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vendredi 7 avril 2017

Un petit courrier qui soulage...

Mon mari est décédé le 20 aout 2016.

Ce n'était pas quelqu'un de bien. Je n'ai plus aucune honte à le dire. Il m'a fait du mal, beaucoup de mal, tout en étant certainement persuadé qu'il agissait pour mon bien être. Il a toujours su que je souffrais de troubles psychiques, mais il faisait partie des gens pour qui ce genre de problème relève de la force de caractère et de la volonté, sans tenir compte de la biochimie cérébrale, de la neurologie ou de l'impact possible des traumatismes et conditionnements.
Bref la psychiatrie et les thérapies de soutien, c'était du charlatanisme...🚨🚮

Je sais aujourd'hui que je ne suis pas une malade imaginaire, que les troubles qui m'accompagnent depuis l'enfance font partie de moi de manière intrinsèque et qu'il est aussi imbécile de me dire de "ne pas angoisser" que de dire à un cardiaque de ne pas faire de crise d'arythmie ou à un asthmatique de garder les bronches ouvertes...

Mon mari croyait sincèrement en ce en quoi il prêchait : cette force de la volonté et de la rigueur, qui aurait du pouvoir me "sauver". Selon lui. Un pas à franchir comme un autre... 🚪

Sauf que les choses ne fonctionnent pas ainsi et que, même en me voulant du bien, il m'a enfoncée.
Bon, c'est comme ça, on ne va pas refaire les choses.

Il avait d'autres défauts et il est décédé, inutile d'épiloguer pendant 107 ans.

Par contre, 8 mois après son décès, je continue de recevoir du courrier à son nom, et ça, c'est agaçant.

D'une part parce que la succession est au point mort et d'autre part parce que j'ai repris avec une volonté vigoureuse mon nom de naissance (bref mon état civil pur et simple, sans nom d'usage) et c'est celui-ci, exclusivement, qui figure sur ma boite aux lettres.📫

Bon, recevoir des offres d'abonnement de Télérama, c'est une chose... je profite des enveloppes "T" pour leurs signaler que la personne à laquelle ils s'adressent est décédée et que l'occupant de la nouvelle adresse ne souhaite pas s'abonner, vraiment NON, merci bien (je n'ai jamais lu intégralement le magazine)...

Recevoir des courriers bancaires adressés à la "succession Mon-mari-qui-est-mort", c'est légèrement plus exaspérant.🔪

Nom de non!
Par quel rouage faussé de la mécanique informatique est-ce que les courriers bancaires d'une personne décédée, dont la succession n'est pas clôturée, en viennent à arriver à son ancienne adresse? C'est peut-être idiot, mais je crois bien que c'est par le biais de l'ancien tuteur de ladite personne décédée (je ne sais pas, j’émets des hypothèses...).

Alors moi, qu'est-ce que j'en fais de ces courriers ?
Bon, je les garde, c'est évident...
Même si le solde des comptes concernés est de 0,00€
Le compte existe, et c'est bien pour ça que l'écureuil écrit...

Donc moi, comme je suis en verve, j'envoie un mail au conseiller financier de l'écureuil dont les coordonnées sont indiquées sur le relevé de comptes.

Honnêtement, ça ressemble un peu à un épisode des "Lapins crétins", mais ça soulage...🐇🐰

Sans les noms, ça donne ça :

Monsieur,
Veuve de Mr Alain M. (identifiant client XXXXXX), je commence à être exaspérée de recevoir des courriers adressés à mon adresse à:

"SUCCESSION Mr Mon-mari-qui-est-mort ALAIN
Bâtiment Trucmuche
Allée du Trucbidule
16000 ANGOULEME".


Je ne suis pas notaire.

La succession est ouverte à l'étude de Maître C.:
(suit l'adresse, dans le mail, mais je vais pas vous la donner, quand même, rêvez pas!!!)


Dans la mesure où il existe un litige sur la succession, vous feriez bien mieux d'adresser vos courriers à Maître C. - Succession de Mon-mari-qui-est-mort, et non à moi.

Ayant reprit mon nom de jeune fille pour des raisons tenant à ma santé mentale, je compte bien empêcher à l'avenir la Poste de faire parvenir tout courrier adressé au nom de Mon-mari-qui-est-mort à mon adresse.


Dans la mesure où je n'ai strictement rien à faire des comptes de mon défunt mari, et que je fuis littéralement tous les établissements bancaires auxquels il a eut à faire (navrée de vous l'apprendre, je ne suis pas une cliente potentielle), vous devriez vraiment rectifier l'adresse d'envoi des courriers concernant le compte N°XXXX XXXX XXXXXXXXX.

Le compte est peut être à sec, mais je vous le dis avec la sincérité la plus pure, je n'en ai vraiment rien à faire.

Par contre recevoir du courrier au nom de mon mari décédé, cela me plonge tout à fait en fureur (pas contre vous, rassurez vous: j'ai conscience que vous ne faites que suivre des protocoles, et, je suppose, des consignes données par un mandataire judiciaire qui va finir par avoir des problèmes eut égard à la gestion calamiteuse qu'il a fait de la tutelle de mon mari).

Je vous souhaite une bonne fin de semaine, au soleil, et espère ardemment ne plus voir apparaître sur aucun courrier le nom de mon défunt mari, qui était un personnage que je préfère oublier. Ma psy ayant malheureusement du pain sur la planche pour m’amener sur la bonne voie...


Merci bien.

Avec tout mon respect, et mes excuses, car j'ai conscience que je suis légèrement exaspérante (mais sachez que ça soulage énormément).

Mme Elle aux Ailes, veuve de votre ancien client Monsieur-qui-est-mort.


Je sais pas si ça fera marrer le conseiller financier, mas en tout cas, moi, ça m'a fait du bien...😁

J'en ai vraiment rien à secouer, de l'argent de mon mari (je suis souvent tentée d'écrire ex-mari... si on avait divorcé aux conditions que je souhaitais, aujourd'hui, je serais moins enquiquinée, mais il ne voulait pas, et moi je voulais lui faire plaisir... qu'est-ce que c'est beau, dites donc, le phénomène d'emprise psychologique!...).

Si on avait divorcé, je ne voulais pas de prestation compensatoire: uniquement que notre appartement soit versé à mon patrimoine exclusif et qu'il en paie seulement les charges. J'en aurais donc été nu-propriétaire et lui usufruitier. Autre seule condition, je souhaitais que l'argent présent sur mes comptes bancaires reste à moi, et retourne dans ma banque originelle. Point.

Je n'ai pas changé de point de vue : c'est strictement la  proposition de partage que j'ai fais, et elle est très honnête.

Par contre, après plusieurs mois sans réponse des autres héritiers, j'ai pris une avocate, parce que j'en ai raz la casquette que la succession lambine.💣

Maintenant, soit la solution amiable passe, soit on règle ça devant des juges.💥
Sachant que la solution judiciaire n'est évidemment pas économique...😁😁😁
Donc contre-productive si on espère obtenir de l'argent.
Ce qui n'est pas mon objectif.😎

Mais bon, ce que j'en dis moi, hein...😉

Je souffre peut être de troubles psychiques (diagnostiqués, évalués, mesurés, suivis, reconnus...), mais je ne suis ni demeurée, ni irresponsable ou je ne sais pas quoi encore...
L'emprise, c'est comme Capri : c'est fini.
J'en ai marre qu'on me prenne pour une gourde.👍


Merci à Anne-Laure Buffet pour son article sur l'emprise conjugale.

dimanche 5 mars 2017

Les hurlements du silence

C'était le mardi 28 octobre 2014.
Nous avions réintégré la Charente début septembre, après quatre an et demi passés dans les Hautes Pyrénées.
C'était ma toute première hospitalisation (exception faite des hospitalisations de jour en clinique, environ trois ans auparavant).

Je n'allais pas bien. Vraiment pas bien.
Depuis des années, ça allait en se dégradant, et ça avait empiré depuis plusieurs mois.
Depuis 2013, je tenais des agendas journaliers qui, à la base, me permettaient de mettre en place et respecter des routines. Ils me servaient aussi à noter mes ressentis.📓
Détresse. Humiliations. Insultes. Crises de "gloutonnage". Automutilations...

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 2014, je m'étais infligé des lésions cutanées aux mains, après avoir frottés mes poings de manière compulsive et incontrôlable l'un contre l'autre.👊

Les insultes et les humiliations étaient mon lot quotidien depuis longtemps. Les jours sans faisaient figure d'exception. Mais pas cette journée là, pas ce soir là...💥

Quand mon mari malade avait finit par s'endormir, je m'étais relevée et étais allée dans la loggia, blottie dans un coin, emmitouflée dans une couette, en m'efforçant de ne pas pleurer trop fort.

Ensuite j'étais allée dans le bureau et j'avais regardé un film sur mon PC, avec un casque sur les oreilles. Je voulais faire le vide dans mon esprit, oublier la journée, et celle d'avant, et celles d'avant, et les semaines, et les mois, et les années...
Je voulais faire taire les hurlements du silence, parce que je me sentais coupable et prisonnière.
😆
Les hurlements du silence.
Ne pas avoir su dire plus tôt ce qui se passait vraiment dans notre couple dysfonctionnel.

Une relation dans laquelle j'ai accepté de subir l'autre, dans laquelle j'ai laissé se développer les obsessions écrasantes de mon conjoint.😖
Pendant des années, je l'ai laissé aller toujours plus loin dans le contrôle et l'autoritarisme, jusqu'à être acculée par toute la violence qu'il avait en lui.

Son perfectionnisme et sa rigueur, son extrême niveau d'exigence, que je ne pouvais jamais satisfaire, parce que j'étais trop "nulle", parce que je n'avais aucune confiance en moi, et aussi parce que je souffrais de troubles anxieux et de la compréhension sociale.

Pendant des années je l'avais laissé m'imposer ses obsessions, ses horaires quasi militaires, ses règles absurdes relatives au chauffage, à la façon de faire le plein de carburant, à ma façon de me laver... je n'ai jamais osé contester sa pingrerie, ses économies insensées sur tout et n'importe quoi.
Je l'ai laissé me reprocher de dépenser mon propre argent de manière "compulsive" (il avait réussi à m'en persuader, d'ailleurs, alors que j'achetais seulement des livres, des vêtements, des choses en quantité raisonnable, sans me mettre à découvert, sans jamais lui demander d'argent).
Il contrôlait tout et ne déléguait qu'à contre cœur... et quand j'acceptais de faire des choix, il me les reprochait encore et parvenait à me démontrer que j'avais tors. J'avais appris à aller dans son sens pour éviter les conflits.😶

Il racontait à tout le monde qu'on ne se disputait jamais... Avait-il seulement conscience qu'il agissait de manière tyrannique avec certaines personnes (dont moi, en première ligne), et qu'il pouvait être d'une extrême cruauté psychologique vis à vis des autres? Se rendait-il compte que ce trait de caractère terrible faisait que je ne répliquais jamais ?
Je ne le saurais jamais.
Nous ne nous disputions pas, non.😒
Je me faisais disputer, engueuler, humilier, ça oui, mais on ne se disputait jamais.

Les hurlements du silence me réveillent souvent la nuit, ces temps ci.😩
La honte et la colère de m'être laissée berner par des promesses qu'il n'a jamais tenu, la honte de l'avoir laissé s'en prendre à moi, d'avoir acceptées ses remontrances, ses rappels à un ordre que je  ne comprenais même pas, un ordre établit "pour mon bien".
La honte de m'être laissée dominer par ses tortures psychologiques.

Je ne comprenais pas encore tout ça, cette nuit là d'octobre 2014.💫😓
Pourtant je savais bien que notre relation était malsaine.💀
Ma psychologue du CMP de Tarbes me l'avait dit, et je le savais depuis des années.
Je le savais depuis notre première rencontre, en fait...

La conseillère du CIDFF de Tarbes me l'avait confirmé, devant ma mère, qui m'avait accompagnée :
"Vous vivez dans un contexte de maltraitance psychologique, madame, mais on sent que vous n'êtes pas prête à le quitter..."
C'était vrai. J'étais très malheureuse, mais j'avais toujours été malheureuse et je pensais que je ne pourrais jamais trouver le bonheur. En plus j'estimais que ça devait être intenable pour qui que ce soit de vivre avec moi, alors je cherchais à me convaincre par tous les moyens que je l'aimais et qu'il m'aimait en retour. C'était la seule chose qui donnait du sens à notre vie commune.
Avant tout, mes angoisses d'abandon étaient plus envahissantes que tout le reste.

Sans savoir comment, cette nuit menant vers le 28 octobre 2014, je me suis retrouvée les poings serrés devant moi, à frotter les premières phalanges d'une main sur l'autre. Au début, cette sensation m'avait apporté un bien être inattendu...🔆

Ensuite, j'ai perdu le contrôle et j'ai continué, encore et encore.
Des ampoules se sont formées, mais je n'arrivais plus à m'arrêter, et peu à peu la peau s'est déchirée et je me suis mise à saigner.😱
Sur le coup, je ne sentais rien, je n'étais rien, j'étais absente, c'était la nuit mais je ne dormais pas, j'essayais désespérément de me calmer, de trouver des solutions et de me vider la tête. Mais pendant ce temps d'oubli, je me détruisais, je me punissais de ne pas être assez forte. Je me punissais parce que je le laissais me faire tout ce mal.

Le lendemain, j'étais anéantie. Entre l'insomnie, les lésions physiques et les blessures morales, j'étais un zombie.😑
Je suis allée me réfugier à la MJC, et une des employées que je connaissais bien a alerté un organisme de médiation locale. Quand les jeunes femmes d'Oméga ont vu dans quel état j'étais, presque amorphe, le visage boursouflé par les larmes, elles m'ont proposé de m'emmener à l'UAOCC (Unité d'Accueil et d'Orientation et Centre de Crise). Une unité hospitalière spécialisé situé à l'extérieur du CHS.

Je me souviens qu'elles ont appelés mes parents, eut mon père en ligne, et m'ont emmenée à l'UAOCC.
J'ai été hospitalisée quatre jours.
Je pleurais sans arrêt et ne pensais qu'à rester enroulée dans les couvertures du lit de ma chambre.
Je ne trouvais pas le sommeil, alors on m'a donné du Théralène pour que je dorme et on m'a également changé mon traitement antidépresseur. Le Théralène m'a encore plus zombifiée et le Prozac m'a rendue véritablement suicidaire (j'ai souvent pensé à mourir dans ma vie, mais il n'y a que sous Prozac que j'ai vraiment faillis passer à l'acte).
Je me suis brossées les dents, je me suis douchée, à ne plus vouloir abandonner le flux de l'eau, sous lequel je laissais mes larmes couler sans retenue, recroquevillée au sol...🚿
J'ai mangé les œufs mollets les plus infects de toute ma vie.
J'ai beaucoup pleuré, et regardé par la fenêtre le va et vient des étudiants fréquentant le Centre Universitaire, en amont.
Là où j'avais passée ma licence de droit.
Derrière cette fenêtre, j'ai ressassé les heures passées à pleurer, là bas, en cours, en TD ou enfermée dans les toilettes. J'ai ressassé toutes les (rares) fois où Alain m'avais reproché de ne pas l'avoir appelé à midi, ou le soir quand je restais discuter avec des gens, et même chacune des fois où il m'avait engueulée parce qu'un de mes TD, cours ou examen était programmé sur un horaire ou à une date qui ne lui convenait pas...💢😡

J'ai essayé de reprendre mes esprits.💭
Finalement on m'a fait sortir le vendredi 31 octobre.
Mon mari, qui avait été hospitalisé en neurologie pendant mon "absence" est sortit le samedi.

Sur le coup, je me suis persuadée qu'on s'étaient retrouvés "comme jamais", que j'avais trouvé une nouvelle force pour continuer...
😕
En vrai, j'ai du affronter la colère d'Alain, furieux que je ne sois pas venue le chercher le vendredi, et qui me l'a longuement reproché, avec des mots très durs, bien que ma sœur lui ait expliqué que le vendredi, je n'étais pas en état de m'occuper de lui. Il avait fait mine d'accepter cette explication et pendant un temps, il a été doux et prévenant avec moi.

Sauf que dès que j'ai paru aller mieux, les reproches ont recommencé à pleuvoir.
Mais je voulais tant le satisfaire, qu'il soit moins malheureux que j'ai essayé de tenir, encore et toujours, de continuer à le soutenir, malgré son chantage au suicide récurrent, ses insultes, ses accusations diverses et variées...

Il a fini par me chasser des chez nous, à force de menaces et d'insultes.💔😠😧😨😫
J'ai été hospitalisée en clinique psychiatrique le 10 mars 2015, mais pas sans avoir remué ciel et terre pour qu'il reste à domicile, comme il le souhaitait.

Il y est décédé le 20 aout 2016.

Six mois après sa mort, les hurlements du silence me lacèrent toujours l'âme.

Sans doute parce que j'avais espéré qu'il soit sorti de ma vie pour de bon, que la succession serait close et que je pourrais enfin me consacrer pleinement à mon présent et à mon avenir...

Or la succession semble être passée au point mort, dernier fil tenant envers et contre tout, parmi tous les lambeaux des entraves du passé.
 
J'ai du faire une proposition de partage amiable, parce qu'on me reprochait de ne pas être restée vivre avec mon mari, d'avoir cessé d'être un "conjoint cohabitant", m'interdisant ainsi de bénéficier du passage automatique de l'appartement qu'Alain avait acheté "pour moi, quand il ne serait plus là" dans mon patrimoine. On me disait aussi que mes avoirs faisaient partie de la communauté et devaient être comptés dans la succession... La torture psychologique continuait.

En dix ans de vie commune, Alain m'a donné 200€ tous les mois, jusqu'au mois d'aout 2015, où il a décidé, sans m'en avertir, de cesser les virements. Cela représente au mieux une somme de 24000€.

J'ai gagné un peu d'argent en faisant de l'intérim et quand j'étais assistante de vie, entre novembre 2011 et janvier 2014, mais le plus souvent je l'utilisais pour améliorer l'ordinaire, en contre-mesure de l'avarice dont mon mari faisait preuve concernant le budget alimentaire (150 à 170€ de frais de nourriture, pour deux personnes, par périodes de 5 semaines😳).

Quant à mon Livret A, qui était préexistant à notre mariage, c'est mon grand-père maternel qui l'avait ouvert, et alimenté, pendant des années... Sauf qu'Alain avait fini par me convaincre de changer de banque, en 2012 ou 2013, ce qui signifie que j'ai fermé mon Livret A de la Banque Postale et en ai ouvert un autre au LCL... D'où son inclusion à la communauté, à ce qu'on m'a dit.

L'argent de mon mari, je n'en ai jamais voulu. J'aurais pu lui demander de me payer des choses, des vêtements, des bijoux même, je suppose. Mais je n'ai jamais été comme ça.
Je savais qu'il avait de l'argent et j'ai pris conscience de l'ampleur de son patrimoine quand il a fait un chèque de banque sans emprunt pour payer la maison des Hautes-Pyrénées. Près de 190000€. Et il lui en restait de côté...
Mais je m'en fichais. Cet argent n'a jamais fait mon bonheur.

Le patrimoine d'Alain a fondu comme neige au soleil, quand il a refusé d'être hospitalisé en unité de soins de longue durée (USLD). L'hospitalisation à domicile, en soit, était prise en charge par la Sécurité Sociale, et la plupart des interventions à domicile, en partie par l'APA. Mais les gardes de nuit représentaient un gouffre financier, ce dont il avait parfaitement conscience.

Je n'étais pas d'accord avec cette solution, mais j'avais trop peur de lui pour le forcer à partir en USLD. J'ai donc protégé autant que j'ai pu un homme qui m'a fait souffrir pendant des années, juste pour éviter qu'il ne me haïsse et toute sa famille avec.😢

J'avais tors. Les décisions que j'ai pris à 'époque, je les regrette amèrement aujourd'hui, alors que le passé continue de me torturer et que certains refusent de me laisser en paix.


Cependant...
Aujourd'hui, je sais enfin ce qu'est la confiance et le respect mutuel.
C'est tellement mieux que la peur, qui m'avait toujours guidée jusque là, qui m'avait entraînée à avancer au delà de mes forces, sous le joug d'une tyrannie permanente.

Alors, même si les actuels changements dans ma vie m'amènent à regarder mon passé tel qu'il a été, sans les œillères avec lesquelles j'ai vécu pendant quinze ans, prenant ainsi enfin conscience de la mesure des violences que j'ai subi, et comprenant l'ampleur des blessures reçues... et même si cette prise de conscience et l'acceptation de ses implications sont terriblement douloureuses, le passé demeure passé.

On ne le refait pas.
On vit, et on avance.🌱🌳

vendredi 3 mars 2017

Liaisons dangereuses...

Juste une histoire...

Une jeune fille mal dans sa peau qui se met à correspondre avec un inconnu sur Internet. Elle est assez naïve et triste, aussi. Elle souffre beaucoup, mais ne sait pas bien pourquoi. Elle rejette la faute sur sa mère, peut être parce que c'est plus facile que de se dire que le problème est plus profond, qu'elle a des problèmes avec tout le monde, mais comme elle évite les autres, elle se retrouve plus souvent confrontée à sa mère. Mais au début de l'histoire, elle ne s'en rend pas compte. Au début de l'histoire, c'est sûr, c'est net, la fautive, c'est sa mère.

Et elle raconte tout son mal-être à cet inconnu, qui se fait appeler Julien.
Julien lit tout ce que la jeune fille triste écrit, il enregistre les messages, prend des notes sur la jeune fille. Quand elle écrit sur sa mère si fautive, Julien la prend au mot et ne cherche pas à savoir si la jeune fille est objective et rationnelle.

Ils s'écrivent pendant des mois et des mois. La jeune fille aime beaucoup la manière d'écrire de Julien. Une partie d'elle est attirée par cet homme qu'elle ne connait pas, qu'elle n'a jamais vu. Elle a très envie de le connaitre, de le rencontrer. C'est un peu un jeu, pour elle.

Elle a eut des copains, au petit bonheur la chance, vu que la plupart du temps, elle évite les gens. En fait, à chaque fois qu'elle a été avec un homme, elle s'est laissée approcher et s'est laissée faire. Elle ne se voit pas comme une "fille facile", mais au fond d'elle même, elle ne sait pas dire "non". Elle ne sait pas vraiment dire "oui", non plus, et puis dès qu'elle n'est plus derrière son ordinateur, elle ne sait plus rien demander, elle a peur de tout et de tout le monde, elle a peur de mal faire, de déplaire, d'être rejetée.

Elle a très envie de rencontrer Julien, alors du haut de ses même pas 19 ans, elle lui indique qu'elle sera au cinéma, ce dimanche, à 11h. Elle pense qu'il la regardera de loin, qu'il ne l'abordera pas. C'est ça son fantasme, son désir, au fond, mais elle ne le lui dit pas. Elle est persuadée qu'il a comprit.

Mais le dimanche, quand elle gare sa voiture en face du cinéma, elle voit un homme qui la regarde de manière insistante. Il est gros et barbu, elle n'aime pas sa façon de la regarder. Elle hésite un instant mais n'ose pas suivre son instinct qui lui hurle de remettre le contact et de s'enfuir. Alors elle sort de la voiture. Il vient lui faire la bise, il pique. Il l'appelle "ma perle". C'est vrai, c'était un de ses pseudos, au début.

Elle se sent très mal. Elle ne veut plus voir ce type qui lui propose d'aller prendre un verre pour faire connaissance. Elle essaye de se montrer froide et distante et lui réplique sèchement qu'elle est venue pour aller au cinéma. Elle serre son argent dans sa main. Il la suit. Elle ne veut pas qu'il vienne avec elle, mais elle ne sait pas comment le lui dire. Elle demande sa place, mais avant d'avoir eut le temps de payer, il l'a fait et demande une autre place pour le même film. Elle est furieuse, mais elle ne sait pas quoi faire.

La salle de cinéma est bondée. Ouf! Il n'osera rien faire, comme ça. Elle s'assoit où elle peut, presque en bout de rangée, et Julien s'installe à sa droite. Il a vraiment l'air de croire que c'est un rancard. Mais de toute façon il y a trop de monde dans cette salle, il n'o...
Dès que la salle est plongée dans le noir elle sent la main de Julien se poser sur son genou droit. Elle panique complètement.

Dès années plus tard, elle rejettera de manière ostentatoire la main d'un autre indésirable, avec un profond sentiment de fierté, mais elle n'en est pas encore là.

Ce jour là, elle est perdue. Elle pensait qu'il la regarderait de loin depuis le trottoir, mêlé à la foule, qu'il ne l'aborderait pas. Et là il est tout près d'elle et elle n'aime pas sa main, mais elle ne sait pas du tout quoi faire. Elle n'ose même pas serrer les jambes, s'écarter. Après tout, elle le provoque depuis des semaines, non?
C'est de sa faute à elle, elle et rien qu'elle.

Comme elle n'a pas rejetée cette main, Julien s'enhardit et commence à remonter la jupe, toucher la peau. À l'intérieur de sa tête à elle, une plainte sourde crie un "non" silencieux qui se noie dans le noir de la salle et l'action du film.
Julien pourrait lui demander si elle est d'accord, mais pas un mot ne sort de sa bouche. Il ne demande pas. Qui ne refuse pas consent.

Peu à peu il la touche .
Peu à peu il la palpe et il lui fait mal, mais elle a peur, elle est perdue, elle voudrait bouger, partir, mais elle ne sait plus comment faire. Il lui fait mal, mais dans son esprit perdu, elle se dit que, peut être, si elle le laisse faire, qu'elle lui laisse croire qu'il est victorieux, ça va s'arrêter. Elle a mal et le temps n'en finit plus. Elle voudrait se sentir bien, elle y a beaucoup fantasmé, mais il fait n'importe quoi, il lui fait tellement, tellement mal.
Elle essaye de calmer les ardeurs de ce connard de Julien, mais quoi qu'elle fasse, même quand elle se décide à resserrer les cuisses, on dirait qu'il prend ça pour du contentement et des encouragements. Elle essaye de lui dire d'arrêter mais pas un mot ne sort de sa bouche si sèche et ses lèvres s'écrasent sur le cou de Julien.

Quand le film se termine, elle file s'enfermer dans les toilettes. Elle urine et constate des traces rouges sur le papier. Il lui a déchiré les muqueuses. Elle a très très mal, ça la brûle à en pleurer. Elle est furieuse contre elle même, et surtout elle a très honte d'elle. Elle pleure.

Plus tard, Julien lui dira qu'il est tombé amoureux d'elle quand elle l'a embrassé dans le cou.
Même pas un baiser. Un quiproquo. Des mots qui n'ont pas voulu sortir, et ce con est tombé amoureux.

À sa sortie des toilettes, elle espère qu'il se sera lassé d'attendre, qu'il aura comprit, mais il est toujours là. Elle a séché ses larmes, s'est passé de l'eau sur le visage, mais il ne remarque rien. Elle s'enfuit.

Il lui demande s'ils se reverront. Elle esquive, ne sait pas quoi dire. On verra. Elle se dit que c'est tout vu, que ça ne se reproduira pas, plus jamais, jamais, jamais.

Pourtant elle le reverra et insidieusement, leur relation se transformera.
Peu à peu il la couvrira de déclarations d'amour, jusqu'à ce qu'elle se laisse aller à lui écrire de nouveau, à accepter de discuter avec lui, à oublier la vérité de leur première rencontre...

Elle ira habiter chez lui, trois ans plus tard. Ils auront une vie de couple "compliquée", parce que derrière la face de l'homme ordinaire, il y a en fait un homme anxieux, à la personnalité obsessionnelle, qui cherche à ce que tout, et tout le monde, soit bien sous son contrôle.

Pendant des années, elle se laissera aller à croire qu'il l'aime et la respecte, qu'il cherche à l'aider, mais elle souffrira de plus en plus, toujours plus honteuse d'elle. Elle essayera de lui montrer qu'il peut compter sur elle, qu'elle est fidèle et dévouée, mais ça ne marchera pas. Peu à peu, les mots deviendront de plus en plus violents, jusqu'à ce qu'il la chasse avec ses mots avant de lui reprocher de l'avoir abandonné.

Elle restera perdue plusieurs mois, se cherchera des buts dans la vie, autres que la peur, l'anxiété, la soumission.

Et puis 15 ans après ce dimanche au cinéma, elle finira par comprendre que Julien l'a violée, ce jour là. Puis elle comprendra tout le reste aussi, elle se mettra à voir tous les bleus qu'il lui a fait à l'âme, au fil des années. Elle se rendra compte qu'elle a aimé un fantasme et haïs l'homme qu'il était vraiment. Elle comprendra des tas de choses...

Quand elle avait 19 ans, elle n'avait même pas comprit que Julien Valmont n'était qu'un pseudonyme, tiré d'un roman épistolaire pourtant célèbre...

dimanche 11 décembre 2016

Ancrage émotionel, sentiments, confiance...

Pour moi, les relations interpersonnelles comportent une quantité incroyable de sentiments et d'émotions concernant les autres, comme les couleurs d'une palette, et ces sentiments se mélangent pour donner un sens aux relations.
Pensez aux mandalas des moines tibétains, créés à base de sable coloré... Certains sont très complexes...
D'autres mandalas, comme ceux qu'on peint sur des galets, sont très simples et limités à quelques nuances d'une ou deux couleurs...
 ...
Cela peut paraître étrange à la plupart des gens, mais la gestion des émotions et des nuances que je ressens vis à vis des autres personnes a longtemps été extrêmement problématique pour moi.
Le fait est que mes sentiments ne sont pas cloisonnés par les "règles tacites" de la vie en société, qui reposent entre autre sur la culture dans laquelle nous vivons (en France, et en Occident en général, ce sont les règles de la morale judéo-chrétienne qui constituent ces règles).

Je n'éprouve pas de honte à ressentir certaines émotions qui semblent opposées, vis à vis de telle ou telle personne. On peut apprécier quelqu'un et en voir peur, souhaiter s'en éloigner. On peut apprécier la stabilité mais fréquenter quelqu'un qui ne l'est pas (si cette instabilité est prévisible, ça peut se gérer). Je peux être triste et heureuse en même temps et je peux avoir de l'espoir tout en restant désabusée et sur la défensive...
On peut aimer quelqu'un et ne pas supporter sa présence, même si c'est dur à vivre.
Je ne suis pas non plus gênée d'éprouver des sentiments d'amitié, d'attachement et d'attirance pour plusieurs personnes en parallèle...

C'est une façon de ressentir les choses qui peut être très déstabilisante pour la plupart des gens.
On parle souvent de "polyamour" pour décrire cette façon de ressentir la vie et les gens.
En ce qui me concerne, je ne suis pas sûre de vouloir vraiment nommer ma façon d'être. Elle est personnelle et nous avons beau être forts nombreux sur Terre, il me semble que nous sommes tous des individus à part entière.

Pour en revenir à l'amour, n'aime-t-on pas les membres de sa famille, ses amis, chacun d'une façon toute particulière?
Pourquoi serait-il considéré comme malséant d'aimer, d'être attaché, à plusieurs personnes à la fois, chacune d'une façon particulière ? En quoi est-ce que l'affection, l'attirance, le désir, l'amitié, devrait être réservée à une seule et unique personne à qui on se réserverait exclusivement ?

Les émotions sont innombrables et fascinantes.
Mathématiquement incalculables, physiquement invisibles et psychologiquement tellement complexes que les nuanciers émotionnels établis par certains auteurs ont de quoi donner le vertige :
Certains ouvrages ont essayé de les compter et on dépasse les huit cent entrées...
De quoi faire...
Je commence à avoir une bonne idée de l'immensité des cette palette émotionnelle.


Non pas que je ressente toutes ces émotions, mais je perçois la complexité des choses, et cette complexité explique en grande partie pourquoi j'ai si souvent été perdue face aux autres.
La plupart des gens restent figés dans des codes de bonne conduite qui segmentent la vie familiale, la vie amicale, professionnelle, sentimentale, sexuelle, etc.

Ils semblent également segmenter les émotions et les sentiments qui sont "acceptables" selon les situations. C'est ce qu'il m'a semblé devoir faire pendant une grande partie de ma vie, pour être "socialement acceptable", justement...

J'ai essayé d'agir ainsi, de m'approprier cette classification binaire de ce qui se fait ou non se sait pas, de ceux qu'on aime et ceux qu'on aime pas. J'ai vraiment essayé.

Mais je ne suis pas comme ça.
Je ressens les gens et les relations interpersonnelles.
Je ne me sens pas capable de cloisonner mes émotions.

En matière de relations interpersonnelles, j'ai un besoin émotionnel fondamental : la confiance.
La confiance, c'est la sécurité.
La confiance, c'est le respect de la personne que je suis, de mes valeurs intrinsèques et de mon intégrité morale comme physique.
Le langage verbal et non verbal sont essentiels pour que ma confiance soit ancrée fermement.
L'être et le paraître.
Le dire et le faire.
Les divergences entre ce que disent les gens et leur façon d'agir sont des choses complexes à gérer pour moi. Parfois c'est de l'humour, d'autre fois, c'est de la manipulation.
Comment faire la différence?!?

Quand je suis confrontée à ce type de situation, j'ai l'impression d'être face à une personne qui me dit que le bleu est une teinte similaire à celle du orange! Ou que le jaune et le violet se ressemblent tout à fait...
Dans ces cas là, je tend à "légèrement" perdre les pédales.
J'ai beau savoir que certaines personnes ne font pas exprès d'être ainsi (ils sont peut être daltoniens...?), le manque de logique et de cohérence entre leur "dire" et leur "faire" me fait l'effet d'une trahison, ma confiance est dévastée et, de fait, je peux devenir moi même dévastatrice.


Je me coupe de ces personnes, quand je le peux, parce que je ne supporte pas les incohérences.
Elles me font littéralement du mal.
C'est paradoxal car je sais très bien que je suis moi même une vraie pelote de contradictions.
Mais me concernant, il faut tenir compte du fait que j'ai tenté, par toutes sortes de moyens possibles, et ce depuis ma petite enfance, de me fondre dans la masse, de couler dans un moule qui n'est pas fait pour moi: j'ai tenté de me suis déformer et ai essayé de faire miennes des idées avec lesquelles je me suis pourtant très tôt sentie en profond désaccord.
À un certain moment, je ne savais plus qui j'étais, ce que je ressentais, comment je pouvais me respecter... À ces périodes périlleuses de ma vie, j'ai eu tendance à "passer la main" du contrôle à des tiers, entrant dans des relations d'emprises très néfastes.

Mon ressenti personnel repose sur la confiance que les autres m'inspirent.

Parce que j'étais perdue et que je ne savais comment me positionner face à la société, on a abusé de moi, de plusieurs manières différentes et à plusieurs reprises.
Ces expériences ont été traumatisantes et m'ont rendue méfiante.

Je tend à m'attacher fermement aux personnes en qui j'ai confiance. Dit autrement, ce que j'appelle mon ancrage émotionnel vis à vis des personnes que je côtoie est d'autant plus fort selon le lien de confiance qui m'unit à elles.
C'est pour cette raison que j'ai un conflit émotionnel extrêmement douloureux avec ma mère.
Mon rapport de confiance vis à vis d'elle est totalement dysfonctionnel.
Je l'aime avec des centaines de nuances, qui font des tourbillons magiques, mais je continue de ne pas réussir à avoir confiance en elle, et ça, ça bousille tout.

Il y a les personnes auxquelles je suis attachée, même de manière infime, même si elles me sont pratiquement étrangères...

Il y a les personnes à qui je ne suis pas attachée du tout, que je fréquente mais envers lesquelles je me sens totalement étrangère...

Et il y a les personnes à qui j'ai été attachée mais qui ont, à un moment ou un autre, abusé de ma confiance, que ce soit volontairement ou non.

Quand j'ai le sentiment qu'on me ment, qu'on essaie de me manipuler, qu'on tient pour quantité négligeable mes opinions, ma sincérité ou la confiance qu'on peut m'accorder, le lien de confiance se brise. Je suis blessée, mais au delà, je suis (un moment) en colère, aussi (blessure narcissique?), puis ces personnes me deviennent étrangères. La résilience passe, je prend conscience que la relation était dysfonctionnelle, vouée à l'échec, et je passe à autre chose.
Je ne cherche pas à blesser ces personnes. Elles ont simplement rejoint la foule d'anonymes et je cherche à les éviter parce que je suis mal à l'aise en leur présence.

On m'a dit que je peux être très "dure" vis à vis de ces personnes (qui ont généralement porté atteinte à ma confiance).
On me l'a fait remarquer à plusieurs reprises et j'en suis consciente.
Le savoir ne change rien.
La confiance que je peux avoir en une personne, et qu'elle peut m'inspirer, est un élément d'ancrage émotionnel très fort.

Mon entourage est très restreint, j'essaie de choisir mes amis avec soin.
Peu à peu, j'apprends à me protéger, à me préserver. Quitte à exclure toute menace potentielle dès qu'elle commence à me sauter aux yeux.

Je n'étais pas comme ça, pendant très longtemps.

Avant, j'étais la bonne poire. La fille gentille, sympa.
Je me suis même mariée, comme ça...
Mais je me suis blindée, depuis. Ces derniers mois, surtout.
Plutôt que prendre des coups émotionnels, maintenant, je préfère me barricader et être honnête avec moi même avant tout.
Mettre en doute la confiance qu'on peut avoir en moi, de quelque manière que ce soit, c'est une chose qui peut être dévastatrice... pour les autres.
Moi, je m'en remet désormais très vite.
Trop vite, au gout de ces autres.
Je n'y peux rien, je suis comme ça.

Quand je choisi d'exclure quelqu'un de mon entourage, de me détacher d'une personne, ce n'est pas par désamour, par lassitude ou en raison d'une autre émotion peu glorieuse. C'est véritablement parce que je me sens, d'une manière ou d'une autre, menacée. Physiquement ou plus généralement, psychologiquement.
Quand je me détache de cette personne, les couleurs qui composaient mon ancrage émotionnel à cette personne disparaissent rapidement de mon être... Elles sont balayées, plus ou moins vite... et puis c'est fini, il ne reste plus rien, sauf quelques grains de pigments accrochés ça et là...

Il n'y a pas un vide.
Parfois une sensation de "manque" subsiste, comme quand on arrête de prendre une drogue.
Ce sevrage se fait d'autant plus facilement si la personne persiste dans son attitude "toxique".

Cela s'est produit plusieurs fois dans ma vie.
Plusieurs fois récemment.

J'ai fini par admettre que je suis ainsi.

Mais j'ai le sentiment d'aimer avec davantage de sincérité et d'honnêteté les gens que je côtoie, à présent... Je suis franche et entière. Directe. J'ai besoin que les autres sachent l'être aussi, sans passer par des méandres complexes, sans se cacher derrière des explications, sans employer des moyens détournés, quelle qu'en soit la raison.
Je crois que la majorité des gens sait être comme ça, mais que je me suis beaucoup focalisée sur les gens qui ne le savent pas...

dimanche 2 octobre 2016

Emprise conjugale

J'ai découvert la notion d'emprise via les livres de Marie-France Hirigoyen. J'essayais de comprendre les véritables liens qui m'unissaient à mon mari. Cela faisait dix ans que nous vivions ensemble et je commençais à comprendre à quel point j'étouffais. J'étais épuisée par sa maladie, mais aussi par les dizaines de revirements émotionnels qu'il m'avait fait connaître depuis notre première rencontre.

Je commençais à prendre conscience de l'écran de fumée des promesses, des belles paroles enjôleuses, des sables mouvants de notre relation qui m'avaient amenée à d'inquiétantes crises de dépersonnalisation, d'agitation aigüe et d'automutilations...

J'ai rencontré Alain par internet alors que j'étais très jeune. J'ai commencé à lui écrire alors que j'étais à peine majeure et l'ai rencontré environ un an plus tard.

Je n'avais pas d'amis et très peu de relations sociales.
J'avais des condisciples, avec lesquels je fréquentais le même lycée, les mêmes classes, mais ils n'étaient pas des amis et même si j'avais quelques "copines", nos relations restaient très superficielles.
Je savais aller vers les autres mais je ne savais pas maintenir le lien social, comprendre les attentes des uns et des autres, alimenter convenablement les conversations, ne pas commettre d'impairs et jeter un froid.
Bref j'étais socialement totalement inadaptée.

Je trouvais mon bonheur dans les correspondances que je pouvais me trouver sur Internet, et j'y étais toujours sincère, même si souvent rêveuse. Je ne songeais généralement pas réellement à rencontrer mes interlocuteurs et je leurs confiais bien imprudemment des détails sur ma vie, mes aspirations, mes craintes, mes angoisses, les causes supposées de mon malaise...

La violence psychologique est un terme aujourd'hui communément accepté. Ce qui est ignoré, ce sont ses conséquences. Ignoré et, bien pire, réfuté. [...] Il doit nous obliger à ouvrir les yeux sur des drames quotidiens, enfermés entre quatre murs.

Enfermés, c'est le cas de le dire.

Mon mari était un adepte de la rigueur et de la force de la volonté. Ayant constaté que j'étais d'une grande faiblesse de ce point de vue, dès que nous avons commencé notre vie commune, il a commencé à m'inculquer des horaires et une discipline de vie que certains pourraient facilement qualifier d'extrême. Ceci-dit, il ne voyait pas ce qu'il y avait de déviant dans son mode de vie et me concernant, je regardais ses manies comme des bizarreries d'un homme ayant connu des privations et un mode de vie "à la dure" dans sa jeunesse, et qui en avait gardé des stigmates.

Et si malgré tout je vivais mal certains aspects des choses, j'évitais de m'en plaindre, parce que, après tout, je m'étais largement plainte de ma vie "antérieure", de mes relations conflictuelles avec ma mère et de mon mal-être général. Je souhaitais satisfaire mon compagnon et lui montrer qu'il m'apportait beaucoup. J'avais vraiment besoin de croire à un nouveau départ dans la vie, grâce à lui.

C'était une erreur.
C'est une attitude risquée que celle de se reposer sur les autres pour se construire, et tenter d'aller de l'avant. S'en remettre à un tiers, c'est prendre le risque de s'oublier et de voir l'autre comme un guide omniscient. C'est une voie qui peut sembler facile, mais elle est dangereuse... L'autre est nécessairement différent. Qu'il soit bon ou mauvais n'a pas d'importance. Regarder le monde par dessus l'épaule d'une autre personne, c'est biaiser son point de vue.
On ne peut pas vivre sans les autres, mais jamais je n'aurais du accepter de vivre selon des règles qui ne me convenaient pas, jamais je n'aurais du accepter d'être tantôt encouragée et tantôt infantilisée. Pourtant je l'ai fais...

Une femme qui se fait frapper par son conjoint, ou empoigner trop fort par le bras, qui se fait insulter, crier dessus ou qui doit subir une crise de jalousie parce qu'elle a "osé" porter un décolleté ou une jupe à la mode, mais qui auront paru "indécents" à son compagnon pourra comprendre facilement que son partenaire de vie a une tendance à l'agressivité, la possessivité ou la violence.

Le phénomène d'emprise est différent. C'est un peu "viens donc que je t'embrouille"... des belles paroles, une écoute attentive et surtout le tissage méticuleux d'une relation de dépendance. Cette dépendance est essentielle pour que l'emprise prenne racine. Dépendance du point de vue du toit sur la tête, de l'écoute, de l'affection, dépendance financière, alimentaire... tout est bon. Et même si des encouragements peuvent être donnés pour que l'autre acquiert un peu d'indépendance, dès que la chose commence à prendre forme, des reproches se forment habilement, culpabilisants, ramenant l'autre dans le giron du dominateur narcissique...

J'ai connu ça... être encouragée à me faire des amis, avant qu'il me reproche de ne pas "rentrer à l'heure" de la fac (quel étudiant appelle son conjoint pour dire qu'il papote avec les copains avant de rentrer???)... Encouragée à travailler "pour être capable de faire quelque chose de ma vie", mais subir des reproches parce que je travaillais à des moments qui ne l'arrangeaient pas (!). Encouragée à "aller mieux", tout en entendant sans arrêt des critiques sur les psys, jamais content de mes horaires de rendez-vous ou de soins... etc.

Il était gentil et doux, la bonté incarnée... un moment. Je crois que c'était un besoin, chez lui. Être tendre et attentionné, c'était davantage pour lui même que pour les autres. Un rôle valorisant, en somme.
En vérité, la plupart du temps, il était dur, froid, distant, inflexible.
Je ne pensais qu'il devenait ainsi quand il était contrarié, et cherchais systématiquement à savoir quels étaient les facteurs déclencheurs, aussi j'essayais de le satisfaire en tout. Pour ne pas prendre le risque d'être brimée, rabaissée ou humiliée par ses mots d'une dureté infinie, d'une froideur glaçante.
Sauf qu'à tout bien réfléchir, chaque fois que je l'ai observé alors qu'il était seul, dans son bureau, dans son jardin, dans n'importe quelle activité où il se croyait seul, il portait avant tout cette froideur en lui, cette rigueur qu'il élevait au rang de vertu absolue.
C'était sous mon nez mais je préférais voir un homme torturé par la vie, qu'il fallait ménager, alors que lui ne prenait jamais de pincettes avec moi...
L'emprise psychologique est constituée de comportements alternant une tendresse simulée, et la maltraitance, les injures, le dénigrement, les reproches, le mépris, comportements répétés et implacables. Le bourreau utilise la victime comme défouloir à ses diverses pulsions, jusqu'à la dépersonnaliser. Véritable torture, tout raisonnement, toute pensée, tout acte individuels et libres sont interdits. La violence psychologique crée un brouillard, sème la confusion, empêche toute réaction pour se protéger. L'emprise est une histoire individuelle qu'il faut connaître avant de juger.

Elle suit toujours le même schéma. Caméléon, elle s'adapte au caractère des victimes. Elle se glisse dans les fragilités et les creuse comme la gangrène, inlassablement.
J'étais maladroite socialement et j'évitais les situations qui risquaient de révéler ma maladresse, mon manque de conversation "normale" et mes paniques inexplicables. Je craignais terriblement de nouer de liens sociaux que je savais être incapable d'entretenir, sans comprendre pour autant pourquoi.

Je m'étais montrée incapable de suivre des études universitaires, trop habituée à fonctionner sur mes "acquis de cours" (j'ai passé le bac sans avoir fais de fiches, sans avoir véritablement révisé au sens classique du terme, et j'ai pourtant "décroché" le diplôme en me contentant des souvenirs que j'avais de mes cours).

J'étais obsédée par l'idée que je décevais forcément mes parents. Ma mère surtout. J'étais aussi obsédée par l'idée qu'elle ne me comprenait pas du tout, e ne percevait pas mon état de souffrance psychique permanent. Je ne comprenais absolument pas qu'elle ne se rende pas compte que ses activités dans la maison familiale me semblaient affreusement bruyantes et dérangeantes. Pour être honnête, je ne comprenais pas exactement ce que je lui reprochais, et je plaquais des motifs divers sur un sentiment d'injustice dont elle ne pouvait pas avoir conscience, puisque je ne parlais jamais à mes parents de mon sentiment dominant de honte de ne pas être "normale". J'avais intimement conscience d'être différente émotionnellement des autres personnes de ma classe d’âge, de ne pas les comprendre, de me tromper régulièrement sur leurs intentions et du fait que je m'écartais d'eux volontairement pour éviter de souffrir d'une anxiété trop envahissante.
De toute façon, j'étais de toute évidence très différente de mon seul "étalon-maître", seul point de référence, c'est à dire ma sœur aînée. Je savais que maman me trouvait "intéressante" de par ma différence, mais je savais aussi qu'elle ne mesurait absolument pas le degré de souffrance intérieur que produisait mon incapacité à m'accorder avec le monde. Et bien sûr je n'étais pas du tout capable d'utiliser de comprendre quoi que ce soit de tout ça, à l'époque. Une époque où ma souffrance psychique se situait à 8 sur une échelle de 10.

Par mes correspondances, puis les longues discussions que j'ai eu avec Alain (ou plutôt des monologues que je tenais, dans lesquels il intervenait pour attiser ma colère contre ma mère), je lui ai fourni la plupart des clés qui devaient par la suite lui permettre d'asseoir son emprise. J'avais de très nombreuses failles et une très faible connaissance de leur nature véritable...
Avec les années, j'ai étudié de manière autodidacte, par tâtonnements empiriques et pragmatiques à me connaître. J'ai appris à mettre des mots sur mes traits de caractères et mes déficiences. Via des recherches en arborescence, j'ai étendue mes connaissances quant à mon émotivité, mon anxiété, leurs symptômes. J'ai commencé à comprendre que je ne pouvais plus continuer à accuser ma mère de tous mes maux. J'ai commencé à relever qu'Alain avait des comportements abusifs à mon égard, dans sa manière de chercher à tout contrôler.
Bref, j'ai changé... Alain n'a pas aimé, sans que je comprenne pour autant pourquoi il ne se réjouissait pas avec moi de ma meilleure compréhension de mon fonctionnement intellectuel et émotionnel.
J'étais sous emprise.
De manière maladroite, je cherchais à me protéger.
Je crevais de trouille à l'idée de devoir avouer à mes parents mes déficiences sociales, mais c'était encore pire avec mon mari et sa famille. Je ne pouvais pas parler de mes problèmes à la famille de mon mari, ça aurait été lui faire honte, et j'avais déjà bien assez honte de moi comme ça, pas la peine d'en rajouter. J'avais très vite compris que je ne devais pas évoquer le fait que je souffrais d'anxiété chronique, pas plus que je ne devais laisser voir que l'anxiété me fatiguait voire me rendait dépressive. J'avais beau souffrir du déni de mon mari, je m'étais laissée convaincre de l’efficacité de la méthode Coué... après tout, si j'ignorais les symptômes, je parviendrais à faire disparaître le mal. Un pure question de volonté et de rigueur.
Quand j'ai emménagé avec Alain, j'étais dépendante financièrement de mes parents. Ma mère me versait de l'argent tous les mois, et bien que je sois inscrite en agence d'intérim, je me sentais totalement incapable d'occuper le moindre emploi.
J'avais essayé de passer le BAFA, à l'image de ma sœur, mais je n'ai jamais été et je ne serais jamais une animatrice. J'aime les activités solitaires et gère très mal les activités de groupe ou me demandant d’interagir avec les autres dans des domaines que je sais ne pas maîtriser ou pour lesquels j'ai du mal à accorder de l'intérêt.
J'ai repris des études universitaires à la fois parce que j'étais terrorisée par le monde du travail et parce que faire des études de Droit constituaient un défi personnel alors que dès le collège la conseillère d'orientation avait tenté de me décourager de cette aspiration.
Cependant cela m'a rendue financièrement dépendante d'Alain. J'habitais avec lui, je me pliais à ses horaires, respectais ses budgets pour faire les courses et devais me contenter des 200€ qu'il m'accordait comme "argent de poche" tous les mois, avec lesquels je payais mes frais universitaires, ma mutuelle santé, mon essence, mes vêtements...

Au bout de quelques mois, j'ai su que cette vie ne me convenait pas. Mais enfermée dans ma honte et le dégout de ma faiblesse, je suis restée.

Pourquoi suis-je restée 10 ans, je me le demande encore...
J'ai lu une fois l'expression de "terrible mécanique sacrificielle", à propos de l'état d'emprise.
C'est exactement ça. On se sacrifie pour satisfaire l'autre. Il nous semble si séduisant dans ses bons moments qu'on souhaite bénéficier de cette aura, et on est prêt à se sacrifier, à abandonner sa dignité, à accepter des déviances qu'on désapprouve pourtant, tout ça simplement pour que l'autre nous fasse bénéficier de sa chaleur. Parce que sinon on se sent abandonné, puisqu'on a plus de contact avec le reste du monde... un monde qui nous semble hors de portée, et où on a pas notre place, car bon à rien, nul, incapable... sauf sous ses encouragements.
Jamais je n'ai vu Alain se remettre en question. Même la fois où il a nié la bonne direction d'un sentier de montagne, il s'est acharné à aller de l'avant dans la pente abrupte, alors que je le suppliais de faire demi tour, lui indiquant que je voyais le sentier. Encore quelques minutes, je suis sûr que c'est là, m'affirmait-il. Ce n'était pas là du tout. J'ai fait une terrible crise d'angoisse ce jour là, j'ai été prise de palpitations, mes jambes menaçaient de me lâcher, et lui, il avançait, sans tenir compte de mes cris d'angoisse. Quand il a fini par faire demi tour parce que je hurlais de détresse, il m'a dit qu'à cause de moi, il avait du s'arrêter à quelques mètres du col et m'a reproché de ne rien lui avoir dit au sujet des balises que j'avais vu (alors que je les lui avais signalé, mais il n'en avait fait qu'à sa tête).

La moyenne randonnée en montagne était une de ses plus grandes passions. Une des rares que je connaisse, en tout cas. Alain était très secret.
Il prétendait vouloir partager celle-ci avec moi, mais quoi que je fasse, nous n'étions jamais ensemble.
Il était meilleur grimpeur que moi et n'hésitait pas à me laisser loin en arrière, ne faisant pas de pauses, tout à son "défi" d'arriver au sommet, chrono à l'appui. Je pleurais en silence dans la solitude. La première fois, je lui ai expliqué mes larmes, il a semblé s'en inquiéter, mais invariablement, il a continué à monter à son rythme. Plusieurs fois, en essayant de suivre son rythme, je me suis cognée suffisamment fort pour boiter et garder des bleus, mais il ne s'en inquiétait jamais.
J'étais une très bonne descendeuse. Mais je n'ai jamais eu le droit de me faire plaisir. Je descendais trop vite pour lui, et il m'a insultée plus d'une fois "parce qu'il avait faillit tomber avec mes conneries". Plusieurs fois j'ai essayé de comparer nos plaisirs, lui à la montée, moi à la descente.... Lui il se faisait plaisir, et m'attendait en haut, donc j'aurais pu me faire plaisir de temps à autre en descendant certains passages à mon rythme et l'attendre en bas. Il avait rétorqué que ça n'était pas comparable et m'avait même dit que s'il tombait, ça serait de ma faute.

Quand il est tombé malade et qu'il ne grimpait plus si vite et ne pouvait plus marcher aussi longtemps qu'avant, c'était encore de ma faute. Alors que quelques années auparavant, il rechignait toujours à m'accorder des pauses, moi, il m'accusait de ne "rien en avoir à foutre de lui", alors qu'il ne réclamait pas de pauses, bien que je m’enquiers régulièrement de savoir si tout allait bien.

mercredi 28 octobre 2015

30 ans de honte, 3 décennies gâchées à chercher à plaire à tout prix... Et...


Je l'ai déjà écris, il me semble, mais toute ma vie j'ai été angoissée et dépressive. J'en avais honte, parce que je voyais bien autour de moi que les autres n'étaient pas comme moi. Ils n'avaient pas peur d'agir, ils avaient l'air de savoir ce qu'il voulaient, ils avaient l'air d'avoir une vie.

Moi j'avançais dans le temps parce que le temps passe. J'avais peur de presque tout, sauf quand ma sœur était près de moi. J'avais peur de ma mère (que j'aime très fort), parce que je voulais lui plaire, mais qu'elle était si imprévisible dans sa façon d'être qu'elle me terrorisait. Je ne savais pas ce que je voulais, sinon être aimée, ne pas être rejetée, exclue, repoussée. Je préférais me mettre moi-même à l'écart plutôt que d'avoir à vivre cette honte.
Je croyais que ma peur et ma honte faisaient partie de moi, qu'elles me définissaient.

J'avais tors, bien sûr. Mais celui qui n'a jamais été comme ça aura beaucoup de mal à comprendre. La phobie sociale anxiété généralisée sévère est un mal qui empoisonne tout le quotidien. On a peur de ce qui arrive, de ce qui pourrait arriver, de ce que les gens pensent et même de ce que l'on pense soi même...
Les troubles anxieux généralisés et les troubles d'anxiété sociale sont donc de vrais handicaps à ne pas prendre à la légère, tout comme la phobie scolaire.

J'ai toujours eu peur de l'école, même si j'ai toujours aimé apprendre.
Peur d'abord parce que c'est une situation sociale pleine d’interactions indésirables. Les enfants sont durs entre eux. J'étais plus fragile, plus sensible que la plupart des autres enfants, alors c'était très dur. Les récréations, c'était le bagne. Au moindre rejet, je me repliais sur moi même et n'essayais plus de me confronter à la situation qui m'avais exposée à l'humiliation du rejet, signe que "je ne valais rien".
Peur de l'école ensuite parce que j'avais besoin de comprendre tout, tout de suite. Pas par orgueil, mais parce que dès qu'un blocage apparaissait, les tourments me prenaient à la gorge et je devenais obsédée par l'idée de ne pas "y arriver", par la certitude même que je n'y arriverais pas, la conviction que j'étais trop nulle...
Souvent je finissais par passer l'éponge et abandonner les exercices en chemin, parce que la peur de commettre des fautes était plus imposante que la peur de me tromper, de ne pas avoir compris la leçon. Inimaginable pour moi de devoir (et même pouvoir) l'avouer à mes professeurs. J'abandonnais, purement et simplement, avec une sorte de fatalisme désarmant.

La honte était partout dans ma vie. La peur des autres m'empêchait de lier des liens trop solides avec les autres. Je les fuyais, de toute façon. J'étais seule et solitaire... mais je haïssais ma solitude.

J'étais torturée par le sentiment de ne pas être "conforme" à la société, aux attentes (supposées, souvent imaginaires) de mes parents.
Pourtant, j'étais très vive d'esprit et je m'intéressais à tout.
J'étais ainsi précoce à bien des points et c'était le cas aussi de la sexualité.
Là aussi, je vivais ça avec une honte démesurée. J'ai eu le sentiment d'être "obsédée sexuelle" avant même d'être prépubère... et le sentiment aussi d'être anormale parce que je ne me sentais ni hétérosexuelle ni homosexuelle, et ça, ça me perturbait énormément. J'en faisais même le bouc-émissaire de tous mes maux.
Je me trompais d’ennemi, bien entendu.
Comme quand je rendais ma mère "coupable" de mon mal être, à cause de son instabilité récurrente, des incohérences dans ses paroles de parent et ses actes d'adulte (ne pas parler sèchement aux autres, alors qu'elle faisait le contraire, respecter l'intimité et la pudeur des autres, alors qu'elle rentrait dans ma chambre sans prévenir ou me regardait sous la douche à l'improviste...). Ma maman n'avait pas conscience qu'elle m'infligeait des tortures quotidiennes, et je ne disais d'ailleurs jamais rien, sauf sous le coup de la colère, quand ça devenait trop oppressant.

Paillasson et hérisson.

J'ai grandis comme ça, tant mal que bien.
J'ai passée la primaire, le collège, le lycée... toujours un peu plus en retrait, toujours dans la crainte croissante des autres, avec de nombreuses décompensations en chemin, jamais vraiment prises en compte. J'ai subi une large palette de troubles psychosomatiques, allant des algies fonctionnelles des membres inférieurs (douleurs insupportables dans les jambes, au point de ne pas tenir debout... sans "causes médicales") aux diarrhées fonctionnelles récurrentes, en passant par des angines ou des cystites de crispation...
Aujourd'hui encore mon ventre me persécute.

J'ai grandis, j'ai pris de l'âge, une partie de moi a évolué... mais une autre n'a pas mûrit. À bien des points de vue, je suis restée une enfant. Sensible, crédule, ayant besoin de se me sentir protégée par les autres, les "adultes".
Ainsi, à 33 ans je ne me sens toujours pas adulte.

Je l'étais encore moins à 19, quand j'ai rencontré Alain, ni même à 23, quand je suis allée vivre avec lui.

Malheureusement mon absence pathologique de confiance en moi me place en situation de grande vulnérabilité.

Quand j'apprécie quelqu'un, simplement parce qu'il sait me faire me sentir bien, en valorisant certains aspects de ma personne, de mes capacités ou autres, je deviens très manipulable. Ayant alors un fort sentiment de reconnaissance, je me sens même redevable à certains égards...
Aucun signal d'alarme "danger" ne s'allume dans mon cerveau, et je plonge tête baissée dans les embrouilles !

J'ai été si loin dans cette "reconnaissance mal placée".

Si loin que, malgré toute l'affection que j'ai pour Alain, dont j'ai souvent parlé sur ce blog, durant les dix années où j'ai vécu avec lui, j'ai nié ce qui aurait sauté aux yeux de qui que ce soit... c'est à dire un dysfonctionnement total du couple, flirtant (voire, étant carrément) de la violence psychologique. Bref, une violence conjugale "proprette" (pas de coups, peu de cris), réelle et trop peu médiatisée.

Pourtant elle est reconnue comme telle... D'où des campagnes de sensibilisation qui, malheureusement, passent trop souvent inaperçues...
http://www.tekiano.com
"La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes." Source : www.solidaritefemmes.org

Je me suis très longtemps masquée la face en me focalisant sur l'aspect "volontaire", trouvant des explications (mais pas des "excuses") au comportement de mon mari, sa surveillance omniprésence de tout ce qui fait une vie (dépenses, consommations d'eau, d'électricité, de carburant, fréquentations, loisirs...)... mais peu importe en fait.

Alain a toujours eut un caractère psychorigide, ayant une obsession pour la maîtrise de son environnement matériel et humain...

Wikitionnaire donne la définition suivante des personnalités psychorigides :

"Qui, mentalement, manque de souplesse, d’autocritique, de fantaisie, qui fait preuve d’autoritarisme et de méfiance; Qui se trouve psychiquement dans l'incapacité à se mettre à la place de l'autre. Caractéristique propre aux paranoïaques".

Tout est dit.

Je suis sortie de ça, je travaille jour après jour sur moi, pour me défaire de mes fragilités... Chaque jour est un combat et je ne baisse plus ma garde. Chaque jour est une victoire. Chaque jour est un nouveau pas vers le reste de ma vie.

Merci à toutes les personnes qui me soutiennent.♥♥♥




vendredi 29 mai 2015

Il ne veut pas divorcer...

Tout est dans le titre.

 Soit.

Je suis allée au commissariat central et j'ai fais une main courante.

En résumé, il est écrit que mon mari souffre d'une grave maladie neurodégénérative, qu'il bénéficie de nombreux soins à domicile dont des aides aux repas et de gardes de nuit. Cela dit encore que depuis le début de sa maladie, j'ai vu son état se dégrader et que la situation au domicile est devenue insupportable. Au point que j'ai été hospitalisée 25 jours en clinique psychiatrique, pour épuisement généralisé et dépression. Sortie le 03 avril 2015 de cette structure, il m'a été impossible psychologiquement de réintégrer le domicile conjugal, ne me sentant plus capable de faire face à la situation.

Je voulais engager une mesure de séparation, mais mon époux s'y opposant, j'ai laissé tomber, déjà bien trop enfoncée dans de diverses procédures.

Mes parents ayant eue la chouette idée (et l'opportunité au bon moment) d'acquérir une "résidence secondaire" à Angoulême intramuros, c'est là que je suis hébergée depuis début mai, après une itinérance entre le domicile actuel de mes parents et celui de ma sœur aînée.

Je suis donc bel et bien séparée, après dix ans de vie commune, de doutes, de certitudes, de lâchetés, de crises et de réconciliations.
Je respire ! ! !
Je vis !
Je m'active, je sors, je fais des progrès fulgurants!!!

...
Bien sûr, nous sommes toujours mariés. Mais ce ne sont que des mots sur des papiers.
Bientôt, je serais sous curatelle renforcée (le 21 octobre 2015) et on cessera enfin de me tenir pour responsable de la vie quotidienne de mon mari... d'ailleurs sous sauvegarde de justice depuis le

J'ai longtemps cru que je serais assez forte pour affronter la maladie, mais c'était une illusion.

La fuite est ma planche de salut.

mardi 28 avril 2015

Je veux divorcer

Je veux divorcer.
Je veux divorcer.
Je veux divorcer.

Mon excès d'empathie à l'égard de mon mari m'a fait oublier nombre de choses.

Je n'ai pas su voir, pas su entendre, pas su parler.
Je me suis fais du mal et je l'ai laissé me faire du mal, beaucoup de mal.
Il n'y a pas que ça bien sûr. Il y a beaucoup, beaucoup de souffrances, des souffrances tues, écrasées, réduites au silence.


Je veux divorcer.

dimanche 15 février 2015

Violence.

"L’égoïste n’est pas celui qui vit comme il lui plaît, c’est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plaît ; l’altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir".

Wilde, Aphorismes


"La violence psychologique est un abus de pouvoir et de contrôle d'une personne sur une autre. Elle s'exprime par des mots ou des attitudes (paroles blessantes, insultes, menaces, moqueries, bousculades, indifférence, dans l'objectif de faire peur...) qui sont vécues comme traumatisantes par la victime.
Les comportements suivants sont généralement reconnus comme des formes de violence psychologique :
  • Rejet de la personne en ignorant sa présence ou sa valeur, lui faire comprendre qu'elle est inutile ou inférieure, dévaloriser ses idées et ses sentiments.
  • Isoler la personne par la  réduction de ses contacts (amicaux, professionnels, familiaux, thérapeutiques...) et la restriction de la liberté de mouvement (physique ou par la menace psychique).
  • Dévaloriser la personne en l'insultant, la ridiculisant, en niant son utilité ou sa valeur, ses capacités, voire en se comportant d'une manière qui porte atteinte à l'identité, à la dignité et à la confiance en soi de la personne.
  • Terroriser la personne en lui inspirant un sentiment de terreur ou de peur extrême, en la contraignant par l'intimidation ou encore en la plaçant dans un milieu inapproprié ou dangereux, ou menacer de l'y placer. Jouer sur les angoisses connues (phobies, angoisses...) ou en menaçant des biens.
  • Menacer d'abandon, de violences graves, de mort, de suicide (culpabilisation).

♦♦♦
    J'ai connu ce genre de choses pendant presque toute ma vie commune avec Alain, avant et après notre mariage. Mais chaque fois je me persuadais que c'était moi qui avait un problème, que j'étais "trop fragile" pour assumer notre relation et qu'en conséquence, c'était à moi de faire plus d'efforts.
    J'ai failli me tuer à faire des efforts pour lui.
    Je m'interroge souvent sur la manière qu'ont les autres victimes de telles situations de s'en extirper...

    samedi 16 novembre 2013

    Parce que je... j'y étais très attachée.

    Mon désir positif, c'est d'être avec mon mari et de lui permettre de vivre ces derniers temps de sa vie, trop tôt, bien trop tôt, mais de la manière la plus épanouie possible. Pour ça, il faut que je sois épanouie, d'abord.

    Je suis aidante et je le serais toujours, puisque un jour, je serais CESF (Conseillère en Economie Sociale et Familiale), c'est à dire agent social. Le métier que j'ai toujours voulu faire, sans savoir que ça existait.

    Mais je suis phobique sociale depuis l'enfance, avec probablement une dimension héréditaire (la chimie de mon cerveau était sans doute mal conçue au départ).

    Alain, mon mari, m'a toujours encouragée dans les soins (je suis suivie par une équipe médico-psychologique), mais sa maladie à lui lui donne aussi des troubles anxieux. Il a besoin de moi, et j'ai toujours l'impression que m'absenter, c'est l'abandonner un peu.

    Je l'aime et hors de question de le laisser tomber. Les bonheurs avec lui, c'est comme des grains de raisin, comme la boite de chocolat de Forest Gump, mais ça n'est pas grave. J'aime ces surprises, ces inattendus. J'aime mieux les hauts que les bas, évidemment. Des fois c'est très dur, et puis à d'autres moments, ça va très bien.
    Pour l'instant il est vivant et encore capable de faire des tas de choses, malgré ce qu'il pense parfois. Je crois en lui.
    Des fois je perds pied, parce que j'ai peur de lui montrer mes peurs, mes faiblesses, et que ça le tire vers le bas, que ça le trouble, que ça le blesse. Mais je crois en lui, en sa force, en notre amour, et à tout ce qu'on peut encore faire ensemble.

    C'est vrai, je me prépare à "l'après", mais avec pragmatisme. Parce que la maladie est d'une fulgurance effrayante et que je sais que, peut être bientôt, je serais seule, et j'ai besoin d'être sûre que je tiendrais le choc. J'ai besoin qu'il sache que je tiendrais le choc.

    Souvent je fais des cauchemars où je perd pied. Je le vois qui s'étouffe après avoir avalé de travers, moi le sauvant et lui m'en voulant de l'avoir sauvé. Ou je le retrouve en rentrant du boulot et je perd les pédales, je vomis sur moi avant de pouvoir appeler les secours, ou je reste prostrée...

    J'ai peur de tout ce qui pourrait lui arriver. Pas des conséquences pour ma vie, je rebondirais, j'ai de la famille, des amis. Mais juste peur de le perdre, de ne pas savoir réagir, de l'abandonner ou qu'il se sente abandonné ou trahit.

    Je suis pleine de doutes, plus que jamais.
    Mon désir positif, c'est de m'épanouir en tant que personne, au delà de l'aidante, pour être 100% son épouse, quand je suis avec lui, avec toute l'intimité et la complicité que ça induit. Sans les doutes et les angoisses.

    Parce que je l'aime.
    Il compte plus que tout, plus que moi. Mais si je ne me ménage pas des temps de répit, je risque d'imploser sous l'effet du stress. Et alors je le laisserais seul, et je m'en voudrais à jamais. Alors il faut que je tienne bon. Parce que je l'aime.

    lundi 4 avril 2011

    Espace vital.

    Dans ma vie quotidienne, je suis sans cesse confrontée au limites de mon espace vital. C'est à dire de mon espace vital psychologique. Celui qui m'est nécessaire pour ne pas être anxieuse ou angoissée, ou pour ne pas me sentir agressée par les autres.

    Quand je parle avec quelqu'un, il doit être au minimum celui créé par mon bras tendu (en gros je ne suis vraiment à l'aise que si la personne avec qui je discute ne peut pas me toucher). Par ailleurs la personne doit impérativement être dans mon champ de vision, sans cela, je suis angoissée. Il m'est ainsi très pénible d'avoir une conversation avec mon mari, moi assise, lui debout derrière moi. "Je t'entend", me dit-il. Là n'est pas la question, je ne le vois pas, donc je ne perçois pas l'intégralité de ses expressions, et donc je risque de passer à coté de quelque chose. De plus de cette position, il me domine et est susceptible de voir ce que je fais, ce que je lis, ce que j'écris, ce qui est une intrusion totale dans mon espace vital... même si je ne lis, ni n'écris, ni ne fais rien!

    Quand je suis chez moi, occupée à une activité quelconque, cet espace vital va en général jusqu'à la porte de la pièce, fermée s'il vous plait, avec moi seule dans ladite pièce.
    Dans la cuisine, les passages pour cause de petite faim, petite soif, etc m'agacent (m'agressent?) mais j'arrive à me maîtriser, bien que je sois souvent obligée de m'interrompre dans mon activité (je disais, en forçant un peu le trait, à mon médecin que je ne pouvais pas éplucher une pu[biiiiiiip] de carotte devant mon mari...).
    Dans mon bureau, je tolère très mal les allers et venues. Mon bureau est ma pièce. Presque une extension de moi. J'accepte mal qu'on y pénètre. Même mon mari. Le simple fait même qu'on puisse percevoir quelque chose de mes activités dans cette pièce m'angoisse.
    Le fait est qu'auparavant (avant notre déménagement) mon bureau était éloigné de celui de mon mari. Il devait donc remonter un couloir pour venir me voir et j'avais donc le temps d'entendre ses pas, attentive au moindre bruit, et donc de me préparer à son arrivée imminente. Ici les choses sont différentes, puisqu'un simple pallier nous sépare. De plus les sons résonnent terriblement, des pièces encore bien vides et un plancher flottant y aidant. En résulte un effet anxiogène insoupçonné.
    Si durant les 4-5 premiers jours de notre emménagement je laissais la porte ouverte, dans une volonté de partage et d'ouverture, j'ai désormais repris l'habitude de la fermer.
    Qui plus est j'ai tourné le bureau et mon PC, de sorte à être certaine que l'écran ne soit pas visible pour qui se tiendrait simplement sur le pas de la porte.

    Il va sans dire que pénétrer sans crier gare (et donc sans frapper, ou s'annoncer de quelque façon que ce soit) dans mon espace vital est très anxiogène. Je sursaute sans cesse, y compris quand mon mari pousse simplement une porte où je ne l'attendais pas.
    Je ne suis pourtant coupable de rien, mais chaque fois la même peur m'ébranle, me fait battre le cœur, provoque une éprouvante décharge d'adrénaline dont je me serais bien passée.

    Mon espace vital, c'est aussi mon indépendance, ma capacité liberté de faire des choses seule.
    Elle s'est malheureusement fort restreinte lorsque, à la suite d'un accident de voiture, nous nous sommes séparés de mon véhicule personnel. Ne reste que la voiture de mon mari, que je n'ose guère emprunter, sauf motif impératif (recherche d'emploi par exemple).
    Cette liberté s'est également trouvée restreinte d'une manière cruelle et inattendue depuis notre déménagement. En Charente, depuis que j'étais devenue piétonne j'avais pris l'habitude d'aller marcher une heure environ le matin, vers 8h-8h30.. souvent en allant dans telle ou telle grande surface. Pendant ce temps là mon mari faisait du vélo elliptique, sport d'endurance en intérieur, ce qui me laissait libre d'aller où je le voulais pendant ma propre promenade. Or voici qu'avec notre nouvelle vie, mon mari souhaite prendre de nouvelles habitudes. Parmi lesquelles, se promener avec moi. Et donc, sans même le savoir, restreindre un peu plus ma liberté d'aller et venir librement, en toute indépendance.

    Je me sens agressée par cette seule idée.

    J'ai beau savoir que ce n'est pas rationnel, qu'il souhaite seulement être avec moi, je ne puis m'empêcher de me sentir suivie, espionnée, surveillée. Où je vais, ce que je fais, combien je dépense, dans quoi... Des choses que je ne peux plus maîtriser s'il est avec moi dans la voiture, s'il se promène avec moi, s'il m'accompagne quand je dépose des candidatures, quand je vais à Pôle Emploi...
    Et en même temps je suis si malheureuse d'être ainsi.
    Je voudrais tant partager les choses avec lui.
    Mais je ne peux pas.

    mardi 29 mars 2011

    Mercredi 23 mars - Diagnostic de la maison

    Pour vendre une maison, on doit faire son diagnostic. Les points examinés vont de la performance énergétique du bien à la conformité électrique, en passant par la présence d'amiante ou de termites. Normalement ils ne sont obligatoires que pour vendre le bien (sauf le DPE, obligatoire pour la mise en vente).

    Comme nous avions trouvé un acheteur (qui s'est désisté le 24 mars...), nous avons donc fait faire ce diagnostic complet mercredi 23 mars.

    Je n'avais pas envie d'être là, pas envie de discuter, pas envie de me rendre ridicule, de faire des gaffes. Pas envie d'être vue non plus.

    Je suis allée marcher tôt comme à mon habitude, pendant environ 1h30 entre 8h et 9h30. L'horaire étant déterminé par mon petit déjeuner, que je prend en rentrant. Car si je bois ma chicorée café au lait au lever, mon appétit ne s'éveille généralement que 2h plus tard.

    En rentrant de mon tour, les professionnels étaient là.
    Sans vraiment faire d'effort pour aller à leur rencontre, je me suis tranquillement préparé mon petit déjeuner, que j'ai dégusté tranquillement.
    Ensuite... je ne savais pas trop quoi faire. Il testaient l'installation électrique, je ne pouvais donc pas regarder la TV, ou cuisiner, ou faire quoi que ce soit mettant en jeu l'électricité.

    Je me suis donc contentée de rester là, après avoir dis bonjour, et de suivre les activités des deux messieurs. Et bien évidement j'ai commencé à faire des gaffes. Comme parler d'une prise "bidouillée" et je ne sais plus quoi d'autre.
    Dès ma première remarque, gros yeux de mon mari, visage sévère.
    Honte de ma part.
    Je lui dis que je n'aime pas être là quand des gens sont là à cause de ça, de cette tendance à dire n'importe quoi, à gaffer. Je lui dis aussi que je ferais mieux de retourner marcher, emporter le verre à la benne, n'importe quoi plutôt que d'être là. Mais je venais déjà de marcher une heure trente, j'aurais aimé me reposer un peu.

    À la deuxième gaffe, les sourcils de mon mari se sont froncés bien davantage. Il a même secouée la tête pour me faire bien comprendre (merci bien, ce n'étais pas la peine, j'avais compris au moment même où les mots franchissaient mes lèvres...) que je disais ce qu'il ne fallait pas dire.

    J'étais terriblement vexée de ne pas avoir su tenir ma langue. Je n'avais qu'une envie: m'enfuir. Mais bien sûr, en plus de ça j'avais le sentiment à la fois que mon mari était fâché contre moi et que c'était de sa faute, qu'il n'était pas assez compréhensif, qu'il ne comprenait pas que je ne le faisais pas exprès. Qu'il ne comprenait pas qu'il ne faisait qu'ajouter à mon malaise. Il m'a d'ailleurs dit de m'en aller, de retourner marcher, et j'ai ressenti ça comme un renvoi sans appel. J'étais mal et vexée, et comme après tout il voulait que je m'en aille, j'ai attrapé mon sac et je suis passée devant lui dans le couloir sans même lui faire une bise, sans même le regarder, pleine d'une colère sourde qui me déchirait le cœur. Hérisson.

    J'ai porté le sac de verre sur près de 800 mètres avant d'arriver à la benne. Et bien sûr, tout ce temps, tempête dans ma tête. Et pourquoi ai-je agis ainsi? Et si mon mari était vexé? Et qu'ont bien pu penser les messieurs du diagnostic de mon arrivé et de mon départ? Et pourquoi je suis comme ça? La tempête a duré une bonne heure. Les jours qui se sont écoulés depuis ont peu à peu effacées les traces de celle-ci. Reste la trace marquante de l'événement, angoissante.

    ***
    Regard retrospectif, 7 ans plus tard...
    "et si mon mari était vexé"?!?
    J'étais complètement sous emprise psychologique de cet homme, c'était mon seul point de repère et pourtant il m'angoissait terriblement.