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mercredi 28 octobre 2015

30 ans de honte, 3 décennies gâchées à chercher à plaire à tout prix... Et...


Je l'ai déjà écris, il me semble, mais toute ma vie j'ai été angoissée et dépressive. J'en avais honte, parce que je voyais bien autour de moi que les autres n'étaient pas comme moi. Ils n'avaient pas peur d'agir, ils avaient l'air de savoir ce qu'il voulaient, ils avaient l'air d'avoir une vie.

Moi j'avançais dans le temps parce que le temps passe. J'avais peur de presque tout, sauf quand ma sœur était près de moi. J'avais peur de ma mère (que j'aime très fort), parce que je voulais lui plaire, mais qu'elle était si imprévisible dans sa façon d'être qu'elle me terrorisait. Je ne savais pas ce que je voulais, sinon être aimée, ne pas être rejetée, exclue, repoussée. Je préférais me mettre moi-même à l'écart plutôt que d'avoir à vivre cette honte.
Je croyais que ma peur et ma honte faisaient partie de moi, qu'elles me définissaient.

J'avais tors, bien sûr. Mais celui qui n'a jamais été comme ça aura beaucoup de mal à comprendre. La phobie sociale anxiété généralisée sévère est un mal qui empoisonne tout le quotidien. On a peur de ce qui arrive, de ce qui pourrait arriver, de ce que les gens pensent et même de ce que l'on pense soi même...
Les troubles anxieux généralisés et les troubles d'anxiété sociale sont donc de vrais handicaps à ne pas prendre à la légère, tout comme la phobie scolaire.

J'ai toujours eu peur de l'école, même si j'ai toujours aimé apprendre.
Peur d'abord parce que c'est une situation sociale pleine d’interactions indésirables. Les enfants sont durs entre eux. J'étais plus fragile, plus sensible que la plupart des autres enfants, alors c'était très dur. Les récréations, c'était le bagne. Au moindre rejet, je me repliais sur moi même et n'essayais plus de me confronter à la situation qui m'avais exposée à l'humiliation du rejet, signe que "je ne valais rien".
Peur de l'école ensuite parce que j'avais besoin de comprendre tout, tout de suite. Pas par orgueil, mais parce que dès qu'un blocage apparaissait, les tourments me prenaient à la gorge et je devenais obsédée par l'idée de ne pas "y arriver", par la certitude même que je n'y arriverais pas, la conviction que j'étais trop nulle...
Souvent je finissais par passer l'éponge et abandonner les exercices en chemin, parce que la peur de commettre des fautes était plus imposante que la peur de me tromper, de ne pas avoir compris la leçon. Inimaginable pour moi de devoir (et même pouvoir) l'avouer à mes professeurs. J'abandonnais, purement et simplement, avec une sorte de fatalisme désarmant.

La honte était partout dans ma vie. La peur des autres m'empêchait de lier des liens trop solides avec les autres. Je les fuyais, de toute façon. J'étais seule et solitaire... mais je haïssais ma solitude.

J'étais torturée par le sentiment de ne pas être "conforme" à la société, aux attentes (supposées, souvent imaginaires) de mes parents.
Pourtant, j'étais très vive d'esprit et je m'intéressais à tout.
J'étais ainsi précoce à bien des points et c'était le cas aussi de la sexualité.
Là aussi, je vivais ça avec une honte démesurée. J'ai eu le sentiment d'être "obsédée sexuelle" avant même d'être prépubère... et le sentiment aussi d'être anormale parce que je ne me sentais ni hétérosexuelle ni homosexuelle, et ça, ça me perturbait énormément. J'en faisais même le bouc-émissaire de tous mes maux.
Je me trompais d’ennemi, bien entendu.
Comme quand je rendais ma mère "coupable" de mon mal être, à cause de son instabilité récurrente, des incohérences dans ses paroles de parent et ses actes d'adulte (ne pas parler sèchement aux autres, alors qu'elle faisait le contraire, respecter l'intimité et la pudeur des autres, alors qu'elle rentrait dans ma chambre sans prévenir ou me regardait sous la douche à l'improviste...). Ma maman n'avait pas conscience qu'elle m'infligeait des tortures quotidiennes, et je ne disais d'ailleurs jamais rien, sauf sous le coup de la colère, quand ça devenait trop oppressant.

Paillasson et hérisson.

J'ai grandis comme ça, tant mal que bien.
J'ai passée la primaire, le collège, le lycée... toujours un peu plus en retrait, toujours dans la crainte croissante des autres, avec de nombreuses décompensations en chemin, jamais vraiment prises en compte. J'ai subi une large palette de troubles psychosomatiques, allant des algies fonctionnelles des membres inférieurs (douleurs insupportables dans les jambes, au point de ne pas tenir debout... sans "causes médicales") aux diarrhées fonctionnelles récurrentes, en passant par des angines ou des cystites de crispation...
Aujourd'hui encore mon ventre me persécute.

J'ai grandis, j'ai pris de l'âge, une partie de moi a évolué... mais une autre n'a pas mûrit. À bien des points de vue, je suis restée une enfant. Sensible, crédule, ayant besoin de se me sentir protégée par les autres, les "adultes".
Ainsi, à 33 ans je ne me sens toujours pas adulte.

Je l'étais encore moins à 19, quand j'ai rencontré Alain, ni même à 23, quand je suis allée vivre avec lui.

Malheureusement mon absence pathologique de confiance en moi me place en situation de grande vulnérabilité.

Quand j'apprécie quelqu'un, simplement parce qu'il sait me faire me sentir bien, en valorisant certains aspects de ma personne, de mes capacités ou autres, je deviens très manipulable. Ayant alors un fort sentiment de reconnaissance, je me sens même redevable à certains égards...
Aucun signal d'alarme "danger" ne s'allume dans mon cerveau, et je plonge tête baissée dans les embrouilles !

J'ai été si loin dans cette "reconnaissance mal placée".

Si loin que, malgré toute l'affection que j'ai pour Alain, dont j'ai souvent parlé sur ce blog, durant les dix années où j'ai vécu avec lui, j'ai nié ce qui aurait sauté aux yeux de qui que ce soit... c'est à dire un dysfonctionnement total du couple, flirtant (voire, étant carrément) de la violence psychologique. Bref, une violence conjugale "proprette" (pas de coups, peu de cris), réelle et trop peu médiatisée.

Pourtant elle est reconnue comme telle... D'où des campagnes de sensibilisation qui, malheureusement, passent trop souvent inaperçues...
http://www.tekiano.com
"La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes." Source : www.solidaritefemmes.org

Je me suis très longtemps masquée la face en me focalisant sur l'aspect "volontaire", trouvant des explications (mais pas des "excuses") au comportement de mon mari, sa surveillance omniprésence de tout ce qui fait une vie (dépenses, consommations d'eau, d'électricité, de carburant, fréquentations, loisirs...)... mais peu importe en fait.

Alain a toujours eut un caractère psychorigide, ayant une obsession pour la maîtrise de son environnement matériel et humain...

Wikitionnaire donne la définition suivante des personnalités psychorigides :

"Qui, mentalement, manque de souplesse, d’autocritique, de fantaisie, qui fait preuve d’autoritarisme et de méfiance; Qui se trouve psychiquement dans l'incapacité à se mettre à la place de l'autre. Caractéristique propre aux paranoïaques".

Tout est dit.

Je suis sortie de ça, je travaille jour après jour sur moi, pour me défaire de mes fragilités... Chaque jour est un combat et je ne baisse plus ma garde. Chaque jour est une victoire. Chaque jour est un nouveau pas vers le reste de ma vie.

Merci à toutes les personnes qui me soutiennent.♥♥♥




dimanche 18 août 2013

"Est-ce que tu ne t'intéresse vraiment pas à ce que font les autres?!?"

C'était un samedi après-midi. Mes parents partaient de chez nous, après trois jours passés ici. Ma mère était restée greffée à son notebook une partie du temps, faisant visiblement des trucs hyper importants qu'elle n'aurait pas pu faire à un autre moment.

J'aurais aimé qu'on aille se promener, plein, autour de la maison, mais je ne savais pas trop comment le proposer, le demander, et je n'ai pas osé. En plus chaque fois que j'entrais dans ma salle de séjour, elle était penchée au dessus de sa machine et je ne savais pas comment la prendre (ni le prendre, ce fait qu'elle s'intéresse plus à l'informatique qu'à moi). Sans compter les fois où elle était carrément installée dans l'entrée, câble réseau direct branché sur la Box, un tabouret pour elle, un pour le Notebook.

Chaque fois qu'elle vient, je suis contente, parce que j'ai envie de partager des trucs avec elle. Chaque fois je suis déçue, parce que on ne partage rien, en fait. Elle, elle est dans sa bulle et je ne sais pas comment y entrer. Je parle de moi, de mes passions (cuisine, travail, ambitions professionnelles...) mais je n'ai pas l'impression qu'on partage vraiment un truc. Elle, elle me parle de l’Espéranto et de trucs espérantistes, elle me parle de "Fakir", journal "alternatif" très très engagé à gauche, qu'elle me propose toujours de me "laisser", bien que je refuse... elle me parle des trucs dans lesquels elle s'engage. Elle me parle de ses passions, en quelque sorte. Mais ça a toujours une odeur de prosélytisme, pour moi, et je n'aime pas ça.

Qu'elle cherche à faire connaître des trucs qui la passionne, je le comprends parfaitement. C'est pleinement humain et respectable. Mais j'ai toujours le sentiment désagréable qu'elle cherche mon adhésion, mon approbation pleine et entière, voire mon engagement personnel dans sa cause, et ça, ça me dérange profondément.
Il y a des thèmes qui reviennent de manière récurrente dans le discours de ma mère. Espéranto et "communication équitable". Linux. Anticapitalisme. Médiapart. Des trucs dans le genre...

Peut être que si je n'avais pas baigné dans ces trucs là dès le plus jeune âge, je m'y intéresserais plus. Mais d'avoir macéré dedans, ça m'en a un peu dégoutée. Je ne veux pas dire que j'ai filé dans la direction opposée, mais je suis plus modérée que maman, sur de nombreux points, et je préfère vivre ma vie au petit bonheur, le vrai, celui de chaque jour. Le militantisme, ce n'est pas pour moi.
J'aimerais que ma mère admette que j'aimerais qu'elle oublie un peu ce rôle de militante, en famille.
♦♦♦

Le samedi, donc, en partant, elle me parle (je crois...) des petits livrets qu'elle a créé pour promouvoir un de ses thèmes de prédilection. Elle me dit qu'elle n'a pas pensé à les emmener... puis elle ajoute d'un air triste et blasé "mais de toute façon, tu les aurais à peine regardés et aurais dis "c'est bien" avec un air condescendant...". Oui, elle a raison sur ce point là. Parce que je ne m’intéresse pas à ce prosélytisme. À une époque lointaine, oui, parce que je cherchais à ce qu'elle s'intéresse à moi. Mais ça ne marchait pas, alors j'ai arrêté. C'était il y a longtemps.
Ensuite elle a ajoutée cette phrase, d'un air très triste et plein de reproches :"Est-ce que tu ne t'intéresse vraiment pas à ce que font les autres?!?"
Je n'ai pas su quoi répondre sur le coup.

Mais si.
Bien sûr que si, je m'intéresse aux passions, aux loisirs, à tous ces trucs qui font l'âme humaine, le vivre ensemble, le bonheur de partager. Mais surtout quand je sens que les gens qui partagent avec moi ressentent avant tout le plaisir de faire, en lui même. Le plaisir de dessiner pour dessiner, le plaisir de cuisiner parce que ça leur fait du bien, le plaisir de prendre des photos parce que le monde contient toujours de la beauté.
Ce que j'aime, c'est ça, la beauté du monde, des éléments qu'on assemble, chacun à son échelle, que ça soit des mots, des pigments, des saveurs, des mouvements, des sons, des idées, et ce que ça apporte en plus au monde. Cette beauté, ce plaisir de faire et de partager.
Le plaisir de dessiner pour dessiner, pour offrir un beau dessin, pour s'offrir la fierté d'avoir fait, d'avoir créé sa propre beauté, son propre cadeau au monde ou à soi. Le plaisir simple de cuisiner un bon repas et de faire une belle photo. Le plaisir d'écrire et de partager ses expériences. Toutes sortes de choses. Faire pour faire. Avec le plaisir de faire.

Parfois, faire pour montrer, pour représenter, pour défendre quelque chose, une cause. Agir pour le monde, je trouve ça drôlement bien. Défendre les autres, les pauvres, les souffrants.
Mais pas exclusivement.

L'exclusivité de la création de ma mère pour ses causes, celles qu'elle défend, et bien non, je ne m'y intéresse plus. Mais qu'elle arrive un jour avec un simple cake au noix, comme elle en faisait quand j'étais enfant, ou avec une belle photo de paysage, de chat ou de tout sujet qui sort de son champ habituel de passion, ou qu'elle me montre une danse qu'elle aura appris "just for fun"... je serais heureuse de partager avec elle, de m'intéresser, de lui montrer qu'elle compte pour moi.

Mais le militantisme à tout crin, le prosélytisme tellement permanent qu'il tourne à l'obsession, si inconscient que ce fut, j'en ai marre.
Pourtant les esperantistes linuxiens font des trucs marrants...

lundi 21 janvier 2013

Nouveau départ?

Mercredi soir je suis rentrée de la clinique tardivement. Il faut dire qu'après une après-midi dont l'utilité reste encore à démontrer, j'ai croisée mon amie Dorothée qui revenait de chez elle avant d'aller se reposer un peu. Nous avons discuté dans le hall d'accueil de la clinique et je n'ai repris la route qu'à 17h40. Trop tard au gout de mon mari, et finalement au mien aussi.
C'est toujours trop tard, le mercredi.

Je m'explique : depuis le début, en juin, je vais à la clinique deux après-midi par semaine. Au début le jeudi et le vendredi, puis peu à peu le lundi et le jeudi. Et depuis quelques semaines, le lundi et le mercredi. Je pars de chez moi à 13h15 et je rentre vers 17h voire 17h30, parce que j'ai souvent du mal à renoncer à la tentation d'aller "faire une course" au retour.

Seulement voilà, moi qui voulais travailler une dizaine d'heures par semaine, pour connaître un épanouissement personnel. Le reste de mon temps, je voulais le préserver libre pour être avec mon mari. Pourtant au bout de huit mois seulement, je me suis retrouvée avec six heures de plus "prises" sur ce précieux temps libre. Huit, si on compte les temps de trajet.

Or ces absences répétées sont de plus en plus un poids, pour moi.

La conséquence, c'est que je ne m'épanouis plus, à la clinique. Je régresse. J'empire, même.
Quand j'y suis arrivée j'avais un désir d'avancer et d'agir énorme.
Au fil des mois une tendance dépressive s'est emparée de moi et désormais je n'y vais plus qu'à reculons, en soupirant, avec pour seule motivation de voir ma chère Dorothée.

Bien entendu, dans mon état, celui de mon mari n'est pas pour rien. Au contraire. Mais contrairement à ce que me laisseraient croire les soignants de la clinique, ce n'est pas par ça que je me fais "bouffer", mais bien par mes sentiments d'obligations, notamment envers la cette structure de "soins". Or des soins, j'en vois peu. Ou en tout cas pas de ceux que j'attendrais, de ce qui me conviennent.
Certes je bénéficie de séances de relaxation individuelle (sur fauteuil de massage), d'aromathérapie, d'ergothérapie, de groupe de parole, de gym douce... et de temps à autre, j'ai même des entretiens avec l'infirmière.
Mais je ne me sens pas aidée. Je ne me sens pas soutenue. Et pire, je ne me sens même pas comprise.

Depuis bientôt huit mois, je vais dans cette clinique en hospitalisation de jour. Huit mois, ça devrait représenter beaucoup, si j'étais en TCC. Au lieu de ça, rien. Je stagne dans une structure parfaitement adaptée à des malades dépressifs, mais absolument pas à une phobique sociale qui a une prodigieuse envie de vivre et d'avancer.
On me laisse à mariner, pendant que la sécu et ma mutuelle crachent leurs sous en pagaille.

On me dit que je suis trop dépendante de mon mari, parce que, c'est vrai, je me suis souvent abritée derrière ses besoins à lui pour tenter d'affirmer les miens.
Les miens, de besoins, c'est d'être suivie pour de vrai.
D'avoir une thérapie de soutien, en individuel ou en groupe, voire les deux, bien ciblée sur mon problème d'anxiété sociale, et aussi sur le fait que je me retrouve accompagnante d'un homme malade, que j'aime et auprès de qui ma présence compte plus que tout ♥♥♥
Mes besoins, c'est de l'aimer, mais aussi de pouvoir le regarder en face en lui disant "Je t'aime, et je m'en sortirais sans toi... mais reste avec moi le plus longtemps possible!". Mes besoins c'est d'être respectée pour ça, et pas d'entendre cycliquement "l'important c'est vous".

Mes besoins, c'est de ne pas trouver mon mari en pleine crise d'angoisse, qui se prolonge tard dans la nuit, quand je reviens de la clinique. Mon besoin, c'est même de ne plus aller à la clinique, si y aller signifie nous faire souffrir tous les deux ainsi. C'est inacceptable et totalement irrespectueux. De moi, de lui, de nous.
Mes besoins, c'est aussi d'avoir du vrai temps pour moi, et pas de ce temps volé sur le trajet de retour de la clinique. Les gens ne semblent pas comprendre que ce temps là, il est en semaine, pas le weekend. Eux, ils ont leur propre mode de vie, ils fonctionnent de telle façon ou de telle autre, et sont finalement peu enclins à comprendre qu'on puisse vouloir vivre différemment.

Je n'arrive pas à voir reconnus mes vrais besoins à la clinique.
Encore une expérience négative à ajouter à la longue liste des psys, psys et repsys...

Avant tout ça, j'avais été mise en contact avec le CMP de Tarbes. Là bas, il y avait une psychiatre qui pratiquait la TCC. Le seul problème ? La psychiatre en question, justement, n'exerçait plus là bas, et la psychologue qui avait repris ses activités partait précisément en congé parental...
En avril 2012, pourtant, de retour à son travail, elle m'avait appelée, pour me proposer un suivi dans la structure publique. Malheureusement, comme c'était concomitant avec mon premier rendez-vous chez le psychiatre qui me suit actuellement, j'avais refusé. Pleine de bon sens, elle m'avait alors dit de ne pas hésiter à rappeler en cas de problème ou si je changeais d'avis.
De fait, j'ai repris contact avec le CMP. Mlle B. se souvenait toujours de moi.
J'ai rendez vous mardi 22 janvier 2013, à 9h.

Pour la suite de la clinique, je verrais à ce moment là.
Une fois de plus, je dois choisir. Continuer, arrêter ? Tout de suite, plus tard ?
Pfff...

 

mercredi 17 octobre 2012

Mes boiteries de l'estime de moi...

Depuis quelques jours, je lis "Imparfaits, libres et heureux, Pratiques de l'estime de soi" de Christophe André, mon auteur "psy" préféré.

J'avais déjà lu "l'Estime de soi", qui est assez théorique et "La peur des autres" (une révélation absolue sur la maladie qui me fait souffrir depuis l'enfance!)...

Après diverses prises de conscience successives sur les causes et les effets de mon mal être, j'aborde le sujet des "boiteries de l'estime de soi" (Chapitre 4 du premier ouvrage cité). Et en particulier le sujet des symptômes de souffrance de l'estime de soi.
Aïe. L'auteur appuie là où ça fait mal. Mais sainement, il explique, il décrit, il aide le lecteur à mieux identifier ses symptômes, pour mieux les traiter. Il ne s'agit pas d'une description clinique, mais d'exposés illustrés, avec une touche d'humour dédramatisant toujours les choses d'une façon bienvenue.

"Toutes les manifestations de souffrance de l'estime de soi sont normales tant qu'elles restent occasionnelles. Le problème ne se pose que si elles deviennent fréquentes, voire constantes, intenses, disproportionnées par rapport à ce qui les a déclenchées. Elles témoignent alors d'un échec de mécanismes de régulation "normaux" de l'estime de soi."
J'ai étudiés ces symptômes, me suis examinée mentalement et ai eu la tristesse d'en reconnaître un bon nombre dans mes façons d'être et de mettre en place mes rapports avec les autres. Je n'irais pas dire que j'étais surprise, car en vérité, je m'y attendais.
Une fois de plus je me suis dis que connaître ces symptômes, ce n'était qu'une clé supplémentaire vers le mieux être, le mieux vivre.

Alors, quels sont ils, ces gros défauts ?

1) Obsession de soi
Non, ça ne veut pas dire que je ne pense qu'à moi. Mais mon "moi social", l'image que je donne aux autres de moi même est un obsession. Va-t-on m'aimer ? M'apprécier ? Est-ce que je donne une bonne image ?
Bon, si c'est devant un DRH, pourquoi pas... mais avec la voisine? Avec l'infirmière de la clinique chargée de me soigner ? Avec le mari de ma meilleure amie ?
Hem, plutôt glop.

2) Tension intérieure
Bon, ça, ça n'a rien de nouveau. Je suis tendue en situation sociale. Une réunion de famille? L'attente en commun, même sur des canapés moelleux? Une permanence associative? Tout ça, c'est l'horreur pour moi. Je me sens en danger, en état de stress, prête à fuir, et tenue de me tenir en retrait tant que possible. Et si on me surveillait? Que doivent penser les autres de mon attitude? Est-ce que ce que je fais, ce que je dis, ce que je laisse à voir de moi est "conforme" aux attentes des autres?
C'est affreux à ressentir, et peut être encore plus quand on sait bien que tout ça est complètement irrationnel, mais sans réussir à lutter contre cette agitation intellectuelle.

3) Sentiment de solitude
Je me sens si seule!!! Si différente, aussi! Incomprise... Je me sens fragile, à un point que les autres ne peuvent pas comprendre. Non ils ne peuvent pas... enfin si, je sais que si... mais pas tous... la plupart ne peuvent pas ou ne veulent pas... enfin bref, vous avez compris l'idée.

4) Sentiment d'imposture
Alors là, pas de doute, je connais ça. Cette impression permanente de ne pas être légitime dans ce que je fais, que je ne suis pas à ma place, que je ne mérite pas les choses... Et puis la peur d'être incapable d'assumer, d'être à la hauteur. C'est vraiment, vraiment affreux affreux!

5) Comportements inadéquats par rapport à nos intérêts ou nos valeurs
Bien entendu, écrit comme ça, c'est assez obscur... Christophe André ajoute "Se voir faire ce qu'il ne faudrait pas faire, mais le faire". Dire des vacheries, médire, j'ai horreur de ça. Je n'aime pas les LdP (Langues de Putes) qui n'ont rien d'autre à faire que baver sur la voisine, la copine, le beau frère, le patron, etc. C'est détestable. Mais... Des fois ça me permet d'échapper à moi même, à ce que je pense, à ce que je veux, à ce dont j'ai peur. Et puis être "comme les autres", quand je suis entourée de médisants.
C'est aussi manger, bouffer, m'empiffrer, alors que je sais que je ne veux pas, que je n'en ai pas vraiment envie, mais ça m'échappe, je ne suis plus moi, je suis vaincue et comme ça, je donne un motif "acceptable" à ma déprime.
Qu'on peut être con, parfois!

6) Tendance à l'auto-aggravation quand on va mal
Quand je ne suis pas bien, que je me trouve grosse, conne, nulle, que j'ai mal à l'âme, je ressasse, je m'enferme avec mes pensées et me les passe en boucle jusqu'à pleurer. Je bouffe, je dévalise les placards et trouve toujours à manger, même si rien ne me plait. J'ai envie d'être plainte ou d'être punie, d'avoir mal ou humiliée, j'ai envie d'être vraiment plus bas que terre, au lieu de chercher à aller vers le haut, vers le mieux...
Enfin, ça, c'était avant.
Maintenant, depuis quelques mois, quelques années, même, je rebondis de mieux en mieux, de plus en plus vite, de plus en plus haut!!!

7) Procéder à des choix de vie contraires à nos envies
Et bien là, en fait, ça va, puisque j'ai un mari formidable, qui chevaleresquement a su terrasser (enfin... apprivoiser) le dragon que je suis. Et comme il sait m'encourager comme il faut, il me guide un peu vers ce dont j'ai vraiment besoin et envie.
Je suis parfois totalement ingrate à son égard, mais c'est vraiment quelqu'un de sincère et gentil.

8) Difficulté à demander de l'aide
C'est vrai pour ce qui est de la vie professionnelle, de la vie quotidienne ou autres. Je voudrais tout comprendre, tout réussir. J'ai peur de déranger les autres, aussi. Et quand j'ai des passages à vide, même aujourd'hui, j'ai du mal à le dire lors de mes demi-journées d'hospitalisation. Je suis sûre que je n'arriverais pas à aller voir mon psychiatre en cas de crise, comme j'en ai déjà eu depuis que je le consulte. Non, ça je ne peux pas. C'est sortir des clous, c'est prendre des risques (déranger, être jugée, qu'en sais-je!) alors non, très peu pour moi. Je reste à ma place et je ne dis rien.

9) Dépendance excessive envers les normes
On arrive au cœur du sujet sensible. Je suis extrêmement dépendante de l'idée que je me fais de ce qui se fait ou ne se fait pas. Le qu'en dira-t-on me terrorise et j'ai beau essayer de m'en dédouaner, il me court après en permanence, comme un parasite qui me suce le sang et la tranquillité en permanence. J'ai peur des autres, j'ai peur de déranger, j'ai peur de ne pas faire ou dire "ce qu'il faut", de ne pas être "comme il faut". J'ai peur d'embêter la secrétaire médicale, de contrarier mes employeurs, d'être mal notée, de ne plus être invitée...

10) Faire semblant d'être forte
Et paf! C'est la savonnette de la liste. Le truc casse gueule par excellence, auquel je me fais pourtant piéger régulièrement. J'ai beau savoir que faire semblant, ça me conduit droit aux ennuis, à court ou long terme, je ne peux pas m'en empêcher!
Comme l'écrit Ch. André, je fais semblant d'être forte, d'être faible, d'être ceci ou cela... Je mens par omission, je laisse planer le doute, ou bien j'y vais franchement. Le but, bien sûr, c'est toujours de plaire aux autres, d'être conforme à leurs attentes, ou de m'assurer une complaisance. Être plainte (arg!).
Faire semblant, mentir, quelle que soit la forme prise par la chose, c'est un évitement comme un autre. Une manière de ne pas avoir à affronter les autres, à créer une "zone tampon" entre mon vrai moi (que je juge inconsciemment inintéressant) et les autres. Je me glisse dans la peau d'un personnage, une marionette.
Mais c'est une stratégie qui ne peut pas être payante quand on veut se faire aider, ni quand on cherche des amis, des vrais. Et quand malgré tout on se laisse aller à ce travers, et bien on prend le risque de se le prendre dans les dents. Une bonne baffe dans la gueule, quand la supercherie est révélée au grand jour! En voulant éviter d'être rejeté, on s'expose encore plus au risque.
Sans compter que cette attitude est usante. Faire semblant, ça draine une énergie nerveuse phénoménale!

11) Tentation du négativisme
C'est tellement facile de se rabaisser... et de rabaisser les autres. Enfin non, pas si facile, car je suis très respectueuse de tous les gens que je côtoie. Il y a peu de personnes dans ma vie à qui je porte se préjudice, dont une qui ne le mérite vraiment pas. Je me prend en horreur quand je me surprend à faire ça, d'ailleurs.
Souvent je ne relève que les plus mauvais cotés de ma vie quotidienne, quand j'en parle aux autres. Et même, je dirais "les cotés que j'imagine être ceux que les autres jugeront le plus négativement" (ou l'art de se faire des nœuds au cerveau).
Il faut dire que quand je ne suis pas très bien, je supporte assez mal les doutes, et comme j'en ai beaucoup, surtout en vivant avec quelqu'un (qui m'aime, mais qui a ses petites habitudes à lui, et ses problèmes de santé, aussi), et bien j'en ai beaucoup, de doutes. Et plus je doute (de notre façon de vivre, de notre façon de faire les courses, de tout, de rien et de n'importe quoi!), et plus je lui casse du sucre sur le dos, à mon pauvre mari. Pas très fort... mais qu'est ce que je regrette, après!!! Parce qu'il est gentil, fondamentalement. Et moi je suis conne.
Je l'aime et je me demande souvent pourquoi lui il m'aime...

12) Problème de remise en question
Permanente!
Sans rire! Dès que je fais quelque chose (ou que je n'agis pas), j'ai tendance à me remettre en question, avec une série de "et si?"
Bon, heureusement j'ai énoooooormément progressé sur ce point là et j'arrive de mieux en mieux à accepter que je ne suis pas parfaite, que je ne peux pas tout savoir, tout réussir, penser à tout, etc. Ni plaire à tout le monde (surtout tordue comme je suis!).

13) Caractère excessif des émotions négatives
Sans rire?!?
Non seulement je ressens les émotions de manière étouffante, débordante, mais en plus j'ai tendance à les dissimuler, pour ne pas embêter les gens avec ça. Par exemple quand je "ressens" mal quelque chose avec mon mari, souvent au lieu d'aborder le problème avec lui, je garde les choses au dedans, en me disant que ça passera, que si je fais des efforts, ça passera. Sauf que ça enfle, sur des broutilles, et ça devient de la colère, de la rancoeur, et je me sens très très mal. J'ai honte, si honte de moi de ressentir ce que je ressens alors. Je suis inquiète à l'idée qu'il s'en rende compte, que les autres s'en rendent compte. Je suis inquiète à l'idée qu'il m'en veuille, qu'il se mette en colère (c'est très rare, et généralement tout à fait justifié par les circonstances... et ce ne sont jamais des "disputes").

♦♦♦

Bien entendu, tout ça se place en surimpression sur mes problèmes liés à mon anxiété généralisée et à ma phobie sociale. Tout se mélange, en fait, et ça donne un blougi-blouga assez indigeste pour qui essaye de me comprendre de manière extérieure (et même intérieure, il faut avoir un sacré tempérament, je pense).
Tout ça m'a déjà causé bien des problèmes, qu'ils soient personnels (des gens qui avaient une image de moi complètement fausse, basée sur mes propres discours), scolaires ou professionnels.
On m'a déjà traitée de "schizo", à cause de tout ça...
On m'a rejetée et dernièrement on a déclaré que je n'étais pas nette.
Bon.
Très bien.
Nous sommes désormais sur des bases claires.

Je vais pouvoir continuer à avancer.

mardi 15 mai 2012

1999-2000 : Cours et amours par correspondance

J'avais un peu laissé en plan le récit de mon histoire, ces derniers mois, m'étant arrêtée à l'épisode 1 de mes années lycée... Il serait peut être temps de m'y remettre?

En décembre 1999, je démissionne du lycée pour essayer le CNED. Je suis bien décidée, même si je doute profondément de ma capacité à réussir à étudier seule. Mais je veux échapper à tout prix à l'univers du lycée et de l'internat.

Le hasard a voulu que pendant les vacances de Noël, les deux plus grandes tempêtes de mon existence s'abattent sur la France. Le 26 décembre un ami de Paris m'apprend que toute est dévasté chez lui...
Cet ami est un élément important et mérite une mise en contexte.

Relationnel...

Car de cet ami, Stéphane, je m'en sentais alors follement amoureuse. C'était un auteur pour enfants et avait 20 ans de plus que moi. Il avait fait une intervention dans l'école de ma mère, alors que j'étais en troisième et que je révisais le brevet. Nous l'avions hébergé à la maison, et comme j'écrivais, je lui avais fais lire quelques uns de mes textes à sa demande (j'en avais parlé au cours du dîner, et il avait demandé à le lire... et je n'avais pas osé refusé, tout en étant flattée).
Après son départ, nous avion gardé le contact par Internet et nous échangions quelques mails mêlés de folie gamine très proche de l'univers des shadoks. Des relations "bon enfant".
Quand j'étais en seconde, il avait fait un passage par Angoulême, au printemps, et nous avions passé un mercredi après-midi ensemble. Il m'avait offert "L'enfant penchée", un album de bande dessinée des Humanoïdes associés.

À cet époque, j'avais un petit ami "atypique". Autrement dit qui avait 11 ans de plus que moi, et avec qui je ne "sortais" pas, mais restais plutôt enfermée, entre les draps. Sauf que... sauf qu'après des mois à ne pas vraiment se voir, ce "copain" qui ne s'intéressait guère à moi, et dont finalement je ne connaissais pas grand chose, a fini par rompre en septembre 1999.

Le hasard (la malchance?) a voulu que ce soit ce moment là que choisisse S. (mon ami auteur) pour me déclarer (toujours par mail) qu'il "ressentait des sentiments pour moi qu'il ne devrait pas ressentir". J'étais en détresse, en mal d'amour, et j'ai foncé tête baissée. Je l'ai "cuisiné" pour savoir ce qu'il entendait par là, jusqu'à ce qu'il écrive textuellement "Je t'aime" dans un message.

Explosion de joie de ma part! ♥♥♥ Il m'aime (je suis donc sauvée, car même si Y., lui, ne m'aime plus, quelqu'un d'autre m'aime quand même). Mon angoisse de l'abandon avait trouvé un nouveau grigri protecteur.
Oui, je sais, j'ai un discours désabusé.
Et pour cause...

Nous sommes nous revus, après cette déclaration? A-t-il sauté dans un train pour passer une après-midi, une journée, un weekend, avec moi ?
Non.
Nous avons continué de nous écrire. C'est tout.
Enfin, surtout moi, d'ailleurs. Des messages passionnés, d'ailleurs, où je continuais un peu nos délires... sans lui. Et où j'évoquais ma vie à moi. Sans que lui ne s'étale pour autant sur sa vie à lui (dont, finalement, je saurais peu de chose).
Un jour, passionnée, exaltée par le besoin de me sentir plus proche de lui, je cherche et trouve son numéro de téléphone dans l'annuaire... étrange, le numéro n'est pas à son prénom, mais c'est la bonne adresse, alors je tente.
C'est comme ça que j’apprends qu'à 36 ans, il vit encore chez ses parents !
Il est retourné y vivre, en fait, après une rupture.
Je suis choquée qu'il ne m'en ai pas parlé plus tôt, mais je continue à être dévorée de passion pour lui, malgré la distance et l'absence. Amour par correspondance. Est-ce vraiment possible d'aimer, ainsi, pour de vrai ? Je ne sais pas. En tout cas à l'époque, je veux aimer, je veux être aimée, et comme je ne sors pas, n'ai pas d'amis, n'ai aucune sorte de chance de trouver quelqu'un d'autre qui veuille de moi, et bien je l'aime, lui. C'est presque un dieu, tellement je l'aime et ai besoin d'être aimée de lui. Je me livre toute entière à lui dans mes écrits et mes coups de téléphone.

Tempête...

C'est comme ça que le 26 décembre j’ai appris qu'une tempête (Lothar, c'était ça, son petit nom...) avait dévasté le nord de la France, le matin même. Aux infos télévisées, nous avons appris qu'une nouvelle dépression, baptisée "Martin" se dirigeait vers notre région. Dès 16h30, nous avons commencé à entendre le bruit effrayant des rafales. Les coteaux charentais présentent des reliefs dans lesquels les vents se sont engouffrés et ont causés des dégâts effroyables.
Je suis fascinée par les tempêtes et orages, et cette fois là n'a pas fait exception à la règle, même si les détonations des branches qui cassaient partout alentour me faisaient un peu peur.
Assez vite, nous nous sommes retrouvés dans le noir, sans courant électrique, sans chauffage autre que la cheminée (même les chaudières à gaz ont besoin de courant pour fonctionner).

Le lendemain, notre prunier était par terre, le sapin penchait à 45° au dessus du sol, un grand peuplier s'était renversé, et partout autour de chez mes parents, la tempête avait laissée son empreinte. Et malgré mes efforts, je n'étais pas catastrophée, mais toujours fascinée, comme si tout cela n'était finalement qu'un jeu, un événement parmi d'autres...

Malaise...

Le 31 décembre 1999 au matin, l'électricité est revenue. La voisine, copine d'enfance de ma sœur aînée organisait un dîner de réveillon pour ses amis de toutes part. Cette voisine, je ne m'étais jamais entendue avec. Elle s'était toujours montrée désagréable à mon égard, avait toujours considéré que, en tant que petite sœur, j'étais un parasite, une créature ennemie, et me l'avait toujours bien fait sentir. Pourtant elle m'avait invitée à son grand réveillon.
Pour faire du chiffre.

Je me faisais une joie d'accompagner ma sœur ce soir là.
Mais confrontée à la trentaine d'invités, je me suis sentie instantanément mal.
La sensation n'était pas nouvelle. Je l'avais déjà éprouvée, quelques mois plus tôt, alors que j'étais encore en seconde, dans mon grand lycée, et que j'avais accompagnée ma sœur à une fête d'anniversaire chez d'autres amis (une soirée épouvantable, pour laquelle je m'étais collée une indigestion à coup de pains au raisins dévorés dans l'après midi, suivi d'un repas l'anxiété vissée au ventre, le tout achevé en boite de nuit où l'un des membres de la bande m'avait renversée une bouteille de whisky sur le pantalon en voulant enjamber une table).

Non seulement le nombre de convives m’effrayait, mais en plus la "maîtresse de maison" avait prit le partit de "placer" ses invités. Et de m'éloigner de ma sœur, me plaçant en bout de table, loin même des personnes que j’appréciais le plus, assise en bout de table, auprès de filles qui, m'avaient-elles confié, se demandaient elles aussi pourquoi elles avaient été invitées : vagues copines de lycée, elles aussi avaient la sensation d'être là pour occuper des chaises.

Les choses se sont peu à peu dégradées, et mon angoisse a monté à chaque étape. D'abord les apéritifs. Je ne buvais pas une goutte d'alcool, à cette époque. Or plusieurs personnes ont cherché à me servir de force. Ensuite, quand les entrées sont arrivées, on m'a servit ma coquille de surimi, et on a "vérifié" la suite. La suite, ce devait être des huîtres, sauf pour ceux qui n'aimaient pas ça, lesquels auraient des moules. On m'a donc dit que je prendrais des moules. Ma soeur avait pourtant bien précisé, quelques jours plus tôt (j'étais là), qu'elle n'aimait pas les huîtres, mais que moi si... d'où un conflit bien involontaire.

Après cela, alors qu'une bonne heure s'était déjà écoulée depuis notre arrivée, que je ne trouvais toujours rien à dire à mes voisines, que je n'avais pas même pu échanger quelques mots avec les amis de ma sœur, la maîtresse de cérémonie a décrété qu'il fallait faire une séance photo. Bien entendu, c'est elle qui a décidé qui serait sur celles-ci. Je n'ai été invitée à être sur aucune.

Je n'en ai plus pu. J'avais l'estomac au bord des lèvres, les larmes qui montaient à me faire battre le crâne, le cœur tendu à exploser dans la poitrine. Je me suis levée, ai simplement dit à ma sœur que je ne me sentais pas bien, ai traversée la rue et suis restée presque une heure à pleurer sur le pas de la porte. Je n'osais même pas rentrer chez moi. J'avais trop honte de moi, d'avoir une fois de plus "tout fait foirer", de m'être enfuie ainsi, comme une voleuse, comme une coupable.

Ensuite je suis rentrée en toute discrétion, ai attrapé le téléphone pendant que mes parents et ma grand-mère regardaient les émissions de réveillon et suis allée téléphoner à mon "amour" pour lui confier tout mon malheur.
À minuit je suis réapparue dans le salon.
Je ne me souviens plus ce que j'ai pu dire.

CNED...

C'est ainsi qu'a commencée mon année sabbatique. Pas d'autre nom.
J'ai si peu étudié.

Quand j'ai reçues les brochures du CNED, qui s'accumulaient dans ma chambre en une pile dangereusement haute, j'ai été enthousiaste, pourtant. Je voulais tout lire, étudier seule, être une bonne élève, persuadée que tous mes problèmes venaient du système scolaire en lui même, de mes mauvaises relations avec mes camarades, de l'incompréhension récurrente de mes enseignants (oui, c'est toujours la faute du prof...^^).
Sauf que...

J'ai toujours eu du mal à étudier. Soit je comprends tout de suite, et tout va bien, soit je ne comprends pas, et je me braque. Une fois dans cette disposition d'esprit, il devient très difficile pour moi d'étudier et de comprendre les notions. C'est comme si tout mon être ne cessait plus de répéter "je n'y arriverais jamais jamais jamais jamais...". Dès que j'essaye de contredire cette ritournelle, je me trouve un peu plus bloquée encore. Cette façon d'être génère une profonde honte de moi même ("je suis nulle"), et une crainte non seulement de décevoir les autres, mais en plus qu'ils portent un jugement sur moi ("elle n'essaye même pas", ou bien "elle est paresseuse").

J'ai toujours été comme ça, même à la primaire. Mais avec les années, le problème s'est amplifié et a empiré, jusqu'à ce que je soit complètement bloquée.

Tant que j'étais scolarisée en établissement scolaire, ça allait encore à peu près, car je devais respecter des délais. Or, quand l'urgence se faisait plus pressante que la volonté de bien faire, je faisais mes devoirs tête baissée (aux deux sens du terme), en cessant de réfléchir, et j'arrivais donc tout de même à produire quelque chose (souvent mauvais, ou passable).

Au début janvier 2000 j'ai donc essayé de m'attaquer à ma nouvelle scolarité.
Mais la seule lecture des consignes relatives au bac de français m'a donné des sueurs froides.
Je n'y comprenais rien.
Il y a des dizaines d'ouvrages sur la liste, et comme je ne savais absolument pas comment ça se passerait le jour de l'examen, mon angoisse déjà terrible en était devenue paralysante.
Plusieurs fois j'ai essayé de m’atteler sérieusement au travail, mais à chaque fois, j'ai eu l'impression que tout ça était absolument insurmontable, et bien entendu, j'ai rejeté l'idée même de demander de l'aide.

D'ailleurs en parlant d'aide, j'allais au CMP, à cette période.
J'y voyais un pédopsychiatre... mais pour ça, j'étais obligée de parcourir 17 kilomètres aller et retour en scooter. Un véritable périple pour moi. Je me souviens qu'à chaque fois j'avais peur de me perdre, qu'à chaque croisement j'étais au bord des larmes. Mais je m'étais engagée auprès de ma mère à consulter, et j'obéissais.
J'étais incapable de dire à qui que ce soit que ces trajets m'épuisaient nerveusement. Que ce soit à mes parents ou au psychiatre.
D'ailleurs, j'étais toute aussi incapable d'évoquer la nature de mes vrais problèmes, dont je ne me rendrais d'ailleurs  compte que des années et des années plus tard.
Alors un jour, l'angoisse est devenue trop forte, et je n'y suis pas allée.
J'ai écris au psychiatre, incapable (déjà) de téléphoner.
J'ai laissé tombé et me suis repliée sur moi même.

Quelques fois, quand même, je suis allée à Angoulême par le bus, ai revus mes anciens camarades de classe. Mais je n'ai pas insisté... je ne me sentais pas d'affinités particulières avec eux. 

N'étudiant pas, j'avais des journée remplies de télévision, d'Internet et de pâtisserie. De coups de téléphone à mon "amoureux" d'Île de France. De lettre manuscrites que je lui envoyais, aussi (sans recevoir de réponses, d'ailleurs).

J'ai aussi commencé à prendre des cours à l'auto-école, où j'allais toujours en scooter, pour prendre les cours de code. J'avais 17 ans et demi, il était temps de s'intéresser à la chose.
Je me souviens que j'étais tremblante les premières fois où j'y allais. Je faisais des erreurs stupides, que je ressassais sans arrêt (et je me souviens de certaines comme si c'était hier).
J'avais vite intégré les heures creuses, pendant lesquelles j'étais quasi certaine d'être seule dans la salle de projection, mon boitier à la main. Je n'avais bien entendu absolument pas conscience de l'évitement mis ainsi en place.

Le début des cours de conduite a été éprouvant. Pendant toutes mes heures de conduite, j'ai cherché à me donner contenance, à avoir l'air à l'aise, en papotant en permanence. Mais j'éprouvais de grosses difficultés à me concentrer et à avoir suffisamment confiance en moi pour intégrer les manœuvres que je devais intégrer.

Je bénéficiais de leçons de deux heures, aux moments calmes de la journée, puisque je n'étais pas dépendante d'horaires de lycée.
Malgré cet aspect positif de ma situation, je restais très anxieuse, et j'ai fais de grosses erreurs, au cours d'heures de conduite, comme de mettre mon clignotant à gauche (première route dans mon champ de vision) alors que le moniteur m'avait demandé de prendre la première à droite. D'ailleurs j'ai encore dans la tête la route, un virage à droite, dans les bois, la route à gauche au milieu du virage, et la "bonne", en haut de la côte et du virage, à la sortie des bois. Et de la colère de Denis, le moniteur, qui m'accusait de ne pas faire attention, de mon angoisse, de ma colère, de ma détresse, ce jour là.
J'ai été obligée d'avouer que mon babillage permanent ne servait qu'à une seule chose : masquer mon état d'angoisse permanent, à chaque leçon.
C'était peut être bien la première fois que je faisais un tel aveux à qui que ce soit.
Je me savais déjà nerveuse, depuis des années.
Mais j'en étais encore à croire que j'étais "comme ça" et que ça ne changerait pas...

En avril 2000, j'ai passé mon Code et je l'ai eu. Par contre en juin, mes heures de conduite ont été annulées, parce que je n'avais pas l'âge de passer l'examen (session le 21 juin... alors que je suis née le 22). La secrétaire de l'école de conduite m'a dit qu'elle me rappellerait dans l'après-midi pour me redonner des heures... mais elle ne l'a pas fait. Et moi, avec ma peur du téléphone (que je n'arrivais pas à formaliser), j'ai attendu plusieurs jours avant de faire la démarche... assez de temps pour que les cours de conduite soient complets jusqu'en août, vacances d'été obligent.

Vers une re scolarisation.

Peu à peu, ma mère s'est mise à me parler du lycée autogéré de Paris, le LAP. Il était en effet devenu évident que cette année de tentative de scolarité par correspondance était un échec complet, et qu'il fallait absolument que je réintègre un établissement scolaire, quel qu'il soit. Je voulais m'intégrer, avoir mon bac, aller à l'université "comme tout le monde".
J'ai acceptée la proposition.
Il n'est venu à l'idée de personne (même pas à moi), à l'époque, de me faire intégrer le tout petit lycée de la ville du coin, Ruffec, quitte à ce que je change de section, quittant L arts plastiques pour Économique et Social... ce qui m'aurait placée à 18 kilomètres de la maison, vers le CMP décentralisé où j'étais allée consulter.

En tout cas, une fois contacté, le LAP nous a renvoyés vers le CEPMO (Centre Expérimental Maritime en Oléron), basé à l'époque à Boyardville. Ma mère m'a proposé d'aller à la journée portes ouvertes, qui devait se tenir au mois de mai, à l'époque...  C'était à 150 kilomètres de la maison.

Je me souviens que je me suis faite jolie, que j'ai portée une robe, alors que j'étais plutôt abonnée des pantalons. J'avais envie d'être originale, de ne pas avoir l'air coincée.
Mais je me suis mise une pression effroyable, sans doute invisible pour les autres, mais terrible pour moi. La lettre de motivation a été une épreuve à rédiger. Et l'entretien de pré-inscription a été pire encore. Je me souviens de mes sueurs froides dans cette salle de chimie, mais pas des questions. Sauf qu'elles me faisaient peur, que j'avais peur du piège, de ne pas être prise, de ne pas être appréciée, et d'avoir cherché à plaire, impérativement. La seule chose dont je me souvienne avec précision, c'est qu'un des profs m'a demandé si je n'avais pas de loisirs, des envies pour moi, ou quelque chose comme ça, et que j'ai dis que j'aimerais bien apprendre à jouer du piano. Dire que ça fait 12 ans, et j'ai encore cette réponse, avec ma peur dans le corps, qui reste imprimée en moi.
Après ça, j'avais envie de pleurer, de me cacher.

J'étais avec mes deux parents, je ne sais plus comment s'est passé le reste de la journée. J'étais simplement terrorisée à l'idée de ne pas être prise, comme s'il s'était s'agit d'une grande école, sans être capable le moins du monde de me rendre compte que l'entretien ne devait pas du tout servir à sélectionner les futurs élèves, mais simplement à élaborer au mieux le futur projet individuel de scolarisation.

Toujours est-il que mon dossier a été accepté.
Il a fallut trouver un logement, car le lycée ne disposait pas d'internat.
Je ne me souviens plus comment on a choisit le logement, à Saint-Denis d'Oléron.

Aujourd'hui le lycée occupe de nouveaux locaux, ayant déménagé de Boyardville vers Saint-Trojan. Mais voici une photo des locaux que j'ai fréquentés, et un lien vers le site actuel du lycée :

Amours d'été ?

Pendant des mois, j'ai attendu un signe de Stéphane, mon "amoureux" yvelinois... Sans rien voir venir. Finalement, un jour j'ai osé lui proposé d'aller au Futuroscope ensemble. Prendre le train, le retrouver, s'amuser, et peut être, qui sait, passer un plus long moment avec lui ?
C'était un mardi, je m'en souviens. Mais de l'organisation, aucun souvenir des choses. Était-ce en avril, comme il me semble ? Ou en mai ? Ou en juin ?
Aucune idée. J'aurais même des doutes sur l'année, si je m'en laissais l'occasion. Mais quand j'y réfléchit, ça ne peut être que cette année là.
Comment ai-je fait pour prendre le train, aller le retrouver ? Je ne sais pas non plus. À croire que je fais un blocage sur mes réussites.

À la gare, il était en retard. Et la pire des choses, j'avais peur de ne pas le reconnaître. Imaginez : je l'avais rencontré pour la première fois quand j'avais 16 ans, j'en avais désormais presque 18, et entre temps, nous ne nous étions vus qu'une seule fois, plus d'un an auparavant. Pas de photos d'échangées, même s'il avait un site internet, et que j'y avais récupérées quelques clichés.
Comment pouvais-je me dire amoureuse de lui? Et bien quand on ressent des chose, on déteste que les autres viennent vous contredire... donc même si mon entourage essayait un peu de me mettre en garde contre mes sentiments auto-alimentés, je ne voulais pas prendre en compte ce que les autres me disaient. Tout ce que je savais, c'est que j'aimais Stéphane, qu'il m'écoutait, qu'il s'intéressait à moi... même s'il ne faisait aucun effort pour venir me voir, alors que c'était lui qui m'avait déclaré sa "flamme" ?
J'ai compris bien plus tard que derrière son "je t'aime" se cachait un autre sentiment, qu'il avait dû juger trop honteux pour l'avouer à une gamine de 17ans : du désir. Il aurait pu écrire "j'ai envie de toi, je rêve de toi, de te faire l'amour", ce jour là, dans son mail... aveu qui aurait évité un quiproquo qui a duré des années, mais ce n'était sans doute pas moralement acceptable à ses yeux.
Malheureusement cette honnêteté aurait sans doute mieux valu qu'un aveu déguisé, maquillé, qui m'a finalement enfermée des années durant dans une passion sans avenir possible.

Ce jour là, donc, je l'ai retrouvé à la gare de Poitiers.
Je ne l'ai pas trouvé beau. Je l'ai trouvé gros, il avait la brioche de la quarantaine approchant. Il m'a fait la bise, mais ne m'a pas embrassée. J'ai été déçue.
J'ai eu un pincement au cœur, mais ai choisi de l'ignorer. Je voulais continuer à l'aimer, coûte que coûte, sans prendre l'expression à la légère.

De la journée, finalement, j'ai peu de souvenirs. Sinon que je n'aimais pas son rire idiot dans les cinémas dynamiques. Qu'il s'est endormi dans la salle IMAX. Car il était sortit avec des amis la veille, à Paris, qu'il s'était couché à 2h du matin, puis était venu en TGV à Poitiers pour me rejoindre. D'ailleurs il a perdu son téléphone portable, tombé de sa poche, que nous avons du retourner chercher un peu plus tard.

J'aurais du sentir que tout ça ressemblait à une sortie "entre potes", mais je n'ai rien voulu voir. Je voulais l'aimer, même s'il ne me plaisait pas, même si j'étais déçue. J'étais "amoureuse" de lui depuis des mois. Il était inacceptable pour moi de me renier, comme ça, d'un seul coup. Pourtant, aujourd'hui, je me demande si ce n'était pas ça justement qu'il était venu chercher ce jour là...

Je n'ai pas aimé sa façon de m'embrasser. Notre premier baiser, sur la grande passerelle, au dessus des bassins. Il embrassait en tendant les dents, en choquant les miennes contre les siennes. Un baiser d'adolescent, qui ne sait pas caresser de ses lèvres et de sa langue, qui se contente de se plaquer contre l'autre.
Je n'aimerais jamais sa façon de m'embrasser.
Et malgré tout cela je restais "amoureuse".

Le soir... à 17 heure ou un peu plus nous sommes repartis. J'ai pris un billet de TGV pour Ruffec, et lui a rejoint la gare de Poitiers pour remonter sur Paris. Même pas de baiser fougueux d'adieux. Je n'avais pas vraiment envie de l'embrasser. J'étais déçue, perturbée, déboussolée.

Et pourtant, j'ai continué à dire à qui voulait entendre que tout allait bien, que nous nous aimions, et à lui trouver mille et une excuses pour ne pas venir me voir.

Tout l'été, j'ai espéré une visite, une excursion, un voyage. Mais rien de rien. Le néant.
Mes parents sont partis en vacance, me confiant la maison. Stéphane avait parlé de venir me voir. Il ne l'a pas fait.

Finalement, fin août, alors que je devais emménagé dans mon logement de Saint-Denis, il a accepté de venir passer quelques jours avec moi. Quelques nuits à l'hôtel, puis une nuit dans "mes" murs, avant de repartir, le jour où mes parents m'aideraient à m'installer.
Je crois bien que c'est ma mère qui a réservée la chambre. Quand j'y pense, je me dis que c'est absurde. Mais en même temps je sais que c'est elle qui m'a accompagnée à Saint-Denis, ce jeudi là.
J'étais la première à l'hôtel. Stéphane est arrivé par bateau. Je lui ai même trouvé un charme tout nouveau, les cheveux et l'écharpe au vent, alors que la navette de La Rochelle abordait le port de Saint-Denis.
Le premier soir a été parfait, et sans doute est-ce la raison pour laquelle j'en garde peu de souvenirs. Nous avons passé un temps fou à discuter dans une crêperie, c'était magique, j'étais heureuse. Pourtant le soir même, sur la jetée, il n'a pas su combler mes attentes, me prendre dans ses bras. Il a téléphoné, à je ne sais trop qui, je me suis sentie seule, abandonnée. Et puis j'ai été malade...
Et puis on est allés ensemble récupérer les clés de mon logement... mais pas de draps, et nous avions quitté l’hôtel. La dernière nuit a été épouvantable, abrités d'une seule couverture. Une aventure qui aurait pu être savoureuse, mais qui m'a laissé un gout amer.

Le lendemain, Stéphane partait, mes parents m'aidaient à emménager, et une nouvelle année scolaire commençait.

jeudi 2 février 2012

Prise de décision importante

Cette formation, je la voulais, et je l'ai eu.
Pour être exacte, j'ai obtenue une place, suite à un abandon.
C'était mardi dernier, le 31 janvier 2012.

Chronologie :

Mardi matin, j'accompagne mon mari chez le neurologue en consultation... le monsieur à du retard, mais nous sommes rentrés à la maison bien avant l'heure que je parte travailler. Car j'embauche à 11h.

À midi, d'ailleurs, je rentre à peine du travail que mon mari m'apprend "qu'il s'est passé beaucoup de choses" ce matin là. La Banque Postale a appelé (un détail) et puis une dame de l'AFPA, aussi. Une place de formation s'est libérée.

Mélange de sentiments instantané en moi. Pfff... je la voulais, je la veux cette formation, mais là, j'entre en CDI la semaine qui vient, dès le 6 février. Un CDI super sur mes 9h par semaine auprès d'une dame formidable, un travail en or. Un CDI qui me donne droit à une mutuelle en or (38euros/mois, et des garanties dentaires à 300%...). Et puis surtout, je suis souvent à la maison, et ça me plaît beaucoup. En plus je sais que suivre cette formation va être très anxiogène. Arg ! Mais si je me "dégonfle", que je dis non, qu'est ce que mon mari va penser? Et la dame de l'AFPA ? Et ma conseillère Pôle Emploi ? Et ma famille ? Et tous les gens qui ont suivi le feuilleton ? Ne vont-ils pas me prendre pour une girouette ?

Là mon mari me dit "c'est une opportunité qui ne se représentera peut être pas..." (je zappe complètement "la dame à dit que...". Je fonce tête baissée dans la brèche : voilà, mon mari semble m'encourager veut que j'y aille, puisqu'il me dit ça ! Mon choix est donc fait, grâce à lui! Il faut que j'appelle! Aller !

Mon mari n'arrive même pas à me dire qu'il voudrait qu'on pèse le pour et le contre, ensemble, en attendant 14h. Je suis complètement obsédée par l'idée d'appeler la dame, de lui dire que oui oui oui, je veux cette place qui me tend les bras... mais que je suis très ennuyée par rapport à mon employeur. Ben oui : me trouver une remplaçante pour mon contrat de 9h, au pied levé, en 3 jours, c'est fou, quoi!

D'ailleurs, impatiente, j'essaye d'appeler sans grand espoir à midi vingt. Je raccroche en entendant un message enregistré. J'attends 14h, complètement fébrile, à coté d'un mari mal à l'aise, mais toute à mon obsession, je ne m'en rend même pas compte.

À 14h, j'appelle. Occupé. Boite vocale. Je rappelle à 14h05. Même chose. À 14h15, je rappelle, mais je dois partir travailler, et le numéro étant toujours occupé, je laisse un message, affirmant que je tenterais de recontacter mon interlocutrice depuis mon travail. Et je pars.

Je voudrais à la fois ne pas dire la chose à la dame pour qui je travaille, et le lui dire. Je m'absente tous les quart d'heure pour rappeler un numéro obstinément occupé. D'ailleurs j’essaie de contacter également le standard... lui aussi occupé.
Finalement, sur le coup de 15h30 la fille de la dame dont je m'occupe descend voir sa mère et je me sens dans l'obligation de l'informer qu'on m'a contactée le matin à propos de cette formation.
Autant j'aurais pu partir en formation le 06 janvier, sans trop de problèmes, autant partir maintenant, c'est compliqué. Sa maman et elle ses sont habituées à moi. En plus Mme R doit partir quelques jours... si je ne suis pas là, elle annule son voyage.
Toutes deux, nous essayons de contacter l'AFPA jusqu'à 16h, sans succès.

Je joue de malheur, car pour la première fois en 3 mois, l'association qui m'emploie me contacte par téléphone, durant mes horaires de travail, pour me proposer de reprendre un contrat de sortie d'hospitalisation qui doit se prolonger (j'ai déjà travaillé au mois de janvier chez la bénéficiaire, qui, ayant de nouveau été hospitalisée a droit à de nouvelles heures d'aide ménagère...). Prise au piège, je me sens obligée de dire que ça tombe très mal, et qu'on m'a appelée le matin même pour une place en formation.
Bizarrement, j’attends presque qu'on me dise que ce n'est pas possible (même si je sais que juridiquement, rien ne s'y oppose, puisque je suis en fin de CDD).

Toujours sans réponse de l'AFPA à la fin de mes deux heures de travail, j'appelle mon mari à 16h30. Je lui raconte que je n'ai pas pu contacter l'AFPA, que j'y vais en voiture... et je ne le laisse pas le loisir de me calmer, de me raisonner, ou tout simplement de me parler.

Les embouteillages aidant, les feux rouges s'y mettant aussi, j'arrive au campus à 16h48. L'administration fermant à 16h45. C'est foutu.

Et là, pour couronner le tout, je passe à l'association au retour, pour poser mes feuilles horaires du mois de janvier. J'aurais pu m'en passer, mais j'avais dis que je le ferais, et je ne réfléchis pas. Du coup je dois m'expliquer : pourquoi je la veux, cette formation?
Et bien, pour la première fois depuis cinq heures, la frénésie me quitte. Je me met à douter.
Tiens, oui, pourquoi je la veux?
Je sais très bien pourquoi je la voulais, il y a des mois... mais pourquoi est-ce que je la veux toujours, justement?
Je m'empêtre dans mes explications. Je doute mais sans oser le laisser voir.
Au final on me dit que je dois donner ma décision le lendemain matin, que j'ai une réponse de l'AFPA ou pas.

Je rentre à la maison, un peu abattue.
J'envoie un message à la dame de l'AFPA, dont j'ai le mail dans mon carnet d'adresses. Je lui explique les péripéties de mes tentatives d'appel de la journée. Et une fois de plus je lui affirme que je veux la place.

Sauf que... je n'en veux pas de cette place.
Pas maintenant.
Pas comme ça.

J'arrive à en parler à mon mari.
Il ne veut pas non plus que j'accepte.
Il se trouvé égoïste, parce qu'il veut que je reste avec lui. Mes 9h par semaine lui convienne. Il aimerait que j'en fasse une quinzaine, pas plus. Il me sent épanouie, depuis que je travaille, mais il sait que si je vais en formation, je serais stressée tout le temps.
Je souffle enfin.
Nos raisons ne sont pas égoïstes. Ce sont les notre.
Et notre décision à nous, de couple, pour nous, pour l'avenir, est prise.
Ce sera non.

Quel gâchis...
Pas pour la place ! Pour tout le reste : l'inquiétude de ma patronne et de sa fille, de mon employeur, la mienne. Tout ça, parce que j'ai eu peur de prendre une décision à 12h15, et que plutôt que de consacrer du temps à la discussion, j'ai interprétée une phrase prononcée par mon mari comme un encouragement à foncer tête baissée.
Il faut dire que je n'y croyais plus, à cette place en formation. Je n'avais donc pas pris de temps pour réfléchir aux implications de son obtention, maintenant que je travaillais.

Je voulais cette place à l'époque où je me trouvais profondément incompétente. À l'époque aussi où les employeurs, en voyant mon CV lors des entretiens d'embauche constataient mon absence d'expérience professionnelle et me renvoyaient poliment.
Mais maintenant, pourquoi insister ?
Je n'en ressens plus le besoin, je dois dire.

Alors à 19h30, j'ai pris mon téléphone et j'ai appelée Mme R., histoire qu'elle rassure sa maman. Non, je ne prendrais pas cette place de formation. Oui, je resterais à travailler avec sa maman. Une très bonne nouvelle, pour elles.

Le lendemain, à 8h30 pile, j'ai appelée l'association, pour leur apprendre la même nouvelle, plutôt sereine, malgré mon inquiétude vis à vis d'eux (mais qu'est-ce qu'ils doivent penser de moi!?!).

Et vers 9h, quand la dame de l'AFPA a appelé pour dire que la place était toujours libre, et que le réseau téléphonique avait "flashé" la veille... je lui ai dis qu'hier était passé, et que maintenant, c'était non. Et que oui, je savais que c'était une opportunité qui ne se représenterait sans doute pas. J'ai accepté de discuter un peu avec elle, mais je lui ai fais comprendre que ma situation personnelle avait changé, que j'étais sûre de mon choix.
Et que surtout c'était le miens.

Je ne crois pas que je redemanderais cette formation.
Mes formations futures, elles me viendront de mon employeur, que je ne compte pas quitter de si tôt.

Fin du feuilleton AFPA.
Dur de choisir, quand on veut plaire aux autres en s'oubliant soi-même...


mardi 29 mars 2011

Hérisson et paillasson.

Hérisson: n.m. Petit mammifère dont le corps est couvert de piquants.

Forme d'évitement. Consiste en l'adoption d'une attitude hostile et/ou agressive en cas de situation générant de l'anxiété. On rejette l'autre pour échapper à l'angoisse, à un sentiment d'infériorité ou d'incompétence.
(Je me déteste quand j'agis ainsi, et en souffre beaucoup)

***

Paillasson: n.m. Natte utilisée pour s'essuyer les pieds.

Forme d'évitement. Consiste en l'adoption d'une attitude exagérément favorable à un ou plusieurs interlocuteurs, de sorte à s'assurer de ne pas être remis en question. En agissant ainsi, on cherche à éviter toute forme de conflit ou d'agression.
(Idem supra)

***

Évitement: n.m. Psychologie. Action de se défendre en évitant.

Comportement de défense mis en place pour ne pas se trouver confronté à une situation redoutée. Peut aboutir à une aggravation de l'anxiété et/ou  de la phobie, ainsi qu'à un renforcement des évitements : plus on évite et plus on met en place des stratégies d'évitement, et on finit par les intégrer comme mode de fonctionnement à part entière.

Samedi 26 mars - Programme TV

Samedi soir, avant veille de déménagement.
Depuis déjà quelques jours, le sommeil est vaguement au rendez vous.
Endormissement tardif (deux heures minimum après l'extinction des feux).
Sommeil haché (je passe de longs moments bien éveillée dans le lit, m'efforçant de m'agiter le moins possible pour ne pas déranger mon mari).

Samedi soir, pas grand chose d'intéressant à la TV. Mais un besoin intense de me vider la tête, de ne plus penser, de ne pas laisser se lever une tempête envahissante, pleine d'idées angoissantes. Envie de ne plus penser aux cartons, au déménagement, de ne plus penser à l'emploi qu'il va falloir que je cherche, de ne pas penser au mariage de ma sœur, dans trois semaines, envie de ne pas ressasser mes angoisses, mes erreurs, mes peurs.

Samedi soir, pas grand chose à la TV, c'est Télérama qui le dit. Mon mari me dit de choisir.
La TV est dans la chambre (ce ne sera plus le cas après le déménagement). Il se tourne sous la couette et dors... enfin, je suppose qu'il reste attentif.

Zapping.

Eureka sur NT1. J'aime bien cette série un peu conne, même si parfois je suis gênée par le ridicule de certaines situations. Je baisse le son à la limite de l'audible, car j'ai déjà emballé le casque sans fil qui me permettait auparavant de choisir mon programme sans déranger mon mari. Après quelques minutes, j'ai la sensation que mon mari est agacé. Cela m'angoisse.
Je change de chaîne pour France2 et ses "Années bonheur".
Je n'accroche pas et change à nouveau de canal.
Comédie et un spectacle des Frères Taloche. Je manque m'étouffer de rire... "vérifiez que la pomme de terre est bien morte"... et vlan, un coup de maillet sur la pomme de terre (impossible à décrire, il faut voir le sketch). Mon mari se relève sur le coude, ne rit pas. Sérieux. Sévère?
Je le sens définitivement agacé.
Je change de chaine une dernière fois pour France2.

Je parle alors brièvement des Frères Taloche à mon mari. Il trouve ça débile, pas drôle.

Je me sens mal face à ce que je perçois de lui, de son agacement. Alors je fais le paillasson, abonde dans son sens... oui oui, c'est un peu con, tu as raison, mais j'aime bien... je nuance encore un peu en ajoutant que cependant cet humour est meilleur à petites doses, que regarder un spectacle tout entier, c'est lassant, pas si drôle que ça...

Est-ce bien ce qu'il fallait dire pour lui plaire? L'angoisse me noue la gorge.

La technique du paillasson, ou comment s'écraser devant l'autre, pour éviter toute forme de conflit ou de contradiction.

J'aime bien les Frères Taloche. C'est régressif et caricatural, très second degré. Mais si mon chéri dit qu'il aime pas, ben, c'est trèèès difficile pour moi de m'affirmer dans une position divergente.

***
Des années plus tard, je verrais bien que mon mari avait un comportement déplacé avec moi, me maintenant sous son emprise, me dénigrant régulièrement, me couvrant de reproches. Il était ainsi.