mardi 12 août 2014

Décompensation

Je dois dire que ça faisait plusieurs mois que ça traînait. Comme un rhume qui est là, qu'on sent, qu'on mouche mais contre lequel on ne fait rien. Jusqu'au jour où la bronchite débarque, pire, la pneumonie.

Mes troubles anxieux généralisés, pour lesquels j'ai une ALD reconnue à la Sécu (Affection de Longue Durée, communément appelée aussi "100%") et une reconnaissance de handicap supérieur à 50%, c'est un peu ce rhume à la con. Des troubles récurrents, gênants, avec j'ai appris à vivre, puisque de toute façon je vis avec depuis toujours. En gros, j'ai appris au fil du temps à compenser, à cacher tout ça, comme une femme de ménage un peu malhonnête qui cache la poussière sous le tapis.

La plupart du temps, mes TAG ne se remarquent pas, je vis plutôt bien. Pendant à peu près 30 ans, bon, j'ai eu des phases dépressives vraiment pas top, j'ai développée une phobie sociale de plus en plus invalidante, mais bof quoi! rien de "grave", qui fasse de moi une "malade". J'avais des mécanismes de défense plus ou moins au point qui me permettaient de faire face et de faire semblant d'aller bien, d'avoir "pieds". J'avais des ressources de protection, genre mon homme à moi. Sauf que mon homme à moi est de plus en plus dépendante et que du coup mon équilibre était de plus en plus précaire. J'ai perdues les choses, les repères qui me permettaient de compenser mon mal être profond.

Tout ça m'a pêté à la gueule.
Enfin, nous, parce que moi, mon mari, nos familles, on est tous dans le même bateau. Mais mon mari plus que les autres, quand même.

La décompensation en matière psychiatrique, que ce soit en matière de névrose ou de psychose, c'est toujours "spectaculaire". Et effrayant. C'est une crise majeure qui marque l'effondrement de l'équilibre qu'on s'était construit. C'est un choc, c'est violent, douloureux.

Chez moi, ça s'est traduit par une grande agitation, de la confusion voire des bouffées délirantes. C'est monté, monté au fil des jours, sur à peu près une semaine, pendant laquelle j'étais persuadée que c'était mon mari qui était confus, délirant, parano...

Aucune vraie prise en charge thérapeutique. Les médecins que j'ai croisés n'ont soit rien vus, parce que focalisés sur mon mari, soient se sont placés eux mêmes en position d'impuissance parce que, bien que voulant m'aider (via une hospitalisation), ils ne suggéraient aucune aide pour mon mari, qui, je le rappelle, souffre d'une maladie neurodégénérative qui le rend dépendant des autres, car son invalidité dépasse largement les 80%.
Un cauchemar.

Bon. En matière de névrose, la décompensation est le plus souvent transitoire. Même si je me sens très très fatiguée, ça va beaucoup beaucoup mieux. Je ne me cogne plus la tête contre les murs, je ne suis plus paranoïaque et mon sentiment de dépersonnalisation a prit fin.

Mais vendredi 8 aout, les choses étaient très très différentes.
J'ai décompensé de mes Troubles Anxieux Généralisés et fait réaliser à mon mari qu'il ne connaissait rien de ma maladie. La phobie sociale, c'est le sommet visible de l'iceberg. Les TAG, c'est la maladie qui me bouffe par tous les bouts, qui me vide de mon énergie, m'empêche de rien voir de la "vraie" vie, parce que j'ai peur de tout, de la peur qui fait peur aux peureux et surtout, surtout... j'ai peur de moi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un petit mot, ça fait toujours plaisir...
Mais comme je n'aime ni les machines ni les trolls, je modère tout de même un peu ^^