C'était hier matin.
J'avais vu mon psychiatre à 9h et j'avais rendez-vous avec ma conseillère de Raisons de plus.
Nous évoquions mes freins devant l'emploi, mais aussi les possibilités offertes par les thérapies cognitives et comportementales, ainsi que quelques-uns de mes événements de vie récents.
Lesquels?
Une soirée près de Cholet le 13 septembre dernier, où j'ai été incommodée par le comportement irrespectueux d'une connaissance (ostracisation de sa part à mon encontre, sans tenir compte de sa prise à témoin -et en tenaille- d'amis communs); lors de cette même soirée, j'ai vécu deux petites crises d'angoisse, davantage liées à l'environnement sensoriel qu'à toute autre chose plus irrationnelle).
L'autre événement, il remonte simplement à samedi 27 septembre. Il s'agissait d'un Munch organisé au Gros Corbeau (un bar à jeux d'Angoulême). Il s'agit d'un moment de rencontres entre personnes ayant pour intérêt le BDSM, ces personnes peuvent être des personnes impliqués dans la pratique ou dans des relations, ou simplement des personnes qui montrent un intérêt pour ce style d'expressions relationnelles et de pratiques sexuelles. C'est un moment dédié à l'expression et à la mise en relation sociale. On y discute et échange de points de vue et des expériences, mais on ne pratique pas.
Ces deux moments intenses ont mis en lumière divers problèmes que je vis de façon quasi permanente: mes difficultés sensorielles et mes difficultés dans les habiletés sociales.
J'ai peu de peurs irrationnelles concernant les tiers. Ils pensent ce qu'ils veulent, qu'importe.
En revanche, je veille beaucoup sur mes sensibilités sensorielles (vue, audition, toucher...).
Je dois rester vigilante quant à ma perception des autres, aussi (mauvais repérage des expressions, difficultés à régler le curseur du trop/trop peu d'échanges verbaux). Mes habiletés sociales se sont améliorées avec le temps, mais j'ai encore de gros ratés, que j'assume cependant avec beaucoup d'humour et d'autodérision.
Il est difficile de reproduire à l'écrit le déroulé psychologique de la matinée d'hier.
Ce qui est évident, c'est que mes grandes phobies (métathésiophobie et atélophobie; c'est à dire peur des nouveautés et de ne pas me comporter correctement) sont directement liées non pas à des pensées automatiques mais à des difficultés sensorielles perceptives qui ont un impact direct sur mon fonctionnement d'être humain.
La gestion des volumes d'un espace, son acoustique, sa luminosité, la température ou l'hygrométrie qui y règnent ont un impact important sur mon état nerveux général.
C'est également le cas de l'attitude des gens, de leur façon de parler ou de s'exprimer verbalement et non verbalement.
Ce sont des choses compliquées à gérer pour moi, depuis toujours.
J'ai donc mis en place des évitements qui me protègent de la surcharge nerveuse.
Les problèmes que j'éprouve sont bien moins psychiques que physiques et sensoriels.
Je le savais déjà, d'une certaine façon.
Les échanges d'hier m'ont cependant amenée à regarder avec plus d'acuité l'importance de cette affirmation liée non à une déformation d'idées mais à un fonctionnement sensitif et nerveux spécifique, intrinsèque, avec lequel je m'efforce de vivre au mieux.
Mon confort sensoriel est ultra important.
Ma sécurité nerveuse en dépend. Elle dépend aussi de mes interactions avec les autres êtres humains et je me dois une certaine vigilance pour m'éviter des situations dans lesquelles il y a à la fois trop de stimuli sensoriels et trop de signaux sociaux que je ne suis pas toujours en mesure de comprendre ou analyser.
Mes "phobies" ne reposent pas sur des pensées irrationnelles mais sur une sorte de pragmatisme sensoriel. J'ai peu de pensées automatique irrationnelles parce que je suis avant tout influencée par une anxiété sensorielle, proprioceptive. Le malaise nait non pas d'une inquiétude mais de situations dans lesquelles je me retrouve en surcharge.
J'ai du mal à l'expliquer par écrit, en fin de compte.
Je ressens les choses, les gens, l'environnement, les situations. Trop, parfois. C'est douloureux physiquement et nerveusement, mais pas forcément mentalement.
Mentalement, ce qui est douloureux, c'est de me sentir épuisée ou déprimée. L'anxiété n'est pas vraiment un problème en soit, car elle n'est que la conséquence de la surcharge sensorielle ou de l'anticipation de celle-ci.
Avec des stratégies d'adaptation adéquates, je peux tout faire. Si j'ai envie.