lundi 4 avril 2011

Espace vital.

Dans ma vie quotidienne, je suis sans cesse confrontée au limites de mon espace vital. C'est à dire de mon espace vital psychologique. Celui qui m'est nécessaire pour ne pas être anxieuse ou angoissée, ou pour ne pas me sentir agressée par les autres.

Quand je parle avec quelqu'un, il doit être au minimum celui créé par mon bras tendu (en gros je ne suis vraiment à l'aise que si la personne avec qui je discute ne peut pas me toucher). Par ailleurs la personne doit impérativement être dans mon champ de vision, sans cela, je suis angoissée. Il m'est ainsi très pénible d'avoir une conversation avec mon mari, moi assise, lui debout derrière moi. "Je t'entend", me dit-il. Là n'est pas la question, je ne le vois pas, donc je ne perçois pas l'intégralité de ses expressions, et donc je risque de passer à coté de quelque chose. De plus de cette position, il me domine et est susceptible de voir ce que je fais, ce que je lis, ce que j'écris, ce qui est une intrusion totale dans mon espace vital... même si je ne lis, ni n'écris, ni ne fais rien!

Quand je suis chez moi, occupée à une activité quelconque, cet espace vital va en général jusqu'à la porte de la pièce, fermée s'il vous plait, avec moi seule dans ladite pièce.
Dans la cuisine, les passages pour cause de petite faim, petite soif, etc m'agacent (m'agressent?) mais j'arrive à me maîtriser, bien que je sois souvent obligée de m'interrompre dans mon activité (je disais, en forçant un peu le trait, à mon médecin que je ne pouvais pas éplucher une pu[biiiiiiip] de carotte devant mon mari...).
Dans mon bureau, je tolère très mal les allers et venues. Mon bureau est ma pièce. Presque une extension de moi. J'accepte mal qu'on y pénètre. Même mon mari. Le simple fait même qu'on puisse percevoir quelque chose de mes activités dans cette pièce m'angoisse.
Le fait est qu'auparavant (avant notre déménagement) mon bureau était éloigné de celui de mon mari. Il devait donc remonter un couloir pour venir me voir et j'avais donc le temps d'entendre ses pas, attentive au moindre bruit, et donc de me préparer à son arrivée imminente. Ici les choses sont différentes, puisqu'un simple pallier nous sépare. De plus les sons résonnent terriblement, des pièces encore bien vides et un plancher flottant y aidant. En résulte un effet anxiogène insoupçonné.
Si durant les 4-5 premiers jours de notre emménagement je laissais la porte ouverte, dans une volonté de partage et d'ouverture, j'ai désormais repris l'habitude de la fermer.
Qui plus est j'ai tourné le bureau et mon PC, de sorte à être certaine que l'écran ne soit pas visible pour qui se tiendrait simplement sur le pas de la porte.

Il va sans dire que pénétrer sans crier gare (et donc sans frapper, ou s'annoncer de quelque façon que ce soit) dans mon espace vital est très anxiogène. Je sursaute sans cesse, y compris quand mon mari pousse simplement une porte où je ne l'attendais pas.
Je ne suis pourtant coupable de rien, mais chaque fois la même peur m'ébranle, me fait battre le cœur, provoque une éprouvante décharge d'adrénaline dont je me serais bien passée.

Mon espace vital, c'est aussi mon indépendance, ma capacité liberté de faire des choses seule.
Elle s'est malheureusement fort restreinte lorsque, à la suite d'un accident de voiture, nous nous sommes séparés de mon véhicule personnel. Ne reste que la voiture de mon mari, que je n'ose guère emprunter, sauf motif impératif (recherche d'emploi par exemple).
Cette liberté s'est également trouvée restreinte d'une manière cruelle et inattendue depuis notre déménagement. En Charente, depuis que j'étais devenue piétonne j'avais pris l'habitude d'aller marcher une heure environ le matin, vers 8h-8h30.. souvent en allant dans telle ou telle grande surface. Pendant ce temps là mon mari faisait du vélo elliptique, sport d'endurance en intérieur, ce qui me laissait libre d'aller où je le voulais pendant ma propre promenade. Or voici qu'avec notre nouvelle vie, mon mari souhaite prendre de nouvelles habitudes. Parmi lesquelles, se promener avec moi. Et donc, sans même le savoir, restreindre un peu plus ma liberté d'aller et venir librement, en toute indépendance.

Je me sens agressée par cette seule idée.

J'ai beau savoir que ce n'est pas rationnel, qu'il souhaite seulement être avec moi, je ne puis m'empêcher de me sentir suivie, espionnée, surveillée. Où je vais, ce que je fais, combien je dépense, dans quoi... Des choses que je ne peux plus maîtriser s'il est avec moi dans la voiture, s'il se promène avec moi, s'il m'accompagne quand je dépose des candidatures, quand je vais à Pôle Emploi...
Et en même temps je suis si malheureuse d'être ainsi.
Je voudrais tant partager les choses avec lui.
Mais je ne peux pas.

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