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vendredi 22 novembre 2019

Nous changeons tous

Voici de longs mois que je n'ai pas écris.

Globalement, je vais mieux: mon implication dans le GEM Être ensemble me donne un nouveau moteur. Malheureusement, je me (re)découvre des limites handicapantes. Ma fatigabilité nerveuse est très envahissante, notamment. Je peine ainsi à être active plus de 4 heures d'affilée, sans être prise de vertiges ou d'altération de l'humeur (agressivité ou au contraire, euphorie). J'en ressens un sentiment d'échec et de culpabilité.

Certaines choses changent, d'autre non, il semblerait.

Quand j'écris que nous changeons tous, je veux parler de nos point de vue sur les choses passées.

Qu n'a jamais regardé en arrière sur sa vie et posé un regard neuf sur lui-même? Un regard critique, éclairé par une meilleure connaissance de lui même, de nouvelles connaissances des autres, d'un contexte qu'on ne percevait pas, autrefois, dans son ensemble?

Aujourd'hui je regarde en arrière et je me souviens de la personne fragile et malléable que j'ai été.

Les années de scolarité, passées à essayer de comprendre la direction que les autres aimeraient me voir prendre, travaillant bien moins pour moi même que pour satisfaire les autres...

Les années d'études supérieures, passées à essayer de surmonter mes angoisses, pour avoir un "vrai" diplôme...

Les années de vie de couple, passées à essayer de prouver que je pouvais être "normale", à essayer de satisfaire quelqu'un, sans me rendre vraiment compte à quel point cette attitude était illusoire, vaine, et déviante.

Les années de thérapies à essayer de trouver des solutions pour aller "mieux" avant même de regarder la réalité de mes troubles en face...

On ne décrit jamais le passé comme on l'a vécu.
Nous changeons tous notre regard.

Nos façons de ressentir, de voir ou de décrire les choses évoluent selon les éléments dont on dispose pour les comprendre, ainsi que du recul qu'on a sur celles-ci.

Alors, certes, les paroles s'envolent, les écrits restent...
Mais des écrits rédigés alors qu'on était dans tel ou tel état d'esprit (colère, revanche, apitoiement, joie, bonheur, dépression...), sont ils la traduction d'une réalité objective, ou simplement l'expression d'une compréhension des choses à un instant "T"?

Mon sujet de philosophie, au bac, était "Peut on mieux connaître le présent que le passé?"
Non, on ne peux pas.
On est jamais objectif dans le présent, car on ne peut en aucun cas en avoir une vision globale. On ne peut pas connaître les gens, les choses qui les motive, les émotions qu'ils ressentent, les conflits qu'ils vivent. Ce sont des choses qu'on ne peut découvrir qu'avec le temps. De même qu'on apprend à se connaître soi-même.

Je me suis toujours sue anxieuse et dépressive.
J'ai vécu dans l'illusion que ça passerais et que je pourrais un jour vivre "normalement".
Sauf que la "normale", ça n'existe pas.
Je vis aujourd'hui dans l'espoir d'être le moins mal possible, entourée le mieux possible de gens qui me comprennent au moins un peu et me soutiennent.
J'ai mis très longtemps à admettre que mes troubles anxieux et dépressifs constituaient un réel handicap, bien que j'ai toujours été en quête d'aide, parfois auprès des mauvaises personnes (au sens qu'elles ne pouvaient m'aider).

C'est d'autant plus difficile à admettre lorsqu'on connait de longues périodes où "tout va bien", avec une sorte de sentiment illusoire que les choses vont de mieux en mieux, que, quoi qu'on fasse, ça va continuer à aller mieux.
Lorsque l'effritement se produit, que l'anxiété et la dépression réapparaissent, on se retrouve au bord du gouffre et on ne regarde plus les choses que l'on a fais, dis ou écris de la même façon. C'est comme si la personne qu'on est, que je suis, n'était plus la même. C'est absolument terrifiant.

En ce moment, je suis en train de refaire mon dossier MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Je demande à être reconduite dans mes "droits": une reconnaissance de handicap (entre 50% et 79%), la RQTH (Reconnaissance de Qualité Travailleur Handicapé), éligibilité à l'AAH (Allocation Adulte Handicapé - je précise cependant que, depuis octobre 2016, je ne perçois plus cette allocation, ayant d'autres revenus par ailleurs... cependant y être éligible compte malgré tout). Je demande aussi une carte de priorité, dont je me garde bien d'abuser, mais qui me permet de faire certaines choses que j'évite purement et simplement, sans cela. Rassurer vous, il ne s'agit en aucun cas de stationnement ou de places assises, mais principalement du droit de couper une file d'attende en cas de crise d'angoisse. C'est aussi par exemple utile quand je fais une crise de mutisme nerveux.
L'établissement de ce dossier, c'est aussi l'occasion pour mon psychiatre de communiquer avec mon médecin traitant.

Cette démarche, ça n'est pas pour les autres que je la fais. Je n'ai rien à prouver à qui que ce soit. C'est pour moi, d'abord et avant tout.

En aucun cas, ce n'est une question d'argent, puisque justement, je ne perçois aucune allocation, que ce soit l'AAH, l'APL ou autre. C'est une question de limites à connaître et à respecter, ou a savoir titiller si nécessaire, tout en ne culpabilisant pas d'échouer. Essayer, c'est toujours important.
Je suis contente et fière d'avoir essayer de travailler (et d'essayer encore dans l'avenir?), même si je sais que ça me rend malade physiquement et psychiquement, que ça m'angoisse beaucoup et me conduit généralement à un état dépressif.
La reconnaissance de handicap ne définit pas mes empêchements, elle m'offre à mieux me connaître et mieux être connue de mon entourage social.

Je choisi d'avancer, en acceptant que nous changeons tous.
Je n’effacerais pas les choses qui se sont produites, la façon dont je les ai vécue ou interprétées.
Ce n'est plus moi, je vais vers l'avenir.
Advienne que pourra.

Je ne nie pas avoir émis des jugements déplacés, à des moments où j'étais absolument certaine d'avoir raison, puis d'avoir -sinon changé radicalement d'avis, au moins- changé mon degré de perception et donc d'expression.
Nous changeons tous: Nous révisons nos opinions et jugements, en fonction des nouveaux éléments qui nous sont révélés, ainsi qu'en fonction de nos émotions.

J'ai cru un long moment que ça avait une quelconque importance, que je sois au non "aspie" (touchée par le syndrome d'Asperger), mais ça n'en a en fait aucune. Ce qui compte, c'est que je souffre de troubles névrotiques sévères qui altèrent ma qualité de vie. Un "trouble anxieux et dépressif avec une prédominance sur la sphère phobique sociale avec agoraphobie". Un "trouble de l'adaptation", aussi. Je suis parfois "trop empathique" et j'ai du mal à "anticiper les limites affectives nécessaires"... Un état qui est susceptible d'alimenter diverses manifestations psychosomatiques, mais aussi un fort sentiment d'échec et de culpabilité. Un fonctionnement qui a malheureusement pour conséquence d'occasionner un risque de décompensation dépressive.

La plupart du temps, j'aborde la vie quotidienne seule. Parfois, pour des choses qui sortes de mes habitudes (prendre rendez-vous pour changer mes pneus, par exemple...), je suis obligée de me faire aider, parce que ça me met en panique totale...
Même quand je suis en groupe, je ne me sens pas intégrée et je vis les choses avec anxiété.
J'essaye cependant de vivre sans dépendre totalement des autres, alors que c'est ce que j'ai fais la plus grande partie de ma vie (mes parents, ma sœur, tous les hommes avec qui j'ai entretenu une relation...). Parfois par simple "confort", pour éviter d'avoir à prendre des décisions par moi-même, d'autres fois pour contourner mes angoisses et souvent par "obédience", comme si l'autre était une puissance spirituelle qui avait le pouvoir de m'indiquer "la" Voie à suivre. Une partie de moi voulait croire que, en suivant les préceptes de cet autre, j'irais mieux. Les hommes se sont succédés dans ma vie, et ce depuis depuis mes 16 ans, mais je me suis toujours fourvoyée. Aujourd'hui, j'essaie de vivre les choses de façon différente, moins fusionnelle, préservant mes opinions et mon identité.
J'essaie de ne pas toujours m'appuyer sur les mêmes personnes, aussi...
Mais j'ai conscience de rester en quête d'approbation sociale, et de "validation" de mes choix.

J'ai beaucoup changé, ces dernières années.
J'espère que c'est en bien.

Je continue d'y travailler...

jeudi 26 avril 2018

Le vert coule par la fenêtre et l'eau salée dans mon coeur

Il y a bien des années, j'écrivais des textes très poétiques...
Je ne sais pas trop quand ni comment j'ai arrêté, mais c'est comme ça.
J'aimais la fluidité des mots qui s'écoulaient sans filtres, sans recherche, exprimant ce que je ressentais, ce que je voyais, de qui passais par tous les filtres de mes sens (ou l'absence de filtres). Peut être que je me suis fermée à cause de la saturation du monde, du bruit, du trop plein de stimuli.
Avec les temps, j'ai pris conscience de mes limites extrêmes et difficiles à dépasser. Parfois faciles, d'autres fois non...

Cette fois ci non.

Il y a quelques jours Svetlana, travaillant à la MJC Louis Aragon d'Angoulême m'a contactée pour me proposer de participer à des ateliers d'écriture. La chose était ainsi présentée. Mais les choses étaient faussées. J'étais partante pour un atelier d'écriture, oui. Malheureusement ça n'était pas le projet réel.

Le projet est vraiment super et je le soutiendrais avec bonheur. Malheureusement je ne peux pas y participer. Je ne suis pas capable, en l'état actuel des choses, de participer à un tel projet.

Fanfare de mots...
Voilà le projet porté par Didier Vergnaud (éditions "Le bleu du ciel") et David Christoffel (voir sur France Culture et autres).
L'atelier d'écriture n'est qu'une partie du projet.
Il s'agit en réalité d'écrire une partition de mots, pour des récitants ou lecteurs, participants à une fanfare, avec un chef d'orchestre. Les auteurs-participants étant organisés comme des instruments : tambours, fifres, clairons et grosses caisses.
Le projet se fait en partenariat avec des élèves de seconde du lycée Marguerite de Valois (lycée que j'ai fui en 1999).
Il faut écrire, certes... mais en binôme, avec des personnes qu'on ne connait pas et qui ne nous connaissent pas, et en plus dire un texte en rythme de marche.
Ce concept est trop complexe à mettre en place pour moi.

Je suis capable d'écrire une partition poétique, une suite de mots fluide et quelque peu surréaliste ou dé-réaliste. Cependant j'ai une faible tolérance au travail en groupe, surtout lorsqu'il s'agit de créer, ce qui est davantage une activité individuelle pour moi. Mais dans le cadre d'un groupe de huit personnes c'est très différent. Très difficile.

Hier donc, j'ai participé à la première (et pour moi la dernière) session de l'atelier d'écriture destiné à donner vie à cette fanfare de mots qui se "produira" le 02 juin au matin sur le marché Victor Hugo d'Angoulême, et la soir à la Médiathèque de quartier à Ma Campagne (Angoulême).

Malheureusement, si entendre David Christoffel parler de son travail de poète et de joueur de mots à été enrichissant, le passage au travail d'écriture a été un calvaire. J'ai très vite basculé dans l'anxiété, puis dans l'angoisse. Je suis entrée en mode "blocage", trop angoissée pour écrire ou être rationnelle.
Qui plus est, mon binôme était par trop "maternelle" vis à vis de mon angoisse, m’empêchant de fait de désamorcer ma crise d'angoisse. Cherchant à me "rassurer", elle m'a seulement infantilisée, ce qui m'a plutôt mise en colère, ajoutant une émotion violente à une autre.

Le vert coule par la fenêtre, je me cache dans les bruits et l'eau salée des larmes coule dans mon cœur. Pourtant la joie, elle, coule dans mes veines. Joie soleil radieux d'espoir. Malgré la bêtise humaine face à ce que les gens ne comprennent pas et sont trop imbus d'eux même pour essayer de comprendre.

Car là a été le nœud du problème, hier : la méconnaissance de ce qu'est une maladie psychique aussi répandue que les troubles anxieux ou dépressifs.

La personne avec qui j'étais sensée travailler semblait tout à fait cultivée... mais pas sur ce genre de problématique.

J'avais exposé d'emblée mes troubles anxieux sévères dès le début de l'atelier. Principalement parce que je doutais être capable de participer à la fanfare de mots en place publique. Cependant je n'allais tout de même pas faire un exposé détaillé sur ma maladie : si les gens souhaitent savoir, il n'ont qu'à me poser des questions. S'ils ne s'y intéressent pas, à quoi bon?

La dame avec qui j'étais en binôme n'a posé aucune question. Face à ma détresse extérieurement visible, elle a prononcé les mots vains qu'ont raconte à un enfant qui a peur du noir.
Je connais ma maladie, les facteurs d'anxiété, je savais que je n'avais pas ma place dans cet atelier mais j'étais gênée de le quitter, et piégée dans mon tumulte intérieur et dans l'activité créatrice du groupe, je ne savais guère comment partir honorablement.
La femme assise à ma gauche, loin de m'apaiser, me traitait vraiment comme une enfant, comme si mon attitude de repli lui laissait à penser que j'avais besoin qu'elle veille sur moi comme une poule sur un œuf. Loin de "prendre soin" de moi, elle m'enfonçait.

Quant Mr Vergnaud a constaté que j'étais dans un tel désarrois, il s'est enquit de savoir ce qui se passait. Très normalement, il m'a suggéré de quitter l'atelier. Pragmatique, il savait visiblement que si j'étais en difficulté, ça ne pourrait pas marcher. Je lui en suis reconnaissante.

En revanche, mon binôme, certainement pleine de compassion mal placée a trouvé le moyen de me demander si je devais prendre des médicaments, comment je rentrais chez moi et si j'avais besoin d'être raccompagnée...

Là, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Stupidité humaine ordinaire.
"Je souffre d'une maladie psychique que je connais bien et que je sais gérer, merci. Je ne suis pas handicapée mentale!".

Visiblement, pour certains, la confusion est facile.

Je vais avoir 36 ans, j'ai eu tout ce temps pour apprendre à me connaître, apprendre à gérer mes troubles anxieux.
Je sais que je passerais probablement le reste de ma vie sous antidépresseurs, seul médicament qui stabilise mon état.
Je connais mes difficultés intrinsèques et je sais quand je peux essayer de repousser mes limites ou pas. Le fait est que j'aurais sans doute pu rester dans le projet "fanfare de mots" si cette dame cultivée et certainement "bien sous tous rapports" ne s'était pas montrée aussi bête à mon égard. Car c'était véritablement une démonstration de bêtise, cette façon de m’envelopper de paroles doucereuses ultra protectrices.

À aucun moment, cette dame n'a cherché à savoir ce dont j'avais besoin. Elle a simplement supposé que j'étais "fragile" à cause de ma crise d'angoisse. De fait, elle est devenu exaspérante.

Bref.
Je suis partie, agacée.

Je suis bien, là. Douleurs ordinaires des courbatures dans les cuisses, douleur de vie et de mouvement. Bleu du ciel qui caresse les toits de tuiles de lumière printanière. Façades éclatantes de calcaire, éblouissantes de blanc. Vrombissement sourd d'un aéronef de passage. Mélodie des trilles à plumes, fondues dans le rose et blanc des pétales épanouis. Vert et blanc et bleu qui coulent par mes fenêtres, se déversent dans la blancheur de mon intérieur, dans le vide accueillant de mon moi intérieur, qui se déplie et s'étire en chat paresseux. Dos rond, dos étiré, griffes plantées dans un arbre imaginaire déployant une fragrance miellée de résine.

Tout à l'heure, je cesserais d'être chat et redeviendrais une femme, sur ses deux jambes, pour aller voir des gens qui me comprennent, rue saint Ausone...

lundi 23 avril 2018

Suivi psychiatrique, relance... ou pas.

Petit retour en arrière.
En 2011, j'ai commencé à voir un psychiatre à Tarbes, et à prendre un antidépresseur qui avait amélioré de façon indéniable mon état. J'avais vu s'atténuer, pendant un temps, ma phobie sociale ancrée sur mes troubles anxieux. Malheureusement, j'avais eu également à affronter des événements extérieurs qui m'avaient fait basculer dans la dépression et peu à peu, j'avais sombré dans la chute libre...😱

En 2015, on m'avait changé de traitement au bénéfice d'un autre médicament, que j'avais choisi d'arrêter à la mi 2016, en conservant cependant des anxiolytiques.

Malheureusement, il m'a fallut un an environ pour constater que ce traitement ne convenait pas sur le long terme. J'ai recommencé à prendre le traitement initial il y a environ 3 mois maintenant.

Il y a environ 2 mois, j'ai pris rendez vous avec un nouveau psychiatre (et j'ai eu du mal à en trouver un qui prend de nouveaux patients et qui prescrit des traitements médicamenteux).💊

Il m'avait donné rendez vous ce lundi 23 avril 2018 à 12h30.📅

Dans la mâtinée, j'ai fais une crise d'angoisse en plein cours de fitness, ce qui m'a un peu mise en retard à la sortie de la salle de sport, mais j'étais à la porte du psychiatre à 12h30 pile. J'ai sonné, sans obtenir de réponse. Une fois, deux fois. Puis la porte s'est ouverte et une dame est sortie, je suis entrée et ai monté l'escalier.

Une fois dans la salle d'attente, j'entendais parler haut et clair dans le bureau, malgré France Musique.
J'en ai déduis (erreur...) que le médecin était en retard.

Il fut un temps où j'aurais toqué à la porte ou téléphoné au bout de 10 à 15 minutes d'attente.
J'ai commis l'erreur de ne pas le faire cette fois ci.

À 13h15 le psychiatre est sortit, un cigarillo aux lèvres, l'air très surprit de me trouver là.
Moi, j'avais perdu la notion du temps.⌛

Il est en fait très à l'heure. Au point que, quand son patient précédent est sortit, comme il ne m'a pas vu dans la salle d'attente, il a visiblement déduit que je ne viendrais pas.😒

Il m'a dit avoir 2 à 3 désistements par semaine, en conséquence de quoi, je dois appeler 2-3 fois par semaine vers 11h, pour savoir s'il a des disponibilités. Moi qui ait tant de mal à téléphoner!😕

Pourtant je suis partie en disant "oui, merci, d'accord".

Je suis à la fois triste et furieuse.😢😠

Angoissée, aussi, bien entendu.😧

dimanche 22 avril 2018

Routine hebdomadaire

Je ne travaille pas.
J'ai même fais le choix conscient de ne plus actualiser ma situation à Pôle Emploi au début du mois d'avril 2018. Cette décision ne va pas changer ma vie quotidienne et correspond de toute façon à une réalité : en l'état actuel des choses, mon état de santé psychique ne me permet de toute façon pas d'avoir une recherche d'emploi efficace.

Toujours est-il que, pour moi, qu'on soit lundi ou mercredi ne change pas grand chose à mon emploi du temps quotidien. Les vacances scolaires également me passent un peu par dessus la tête.

En revanche, je ne peux pas échapper aux jours où la plupart des entreprises, services et commerces sont fermés. Ma salle de sport en particulier.

Le dimanche et les jours fériés sont donc synonymes de davantage de solitude. C'est un jour où je me sens peut être plus cloîtrée dans ma vie, ce qui est compliqué à gérer.

La question n'est pas de savoir si j'ai réellement des limites ces jours-là, mais de l'émotion que cela génère en moi. Je sais que je ne peux pas faire certaines choses ces jours là, et ça me perturbe, d'une certaine façon. Cela m'angoisse et a un impact réel sur ma santé.

Bon, certes, je ne peux pas aller me défouler à la salle de sport, mais il y a d'autres choses que je peux faire sans problème, comme aller marcher (si le temps est favorable), aller faire des courses au calme dans les quelques grandes surfaces ouvertes le dimanche, et puis ranger et faire le ménage. Une activité hebdomadaire structurante qui devrait me permettre de me créer une routine.

Il n'en reste pas moins que, depuis des années, je vis les dimanches et jours fériés avec anxiété.
Le vide me fait peur.
L'idée du vide me fait peur.

Autant dire que ça n'est absolument pas rationnel.
Je dois vivre avec ça, et éventuellement réussir à le dominer et à le transformer positivement de manière à transformer cette angoisse de vide en moment privilégié pour moi même, pour prendre soin de moi et de mon cocon personnel.

Pour le moment, il s'agit de ranger, faire le ménage, puis de prendre soin de moi, me laver... en quelque sorte, me laver des angoisses de la semaine, me vider la tête.

samedi 21 avril 2018

Déménagement, emménagement...

Le 03 avril, je déménageais pour quitter un appartement où j'ai vécu quelques joies et beaucoup de coups durs, au profit d'un vrai "chez moi", certes en location, mais où je n'ai pas de passé. Un saut de puce dans Angoulême, me déplaçant à peine d'un kilomètre.

Les choses ne sont pas finies : ni l'emménagement, ni le déblaiement de mon ancienne vie. Je dois finir de trier des affaires, nettoyer les lieux du passé qui m'entravait. Et je dois aussi construire une nouvelle vie, un espace à moi.

Je me sens déjà mieux.
Pourtant les choses n'ont pas été simples.
La nuit du 03 au 04 avril a été un enfer, car toutes les tensions psychologiques et physiques ont soudain éclaté, me pourrissant bien la vie. Mon ventre a expulsé toute cette peur et cette angoisse et j'ai été vraiment malade. Ça a duré plusieurs jours et même aujourd'hui, je ne suis pas totalement remise, souffrant de faiblesse musculaire intense, avec tremblements.

Au fil du temps, les choses vont se stabiliser.

Qui plus est, lundi 23 avril, je vois mon nouveau psychiatre, et jeudi 26, je vais à la rencontre d'une association qui se consacre aux personnes en situation de maladie psychique.
Par ailleurs, la semaine prochaine également, je participe à des ateliers d'écriture au sein d'une MJC.
En en soirée, je déblaie mon ancienne vie...

Pour la nouvelle, aperçus en image :







vendredi 17 novembre 2017

Quoi de neuf sous le soleil (levant)?


Alors, quoi de neuf à la mi novembre de cette année 2017?

Pour commencer, les nouvelles les moins cools.

- J'ai attaqué (ou été attaquée, pour être plus exacte) ma cure annuelle d'infections respiratoires avec une angine virale, qui c'est transformée en rhinopharyngite. La mauvaise blague a commencé environ le 30 octobre et je commence à peine à arrêter de tousser.
Bonne nouvelle quand même : visiblement, contrairement à l'an dernier j'ai réussi à enrayer la bronchite qui n'est donc pas devenue asthmatiforme. Or j'avais fais quatre bronchites asthmatiforme l'an dernier et le moins que je puisse dire, c'est que c'est vraiment pénible.

- Dans "l'événementiel" agaçant, la succession de mon mari est toujours au point mort.
C'est agaçant. J'ai été sympa, j'ai fais preuve de bonne volonté (par exemple en payant des factures qui pourtant étaient dans l'indivision successorale), mais maintenant ça va faire 15 mois que mon époux est décédé et que les deux autres héritiers ont... disparus!🔍🔬
Mais relativisons : j'ai pris une avocate et maintenant, c'est elle qui gère le dossier.
Moi, j'attends juste que ça aboutisse... Dans la mesure où j'ai toujours fais preuve de bonne volonté, je suis très confiante. À priori, en dehors des lenteurs administratives dues à la surcharge des tribunaux à notre époque, ben... on change de notaire et on partage tout comme la loi le prévoit. Fin de l'histoire.
Nous venons de lancer les assignations à comparaître devant le tribunal de grande instance, contre les deux autres héritiers (ce qui est apparu comme étant le seul moyen sensé de débloquer la situation).
Avec un timing parfait, j'ai reçu (avec un grand étonnement) une convocation pour une audience devant la Cour d'Appel de Bordeaux pour le mois prochain.
L'appel concerne un jugement de la juge des tutelles d'Angoulême de décembre 2016, dont je n'avais jamais entendu parler, vu qu'à l'époque, j'étais encore majeur protégé. Bizarrement, je suis à peu près convaincue que c'est l'ancien tuteur de mon mari, qui voudrait toucher ses honoraires... mais je n'en sais rien en fait. Je laisse mon avocate gérer. Elle est là pour ça.

Beaucoup plus cool, je me sens enfin capable de revenir à l'emploi, après presque quatre ans hors jeu (je n'ai pas été inactive pour autant, puisque j'ai passé une partie de ce temps à aider mon mari, puis à me remettre de mon burnout de l'aidant, et ensuite j'ai aidé par-ci par-là des gens).

Comme ma licence de droit ne me sert à rien d'un point de vue qualifications professionnelles (il faut être clair : une licence universitaire générale, c'est "diplômant", mais ça n'apporte aucune compétence particulière), je fais le choix d'entrer en formation pour être secrétaire médico-sociale.
Je dois faire un stage Pôle Emploi de "PMSMP" (période de mise en situation de milieu professionnel) pour valider ce projet, histoire qu'on soit sûrs que c'est bien ce que je veux faire comme travail (vi vi vi... même que si je n'étais pas entrée à la faculté de droit en 2004, mon intention première était de passer un BTS d'assistante de direction...).
Normalement je devrais faire ce stage courant décembre 2017 tandis que la formation commence fin janvier 2018. Ensuite, ce sera 1022 heures de formation (8 mois), dont 210 heures de stage (soit 6 semaines).

En dehors de ça ?

Ben... la vie quoi!!!

samedi 11 mars 2017

Jour radieux et contrecoup...

Samedi 11 mars 2017...

Pour le troisième jour de suite, je me suis réveillée tôt, bien avant que mon réveil ne s'allume.
Malheureusement, c'est aussi le troisième jour de suite qu'une vive douleur est présente dans ma bouche, bien que moins forte que les deux derniers jours : mon bruxisme se manifeste à nouveau et ma mâchoire inférieure est mise à rude épreuve, surtout au niveau d'une couronne qui offre trop de prises aux molaires qui la surplombent. On me l'ai déjà rabotée pour cette raison, mais de toute évidence, pas de manière suffisante...

Il semblerait cependant que j'ai été davantage sereine cette nuit, car la douleur s'est atténuée, et l'inflammation du collet de la gencive avait diminué, à mon réveil.

J'avais mal partout, par contre.

Hier j'ai fais une demi heure de vélo elliptique, suivie d'une autre demi heure de rameur, puis j'ai passé 20 minutes à travailler mes abducteurs et adducteurs sur des machines de musculation, avant de finir par faire une séance de 45mn de Bodybalance™.
J'avais aussi fais les exercices du programme "dos musclé, ventre plat", qui comprend dix cycles alternant les positions de la sauterelle, pince, planche et chien tête en haut... J'avais également marché une partie de l'après midi, hier.

Donc hier, j'ai fais beaucoup de choses.
Trop de choses, trop d'efforts et aussi, trop de pensées parasites dans la tête.
Je cherchais à fuir mes pensées et une sorte de mal-être insidieux. J'ai essayé de faire preuve de légèreté, l'ai même ressentie, en fin d'après-midi, quand j'ai pris le soleil et lu, heureuse de savoir que lundi, je ne serais plus seule... Heureuse aussi de savoir qu'une personne qui m'est chère pensait à moi.

J'ai essayé de regarder la télévision, en début de soirée mais je perdais le fil de l'action au profit de pensées désagréables, alors je suis allée me coucher dès 21h30, pour lire une bonne heure avant de dormir, dans un large t-shirt arborant une photo de combi Volkswagen...

Ce matin, donc, je me suis réveillée pleine de courbatures, avec l'intention d'aller à la salle de sport faire 10 minutes de vélo elliptique et suivre un cours collectif de 30 minutes de stretching...

Je me sentais mal, épuisée et déprimée, pourtant, je suis quand même allée à la salle de sport.
Je me suis sentie mal dès que je suis entrée dans les vestiaires. Deux dames discutaient et l'une d'elles n'arrêtait pas de me bousculer avec son sac, en restant plantée debout entre les bancs et les casiers. J'avais les nerfs à vif.
Quand j'ai eu fini de me changer, j'ai vu qu'il était 11h00. Le cours collectif de TAF (Taille Abdos Fessiers) n'était pas achevé, et je suis aller faire un petit échauffement de vélo elliptique, mais j'ai été prise de vertiges et d'une intense envie de pleurer. Il n'était que 11h10, le cours ne semblait pas fini alors je me suis empressée d'aller m'enfermer dans les sanitaires.
Hors de question qu'on me voit pleurer en public...

À 11h14, quand je suis sortie, j'ai été incapable de savoir si c'était toujours le cours de TAF ou celui de stretching qui avait commencé. Personne n'attendait devant la porte et impossible de savoir si quelqu'un était sorti ou entré. Je me suis sentie encore plus abattue, incapable de franchir l'espace consacré à la musculation pour aller demander ce qu'il en était, ou attendre de voir.
Je me sentais faible et lamentable.

Je suis retournée dans les vestiaires et je suis restée assise un long moment avant de me résoudre à me changer à nouveau, en m'efforçant de ne pas pleurer, de rester "digne".
Deux dames sont entrées. Il n'était que 11h20, alors j'ai voulu savoir si je m'étais trompée, si elles sortaient du cours de TAF, si je m'étais laissée submerger par mon anxiété alors que peut être le cours précédent avait simplement prit fin un peu plus tard que prévu...
Elles n'ont malheureusement pas comprit mes questions, n'y ont pas répondu. J'ai senti les larmes couler avant d'avoir pu les retenir et on m'a demandé si j'allais bien. Il y avait une inquiétude sincère dans le ton de la question.
Blasée, j'ai laissé échappé la vérité "oui, ça va, juste une crise d'anxiété".

💭 Oui, ça va. J'ai l'habitude. J'ai horreur d'être comme ça, mais j'ai l'habitude.

L'une des deux dames m'a suggéré d'aller au hammam, pour que je me détende, mais je n'avais pas mes affaires de piscine, alors je ne pouvais pas. Et de toute façon, j'avais seulement envie de rentrer chez moi. J'avais peur de me mettre à pleurer sans pouvoir m'arrêter, si je restais là bas.

Je suis rentrée, je me suis précipitée sous la douche et là seulement, je me suis mise à pleurer.
Pour la première fois depuis très longtemps, je me suis retrouvée complètement recroquevillée par terre, dans un coin de la cabine de douche, à pleurer et à sangloter, relâchant complètement les tensions sous la pluie fine et chaude.

Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Ce que je sais, c'est qu'à un moment, c'est comme si je m'étais réveillée d'une absence, et je me suis rendue compte que j'étais en train de mordre la peau de mon poignet. Je n'avais pas mal, je ne sentais pas la peau elle même, mais le pli qu'elle formait dans ma bouche, et mes mâchoires serrées dessus. Pas très fort.
J'ai coupé l'eau et je me suis relevée difficilement, ayant toujours aussi mal dans les muscles que ce matin en me levant.

Les empreintes de dents sont restées un certain temps, mais il n'en reste plus de trace, maintenant.

J'ai eu honte de moi.
Un sentiment récurrent dont il faudrait que je me débarrasse.


Il fait si beau aujourd'hui. Le soleil brille, on nous annonce 20°C pour cet après-midi.🌞
Je devrais retourner profiter du soleil, bouger doucement, pas comme hier.
Juste profiter tranquillement...

Oui. Le fait est que j'ai fais trop de choses hier.
Ce matin, j'ai simplement éprouvé le contrecoup nerveux de toutes ces choses pourtant accomplies alors avec plaisir.
Il faut que j'accepte que je suis fatiguée et que je ne cherche pas à dépasser mes forces.
Rien de bien compliqué.


Par ailleurs il s'est passé beaucoup de choses ces derniers mois, et je réalise seulement aujourd'hui que je présente également les symptômes d'un contrecoup de ce point de vue là.
C'est comme ça, ça aussi je dois l'accepter. 😑

Il va faire beau et chaud, cet après midi, avant que la météo ne se dégrade.
Je ferais vraiment mieux d'en profiter, au lieu de me concentrer sur ce genre de choses.


Lundi, même si la météo est médiocre, il fera beau dans mon cœur...😊

lundi 31 octobre 2016

Tellement peur d'échouer

J'ai toujours éprouvé une grande peur de l'échec.
Aussi loin que je me souvienne.
Ma confiance en moi a toujours fait du rase-mottes et ce n'est que très récemment que j'ai commencé à gravir ce chemin là.

Ce billet ne sera pas long.

J'étais dans mon salon, tout à l'heure et cette sombre pensée s'est posée sur moi subrepticement:
"J'ai tellement peur d'échouer."

L'appartement que j'occupe, je le qualifie régulièrement de "destroy". Pour moi, tout est à refaire. Du sol au plafond, en passant par toutes les pièces. Mais ça n'était pas à ça que je pensais.

J'aime l'ordre et l'épure.
Cela étonnera sans doute les gens qui me connaissent, car ils savent que je suis épouvantablement bordélique. Je déteste ça. J'aime quand les choses sont classées, rangées, nettes.
Le ménage ici me désespère car quoi que je fasse, eut égard à l'état des sols et des plinthes, les choses ont un air "sale" même après que j'ai passé l'aspirateur et la serpillière.

En outre, je possède trop de choses et ne dispose pas d'assez de place pour les ranger. Cet état de chose ne pourra évoluer qu'avec un changement de meubles. J'ai besoin de place pour mes livres.

Certaines affaires vont purement et simplement "dégager".
Le linge de lit "premier prix" acquis par mon mari.
Les serviettes d’hôtellerie dont une partie me sert actuellement de serpillières contre le dégât des eaux avec lequel flirte la cabine de douche...
Une quantité incroyable de mats informatique antédiluvien.
Une grande partie de mes fringues, au fur et à mesure que je vais maigrir.

Peu à peu je vais faire la tri par le vide.
Les choses ne me manqueront pas.
Ce ne sont que des objets, des choses matérielles.
Me défaire de certains livres serait bien plus complexe, car ce sont des mots, des connaissances.
Pour le reste, je ne suis véritablement attachée qu'à quelques photos et certaines créations personnelles.

Il n'empêche, tout à l'heure, en constatant l'état de ma cuisine (qui est une horreur, pour moi qui aime cuisiner), j'ai été submergée par cette peur d'échouer, par l'idée brutale de ne pas "y arriver". Une pensée qui m'a prise à la gorge et m'a flanquée une sacrée gifle.

C'est passé maintenant.

Mais ça a été violent, l'espace d'un instant.

Juste un instant...

La cuisine devrait être un endroit fonctionnel, parfaitement en ordre et beau pour moi...
Je hais ma cuisine, à l'heure actuelle. Une pièce absurde d'environ 4m30 de long sur 2 de large.
Je hais également ma salle d'eau (qui devrait être une salle de bain, qui a été conçue comme telle...).

C'est flou, c'est normal....



samedi 2 avril 2016

Pour en finir avec les billets concernant mon histoire

Je crois que l'essentiel est dans le titre...

Attention, c'est trèèèès long.
Et c'est d'un seul jet, aussi.
(corrigé à partir de 18h20, le même jour).
Écrit ce jour, 02 avril 2016, entre 7h et 11h du matin.

J'ai envie d'en finir avec les longs billets concernant mon histoire scolaire et personnelle en général.
J'ai envie de me concentrer sur le moment présent.
Mon histoire, je la connais, donc c'est pour les quelques (rares?) lecteurs de ce blog que je dépense de l'énergie à... repousser sans cesse à plus tard l’achèvement de mon récit de ma "vie d'avant".
Une tâche qui m'apparaît aujourd'hui finalement ridicule et sans doute remplie d'orgueil...

Donc on va se le faire au pas de course...

Lycée, deuxième partie : le CEPMO pour mes années de 1ère et terminale.

J'ai écris récemment que je suis allée au CEPMO, sur l'ile d'Oléron.
En effet, durant deux ans, je suis allée là bas, dans des classes à très faibles effectifs, avec une grande liberté.
L'établissement, alors installé à Boyardville, ne comportait pas d'internat et les élèves non insulaires étaient soit logés chez l'habitant, soit dans des studios qu'ils devaient abandonner en saison estivale. J'ai logé ainsi 9 et 3 mois dans un logement à Saint-Denis (au nord de l'ile) puis 6 mois à La Côtinière (plein ouest).

La première année (en 1ère), j'ai été pas mal absente, car j'ai été rattrapée par mes troubles anxieux (que je ne savais pas nommer à l'époque) et les très nombreux troubles psychosomatiques qui y sont associés.

La chronologie se bousculant dans ma mémoire, je crois que c'est également cette année là (2000-2001) que nous avons fait un voyage d'échange avec des élèves d'un établissement autrichien situé à Graz (ville natale d'Arnold Schwarzenegger, ce dont tout le monde se fiche, je crois).
Nous y sommes allés, ils sont venus, et les deux versions ont été des cauchemars pour moi... trop, beaucoup trop de monde!!!

L'ambiance était très bonne, même si je n'ai jamais réussi à m'intégrer.
Du moins c'est le souvenir que j'en garde : je ne me sentais pas intégrée... je me sentais marginale par rapport aux autres élèves.

Je ne suis jamais allée à aucune fête et j'avais du mal (j'ai toujours cette difficulté) à me faire des "amis", ou plutôt des camarades. D'ailleurs je parlais régulièrement de condisciples, c'est dire si je me sentais étrangère à la plupart des autres élèves.
J'étais surtout attirée par les personnalités franchement atypiques.
J'ai été copine avec une élève qui a eut un déni de grossesse, avec une autre qui avait un prénom alambiqué et parlait aussi de manière alambiquée et qui a fini par quitter l'établissement en cours d'année...
J'ai aussi été amie avec une fille déjà libertine (nous étions plusieurs dans l'établissement à avoir une conception non exclusive de l'amour et de la sexualité... et puis la plupart des ados et jeunes adultes sont souvent travaillés par "ça", je pense)...
Je crois que j'ai aussi fréquenté plusieurs schizophrènes et au moins une personne atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. J'ai aussi côtoyé de jeunes adultes déjà alcooliques, mais pas plus, pas moins que ceux présents en moyenne dans un établissement "traditionnel".

Simplement au CEPMO, on se sentait plus libres, moins obligés de se cacher de tous, par rapport à qui nous étions vraiment.
C'est ce que je ressentais.
Tout ça n'était pas important, finalement, et j'espère que ce grand respect des autres reste encore une marque de l'établissement, car c'est véritablement épanouissant de pouvoir se sentir être soi même, sans avoir de craintes d'être jugé.

Ellipse concernant certaines "révélations" personnelles.

C'est à cette période que j'ai commencé à assumer le fait que je n'étais pas vraiment hétérosexuelle, ni homosexuelle, mais bisexuelle. Je me souviens l'avoir écrit à ma sœur aînée, n'arrivant pas à lui en parler verbalement.
Pour moi la bisexualité n'est pas un stade intermédiaire "d'indécis".
C'est une façon d'être à part entière, une orientation sexuelle qui en vaut une autre. Et comme je me suis échinée à l'expliquer à de nombreuses personnes, si les hétéros ne "sautent" pas "sexuellement" sur les membres de l'autre sexe, il n'y a pas de raison que les homosexuels ou bisexuels le fassent !!!

Quand je vois des gens qui ont encore ce style de raisonnement, je pense à Jackie/ Dany Boon dans "Bienvenue chez les ch'tis", qui raconte que :
"Msio l'directeurr, ma vu dég'sé (en femme) pour l'corn'val et l'a bloqué l'porte avec un' chais, d'peur qu'o j'tombe amoureux pendant lo nuit"...
Certes, il est ivre au moment où il raconte la chose à ses collègues, mais c'est franchement très explicite quant aux idées surfaites que les gens ont...

Les hétérosexuels ont ils peur à tout moment d'être seulement désirés par d'autres hétéros? En règle générale, non...
Pourquoi est-ce que les homosexuels, les bisexuels, les travestis, les transgenres, les hermaphrodites... auraient des "pulsions" (voire des compulsions) sexuelles plus marquées que les hétérosexuels?
Et en quoi cela ferait du tors à un ou une hétéro d'être simplement désiré(e) par quelqu'un(e) d'autre?
Je cherche toujours...

Je comprends qu'il y ait des mythes autour d'une minorité homosexuelle provocatrice, qui ne pense qu'au sexe. Mais la plupart des gens sont juste... des gens! Leurs actes ne sont pas définis par leur identité de genre (homme ou femme, biologiquement ou psychologiquement, et je ne parle pas même pas des trisomies sexuelles type XXY ou XYY), ni par leur identité sexuelle.

Nos actes, les miens, les vôtres, ceux de tout le monde sont une résultante d'une équation multifactorielle variable à l'infini. Cette équation tenant compte du milieu où on a grandit, des personnes qu'on a croisé, de tout un tas de facteurs environnementaux, mais aussi biologiques, neurologiques, historiques etc.

J'écris cela en résonance avec le souvenir de plusieurs filles qui ont semblé "inquiètes" que je leur "saute" dessus, dès le moment où elles ont su que j'étais potentiellement attirée par les femmes...
Tandis que les seules qui ont jamais fait battre mon cœur, alors que j'étais au lycée, ne m'ont jamais accordé un regard, ou m'ont carrément tournée en dérision...

Me concernant, je suis attirée par des personnes. Des individus. J'aime les gens avec qui le "courant" passe, au delà de leur identité de genre. Je suis attirée physiquement mais d'abord émotionnellement, intellectuellement. Les gens me plaisent ou ne me plaisent pas. Avec certains je ne vais tisser que des liens relationnels du type "voisin de pallier", tandis qu'avec d'autres, si je ressens une connectivité compatible, je vais aller plus loin.
Avant tout je respecte les autres.

Par ailleurs, c'est aussi à l'époque où j'allais au CEPMO (18-20 ans) que je me suis mise à écrire des récits érotiques. À acheter des livres érotiques, aussi, d'ailleurs. Voire pornographiques, comme les romans d'Esparbec. Mais surtout Régine Desforges, Pierre Louÿs, Sade, Françoise Rey, Pauline Réage, Emmanuelle Arsan, Françoise Simpère, Cécile Philippe... Anne Rice (oui, l'auteur de "Entretien avec un vampire" a également écrit des livres érotiques, et elle semble très versée dans la D/s, d'ailleurs.
Je lisais également des récits sur Internet...
J'étais fascinée par la sexualité, sociologiquement parlant.
Mais aussi du point de vue pratique, je ne vais pas le nier... ^^


Mais pour en revenir à mon passé...

Baccalauréat.

J'ai passé mon bac de français à Rochefort et obtenu, je crois, une moyenne de 13/20.
Les sujets écrits ne m'inspiraient pas (je ne me souviens plus du commentaire de texte, que je n'ai pas choisi, et le texte argumentatif m'a semblé déplacé, car il consistait à écrire le discours d'un élu pour les vœux de nouvel an... en classe de première, généralement, on ne fait pas de politique et je pense que la moyenne des élèves, âgés de 16 ans pour la plupart, n'a pas un point de vue suffisamment clair des politiques locales pour rédiger un argumentaire tenant la route... mais bon, je m'égare).

Mon oral a porté sur un incipit de roman... "Le père Goriot", de Balzac.
C'était une introduction très très imagée, avec des couleurs, des odeurs, des sons, et je m'étais toujours sentie très à l'aise avec ce texte, car je me projetais mentalement avec une très grande facilité dans la scène, bien que décrite de manière "répugnante", mais je n'avais qu'à fermer les yeux, et j'y étais.

Cette année là, nous testions une formule spéciale du baccalauréat, où d'autres matières connaissaient des épreuves anticipées. Étant en section littéraire Arts Plastiques, j'ai donc passé les mathématiques, la physique et les sciences de la vie et de la terre (SVT) à la fin de la première. Mathématiques -informatique, d'ailleurs. J'ai eu 10/20 sur cette matière, en grande partie grâce à ma bonne maîtrise d'Excel, car à la différence de la majorité des lycéens de 2001, toutes les classes de première du CEPMO avaient eut accès tout au long de l'année à la salle informatique... nous n'avions donc pas seulement étudié la théorie des formules, mais bel et bien pratiqué. Le sujet de maths, en revanche, a laissé pantois la plupart des élèves... et profs de mathématiques!!!
Il me semble que j'ai eu un peu plus que la moyenne en physique/SVT.
Je m'en fiche, c'est du passé.

En terminale, je ne me souviens pas vraiment de mon année, sinon que j'ai changé de logement. Le premier, au nord de Boyardville avait l'inconvénient majeur d'être coupé en deux par une ruelle : pour aller à la cuisine, à la salle d'eau, et aux WC, je devais sortir de la pièce faisant office de chambre et de pièce à vivre, traverser une venelle, passer un portillon puis rentrer dans un second local... (sympa à la belle saison, mais franchement pas top en hiver au moment des tempêtes).

J'ai le souvenir de grands froids durant l'hiver 2001/2002 (jusqu'à -8°C dans ma voiture, certains matins).

D'un prof de lettres et philosophie encore trop fraîchement sortit de sa fac pour se mettre à la portée d'une classe de lycée.
Il semblait obsédé par les commentaires de textes, alors que cet exercice me faisait déjà horreur (il m'a toujours semblé saugrenu de vouloir commenter ce qu'un auteur à "voulu dire" dans un texte : l'auteur a écrit. Point. Certes on peut relever des figures de styles, comparaisons, métaphores et autres... mais malgré tout, ça reste bizarre dans ma tête).
Je crois que mon aversion pour les commentaires de textes m'a fâchée avec la littérature française, car après le lycée, j'ai toujours eu du mal à lire les "classiques". Sauf érotiques... :P

Après tout, mon premier prof de mathématiques, au collège, m'a bien créée une aversion pour la discipline, que j'adorais pourtant jusque là... Mais "L'arithmétique appliquée et impertinente" de Mr Jean-Louis Fournier, livre adapté à la télévision en série animée, commentée par le très regretté Claude Piéplu (célèbre voix "off" des non moins célèbres Shadocks), m'en a redonné le gout quelques années plus tard...
D'ailleurs je crois que je vais demander ça pour mon anniversaire... Avec "La grammaire française et impertinente".
Mais je m’égare...

En philosophie, j'attendais des cours vivants et dynamiques et j'ai eu le sentiment de faire face à un mur. Pas de cours dynamiques sur les grands thèmes au programme, pas d'échanges avec le prof sur les grandes notions ou les grands auteurs, de l'antiquité à nos jours... Rien.
La conscience et l'inconscient ? aux oubliettes... les passions, la connaissance d'autrui, l'espace, le temps, l'histoire, le langage, la logique et les mathématiques, les sciences de la matière, la connaissance du vivant, la justice, l'art, la liberté, la perception, la mémoire, l'illusion, l'existence, l'imagination, etc. He bien? Rien, un néant d'exploration et d'intéractions humaines.
Commentaires de textes sur commentaires de textes...
Quelle horreur!
Des cours de philo où on ne nous montrait pas ce qu'était philosopher!!!
Je choisissais systématiquement les dissertations, à tous les contrôles.
Heureusement que j'avais acheté les manuels de philosophie de Verger et Huisman (bien qu'aujourd'hui, quand je les lis, je les trouve singulièrement subjectifs... et pas dans le bon sens tu terme...).
En la matière, finalement, j'ai passé le bac en "freestyle".

Toutefois je ne garde aucune rancune pour Fabrice, notre professeur. Il était plein de bonne volonté et on le sentait plein de désir de bien faire, remplit de sa mission de partage du savoir. Même si je trouvais qu'il s'y prenait comme une patate (mais je ne suis peut être pas bien placée pour juger, en tant qu'élève).

En Lettres, ça n'a guère été mieux et je me suis mal préparée à l'examen.
Là aussi les commentaires de textes étaient centraux, mais finalement pas assez orientés par rapport au programme. Peu importe.
Je n'ai pas suffisamment lu et relu "Tristan et Yseult" pour m'en imprégner, habituée aux lectures uniques et passionnées, me laissant des souvenirs gravés. Mais insuffisants cette année là.
Sans doute aurais-je dû compulser les analyses sur Internet, mais je n'y ai même pas pensé...
Peu importe, c'est le passé.

Je n'ai pratiquement révisé aucun cours pour passer le baccalauréat, en fait.
Du reste, j'avais égaré la grande majorité de mes notes de cours, au fil des mois...
J'avais toujours suivie ma scolarité sur mes "acquis de cours", j'ai passé le bac de la même façon.

À la nuance près que j'ai passé le bac sous Lexomil, à raison d'une barrette par jour (1/4 matin, midi, soir et 1/4 avant les épreuves)!

En effet, trois semaines avant les épreuves, je ne dormais plus la nuit...

J'ai lu l'intégrale du roman "Les misérables" à ce moment là (j'aurais mieux fait de relire "Tristan et Yseult" nuit après nuit, quand j'y repense...).

Du bac, finalement, je ne me souviens que des sujets de Lettre et de Philosophie que j'ai choisi...
En lettres, "Les couleurs dans la balade de Tristan et Yseult" (Aaaaaaarg...7/20)
En philosophie "Peut-on mieux connaître le présent que le passé" (Youpiiii... 13/20).
Je me suis délectée du sujet de philosophie des jours durant, je dois dire.
En dehors de ça, le reste est sans importance.
Y compris mon épreuve pratique d'arts plastiques, de 5heures, à La Rochelle. Je n'ai pas aimé ce que j'avais fait, en fait. Donc autant zapper.

J'ai obtenu le bac avec une "petite" mention "Assez Bien".
Première "victoire" personnelle car ma sœur aînée, qui n'avait jamais redoublé et avait déjà finie son école d'infirmière, avait obtenu son bac sans ce petit "plus"... Sans me sentir supérieure à elle (voire toujours inférieure), je remontais quand même un peu dans mon estime personnelle.

Université de Poitiers :
Sociologie/ Psychologie... Psychologie/Sociologie...
Psychologie/Introduction aux Lettres...

J'étais fascinée par la sociologie, mais quand je me suis "essayée" à cette filière à l'Université de Poitiers, j'ai vite déchanté, tous les professeurs et maîtres de conférence tenant pour acquis que nous venions tous de la filière Économique et Social.
Heu... ben non, en fait.
J'ai donc interchangé ma matière principale (Sociologie) pour ma matière secondaire (Psychologie).
Je me suis quand même ramassée aux examens, n'ayant jamais appris à apprendre.
Sans compter que les 4 heures de sociologie hebdomadaire en "matière de découverte" étaient particulièrement indigestes. Sauf quand un chat se promenait dans l'amphi, là, c'était drôle... mais le prof ne pouvait plus faire cours.

Je retenais facilement les éléments de culture générale, mais les détails plus techniques ne me pénétraient pas. Par ailleurs j'avais rencontré un homme qui, pour sa part avait finies ses études, à Saint-Cyr et était alors Capitaine de gendarmerie à Douai... et je loupais régulièrement de nombreux cours pour aller le rejoindre à Paris, Rochefort ou autres... Il ne comprenait pas mon incapacité totale à aller à la bibliothèque universitaire, lui qui n'avait pratiquement jamais assisté à un seul cours magistral durant sa licence d'histoire de l'art (ou une matière dans le genre), et ne comprenait donc pas non plus qu'en me faisant louper des semaines entières de cours, c'était me faire perdre toutes mes chances de valider mes semestres.
Du reste, je crois qu'il s'en fichait totalement.
J'étais mignonne et... bon, voilà quoi. C'est tout ce qui lui "parlait", à lui.

J'ai foiré mon année.
J'ai tenté le rattrapage, sans illusion.
Je me suis de nouveau ramassée.
Les seules matières que j'ai validé pour le 1er semestre étaient les techniques documentaires (examen passé sur table, car les séances de travaux dirigés étaient trop avancées lorsque j'ai échangé ma majeure contre ma mineure (sociologie >psychologie) et la langue vivante.

J'ai redoublé, en choisissant "Lettres" comme matière de découverte, à la place de sociologie. J'y ai obtenue une bonne note de premier semestre, mais en janvier 2004, j'ai définitivement abandonnés les cours à Poitiers.

Tentative de prise d'indépendance.

En avril de la même année, je me suis mise en quête d'un logement à Angoulême.
Je fréquentais alors beaucoup Alain, rencontré par le biais d'Internet, et plus du tout "mon" gendarme.

En mars 2004 je me suis installée dans un studio insalubre où je ne suis restée en fait que 3 mois, puisqu'en juin 2004, j'ai emménagé en catimini chez Alain, que sa compagne avait, très théâtralement, décidé de quitter... Dans l'espoir qu'il ne supporte pas de vivre seul et vienne la supplier de revenir.
Sauf qu'il n'était pas seul.
Quand elle s'en est rendue compte, pendant plusieurs semaines, tous les soirs, puis toutes les nuits, elle appelait, encore, encore et encore. Par moment elle demandait à me parler, mais Alain lui répondait invariablement "non, elle ne veut pas". "Elle" (moi) aurait bien aimé dormir tranquille, surtout, quitte à déposer plainte pour harcèlement téléphonique!!!

Loin d'être une briseuse de ménages, la situation d'Alain m'avait incommodée dès que j'en avais pris connaissance. Ainsi, le fait de savoir qu'il avait une concubine depuis 20 ans, qu'il refusait d'épouser, et que j'étais en quelque sorte la "maîtresse" de cet homme divorcé de longue date, mais ayant deux grands garçons (âgés respectivement de 5 et 10 ans de plus que moi), c'était difficile psychologiquement.

Pour que les choses soient très claires, car je les assume pleinement, à 17 ans environ, j'ai commencé à écrire des textes érotiques très explicites. Au début uniquement pour moi. Un loisir comme un autre. J'aime écrire et je passais des après midi entières à libérer mes pensées à travers cet exutoire.
Puis, à force d'en lire sur Internet, j'ai réalisé que leur publication me donnerais accès aux archives de certains sites. Sans hésitation, je devenais alors contributrice, à raison d'une publication mensuelle, m'assurant l'accès à "l'entre-peaux" d'un site québecois.
J'avais un profil sur ledit site et indiquais que je vivais en France métropolitaine, et plus précisément, en Charente.
Alain lisait les textes que je publiais et c'est ainsi que nous nous sommes connus.
Via un site d'échanges érotiques.
Je ne vois pas en quoi je devrais en avoir honte, maintenant que les personnes qui auraient pu s'en montrer choquées sont sorties de notre entourage.
J'estime que la sexualité et les récits érotiques sont un mode d'expression comme un autre. Comme le nu en peinture ou les hanches de Marilyn au cinéma...

Alain et moi avons échangés des mails pendant deux ans, avant de nous rencontrer réellement, le 27 mai 2001, alors que j'avais 19 ans.
J'étais alors encore scolarisée au CEPMO.
Cette rencontre n'avait pas été très positive, car l'homme qui m'avait fait face ce jour là ne ressemblait en rien à la personne que j'avais idéalisée d'après ses écrits. Je le repoussais donc, préférant rester fixée sur un personnage fait de mots et d'espoirs. J'avais d'autres expériences, plus ou moins réussies, mais je fini par le fréquenter réellement. Il était fou amoureux de moi. Moi... j'étais heureuse d'être aimée, écoutée, choyée. Je "jouais" à la "petite femme".
En vérité, en 2004, j'étais âgée de 22 ans et complètement perdue quant à mon passé, mon présent et mon futur. Je ne voyais pas où j'allais, j'étais terrorisée par le monde, j'avais peur de retourner de nouveau chez mes parents et de leur avouer que je n'arrivais pas du tout à affronter la vie.
C'est la raison principale pour laquelle j'ai aimé Alain et me suis installée avec lui.
Nos 34 années de différence d'âge étaient pour moi une sorte de garantie qu'il connaissait la vie et saurait me "protéger" de celle-ci.

Alors lorsqu'en avril il m'a annoncé le départ de sa concubine et m'a invitée à venir habiter chez lui, j'ai accepté.

Ne souhaitant pas être entretenue, je voulais vraiment reprendre des études, passer un BTS ou... ou réaliser un vieux rêve, un défi...

Depuis le collège, j'avais envie d'étudier le Droit, mais mes enseignants et conseillers d'orientation n'avaient de cesse de me décourager. De fait, quand j'ai annoncé à mes parents qu'à la rentrée suivante (2005/2006) je m'inscrivais au Centre Universitaire de la Charente en première année de Droit, ma mère n'a pu retenir une exclamation pleine de sens :
"La fac de Droit ? Mais c'est pour les bosseurs, ça !". Merci maman...

Faculté de Droit - Centre Universitaire de la Charente (CUC), antenne délocalisée de l'Université de Poitiers.

La première année s'est plutôt bien passée.
J'avais regagné du terrain sur ma carence d'estime personnelle.
J'osais prendre la parole en public.
Les cours d'anglais étaient géniaux.
J'avais appris à me mettre au premier rang de sorte à ne pas percevoir les autres, leurs papotages, les bruits des feuilles qu'on tourne...
Les cours d'histoire du droit me traumatisaient, mais je surnageais mieux que la moyenne, fonctionnant toujours en grande partie sur mes acquis de cours.

Je haïssais profondément les séances de travaux dirigés et priais l'univers pour qu'on ne m'interroge jamais.

En avril ou en mai 2005, Alain a proposé que nous établissions un PACS.
Motifs avant tout fiscaux : je lui faisais gagner une part fiscale, et en plus je ne travaillais pas.

Ma seconde année de droit s'est moins bien passée que la première.
Mon anxiété est revenue au galop.
J'étais perdue dans mes cours et Alain, qui avait fait en son temps une classe préparatoire à une grande école, m'a alors apprit à faire des fiches.

Toutefois je restais à la traîne sur les majeures qu'étaient le Droit Civil et le Droit Administratif.
Les deux matières "à TD". De fait, c'étaient les TD qui me plombaient.
En droit civil les TD portaient davantage sur la philosophie et la théorisation que sur la bonne compréhension juridique. J'avais l'impression de me retrouver en terminale avec mon prof de philo... sauf que là, nous étions sensés travailler à l'approfondissement des cours magistraux et nous nous retrouvions à discuter théorie, interprétations et opinions des "grands" auteurs, etc.
Moi qui fuyais la bibliothèque universitaire comme la peste, risquant une crise de panique chaque fois que je m'en approchais, ces travaux dirigés étaient un enfer...
En droit administratif, j'étais paralysée par la jurisprudence, principale source d'un droit non codifié... Il fallait donc connaître par cœur les intitulés des arrêts, leurs dates, les sujets concernés. Un enfer là aussi, car je mémorise très mal ce genre de choses. Je n'arrive pas à visualiser les dates, leurs tenant et aboutissants, à relier les noms des parties. C'est passablement horrible. La littérature, oui, les chiffres et dates, non.

Devant ma situation, j'ai fais un choix. Je me suis concentrée sur les Unités d'Enseignement (UE) "mineures", que j'ai travaillées à fond, certaines pour les examens, d'autres pour le rattrapage... et j'ai totalement laissé de coté les majeures constituant l'UE1, c'est à dire droit civil et droit administratif.

J'ai donc redoublé ma seconde année de licence, consacrant totalement ce repiquage à l'étude des deux matières où j'avais des difficultés, c'est à dire Droit Civil et Droit Administratif. Pas de bol, je me retrouvais avec le même chargé de TD en droit civil, tandis que celui de droit administratif changeait. Ouf.
Au final j'ai eu 12 en droit administratif et 08 en droit civil... avec le même coefficient, ça m'a fait un joli 10/20.

En décembre 2007, on a diagnostiqué à Alain une dilatation aortique grave.
Le 16 décembre 2007. J'avais un partiel de droit civil le matin. Alain passait un scanner thoracique l'après-midi et avait rendez-vous chez le cardiologue dans la foulée.
Il avait alors 59 ans.
Dans le cabinet du cardiologue, il a déclaré qu'il voulait que nous nous marions. Nous sommes passés à la mairie sur le chemin du retour pour prendre les papiers et le 25 janvier 2008, nous sommes passés devant le maire en tout petit comité.
C'était un vendredi. Quelques heures avant j'étais en séance de travaux dirigés de droit civil et mon détestable chargé de TD, outrageusement obsédé par la philosophie du droit, scandant régulièrement à qui voulait l'entendre que, lui, il avait fait la majorité de ses études sans jamais mettre un pied en cours magistral, mais en fréquentant assidument la bibliothèque universitaire pour emmagasiner du savoir, m'avait ramassé ma copie, sur laquelle j'avais gribouillé que je me mariais le soir même. Je n'ai pas eu le temps de prendre une gomme qu'il avait déjà tiré la copie double de ma table.

Alain a été hospitalisé à Bordeaux le 29 mars 2008 (et opéré le 31, il me semble).
Son aorte faisait alors presque 60 mm de diamètre, contre 20 à 25 mm chez une personne en bonne santé. On lui a passé un manchon en téflon dans le vaisseau exagérément dilaté et remplacé une valve du cœur par une prothèse mécanique en carbone et titane, l'obligeant ainsi à prendre un traitement anticoagulant jusqu'à la fin de ses jours.

En septembre 2008, alors qu'Alain commençait à profiter de sa retraite, j'entrais en troisième année de droit.

C'était la dernière année "faisable" à Angoulême et non à Poitiers.
Terminus en matière de droit me concernant.
Je commençais à être habituée aux fiches.
Nous étions peu nombreux dans la promo et de cette année, je retiens : la neige de l'hiver 2008/2009, mes troubles anxieux en aggravation, avec des diarrhées fonctionnelles quotidiennes, et des crises de larmes dans les toilettes, presque à chaque entre-cours.
Plus deux notes.
17/20 en droit du travail, à l'oral (wahou!!!)!
13/20 en droit communautaire, à l'écrit, sur un exercice que je hais et que je ne sais pas faire, un commentaire d'arrêt.

Je sais que je ne sais pas faire de commentaire juridique et pourtant j'ai obtenue l'honorable note de 13/20 sur un commentaire juridique. Mais je sais pertinemment que je ne sais pas faire de commentaire d'arrêt, ce qui signifie que je ne devrais pas avoir obtenue une telle note. Pourtant je l'ai obtenue. Elle est réelle et objective. C'est donc ma conviction de ne pas savoir commenter un arrêt qui est erronée. Mais pourtant c'est une conviction profondément ancrée en moi.
On appelle ça une distorsion cognitive : une pensée irrationnelle qui se heurte à une preuve rationnelle allant dans le sens opposé, mais la preuve ne suffit absolument pas à abolir la pensée irrationnelle.

J'avais peu de loisirs avec Alain. Nous ne sortions presque jamais, pas de restaurants, sauf des cafeteria, de temps en temps... Pas de ciné, pas de concerts, rien. Juste la "balade" du dimanche, sur le marché. Pour ça, il aimait que je me fasse belle et sexy, histoire de me montrer... je suppose. On faisait le tour, on achetait rien (de toute façon, nous n'achetions que en magasins "discount"), sauf des pommes "hors calibrage" chez "Tastet"...
Bref, je m'ennuyais profondément... mais je continuais de "suivre la vague".
Par trouille de l'inconnu.
Par défaut d'une lueur d'espoir...

"Phobie sociale".

Voilà.
J'ai obtenue ma licence de droit en avril 2009, sans passer par le rattrapage.
Je me suis laissé le temps et en septembre, j'ai voulu m'inscrire à Pôle Emploi.

L'univers s'est effondré.
Je me suis effondrée.

Je suis allée voir mon médecin traitant, laquelle me suivait depuis déjà deux ans pour mes troubles anxieux.
Elle a évoqué une possible "phobie sociale".
J'ai lu le livre de Christophe André "La peur des autres".
Je l'ai annoté presque à chaque page!!!

Pyrénées... travail pour moi, anxiété exacerbée... maladie de mon mari.

Mon mari voulait déménager près des Pyrénées, à Pau ou à Tarbes.
Nous avons consacré beaucoup de temps à chercher une maison, bien que j'aurais préféré un appartement.
Nous avons fini par trouver.

Emménagés en mars 2011, nous avons passé l'été à randonner dans les environs d'Argelès-Gazost et la vallée des Gaves (en face de la ville de Lourdes).
J'ai trouvé un emploi d'assistante de vie auprès d'une association en novembre 2011. Un CDD de 3 mois, qui a évolué en CDI.


Malheureusement Alain commençait déjà à présenter certains troubles inquiétants... des agrippements incontrôlés, des troubles de l'équilibre...

Il a fallut un an, deux neurologues et l'expertise de l'hôpital Purpan, à Toulouse, pour diagnostiquer sa Dégénérescence Cortico Basale (DCB). Maladie neurodégénérative rare, apparentée aux maladies d'Alzheimer et de Parkinson.

La maladie a progressé sans cesse. L'anxiété d'Alain également, la mienne suivant le mouvement.
À la mi novembre 2013, alors que j'avais depuis longtemps déjà cessé d'aller à la clinique Caussade pour être suivie par le CMP de Tarbes, le psychiatre qui me suivait m'a purement et simplement mise en arrêt maladie.

J'ai accepté sans broncher, bien qu'incapable de dire à Alain la chose.

Il s'est mit en colère, le soir.
J'ai été très choquée.
Ses colères étaient de plus en plus fréquentes, violentes, avec un fond de méchanceté à mon égard.
Il m'a finalement dit qu'il n'avait jamais voulu que je travaille, que ça l'embêtait parce que ça nous empêchait d'être "ensemble" et de faire ce "qu'on" voulait.
En gros ça le privait de moi, alors que moi, ça m'offrait un peu de liberté.

Je me suis de plus en plus sentie prise au piège, surveillée, contrainte à être présente, tout en étant littéralement interdite d'ordinateur le weekend car "moi, je pouvais faire autre chose!"... alors j'allais dans la cuisine, je regardais la télévision et je mangeais.

Je préparais des repas qu'il percevait comme "dégueulasses", ayant perdues les connexions olfactives et donc ses sensations retro-nasales, qui participent (voire constituent) à notre odorat et notre sens du gout. Percevant les saveurs de base par ses papilles, plus rien n'a vraiment de gout pour lui, depuis longtemps.

Alain s'est efforcé de fuir la maladie, de continuer à marcher, à faire du sport d'appartement.
Il a continué à me terroriser par ses colères...
Puis il est tombé dans l'escalier.
Douze agrafes sur le sommet du crâne, mais rien de cassé.
Il a malgré tout continué de refuser le fauteuil roulant, jusqu'à ce qu'un de ses fils le convainque... juste parce qu'il voulait que ce fils inquiet et bien intentionné soit rassuré.
J'en ai pris pour mon grade, à l'occasion.
Le fils ne s'est pas privé de m'accuser de ne pas assez stimuler son père, sans tenir compte un seul instant de mes réalités du quotidien...

Lors d'une autre visite, j'ai compris que je commençais à devenir "personæ non gratta" sur les photos de "famille"... Blessée, je me suis malgré tout écartée sans protester.

J'avais commencé à envisager le retour en Charente, les montagnes des Pyrénées étant un crève cœur pour Alain, lui qui rêvait de passer sa retraite à jardiner et randonner... Nous nous sommes donc mis en quête d'un appartement (ma préférence) ou d'une maison (celle d'Alain)...

Septembre 2014, retour en Charente...

Nous avons ré-emménagé en Charente en septembre 2014, dans un appartement qu'Alain m'avait dit de choisir pour moi, car il considérait qu'il "serait mort avant d'y emménager"...

Et puis la suite, lisible dans les billets passés...

Des crises d'agitation aigüe allant en croissant, jusqu'au burnout de l'aidant et mon hospitalisation à la clinique de santé mentale "La Villa Bleue" à Jarnac, le 10 mars 2015.

Lorsque je suis sortie,  début avril 2015, je ne suis pas retournée vivre avec mon mari. J'ai été hébergée un temps par ma soeur, puis par mes parents, avant de finalement retourner vivre à Angoulême, hebergée à titre gratuit dans la résidence secondaire de mes parents. 

J'ai fais le choix de déclarer moi même mon abandon de domicile à la police,  mais de rester mariée.

J'avais, bien avant mon hospitalisation, demandé une mise sous protection juridique, pour mon mari, et pour moi-même. Ces demandes ont abouti, l'une comme l'autre, de sorte à nous protéger,  l'un comme l'autre, dans nos situations respectives.

Nous nous voyons de temps à autre et ne sommes pas en froid.
Mon départ remonte à plus d'un an, à présent. 

Voilà.
Maintenant, j'avance.