mardi 16 janvier 2018

"Ne me puni pas si je vais mal"

"Ne me puni pas si je vais mal."
💱
Une phrase qui peut sembler absurde et ridicule.
Pourtant je l'ai sortie (non sans mal) Ă  mon copain.
😬
Depuis quand serait-ce une faute que d'ĂȘtre en dĂ©tresse psychologique ?
Pour moi, c'est malheureusement Ă©vident.

Certaines personnes pensent (et ne manquent pas de partager leur point de vue sur la question) que les troubles psychiques sont, avant tout, une question de volontĂ©. Partant de lĂ , si elles ont affaire Ă  des anxieux ou des dĂ©pressifs, elles vont ĂȘtre facilement enclines Ă  juger que ces troubles ressortent, en quelque sorte, de la responsabilitĂ© de ceux qui en souffrent. En effet, selon une vision pareille des choses, si les "malades" faisaient preuve de davantage de "volontĂ©", ils iraient forcĂ©ment mieux.
Avec un tel raisonnement, de victime (d'un trouble psychique), on passe au statut de coupable.
Or on punit les coupables, c'est bien connu.
😒
Ces personnes, qui voient dans les malades de troubles anxieux divers des gens responsables de leurs propres maux sont bien souvent persuadées qu'anxieux et dépressifs sont avant tout des faibles.
Quant à elles, elles ont "de la volonté" et un caractÚre bien forgé.
Ces personnes "détiennent" leurs "vérités".

Or, au cours d'une bonne décennie j'ai cÎtoyé et cohabité avec des personnes de cette "trempe".
Imbues d'elles-mĂȘmes, persuadĂ©es que, non seulement je ne faisais pas assez d'efforts contre mes perceptions et Ă©motions nĂ©gatives mais que,surtout, je m'y complaisais.
En effet il semblerait que l'aspect gĂ©nĂ©ralisĂ© et pĂ©renne de mon malaise psychologique ne soit aux yeux de certains, qu'un subterfuge destinĂ© Ă  ĂȘtre plainte et faire l'objet d'une attention accrue.

Si vous faites partie de ces gens là, je ne vous envie pas. En effet, si un jour vous vous retrouvez confronté à un malaise de nature psychique, la lutte risque de s'avérer difficile. Pas impossible ni ingérable, mais compliquée.

Je n'ai pas choisi de développer des troubles anxieux sévÚres.
Je n'ai pas choisi de souffrir.
Je n'aime pas vraiment Ă©taler mes affects Ă  mon entourage.
Les professionnels sont lĂ  pour ça. Ceux lĂ  mĂȘmes que les "dĂ©tenteurs de vĂ©ritĂ©s" dĂ©signent parfois comme des "charlatans".
Je prĂ©fĂšre vraiment me confier et ĂȘtre accompagnĂ©e et soutenue par des gens formĂ©s pour ça, plutĂŽt qu'empoisonner la vie de ma famille, amis et connaissances...

Ce qui est fou, sans mauvais jeu de mot, c'est que les tenants de la "volonté" sont souvent réfractaires à l'idée que leurs proches "aillent mal". Il faut comprendre que leur propre volonté omnipotente devrait préserver les autres de ce genre de "travers". Aussi quand on commence à aller tellement mal qu'on fait la chose la plus logique qui soit, et qu'on consulte des professionnels du secteur (des charlatans, donc), la pilule est parfois difficile à avaler.
Ils l'acceptent parfois. À contrecƓur.

Remplis de foi en la force de la volonté, ces personnes sont toxiques pour les personnes souffrant de troubles psychiques. Ce n'est pas peu dire qu'ils font parfois littéralement n'importe quoi vis-à-vis de leurs proches en souffrance.

Parfois, mĂȘme avec une prise en charge adaptĂ©e, les proches malades vivent une brĂšve accalmie, voire ne voient aucune amĂ©lioration, voire mĂȘme, une aggravation des troubles.
Les tenants de la volonté tiennent généralement cela comme une preuve du grand charlatanisme des psychiatres et psychologues. Ceci sans tenir compte du fait qu'ils imposent souvent une telle pression à la personne souffrante, que celle-ci se retrouve déchirée entre le désir d'aller mieux et cette source supplémentaire d'angoisses.
Sans compter les incitations Ă  arrĂȘter les traitements, qui peuvent ĂȘtre de vĂ©ritables catastrophes dans un parcours thĂ©rapeutique. Les syndromes de manque (benzodiazĂ©pines) ou d'arrĂȘt (anti-dĂ©presseurs) sont des choses trĂšs perturbantes... L'arrĂȘt de neuroleptiques (prescrits aux patients psychotiques) est bien pire.
Pourquoi de tels arrĂȘts dans les traitements et prises en charges?

Parce que dĂšs qu'une amĂ©lioration se fait sentir, les "volontaristes" pressent leurs proches "coupables d'ĂȘtre malades" d'arrĂȘter traitements et thĂ©rapies. En effet, selon eux, une fois l'amĂ©lioration de base amorcĂ©e, la sacro-sainte "volontĂ©" devrait alors suffire Ă  tout un chacun pour "remonter la pente".
Malheureusement, les troubles chroniques ne fonctionnent pas comme ça.
Qu'il s'agisse de névroses ou de psychoses.
J'ai toujours été inquiÚte et anxieuse, d'aussi loin que remontent mes souvenirs.
Croire que je pourrais guérir serait illusoire.
Je peux trouver un équilibre satisfaisant et pérenne, à condition de respecter mes besoins.
Mes besoins me sont spécifiques, parce-que je suis unique. Ils sont susceptibles d'évoluer dans le temps, parce-que l'esprit humain est en mouvement.
Les gens changent.
Je change, j'Ă©volue.

J'ai connu des pĂ©riodes oĂč j'allais bien.
Vraiment bien.

Ces derniers mois, je traverse des choses qui me déstabilisent vraiment et m'amÚnent à revoir ma façon de gérer les choses.

Au printemps 2016 j'avais fais le choix d'arrĂȘter la paroxĂ©tine (gĂ©nĂ©rique du Deroxat).
Aujourd'hui, je souhaiterais ĂȘtre remise sous escitalopram (gĂ©nĂ©rique du Seroplex).
Les deux sont des antidépresseurs, je précise.
Il s'agit des molécules de premiÚre intention dans le traitement de fond des troubles anxieux généralisés.

Je prends actuellement du PrazĂ©pam, qui est une benzodiazĂ©pine Ă  visĂ©e anxiolytique,  mais ce n'est pas un traitement de fond adaptĂ© Ă  ma pathologie.
En outre les benzodiazĂ©pines altĂšrent notablement le bon fonctionnement de la mĂ©moire  (y compris la concentration).

Bref. Contrairement Ă  ce que des obsĂ©dĂ©s de la "volontĂ©" ont essayĂ© de me faire croire Ă  une certaine Ă©poque, pour gĂ©rer mes troubles anxieux, mĂȘme en ayant une attitude volontaire et en faisant preuve d'une rĂ©elle implication, l'appui de professionnels de santĂ© reste trĂšs important.
Par ailleurs, quand les choses filent vers la chute libre, les médicaments restent utiles, à condition qu'ils soient bien choisis et qu'un suivi adéquat accompagne la prescription.

Cependant, prendre un antidépresseur ne fait pas tout.
Croire que tout va aller mieux parce-que on avale 10 Ă  20mg d'une substance ne fait pas voir la vie en rose. Par contre, ça aide gĂ©nĂ©ralement Ă  sortir le parachute et arrĂȘter de tomber. Le but c'est de se remettre sur les rails, pas de planer.

Je vais aller mieux.
Pour moi.
Pour me sentir bien avec les autres, aussi.
😅

1 commentaire:

  1. C'est tout à fait vrai, trop de gens pensent à tord que la dépression ou l'anxiété sont imputables aux "faibles" qui manquent de surcroit de volonté. Penser cela les arrange, c'est tellement plus simple de nier ce qu'ils ignorent tout en valorisant leur orgueil en se proclamant "fort".
    Pour ma part je ne souhaite à personne de vivre des troubles anxieux chroniques ou dépressions sévÚres, sauf, je dois l'avouer, à tous ceux qui me jugent avec véhémence.

    Bon courage Ă  toi.

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