mardi 14 juin 2011

Distorsions cognitives...


Je voudrais tant apprendre à vivre...
J'évolue dans une vie que je ne vis pas, dans laquelle je suis enfermée, comprimée, prisonnière. Je ne sais rien de la vie, de la façon de faire les choses. J'ai peur de tout et de tout le monde.

Quand quelqu'un me montre un peu d'attention, de bienveillance, je ne peux m'empêcher de me répandre, d'exprimer mes angoisses, et je détruit du même coup mon image face à cette personne, je me montre fragile, déséquilibrée, en proie aux doutes et à l'incertitude. Difficile de se construire dans ces circonstances, d'apprendre à avoir confiance en moi, quand je fais passer aux autres le message "je ne suis rien, je suis nulle, incompétente".
Face à un conseiller Pôle Emploi, passe encore... Face à un DRH, ça risque de poser des problèmes. Malheureusement c'est plus fort que moi : face à quelqu'un de gentil, je suis submergée et je perd tous mes moyens, toute ma raison, je me transforme en petite fille plaintive qui a peur du monde et j'exprime (trop) librement mes doutes et appréhensions.
Mais face à une figure d'autorité, face à quelqu'un d'un peu antipathique, c'est tellement différent... là je garde mon assurance, je garde le masque de l'illusionniste, et j'avance à grands pas... pour mieux me retrouver confrontée à mes angoisses.
L'enjeu est vicié... c'est échouer et être déçue d'avoir échouer, ou réussir, et être confrontée à de nouvelles angoisses, à de nouveaux enjeux de performance, et donc à de plus grands risques. Ainsi ai-je parfois le sentiment qu'il vaut mieux être exclue dès le début, plutôt que de prendre le risque de devoir ensuite passer par toute une palette d'émotions négatives, du fait de mon anxiété de performance.

De toute façon, que je réussisse ou que j'échoue au rituel de passage, je reste submergée par mon sentiment d'incompétence totale, tant sociale que professionnelle.

Le problème c'est que cette opposition entre les enjeux de la réussite ou de l'échec me conduit à un blocage dans mes actions. J'anticipe tant les angoisses dues à une réussite que j'ai parfois tendance à choisir le renoncement. Sans compter les fois où je me regarde impuissante réduire mes chances à zéro, face à quelqu'un d'un peu trop gentil pour mon bien. Ensuite, il est trop tard pour me ressaisir. Je passe des heures, des jours, voire des années à me reprocher d'avoir dit ça, ou fait ça, que vraiment je suis trop conne, et que j'ai tout fait pour échouer ne pas réussir (les implications psychologiques ne sont pas les mêmes).

Je voudrais apprendre à vivre sans cette dichotomie permanente, cette opposition entre ce que je sais et ce que je crois ou ressens... Cette opposition paradoxale qui fait que je me sens incapable de rien faire, que je me trouve incompétente et nulle, tout en sachant que je suis capable de plein de choses.
En moi deux savoirs se télescopent : le rationnel basé sur les faits, les expériences, et l'irrationnel, les sentiments, les angoisses, qui aboutissent à un savoir erroné, irrationnel, et invalidant.

Le meilleur exemple de cette opposition m'a été donné quand j'ai passée ma licence de droit. Un des exercices "majeurs" des études juridiques est le commentaire d'arrêt. Je déteste ça. J'éprouve de très grandes difficultés à analyser des arrêts que, par ailleurs, j'ai souvent grand mal à comprendre. Alors les analyser, les décortiquer, les mettre en parallèle avec une jurisprudence dont les enjeux fuient désespérément mon esprit, c'est une tâche épouvantable pour moi. Mon cauchemars. Je ne cesse de me demander comment j'ai pu obtenir une licence de droit en ne sachant pas faire de commentaire d'arrêt. Car j'ai cette conviction, profondément ancrée en moi : je ne sais pas, je n'ai jamais su, et je ne saurais jamais faire de commentaire d'arrêt.
Le hic?
En Droit Communautaire, en 3ème année, j'ai décroché un superbe 13/20 à un commentaire d'arrêt. Preuve par l'exemple que je sais faire un commentaire d'arrêt.
Oui mais non.
Je sais que je ne sais pas, mais je sais que je sais.
Bang!
Je sais que l'une des affirmations est erronée (il est faux que je ne sais pas...).
Mais j'ai la conviction que l'autre est une aberration (il n'est absolument pas possible que je sache faire cet exercice).

En psychologie, on appelle ça une distorsion cognitive : une déformation inconsciente de la réalité, qui s'exprime sous forme d'interprétations et de prévisions négatives, et concernant (malheureusement) les évènements de tous les jours.
Autant dire que ma vie est tiraillée en permanence par ces distorsions.


Les pensées dysfonctionnelles oblitèrent une partie de ma perception du monde. L'éclipse me semble donc être une métaphore appropriée. L'iceberg, aussi, avec sa petite partie visible de tous, et la face cachée, immense et dangereuse.


Liens relatifs aux problèmes de distorsion cognitive :

dimanche 5 juin 2011

Fatigue...

Souvent, je suis fatiguée...

D'une fatigue venue d'une nuit agitée, sans sommeil ou emplie de cauchemars, voire de nul part, apparue comme ça, portée par les jours et par les nuits, encore et encore... Peu importe l'origine.
De toute façon je dors mal en général, et même quand j'ai "bien dormi", je me réveille généralement fatiguée.
J'en ai l'habitude, je n'en fais pas tout un plat. En mon fort intérieur, je me sens "au bord de l'épuisement", mais qu'est ce que ça peut faire, quand c'est ainsi, jour après jour. Passé un certain stade, la pleine forme est l'exception, et je fini par ne plus me focaliser sur ma fatigue ordinaire.

Cependant je supporte toujours très mal que ce soit les autres qui me fassent remarquer ma fatigue. Je le ressens très mal, comme une critique, une agression. J'ai l'impression parfois qu'ils sont gênés par ma fatigue, d'une façon proche de l'intolérance. Comme s'ils sous entendaient que je ne fais aucun effort pour être autrement.
Je sais que dans ces cas là, j'interprète plus que je ne perçois vraiment les choses. Je suis alors pleine d'a priori négatifs du genre "ils me font remarquer ça, c'est parce que ça les dérange"...
J'ai souvent l'impression que les autres, les gens, ce n'est pas pour moi qu'ils voudraient que je sois en pleine forme, mais pour eux, pour leur confort à eux.
Ce sentiment, cette impression me met une pression épouvantable. Alors je suis encore plus agacée et j'ai envie de les renvoyer paître hors de mon univers.

La plupart du temps, je suis fatiguée sans raison évidente, sans cause particulière, et je déteste qu'on me fasse remarquer le caractère anormal de cette fatigue, et finalement, qu'on me reproche quasiment cet état.

Ce sentiment est très ancien. J'ai pris l'habitude il y a bien longtemps de ne plus répondre à la question bateau "ça va?" que les gens me posaient le matin. Car quand on ne répond pas le traditionnel "ça va bien, merci", s'en suit toutes sortes de question à la con auxquelles, finalement, on a pas vraiment envie de répondre. Alors oui oui, ça va, youpi, je suis en pleine forme. Parce que si je vous dis que non, que je suis fatiguée, que j'en ai marre d'être fatiguée et que quoi que je fasse je reste fatiguée, ça ressemble un peu trop à une plainte, non? Et les gens n'aiment pas quand on se plaint... alors ne pas se plaindre.
De toute façon, me plaindre, c'est pas ça qui me rend plus en forme, moins fatiguée, épuisée, lessivée, alors yesssss! Je suis en super mega top forme!

Et si c'est pas tout à fait vrai dans l'instant, quest ce que ça peut faire, si ça rend les autres heureux!?