jeudi 10 novembre 2011

Partie dans le vent de novembre...

La dernière fois que je l'ai vue, elle s'agrippait à la vie comme aux barrières de son lit. Elle avait manifesté de la joie en nous voyant, mais s'était vite abîmée dans sa survie, essayant de tenir éloignée la douleur de son corps, l'effaçant dans le sommeil. Plusieurs fois elle nous avait exhortés à partir, en nous disant simplement "vous reviendrez". Quelque part, je la voyais petite fille, agrippée à une barrière toute autre, dans un pré, aux prise d'un vent de novembre plus fort qu'elle. Je ne sais d'où cette image me venait. Je ne l'ai jamais connue ainsi.

Je me souviens des dimanches heureux passés là-bas, chez elle, chez eux... Les dimanches d'hiver où nous allions déjeuner avec mes parents, d'un lapin sauté, d'une pâtisserie de fête qu'elle achetait exprès, alors que son diabète l'empêchait déjà d'y gouter. Au gouter, on prenait une tisane de verveine avec un peu de miel, et des framboises décongelées, avec des petits gâteaux. L'arôme des fruits cueillis au cœur de la saison, mélangé aux Pépitos et aux Petits Cœurs.
Des souvenirs à la pelle... les vacances là bas, en Charente, chez mes grands-parents. On allait ramasser les œufs au poulailler, ramasser des framboises, des figues, des noix, des grenades, selon la saison. On montait dans le grenier du garage avec ma sœur et on se jetait dans les tas de paille. On jouait au croquet dans le jardin. On préparait des flans en sachet dans des petits ramequins blancs qui sont imprimés dans ma mémoire. On soignait les lapins.
Oui des souvenirs à la pelle.

Et une affection grandissante entre ma grand-mère et moi, en 2003, quand grand-père est partit avant elle. Je me suis occupée d'elle, et de là est né mon besoin d'aider les autres, de travailler auprès des personnes âgées. Grâce à elle j'ai découvert en moi cette patience et cette empathie qui me font désirer d'exercer ce métier tourné vers les autres.

Au fil des ans, elle m'a vue aller mieux, sortir de ma dépression, et elle a su voir le rôle que tenait mon mari dans cette transformation. Elle l'a aimé, dès le premier jour. Nous étions ses enfants. Elle nous aimait. Nous l'aimions.

Elle va me manquer très fort.

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