jeudi 8 février 2018

Université de Poitiers... hésitations et abandons

Septembre 2002... Le bac en poche. Inscrite à la Faculté de Sciences Humaines de Poitiers en Sociologie. Matière de découverte : Psychologie.

J'ai trouvé un studio de 27m² à 10 minutes du campus. Avant même la rentrée, j'y ai dormi avec Frédéric, que j'ai rencontré quelques jours avant le début des cours.

Le début de l'année universitaire est difficile. Des amphithéâtres pleins, du bruit, de l'agitation et des cours que je peine à suivre, surtout en sociologie. Les enseignants tiennent pour acquit que tous les étudiants sortent de la filière économique et sociale, ce qui n'est pas mon cas.

Les cours de psychologie m'intéressent beaucoup et je galère beaucoup moins.
Les six premières semaines, je m'accroche. Les cours de travaux dirigés des étudiants de sociologie n'ont pas encore commencés. Quand cela arrive, je m’effondre et perd pied. Je suis obsédée par l'idée que c'est au delà de mes forces, j'entre en mode "blocage". Terrorisée, je demande au secrétariat de l'UFR de faire basculer ma matière de découverte en matière principale et réciproquement.
Malheureusement les travaux dirigés de psychologie ont commencé dès le début de l'année et je ne peux donc pas les intégrer.
On me fait rencontrer le directeur pédagogique du DEUG de Psychologie. Je m’effondre en larmes dans son bureau, en grande détresse morale. Il me propose d'être dispensée d'assiduité pour ce premier semestre et de passer l'épreuve documentaire sur table sous la forme d'une note de synthèse. J'accepte sans hésiter.

Je remonte un peu la pente, même si les cours de sociologie en "découverte" sont extrêmement rébarbatifs : quatre heures dans un amphi immense. Qui plus est il me manque une grande partie des cours et je n'ai personne vers qui me tourner.

Je ne sais pas où se trouve le service de reprographie et n'ose demander à personne. Je n'ai aucun ami, aucune "copine" vers qui me tourner. Je suis incapable de mettre les pieds à la bibliothèque universitaire, mais également dans un "resto U". Je ne sais pas comment ça fonctionne, je n'ose pas demander de peur qu'on se moque de moi. Je ne sais même pas où sont les toilettes avant d'avoir passé trois mois dans les locaux, incapable de demander. Je suis dominée par la peur et je continue à prendre le Lexomil qu'on m'a prescrit pour passer le bac, au coup par coup.

Au bout de quelques temps, Frédéric, que j'ai rencontré pendant l'été, me propose de le rejoindre à Paris alors qu'il y est en formation. Ça tombe en semaine, sur deux jours de cours, mais j'y vais, je m'évade.

Je n'ai pas de but dans la vie. On m'a tracée la voie : dès le collège, on m'a "conseillé" de passer en seconde littéraire en option Arts Plastiques. C'était la meilleure façon d'avoir mon bac, paraît-il. J'ai suivie cette voie. Après, et bien l'université semblait être la voie "normale", alors c'est là que je suis allée. Mais je ne sais pas pourquoi. Je m'intéressais à des tas de choses, mais surtou aux comportements humains, que je ne comprend pas bien, à la nutrition, à (ce que je ne sais pas encore être) l'économie sociale et familiale, à l'art, la cuisine, le dessin. J'ai des passions intenses dans lesquelles je m’investis, la plupart loin du regard des autres.

Je ne me sens pas vraiment à ma place à l'université.
Je ne sais rien des soirées étudiantes, je n'y ai jamais mis les pieds.

De l'Université de Poitiers, j'ai peu de souvenirs.
J'ai rapidement réalisé que j'avais besoin d'être dans les premiers rangs pour pouvoir suivre, pour ne pas être gênée par les bruits parasites produits par les autres étudiants. Lors des travaux dirigés, j'ai réalisé avec gêne et un certain désarrois que mon fonctionnement cognitif était assez divergent de celui de mes camarades, ce qui n'a pas manqué de me perturber alors que ça semblait intéresser mes chargés de TD (doctorants), lesquels me proposaient de manière récurrente de venir participer aux études du bâtiment de recherches, ce qui me terrorisait.

J'ai fini la première année. Le jour du début des examens, mon grand père paternel est décédé. Mon père m'a dit de ne pas venir à l'enterrement. Je savais que j'allais rater mes examens, alors que ce soit en étant mauvaise ou absente... mais j'ai écouté mon père. C'est un de mes grands regrets.
Je n'ai validé que la langue étrangère du premier semestre.

Redoublement.
J'étais de moins en moins assidue en cours, je voyais Frédéric de temps à autre, même si il se montrait de plus en plus imbu de lui même et de plus en plus critique et désagréable à mon égard. Finalement, il a fini par me dire qu'on ferait mieux d'en rester là, un soir. Je suis restée près de lui toute la nuit, à l'hôtel, et le lendemain, quand il est descendu prendre son petit déjeuner, je me suis habillée et suis partie, tout simplement.

Par ailleurs, depuis quelques temps, j'avais repris contact avec "Julien", sous l'influence de plusieurs de mes correspondants, dont "Lola", "Mélodie", "Bernard"...
Je met les noms entre guillemets parce que ces "gens" n'ont jamais existé: plus d'un an après le décès de mon mari, à la recherche de mes sauvegardes personnelles sur les disques durs externes d'Alain, je suis tombée sur des fichiers texte très étranges. Il s'agissait de dizaines (voire des centaines) de correspondances partielles, écrites à la première personne, sous diverses identités. Parmi les alias, j'ai trouvé... Lola, Bernard, Bruno, Daniel, Mélodie... et autres. J'ai eu des correspondances avec ces alias. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, je n'ai pas été véritablement surprise ou choquée, même si j'aurais pu l'être. Ça a simplement été comme si je regardais un film d'un tournage, une pièce de théâtre depuis les coulisses. J'ai vu les événements passés sous un nouvel angle et j'ai vu à quel point j'avais été manipulée par quelqu'un de profondément malade. En outre, quand j'ai fais le tri des papiers, j'ai aussi trouvé des courriers manuscrits lui étant adressés de manière plus ou moins détournée (à un autre nom mais à la bonne adresse, à son ex-femme ne vivant pourtant plus avec lui...), parfois très anciens, où il était question de correspondances entre femmes ou couples.

Fin de la digression : alors que j'étais "étudiante" à Poitiers, donc, je ne sais pas trop à quel moment, j'avais repris contact avec "Julien", encouragée par plusieurs de mes correspondants, dont certains étaient sensés l'avoir rencontré dans le cadre de relations professionnelles. "On" m'affirmait qu'il avait été "maladroit", "ne pensait pas à mal" et autres arguments et je m'étais fais avoir. Je lui avait proposé de nous revoir et c'est ce que nous avions fait. Cependant j'étais mal à l'aise avec ça, je sentais qu'il y avait quelque chose de malsain (en dehors de nos 34 années d'écart). Il ne se montrait jamais insistant, aucun geste déplacé à mon égard, nous ne faisions que discuter, encore et encore et toujours.

En janvier 2004, je n'ai pas repris les cours et personne ne s'en est soucié.
J'ai continué à aller à Poitiers comme si j'étais toujours étudiante.
Je sortais un peu, sous l'impulsion d'une voisine, mais je végétais essentiellement.
J'avais l'idée de faire de l'intérim, comme me le suggérait Alain lors de nos longues discussions, mais jamais je n'ai trouvé l'impulsion de le faire.
Finalement, je suis retournée vivre chez mes parents, malheureuse, ne comprenant pas pourquoi j'étais si "incapable" d'agir, tellement "bonne à rien". Je me renfermais sur moi.

Je ne fais pas d'intérim durant cette période. Cela viendra plus tard.
Je marche pendant des heures dans la campagne. Parfois je prend le train, pour rejoindre un ami à Paris, mais j'arrête vite.

Début 2005, je décide d'aller vivre à Angoulême, espérant évoluer. J'emménage dans un studio vétuste en mars.

Après qu'on m'y ait incité plus ou moins directement depuis des années, je m'essaie à essayer de passer le BAFA "comme ma sœur", même si au fond de moi, je sais que je ne suis pas du tout faite pour ça. Bonheur : on ne valide pas mon premier stage (c'est très rare). C'était un vrai soulagement après les crises d'angoisse que j'ai eu pendant ce stage "théorique", dont une crise d'agitation aigüe avec perte de contrôle, lors d'une "chasse au trésor" nocturne. J'en ai encore honte de cet épisode, mais c'est arrivé et je n'y peux rien. Cette nuit là, j'ai crié après des gens qui ne comprenaient pas mon état d'anxiété extrême, j'ai jeté ma lampe torche au sol, beaucoup pleuré et vécu un moment très humiliant.

Le dernier jour du stage, Alain m'a envoyé un SMS dans lequel il m'invitait à venir vivre chez lui.

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