mercredi 21 novembre 2012

Bouleversement ?

Nous marchions tous les deux. Lui avec son pas rapide mais court, saccadé, la jambe droite malhabile. Le bras droit replié au niveau des côtes, main serrée. J'étais avec lui, je le regardais et je pensais que je l'aimais très fort. Je l'aime très fort, et ça continuera.
Nous allions voir un nouveau neurologue, une nouvelle neurologue, pour être toute à fait exacte. Après plusieurs mois de consultations chez un confrère qui avait finit par affirmer avoir "épuisée sa science", nous allions en voir une autre.

Arrivés dans l'immeuble, nous n'étions pas trop sûrs du bon étage, de la bonne porte, mais nous y sommes bien arrivés.
Elle était en retard.
L'atmosphère de l'appartement /cabinet était tranquille, sereine. Vieillote mais pas trop. Avec des sièges pour tous les gouts et des magazines dans la même veine, y compris un étrange numéro de Géo en allemand.

Quand ça a été notre tour, il est rentré dans le cabinet de ce pas mal assuré, pas vraiment chancelant, mais plein d'à coups. Ensuite elle nous a écoutés, l'a examiné, et avec son sourire et sa bonne humeur, sans faire traîner les choses, elle a affirmée sa conviction.

Parkinson "plus".
Une maladie de Parkinson atypique, avec des symptômes en plus, et qui ne touche que le coté droit du corps.

Nous étions soulagés, bizarrement, après ces derniers mois de doute.

On va pouvoir mettre en branle la machine des soins. Quelques examens complémentaires, un suivi, de la kiné, une consultation à Toulouse...

Et recommencer à vivre, j'espère.

Et je vais pouvoir lâcher la grappe à tout le monde avec "mon mari".


samedi 10 novembre 2012

"Mais comment on a pu passer à coté de tout ça?!?"

C'est la question que se pose régulièrement ma mère depuis le mois de février 2012. Quand nous parlons toutes les deux de mes problèmes et du passé, elle se sent régulièrement coupable, elle cherche à comprendre pourquoi elle n'a pas su comprendre, elle n'a pas pu voir tout ce mal-être qui m'emplissait de manière croissante depuis ma préadolescence. Jusqu'à me vider de tout le reste, de l'amour, des sentiments, des sensations, avant que je ne remonte heureusement à la surface.
Alors oui, pourquoi ?
Eh bien il faut être honnête : parce que je le cachais !
J'avais honte de la plupart de mes difficultés avec les autres, alors je les glissais sous le tapis. J'avais honte de me réfugier dans la bouffe, alors je le cachais. Et puis je me sentais nulle de ne pas savoir affronter la vie "comme les autres", alors je le cachais. J'avais peur de décevoir mes parents, alors je cachais tout ça. Me le cachais même à moi même, alors il ne restait que la souffrance, la colère, et les autres, mes parents, ma soeur, tout le monde, ils n'avaient que ça a voir.
Le reste, et bien je me disais que c'était normal, et que donc c'était moi qui ne l'étais pas, de ne pas le supporter. Donc j'avais honte.

Tout ça pour dire qu'après des années de rancœurs envers mes parents de ne pas avoir vu, je me suis réconciliée avec eux. Avec moi aussi. Ils ne pouvaient pas voir, parce que je faisais tout pour me protéger des autres, de tout le monde, et même d'eux.

Quelque part je me sens coupable.

Mais plus que tout, je commence à me sentir libre !
Libre de moi-même, de mes peurs, de mes entraves autoconstituées.

Un jalon de plus sur le chemin.