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jeudi 18 août 2016

C'est quoi, mes "besoins" ?!?

Il y a environ un mois, on m'a demandé d'identifier mes besoins réels.
Bien.
Oui mais non.
C'est une notion très très complexe, ça...!

...
La notion de besoin semble recouvrir l'ensemble de tout ce qui apparaît « être nécessaire » à un être humain, que cette nécessité soit consciente ou non.

Selon les dictionnaires, on trouve des définitions diverses...
Le dictionnaire Larousse propose entre autres que le besoin "est une exigence née d'un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique", mais encore qu'il s'agit "d'une chose considérée comme nécessaire à l'existence", ou encore "d'une chose dont la satisfaction permet la subsistance"...
Mouais...
Le dictionnaire Robert annonce quant à lui que "le besoin est une exigence née de la nature ou de la vie sociale" ou comme étant un "état de privation".
Hummm hummm...

Une chose que je sais de longue date, c'est que les besoins se distinguent des désirs et des envies.
Un besoin, à mon sens, correspond donc à une nécessité impérieuse, indispensable à la survie et à l'équilibre physique et psychique d'une personne. La mienne, en l'occurence.

On "subit" un besoin, alors qu'on ressent un désir (et on est censé l'exprimer, aussi...).
On identifie ses besoins.
On ressent ses envies.

J'ai énormément de mal à identifier mes besoins.

J'en connais certains (boire, manger, dormir, uriner...) sans pourtant parvenir à les satisfaire correctement (j'oublie de boire, je me repose trop peu, je reste sans manger puis dévore des quantités exagérées, je nie parfois les signaux envoyés par ma vessie distendue...). Ceci pour les besoins dits "physiologiques".
Pour les autres, j'avoue que ça fait des décennies que je suis dans le flou.
Je les ai pourtant sur le bout de la langue, mais la formulation correcte ne me "vient" pas.

♦♦♦

De nombreuses classifications des besoins ont été proposées... Elles sont souvent contestées au motif qu'elles postulent que les besoins sont identiques pour tous les êtres humains.

Je ne sais pas honnêtement laquelle de ces théories me correspond le mieux.
Je serais séduite par les présentations en pyramides, malheureusement certains besoins y sont mal placés, au regard de mes nécessités personnelles.

De plus ces théories ont souvent été développées dans un objectif d'optimisation de l'être humain au travail (théories des besoins et motivations). Or je ne travaille plus, et le travail, même s'il représente indéniablement un facteur d'épanouissement personnel, n'est pas une de mes priorités vitales.

La reconnaissance du monde professionnel est donc totalement hors du champ de mes préoccupations primaires, qui tournent avant tout autour de mon bien être, puis autour de celui des gens que j'aime.

La théorie de Maslow me semble assez intéressante, même si je ne suis pas d'accord avec sa hiérarchisation des besoins, ni avec la thèse selon laquelle l'être humain ne pourrait passer "au niveau supérieur" que s'il a "relativement satisfait" les besoins subordonnés. Mon expérience personnelle est en contradiction avec cela. Je pense qu'on peut travailler sur tous les plans, en parallèle.

Chaque être humain est différent.

Il me semble anormal et injuste de considérer qu'un modèle soit fiable pour "tout le monde".

Voici la pyramide de Maslow :

Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'une théorie assez complexe...

Je remplacerais le "versant professionnel" par la notion "d'activité socialisante", sachant que c'est un domaine de compétences qui me pose spécifiquement problème, et qui est autrement plus important pour moi que le "versant professionnel".

En outre, si c'est agréable d'être apprécié, je n'en fais pas une priorité dans la vie.
Ce n'est donc pas un "besoin", pour moi. Tout comme il y a des gens qui exercent des professions indispensables au bon fonctionnement de la société ou à la stabilité des infrastructures, qui n'innovent pas, qui n'entrent pas en contact avec les autres... et qui pourtant sont épanouis...

Mon besoin d'appartenance ne passe en outre pas le moins du monde par le besoin de me sentir dépendante (quelle horreur!!!). Ce sentiment de dépendance est même à l'opposé de mes besoins.
J'ai véritablement besoin de me sentir parfaitement indépendante.
J'ai même besoin, autant que possible, que les autres le soient de moi.

Y compris quand j'aime et/ou que je suis aimée de quelqu'un.

Me reproduire est également une des dernières choses que je souhaite dans la vie.
Nulligeste, nullipare et bien l'intention de le rester !

Qui plus est, de toute évidence, mon besoin de réalisation personnelle est une forte priorité, comme le montre ce blog... ^^'

N'empêche... je ne suis pas encore bien avancée pour ce qui concerne l'identification de mes besoins prioritaires...
♦♦♦

Autre théorie digne d'intérêt à mes yeux, le modèle de Virginia Henderson.

Il s'agit cependant là d'un modèle de soins infirmiers (Mme Henderson était infirmière, et elle a créé ce modèle dans un objectif d'optimisation des soins par la prise en compte des besoins des personnes).

Dans la mesure où je suis une "grande malade de la vie", il est sans doute logique que je m'intéresse à cette vision des choses...

Selon un dictionnaire de soins infirmiers, un besoin est "une nécessité de la nature ou de la vie sociale ressentie et/ou exprimée par un être humain"...
Youhou !!!

L'exploration des besoins en matière médicale, vise donc à identifier les aptitudes de la personne à satisfaire ou non ses besoins, c'est à dire les manifestations d'indépendance, de dépendance, ainsi que les sources de difficulté qui en sont à l'origine.

Ainsi, si le besoin est insatisfait, la personne manifeste une dépendance liée à une source de difficulté, qui doit être identifiée (par la personne, avec elle, ou pour elle) de sorte à l'éliminer pour rétablir l'indépendance.

Les sources de difficulté peuvent être physiques, psychologiques, sociologiques et environnementales, ou encore... dues à un manque de connaissances...
(vous voyez où je veux en venir?)
Le manque de connaissance peut être en lien avec la personne elle même, les autres personnes ou encore son environnement... Autrement dit, ne pas bien se connaître, ne pas maîtriser les relations interpersonnelles et/ou ne pas savoir s'adapter à son environnement est source de difficultés.

J'ai du bol, j’aligne les trois...
Ouais, bon, c'est clair, rien de nouveau.

Alors quoi...?

J'ai donc besoin :
  • De me connaître...
  • D'apprendre à maîtriser les relations interpersonnelles...
  • D'apprendre à m'adapter à mon environnement (ou éviter certaines situations).

J'ai aussi "compris" que la notion de besoin est étroitement liée à celle de la dignité de personne humaine, dont les besoins fondamentaux sont vitaux, légitimes et orientés vers la Vie.

Alors ben ça donne à peu près ça :


C'est clair, non?

Comment ça "non" ?!?

Sur ce diagramme on retrouve en gros les besoins essentiels que sont :

Le besoin d'autonomie, avec la liberté de choisir ses rêves, ses projets de vie, ses valeurs et la liberté de choisir son plan d'action pour réaliser ses rêves, ses projets de vie, ses valeurs...

Le besoin de célébration de la vie et des rêves réalisés, celui aussi de célébrer le deuil des êtres chers, des ambitions déçues, des drames et des joies...
 
Le besoin d'intégrité, c'est à dire d'être authentique, d'avoir une bonne estime de soi, mais aussi le besoin de chercher et de trouver un sens à sa vie...

Cet étrange besoin d'interdépendance, qui englobe des choses aussi complexes que le besoin de s'accepter soi-même, celui d'aimer et être aimé, le besoin de ressentir une forme d'appartenance communautaire, le besoin de se sentir apprécié, celui de recevoir de la chaleur humaine, de se sentir compris, le besoin d'avoir confiance et qu'on nous fasse confiance, le besoin aussi de contribuer à l'épanouissement de tous, tout en étant soi même épanoui, le besoin également de bénéficier de la délicatesse et du tact des autres, autant que d'en faire preuve, d'émettre et recevoir de l'empathie, le besoin d'honnêteté, envers soi, envers les autres, pour soi même, mais encore le besoin de se sentir proche des autres, de les respecter et de se sentir respecté... le besoin de se sentir en sécurité dans sa communauté, son couple, ses relations aux autres, via une sécurité matérielle, affective, morale... et bien sur le besoin d'être soutenu...

Autre besoin fondamental le besoin de loisirs, de détente, de jeu... Tout le monde a besoin de s'amuser et de rire !

Je ressens également un fort besoin spirituel, à travers la beauté, l'harmonie, l'inspiration, toutes choses qui apportent une forme d'ordre et de paix dans ma vie.
 
Et tout cela en respectant mes besoins physiologiques et psychologiques de base, qui sont d'avoir un abri, un vrai chez moi (insatisfait, pour le moment), de pouvoir respirer, boire, me nourrir convenablement, bouger, faire du sport, ressentir mon corps, exercer mes sens, avoir une activité sexuelle, bénéficier de temps de repos suffisants, et me sentir protégée contre les menaces extérieures de toutes natures (maladies, parasites, agressions...).

Quant à donner des priorités...
Honnêtement, je ne vois pas comment je peux faire ça...

lundi 25 juillet 2016

Ma vie d'étrangère au monde


Je pratique l'introspection de manière automatique depuis aussi loin que je me souvienne.
Je me suis toujours interrogée sur le sens de la vie, sur mes émotions, sur les actions des autres, sur les relations de cause à effet.

Il m'a fallut plus de trois semaines pour rédiger ce billet...

La vie est une chose très complexe.
Je ne veux pas parler du processus biologique de l'apparition de la vie sur Terre, mais de la vie quotidienne des êtres humains, et en particulier la mienne (c'est la seule que je connaisse de l'intérieur).

Pour la plupart des gens, la vie courante semble aller de soi, de la petite enfance à leur grand âge. Ils avancent dans la vie sans trop de difficultés, même si certains obstacles se dressent sur leur route... Mais globalement, ça "roule".

C'est un peu comme si la plupart des gens voyaient des sculptures zéotrope fixes...



Tandis que je percevrais leurs versions animées, déroutantes... et magnifiques!!!


La plupart des gens semblent avoir une vision claire et stable de ce qui est...
J'ai le sentiment de ne percevoir que les arborescences et la complexité.
Pourquoi ai-je à vivre, ressentir, éprouver, expérimenter tout ça ? Est-ce que ça a un sens ? Si ce n'est pas le cas... je suis perdue. Pourquoi tout ça n'a pas de sens ?

Je comprend les gens qui cherchent des réponses auprès de diverses déités. L'idée qu'il puisse exister une intelligence supérieure, une volonté globale peut paraître rassurant. Mais incohérent, si on regarde les maladies, les catastrophes naturelles, les progrès techniques etc.

La vie est compliquée. Mais la plupart des gens ne le voient pas.
Ma vie est vraiment, vraiment compliquée.
Un chemin magnifique mais sinueux et complexe...


Il est compliqué pour moi d'accepter que le temps passe, qu'il est l'heure de dormir, que j'ai soif, besoin d'uriner et que vais devoir me coucher au lieu de continuer d'écrire.
Je dois laisser ce billet en suspend, en brouillon, et le reprendre demain.
C'est une chose difficile à faire, complexe.
Mais je vais le faire...

[une nuit plus tard]

Qu'on ne se trompe pas : en aucun cas je ne souhaite mettre fin à mon chemin de vie. Voici une très belle citation qui exprime bien ce que je ressens. J'accepte la lutte contre mes doutes.
"J'ai compris que le bonheur, ce n'est pas vivre une petite vie

sans embrouilles, sans erreurs et sans bouger.

Le bonheur, c'est accepter la lutte, le doute, l'effort."

J'ai appris le sens du mot "pragmatisme" tardivement. Il existe une école de philosophie, qui affirme que n'est vrai que ce qui a des conséquences réelles dans le monde. Je rejoins assez ce courant dans ma façon de ressentir le monde.
Toutefois je trouve ce mode de pensée limitée et non cohérente avec l'Univers dans sa globalité.

Je tend à être pragmatique, tournée vers l'action. Je réagis aux choses qui me sont extérieures et cherche avant tout à garder une stabilité d'esprit face à elles.

Ma mère m'a dit récemment que j'étais légaliste.
Peut être. Pas tout à fait.
Est légaliste une personne qui a pour souci de respecter minutieusement la lettre de la loi et les formes qu'elle prescrit.
En ce sens je ne suis pas légaliste, car certaines lois sont purement absurdes. Je ne dis pas qu'il faut les braver ou les contourner... mais bon, c'est ce que beaucoup de gens font, et dans un certain nombre de cas, je trouve ça normal.

Je respecte les règles quand elles ont un objectif cohérent, ou au pis aller, lorsque la sanction encourue en cas d'infraction à une règle qui me semble pourtant excessive est trop préoccupante et potentiellement privative (d'argent, de points sur le permis de conduire, de libertés...).
En cela, je suis pragmatique.
Je soupèse l'impact que les choses risquent d'avoir sur moi, de sorte à prendre des décisions "à faible impact émotionnel".

Je suis dérangée lorsque certaines personnes se montrent agressives gratuitement à l'égard des autres. Les agressions verbales sont répréhensibles, au même titre que les agressions physiques. Ce n'est pas être légaliste que de dire ça. C'est souligner simplement le fait que c'est mal d'insulter son voisin au lieu de discuter avec lui.
Donc, non, je ne suis pas légaliste au sens propre.
J'aime connaître et comprendre les règles, de la société, du jeu social, de la communication verbale et non verbale.



J'accepte très mal que les règles changent sans prévenir.

Probablement en raison de ma mauvaise acceptation du changement, je ne prend pas grand chose pour acquis. Je sais que les choses peuvent potentiellement changer. Les règles, les gens, les situations, une quantité incroyable de choses.
Cela ne semble pas poser de problèmes à la plupart des êtres humains...
Cela m'en pose énormément, à moi.

Je sais depuis bien longtemps déjà que je suis fragile face au monde, aux interactions sociales, et en ce qui concerne divers domaines de compétences (lesquelles me font défaut, car ils ne sont pas innés).
Je peux me montrer très soupçonneuse ou au contraire excessivement naïve.
Heureusement, j'apprends peu à peu à mettre en place les bons "systèmes".
Mais je rappelle que j'ai 34 ans.
Je me suis déjà faite arnaquer plusieurs fois dans ma vie et ce n'est que maintenant que je commence à savoir réagir dans des situations "à risque". De toute façon, je suis protégée efficacement, désormais. Économiquement et juridiquement.
C'est malheureux de devoir en arriver là.

Comme vous pouvez le constater, je suis d'une grande honnêteté.
Toutefois mes ressentis, mes émotions sont souvent versatiles, à géométrie variable...

Ce n'est pas pour autant que je mens ou dissimule volontairement des choses.

En revanche j'ai eu souvent tendance à considérer que certaines choses ne regardaient que moi et voyais mal pourquoi je devrais en parler à tel ou telle, vu que les tiers n'étaient pas concernés.
J'ai appris au fil du temps que certains appellent ça mentir.
Par omission.
Pour moi le mensonge comporte une dimension volontaire : il a pour but spécifique de cacher quelque chose. Donc je ne voyais pas en quoi ne pas dire certaines choses était mentir, dans la mesure où je ne cherchais pas spécifiquement à les dissimuler. Je comprenais pourtant le mode de pensée des personnes qui s'offusquaient de la chose. Mais je n'y adhèrais pas.
Il me manquait sans doute un élément crucial, que je ne sais pas encore bien qualifier.
Le besoin de me sentir "respectable"?

Garder un certain nombre de choses pour moi m'assure généralement une certaine tranquillité de vie.
Je ne mens pas, vu que l'information n'a aucune importance pour l'autre, sinon d'être connue, et je n'aime pas ça.
C'est invasif, ce besoin de "savoir" tout comme ça (écrit la fille qui aimerait tout savoir...).

De même, pourquoi partager une information qui va susciter des sentiments négatifs chez les autres?
Ce n'est pas logique.
Je n'aime pas faire souffrir les autres. Pourquoi est-ce que je devrais partager les informations qui font souffrir ? Je comprend bien qu'on puisse considérer ça comme un "mensonge", mais je ne suis vraiment pas d'accord avec ce point de vue.

Je ne considère pas que je sois manipulatrice.
Entendre des gens me reprocher des mensonges, des manigances ou des manœuvres diverses est une chose extrêmement blessante et fausse. Je suis très loyale, en règle générale. Mais on en revient à ce que j'ai écris ci dessus. Ma droiture n'apparait pas toujours comme telle, du fait que certains de mes comportements peuvent laisser penser que je "mens". Cela principalement en raison du fait que j’hésite en permanence entre le confort émotionnel des autres et le mien.

J'ai d'ailleurs parfois du mal à identifier les manipulations dont je peux être sujette.
J'ai eu tendance à être très crédule, à certains moment de ma vie.
Après l'avoir souvent caché, j'ai fini par apprendre à avoir la démarche totalement inverse : j'ai appris à le dire.

Avant je gardais les choses pour moi, trop honteuse d'avouer mes déficiences.
Aujourd'hui je préfère les étaler.
Je suis fragile, je le sais, aidez moi... Je les étale, donc les autres le savent aussi, et loin d'ouvrir la porte de la bergerie, j’essaie de liguer ainsi les autres autour de moi.

Je me suis un peu blindée, aussi.

Blindée... mais pas contre tout.

Je reste souvent confuse et complètement submergée face aux sentiments des autres. D'ailleurs je suis confuse face à mes propres sentiments, la plupart du temps. J'ai une usine à gaz à la place du centre des émotions. Parfois, elle s'emballe et ça donne du pur "n'importe quoi". Je suis complètement perdue.

Je passe mon temps à chercher à me rapprocher des autres et à m'en écarter car, à dire vrai, les relations avec les autres sont complexes et épuisantes. J'ai longtemps vécu avec un sentiment d'isolement vissé au cœur et à l'âme. Heureusement je bénéficie aujourd'hui du soutien clair et positif de ma famille, et c'est quelque chose d'incroyablement générateur d'équilibre.

Malgré tout, je reste caractérisée par des mécanismes de fuite.
Fuir pour se sauver, se préserver de la souffrance.

Je me protège de l'anxiété générée par l'existence en cogitant.
Arrêter de penser, c'est ne plus être. Je pense donc je suis. Je suis, donc j'ai une place (j'espère) même si je n'arrive pas à la trouver.
Je me sens tellement étrangère au monde qui m'entoure !!!
J'essaie et j'échoue, mais j’apprends, aussi.

Je fais régulièrement des "fixettes" sur certains sujets, certaines choses. Une façon d'expulser l'anxiété, de la fuir, encore, toujours. Je fuis de tellement de façons différentes les choses qui me perturbent que ça me semble impossible de les énumérer toutes. C'est souvent intellectuel, mais pas que. Parfois cela passe par un abrutissement volontaire devant des jeux sur Internet (je suis une joueuse persistante de Farm Heroes et de Papa Pear, et dans une moindre mesure, de Candy Crush et Candy Crush Soda), devant la télévision (j'adore les séries policières "techniques", telles Les Experts, mais aussi la science fiction et le fantastique) ou autres moyens d'évasion imaginaire.

Depuis que je sais lire, je consomme les mots avec une sorte de boulimie et les utilise avec la même intensité. Ce blog en est témoin. Écrire est une bonne façon de mettre de l'ordre dans mes pensées et d'apprendre de moi même. Me connaître est essentiel, pour pouvoir tenter d'aider les autres à me comprendre un peu.

Une autre façon de fuir consiste à gommer les différences qui peuvent exister entre moi et les autres. Ainsi, lors d'une discussion ou d'une relation avec une tierce personne, je vais spontanément prendre le même accent, manifester les mêmes tics de langage, adopter des comportements similaires. C'est quelque chose que je maîtrise très peu et que je trouve terriblement agaçant. Je passe mon temps à espérer que les autres ne le voient pas et n'imaginent surtout pas que je me moque d'eux (ce qui n'est pas le cas du tout, bien sûr!).

La fuite se fait aussi dans la création, les couleurs, le dessin, le coloriage, la couture, la cuisine... bref, toute sorte de domaines de loisirs créatifs. Je suis peu portée sur le jardinage (peut être parce que j'ai toujours peur de mal faire et que ça ne pousse pas... certains ont les "pouces verts", moi je fais crever les plantes). En revanche j'adore tailler les haies, débroussailler, et autres choses plus "techniques". J'adorais tailler les buis, fut un temps... Pendant que je manie la cisaille ou le sécateur, mon cerveau ralentit, je parviens à sortir de mes cogitations constantes. C'est très reposant.
On peut obtenir des choses superbes, juste avec du buis...


C'est très difficile pour moi de me reposer vraiment. "Ne rien faire" ne me permet pas de mettre mon esprit en sourdine. Je dois absolument me concentrer sur quelque chose pour vider mon esprit.
Un cours d'aquagym est relativement efficace. Surtout quand je connais bien la chorégraphie... mais elle change tous les trois mois. Snif.

Pour arrêter les cogitations, je compte parfois. Mes pas, le nombre de marches, les rayures au sol, le tic-tac d'une pendule... Comme une danseuse inexpérimentée qui danserait la valse devant des tiers pour la première fois. 1, 2, 3, 4... 1, 2, 3,4.. etc

Il y a aussi la fuite tout ce qu'il y a de plus réelle. Comme la fois où je me suis enfuie dans les toilettes d'une salle des fêtes, lors d'un anniversaire, pour échapper à "la chenille". Ou cette autre fois où je m'étais cachée sous mon lit, à 16 ans, parce que mes parents avaient invité à déjeuner des gens que je n'avais pas du tout envie de voir (ça avait été pire, parce que ma mère avait eu l'idée stupide d'inviter les petits enfant à jouer dans MA chambre... elle n'avait absolument pas conscience, à l'époque, du viol de mon intimité qu'elle me faisait ainsi subir... d'autant que j'étais sous le lit en train de faire une crise d'angoisse terrible...).

Les complexités de la vie ne s'arrêtent pas là...
Mes sentiments sont complexes. C'est souvent Jeanne qui rit et Jeanne qui pleure. Je peux passer d'un état d'euphorie totale à un abattement aussi complet en un temps record. Je peux me montrer complètement indifférente à une chose un jour et y être excessivement sensible quelques temps après.
J'ai le sentiment désespérant de n'avoir strictement aucune prise sur ces réactions et c'est très effrayant. Je vis dans un univers dangereux, toujours sur le qui-vive.
C'est épuisant.

Comme je l'ai déjà expliqué, je souffre des contrastes de luminosité (une seule bougie dans la nuit, les flammes d'un briquet lors d'un spectacle ou d'un concert, et surtout la conduite de nuit sont des choses qui me sont très pénible) et de l'excès de luminosité (je sors rarement sans lunettes de soleil).


J'ai de nombreuses acouphènes et autres sensations désagréables au niveau des oreilles (bouche, débouche, vibrations...). Je suis très très sensible aux bruits générés par les autres et m'efforce le plus possible de ne pas en produire trop (vaisselle, clés, cuillère dans une tasse, dans un pot de confiture, portes et placards qui claquent...).
Certaines matières sont insupportables à toucher pour moi. Cela génère un malaise physique tellement intense que je m'abstiens, la plupart du temps (rien que d'évoquer la chose en pensée, j'ai instantanément la nausée!). Certaines textures alimentaires sont également nuisibles... J'ai découvert récemment que je ne supporte pas le jus de betterave crue (je sais, on trouve pas ça à tous les coins de rue): nausée absolue, car une sorte de "truc" râpeux affreux.
Si je suis très anxieuse, cela va modifier mes perceptions olfactives et gustatives. Un repas "normal" va prendre des saveurs infectes.

Ma vie est aussi compliquée du fait que je manque parfois de coordination.
J'arrive à suivre les cours d'aquagym et les séances de yoga (à peu près...), mais dès que les mouvements sont rapides, je suis perdue, physiquement et émotionnellement. L'aérobic en salle est devenue avec le temps un supplice.

Pour vous donner une idée de mon manque de coordination, de ma mauvaise estimation des distances, de ma vitesse ou celle d'autres objets, sachez que je suis une grande spécialiste du "loupé de virage en couloir": je ne compte même plus le nombre de fois où je me suis cognée dans le mur en voulant contourner un angle, ni les coups de table (haute ou basse) que je me suis "mangé", même en faisant attention, ou encore les montants de portes. Je me prends régulièrement des gadins, avec plus ou moins de séquelles (j'ai des cicatrices qui témoignent encore de certaines chutes). Je suis une quiche en badminton, parce que je n'arrive pas à frapper le volant au bon moment ("boing!", sur le manche!!!)...

Je parle de conduite de nuit mais ma conduite tout court peut laisser à désirer. Je m'efforce d'être bien concentrée, car j'ai parfois du mal à gérer mon véhicule, son volume, l'espace dans lequel j'évolue (mauvaise évaluation des distances, des hauteurs...). J'ai fais plus de 40 heures de cours de conduite (je rappelle que 20h sont obligatoires, pour passer le permis) et n'ai obtenu le "papier rose" qu'à la troisième tentative.

La conduite est un ensemble de procédures et ça, c'est un truc qui me pose vraiment problème. Qu'on ne se trompe pas : j'adore conduire et j'estime être une conductrice "normale". Mais ça m'a demandé des efforts très très intenses depuis 16 ans que j'ai le permis.
Les nouveaux endroits (et donc les trajets) me posent en revanche de gros soucis. Comme le fait de conduire un autre véhicule que celui auquel je suis habituée. L'idéal pour moi serait une petite citadine, à la place de la Mégane II que je conduit actuellement...

Mon rêve : la Fiat 500C ^^
Mon rêve : la Fiat 500C ! ☺ Une 500, ça serait déjà ça...
Dans l'ensemble, tout ce qui me demande une bonne coordination génère une grande anxiété. Si je dois faire quelque chose en plusieurs étapes, avec des choix à faire, en mettant en place des savoir-faire ou des savoir-être, ça va être "chaud".

L'idée même de la succession d'opérations à exécuter pour accomplir une tâche déterminée (c'est à dire ce que j'appelle les "procédures") est en soi anxiogène.
Comme je suis angoissée, la probabilité que j'exécute mal les opérations est augmentée, ce dont j'ai conscience, ce qui augmente mes risques de mauvaise exécution, etc. Du coup je passe mon temps à me poser des questions, sur l'utilité des étapes, l'utilité de la tâche... Et parfois j'abandonne purement et simplement, avec honte, parce que je suis complètement bloquée.

Si une tâche me semble sans intérêt, je ne l'accomplis pas.
Pourquoi m'infliger de la souffrance alors que c'est inutile?

Quand je vous dis que ma vie est épuisante!!!

Faire le ménage est parfois une activité insurmontable.
Prendre soin de moi également (brossage des dents, douche, séchage et brossage des cheveux, coiffure...).

Je suis assez désordonnée, surtout concernant les choses "secondaires" (mes crayons de couleur sont rangés par teinte, par contre, toujours dans le même tiroir...). Toutefois, mon désordre est en quelque sorte "organisé". J'ai une mémoire audio-visuelle et photographique. Je ne me situe pas bien dans le temps (des choses survenues il y a deux jours pourraient tout aussi bien s'être passées il y a deux mois...), mais par contre si je sais que j'ai vu un truc à tel endroit, même s'il est enterré sous une montagne de fringue en vrac, je vais retrouver ce que je cherche. La plupart du temps. ^^'

[13h26... départ pour la douche que j'avais prévu de prendre 3 heures auparavant... 13h53, de retour]

Pfff... j'ai les mains qui tremblent, pas top pour écrire... Faible tonus musculaire lié à la fatigue. C'est fréquent, je suis habituée. Je sucre les fraises par intermittence.
J'ai le cuir chevelu qui me pique et me brûle, car je me suis grattée, encore et toujours (je me gratte la tête depuis... aussi loin que je me souvienne).

Je suis épuisée... Je vais devoir laisser de nouveau ce billet de coté pour essayer de me refaire un peu la fraise.
Je souffre de fatigue chronique.
À tel point que j'en suis à 8 bilans thyroïdiens en moins de 6 ans. Toujours normaux.
Je suis habituée à la fatigue. C'est un état avec lequel je suis familière, même si c'est pénible à vivre.
C'est en partie à cause de cette fatigue que je me cogne si facilement je pense, et que je fais tomber des choses. 
C'est fatiguant d'être fatiguée.
Je me sens régulièrement "au bord de l'épuisement".

...nuit...

J'ai des troubles alimentaires depuis pas mal de temps. Hyperphagie compulsive. Difficultés à percevoir la satiété, aussi.
Justement, un de mes plus anciens intérêts restreints concerne... la bouffe.
Même à la fac de droit, j'ai réussi à faire un exposé sur les cookies (en cours d'anglais, hein... ^^').
À la primaire, je faisais tous mes exposés sur des sujets alimentaires.

Très jeune, par contre, j'ai été "accro" au sucre. À une époque, je mettais jusqu'à 7 morceaux de sucre dans mon thé du matin! Puis j'ai lu "Sugar Blues, le roman noir du sucre blanc", de William Dufty. Je me suis sevrée de la douce mais malveillante substance qu'est le saccharose raffiné, du jour au lendemain et ai tenu des mois...

Je suis fascinée par l'alimentation, la nutrition, les nutrithérapies...
Par extension, j'adore cuisiner (mais inimaginable d'en faire un travail : je supporte à peine que quelqu'un d'autre soit dans ma cuisine pendant que j'opère, alors inutile d'imaginer que je puisse passer un CAP ou créer un laboratoire culinaire !).

Toujours par extension, je m'intéresse à la médecine, la santé globale, la psychologie, la phytothérapie, l'aromathérapie, la pharmacologie...

Je cherche des réponses.
Pourquoi ai-je mal au ventre? Pourquoi ai-je la vessie si facilement irritable? Pourquoi ai-je sans arrêt des mucosités qui me gênent au niveau de l’épiglotte? Pourquoi ai-je ces douleurs récurrentes ? Pourquoi mes acouphènes ? Pourquoi mon bruxisme... Pourquoi moi?!?
Pourquoi je suis là, pourquoi j'ai une vie de merde compliquée ? Qui je suis ?
Dans quelle état j'erre? Et dans quelle étagère on devrait me ranger, dans quelle "case" ?



Qu'est ce que je suis ? Comment est-ce que je peux changer tout ça ?
Pourquoi est-ce que je me gratte partout, pourquoi est-ce que je me sens mieux quand je me balance, quand je suis dans l'eau ou quand je suis enfouie sous des couverture pesantes?

Je commence à obtenir des commencements de réponse.
Ouf!
J'ai bien fait d'entretenir l'espoir, alors !
Savoir qu'il existe des réponses est rassurant.
Ce n'est pas pour autant que ça rend ma vie rassurante.


J'ai conscience de tenir parfois des choses pour acquises. Par les autres. Par exemple le suis souvent persuadée que telle ou telle personne sait parfaitement une ou plusieurs choses me concernant, alors que ça n'est pas le cas. Cela cause des quiproquos, l'impression chez les tiers que je leur mens, leur dissimule des choses ou encore que je me moque d'eux. Ce n'est pas le cas.


Inversement il a pu m'arriver d'être excessivement confiante et crédule.


Tout cela est très confus pour moi.
Ce que je ressens est confus.
Ce que ressentent les autres aussi.
Ce qu'ils pensent et ce que j'imagine qu'ils sont susceptibles de penser...


J'essaie en permanence de donner une certaine cohérence à tout cela.
C'est peut être pour cela que j'aime beaucoup les origamis (je ne suis pas pratiquante, mais je commence à y songer). L'art des origami consiste tout de même à créer un volume plus ou moins complexe à partir d'une feuille de papier, surface simple et entière. La matière reste cohérente. Les plis sont minutieux et spécifiques, rationnels. La forme obtenue est souvent à forte charge symbolique...




Je pense que je cherche à obtenir cette cohérence dans la vie. Mais les interactions avec les autres sont malheureusement loin d'être cohérentes et logiques. Je continue d'avoir les mêmes comportements d'attente vis à vis des autres, même après avoir reçu pour preuve à de nombreuses reprises que les choses ne "fonctionnent" pas comme je l'attend.


Souvent je "m'attend" à obtenir certains résultats dans mes interactions sociales (directes ou indirectes), en agissant de telle ou telle manière. Comme si la vie était une équation mathématique simple. Sauf qu'elle ne l'est pas. En matière d'émotions, on ne peut jamais présager des résultats, des réactions des autres. Je suis souvent blessée par les réactions illogiques et imprévues.


Je le sais.
Mais une partie de moi n'arrive pas à fonctionner en fonction de ce savoir.
J'ai la connaissance du phénomène, mais mon "savoir-être" semble ne pas vouloir s'accorder à cette réalité.


Au moins je sais que j'ai fais d'énormes progrès dans certains domaines...
L'humour, par exemple. J'ai vraiment été lamentable dans cette matière, pendant des décennies. C'était très douloureux. Je me sentais vraiment exclue d'une partie de la vie sociale à cause de ce "handicap mental". Heureusement, il semblerait que j'ai appris et me soi adaptée, au fil du temps. Peut être aussi que j'accorde aujourd'hui moins d'importance à ces choses là et me laisse simplement "aller" plus facilement.


L'humour est une chose complexe, parce que parfois on ne sait pas si les gens plaisantent ou bien sont sérieux. Il y a des personnes dont je crois qu'elles plaisantent mais sont en fait très sérieuses, et inversement. Quelque part, cette difficulté face à l'identification des traits d'humour est la même que celle face à l'honnêteté des gens.


J'ai souvent eu le tors de penser que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Mouais...
Sauf que parfois la réalité vraie est toute autre...

Oui, j'ai de l'humour. Noir, même.

J'essaie de me blinder un peu plus et de partir un peu plus sur une base défensive...
Il faut que je soi capable de partir sur la base que les gens ne sont pas sympa, ne sont pas mes amis et que je dois être très très prudente avant de leur accorder ma confiance. Je ne veux pas dire que je veux être sur la défensive en permanence, ni agressive. Mais la véritable confiance se mérite. Dans la plupart des cas, mieux vaut s'en tenir à une confiance "méfiante", c'est à dire à en dire le moins possible, et à ne pas ressembler à l'agnelle de la veille.
En plus je suis loin d'être une oie blanche, alors il faut vraiment que je m'habitue à avoir l'air d'une femme solide, au lieu d'exposer sans cesse mes failles.
Je crois que je vais commencer à aller aux cours d'AquaBoxing...
Bizarrement, le peu de gestes de kick-boxing que je connais et parviens à exécuter correctement me donnent un sentiment de confiance en moi, et de plus grande solidité psychique.

Je ne pense pas en revanche que ce genre d'activité efface ma grande propension à me sentir responsable des sentiments négatifs des autres. Je ne pense malheureusement pas que ça m'aidera à cesser de culpabiliser ou avoir cette sorte de "pitié mal placée" pour les gens qui m'ont blessée ou fait du mal d'une manière que je ne cesse de juger "involontaire".


Attention : je ne culpabilise pas de ma colère contre les vrais "méchants loups", ceux qui sont ainsi, le savent, et utilisent toutes leurs capacités malfaisantes pour abuser les autres.

Je culpabilise en revanche énormément lorsque une personne que j'apprécie (ou ai apprécié), me cause de la souffrance. Une partie de moi pense que je suis en faute, pour ne pas avoir été claire, pour ne pas avoir su exprimer ma souffrance ou rectifier une "vision déformée" que l'autre a peut être eu à mon sujet, ce qui (dans mon esprit en quête de sens) l'a amené à être désagréable, agressif ou liberticide à mon égard...


La moindre divergence d'opinion avec quelqu'un que j'aime (d'amitié, de liens familiaux, d'amour...) est susceptible de prendre des dimensions "délirantes". Je vais être blessée très rapidement, parce que je prête parfois aux autres des intentions ou des pensées qu'ils n'ont pas, d'où ma culpabilité postérieure. Mes blessures émotionnelles viennent souvent de ma mentalité du "tout ou rien".
"Si il ne parle pas de faire un truc avec moi, c'est parce qu'il ne veut pas et ne voudra jamais".
Ou, plus rationnellement, il ne sait pas que ça me fait envie, peut être que je n'ai jamais évoquée la chose, peut être qu'il n'imagine même pas que ça puisse m'intéresser...
Sauf que la plupart du temps je reste "en fixette" sur le "négatif" et ne parviens pas à tenir compte de la situation globale, à dépasser mes propre préjugés et discuter.

Il y a des tas de gens avec qui j'aurais pu faire des tas de trucs, mais avec qui ça n'a jamais pu se faire, parce que je partais sur la base que ça ne les intéressait pas.
Mon mari aimait l'Opéra.
J'aurais adoré aller à l'opéra avec lui.
Je ne lui proposais même pas ce genre de sorties quand je voyais des choses comme ça au programme culturel... parce que je le savais fan de Jazz, mais pas d'Opéra.
Je ne l'ai su que quand il était déjà malade.

Cela peut toucher tous les domaines de la vie, sociale, culturelle, quotidienne...

J'éprouve de nombreux sentiments négatifs et délétères, dès que je suis en relation avec une personne que j'apprécie, principalement en raison de mes difficultés à communiquer quant à mes désirs et blessures. Je vais être obsédée par un "non" de circonstances et en faire un "non" généralisé.

Je ne sais pas comment l'écrire correctement, l'exprimer correctement, de manière à ce que ça soit comprit par le plus grand nombre.
C'est très éprouvant, émotionnellement et même physiquement.
L'idée de ne pas réussir à exprimer ce que je ressens crée un malaise physique envahissant.

À l'opposé, un simple petit compliment ou une invitation "banale" va me mettre dans un état de bonheur tout aussi délirant.

C'est vraiment "tout ou rien"...


Et c'est vraiment triste.

Je ne sais pas prioriser mes besoins personnels par rapport aux besoins ou attentes des autres.
C'est vraiment un très très gros problème.
Je fini par ne pas du tout tenir compte de ce dont j'ai besoin dans la vie pour être épanouie.

Mes besoins fondamentaux (en dehors de manger, boire, dormir etc) sont d'avoir prise sur ma vie (me sentir autonome et responsable) et d'avoir une vie sentimentale (ce qui implique intrinsèquement de réussir à communiquer efficacement avec l'homme que j'aime, ce qui est régulièrement sujet à quelques ratés...

J'ai beau aimer les mots et leur étymologie, cela ne m'aide désespérément pas à communiquer, ni par exemple à savoir prendre à part mon chéri pour lui dire quelque chose...

J'aime les mots et les modèles.
D'une certaine façon, j’entretiens l'espoir vain selon lequel en connaissant le sens des mots et l'organisation des modèles généraux, ça va me rendre plus apte à affronter la vie. Mais c'est vain, car le monde ne fonctionne pas ainsi. C'est désespérant, mais c'est comme ça.
J'aurais beau enregistrer le modèle de ce qu'il faut ou ne faut pas faire dans une situation donnée, il est probable qu'elle ne se reproduise pas, ou pas à l'identique, et je serais de nouveau dépourvue.

Chaque fois que j'ai l'impression que les choses ont évolué en positif, je me prend les pieds dans le tapis, comme si la vie se faisait un malin plaisir de me voir me casser la gueule. C'est épuisant.

J'essaie d'écrire pour comprendre, analyser, identifier les problèmes et leur trouver des solutions, mais la plupart du temps, ça ne marche pas. Pas de manière durable.
Je me sens vraiment handicapée de la communication.
Parfois c'est tellement insurmontable que j'ai seulement envie de disparaître.

Il faut dire que j'ai souvent tendance à me confier énormément aux personnes en qui j'ai confiance et à imaginer que mes confidences vont les aider à "faire les bons choix pour moi" si nécessaire.

Sauf que ça ne fonctionne évidemment pas.

Pire, cela me place parfois dans des situations vraiment dangereuses pour mon équilibre, parce que j'ai parfois le sentiment d'avoir donné toutes les "clés" à une personne pour qu'elle sache comment gérer telle ou telle situation me concernant... mais en réalité la plupart des personnes "normalement constituées" ne retiennent tout simplement pas ces informations, car elles pensent que je vais être capable d'exprimer ce que je veux ou pas, dans des situations qui leurs paraissent "simples", alors que justement, elles sont extrêmement compliquées pour moi.

J'ai tellement de mal à exprimer ce que je veux ou ne veux pas que ma vie sentimentale peut vite devenir délétère, à l'insu de l'autre, parce qu'une partie de moi voudrait que ce soit à lui de "comprendre" alors que mon esprit rationnel sait parfaitement que c'est à moi de savoir "faire comprendre".

J'ai tendance à garder pour moi beaucoup de pensées et de ressentis et à m'imaginer par ailleurs que je les ai partagé, ou que "ça se voit comme le nez au milieu de la figure".

J'ai souvent l'impression de communiquer de manière efficace et efficiente, alors que ça n'est de toute évidence pas du tout le cas. C'est épuisant et vraiment difficile à vivre.


Dès le moindre cafouillage, je me remet en cause, quand ce n'est pas les autres que je remet en question, leur présence dans ma vie, à mes cotés. Parfois la seule solution viable me semble de passer à un mode de vie de recluse, de ne plus fréquenter personne, pour ne plus souffrir ni faire souffrir les autres à cause de mes modes de pensée dysfonctionnels. Je sais pourtant que je ne peux pas vivre comme ça.
J'ai vraiment besoin des autres dans ma vie.
Même avec toutes les difficultés que j'ai par rapport aux relations sociales, j'ai malgré tout besoin d'être avec les autres. Peu mais bien.

J'aimerais tellement être capable d'analyser correctement les situations et de trouver les bonnes variables d'ajustement de manière spontanée.
En général, c'est tout le contraire qui se produit.
Je me retrouve à faire exactement ce qu'il ne faut pas, et ça me terrorise.
Je fini par être épuisée par une situation sociale subie, en colère contre moi et contre les autres... je me retrouve alors à mettre les pieds dans le plat de la manière la plus incorrecte qui soit, et n'avoir qu'une seule envie : fuir loin de toute cette agitation, simplement pour que ça s'arrête.

Fuir dans la solitude est un vieux réflexe de survie.
Malheureusement, je ne vis plus aussi bien qu'autrefois mes prises de tangente subites.
J'en éprouve au contraire une grande honte et le sentiment d'agir de manière puérile et inadaptée.
Non seulement je souffre des situations sociales que j'essaie de fuir, mais en plus je souffre de ma façon de les fuir.

Parfois je n'ai pas du tout envie de sortir de chez moi, mon havre de solitude, parce que je n'ai pas envie de parler, de devoir m'adapter. À ces moments là, les interactions sociales me semblent tout simplement insurmontables.

Quand je suis dans cet état, un coup de téléphone va être terrible (mais je vais me sentir obligée de décrocher, quitte à me montrer désagréable).
Sortir de chez moi, ou rester avec l'homme que j'aime, à ces moments, c'est épuisant... Je me sens traquée, observée, jugée. Je passe mon temps à me demander si ce que je fais ou si ma façon d'être est "correcte" ou pas. Je perd parfois complètement pied et j'ai seulement envie de disparaître au fond d'un placard capitonné, de m'endormir recroquevillée sur moi même et d'attendre que la tempête se calme. Voire de disparaître tout court.

Je conserve toujours l'espoir que tout ça se calme vraiment, complètement, un jour.

J'essaie de tout faire pour que tout ça ne se reproduise pas, mais cela revient, encore et encore, ad nauseam.

Je me sens vraiment coincée entre ma volonté d'épanouissement personnel et ma volonté de m'intégrer, de partager des choses avec les personnes que j'apprécie ou que j'aime. La "société", je m'en fous, maintenant. Elle se passe très bien de mon intégration, alors je préfère la laisser où elle est. Mais j'ai malgré tout besoin de contacts, je ne peux pas vivre sans sentiments, sans émotions et sans relations humaines.

J'ai même tellement besoin d'être avec les autres que je refoule bien trop souvent mes véritables souhaits, mes besoins. Je cherche à plaire, à satisfaire les autres, à "être comme tout le monde", sauf que je n'ai strictement pas la moindre idée de ce que ça peut bien être...
J'ai encore aujourd'hui tendance à adapter mes comportements et préferences en fonction des personnes que je fréquente, et non en fonction de mes besoins intrinsèques.

Le pire c'est que souvent je m'imagine que ce que je ressens alors fait vraiment partie de moi, alors que ça n'est pas du tout vrai. J'essaye seulement de "coller" aux "attentes" que je crois identifier chez les autres.
Cette manière d'être me dégoute profondément.



Je voudrais tant réussir à être différente...
Je voudrais tant réussir à savoir qui je suis, ce que je veux ou ne veux pas, sans me laisser influencer par quoi que ce soit, de sorte à faire passer des messages clairs et cohérents...
Je voudrais être une personne meilleure et différente.
Ou simplement trouver qui je suis et l'accepter.

J'aimerais être vue telle que je suis, honnête et sincère, et comprise, malgré ma complexité.

Je sais très bien que je suis excessivement sensible aux points de vue et opinions des autres. Je déteste qu'on mette en exergue mes limites et défaillances, même si je les connais bien. Simplement cela tombe toujours comme un couperet, quelque chose de péremptoire et de cruel. Le fameux "point où ça fait mal". Inutile d'appuyer dessus, merci bien.
Sauf que souvent les gens ne font pas du tout exprès, en fait.
Parfois, même, ils pensent réellement bien faire.

Ce n'est pas de ma faute, si je suis aussi étrangère au monde.
Je vous jure que je fais des efforts. Depuis des dizaines d'années.
Mais parfois, je me demande vraiment à quoi bon...

Et puis je pense à tous les gens que j'aime, et à toutes les choses que j'aime, et ça va un peu mieux...

samedi 28 mars 2015

Grosse

(Vi, y'a la WiFi, à la clinique)

En farfouillant dans mon PC, j'ai revues des photos de moi il y a 6 à 10 ans, et je me suis prise une méga baffe dans la gueule.

Pas compliqué :
165cm de haut, une bonne ossature, mais 85 kilos.
IMC=31,2
"Obésité modérée".

Je pense sérieusement à consulter, mais de toute façon, en règle générale, les choses sont simples: trop d'apports caloriques et pas assez de calories brûlées. Et aussi des apports nutritionnels de mauvaise qualité et un taux de cortisol dans le sang trop élevé (hormone du stress, qui pousse le corps à stocker).

Perso, je me sentais vraiment bien à 60 kilos.
Mais je pense que 62 ou 63 kilos, ça serait raisonnable.

Plus que mon poids, c'est la silhouette, que je veux travailler, mais l'un ne va pas sans l'autre.
Retrouver mes bras athlétiques, ma taille mince contrastant avec mes belles hanches, perdre la masse grasse de la face interne des cuisses. Rien d'impossible. Mais pour ça, il faut décrocher du PC, de la chaise, enfiler ses baskets et passer à l'action.

Donc va falloir se battre.
Marche, fitness, vélo de ville, aquabike, Zumba, stretching.... etc.
Je crois que je commence à savoir vers quoi mes activités vont se tourner dans les mois à venir.

Surtout, je le fais pour moi, pour reprendre confiance en moi. Pour absolument personne d'autre.
Il y a encore 1 an, je ne faisais "que" 72 kilos. Je me suis laissée plomber par les soucis.

J'aimerais faire de la Zumba, parce que je pense que l'ambiance des cours (festive et naturellement euphorisante) serait très positive sur ma dépression. J'aimerais faire de l'aquabike parce que ça fait détaler la cellulite. Et je souhaite que les séances d'étirements rentrent à fond dans ma routine, parce que je veux de longs et beaux muscles (sauf les fesses, qui, elles, ne seraient pas contre un raccourcissement de la fibre musculaire!!!).

Mais pour commencer: marcher, marcher, marcher. À la campagne, en ville, marcher marche, marcher!!!


Et je pense aussi un peu à l'hypnose, pour essayer de réguler mes rapports à l'alimentation.


jeudi 10 mai 2012

68,4 kilos

IMC de 25,1.
Je suis "officiellement" en surpoids.
Énorme déception.
J'étais motivée pour faire du vélo d'appartement ce matin. Une demie heure devant une série TV. De la sueur. Un léger essoufflement. Tout ce qu'il faut.
Et après, motivée pour monter sur la balance, surtout que mon mari était sortit, et que je ne supporte pas qu'il sache quand je me pèse, ni qu'il connaisse mon poids (en même temps, il lit le blog...).
68,4 kilos.
10 kilos de plus qu'il y a 10 ans.
2 kilos de plus que les 66 qui m'ont décidée à tenter mon unique "régime" il y a un an et demi... et là, j'étais descendue à 64,8.
J'en pleurais, tout à l'heure.

Un sujet de plus à aborder avec le psychiatre, cette après midi.

jeudi 19 janvier 2012

"Maigrir c'est dans la tête", partie 3 : La clef du comportement alimentaire

Je continue le feuilleton de mes impressions relatives à ma lecture du livre du Dr Apfeldorfer...

La clef du comportement alimentaire

Le livre propose de tenir un carnet des conduites alimentaires. L'idée me plait beaucoup. Il s'agit de noter fidèlement les conduites, sans chercher à les maîtriser, au contraire de ce que j'avais tenté de faire, voici quelques années. En effet j'avais tenté de maîtriser mon alimentation en notant ce que je mangeais. Le problème c'est que dès que je commettais un écart, j'oubliais de le noter, volontairement ou pas. En fin de compte, noter mes excès avait été trop dur et j'avais laissé tomber. Là dessus, Apfeldorfer est super dans ses explications et je me suis reconnue dans ce qu'il écrit sur la difficulté de tenir un tel carnet.
Oui, on aimerait que nos débordements alimentaires n'aient jamais existé... qu'il est difficile, alors, de leur donner une réalité, au lieu de les oublier purement et simplement. Il parle "d'officialiser chaque prise alimentaire"... heu... Juste pour soi, hein.
Ce carnet n'a pas à être public.
D'ailleurs, si mon mari lit ça, je préfèrerait tant qu'à faire qu'il l'oublie, qu'il n'en fasse jamais mention devant moi, qu'il fasse tout pour considérer que c'est de l'ordre de la plus profonde intimité et que ça me fait suffisamment honte pour que je ne souhaite pas en parler avec lui.
Page 61, d'ailleurs il est écrit "Que se passera-t-il si votre conjoint [...] trouve ce carnet et y découvre vos turpitudes [...]? Ne va-t-il pas [...] vous mépriser au moins autant que vous vous méprisez vous-même [...]".

Le but du carnet est de nous conduire à considérer les débordements alimentaires non comme des fautes, mais comme des problèmes à résoudre. S'en suit des consignes pratiques que je vous épargnerais. Là encore, si ça vous intéresse, il existe des tas de sites qui donnent la marche à suivre.
Il y a même une petite "foire aux questions" relative à ce carnet. L'occasion par exemple de rappeler que le carnet n'a pas une vocation policière, mais bien de diagnostique (repérer et comprendre).

Vient ensuite justement un outil diagnostique. Certes, je n'ai pas tenu un tel carnet depuis des mois, voire des années, mais je commence à bien connaître mes comportements alimentaires.

Je suis une mangeuse binaire. Je mange "normalement" aux repas, en me restreignant (un peu, mais pas trop... surtout aux repas) et je pers le contrôle, en général entre les repas (mais pas que).
Je me suis rendue compte que j'ai des aliments tabous, ce que je n'imaginais pas (la fameuse alliance gras/salé/sucré... mais pas que... et il me reste à en identifier pas mal avec le carnet). Ce n'est pas compliqué, ce sont en général les aliments que je dévore quand je perds le contrôle.
Page 71, Apfeldorfer évoque mon cas de mangeur: "Les individus qui font des boulimies véritables et régulières, mais n'utilisent pas de moyen aussi radical que le vomissement provoqué, la prise de médicaments à hautes doses ou le sport frénétique pour ne pas prendre de poids sont, fort logiquement, fréquemment en surcharge pondérale".
Vous noterez qu'ils sont "fréquemment", mais pas "systématiquement".
Il continue en écrivant "Les psychiatres ont créé pour eux depuis quelques années une nouvelle catégorie, l'hyperphagie boulimique[...]. On considère habituellement  que les troubles psychologiques de ces personnes sont moins intenses, mais de nature semblable à ceux des personnes boulimiques nerveuses".
Bizarrement, ça fait du bien à lire.
Plus loin, il parle aussi de ces personnes qui mangent modérément les "jours ouvrables et qui basculent dans la frénésie alimentaire le weekend", ce qui était justement mon cas quand j'étais interne. C'est aussi ce type de comportements alimentaires que j'ai eu quand j'ai commencé à travailler en intérim : des conduites alimentaires normales durant les missions "longues" (c'est à dire quelques jours) mais une frénésie alimentaire épouvantable après, au moment du contrecoup nerveux.

J'ai aussi des périodes ou j'ai une alimentation non restreinte aux repas (je me ressers etc), avec en plus des pertes de contrôle. Mais en général, je suis plutôt restreinte aux repas, ne serait-ce qu'à cause de ma peur du regard de mon mari, et des autres en général.

Mieux comprendre ce que se restreindre veut dire.

Une sous partie non dénuée de sens... À lire. Je ne peux pas vous la résumer, désolée. J'ai surtout appréciée la partie relative au dialogue intérieur et à l'énergie nerveuse consacrée à lutter contre les tentations, ainsi que l'analyse du développement des tabous alimentaires (lesquels me concernent, alors que je pensais qu'il n'en était rien).
Extrait choisi, illustrant parfaitement la restriction, l'instauration de tabous alimentaires et à quel point les mesures mises en place afin de ne pas manger sont celles-là même qui précipitent la chute :
"Je ne dois pas en manger, comment faire pour ne pas en manger, et pourquoi après tout n'en mangerais-je pas ? et si j'en mangeais ? quand vais-je en manger ?"

Restriction et perte de contrôle : deux états de conscience fondamentalement opposés.

On se rapproche étarangement de mon problème de distorsions cognitive, je trouve. Une alternance entre un hypercontrôle pour maintenir la "norme", le "raisonnable", le "rationnel" et le basculement vers une perte de contrôle, justement, où on plonge dans l'irrationnel.
Malheureusement il semblerait que plus de contrôle aboutisse souvent à plus d'excès. Quelque chose dont je devrais essayer de me souvenir, au delà des mes problèmes alimentaires... sauf que savoir ne résous rien. Je le sais déjà trop bien.
Il paraît qu'il existe des bénéfices à cette alternance... et il s'agit surtout de l'effacement des autres soucis. Mais bon, je ne me sens pas trop concernée : mes problèmes forment un tout. Mon hyperphagie n'efface pas mes problèmes d'anxiété, ils s'y ajoutent. 

Le carnet explorateur.

Il s'agit non seulement de tenir un carnet des prises alimentaires, mais de noter les circonstances de celles-ci, et d'en identifier les causes. De toute façon, je ne pourrais pas tenir un carnet alimentaire sans noter les circonstances... peut être par besoin de me justifier.
L'auteur évoque alors les principaux facteurs déclencheurs des pertes de contrôle... Je retiens ici ceux par lesquels je me sens concernée.

La première par laquelle je me sente concernée, donc, est bien entendu la fringale psychologique, cette faim intolérable qui me tenaille parfois... L'auteur parle du sentiment de vide, d'inexistence douloureuse que ressentent certaines personnes. Manger, explique-t-il, peut procurer la sensation d'exister. Cela peut aussi être une façon de se faire du bien, mais aussi d'obtenir un répit, de cesser de penser à des situations douloureuses ou anxiogènes, de les évacuer même temporairement de son existence. Mais on échange un problème contre un autre : la honte, l'indigestion...

Ensuite je perds le contrôle quand certains aliments que j'aime, mais que je considère comme tabou sont facilement disponibles. Pas seulement dans les placards ou le frigo, mais simplement faciles à se procurer. Au point de ne plus penser à autre chose. Pourtant, ce n'est aps faute de me mettre des bâtons dans les roues, d'éviter d'avoir de l'argent liquide, de ne pas passer devant les magasins ou les rayons-à-la-con... mais comme le précise l'auteur, ces moyens sont peu efficaces (horreur! malheur!). Plus je chasse l'aliment de mon esprit, plus il m'obsède!!!
Quand je craque, j'ai honte, bien sûr.

Par ailleurs, je perds aussi le contrôle quand je subis des contrariétés, quand l'angoisse devient trop forte, que mon anxiété prend le contrôle. Ou quand tous ces problèmes associés me donnent un sentiment de mal-être intérieur trop profond, le sentiment que tout ça ne s'arrêtera jamais, et que, de toute façon, je ne saurais pas vivre autrement, vu que j'ai toujours été comme ça...

En fait, je perds le contrôle sous le coup de toutes les émotions, qu'il s'agisse de joie ou de tristesse. Je mange quand ça va mal. Mais je mange aussi quand ça va bien, parce que je suis fière de moi (réussite à un examen, fin d'une mission d'intérim durant laquelle j'ai su dominer mon angoisse...).

Quand je suis anxieuse, les pertes de contrôle se multiplient. C'est comme ça que j'ai recommencé à avoir des compulsions alimentaires au milieu de ma seconde année de droit, après avoir passée une année sans en ressentir le besoin. Le stress était revenu au galop, la conviction de l'échec. J'avais besoin de manger pour calmer mes angoisses.

Quand je m'ennuie, je mange. Mais quand je suis "plongée dans une activité prenante", j'oublie ma "faim"... comme par exemple là, depuis que j'ai commencé à écrire ce billet, il y a plus de deux heures (déjà?). Mais habituellement, je m'ennuie profondément. Je n'ai guère de "monde extérieur" et mon monde intérieur est déprimant de vide. Manger me remplit de quelque chose. Comme surfer sur Internet, jouer, lire, regarder la TV ou cuisiner.

Une chose en parenthèse : quand je cuisine, que ce soit du salé ou du sucré, je ne grignote pas. Ou très rarement. En fait, d'être plongée dans l'alimentation, dans le but de la partager est très satisfaisant en soi, et je n'éprouve pas ce manque.

Sinon, je perd aussi le contrôle de mon alimentation sous l'effet d'un sentiment d'insatisfaction de moi même. Ce n'est pas un secret sur ce blog, l'image que je me fais de moi même est plutôt douloureuse. Je place généralement la barre trop haut, mais cette conscience étroite n'allège pas le fardeau. Il était facile à une époque de gommer ce sentiment sous des montagnes de sucre (je me suis quand même calmée sur le sucre, grâce à une longue période de restriction totale du saccharose, vers mes 14-15ans).
En outre un important motif d'insatisfaction de moi même est... mon comportement alimentaire (c'est le serpent qui se mord la queue, là). Je mange parce que je suis nulle... je suis nulle donc je mange. Je suis conne, décidément.

Ha! Et puis le truc idiot... je mange aussi par opposition à un tiers. Mon mari, le pauvre. Il sait que j'ai des problèmes. La compulsion est cependant une notion qui lui est (j'en suis ravie pour lui) assez étrangère. Il voudrait m'aider, mais ne sait pas trop comment, et je lui en suis reconnaissante. Malheureusement j'ai terriblement peur de son jugement. Aussi ne puis-je m'empêcher de penser à son jugement face à mes "craquages".
À une époque, je lui avais demandé de m'aider. Je dois dire que ça me semblait une bonne idée, mais assez vite, comme je perdais quand même le contrôle, en cachette, comme depuis mon enfance, je me suis mise à lui en vouloir. D'être au courant de mon problème? De vouloir m'aider? De ne pas pouvoir? je dois dire que je ne sais pas trop.
J'ai commencé à me sentir surveillée (surtout après qu'il m'a fait remarquer que je mangeais certaines choses en douce, toute seule, ce que j'ai vraiment très mal vécu, parce que cette remarque qu'il me faisait sans arrière pensée et sans reproches, je la vivait comme une accusation... distorsion cognitive, ma chère ennemie). Et cette surveillance est devenue un poids, une entrave, contre laquelle j'ai combattu... en prouvant que je n'en avais cure. Donc en continuant à manger. C'est puéril? Peut être. Mais c'était involontaire, et quoi qu'il en soit, ça me fait souffrir d'être comme ça, alors autant ne pas en rajouter.
Je ne veux pas "transformer ce qui devrait rester privé, intime, en une lutte de pouvoir". Surtout si c'est dans ma tête que la bataille se déroule.
 ♦♦♦
En bref, une partie de mon alimentation est prise hors des repas, mais presque toujours de manière anarchique. J'ai des aliments "tabous" et je suis la plupart du temps dans un état de restriction alimentaire, ce dont je n'avais pas conscience avant de lire ce livre. Cette restriction, loin de me permettre de stabiliser mon alimentation, me conduit en général à la surconsommation des aliments tabous (voire des aliments tout court... il m'est déjà arrivé de manger 400gr de poireau cuit histoire d'avaler quelque chose!).

Je contrôle très mal mon alimentation, en mangeant souvent vite, malgré mes efforts, prenant une bouchée, à peine mâchée, avalée, et j'en reprend encore, et encore et encore... surtout lors des crises d'hyperphagie boulimique (mais un peu pendant les repas aussi).

Aux repas, j'ai tendance à trop me servir, pour ne pas faire de restes (alors que dans mon enfance, c'était autorisé... mais on me faisait souvent remarquer que j'avais "les yeux plus gros que le ventre", ce qui m'occasionnait une souffrance que je n'exprimait pas). Cette tendance est devenue moins marquée au restaurant ces dernières années, et c'est heureux.

Cependant c'est surtout en dehors de repas que je perds le contrôle de mon alimentation, en général quand je me sens "vide". Ce problème est récurrent chez moi, et je pense que ce n'est qu'en traitant mes problèmes d'anxiété sociale et de troubles anxieux généralisés que je pourrait le solutionner. Je mange donc en lisant, en étant derrière mon PC, devant la TV, voire en marchant. Il m'est arrivé de craquer lamentablement sur mon lieu de travail devant une tranche de saucisson (oui, une seule, mais c'est déjà du vol).

En dehors des repas mes excès, je consomme à peu près de tout selon les disponibilités et l'intensité de la crise, mais toujours en secret. Il peut s'agir d'aliment prêts à consommer achetés "spécialement en vue d'une perte de contrôle prévisible" (j'aurais été incapable de formuler ça comme ça, sans Apfeldorfer). Il peut s'agir d'aliments que je prépare exprès (c'est plus rare... on se fait plus facilement "choper" si on consacre du temps à préparer des pâtes ou des pommes de terre sautées... ces dernières ayant été ma spécialité à l'adolescence : j'en consommais des quantités folles, généralement la nuit). Il peut aussi s'agir des aliments achetés avec mon mari, pour notre consommation usuelle (biscuits au kilo, pain de mie...). Et pour finir, il peut s'agir de restes, mais c'est bien plus rare, et en général ce sont des légumes et ça ne me pose pas vraiment de problème.

Je perds le contrôle dans diverses situations : quand les aliments que j'aime sont facilement disponibles (y compris en magasin), lorsque je suis contrariée (souvent du fait de mon anxiété), lorsque j'éprouve des émotions débordantes (joie, tristesse, colère...), quand je suis anxieuse ou fatiguée (autant dire quasi tout le temps!), quand je m'ennuie, que je me sens vide, lasse, quand je me révolte contre des contraintes, quand je suis insatisfaite de moi... et malheureusement, parfois dans cette sorte d'opposition malsaine contre un tiers.

Dans le prochain billet, la clef de la modération...

EDIT : j'ai pas tenu 5 jours pour tenir scrupuleusement mon carnet... Et bizarrement ce ne sont pas les prises alimentaires entre les repas, mais celles justement des repas, qui font que je me met à oublier de noter... bizarre... à creuser!