samedi 9 février 2019

(In)confortable anesthésie des émotions

Quand j'étais en cinquième, je suis allée voir avec ma classe le film "Edward aux mains d'argent".
J'ai adoré le film.
J'ai détesté le retour en bus.

J'avais profondément ressenti le film, et surtout l'allégorie de la Différence, de tout ce qu'elle suscite comme réactions chez les Autres... mais qui plonge dans la solitude.
Je ne souhaite pas écrire mon analyse du film, qui reste un des meilleurs de Tim Burton à mes yeux.
Ce que j'ai éprouvé ce jour là, a été explosif. Libérateur par certains aspects, mais "destructeur" dans l'immédiat pour moi.
Tout du long du trajet en bus (une vingtaine de minutes), j'ai pleuré.
Que je puisse être émue à ce point par un film dépassait totalement mes camarades de classe. D'où une réaction immédiate : la moquerie.

J'en ai beaucoup souffert. Ce jour là, et d'autres encore.
L'incompréhension de mes pairs face à mon hypersensibilité m'a amené à me "blinder", pour ne plus rien ressentir, parce que je savais que j'étais dans des extrêmes. Bien sûr, je ne me l'expliquais pas ainsi à l'époque.
J'ai souffert, alors j'ai réagi pour (essayer de) ne plus souffrir du regard des autres.

Ces dernières années, je me suis réfugiée derrière plusieurs blindages pour ne pas ressentir trop de choses. Non pas pour me protéger des autres, mais bien de moi.

En effet, plus le temps passe, et plus je me sens sensible.
Par certains aspects, c'est formidable.
Formidable de pouvoir ressentir des émotions à la lecture d'un roman ou au visionnage d'un film, l'écoute d'un reportage ou tout autre média...
Terrible parce que parfois c'est violent et éreintant.

Je sors d'une séance de ciné.
"Les Invisibles".
Je ne serais pas la seule à avoir été profondément émue par ce film.
Bon j'étais la seule à sortir de la salle en larmes.

Première pensée qui me soit venue, au volant de ma voiture : je passe beaucoup (vraiment beaucoup trop) de temps à jouer à un jeu féérique sur mon PC ces derniers mois (mais avant ça, c'était autre chose) pour une raison... Ne pas penser, surtout, ne pas ressentir (le monde, les gens, les événements, les petits "rien", les minuscules "tout"... ne pas me laisser effleurer par les mille et unes choses que la plupart des gens ne ressentent pas. Qui me bouleversent, me chavirent, me révoltent, me basculent dans la quatrième dimension, me titillent, m’agacent, me transcendent...

Technique utilisée en pure perte: lorsque mon quotidien laisse une place à l'imprévu, à l'imprévisible, aux situations émotionnellement incontrôlées, les choses prennent soudain toute la place. Les émotions, agréables ou désagréables prennent le dessus.

Je crois même qu'à faire l'autruche, j'empêche l'agréable d'émerger, au profit de désagréable.

Il est temps que je réapprenne à m'émerveiller.

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