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jeudi 26 mai 2022

Pour vivre heureuse...

Nous sommes le 26 mai 2022.
Dans moins d'un mois, j'aurais 40 ans.
Bizarrement, je n'aurais pas imaginé atteindre cet âge là.
Ma vie a été faite d'embûches, mais surtouts de grands doutes, de très grandes hontes de moi, et de la conviction profonde que tout cela tournerait mal, un jour ou l'autre.

Je pense pouvoir dire que ça a été le cas, avec ma rencontre et ma vie commune avec Alain, l'homme qui fut mon mari, et qui a, l'air de rien, accentué ma haine de moi même, ma honte de la femme que je suis.

Qui suis-je?
Une femme. Avec ses qualités et ses défauts. Avec une passion pour l'écriture, le dessin, la peinture, la cuisine, les bonnes choses de la vie. Avec un esprit généralement vif (mais pas toujours).

Pourquoi ai-je souffert si jeune, dès mes 7 ou 8 ans?
Parce que j'étais irrésistiblement attirée par la sexualité. Qui plus est, une sexualité hors des critères "traditionnels". Pour tous ceux qui comprendront, je n'étais pas forcément très portée sur le sexe "vanille".

J'avais la conviction profonde que ça n'était pas "normal".

Aujourd'hui, je n'ai plus ce genre de prévenances.

J'ai envie de vivre ma vie, de manière épanouissante avant tout.

Du moment que je ne fais de mal à personne, où est le problème?


jeudi 17 décembre 2020

Une sexualié précoce n'a rien à voir avec la pédophilie

ATTENTION CONTENU RELATIF À MA SEXUALITÉ
(et divers problèmes de santé physique et psychique)
 
 
Je ne me souviens plus à quel âge j'ai commencé à être intéressée par la sexualité.
Ça a été très précoce chez moi, et cela a prit diverses formes successives, que je ne renie pas. Certaines font encore partie de moi, tandis que d'autres se sont atténuées, estompées, voire se sont mises à me faire horreur et je les ai expurgées du mieux que possible de mon univers intérieur..

La sexualité est très exposée, de nos jours. Partout, à outrance. Souvent sous couvert d'information, les médias versent dans une quête de sensationnalisme en la matière. Qu'il s'agisse d'évoquer certaines pratiques spécifiques rendant bien heureux leurs pratiquants, qui ne font de mal à personne (du moment que tout le monde est consentant) ou de médiatiser des dérives, drames ou autres histoires de vie gâchées, bouleversées, saccagées.
On médiatise la sexualité des adultes... mais on explique très peu celle des enfants. Sans doute pour ne pas prendre le risque d'être accusé de pédophilie et autres crimes.
 
Toutefois il faut savoir que la sexualité de l'enfant existe et est étudiée depuis des décennies par les pédopsychiatres. Dans ses aspects "normaux" ou pathologiques.
 
"L’enfant en âge d’aller à l’école primaire – entre 6 et 11 ans environ – est habité et mû, entre autres, par sa pulsion et ses désirs sexuels. C’est une énergie vitale en lui qui vise aussi bien à l’union positive avec l’autre qu’à une union positive à lui-même.[...] elle engage plus ou moins concrètement le corps et les parties sexuées de celui-ci, et apporte à l’enfant – et à ses éventuels partenaires – plaisirs et joies. Il y a donc réellement une vie sexuelle à cette période de la vie, faite de représentations mentales, d’affects, mais aussi de mises en pratique. Elle peut être momentanément estimée soit « normale », soit pathologique."
 
Il est important pour moi de poser cela en préambule, car je vais parler de moi et de ma sexualité, très précoce, et complexe. Je ne la renierais jamais. Elle fait partie de moi.

Comme chaque être humain, j'ai une histoire de vie. C'est la mienne, elle m'appartient.
J'ai longtemps été très mal dans ma peau, honteuse, me sentant "anormale", me jugeant "perverse" et ne méritant pas vraiment d'avoir une vie épanouie. Pas uniquement en raison de mon monde érotique intérieur, mais aussi en raison de mes grandes difficultés à aller vers les autres.
Mon histoire de vie n'est pas linéaire, elle est faite d'éléments intrinsèques et de pièces rapportées, d'événements positifs ou négatifs.
De manière certaine, aujourd'hui je ne suis pas la même qu'il y a un an, tout en étant la même.
De manière toute aussi certaines, aujourd'hui, je ne suis pas la même que celle que j'étais à 20 ou 22 ans.

De manière encore plus certaine et indubitable, je suis aujourd'hui une adulte, mais j'ai été une enfant.

Or, enfant, j'avais un monde imaginaire très dense, où l'érotisme et la sexualité étaient présents.

Mon premier souvenir clairement érotique remonte à une scène du mythique film "Il était une fois en Amérique" de Sergio Leone. Scène vue, je le précise immédiatement, à l'insu de mes parents.
 
Pour rappel il s'agit tout de même de l'histoire d'un gang de New York, dont les protagonistes, d'abord enfants, puis évoluant en âge, grimpent les échelons du banditisme: meurtres, viols, braquages et autres actes répréhensibles y sont donc récurrents.
Il est évident que mes parents ne m'auraient jamais laissé en regarder un morceau, et ça n'a d'ailleurs pas été le cas: j'avais du mal à dormir, et ce d'autant plus que j'avais senti cette étrange ambiance d'interdit, quand on nous avait envoyées nous coucher ma sœur et moi. Alors, quand je m'étais relevée, c'était en catimini et en rasant les murs, que je m'étais faufilée dans le couloir de l'entrée et que j'avais regardé le petit écran, fascinée par ce mystère des films "pas de notre âge". J'avais alors contemplé la solution pour "faire taire" une secrétaire par quelques gangsters... La dame poussée contre un bureau et visiblement troussée plus ou moins contre sa volonté par l'un des membres de la bande.

Un peu plus loin dans le film, la dame "joue" à identifier l'auteur de son troussage.


Je n'avais pas été choquée par cette scène, mais bien plutôt émoustillée. J'en conserve un souvenir fort et... très fortement idéalisé. Aujourd'hui, je n'éprouve aucune honte à avouer cela. Je ne vois absolument pas pourquoi je devrais l'être.
 
J'ai revu le film, dans son intégralité, l'an passé, en constatant que mon souvenir est vraiment plus intéressant que la réalité. Cette dichotomie entre le réel et le souvenir est intéressante, en soit. Pour moi elle est le signe de ce que peut être le monde intérieur de tout-un-chacun: la mémoire des émotions déforme les choses, en laisse une trace parfois très surfaite.

Ce qui ne s'est ni estompé ni effacé de ma mémoire, c'est ce sentiment fort, alors que j'étais tapie dans l'ombre du couloir, en train de regarder ce bref passage, de commettre une transgression. Une émotion qui a sans doute donné son "sel" à mes sensations.

À ce stade, je me dois de donner quelques importantes précisions:
 
J'ai l’immense chance (selon moi, et c'est bien entendu un point de vue personnel) d'avoir grandis dans un foyer où la nudité n'était pas un tabou ni quelque chose d'anormal. Toute la famille se changeait dans la salle de bain, en même temps ou dans un laps de temps rapproché. Nous étions régulièrement nus les uns avec les autres, sans que cela ne nous choque ou nous semble "anormal" en quoi que ce soit. Ni les uns ni les autres n'avions de vision sexualisée de nos corps dénudés.
 
De même que l'été, dans notre petite piscine de jardin, nous nous baignions nues, ma sœur et moi, et il ne nous serait jamais venu à l'idée que cela pouvait être choquant, indécent, incorrect ou immoral... et encore moins que cela aurait pu avoir trait à une forme de sexualité.
Que ce soit dans le jardin, la salle de bain, notre chambre d'enfants ou en train de courir dans le couloir, la nudité était juste un état "non habillé", réservé toutefois à la sphère privée.
Ni plus, ni moins.

J'ai vus mes parents et ma sœur nus, ainsi que certains camarades (amis d'enfance, camarades d'école), et je ne ressentais rien de sexuel ou d'émoustillant dans ces situations. Je n'étais pas pudique, au sens que ma propre nudité ne me met pas mal à l'aise), et cependant je respectais la pudeur des autres, qu'il s'agisse de ceux qui ne souhaitaient pas me voir nue ou de ceux qui ne souhaitaient pas l'être devant moi. Je ne cherchais pas à espionner les autres, qu'ils soient enfants ou adultes.

Selon ma conception des choses (contemporaine à cet écrit), la nudité en soi n'est pas sexuelle ou sexualisée: c'est simplement l'état naturel de l'être humain, qui nait ainsi, sans vêtements ni cache sexe naturel.
Certaines personnes sont à l'aise dans leur corps et se sentent bien nus, d'autres n'ont pas ce même ressenti. Que ce soit l'une ou l'autre de ces deux attitudes, il n'y en pas une qui soit "bonne" ou "mauvaise" universellement. Il s'agit bien davantage de traditions et de codes sociaux que de nature, de "bien" ou de "mal".
Le fait est que nous vivons malheureusement dans une période trop fortement sexualisée, dans laquelle circulent de très nombreux préjugés de nature à brouiller les signaux (propice, par exemple à une  confusion entre naturisme et exhibitionnisme).
 
Malheureusement le regard des uns sur la nudité des autres reste le critère pour les premiers de décider si cette nudité est "normale" ou pas, mais aussi de ce qui est permis ou pas. Dès lors ma propre considération de ma nudité ou de ma pudeur, importe peu. Quel que soit mon ressenti ou mon intention, c'est l'interprétation de l'autre qui primera.
Quelle injustice!
 
Non seulement j'ai vu mes parents (et d'autres personnes, sur des plages, par exemple) nus, mais qui plus est, j'ai grandi dans une famille où il y avait une grande prévention sur le thème "ton corps est à toi". Très tôt, nous avons assimilé qu'aucun individu (que ce soit un adulte ou un enfant de notre classe d'âge) n'avait le droit de nous toucher, de nous tenir des propos nous mettant mal à l'aise ou avoir tout type de comportements au travers desquels nous ne nous sentions pas respectés.
 
Ma sœur et moi avons été éduquées afin de comprendre ce qu'est la pudeur (la notre aussi bien que celle des autres), de même que nous avons bénéficié d'une éducation sexuelle adaptée à nos âges, expliquant le corps, son développement, la puberté, etc.
Je n'ai jamais été choquée de cette éducation à la sexualité et au contraire je suis heureuse de ces préventions bienveillantes de la part de mes parents. Il est d'ailleurs prouvé qu'une éducation sexuelle complète protège les enfants et contribue à rendre la société plus sûre et inclusive (voir site du Conseil de l'Europe)
 
Si j'ai, malheureusement, été victime d'abus au cours de ma vie, cela a été rendu possible principalement par des états de confusion affective, ayant tendance à faire fusionner "désir" et "confiance" (voire "redevabilité et autres sentiments), et non pas par une méconnaissance des corps et de la sexualité. La flatterie, les encouragements à "devenir grande", un manque de confiance en soi qui pousse à prendre des risques pour essayer de "faire illusion", ou encore les risques inhérents à un état de dépendance affective sont des aspects de la vie sur lesquels je n'avais pas été accompagnée ou suffisamment éduquée. Je crains d'ailleurs que ces aspects restent encore largement sous traités actuellement.

J'ai donc reçu une éducation sexuelle théorique, adaptée à mon âge.
J'ai connus des émois.

J'avais des fantasmes, également.
En fait mon imaginaire a été très largement tourné vers la sexualité, et ce de façon très précoce.
Est-ce cela qui explique que j'étais mal à l'aise avec mes pairs, ceux de mon âge, qui s'amusaient de jeux dans lesquels je ne trouvais pas d'intérêt? Peut être, je n'en sais rien.
Mes souvenirs sont flous, lointains.
J'en ai des réminiscences.
 
Je n'ai pas le souvenir de fantasmes très structurés, mais je me souviens avoir toujours été attirée par les garçons que j'estimais matures sexuellement. C'est à dire que les enfants de mon âge ou à peine pubères ne me faisaient pas rêver.
 
Très tôt, grâce à l'éducation de mes parents, j'ai compris que le regard des autres sur ma  sexualité était le critère pour ces autres de décider si cet aspects de mon existence était normal. J'avais par ailleurs la conviction que ce que je rêvais, ce que je fantasmais, serait forcément mal vu.
Je ne voulais pas être punie ou maltraitée par mes parents ou ma famille, pour des pensées, des idées qui, malgré tout, me faisaient du bien. Je ne voulais pas risquer d'être jugée et d'être encore plus être mise à l'écart par mes camarades d'école pour des histoires qui ne vivaient que dans mon esprit. Par ailleurs, je ne voulais pas non plus que ça se sache, parce que j'avais conscience que ma mère, institutrice, était déjà bien trop rejetée par les parents d'élèves pour qu'on lui reproche cela.

À huit ans, j'avais déjà le poids du secret qui plombait mon existence. Cela a renforcé mon sentiment de différence, de marginalité. Un état de fait lié à des "bizarreries" trop visibles.
La première d'entre elles étant que j'étais l'une des filles de l'institutrice.
La seconde était que... et bien j'étais vraiment bizarre, que je "collais" ma sœur et était incapable de véritablement m'amuser avec les autres. Sans compter que j'étais la "malade imaginaire" de service.

Dès l'école maternelle, j'ai commencé à  souffrir de diverses manifestations physiques de troubles anxieux. Toutefois, des "simples" maux de ventre (très douloureux) et céphalées chroniques rencontrées, les premières années, j'ai commencé à souffrir également de troubles mictionnels (incapacité à sentir quand j'avais besoin d'uriner, ou incapacité d'émettre le jet alors que j'en avais besoin). J'ai également souffert de paresthésies des membres inférieurs, attribuées à la croissance par le médecin de famille (qui étaient si douloureuses, que j'étais incapable de marcher sans appuis), et j'en passe. Bref, j'étais en souffrance physique, et ça ne s'est jamais arrêté depuis.

Ces troubles ont un lien avec ma sexualité infantile. En effet beaucoup de petites filles se touchent parce que ça leur fait du bien. C'est naturel et je trouve que c'est très bien qu'elles soient les premières à connaître leur corps.
Moi je me touchais parce-que ça calmait mes douleurs urinaires, au niveau du méat urinaire. C'était un geste que j'avais conscience de ne pas pouvoir faire en public, et dont j'avais très profondément honte. Et pour cause : lorsque je n'arrivais pas à uriner, alors que je sentais ma vessie me déchirer le ventre, je rentrais les doigts pour faire pression sur la paroi interne du vagin, contre celle de la vessie, afin de stimuler la miction.
Je n'en ai jamais parlé à mes parents. Je ne me souviens pas pourquoi, mais je pense que j'avais honte.
Pendant des années n'ai pas eu de mictions normales (avec simple relâchement des muscles pelviens, au lieu de pousser pour expulser l'urine.
 
J'ai aussi découvert le plaisir anal à durant cette période là, et comme les encyclopédies illustrées et les livres d'éducation sexuelle pour enfants n'en parlaient pas, j'en éprouvais vraiment une très grande honte. J'aimais me toucher, mais c'était plutôt de l'ordre compulsif: lorsque ça me "prenait", j'en avais terriblement envie, et je devais passer à l'acte, mais avec un grand sentiment de honte, et je finissais toujours très frustrée, sans compter la panique totale que j'éprouvais à l'idée d'être surprise.
 
Je ne raconte pas ça pour choquer.
Ça n'est pas pour rien que j'ai inclus un avertissement en en-tête.
Tous ces trucs sont assez trashs, et globalement, j'avoue que c'est plus facile de ne pas les évoquer.
 
Bizarrement cependant, ça me fait un bien fou de les écrire. Une catharsis salvatrice.
J'ai vécu un certain nombre de choses de façon très négative et honteuse. Pour autant, je n'ai pas le sentiment d'avoir jamais été victime de qui que ce soit dans mon enfance. Toutes les émotions négatives que j'ai éprouvées face à ma sexualité naissante, c'est mon propre esprit qui les a générées.
 
Pourtant les enfants sont bêtes et s'amusent parfois de choses très cruelles qu'ils font subir à leurs camarades. Or j'étais la "pisseuse" de l'école, puisque j'avais ces problèmes de troubles de la miction. 
Pour être toute à fait claire, je sentais le pipi.
On se moquait de moi à cause de ça, et moi je ne voulais pas aller me plaindre à mon institutrice, pour diverses raisons.
Un jour, après la fin de la classe, on traînait derrière l'école avec d'autres gamins, et le berger allemand du coin est venu me renifler l'entrejambe de façon insistante. Alors un des gamins m'a dit en riant de pencher en avant, ou de me mettre à quatre pattes, et je l'ai fais. J'étais habillée et je n'ai pas compris ce qui se passait sur le coup. Il m'a fallut des années pour assimiler la vue grivoise et inconvenante qu'ils avaient pu avoir ce jour là.
Je n'en suis pas traumatisée. Je ne me suis jamais sentie "salie" par ce jeu idiot. Je ne suis pas en colère. Je me sens simplement attristée, peut-être: ces enfants là, eux, ne savaient pas ce qu'était le respect des autres et de soi. J'espère que les adultes qu'ils sont devenus l'ont apprit.
 
Dans cette école, que j'ai fréquenté de mes 6 ans à mes 8 ans (soit trois ans), j'ai eu divers émois "érotiques". Mais c'était une sorte d'attirance, sans fantasmagorie associée (je ne m'imaginais pas en train de faire des choses avec l'objet de mon désir). J'étais attirée par les garçons qui n'étaient plus à l'école primaire, comme mes camarades et moi même, et de préférence ceux dont la voix avait mué.

Je n'étais pas une petite fille soignée. Je n'affectionnais pas les jupes et robes, ne tenais pas à être mignonne ou élégante. Je traînais en survêtement environ 350 jours par an.

J'étais très curieuse, à plein de points de vue, cependant la sexualité, était un de mes sujets "d'étude" de prédilection. Je savais déjà comment on faisait les bébés. J'avais conscience que mon corps et celui de ma maman ne ressemblaient pas aux planches anatomiques des dictionnaires encyclopédique. Je n'ai jamais vu ou cherché à voir des adultes dans leurs ébats sexuels, toutefois enfant des années 80, je voyais des femmes à demi nues se trémousser dans "Palace", et d'autres émissions laissaient comprendre ce qu'était la sexualité et l'aspect lié au plaisir bien plus qu'à la procréation.
Par ailleurs, je dois avouer que je me sentais "mûre". Or la sexualité (et ce qui y avait trait) semblait être réservé aux adultes, que j'enviais profondément. Cet aspect était un fort moteur.

Mais par dessus tout, j'aimais fantasmer et me sentir excitée. Je n'avais pas de camarades de mon âge avec qui j'aurais pu partager ces idées. J'ai bien essayé, maladroitement, mais cela s'est soldé par un échec et mon petit camarade (qui du reste n'était pas dans la même école primaire que moi) n'avais plus voulu me voir pendant un long moment après ça. Je n'avais donc pas de possibilités de partager mes impressions, ni de découvrir les autres via des jeux plus ou moins innocents (mais très très curieux) et je n'avais guère de satisfaction à me toucher moi même.
Alors je me suis mise à rêver, intensément.
Puisque les enfants de mon âge ne semblaient pas intéressés (et ne m'intéressaient pas, du reste), mes pensées se sont tournées vers des "grands".

J'ai continué à grandir, mon environnement social a peu évolué (j'ai changé d'école, mais avec de grosses difficultés à créer du lien social).

J'ai le souvenir d'avoir, un soir, joué à une version de "cap ou pas cap" (de montrer ton zizi) avec deux ou trois autres enfants. Nous avions 9 ou 10 ans. Je n'ai jamais considéré que ce jeu avait quoi que ce soit de sexuel. Les autres étaient dans la transgression de la nudité génitale... moi je ne faisais que participer à l'un des rares jeux où on m'acceptait.
 
J'avais mis la main sur des bandes dessinées satiriques et de caricatures, où le sexe ou la sexualité étaient parodiés ou tournés en dérision. Les œuvres de Jean-Marc Reiser m'ont profondément marquée, mais aussi certains volumes des "Passagers du vent" de François Bourgeon (comportant des dessins très explicites et réalistes). J'en alimentais mes fantasmes et mon imaginaire érotique, ainsi que mes notes intérieures sur les meilleures façons de donner du plaisir à mes futurs et hypothétiques partenaires.
J'ai aussi le souvenir des premières fois où j'ai vu les films "Angélique". Ha! Angélique, fille du baron de Sancé de Monteloup, élevée très librement et incarnée par Michèle Mercier. Il me semble que c'est à cette période que j'ai commencé à développer un gout prononcé pour la contention érotique (liens, menottes, bondage, shibari...), mais je ne pourrais pas le jurer.
Tout ça est très lointain et je ne sais plus au juste comment tout a évolué.

Quand je suis rentrée au collège, à 11ans, j'avais envie d'être une femme, mais je restais une simple préado, n'osant pas aller vers les autres, effrayée par la nouveauté, moquée par ses condisciples et s'évadant en pensées dans des scenarii d'enlèvements où je serais devenue l'esclave sexuelle tantôt de chasseurs concupiscents, tantôt d'une secte new age. Ou alors je m'imaginais séduite par un beau brun aux yeux verts, qui m'emmènerait dans sa voiture pour m'initier comme une vraie femme.
Mais je n'avais que 11 ans, et ma poitrine commençait à peine à pointer.

J'avais des désirs, que j'orientais sur les élèves de 3ème, qui ne m'accordaient bien entendu pas un regard, si ce n'était pour se moquer des "bleus" de 6ème.

Je ne me souviens plus comment j'en suis arrivée là, mais j'ai voulu "sortir" avec un garçon, mais au lieu que cela se fasse dans la tendresse et les mots doux (ce que je suppose être une relation "normale" au collège), je me suis retrouvée avec un élève multi-redoublant, en train de plonger sa main dans mon pantalon devant les autres garçons de la classe. J'avais 12 ou 13 ans, et j'étais malheureuse.
J'alternais les fantasmes sexuels avec la bouffe et les mille et une façons de me suicider tout en pourrissant bien la vie des autres (genre s'ouvrir les veines dans les toilettes, en répandant bien mon sang partout). Je ne comprenais pas le sens de ma vie. Je savais que mes camarades de classe ne m'aimaient pas, et c'était réciproque, je haïssais le collège, les profs, les emplois du temps que j'étais incapable d'assimiler.
 
Quand je rentrais du collège, je voulais me vider la tête. Un jour, j'ai découvert le Minitel rose. Des récits érotiques, et puis des serveurs de discussion. Je me faisais passer pour majeure, mais quand on me demandais de façon directe "est-ce que tu suces", j'étais finalement choquée.

À 13 ans, je me suis laissée embarquer à faire des "conneries" (sécher les heures d'étude!) avec un petit groupe d'élèves (qui aimaient surtout mon argent de poche) et une de ces camarades m'a entraînée à fréquenter un mec de 17ans. J'étais vierge et, comme dans certains films pour midinettes, je voulais "le faire". Mais à part me rouler des pelles pendant plus d'une heure et mettre sa main dans ma culotte (sans que je ne ressente quoi que ce soit, d'ailleurs), il ne s'est rien passé avec lui.

De dépit, l'été qui a suivi, celui de mes 14 ans, aux environs du 15 aout j'ai fais du rentre-dedans à un groupe de potes de 22-23 ans. Ma "première" s'est finalement faite sur le siège passager d'une Super 5. Pas le coup du siècle et le dialogue qui a suivit, qui me fait qui plus est rire depuis deux décennies : "Tu as joui?"..."Heu... je sais pas"..."Tu as pas ressenti une chaleur dans ton ventre?". Mon gars, je te pardonne, mais mes orgasmes ne me font pas vraiment cet effet là. Mais tu as fais preuve de bonne volonté, quand même.

Pendant un an, rien. Enfin si: des envies, des fantasmes, des histoires un peu barbares dont je n'ai pas envie de parler, des envies de rencontrer des hommes vraiment mûrs, de 35 ou 40 ans. Des fantasmes de soumission, dans lesquelles je n'aurais pas eu à prendre la moindre initiative. Sans violences, mais avec une sorte d'abandon déculpabilisant.

Et puis à 15 ans, aux alentours du 15 aout, j'ai rencontré mon premier "vrai" copain. Il avait 25 ans. Enfin... "vrai", c'est vite dit. On est jamais "sortit" ensemble, sauf une fois au cinéma. Le reste du temps, on couchait ensemble et je mettais en pratique toutes les connaissances théoriques que j'avais accumulées depuis des années.

En parallèle, je restais taraudée par des fantasmes pas du tout avouables, et je le vivais très, très mal.
J'étais obsédée par des histoires de harem, de contraintes et autres, et ne maîtrisais rien. Je jouais avec divers objets de formes oblongue, était frustrée, me détestais, me maudissais et me jurais de ne plus me laisser appeler par ces pratiques, mais immanquablement je recommençais.

Mon année de 3ème s'est déroulée dans un grand isolement social, sans amis. Je passais les "récréations" dans un coin, sur les marches du gymnase, enfermée dans les WC ou en salle d'autodiscipline pour avoir la paix, ne pas devoir subir les autres, qui semblaient ne me remarquer que pour me balancer des vacheries. Je n'allais même plus déjeuner au self, pour ne pas faire la queue, ne pas devoir chercher une place où m'assoir, vu que personne ne voulait de moi. Alors à 17h30, je rentrais chez moi affamée et avec l'envie profonde de m'évader, de dissoudre ma conscience de ma médiocrité et de mes infâmes obsessions sexuelles dans des séries qui annihileraient tout mon être.

Au lycée, à l'internat, le fait que je dessine beaucoup de femmes nues a fait se propager la rumeur que j'étais lesbienne. Pas faux. Pas vrai. J'aime les hommes et les femmes. Mais de toute façon, je m'en fichais. Le weekend, je rentrais et je me connectais à Internet. L'arrivée de ce nouveau moyen de communication, basé sur l'écrit, et non sur des interaction verbales (que je ne maîtrisais pas) m'a aidée à m'épanouir, à me développer, à évoluer. Mais pas toujours en bien.
J'ai pu approfondir ma quête de sexualité, de stimulations intellectuelles et érotiques. J'ai trouvé des forums et des sites où étaient publiés des récits érotiques. Je parlais de sexe sur des forums, avec des gens qui me demandaient mon ASV (Age, Sexe, Ville). Cependant j'étais toujours torturée par mes démons. Je ne connaissais toujours rien aux relations interpersonnelles dans le "monde réel", et qui plus est, j'étais d'une naïveté navrante.

Je me suis mise à correspondre avec diverses personnes, toujours pour parler de sexe, partager des fantasmes. Je ne concevait pas de passer à l'acte, à la rencontre, au réel. J'étais trop peureuse et trop lâche pour ça. Trop anxieuse, aussi.

Parmi mes correspondants, il y avait une soi-disant jeune femme de 19 ou 20 ans, au discours très débridé. Peu à peu, au fil des semaines, des mois, elle avait évoqué des parties fines avec des couples de quinquas, et essayait de toute évidence de m'inciter à participer. Oserais-je prétendre que je n'en ai pas eu le désir, l'envie, la pulsion? Non. En revanche je sais que je n'aurais jamais voulu. J'étais excitée par l'idée.

Ils étaient un certain nombre à m'écrire, à être sans doute fascinés par mon jeune âge. Et ils étaient aussi très certainement nombreux à chercher à abuser de ma crédulité, de ma sincérité.

Un jour mes parents ont tout découvert. Ma mère surtout. J'ai du arrêter toutes mes correspondances du jour au lendemain. Cela m'a valu une certaine rancune de certains. Internet n'était pas ce qu'il est aujourd'hui: c'était avant tout accessible à des personnes qui touchaient leur bille en informatique, en lecture d'IP, voire capables de remonter au numéro RTC de la ligne téléphonique.
J'ai été très blessée que ma mère pense que j'aurai pu me mettre en danger (quoi que j'admette, avec 20 ans de recul, qu'elle avait raison), mais surtout de la violence de l'attitude qu'elle s'est mise à avoir (ne plus respecter mon intimité, chercher à m'imposer des discours sans m'écouter).
J'étais déjà honteuse de mes désirs, de mes fantasmes. Soudain, j'ai eu la confirmation que j'étais monstrueuse.
 
Diverses choses se sont produites. J'ai entamée une relation à distance avec quelqu'un de 20 ans de plus que moi, sans rien connaître de ce qu'était une relation amoureuse "normale" (si tant est que ça existe).
J'ai arrêté, en décembre 1999, le lycée pour essayer de suivre une scolarité via le CNED, ce dont je me suis montrée incapable. J'ai cuisiné, marché, lu et regardé beaucoup de conneries à la TV.
Puis je suis entrée dans un autre lycée, à 150km de chez mes parents.
Peu à peu, j'ai recommencé à traîner chercher une forme de sexualité virtuelle sur Internet et c'est ainsi que j'ai découvert un site publiant des récits érotiques amateurs. J'aimais beaucoup lire et alimenter mon imaginaire. Toutefois seuls 20 récits étaient en accès libre chaque mois : pour pouvoir en lire davantage il fallait prendre un abonnement payant (ce qui était hors de question, pour moi) ou alors devenir contributeur.
Qu'à cela ne tienne, je me suis mise à mon clavier.
J'ai pris plaisir à écrire des textes de quelques pages, mettant en scène une jeune fille de 18ans, les cheveux longs, pas froid aux yeux. Un alias très différent de ce que j'étais dans la réalité.
Puis je me suis enhardie et ai recherché spécifiquement des correspondants. Le site était canadien francophone, aussi la probabilité de correspondre avec des personnes géographiquement proches étaient très réduites.
 
Plusieurs personnes ont répondu à mon annonce. Anicka, Lola et son mari Bernard, Tony, Julien et quelques autres. Tous différents mais tous avec une qualité similaire: une prose agréable à lire et m'engageant aux confidences. Plusieurs de ces correspondants m'ont peu à peu soumis des questionnaires, d'abord légers, puis de plus en plus approfondis.
Honnêtement, je ne me souviens plus de la teneur de ceux-ci. Je n'ai jamais été une acharnée des sauvegardes et tout ça, pour moi, était de l'ordre du fantasme, de l'excitation cérébrale. J'étais très excitée par l'interdit et l'idée de transgression. J'aimais aussi explorer la théorie des possibles.
Toutefois il a toujours existé un très large fossé entre l'esprit et le passage à l'acte.

Je crois me souvenir (et c'est peut être inexact) avoir eut des échanges que je considérais comme hypothétiques sur des relations sexuelles entre mineur et majeur. Sachant que je me projetais dans la position du mineur, toute travaillée par ma sexualité que je l'avais été depuis des années.
Jamais je n'ai envisagé d'acte pédophile et je n'avais absolument pas conscience que, par mes réponses naïves portées par un sentiment d'excitation, je pouvais encourager mon interlocuteur à un comportement réel.

Je n'ai pas le souvenir, entre ma préadolescence et cette période, d'avoir eu des fantasmes mettant clairement en scène une petite fille avec un homme adulte. Aussi je tend à penser que cette idée m'a été suggérée par l'un de mes correspondants, chez qui ce thème spécifique revenait régulièrement.

Idéaliste, j'ai toujours considéré qu'on ne peut pas faire de procès d'intention aux personnes qui ont des fantasmes, même malsains.
Qui plus est, je trouvais mon compte dans les scenarii proposés, puisqu'il s'agissait d'évoquer des "si" me concernant plus jeune. N'ayant pas de machine à remonter le temps je ne voyais pas de mal à tout ça.

Pourtant, aujourd'hui j'ai été qualifiée de "pédophile". Un jugement fondé sur la lecture de ces fameuses correspondances remontant à une vingtaine d'années (qui ont été sauvegardées par quelqu'un de clairement plus obsessionnel que moi).
 
Je ne suis pas attirée par les enfants. Ça serait même plutôt le contraire, puisque je ne suis pas attirée par des hommes moins âgés que moi, ni par des femmes qui ont un "air" ne serait-ce qu'adolescente.
De même, je ne suis pas attirée par les personnes qui ont des désirs pédophiles, que ce soit dans leurs fantasmes ou par des désirs de passage à l'acte.
Je n'ai pas et n'ai jamais eu aucun comportement de cette nature et il ne me viendrait pas à l'idée de toucher ou même de parler à un enfant en des termes sexuels. Cette seule idée me choque profondément.
Autant dire que question activités "pédophiles" de ma part, c'est le grand néant (et un rejet émotionnel profond).

En revanche, oui, j'avoue que j'ai entretenu consciemment, et cependant des années, des fantasmes qui mettaient en scène un avatar de la femme que je suis, sous la forme d'une enfant préadolescente, ayant des rapports sexuels avec des adultes. Je ne saurais prétendre en être fière, pas plus que je n'irais cependant prétendre qu'on m'a amenée à être excitée par cette idée. Ce sont plutôt les émotions érotiques que j'éprouvais étant enfant, qui m'apportaient une forme de plaisir.

Certes, un certain contexte, dont ma relation avec une personne dont ce type de "fantasme" (un homme adulte de toute évidence très excité par l'idée de relations sexuelles avec une jeune fille prépubère) a grandement favorisé la récurrence de ce type de fantasme chez moi, sous diverses formes, et ce pendant des années.
Cependant me concernant, cela n'a jamais dépassé le stade des idées. J'espère ne pas me tromper en écrivant que je n'ai jamais mis par écrit ces fantasmes (je n'en ai en tout cas aucun souvenir) et même si ça avait été le cas, cela n'aurait jamais été dans un objectif de diffusion.
 
J'en ai fini depuis quelques temps déjà avec cet avatar. J'ai fini par réussir à extirper cette idéalisation récurrente qui avait fini par être traumatisante. Ce d'autant que j'ai fini par réaliser qu'il s'agissait d'une forme d'autopunition de n'avoir pas compris que lui, cet homme, n'était pas que dans le fantasme. Pour lui, j'étais un succédané de ce qu'il avait fait par le passé.

Il n'en reste pas moins que je ne suis pas coupable de ses crimes.

Il est hors de question qu'on me punisse à sa place, ou même qu'on me fasse un procès pour des intentions que je n'ai jamais eu.

Mes fantasmes actuels ne regardent que moi et c'est un véritable soulagement de ne plus être harcelée par un compagnon qui cherche à m'en imposer ou m'en soutirer.

J'ai pris du recul sur la sincérité des gens, la crédibilité qu'on peut accorder (ou non) à leurs dires, le degré auquel je suis concernée par leurs convictions ou leurs idéaux. J'ai appris que j'ai le droit d'être en désaccord avec quelqu'un que j'aime, de même que j'ai le droit de refuser ce que je n'approuve pas, ou ce qui ne me fait pas envie à un instant "T". J'ai découvert que j'avais le droit d'être moi-même sans chercher à plaire aux autres à tout prix, et que justement, je ne m'en porte que bien mieux.


samedi 17 décembre 2016

Positionnement relationnel, sexualité et polyamour.


Je continue d'apprendre à me connaître, d'apprendre à vivre en conformité avec mes ressentis, d'où la mise à jour de ce billet...
Il s'inscrit dans la continuité de celui concernant ma façon de vivre l'attachement, "l'ancrage émotionnel"...

Je ne suis pas faite pour la vie en couple.
Christophe, un vieil ami,  m'a dit un jour, il y a bien longtemps, que je n'étais pas la femme d'un seul homme.
Sur le coup j'avais plutôt mal prit cette réflexion, sans rien lui en dire cependant...
Elle impliquait tacitement que j'avais une personnalité atypique et que je resterais en marge de la société, à laquelle, à l'époque je voulais tant réussir à m'intégrer...

Aujourd'hui, je sais qu'il avait raison.
C'était il y a une quinzaine d'années.
Je ne suis pas et je ne serais jamais la "femme d'un seul homme", ni la femme d'une seule femme.

Cependant je modèrerais tout de même ce propos.
Je ne suis certes pas faite pour vivre "en couple", mais cela ne signifie pas que je n'ai pas la capacité de m'attacher profondément à des personnes, hommes ou femmes, pour des raisons diverses, mue par des émotions complexes.

Simplement je ne suis pas gênée d'éprouver des sentiments d'amitié, d'attachement et d'attirance pour plusieurs personnes en parallèle...



Je ne peux en aucun cas me définir comme polyandre ou polygame.
Je suis polyamoureuse...

Du moins est-ce le nom que l'on donne à cette façon d'être des personnes qui, comme moi, peuvent ressentir un attachement émotionnel intime envers plus d'une personne à la fois, durant la même période, sans se sentir déchiré, sans ressentir le besoin de se rapprocher de manière exclusive d'un partenaire. C'est une éthique de la relation à l'autre. Il existe des symboles de ce type de mode de vie, comme celui-ci:
L'utilisation du terme de polyamour implique une forme de militantisme que je ne ressens cependant pas. Je vis ma vie comme je ressens devoir le faire pour être en accord avec moi même. Toutefois je me reconnais dans les valeurs de non appartenance de cette description des choses. C'est la notion de polyamour qui décrit le mieux ma façon d'être et de ressentir mes relations.

En fait, en matière d'ancrage émotionnel, tant que mon lien émotionnel n'est pas brisé avec l'autre, il subsiste en moi. C'est une des raisons pour lesquelles je fréquente facilement mes "ex" quand les séparations se sont faites en bons termes. En particulier parce que je me sentais incapable de respecter l'exclusivité imposée par les "bonnes mœurs".

Pour que les choses soient parfaitement claire, il faut comprendre une une chose importante à mon sujet : j'ai été attirée très précocement par la sexualité et ai su tout aussi précocement m'informer sur celle-ci.


Il a existé une quantité effrayante de théories selon lesquelles l'éveil de la sexualité à un âge prépubère était une mauvaise chose, une forme de névrose, un "problème". Il s'agissait selon certains du signe de l'exposition de l'enfant à des "choses" auxquelles il n'aurait pas du avoir accès. Soit qu'il ait assisté à des relations sexuelles, soit qu'il ait été abusé ou que sais-je encore...

De mon point de vue, ces théories sont dangereuses en soit.
Heureusement la plupart des pédopsychiatres ont évolué dans leurs points de vue, ces dernières années.
Ouf!
J'ai du commencer à m'intéresser véritablement à la sexualité vers l'âge de 3 ou 4 ans.
C'était totalement spontané. Comme la pousse d'une graine, tombée là on ne sait comment, et qui croit...
Je n'ai pas été abusée, je ne pense pas avoir été exposée à des images particulièrement explicites. Simplement ça a piqué ma curiosité et j'éprouvais des choses, dont du désir, accompagné d'un besoin de contact physique avec les individus qui me plaisaient, un besoin sensuel et tout ce qu'il y a d'érotique.
À la différence des autres enfants de mon âge, jouer "au papa et à la maman" intégrait tout à fait une dimension sexuelle et érotique, en ce qui me concernait. Les bébés n'ont jamais été au centre de mon monde. J'ai su très tôt que je n'en voulais pas. Je suis nulligeste et compte le rester.

La discrétion dont les adultes entouraient la sexualité et ses manifestations la rendait d'autant plus fascinante à mes yeux. Ce n'est pas nouveau : l'interdit est fascinant.
Toutefois cette dimension de dissimulation était également assez perturbante, pour moi. Cela me préoccupait beaucoup et a contribué à mon renfermement sur moi même et à ma tendance à me tenir éloignée des autres. Je craignais énormément d'être "découverte" et jugée de manière négative.

J'avais compris spontanément, par observation élémentaire, ce qu'était la pudeur, même si je ne disposais pas encore du vocabulaire adéquat pour décrire la notion. Cependant j'avais aussi compris qu'il était plus judicieux de ne pas afficher trop clairement que la sexualité m'intéressait, dès la cours de maternelle.
J'avais vraiment conscience que ça aurait fait "désordre".

La sexualité, dans toutes ses dimensions a donc toujours été une de mes grandes passions, un de mes tout premier domaines d'intérêt restreint. Théorie, pratique, sociologie, identités de genre, identité sexuelle, pratiques diverses, tous les champs d'étude qui touchent à la sexualité humaine me fascinent et sont le moteur de vastes recherches et expérimentations...

J'avais deux domaines d'intérêt restreint étant enfant : la sexualité et la nourriture (consommation, préparation, puis composition, qualités organoleptiques, applications thérapeutiques...).
Cette image m'amuse tout particulièrement... c'est une sorte de synthèse intéressante, je trouve...

La lecture et l'écriture étaient les piliers de mon petit empire intellectuel.

J'ai su lire au bout de quelques semaines au CP, et rapidement, les dictionnaires et encyclopédies de mes parents ont trouvé une lectrice assidue, allant de mots connexes en expressions diverses. Les planches anatomiques des dictionnaires illustrés restent d'ailleurs imprégnées dans ma mémoire. Cette rémanence me fait sourire.

L'intérêt de ma mère pour les langues m'a aussi été très utile, avec les dictionnaires de synonymes et d'étymologie (j'aime énormément l’étymologie). Il est amusant de connaître la racine latine du mot "lapin"... Pensez à la cuniculiculture, qui est le mot désignant l'élevage des lapins, et vous comprendrez où je veux en venir...

Question sexe, l'aspect pratique de base est assez vite devenu très clair pour moi. Les organes reproducteurs, la sensibilité des organes, le principe de procréation... et je ne m'y suis pas attardée.

Tant mieux, ça m'a laissé l'occasion d'avoir des surprises ! J'ai donc découvert par la suite (très agréablement, en général) à combler mes lacunes.

L'aspect théorique me fascinait bien davantage.
L'expression "faire l'amour" m'intriguait.
Une partie de moi ne comprenait pas trop le rapport entre le sexe et l'amour...
L'amour, déjà, en soit, c'était une notion un peu obscure, comme je l'ai expliqué dans mon précédent billet... La notion de "relation sexuelle" était bien plus évidente, ainsi que tous les termes de jargon plus ou moins explicites.

La notion d'exclusivité amoureuse censée aboutir à la formation d'un couple me posait également problème, bien que j'ai été entourée d'enfants issus de parents vivant en couple mariés...
Mes parents, eux, ne formaient pas un couple très "conventionnel", apparemment, puisque plusieurs fois des condisciples nous ont demandé à ma sœur et à moi, s'ils étaient mariés (mes parents n'ont jamais porté d'alliance).
Les tâches ménagères n'étaient pas non plus "réparties" de manière "traditionnelle" à la maison (papa était aux fourneaux, maman derrière les ordinateurs et les deux maniaient la boite à outils...).

Donc, le lien entre le sexe, l'amour et la relation de couple me semblait... curieuse. Si ce n'est incongrue.
Je comprenais bien que les gens qui s'aimaient, qui étaient attachés l'un à l'autre et qui étaient en couple aient une sexualité ensemble. En revanche j'avais du mal à comprendre pourquoi la plupart des ouvrages subordonnait le sexe à l'amour. Ainsi que les séries télé, la plupart des films et pour ainsi dire, tous les médias.

La passion, après tout, c'est avant tout du désir sexuel, non ?
J'éprouvais du désir pour un garçon ou une fille (oui, j'ai su très tôt que j'étais bisexuelle, aussi, sans savoir si c'était "normal" ou pas), mais je savais que je n'avais pas envie de former un couple avec ladite personne.

Le terme de couple est même un peu dérangeant pour moi.
Je visualise des fils électriques qu'on insère dans une douille pour faire briller une ampoule. Une fois qu'ils sont ainsi reliés, ils sont "mélangés" et indisponibles pour d'autres usages...
L'ampoule brillera, certes. Tant que le circuit sera fermé, le courant circulant. Mais si on introduit un autre fil, il se passe quoi? Un court-circuit, il me semble...
 
Les histoires de "moitié d'orange" et "d'âme sœur" me perturbaient, aussi.
Ce genre de notion induit l'idée qu'on serait incomplet, tant qu'on est célibataire ou qu'on vit seul...
Moi je me suis souvent sentie, au contraire, privée d'une partie de moi même, quand je devais composer avec une seconde personne... ça me rendait mal à l'aise.

En partie parce que je n'osais pas demander à l'autre son opinion ou ses ressentis concernant mes désirs personnels orientés vers l'extérieur, c'est à dire vers une tierce personne.

Le mot couple désigne généralement une paire de choses, qui ensemble constituent une entité nouvelle avec des propriétés spécifiques. Je n'aime pas tellement l'idée de nouvelle entité. Elle est privative de libertés, selon mes ressentis individuels.

J'admets sans aucun problème l'idée d'avoir un partenaire sentimental auquel je suis attachée, ancrée. Un ami au sens le plus noble qui soit, pour moi.
Une personne que j'aime, et avec laquelle je me sens bien et épanouie.

Je n'aime en revanche pas du tout que cette notion soit cantonnée à une seule et unique relation.
La notion de "couple" au sens traditionnel ne me convient donc pas.

Honnêtement, j'en suis revenue aux déductions que j'avais trouvées vers mes 12 ou 13 ans:
L'amour n'existe pas en soi, en tant qu'émotion "pure".
La passion elle, qui est un élan fusionnel vers un autre individu, qui donne envie de connaître l'autre, de le découvrir sensuellement, sexuellement et sous toutes sortes d'aspects est une émotion réelle.
C'est une réaction biologique autant qu'émotionnelle.

Mais cet état passionnel ne dure pas. C'est comme les saisons, les choses évoluent...

Qui plus est, il n'est pas non plus indispensable pour qu'une relation se crée entre deux personnes qui s'apprécient, se respectent et se désirent... Et cette relation n'aboutit pas non plus forcément sur une relation "de couple" au sens traditionnel (vivre ensemble, se jurer fidélité et exclusivité, bla bla bla...).

Quand l'état passionnel existe, il fini toujours par muter... Soit il disparaît, soit il est remplacé par un mélange spécial de sentiments et d'émotions tournées vers l'autre: c'est cela que la plupart des gens appellent l'amour. C'est ce que, moi, j'appelle l'ancrage émotionnel, composé d'une multitude d'éléments variables à l'infini. Les relations interpersonnelles sont des kaléidoscopes. Selon ce qu'on y introduit et les mouvements que l'on donne aux choses, les résultats sont aléatoires et infinis.


L'amour n'est donc rien d'autre qu'un mélange d'émotions diverses et variées. C'est une construction.
Les mélanges d'émotions sont propres à chaque individu, envers chacune des personnes qu'il côtoie, le désir peut ou ne pas être présent.

Ces sentiments peuvent être ceux de la reconnaissance, de l'attachement, du respect, de la fascination, de la curiosité, du désir (oui, il est souvent là), ou encore une impression d'être redevable (ce sentiment en particulier crée généralement des relations malsaines). Mais ils peuvent aussi être faits de dégout, de malaise, de peur, de honte, et de désir. Tous les mélanges sont possibles et envisageables.

Les sentiments qu'on éprouve pour une personne donnée constituent donc une figure en mouvement perpétuel. Comme lorsqu'on regarde dans un kaléidoscope.

Mais comme ce mélange est si complexe, selon la personne donnée, comment est-il possible, alors, d'aimer vraiment une seule personne à la fois?

Je dois être terriblement cinglée ou avoir l'esprit beaucoup plus large que la majorité de mes contemporains...

Est-ce que c'est aimer que de souhaiter que l'autre ne soit plus libre d'être lui même ? Qu'il fonde un couple avec soi, s'enferme dans la bulle du "couple légitime", une bulle par laquelle les deux protagonistes se retrouvent finalement circonscrits ?
Pas selon ma façon de ressentir des choses.

Je suis polyamoureuse, donc...
Pour être plus claire, je ne m'inscris pas dans une logique de relation de couple et je tiens absolument à mon statut d'individu autonome. Cela même si je peux avoir des relations impliquant un fort attachement avec une ou plusieurs personnes. Cependant, j'ai besoin que le sentiment de confiance soit réciproque, et dans le cadre de ce type de relations, ça signifie tenir compte de ce qu'éprouvent les autres.
De fait, c'est plus "facile" de se positionner dans une relation "monogame" non exclusive, en tenant compte de l'avis d'un partenaire privilégié, plutôt que d'avoir deux ou trois relations en parallèle.

Le polyamour, pour moi, signifie donc plutôt que j'aime à ma façon toutes les personnes auxquelles je tiens, et qui n'appartiennent pas à ma famille.
Dont certaines avec qui j'ai des rapports plus intimes.

Finalement, si on y réfléchit bien, je suis non exclusive en matière de relations "sentimentales", mais également en matière de relations tout court.
Comme tout le monde.

En fait, même si je me suis efforcée de respecter les "normes sociales" en la matière pendant des années, je n'ai jamais vraiment bien compris en quoi il serait mal de désirer une personne avec laquelle je ne ressens pas un besoin de développer un quelconque lien d'attachement émotionnel.
Le désir fait partie de la biologie humaine.
La libido est naturelle, le plaisir l'est aussi.
C'est le principe des sexualités ludiques, qu'il s'agisse du libertinage ou d'autres formes de modèles alternatifs.

Cependant la confiance réciproque des personnes auxquelles je tiens reste très importante pour moi.

Il faut comprendre que la jalousie est un sentiment qui m'est un peu étranger.
Je peux me sentir envieuse de certaines choses, éprouver une sensation de manque parce que quelqu'un que j'aime est absent, mais je ne vais pas me sentir jalouse, spoliée, volée ou je ne sais quoi parce qu'un de mes amis, même le plus proche, a ou a eut, une autre relation avec une autre personne.
On ne me prend rien, à ce que je sache, puisque les gens, les émotions et les expériences de vie ne sont pas des choses "palpables" qu'on peut posséder...
Du moment que cela se fait dans un cadre de sécurité et de respect mutuel, l'autre n'a t'il pas droit lui aussi d'aimer la diversité ?
En quoi serait-ce mal ?
Qui suis-je pour en juger ?


L'important reste la confiance mutuelle et le respect de cette valeur. 

Je respecte les personnes qui ne partagent pas mon type de point de vue et j'évite de les laisser se lier à moi : je sais aujourd'hui que je les blesserais, et je n'aime pas ça.
C'est pour cette raison que j'essaie de faire en sorte de fréquenter des individus qui partagent ma façon de voir les choses et de m'éloigner de ceux qui n'ont pas la même ouverture d'esprit que moi.

Mais tout ne tourne pas autour du sexe dans ma vie.
Les relations de franche camaraderie sont extrêmement plaisantes.
😊

Il y a des personnes avec qui je me sens particulièrement bien et avec lesquelles je crée des liens étroits, de quelque nature que ce soit, en fonction des émotions réciproques... Et il y a également des personnes qui m'attirent sexuellement, pour des raisons diverses, mais avec lesquelles je n'ai pas forcément envie, justement, de créer du "lien social". Ni de passer à l'acte, au risque de le regretter par la suite, parce que je sens que quelque chose "cloche".

C'est une manière d'être complexe, mais j'ai toujours été ainsi intrinsèquement.
Je ne l'ai en revanche pas toujours assumé. Entre ce que me dictait mon âme et les attentes de la société, qui envahissaient mon esprit, j'étais coupée en deux...

Je suis libre, à présent.
Je ne suis pas seulement attirée par les personnes ou les corps, mais également par les personnalités. Quelqu'un qui penserait que je suis une fille facile, se tromperait lourdement sur mon compte.

Il peut m'arriver d'avoir un désir impérieux pour une personne, mais c'est finalement rare.

Ce que j'aime, c'est le plaisir de la découverte, d'échanger avec les autres, de savoir qui sont les gens... Ensuite si je peux partager quelque chose avec une personne qui m'a tapé dans l’œil, tant mieux... Si ça n'arrive pas, je suis heureuse malgré tout.
Je ne vois pas ça comme une "chasse", mais simplement comme une potentialité, et une façon d'être.
Parfois je ne me trouve aucun "atome crochu" avec les personnes que j'ai face à moi, et ça ne va pas plus loin.

Pour en revenir au désir, aux émotions et à mon choix de style de vie, mon vécu particulier des émotions me mène à ressentir des choses très puissantes... c'est comme si côtoyer une personne en particulier colorait mon âme de pincées d'émotions diverses, en variations infinies.

En côtoyer une autre, partager avec elle mon affection, ma tendresse, mon attachement, mon désir, mon respect, ma confiance, fera naître une autre palette, un nouveau tableau, de nouveaux tourbillons de pigments...

Une palette d'émotions spécifique, liée à une personne spécifique, ne changera en rien ce que me font éprouver les autres personnes pour qui j'ai des sentiments d'amitié, d'attachement, de désir et plusieurs de ces centaines d'émotions qui peuvent exister.

En cela, toutes les personnes que j'ai appréciées et aimées sont restées ancrées en moi.
Sauf celles qui m'ont trahie.
La trahison pour moi, c'est une violation du respect, de l'égalité et l'honnêteté, de mon individualité et de mon droit fondamental à l'autonomie.

La valeur absolument essentielle pour moi, pour qu'une relation soit positive est le respect, qui va de paire avec la confiance. Une personne pour qui j'ai un attachement et qui me respecte, m'écoute, tient en compte mes remarques ou mes besoins va obtenir la même chose de moi.
Mon respect et ma confiance.
Je vais lui demander son avis dans certaines circonstances, surtout si je ressens quelque chose pour une autre personne, et je vais en tenir compte.
Nous serons amis, camarades, partenaires et nos sentiments seront sains.

Si la personne refuse systématiquement que j'ai une vie en dehors d'elle, aucune confiance ne pourra s'installer durablement. 

De même, si a un moment donné je sens que cette personne n'a pas ou n'as plus pour moi ce sentiment de respect, même si elle prétend l'avoir, qu'elle prétend m'aimer, mais me fait sentir que mes désirs, mes opinions, mes attentes ne sont pas "respectables", qu'elle les désapprouve systématiquement ou qu'elle me cache des choses dans le but précis que je les ignore, je vais le sentir très vite...
Et je vais me détourner d'elle.

Je différencie le fait de ne pas dire certaines choses du fait de mentir par omission, parce que chacun a droit à sa vie privée, son jardin secret (ne pas dire). Le manque de respect vient avec le mensonge, avec le fait de cacher délibérément des choses, comme son identité, voire de carrément dire des choses fausses, induisant les autres dans l'erreur et la confusion (ce qui peut parfois constituer un danger réel).


Il m'arrive de ne pas parler de certaines choses à certaines personnes, parce que ma vie n'appartient qu'à moi et que certaines informations me concernant ne présentent pas d'intérêt à être connues de mes interlocuteurs.

Si la personne que j'ai en face de moi estime le contraire, ça la regarde.
Je me considère comme une personne honnête et franche.
Si on m'accuse de mentir par dissimulation sur certains points, alors que c'est faux, je vais me sentir agressée. C'est très désagréable mais surtout, ça révèle l'absence de respect et de confiance réciproque.

Le respect, c'est donc aussi le fait de me respecter en tant que personne, de respecter mes opinions, mes valeurs, mes sensibilités, ma volonté, mes désirs (charnels ou autres).
Et mes non-dits.

Une personne qui ne me respecte pas en tant que personne, n'a rien à faire avec moi.
Que ce soit dans ma vie quotidienne, amicale ou intime.

Je me suis trouvée plusieurs fois dans des situations où des personnes m'ont clairement fait sentir qu'elles ne me respectaient pas. J'ai mis du temps à apprendre à m'affirmer, mais je sais désormais faire.

Ces personnes, je les laisse derrière moi, avec le passé, et je continue d'avancer sur mon chemin de vie. Mes capacités de résilience m'étonnent, désormais.

Dans ma vie, j'ai aussi rencontré des arnaqueurs, des mythos, et deux ou trois tarés. Des personnes qui m'étaient toxiques.
Je les ai évacués de ma vie.

Certes, j'ai un positionnement relationnel qui est divergent de celui de la société dans laquelle je vis, mais il faut comprendre que c'est une forme de respect vis à vis de moi même et de ma façon de ressentir les choses.

J'ai fais des erreurs par le passé, je l'ai dis et je l'assume.
C'est la moindre des choses.
J'ai eu des relations "de couple", je me suis mariée, et je servais même des "je t'aime" en salve comme si cela prouvait la profondeur de mes sentiments. C'était mièvre et excessif, mais j'agissais ainsi parce que je ne savais pas comment faire autrement pour être conforme à une situation que je ne "sentais pas". J'étais pourtant totalement sincère !
Mais ça n'était que la projection de ce que je pensais devoir faire.

J'ai aussi fait des choix de facilité ou de fuite, en me "mettant" avec quelqu'un pour échapper à des situations conflictuelles ou désagréables. Ce n'est pas une bonne chose. C'est malsain pour la relation et pour les personnes qui y sont impliquées.

En agissant ainsi, je ne me respectais pas et je n'induisais pas non plus de respect mutuel dans la relation, car je restais avant tout dans la fuite d'une autre situation.
J'essayais de "compenser", par des cadeaux, comme des offrandes, même si je restais mal à l'aise face à une situation clairement dysfonctionnelle. En fait, toutes les fois où j'ai véritablement vécu avec quelqu'un, je fuyais autre chose. Or cette situation n'a existé que deux fois, en comptant mon mariage.
J'avais besoin de me sentir aimée... mais je ne m'aimais pas assez moi-même. Pour aimer vraiment, je crois qu'il faut s'aimer d'abord.
Je crois avoir enfin fait ce pas immense vers moi même, récemment.


Je pense qu'il est mieux de prendre conscience de ce genre de choses à 34 ans que jamais.
Je ne peux pas refaire le passé, alors autant me tourner vers l'avenir.

Aujourd'hui, j'assume mon style de vie.

La sexualité fait partie des éléments stabilisants dans mon équilibre psycho émotionnel.
J'apprécie de fréquenter une certaine catégorie de personnes, qui partagent parfois le même type de points de vu que moi, ou qui, tout au moins, s'en montrent respectueuses.

J'essaie d'être cohérente avec ce que je ressens, avec mon besoin de liberté, qui dépasse très nettement les limites de la morale conventionnelle.
Je me suis toujours sentie au delà de cette morale.
J'ai toujours aspiré à avoir une vie libre.

Une vie de femme libre, hors de la notion normalisée du couple "traditionnel".
Un vie libre, mais dans laquelle je m'efforce d'être respectueuse des ressentis des gens que j'aime.
Une vie libre, mais entourée de gens respectueux de la personne que je suis, et de mes besoins particuliers, qui sont complexes.

J'ai longtemps cru que de telles personnes étaient rares, mais elles ne le sont pas tant que ça...
J'ai vraiment choisi mon mode de vie, et je constate à quel point j'avais raison d'y aspirer, car il me convient parfaitement.

En mon fort intérieur, je savais avant l'âge de 10 ans, que c'était cette façon d'être qui me conviendrait le mieux. Cependant je n'en avais ni les moyens intellectuels, émotionnels ou financiers.
J'ai connu très tôt quelles étaient mes valeurs et je savais qu'elles étaient en décalage total avec le monde dans lequel je vivais.
C'est une chose pénible à affronter.
Je me suis donc efforcée de rester discrète autant que possible dans mon enfance, mon adolescence, et le reste du temps. Jusqu'à il y a peu de temps.

Mais je n'étais pas épanouie.

Même si j'ai cherché à me fondre dans le moule, à disparaître dans la masse, durant des années, aujourd'hui, j'ai fait le choix de m'accepter, telle que je me ressens.

Je ne me suis jamais sentie aussi bien.
J'ai des amis qui me comprennent et avec qui je n'ai pas à me cacher derrière des masques.

La vie de couple n'est vraiment pas pour moi, et pourtant il y a des personnes avec qui je me sens particulièrement bien et avec qui j'apprécie de passer du temps et de partager des activités diverses...
Peut être formons nous des "sortes" de couples.
Si ça peut faire plaisir à certains...

Moi je pars de la base que nous sommes avant tous des amis, que nous nous faisons une confiance mutuelle et que le courant "passe", entre nous.
Le reste, qu'est ce que ça peut faire ?

J'ai su très tôt que la sexualité a été artificiellement reliée et codifiée en lien avec le mariage monogame, pour des motifs culturels, liés à des questions religieuses et patrimoniales.
La biologie quant à elle oriente les partenaires compatibles génétiquement, dans un but de reproduction. Je ne souhaite pas me reproduire. Je laisse ça à ceux à qui ça fait vraiment envie.

Mon bien être est la chose qui m'importe le plus.
En respectant autant que possible celui des autres, mais sans me sacrifier pour eux pour autant.
Si je sens que quelque chose va m'être agréable sur le coup mais me faire souffrir par la suite (regret, sentiment de culpabilité...), j'évite de passer à l'acte.
Je suis devenue plus réfléchie.

J'ai appris avec le temps à exprimer mon accord ou désaccord, même si ça a été compliqué, du fait de mes difficultés dans les relations interpersonnelles.
J'ai fait d'immenses progrès ces derniers mois dans ce domaine.

Je ne regrette rien de ce que j'ai pu vivre ces 20 dernières années.
Tout a son importance, le bon comme les ratés.
Il y a "du lourd", pourtant, dans mon passé.
Mais c'est du passé. C'est trop tard, maintenant... et pas pour des histoires de délai de prescription... Et c'est fini, la résilience est passée par là et j'en suis sortie renforcée.


Ma psychiatre connait mes principes et pratiques et elle ne semble rien y trouver de malsain (je suis simplement fortement susceptible d'être neuro-atypique, et un tantinet névrosée, ne vous inquiétez pas tout est sous contrôle).

Elle sait bien que tout ça ne constitue pas mon seul centre d'intérêt...

Que ceux qui pensent sincèrement qu'on ne peut pas être heureux en vivant seul... n'ont qu'à vivre en couple et se taire quant à ce qui concerne les autres.

C'est une affaire de gouts, et comme chacun sait, les gout et les couleurs, ça ne se discute pas.
Après mes rares et désastreux essais, je suis certaine de mon choix de vie et je sais parfaitement que je préfère nettement le "chacun chez soi, et on est libre de faire ce qu'on veut" plutôt qu'une "vie de couple".
Ce n'est vraiment pas le genre de chose que j'apprécie.

J'aime avoir des amis, en qui j'ai véritablement confiance...
Au masculin, au féminin et au pluriel...

Et puis ne pas avoir de vie de couple (vivre ensemble), ça ne signifie pas pour autant ne pas vouloir de relations de couple...
😉

En dehors de ça, j'aime ma solitude, ma liberté de choix, ma liberté d'aller et venir, mon droit à rester chez moi pépère, ou à sortir faire des rencontres ou pas, ma liberté absolue de pouffer de rire en lisant "Cinquante nuances de Grey" ou "Harry Potter", tout en écoutant du jazz, du hard rock ou de la techno-trance...
Bref, profiter de mon "chez-moi" et faire ce que j'ai envie, sans avoir à en référer à une autre personne. Même s'il m'arrive de prendre conseil auprès de mes amis. Parce que j'en ai besoin.

Je peux enfin être la personne que j'ai toujours été, et être moi-même avec des personnes auprès desquelles je n'ai pas besoin de me "limiter" à une imitation de moi-même. Je peux aussi partager avec elles des moments tout simples pendant je ne me sens pas obligée de faire semblant d'être quelqu'un d'autre...

Cette liberté n'a pas de prix, c'est un vrai trésor.
Au delà de tout, cette partie de ma personnalité me plait et je suis heureuse de pouvoir la laisser s'exprimer en étant respectée. Je me sens épanouie...