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dimanche 3 décembre 2017

La gazette juridique, décembre 2017

Dernières infos en date, je suis convoquée avec les aimables fils de mon défunt mari devant la Cour d'Appel de Bordeaux, en qualité de témoin. Une affaire en lien avec des prétentions pécuniaires de l'ancien tuteur de mon mari.

Pour la jouer courte, à la fin de la tutelle (c'est à dire au décès de mon mari), le mandataire judiciaire qui avait la charge de la protection des intérêts de mon mari a demandé à ce que lui soit accordée une indemnité pour des actes exceptionnels.
En effet certains textes prévoient que quand une mesure de protection juridique entraîne une implication plus importante que la "normale", le tuteur peut toucher plus d'honoraires. Car une tutelle gérée par un tiers à la famille est payante (c'est une prestation de service, au même titre que les services d'un avocat ou d'un notaire).

En soit, je comprend la démarche. Il est vrai que la tutelle de mon mari a été lourde à gérer. Pour ne pas avoir à la gérer, j'avais demandé à être moi aussi placée sous mesure de protection. Ce que j'ai obtenu, mais mon mari ayant tellement bien réussi à me manipuler, je me suis accusée de maux que je n'avais pas et au lieu d'être placée sous curatelle simple, j'ai eu à subir une curatelle renforcée.
Il est vrai cependant que j'étais très agitée intellectuellement à l'époque et que ça se ressentait pas mal dans les courriers que j'adressais au Tribunal des Tutelles.

Bref.
J'ai enclenché les procédures de mise sous protection juridique pour moi et pour mon mari début février 2015, avant mon hospitalisation en clinique de santé mentale, après que le neurologue de mon mari eut reconnu que sa maladie justifiait une telle mesure, mais que l'expert en neurologie pour les tribunaux qui l'avait examiné fin octobre 2014, alors que j'étais hospitalisée en séjour court de psychiatrie, ait déclaré le contraire (parce qu'il n'y avait pas de signes de pertes cognitives, sans égard pour le fait que pour passer des actes juridiques il faut pouvoir parler et écrire).

Il est important de signaler qu'il n'y a jamais eut d'expertise psychiatrique de mon mari. Et même s'il y en avait eut une, il n'est pas certain qu'elle aurait révélé la cruelle vérité sur son état d'esprit et sa personnalité profonde. Les pervers narcissiques sont de très bons menteurs et ils excellent dans la manipulation de leur entourage.

L'ancien tuteur estime que sa tâche a été plus ardue qu'elle n’aurait du l'être. Il a été débouté en première instance. Les motifs, en gros, expliquent que la nature de la maladie d'Alain faisait que c'était prévisible.

Moi, ce qui me fait enrager, c'est que le mandataire judiciaire qui demande aujourd'hui de l'argent pour son investissement dans sa mission n'ait pas compris (ou pas voulu comprendre?) qu'il se faisait manipuler.

Il en était arrivé à avoir un entretien par semaine avec Alain (contre un par mois dans une tutelle "ordinaire"), a considérés les "tensions entre l'épouse et les fils" en grande partie sous l'angle de vue... d'un des fils de mon mari (ils étaient en grande discussion dans la salle d'attente du tribunal, le jour où la juge devait tous nous entendre quant à la justification d'un placement sous tutelle)... en outre, ce mandataire s'est un petit peu emmêlé les pinceaux dans les faits, affirmant que "pour pallier à mon absence", les fils de mon mari avaient "mis en place des aides à domicile" et patati et patata.
Ha?
Comment se fait-il, dans ce cas, que ça soit ma signature qui figure sur tous ces contrats d'aides, en ce cas? J'ai du louper une étape, ou alors c'est le mandataire judiciaire qui s'est prit les pieds dans le tapis du rappel des faits (je rappelle que j'ai une licence de droit, périmée certes, mais je me souviens quand même que c'est une des premières choses qu'on enseigne en première année : faire un rappel correct des faits).

Le monsieur estime qu'il a mit en place des "diligences longues et complexes", comme par exemple les visites réalisées pour restituer à mon mari les actions de représentation diverses. Mais également le temps consacré à "certains tiers" (je ne sais pas à quoi ça correspond).

Il faut bien comprendre que le jugement de placement sous tutelle de mon mari ne tenait compte que de sa vulnérabilité physique. Pas morale. Or une chose terrorisait tout particulièrement mon mari : la perte de contrôle.

Le contrôle sur son corps était une bataille de chaque instant, évidente pour toute personne un tant soit peu attentive.

Sauf que le contrôle qu'Alain exerçait sur les autres était au moins aussi important pour lui. 

Concernant les besoins spécifiques d'écoute de mon mari, évoqués par le mandataire, je ne suis absolument pas étonnée. C'était pathologique, chez lui. Il fallait qu'il soit informé de tout et il considérait ça comme un dû.
Ce "besoin", je l'ai subi pendant des années, comme une prison.

Il est évident qu'il ne pouvait pas agir de la même manière avec un mandataire judiciaire qu'avec une jeune femme angoissée, cependant, j'ai très tôt essayé d'alerter le tuteur et son collaborateur de cet aspect de la personnalité de mon mari.

Je ne pense pas qu'on ai jamais tenu compte de mon point de vue sur la question. Donc, même si ces besoins, très importants auraient pu mettre en alerte la tutelle quant à la possibilité que le majeur protégé soit porteur de troubles de la personnalité voire d'une pathologie psychiatrique, ils n'ont jamais tenu compte de cette éventualité.
En conséquence, on a toujours considéré que mon mari était "lucide" et que ses choix n'étaient entachés d'aucune altération de jugement...

Toutefois, bien que dans son examen, l'expert neurologue n'ait relevé aucun trouble de la personnalité de nature... neurologique, celui-ci s'est totalement abstenu de tenir compte du fait que le patient qu'il examinait pouvait malgré tout présenter des troubles d'une autre nature, influençant son caractère, comme je l'avais plusieurs fois expliqué (sans jamais être prise au sérieux). Cet expert se cantonnant strictement à son domaine d'expertise avait en outre totalement éludé le fait que, si de tels troubles de la personnalité existaient, la DCB pouvait les aggraver.

Le fait est que mon mari "gérait" extrêmement bien ses "travers" depuis des décennies et les quelques "dérapages" dont il avait fait preuve en public depuis qu'il était tombé malade pouvaient facilement être mis sur le compte de l'anxiété et de la dépression due à sa maladie.

Malheureusement, la DCB a effectivement levé certaines inhibitions, et mon mari s'est avéré peu à peu incapable de contrôler les aspects les plus narcissiques de sa personnalité.

Il voulait être aimé et il voulait avoir le contrôle.

Cela l'a parfois conduit à des attitudes contradictoires, et ça bien avant que son cortex basal ne commence à s'effriter.

Je l'ai vu me dire des choses et déclarer l'opposé à des tiers, ou agir de cette façon avec deux parties tierces... Je l'ai entendu se plaindre des dizaines de fois de certaines personnes, trop "exigeantes", puis déployer des efforts considérables pour "impressionner" ces mêmes individus et leur prouver qu'il était tout à fait apte à accomplir certaines choses... avant de les maudire dès que ces gens disparaissaient du paysage, les accusant sans vergogne de ses malheurs...

J'étais habituée à ce que je percevais alors comme une forme de "mauvaise foi", sans me rendre vraiment compte que l'objectif réel était de se sentir "meilleur" et plus performant que les autres, de "leur en montrer" sur ses capacités. Même s'il devait m'humilier au passage, voire en laisser d'autres m'humilier ou me faire du mal.

De son vivant, avant d'être atteint par la DCB, mon mari, avait toujours fait preuve d'un perfectionnisme poussé à l'extrême, avec un niveau d'exigence tel que personne ne trouvait véritablement grâce à ses yeux, que ce soient ses collègues, ses proches, ses fils, ses épouses, puis les aidants professionnels.
Alors je doute qu'il ait jamais trouvé son tuteur légal à la hauteur de ses attentes.

Ho oui, mon mari avait bel et bien cette grande "force morale", que certains ont salué après sa mort. Il avait effectivement des "valeurs morales" très fortes.
Mais déviantes.

Pour exemple, quand sa première épouse a demandé le divorce, il a tenté de conserver la moitié de l'indemnité compensatoire qui avait été versée à celle-ci (après qu'elle se soit fracturé le dos et soit demeurée paralysée). Ce genre d'indemnité est versée nominativement et n'entre pas dans le patrimoine commun d'un couple, même marié sous le régime de la communauté. Or, Alain a toujours estimé qu'il avait été "aussi" lésé que son épouse par son accident et considérait donc avoir des droits sur cet argent.

Aux yeux d'Alain, seules ses règles étaient les bonnes, seuls ses horaires étaient acceptables, et les actions de toutes les personnes gravitant autour de lui devaient impérativement lui convenir. Un changement d'horaire était considéré comme une atteinte à sa personne et il faisait preuve d'une agressivité extrême envers un ou plusieurs tiers dès qu'il était contrarié.

Je m'étonne véritablement qu'il ait préféré rester en hospitalisation à domicile, avec tous les aléas que cela impliquait, plutôt que d'accepter d'être admit en USLD, où les équipes ont des horaires rodés. Quoique je sais qu'il pouvait également être sous influence...
Sans compter certains secrets qu'il a cherché à préserver le plus longtemps possible (bien après son décès pour certains).

Mon mari était un menteur très organisé, capable de le faire de manière très "rationnelle" et sans sourciller. Il faisait preuve d'une capacité incroyable de dresser les uns contre les autres, ou pour rabaisser toute personne le contredisant, à moins qu'il eut conscience que cela risquait de jouer contre ses intérêts.
Il pouvait humilier, dénigrer, blesser ou rabaisser volontairement, critiquant en permanence les autres, ouvertement ou au contraire sans en avoir l’air, sans jamais se sentir coupable du moindre malaise ainsi généré.
Si on le lui faisait remarquer, il niait toute intention malveillante et démontrait même que c'étaient les autres les fautifs. Il était ainsi capable d'affirmer à une personne une chose, son opposé à une autre, puis mettre en doute la parole de la première, sans sembler être ému par la souffrance morale occasionnée de part et d'autre devant les confrontations générées.

Au tout début de notre relation, il a ainsi su me faire croire qu'il partageait les mêmes valeurs que moi, les mêmes objectifs de vie, la même philosophie, les mêmes goûts. Il m'encourageait dans ce que je faisais, il louait mes "talents", mon intelligence, mon honnêteté et ma sincérité.

Mais rapidement, il m'a également très insidieusement découragée d'intégrer une formation qualifiante (je voulais entrer en BTS de secrétariat) au profit d'un cursus universitaire qu'il a tout fait pour me faire arrêter une fois le DEUG ou la licence obtenue. Il me connaissait et connaissait très bien le système scolaire supérieur. Il savait donc que je pourrais pas trouver d'emploi avec une licence générale, mais il m'a malgré tout encouragée dans cette voie.
Durant quatre ans, il a cependant dénigrés les enseignements que je suivais, m'a répété régulièrement que j'étudiais mal (sans me prodiguer de conseils pour autant), et s'emportait parfois contre moi lorsque des cours ou des examens étaient déplacés (ou programmés) sur des horaires ne lui convenant pas.

Après moins d'un an de vie commune, il m'a proposé de conclure un PACS, sans dissimuler aucunement qu'il agissait par intérêt financier (étudiante sans revenus, j'étais un excellent outil de défiscalisation).

Au yeux de la plupart, il semblait serviable, généreux, digne de confiance. Mais tout ça n'était qu'un écran de fumée.

Il m'a séduite en usant de manœuvres et de stratagèmes, notamment en se créant des identités factices sur Internet, qui était alors mon seul outil de socialisation (ce dont il avait connaissance), et m'a menti tout au long de notre vie commune sur des choses dont il savait qu'elles me tenaient à cœur (notamment des soi-disant connaissances communes qui n'ont jamais existé, n'étant que des alias qu'il utilisait pour correspondre avec moi et connaître ma façon de penser).

En outre, il a fait en sorte que je vive de plus en plus isolée au fil du temps, n'ayant que lui et lui seul comme point de référence. Quand je sortais, même pour une balade à pieds, je devais lui dire où j'avais été, si j'avais vu des gens, qui, etc. Quand j'étais à l'Université, je devais lui envoyer un sms une fois arrivée à la fac, l'appeler à midi, lui envoyer un sms en partant. Cette exigence a continué sur mes premiers emplois en intérim, puis quand j'ai été assistante de vie à Tarbes.

Alors qu'il était déjà malade et que je n'allais moi même pas bien, un rendez-vous au CIDFF de Tarbes, début 2014, m'a permit d'entendre que mon mari me faisait vivre en situation de maltraitance psychologique. Malheureusement je n'étais pas en état de "l'abandonner".
Plus tard, des psychiatres, psychologues et intervenants du dispositif départemental contre la violence conjugale, en Charente, ont confirmé que j'avais tout de la victime d'un pervers narcissique.

J'ai déposé une plainte pour violences conjugales. Normalement la loi précise que les violences conjugales réprimées par le code pénal peuvent être de nature psychologiques (article 222-14-3 du Code pénal) et incrimine spécifiquement le harcèlement dans la sphère privée (article 222-33-2-1 du Code pénal). Un délit qui se traduit par des agissements répétés ayant pour conséquence une dégradation des conditions de vie. Le harcèlement se caractérise par une succession de comportements, qui peuvent être insignifiants de prime abord, mais dont l’accumulation entraîne une dégradation des conditions de vie de la victime, laquelle se manifeste par une altération de la santé physique ou mentale et ces faits peuvent théoriquement être réprimés lorsqu’ils sont commis par le conjoint. Malheureusement c'est très compliqué de prouver des séquelles psychologiques, vous voyez. A fortiori quand on souffre déjà au préalable de troubles psychiques.

J'ai vécu ça pendant 10 ans. Et quand j'ai déposé plainte, j'ai eu droit à un non lieu à statuer
: je ne vivais plus avec mon mari, il n'y avait plus "péril en la demeure". Je restais sans moyen de démontrer d'une manière quelconque que mon mari était dangereux pour les autres. C'était bien avant qu'il soit seulement mit sous sauvegarde de justice. Je n'ai recouvré le souvenir des actes physiques qu'après son décès, et la prise de conscience de l'ampleur de mon déni a été d'une violence terrible.

J'ai essayé de prévenir la juge des tutelles, puis le mandataire judiciaire (celui qui réclame des indemnités exceptionnelles) quant à la personnalité profonde de mon mari, mais il est vrai qu'à cette période chaotique de ma vie, j'étais passablement perturbée, tant par l'emprise que mon mari continuait d'exercer sur moi, que par mes troubles anxieux, aggravés par le comportement particulièrement hostile de certains membres de la famille de mon mari.
Toutes sortes de choses ayant rendu mes messages d'alerte bien trop confus, je suppose.

En marge de tout ça, je ne peux pas m'empêcher de m'interroger sur l'efficacité de la tutelle, puisque certains actes, qui avaient été passés "par mon mari" à une époque où il était déjà incapable d'établir le moindre écrit depuis des mois, n'ont jamais été remis en cause par le mandataire, alors même qu'Alain était alors... sous sauvegarde de justice!

Juridiquement, je trouve donc les choses "légèrement" contestables.
Dans ce contexte, la réclamation d'une indemnité exceptionnelle me semble un peu "déplacée", forcément. D'autant que, parmi les actes en question, il y a eut l'arrêt pur et simple, sans préavis, du virement mensuel que m'octroyait depuis des années mon mari. C'est à dire l'arrêt total de ce qui restait de sa contribution aux charges du mariage.
J'ai été choquée quand on a ensuite demandé à mon curateur de payer l'assurance et l'entretien de la voiture (appartenant, certes, en propre à mon mari) mais que j'étais la seule à avoir besoin d'utiliser.

De même, après l'inventaire des biens "propres" de mon mari (obligatoire pour la tutelle), j'ai été bien surprise par certaines erreurs commises, alors même qu'il a été fait en présence de témoins (de mauvaise foi?). Certains biens inventoriés comme "propres" à mon mari faisaient en réalité partie de la communauté, voire m'appartenaient en propre (dont un fauteuil très confortable, avec position "relax" qui était un cadeau que mon mari m'avait fait, personnellement pour Noël 2012).

Dans la demande du mandataire, ancien tuteur de mon mari, j'ai aussi eu la surprise qu'il nous déclarait "séparés de corps" (c'est un régime juridique très particulier). Or, à moins que le droit de la famille ait fondamentalement changé depuis mes années d'études, une séparation de corps ne peut être prononcée que par un juge des affaires familiales, sur requête spécifique. Comme un divorce. Or, je n'ai pas le souvenir qu'un jugement de séparation de corps ait jamais été énoncé en tant que tel (nul avocat et nul notaire n'est intervenu non plus).

Moi et mon mari vivions séparés de faits. Nos biens "propres" étaient répertoriés eut égard à nos régimes de protection respectifs. Je restais cependant propriétaire de l'appartement au même titre que mon mari, et solidaire des charges (bien que je n'ai pas eu les moyens de les assumer).
J'ai été assez énervée, je dois dire, quand le tuteur m'a fait parvenir la "procuration" signée de sa main pour l'assemblée des copropriétaires d'avril 2016, alors que je figurais nommément sur la convocation. De fait, il me contestait donc le statut de propriétaire et me déniait le droit de donner procuration à un tiers. Une absurdité.

Indéniablement, la tutelle de mon mari a été compliquée. Mais en même temps elle a été relativement mal gérée. Doit-on donner une récompense aux gens qui ont accompli plus de choses que ce qu'ils pensaient devoir faire avant de commencer leur labeur, même quand ces derniers ont fait de travers la moitié des choses? Je m'interroge.

Quand j'ai été hospitalisée en clinique "de santé mentale", le 10 mars 2015, mon mari s'est empressé de m'appeler des dizaines de fois rien que les trois premiers jours et il m'a envoyé des SMS presque toutes les heures. J'ai réagis en mettant mon téléphone en mode "silence" et en l'enfermant au fond de mon placard.
Une certaine personne m'a ensuite déclaré que j'avais "torturé mon mari en le laissant sans nouvelles, alors qu'il était inquiet pour moi". Je précise que dans la moitié de ses appels, mon mari me disait que je l'avais abandonné et m'insultait. L'autre moitié du temps, il me suppliait de revenir, sans aucun égard pour le motif de mon hospitalisation, qui était une dépression et un épuisement nerveux.
Bizarrement, la personne qui m'a fait ces reproches a été très écoutée par le mandataire... mais pas moi. Moi on m'a écoutée avec une vague condescendance, comme si j'étais finalement plus à blâmer qu'à écouter de façon impartiale.
 
En conclusion, je considère que le tuteur de mon mari s'est finalement fait avoir par un pervers narcissique. Manipulé, il s'est démené sur des sujets qui ne présentaient aucune priorité et a délaissé des sujets qui auraient du attirer son attention.
De mon point de vue, il a été la victime de la "personne vulnérable" dont il était chargé de "protéger les intérêts", au même titre que j'ai été victime pendant plus de dix ans. Pourtant, a priori, un mandataire judiciaire ne ressemble pas précisément à une "personne vulnérable" si facilement manipulable.

Donc personnellement, je trouve ça assez juste qu'il obtienne de la justice le même type de réponse que moi. Après tout, j'étais l'épouse un peu dérangée qui criait "au loup", non?

Entre un refus de juger quelqu'un et le rejet d'une demande, je ne vois pas une très grande différence.
À part le sens de ce qui est juste.
Ne pas engager de poursuite au pénal contre quelqu'un qui a mal agit sous l'argument que "c'est fini" ça me semble un peu plus injuste que refuser d'accorder une "indemnité exceptionnelle" à un type qui a pas bien géré son taf.

Sinon à part ça?
Ben la succession avance toujours pas.

dimanche 10 avril 2016

Maltraitance par négligence. Mon Mari. La rage.

Hier (samedi 09 avril), je suis allée voir mon mari, qui, je le rappelle, est atteint d'une très grave et très invalidante maladie neurodégénérative.

Pour vous donner une idée, il ne peut plus se mouvoir, sauf un tout petit peu l'avant bras gauche, et juste le pouce, l'index et le majeur de cette même main. Il ne peut plus parler (articuler, utiliser ses cordes vocales, malgré les séances d'orthophnie), avale avec grande difficulté des plats mixés qui n'ont aucun gout (il ressentait encore un peu les saveurs salé, sucré, acide, amer il y a quelques mois, mais c'est fini), donc ça ou du papier mâché, c'est pareil...

Il a affreusement maigrit, perdus ses muscles malgré les séances de kiné.
Il souffre en permanence (imaginez vous avoir des crampes partout, tout le temps!) de douleurs neuropathiques terribles.

Bref, l'année dernière, alors qu'il n'était pas encore dans cet état, mais que je le tenais figurativement et littéralement debout, l'assistant au quotidien dans TOUTES les tâches indispensables (manger, boire, hygiène générale etc), il a commencé à me demander de le tuer. J'ai faillis le faire, mais il a changé d'avis alors que je lui avais préparé du fromage blanc assaisonné de tellement de somnifère qu'il ne s'en serait pas réveillé... m'a insultée, et là, j'avais trois solutions : le tuer sauvagement, me balancer par la fenêtre (du 7ème) ou fuir.

Je me suis faite hospitaliser. J'avais déjà demandé sa mise sous protection juridique (et la mienne).
En sortant de clinique, je ne suis jamais rentrée au domicile conjugal et l'ai déclaré comme une grande au commissariat central, en expliquant les motifs (risques de maltraitance réciproque, de suicide ou d'aide au suicide, donc c'était très clair juridiquement).

Bon c'est du passé tout ça.
Hier après midi donc, je suis allée voir Alain avec ma mère, qui lui prépare des flans (souvent le seul truc qu'il mange volontiers... mais pas pour le gout : pour l'amour, car c'est de la chaleur humaine, qu'il avale, avant tout).

Nous somme arrivée en fin d'après midi.
Il était seul sur son fauteuil, en position semi allongée (il arrivait encore à utiliser la commande il y a pas si longtemps... :( ).
On lui a fait la bise et demandé comment ça allait, il pleurait et roulait les yeux...
On lui a donné la feuille de communication (les 26 lettres, espace, OUI, NON, "vous avez mal comprit", "soutenez mon bras, svp"...).

En parallèle, ma mère lisait le cahier de transmissions... et...

PUTAIN DE BORDEL DE CHIOTTES !!!
LA NUIT DU 08 AU 09 AVRIL, PERSONNE N'EST VENU !!!
IL A PASSÉ LA NUIT DANS LE FAUTEUIL, TOUT HABILLÉ ETC !!!


L'assistante de vie qui aurait du arriver à 20h n'est pas venue!!!
Normalement elle sont trois à se passer le relais toutes les 3 nuits, pour assurer une présence, mais aussi et surtout, le déshabiller, l'allonger dans son lit, lui donner ses médicaments, à boire... le lever le matin, préparer le petit déjeuner, aider à la prise des médocs...

J'ai ressenti comme une implosion dans ma poitrine quand ma mère a dit ce qui se passait!!! Un truc qui fait mal, déchire, lacère, avec un effondrement intérieur juste après. J'étais mentalement et physiquement sonnée!!!

Y'a une connasse qui voulait sa soirée du 1er avril, alors elle a "échangée" une nuit avec sa collègue de la semaine suivante (hier)... sauf que hier, ben la connasse est pas venue !

Alors certes il a quand même un peu dormi, mais tout seul, la porte de l'appart' ouverte (pas fermée à clé), tout habillé, sans qu'on le change de rien.

Dès lundi, putain, mais boitier d'alarme, quoi!!!
Et renvoi de la connasse pour faute grave (maltraitance par omission) et avertissement de la collègue, qui s'est pas donnée la peine de vérifier que connasse allait bien bosser le vendredi 08 comme prévu!!!

J'ai vraiment la rage, là!!!

Et je suis super triste aussi.
D'ailleurs hier soir ça a été très très dur de m'endormir, parce que j'avais froid. Froid "dedans" et du coup partout. D’ailleurs à un moment ça a été plus fort que moi, je l'ai répété en une longue litanie à voix basse "j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid..."

Quand ma mère a lu ce qu'il y avait dans le cahier, mais ça a été comme un coup de poing en plein dans le cœur, assommée, envie de hurler, de porter plainte, quoi !!!

Je suis triste, triste, triste.
En colère. Je suis je-sais-pas-quoi-j'ai-pas assez-de-mots-pour-décrire-ce-que-je-ressens!!!

Sans doute ce n'était pas volontaire. Aidante A et aidante B n'ont pas fait exprès... Mais aidante A (qui a accepté le deal en échangeant sa soirée du 08 avec celle du 01, au bénéfice de aidante B) aurait peut être pu faire l'effort d'appeler sa collègue pour lui rappeler que c'était son tour, le 08, de faire la nuit chez mon mari!!!

Parce que ça a un nom, quand même...
Ça s'appelle de la maltraitance par négligence.
C'est mal. C'est un délit punit par la loi.


mercredi 28 octobre 2015

30 ans de honte, 3 décennies gâchées à chercher à plaire à tout prix... Et...


Je l'ai déjà écris, il me semble, mais toute ma vie j'ai été angoissée et dépressive. J'en avais honte, parce que je voyais bien autour de moi que les autres n'étaient pas comme moi. Ils n'avaient pas peur d'agir, ils avaient l'air de savoir ce qu'il voulaient, ils avaient l'air d'avoir une vie.

Moi j'avançais dans le temps parce que le temps passe. J'avais peur de presque tout, sauf quand ma sœur était près de moi. J'avais peur de ma mère (que j'aime très fort), parce que je voulais lui plaire, mais qu'elle était si imprévisible dans sa façon d'être qu'elle me terrorisait. Je ne savais pas ce que je voulais, sinon être aimée, ne pas être rejetée, exclue, repoussée. Je préférais me mettre moi-même à l'écart plutôt que d'avoir à vivre cette honte.
Je croyais que ma peur et ma honte faisaient partie de moi, qu'elles me définissaient.

J'avais tors, bien sûr. Mais celui qui n'a jamais été comme ça aura beaucoup de mal à comprendre. La phobie sociale anxiété généralisée sévère est un mal qui empoisonne tout le quotidien. On a peur de ce qui arrive, de ce qui pourrait arriver, de ce que les gens pensent et même de ce que l'on pense soi même...
Les troubles anxieux généralisés et les troubles d'anxiété sociale sont donc de vrais handicaps à ne pas prendre à la légère, tout comme la phobie scolaire.

J'ai toujours eu peur de l'école, même si j'ai toujours aimé apprendre.
Peur d'abord parce que c'est une situation sociale pleine d’interactions indésirables. Les enfants sont durs entre eux. J'étais plus fragile, plus sensible que la plupart des autres enfants, alors c'était très dur. Les récréations, c'était le bagne. Au moindre rejet, je me repliais sur moi même et n'essayais plus de me confronter à la situation qui m'avais exposée à l'humiliation du rejet, signe que "je ne valais rien".
Peur de l'école ensuite parce que j'avais besoin de comprendre tout, tout de suite. Pas par orgueil, mais parce que dès qu'un blocage apparaissait, les tourments me prenaient à la gorge et je devenais obsédée par l'idée de ne pas "y arriver", par la certitude même que je n'y arriverais pas, la conviction que j'étais trop nulle...
Souvent je finissais par passer l'éponge et abandonner les exercices en chemin, parce que la peur de commettre des fautes était plus imposante que la peur de me tromper, de ne pas avoir compris la leçon. Inimaginable pour moi de devoir (et même pouvoir) l'avouer à mes professeurs. J'abandonnais, purement et simplement, avec une sorte de fatalisme désarmant.

La honte était partout dans ma vie. La peur des autres m'empêchait de lier des liens trop solides avec les autres. Je les fuyais, de toute façon. J'étais seule et solitaire... mais je haïssais ma solitude.

J'étais torturée par le sentiment de ne pas être "conforme" à la société, aux attentes (supposées, souvent imaginaires) de mes parents.
Pourtant, j'étais très vive d'esprit et je m'intéressais à tout.
J'étais ainsi précoce à bien des points et c'était le cas aussi de la sexualité.
Là aussi, je vivais ça avec une honte démesurée. J'ai eu le sentiment d'être "obsédée sexuelle" avant même d'être prépubère... et le sentiment aussi d'être anormale parce que je ne me sentais ni hétérosexuelle ni homosexuelle, et ça, ça me perturbait énormément. J'en faisais même le bouc-émissaire de tous mes maux.
Je me trompais d’ennemi, bien entendu.
Comme quand je rendais ma mère "coupable" de mon mal être, à cause de son instabilité récurrente, des incohérences dans ses paroles de parent et ses actes d'adulte (ne pas parler sèchement aux autres, alors qu'elle faisait le contraire, respecter l'intimité et la pudeur des autres, alors qu'elle rentrait dans ma chambre sans prévenir ou me regardait sous la douche à l'improviste...). Ma maman n'avait pas conscience qu'elle m'infligeait des tortures quotidiennes, et je ne disais d'ailleurs jamais rien, sauf sous le coup de la colère, quand ça devenait trop oppressant.

Paillasson et hérisson.

J'ai grandis comme ça, tant mal que bien.
J'ai passée la primaire, le collège, le lycée... toujours un peu plus en retrait, toujours dans la crainte croissante des autres, avec de nombreuses décompensations en chemin, jamais vraiment prises en compte. J'ai subi une large palette de troubles psychosomatiques, allant des algies fonctionnelles des membres inférieurs (douleurs insupportables dans les jambes, au point de ne pas tenir debout... sans "causes médicales") aux diarrhées fonctionnelles récurrentes, en passant par des angines ou des cystites de crispation...
Aujourd'hui encore mon ventre me persécute.

J'ai grandis, j'ai pris de l'âge, une partie de moi a évolué... mais une autre n'a pas mûrit. À bien des points de vue, je suis restée une enfant. Sensible, crédule, ayant besoin de se me sentir protégée par les autres, les "adultes".
Ainsi, à 33 ans je ne me sens toujours pas adulte.

Je l'étais encore moins à 19, quand j'ai rencontré Alain, ni même à 23, quand je suis allée vivre avec lui.

Malheureusement mon absence pathologique de confiance en moi me place en situation de grande vulnérabilité.

Quand j'apprécie quelqu'un, simplement parce qu'il sait me faire me sentir bien, en valorisant certains aspects de ma personne, de mes capacités ou autres, je deviens très manipulable. Ayant alors un fort sentiment de reconnaissance, je me sens même redevable à certains égards...
Aucun signal d'alarme "danger" ne s'allume dans mon cerveau, et je plonge tête baissée dans les embrouilles !

J'ai été si loin dans cette "reconnaissance mal placée".

Si loin que, malgré toute l'affection que j'ai pour Alain, dont j'ai souvent parlé sur ce blog, durant les dix années où j'ai vécu avec lui, j'ai nié ce qui aurait sauté aux yeux de qui que ce soit... c'est à dire un dysfonctionnement total du couple, flirtant (voire, étant carrément) de la violence psychologique. Bref, une violence conjugale "proprette" (pas de coups, peu de cris), réelle et trop peu médiatisée.

Pourtant elle est reconnue comme telle... D'où des campagnes de sensibilisation qui, malheureusement, passent trop souvent inaperçues...
http://www.tekiano.com
"La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes." Source : www.solidaritefemmes.org

Je me suis très longtemps masquée la face en me focalisant sur l'aspect "volontaire", trouvant des explications (mais pas des "excuses") au comportement de mon mari, sa surveillance omniprésence de tout ce qui fait une vie (dépenses, consommations d'eau, d'électricité, de carburant, fréquentations, loisirs...)... mais peu importe en fait.

Alain a toujours eut un caractère psychorigide, ayant une obsession pour la maîtrise de son environnement matériel et humain...

Wikitionnaire donne la définition suivante des personnalités psychorigides :

"Qui, mentalement, manque de souplesse, d’autocritique, de fantaisie, qui fait preuve d’autoritarisme et de méfiance; Qui se trouve psychiquement dans l'incapacité à se mettre à la place de l'autre. Caractéristique propre aux paranoïaques".

Tout est dit.

Je suis sortie de ça, je travaille jour après jour sur moi, pour me défaire de mes fragilités... Chaque jour est un combat et je ne baisse plus ma garde. Chaque jour est une victoire. Chaque jour est un nouveau pas vers le reste de ma vie.

Merci à toutes les personnes qui me soutiennent.♥♥♥




lundi 24 août 2015

Vies communes, distortions cognitives et crises de parano...

Ma vie est un peu compliquée, ces derniers temps.

Pour rappel du contexte, j'ai vécu 18 ans avec mes parents, puis 2 ans (en période scolaire) en studio sur l'Île d'Oléron, puis 2 ans environ en studio à Poitiers, puis quelques mois chez mes parents, 3 mois dans un studio tout pourrit.

Ensuite je me suis installée avec Alain, que je fréquentais depuis deux ou trois ans, sporadiquement, entre mes crises de parano et de rejet... "Je suis bien avec toi", puis "t'es con", "t'es gros", "t'es moche...", puis "j'en envie qu'on se voit", etc.

Une relation extrêmement ambivalente, allant de la passion aveugle au rejet total.
Autant dire qu'il en a vue des, vertes, des pas mûres et des archi pourries!

Alain m'aimait.
Moi j'aimais Julien...
Triangle amoureux schizophrène...
Alain et Julien ne sont qu'une seule et même personne... mais la vie moderne a fait entrer les pseudonymes dans la vie ordinaire...
Internet a fait entrer la vie intérieure des gens dans la sphère intime des autres, voire publique (la preuve!).

Julien était mon correspondant coquin (oui, j'ai une vie sexuelle, aussi). Il écrivait bien, il était charmeur et charmant, et, d'un point de vue purement épistolaire, je l'aimais. Quand nous nous sommes découverts "voisins" de département, je suis entrée dans une relation tenant d'une forme d'exhibitionnisme cérébral. J'étais émoustillée, du haut de mes 19 ou 20 ans, par l'idée que cet homme inconnu puisse me regarder entrer au cinéma un dimanche matin, sans se faire connaître.

Le 27 mai 2001, les choses se sont passées autrement. Je lui avais dis que j'allais voir "Amélie Poulain" au cinéma. C'était le dimanche à 11 heure. Dans ma simplicité d'esprit, ce n'était pas un rencart. Il me verrait me mouvoir, me regarderait de loin, m’effleurerait peut être, mais je ne cherchais pas (consciemment, en tout cas) à le rencontrer.
Les choses ont été toutes autres.
Quand je suis arrivée sur le parking, il était là, sur le trottoir à m'attendre. Il m'a regardée dans les yeux et j'ai eu envie d'embrayer la marche arrière et de foutre le camp. Au diable Amélie Poulain. Je déteste ce film. Je n'arrive pas à m'immerger dans les comédie. Mais là n'est pas le propos.

J'étais venue pour le film, j'étais profondément irritée que "Julien" se soit démasqué.
Alain me déplaisait physiquement. Il avait mentit sur son âge, portait la barbe, avait une silhouette enrobée (84 kilos pour 1,65m). Et mon imagination en prenait un coup.

J'ai essayé de lui signifier que je ne voulais pas de lui, mais je n'ai pas su. Il n'a pas comprit.
Sans doute avais-je utilisés des mots dans mes derniers messages qui l'avaient incité à croire que je voulais une rencontre, un flirt.
Mais en cet instant "T" de notre première rencontre, il me dégoutais.
Tous mes fantasmes construits autour de notre correspondance à l'aveugle (pas de photos numériques, pas de cam, à l'époque) s'effondraient.

Nous sommes allés au cinéma et j'en ai été profondément irritée.
Il a payé ma place de cinéma et j'en ai été profondément irritée.
Il m'a caressée la cuisse et j'en ai été profondément irritée.
Mais mon corps avait besoin de contacts, la louve avait besoin d'un loup.
Je me suis abandonnée.

Je suis partie furieuse, un sourire de pacotille aux lèvres, en refusant de promettre qu'on se revoit.
"On verra" ai-je seulement accepté de lâcher.

Je l'ai haïs.
Je me haïssais aussi. Je savais bien qu'au font, j'avais provoquée et même précipitée notre rencontre.

Il est devenu l'objet d'une grande haine de moi même et d'un profond désir.

Tout n'a été qu'ambivalence, en permanence.

Nous nous sommes revus, je l'ai rejeté de nouveau, puis je lui ai réclamé de le revoir, avant de le trahir encore.
Je ne comprend toujours pas pourquoi il s'est accroché à moi.
Trente quatre ans nous séparaient, il vivait en couple (certes bancal, mais je n'y étais pour rien).
Je ne voulais pas de lui tandis que lui semblait croire que j'étais attachée à lui.

Incapable de rester insensible aux sentiments des autres, j'essayais, encore et encore. Je m'imposais d'accepter ses invitations à discuter, lors desquelles je montais dans sa voiture, nous trouvions un coin tranquille et nous passions des heures à dialoguer.
Mais je ne sais pas si je disais vraiment les choses, ni s'il les entendait vraiment...
Ne disais-je pas ce que je pensais qu'il attendait que je lui dise...?
Ne comprenait-il pas que ce qui l'arrangeait de comprendre...?
Nul ne peut le savoir.

À l'époque je n'avais pas encore les bons mots pour décrire mon mal être.

Je ne comprenais même pas que je souffrais en quasi permanence de distorsions cognitives, ces déformations inconscientes de la réalité, me poussant à interpréter en permanence le comportement, les actes, les paroles des autres, et à en tirer des conclusions négatives, à échafauder des théories paranoïaques. Toutes mes journées, et même mes nuits étaient perdues dans ce maelström de déductions hâtives, erronées, basées sur mes pires craintes.

Aujourd'hui encore, ma vie est tiraillée en permanence par ces troubles psychiatriques.
Cela s'est atténué, car j'essaie d'être plus attentive à la réalité. J'ai appris à reconnaître que les autres ne peuvent en aucun cas être tenus responsables de mes ressentis, a fortiori si je n'en parle pas.

Le problème étant que je ne suis pas toujours consciente de ce que je ressens, ce qui est un danger pour toute vie sociale normale.

Ce qui est certain, c'est que je reste extrêmement et exagérément sensible à la critique, du fait de mes doutes permanents et de ma faible estime de moi même.
Malheureusement il est plus aisé d'accuser les autres d'être "méchants" ou indélicats que de reconnaître qu'on est excessivement fragile et auto-malléable.

Alain et moi avons finit par nous fréquenter tant et si bien que nous nous sommes mis en couple en juin 2005.
De mon coté, ça n'a jamais vraiment "marché". Mais j'avais desespérement besoin d'être aimée, qu'on me le dise, qu'on prenne soin de moi.

Dès la première année, en septembre ou octobre 2005, je doutais, je m'interrogeais quant à savoir si je l'aimais vraiment, mais je ne formulais aucun de ces doutes, d'aucune manière. Jamais. Ni à lui, ni auprès de ma famille. J'avais honte.
J'essayais de combler mes failles sentimentales par une relations hyper fusionnelle, mais je souffrais malgré tout en permanence. Alain n'a jamais été l'homme qui me convenait, et je n'ai jamais su le lui dire.

Mes compulsions alimentaires sont allées en empirant... je m'empiffrais à la moindre occasion, j'achetais des vêtements par correspondance, incapable de fréquenter la moindre boutique. J'essayais de combler un vide... un vide sans fond.

Nous avons eut de très bons et très beaux moment ensemble...
Mais la grande majorité du temps je ne faisais que "suivre le mouvement".
Oui. Si tu veux. Comme tu veux.

Mois après mois, je me suis pliée à un style de vie qui ne me convenait pas, sans jamais rien dire, sans me plaindre à personne.
Les courses ensemble, les "balades", l'absence de vie sociale ou culturelle...

Quand j'ai repris mes études, entamant une Licence de Droit en septembre 2005, Alain ne manquait pas de critiquer les horaires des cours, des séances de travaux dirigés et tout aléa d'emploi du temps (cours déplacés, annulés, etc). 
Il me donnait des conseils en méthodes de travail et se montrait désagréable lorsque je "bloquais" sur un exercice. Alors je n'en ai plus parlé. Je ne parlais plus non plus des cours, ayant essuyés plusieurs "j'en ai rien à foutre". Je ravalais ma salive et mes passions et le laissais à son PC, à son jardin...

Je me distrayais sur mon PC, je discutais sur des forums ou des tchat. Tout comme lui, d'ailleurs... Mais parfois sa colère éclatait, parce que j'y passait trop de temps à son gout, parce que... je ne sais plus.

Le pire était quand je discutais à la sortie des cours avec des camarades. Je n'appelais pas systématiquement pour prévenir de mon "retard", étouffée par cette obligation de rendre des comptes en permanence.
La même critique me hante depuis ces années là, blessante et humiliante...
"Quand tu es avec tes copines, je n'existe plus!!!".

Peut-être, justement.
Une pause, un répit dans des routines insupportables.
La faculté était un lieu de vie, même si mes troubles anxieux et ma phobie sociale me la rendait invivable.
Là bas au moins... je pouvais m'isoler.  

Quand le cardiologue d'Alain lui a annoncé, le 12 décembre 2007, qu'il devait être opéré le plus rapidement possible d'une dilatation aortique, je n'ai pas contredite sa déclaration purement factuelle selon laquelle que nous devions nous marier.
Pas plus que je ne l'avais contredit quand il s'était s'agit de conclure un PACS en 2006.

Nous nous sommes donc mariés le 25 janvier 2008, et il a été hospitalisé le samedi 29 mars, et opéré à cœur ouvert le lundi 31, alors que je passais mes dernières épreuves de partiels universitaires le mardi 1er avril. J'ai suivie sa convalescence, lui ai rendu visite régulièrement au centre de rééducation cardiologique.

Mais j'ai passé le mois d'avril 2008 seule, incapable de dire à ma famille que j'avais besoin d'eux, de soutien, de présence.
Personne ne s'est occupé de moi. J'ai été laissée à l'abandon, en friche.
J'en ai longtemps gardé une grande colère contre les miens, rivée à l'âme.
Aujourd'hui, elle s'est évanouie, car je sais que je maintenais inconsciemment les autres à l'écart, trop heureuse de vivre quelques semaines en toute indépendance.

Un an plus tard, en avril 2009, j'obtenais enfin ma licence en Droit.

Dès lors, à chaque occasion, nous partions pour les Hautes-Pyrénées, prospecter pour y acquérir une maison.

Je n'arrivais pas à ne pas être sincère lors des visites. Autrement dit, je disais vraiment ce que je pensais (points positifs ou négatifs!) et Alain ne manquait jamais de me faire sèchement remarquer sa désapprobation. J'aurais dû être plus critique, plus ceci ou plus cela. Je n'en sais rien, en fait. J'avais mal, c'est tout. Je serrais les dents, je me disais qu'il faisait ça pour de bonnes raisons. Il avait forcément raison.

Nous avons achetée une maison. Un "coup de cœur". Une connerie.
L'enchaînement de plusieurs conneries.
Mon travail parce que je croyais, parce que j'étais persuadée que c'était ça qu'Alain voulait pour moi, alors qu'il détestait que je travaille (mais ne me le disait pas, pensant que j'en avais besoin pour être épanouie)... Je détestais ça, j'avais des crises d'angoisse sans arrêt, mais au moins je sortais de la maison, de l'atmosphère écrasante d'une relation à laquelle je ne savais pas comment mettre fin, dont je n'osais parler à personne.
Mes hospitalisations de demi journée, qui ont finies par me rendre plus malade et dépressive que jamais, et auxquelles Alain vouait une haine féroce.
D'autres choses, je ne me souviens plus... 
L'arrivée de la maladie d'Alain. Le parcours du combattant pour obtenir un diagnostic. L'impression soudaine d'être utile, valorisée... Mais aussi les chutes, de plus en plus fréquentes... dont une dans l'escalier de cette maison près de Tarbes. Douze agrafes dans le crâne. Et des colères terribles... à le voir trembler, à me donner envie de mourir, à aller m'enfermer dans la voiture, dehors, pour hurler, pleurer. À vouloir crever.

"Tu me mens, tu me mens tout le temps"...
Une phrase qui est revenue souvent. Là bas, dans les Hautes-Pyrénées. Puis ici, en Charente, quand nous avons emménagé dans notre nouvel appartement, qu'Alain détestait.
Une phrase qui doit être vraie, puisqu'il n'est pas le seul à m'avoir fait ce reproche.

Cette accusation me fait pourtant toujours aussi mal. 

Nous sommes séparés, maintenant.
La maladie d'Alain était devenue tellement envahissante que j'avais commencé à me détruire physiquement.
Hospitalisation. Hébergement chez les uns et chez les autres...

Mais un sentiment d'insécurité permanent. Paranoïa.

Autre chose...
Autre chose, mais toujours la peur au ventre, la peur de l'autre, peur de décevoir, incapacité de dire les choses, la perte de toute rationalité, les crises d'angoisse dissimulées, les mêmes terreurs, les mêmes erreurs.

Jusqu'à la fuite, presque sans explication.

Et le retour à la réalité.
Fracassant.
Une immense tristesse, un sentiment de lâcheté et d'échec terrible, alors que j'étais bien, mieux que jamais, mieux que depuis très longtemps.



Alors la vérité.
Le dialogue, tout simplement.
Et un nouveau départ.

Miss. Try again.