La métathésiophobie (peur du changement) est fréquente chez les personnes neuroatypiques, en particulier celles avec un Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA), en raison de leur mode de fonctionnement cognitif et sensoriel différent.
Pour ces personnes, le changement représente une source majeure d'anxiété et de surcharge cognitive, et non simplement une aversion.
Causes principales chez les personnes neuroatypiques
1. Le besoin de routine et de prévisibilité (TSA) 🧠
Chez les personnes autistes, la rigidité cognitive et le besoin de routines sont souvent des critères de diagnostic. Le besoin de routine et de prévisibilité est fondamental car il :
Crée un cadre sécurisant : Dans un environnement social et sensoriel qui peut être chaotique et imprévisible pour elles, les routines et la stabilité offrent un sentiment de contrôle et de sécurité essentiel.
Réduit la charge cognitive : Le cerveau neuroatypique (TSA) peut avoir du mal à filtrer les stimuli ou à traiter l'information rapidement lors de situations nouvelles. La routine permet d'économiser de l'énergie mentale en automatisant les actions et les attentes.
Difficulté d'adaptation : Le changement, même mineur (modification d'horaire, changement de parcours, nouvel objet), force l'individu à reconfigurer tout son cadre de référence, ce qui peut provoquer une intense déstabilisation et de l'angoisse allant jusqu'à la crise d'angoisse (meltdown) ou le retrait (shutdown).
2. Surcharge sensorielle et anxiété (TSA et TDAH) 💥
Les personnes neuroatypiques présentent souvent une hypersensibilité ou une hyposensibilité sensorielle (aux bruits, lumières, textures).
Changement = Imprévisibilité sensorielle : Un nouvel environnement ou un changement dans un environnement connu (un nouvel agencement, une nouvelle personne, un retard) introduit des stimuli inconnus et incontrôlables.
Le cerveau ne peut pas les anticiper ni les filtrer efficacement, menant à une surcharge sensorielle intense qui est extrêmement angoissante. L'évitement du changement devient alors un mécanisme de défense pour maintenir un environnement sensoriel stable et tolérable.
3. Difficultés des fonctions exécutives (TSA, TDAH, DYS) 💡
La neuroatypie implique souvent des particularités dans les fonctions exécutives (les processus cognitifs qui gèrent la planification, l'organisation et l'adaptation à la nouveauté).
Planification et priorisation : Le changement nécessite de la flexibilité cognitive et une capacité à gérer les priorités (planifier les étapes du changement, organiser de nouvelles informations). Ces fonctions peuvent être moins efficaces, rendant l'idée même de s'adapter ou de planifier un changement écrasante.
Anxiété d'incompétence : L'anticipation de ne pas pouvoir gérer la situation nouvelle, d'échouer à s'adapter ou d'être jugé peut générer une forte anxiété d'anticipation, alimentant la peur du changement.
En conclusion, la métathésiophobie chez les neuroatypiques est la conséquence directe d'un besoin biologique de stabilité pour réguler un système nerveux souvent en surcharge et pour compenser des difficultés inhérentes aux fonctions d'adaptation.
L'atélophobie (la peur de l'imperfection, de ne pas être assez bien ou à la hauteur) est également très fréquente chez les personnes neuroatypiques (TSA, TDAH, HPI, etc.). Elle se manifeste souvent comme une conséquence psychologique du décalage et de l'effort constant pour s'adapter à un monde neurotypique.
Contrairement à la métathésiophobie qui est liée au besoin de stabilité physique et cognitive, l'atélophobie dans ce contexte est davantage une réponse à l'environnement social et une stratégie de compensation interne.
Causes du perfectionnisme phobique chez les neuroatypiques
1. Le "Masque Social" et la Peur du Jugement (Camouflage) 🎭
De nombreuses personnes neuroatypiques développent des stratégies de camouflage (ou masking) pour se fondre dans la masse, cacher leurs difficultés ou leurs particularités.
L'armure du perfectionnisme : Le perfectionnisme est souvent une stratégie de suradaptation pour éviter d'être jugé, rejeté, ou d'attirer l'attention sur leur "décalage".
Prouver sa valeur : L'individu cherche à prouver, par une exécution irréprochable (parfois impossible), qu'il est compétent, malgré ses différences, ce qui peut mener à l'atélophobie, la peur pathologique de l'erreur.
Anxiété sociale : Les neuroatypiques ressentent fréquemment une anxiété sociale intense, car ils ont conscience de leurs difficultés à décoder les codes implicites ou à communiquer de manière "appropriée". L'atélophobie devient alors un moyen de minimiser les risques de faire une "gaffe" sociale ou professionnelle.
2. Hypersensibilité à la Critique et Faible Estime de Soi 💔
Le parcours de vie des personnes neuroatypiques est souvent jalonné de malentendus, de critiques et de rejets liés à leur fonctionnement.
Intériorisation de la critique : Ils peuvent être hypersensibles à la critique (qu'elle soit perçue ou réelle) et développer une mauvaise estime de soi, renforçant la conviction qu'ils ne sont "jamais assez bien".
Hypervigilance : L'atélophobie se traduit par une hypervigilance constante face à la possibilité de faire des erreurs, ce qui consomme une énergie mentale colossale et mène souvent à l'épuisement (burn-out neuroatypique).
3. Exigence Cognitive (HPI et TSA) 🔍
Chez les profils à Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ou les personnes avec TSA, le perfectionnisme peut aussi découler de leur mode de pensée.
Pensée en arborescence/Globale (HPI) : Le HPI a une pensée qui tend vers l'exhaustivité et l'anticipation des problèmes, le poussant à vouloir maîtriser un sujet dans tous ses détails, rendant la notion d'un résultat simplement "suffisant" inacceptable.
Attention aux détails (TSA) : Le mode de traitement de l'information dans le TSA est souvent caractérisé par une attention supérieure aux détails et aux incohérences, ce qui rend l'individu particulièrement sensible aux erreurs ou aux imperfections (les siennes ou celles de l'environnement).
L'atélophobie se manifeste concrètement par la procrastination (ne rien faire plutôt que faire mal), l'évitement des tâches nouvelles ou complexes, et la difficulté à lâcher prise.
Ce sujet est étroitement lié aux troubles anxieux, qui ont une fréquence élevée parmi les personnes neuroatypiques, en particulier celles avec un TDAH (environ 30 % de comorbidité).
Il est important de comprendre l'anxiété chez les personnes neuroatypiques : L'anxiété chez les personnes neuroatypiques : c'est quoi et comment la gérer ?.
Ce que vous décrivez est cohérent avec une anxiété de performance et de gestion cognitive plutôt qu'une anxiété sociale ou émotionnelle classique.
Ce phénomène est d'autant plus troublant qu'il remet en question les étiquettes qui vous ont été jusqu'ici appliquées..
Voici l'analyse de cette distinction :
1. La Nature de l'Anxiété : Fonctionnelle vs. Émotionnelle
Dans le contexte neuroatypique (particulièrement TDA/H, TSA, et HPI) :
2. Le Lien avec les Fonctions Exécutives (TDA/H et TSA)
Le fait de craindre de ne pas réussir à gérer correctement une situation est le cœur des difficultés liées aux fonctions exécutives (planification, organisation, mémoire de travail, régulation de l'effort).
TDA/H : Une personne avec un TDA/H peut avoir besoin de mobiliser une quantité d'énergie mentale disproportionnée pour des tâches simples (commencer un travail, planifier la journée, gérer le temps). L'anxiété vient de l'anticipation de cet effort épuisant et de la certitude qu'elle va potentiellement échouer ou se sentir submergée.
TSA : La peur d'une situation nouvelle ou imprévisible n'est pas tant liée à la peur des autres, mais à la certitude que cette situation va entraîner une surcharge cognitive ou sensorielle (trop de bruit, trop d'informations complexes à traiter) qui va mener à l'épuisement.
L'Énergie comme Ressource Limitée : Votre crainte de "ne pas le faire d'une manière qui préserve [votre] énergie" est un indicateur fort que votre cerveau fonctionne avec une charge mentale de base supérieure à la norme (la nécessité du "masque social," du camouflage ou de l'hypervigilance). L'anxiété est un signal que vos ressources sont au bord de la rupture.
3. Les Signaux Physiques sans Anxiété Émotionnelle (Alexithymie)
Vous mentionnez souffrir de troubles anxieux au niveau physique, mais pas nécessairement au niveau psychologique. Cela peut pointer vers un phénomène :
L'Alexithymie : Comme mentionné précédemment, la difficulté à nommer ou ressentir l'émotion peut faire que le cerveau "court-circuite" la prise de conscience psychologique. Votre corps (tension musculaire, maux de ventre, tachycardie) exprime l'anxiété de gestion avant même que vous n'ayez une pensée étiquetée "peur".
Conclusion : La Déconstruction des Étiquettes
Votre prise de conscience est essentielle : elle vous permet de distinguer l'anxiété utile (un signal de votre système nerveux vous disant : attention, cette tâche va nécessiter trop d'énergie) des peurs irrationnelles.
Vous ne vous "noyez pas dans un verre d'eau" ; vous constatez que la structure de l'activité demande une charge cognitive équivalente à une piscine olympique pour votre fonctionnement interne.
Ce n'est pas une question de faiblesse morale ou de personnalité, mais une question de gestion des ressources cognitives.
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Mais comme je n'aime ni les machines ni les trolls, je modère tout de même un peu ^^