samedi 18 décembre 2010

Toute ma vie j'ai été anxieuse et dépressive...

Toute ma vie j'ai été dépressive, anxieuse chronique, hypersensible.
Toute ma vie ou presque. Je ne me souviens pas exactement vers quel âge tout ça a commencé, mais je revois dans ma mémoire des photos de moi enfant, avec déjà ce regard triste et vide, mélancolique.
J'étais triste, je n'avais envie de rien. Je me sentais terriblement fatiguée, au bord de l'épuisement total. J'avais du mal à ressentir du plaisir, sauf peut être avec la nourriture, dont je me gavais de manière compulsive jusqu'à l'indigestion. Quand j'étais adolescente j'en voulais terriblement aux autres de ne pas voir que j'allais mal, tout en rejetant violemment toute aide extérieure, tout intérêt qui m'était porté. Personne ne pouvait me comprendre, je ne me comprenais pas moi même...
Je me sentais inutile, nulle, inadaptée. La vie en société me faisait peur, j'avais beaucoup de mal à supporter l'école, les autres, leur contact, leurs regards, leurs paroles.
Mon hypersensibilité me rendait vulnérable face aux moindres difficultés.
Et surtout je souffrais de troubles anxieux généralisés.

À mon entrée au collège j'ai sombré dans une dépression majeure (c'est la dépression pour la plupart des gens, qui ignorent souvent qu'il en existe en réalité plusieurs formes). Celle-ci a duré approximativement jusqu'à mon entrée en terminale, puis j'ai retrouvé mon état antérieur, qui reste cependant un état dépressif.

Quand j'avais 16 ans mes crises de grignotage compulsif m'avaient conduite à avoir si souvent des indigestions que mon père m'a emmenée voir un gastro-entérologue qui n'a pu que constater les effets du stress sur mon organisme. J'avalais une trentaine de fois à la minute, une fréquence anormalement élevée. Il m'avait alors prescrit de l'Euphytose, à raison de 4 comprimés par jour (matin, midi, soir, coucher)

J'ai connu des périodes de rémission de mon anxiété et de mes troubles dépressifs. Mais aussi des périodes d'aggravation, comme au moment du bac, où je ne dormais plus, et où j'ai vu mes problèmes de concentration s'aggraver. J'ai passé ces examens sous Lexomil, un puissant anxiolytique. Je suis devenue dépendante psychologiquement de ce produit, et c'est grâce à lui que je suis entrée à l'Université, que j'ai pu louer un studio... mais j'ai fini par ne plus en avoir dans le flacon et je n'ai pas voulu aller en mendier à mon médecin.

Je ne suis pas restée à la fac. Chaque cours était une épreuve. Je devais arriver 20 minutes en avance pour maîtriser mes angoisses, je garais ma voiture à l'écart des autres, et je passais le temps d'attente enfermée dans les toilettes à l'écart des autres. C'est difficile de résumer tout cela en quelques lignes, d'où les billets sur mon histoire.
J'ai fini par passer l'éponge et arrêter la fac de psycho.
J'ai continué de vivre dans mon studio encore quelques mois puis je suis retournée chez mes parents, malgré le conflit que j'avais avec ma mère (de nombreux billets lui seront sans doute consacrés).

De fil en aiguille j'ai tout de même réussi à braver mes peurs et ai repris un studio, dans le chef lieu de département. Grâce à mon futur mari, en grande partie, le seul à me soutenir, à m'encourager, à me tenir la tête hors de mon mal être.
Grâce à lui je suis retournée à la fac. Une toute petite faculté de Droit délocalisée.
Cette scolarité a été une rude épreuve pour moi.
Au cours de ma deuxième année mes troubles de l'humeur, ma dépression et mes troubles anxieux ont conduit mon médecin à me faire passer un bilan thyroïdien, qui s'est révélé normal. Et j'ai passée le reste de l'année sous Stresam, un autre anxiolytique. J'ai senti mon corps se détendre, ma vessie a cessé de se faire sentir (crispée en permanence, j'ai eu de nombreux troubles de la miction au cours de ma vie). J'ai cessé de me mordre la langue, de serrer les dents. Pendant cette période j'ai aussi réussi à arrêter de grignoter quasi totalement.
Malgré tout j'ai redoublée mon année, uniquement sur les "majeures". L'année qui a suivi n'a cependant pas été plus relax...

Ma troisième année a été une épreuve, que j'ai passée sans médicaments.
À la fin, j'ai renoncé à aller plus loin, retourner à l'Université, à Poitiers, de fréquenter des couloirs bondés, tout ça pour étudier une matière pour laquelle ma passion s'était éteinte. Mon anxiété généralisée prenait de plus en plus le pas sur tout le reste... chaque séance de travaux dirigés était un calvaire: j'avais la diarrhée en partant de chez moi et en arrivant à la fac, je me mettais à pleurer en pleine séance et je finissais enfermée en pleurs dans les toilettes, pour évacuer la tension nerveuse occasionnée par cette confrontation aux autres et à mes trop nombreuses lacunes.

J'ai voulu chercher du travail.
Et là je me suis effondrée.

J'ai soudain pris douloureusement conscience de ce que je n'arrivais pas à faire. Je me suis découverte incapable de la moindre démarche. Et plus que jamais je me suis trouvée au bord de l'épuisement.

Une simple consultation a fini par révéler le cœur du problème. Je me suis effondrée dans le cabinet. Non pas physiquement, mais psychologiquement. Je me suis mise à pleurer en parlant de mon incapacité à aller faire les démarches que je m'étais promises, que j'avais de la volonté mais que je n'arrivais pas à agir. À force de pleurs et de détresse, mon médecin a fini par me dire que cela ressemblait beaucoup à une phobie sociale.

Cet entretien avec mon médecin, c'était il y a un an et trois mois. Et depuis j'ai fais des progrès incroyables face à ma phobie sociale. Je ne suis toujours pas heureuse mais je garde espoir. J'ai vue une psychiatre pendant 6 mois, et nous en sommes parvenues à la conclusion que j'ai besoin aujourd'hui de me réapproprier mon corps, et pour cela de suivre une thérapie corporelle du type sophrologie, mais également de suivre une thérapie de groupe.

Je ne serais jamais guérie, m'a-t-elle dit. Il faudra toujours combattre ma faible estime de moi même, mon hypersensibilité, ma peur des autres. Mais je peux trouver un équilibre.

Cet équilibre commence à se constituer, peu à peu, pas à pas, pour que je commence enfin à avancer, en avant vers ma vie.

(description médicale tirée du DSM-IV : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders - American Psychiatric Association)
  1. Une peur persistante et intense d'une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à l'éventuelle observation attentive d'autrui. Le sujet craint d'agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante ou humiliante.
  2. L'exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique une anxiété qui peut prendre la forme d'une Attaque de panique liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
  3. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
  4. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses.
  5. L'évitement, l'anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s) sociale(s) ou de performance redoutée(s) perturbent , de façon importante, les habitudes de l'individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d'avoir cette phobie s'accompagne d'un sentiment de souffrance important.
  6. Pour les individus de moins de 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée est d'au moins 6 mois.
  7. La peur ou le comportement d'évitement n'est pas lié aux effets physiologiques directs d'une substance ni à une affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex. le trouble panique avec ou sans agoraphobie).
  8. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur décrite en 1 est indépendante de ces troubles; par exemple, le sujet ne redoute pas de bégayer, etc..

1 commentaire:

  1. Je me reconnais beaucoup dans ton histoire, c'est incroyable.
    Je souffre d'une phobie sociale avec trouble panique et TAG depuis bientôt 4 ans, et je sais à quel point vivre avec ça c'est un combat quotidien.

    C'est chouette que tu arrives à progresser et a te sentir mieux, je te souhaite bon courage pour la suite !

    RépondreSupprimer

Un petit mot, ça fait toujours plaisir...
Mais comme je n'aime ni les machines ni les trolls, je modère tout de même un peu ^^