vendredi 13 avril 2012

Téléphoner...

Téléphoner... un acte qui est entré dans la vie courante au cours des dernières décennies. D'abord avec l'introduction des lignes filaires privées, progressivement au cours du XXème siècle, puis, ces vingts dernières années, avec le développement incroyable de la téléphonie mobile.

Le téléphone, je ne vous l'apprend pas, est un appareil de communication conçu pour transmettre la voix et permettre de mener une conversation à distance.
Justement, c'est le hic. C'est éminemment anxiogène, pour moi, que de téléphoner.

La distance ne me permet pas de percevoir la personne comme je le fais quand elle est en face de moi. Mon hyper-empahie et la plupart des mécanismes interpretatifs que je met habituellement en place pour savoir si je déplais à mon interlocuteur se retrouvent sur le carreau. Ne restent que les variations du ton de la voix, les silences, pour me faire une idée de la qualité de ma prestation. Plaire ou ne pas déplaire. J'ai conscience que ce leitmotiv est illusoire, mais c'est pathologique chez moi, et j'ai beau avoir une conscience aigüe de l'absurdité de la chose, c'est ce que je ressens profondément.

La conversation n'est pas seule à poser problème. C'est sûr que ça entre en jeu, quand j'appelle mon employeur pour essayer de dire "non" à un remplacement que j'ai accepté malgré moi...
Mais quand j'appelle mon médecin ?
J'ai peur de déranger, tout simplement. Qu’il ne soit pas disponible... Et puis il y a aussi l'anticipation anxieuse du rendez vous que je apprête à prendre, qui se repporte sur cet appel.

Quand j'appelle, je préfère ne pas être entendue de qui que ce soit (mon mari, par exemple). Pour appeler, j'attends souvent qu'il se livre à une occupation qui va le distraire de mon appel (sport, jardinage...) de sorte à être certaine qu'il ne va pas écouter, observer mes hésitations, ma façon de parler, mon argumentaire.
Pourtant je sais qu'il ne me jugera pas, voire qu'il s'en fiche. Mais ça ne change rien, et ça m'angoisse toujours autant.

J'ai du mal à téléphoner à ma famille, ma sœur, mes parents. Des personnes qui sont souvent absentes de chez elles, avec le risque de tomber sur le répondeur, pour lequel je met un point d'honneur à laisser un message (rien de plus agaçant qu'un répondeur annonçant "trois... messages" et dont les seules traces sont d'exaspérants bips de tonalité...). Quoi dire au répondeur? Et si c'est mon beau frère qui décroche, lui parler de quoi?
Même ma grand mère, dans une certaine mesure, j'ai des difficultés pour l'appeler, ce que je fais pourtant toutes les semaines. Elle, elle sort peu, surtout le matin, et parfois l'après midi, après 15h en général, et seulement si le temps s'y prête. Mais quand je l'appelle, j'ai toujours du mal à mettre fin à la conversation. Je ne veux pas la vexer, en raccrochant trop vite, en ayant rien de neuf  à lui raconter. Alors la conversation s'étire, souvent sur une demie heure, pour finalement ne pas se dire grand chose.

J'ai du mal à téléphoner à mes amis. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cette raison que je vis au milieu du désert, de ce coté là.
Alors que ma sœur passait un temps fou au téléphone avec ses copines, à l'adolescence, je n'ai jamais su appeler les miennes (j'en ai pourtant eu quelques unes, de manière fugace). Moi je n'aurai n'ai jamais su quoi dire. J'avais peur d'être inintéressante au possible, et puis je ne me voyais pas inviter des copines (pour faire quoi!?!).

J'ai du mal à téléphoner aux médecins (généraliste, dentiste, spécialiste, psychiatre...) pour prendre rendez-vous. La peur de déranger. L'appréhension d'une éventuellement brusquerie de la part de l'interlocuteur, de son jugement sur ma façon de me présenter, de balbutier, ou je ne sais quoi encore...
J'ai quelques mauvais souvenirs de prises de rendez vous. Le plus prégnant dans ma mémoire est celui de la prise de rendez vous auprès de la psychiatre qui m'a suivie six mois durant à Angoulême. Ce jour là, au ton de sa voix, j'ai eu la sensation de m'être montrée impolie, ou de lui avoir déplut. Quand nous en avons discuté, quelques semaines plus tard, elle a sourit et m'a assuré... qu'elle ne se souvenait pas de mon appel, ce qui était le signe que je n'avais pas commis d'impair.
Mais j'ai aussi du mal à appeler les médecins par peur du rendez vous à venir (anticipation anxieuse). Parfois parce que c'est la première fois que je m'y rend. Parfois parce que j'ai peur de la façon dont ça va se passer (ainsi un gynécologue qui, de rendez vous en rendez vous me disait en alternance que j'étais "trop à l'écoute de mon corps"... puis "pas assez à l'écoute de mon corps"... ceci résultant de mes tentatives perpétuelles d'"obéir" à ses recommandations).
Sans compter l’appréhension ressentie lorsqu'il s'agit d'annuler un rendez vous. La raison de l'annulation pouvant être un simple report, ou une fin de relations (j'ai trouvé un nouveau dentiste, ces derniers jours, qui me convient mieux que l'ancienne, avec qui j'ai un rendez vous le 18 avril, que je dois annuler... depuis 8 jours que j'ai commencé à faire soigner mes dents ailleurs).

Et puis j'ai du mal à appeler les administrations, la banque, les organismes divers et variés. Même  Pôle Emploi, à l'époque où j'étais inscrite... je préférais prendre la voiture et aller à l'agence, plutôt que d'utiliser mon téléphone.
Pareil, j'ai des papiers de banque à faire corriger (une histoire de domiciliation de compte toujours basée en Charente où je ne vis plus depuis plus d'un an...). Impossible une véritable épreuve que d'appeler. Et plus de 6 minutes d'attente sans résultat m'ont poussée à raccrocher avant d'obtenir un interlocuteur. Il faudra bien que je m'en occupe, pourtant!

Bref, le téléphone, c'est pas ma tasse de thé.
Autant dire que mon forfait mobile de 40 minutes fait surtout gagner de l'argent à mon opérateur.

1 commentaire:

  1. Grâce à toi, je viens de comprendre un peu mieux pourquoi je suis téléphonophobique! Merci!

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Un petit mot, ça fait toujours plaisir...
Mais comme je n'aime ni les machines ni les trolls, je modère tout de même un peu ^^