j'ai aujourd'hui 12/10èmes à chaque œil, les lunettes me "cachent" à présent de la luminosité et du vent), j'avais un bonnet noir sur les cheveux et le ciel s'est mit à m'asperger d'un petit crachin sans importance, dans le vent de novembre.
En outre je déteste les dimanches.
Il n'en a pas fallut davantage.

Je me suis prit une foule de souvenirs dans la tête, dans le corps, dans l'âme.
Un peu comme si une chose invisible, froide, cruelle et dure me traversait et me rouait de coups...
Un fantôme, un vestige du passé.

J'ai tournés les talons, comme si je pouvais fuir, mais mon désir de mourir, celui qui me tenait au tripes cet hiver là, à Paris, en voyage scolaire, le bonnet enfoncé sur les yeux au dessus de mes lunettes "de repos", celles qui cachaient mes larmes et ma détresse, il était enfoncé en moi comme un poinçon.

J'ai marché aussi vite que j'ai pu vers chez moi, en essayant de ne pas sombrer dans la crise d'angoisse, ou pire la crise de panique.

Mon téléphone annonçait l'arrivée de sms dans ma poche et je serrais les poings et les dents, rêvant d'arriver dans le hall de mon immeuble, de regarder le chronomètre du téléphone (ma montre est en panne) et d'oublier.

À dire vrai ça a été un peu plus compliqué que ça, mais ça va mieux, à présent.
J'ai marché 1h04 et j'aurais mieux fait de prendre ma cape de pluie.

J'aime ma sœur et j'aime toute ma famille, tous mes amis et j'aime aussi la VIE.💓💖

Et présentement, j'aime aussi les galettes de son d'avoine à la banane...😋

vendredi 23 septembre 2016

Clinique, le retour

Ouais, y'a des titres plus détonants que d'autres.
Retour à la case "clinique de santé mentale", donc.
Le précédent épisode datait du 10 mars 2015.

Bizarrement, hier, après 10 jours passés ici (je suis rentrée le 14 septembre), je commençais à me dire "mais qu'est ce que je fais là, en vrai?"

Cette après midi, après avoir passé deux heures recroquevillée dans mon lit, à me les geler grave en pyjama polaire, et à avoir mal dans tous les membres comme si on me broyait les os de l'intérieur, je ne me posais plus du tout la même question.

Je suis ici parce que le 18 aout ma sœur a déménagé à Bourges, que le 19 aout j'ai mis fin à une relation qui me faisais me sentir de plus en plus fragile, et que le 20 aout, mon mari est décédé.

Je suis là surtout parce que le 11 septembre au soir, j'ai sérieusement songé à avaler un flacon entier de Théralène (Aliménazine, pour les intimes, un médicament puissamment sédatif) et me mettre un sac sur la tête, histoire que les tempêtes qui ravagent mon esprit s'arrêtent une bonne fois pour toute... 

Mais finalement, l'idée d'avoir envisagé une telle absurdité m'a fait comprendre que j'avais vraiment besoin d'aide.

J'éprouve actuellement un immense vide et une peur de l'inconnu qui s'apparente à de la terreur.
Des tas de choses qui se sont passées ces trente dernières années se réveillent et je me les prend en plein dans la face. Ce qui n'a rien d'agréable, je vous assure.

Une chose est sûre et certaine :

Maintenant

Je veux être actrice de ma vie
Je ne veux plus me laisser paralyser par mes peurs
La peur ne doit pas sidérer
La peur doit faire avancer, progresser et s'améliorer

 

mercredi 24 août 2016

Mourir...

Je songe beaucoup à mourir, ces temps ci.


Je ne suis pas suicidaire.
Je sais que je ne passerais pas à l'action.
Il n'y a que sous Fluoxétine que j'ai jamais faillis le faire.

Mais je songe beaucoup à mourir, ces temps ci. Et depuis toujours.

La plupart des gens ignore ce que c'est que d'être une personne comme moi.

Je ne tire aucun plaisir de m'interroger en permanence sur mon existence et les raisons de tout ça.
Je ne tire aucun plaisir à avoir mon corps qui me trahit en permanence.
Je ne tire aucun plaisir de perdre parfois totalement le contrôle lorsque j'exprime mes ressentis face aux autres.

Je ne tire aucun plaisir de voir dans les autres des défauts, des incohérences, de me projeter dans les difficultés qu'ils peuvent avoir, dans les problèmes qu'ils ont pu ou vont pouvoir affronter.

Je ne suis pas omnisciente.

Je ressens tout et je ressens trop, et ça m'envahit, ça me submerge et m'emporte, et me déchiquète de l'intérieur. Je ne suis qu'un amas de débris qui s'en va dans les airs, dans les flots, dans le vide.

Je suis parfois certaine d'avoir droit au bonheur, et à d'autres moments je suis tout aussi certaine que jamais je n'aurais ce privilège, ce simple droit humain, de ne pas être malheureuse.

Les récents événements de ma vie m'ont fait perdre en moins de deux jours deux êtres chers.
Je n'étais faite pour être aux cotés ni de l'un, ni de l'autre, et je le regrette tout aussi profondément.

J'ai peur, je suis terrorisée à l'idée de ne jamais pouvoir aimer et être aimée.

Ma vie est douloureuse.
Ma vie n'est que 34 ans d'une douleur plus ou moins intense. Cette douleur de ne pas avoir de ne pas avoir de place dans le monde. La douleur de ne pas avoir d'amis. La douleur de na pas savoir où je vais. Ma vie n'est qu'obscurité.

Je ne veux pas mourir, mais je songe souvent à la mort.

Je voudrais tellement que tout s'arrête.

Je voudrais tellement être différente.
Je voudrais tellement être normal.

Je n'ai rien d'admirable ou de réussi, je ne suis qu'une chose ratée, malformée, je hais mes sens, je hais mon esprit, je me déteste.

Je voudrais tellement ne plus avoir avoir à faire face à ce monde.
Je voudrais tellement être en paix.

J'ai parfois l'impression que je ne serais jamais capable de laisser qui que ce soit m'aimer vraiment, parce que je m'aime si peu...

J'aimerais tant que quelqu'un puisse me dire en toute sincérité, et en sachant parfaitement de quoi il parle, qu'il m'aime telle que je suis.

Cela n'arrivera pas tant que je ne comprendrais pas.
Mais comment comprendre ? Voilà des décennies que je cherche, sans trouver.

Je voudrais tellement mourir.
Voilà plus de 20 ans maintenant, que je voudrais mourir.

J'étais au collège, la première fois que j'y ai songé.

J'ai peur de la maladie et de la souffrance physique, bien que je m'y sois habituée. Mon anxiété me cause tant de souffrances physiques que de douleurs morales.

La vie est injuste.
Je n'ai jamais souhaité de mal mal à personne, je n'ai jamais voulu que personne souffre, je ne comprends pas la logique de tout ça, la cohérence. Pourquoi est-ce que j'ai mal, sans cesse, encore et encore ?

C'est comme si chaque fois que j'arrive à me relever, quelque chose m’assénait un nouveau coup dans le dos, encore, et encore, et encore, et encore, pour le reste de ma vie.

Pourtant je continue de ne pas vouloir me tuer.

C'est tellement douloureux et insupportable.

J'ai parfois le sentiment que ma vie n'aboutira jamais à rien, que je resterais à jamais dans ce trou, profond, si profond...

Je sais bien que dans quelques temps, j'aurais oublié ce trou.

Ma vie est une foutue montagne russe. Mes émotions, si nombreuses, si envahissantes et invasives peuvent aussi être étourdissantes de beauté, d'amour, de douceur et de joie.

Je sais que je ressens les choses d'une manière généralement disproportionnée.
La connaissance de ce phénomène n'empêchant en rien celui-ci.

L'envie de mourir est en train de passer.

Écrire m'apaise.

Je sais que ma mère lira ceci.
Je ne veux pas que tu sois triste maman.
Ce n'est que moi, maman.
C'est comme ça que je suis maman.
J'ai tellement mal, maman.
Ma vie est parfois un rêve, maman, mais tellement souvent un cauchemars.
J'en ai tellement marre.

Demain, peut être, j'aurais oublié...
Je t'aime, maman.

À force de me balancer derrière mon clavier, ça va mieux, déjà.
La tempête s'éloigne. Je vais aller prendre une douche chaude et essayer de dormir.