samedi 4 juin 2016

Savoir communiquer... ou pas... D'abord, ne pas nuire *_*

Mes billets me viennent toujours d'un événement émotionnellement intense.
Celui-ci n'échappe pas à la règle.

L'histoire est idiote.
C'est l'histoire d'un truc qui semble vraiment évident à une personne, mais à coté de laquelle peut passer totalement une autre, juste parce que les deux n'ont pas les mêmes modes de pensée ou de fonctionnement.

S'il y a une chose que j'ai appris au fil des années, c'est que personne ne peut ni ne doit présumer savoir comment fonctionne un autre individu. Même au sein d'une même famille.

Même si on pense connaître l'autre, même si on pense que certaines choses sont évidentes ou "logiques", elles le sont certainement pour nous, mais pas pour les autres.

Chaque personne est unique.
On peut relever certaines habitudes récurrentes, certains traits de caractère, certaines similitudes d'action par rapport à nous... mais comme chaque personne est unique, on ne peut jamais présumer savoir ce qu'elle vit, ressent, pense, comment elle va agir, etc.

[Attention, passage pour les Geeks]
Étrangement, tout ça me rappelle un épisode de "Fringe", épisode 3, saison 3.
Dans l'univers "alternatif"... titre original, "The Plateau".
Un individu déclenche des événements en se basant sur les probabilités de réactions logiques, mais commet une erreur en présumant qu'Olivia va réagir d'une certaine manière... or Olivia vient de l'univers "original" et du fait de cette différence, n'agit pas du tout selon les présomptions prédicatives du malfaiteur, ce qui permet à Olivia de l'arrêter.
[Fin de la partie télévisuelle]

Dans la vie ordinaire, les choses fonctionnent de la même façon : les présomptions prédicatives ne sont pas forcément en accord avec la réalité, différente de celle qu'on imagine.

Ou "comment laisser moisir du linge dans la machine à laver en pensant que celui qui passe derrière le verra, car c'est évident".

Pourquoi est-ce évident ? Parce que dans le noir, le voyant de la machine à laver luit très clairement. La machine à laver est dans la chaufferie. Il y a une fenêtre avec volet électrique dans la chaufferie. En venant ouvrir le volet électrique, quiconque entrera dans la chaufferie / buanderie verra bien que la machine est allumée.
Ha ? Ha ben oui, mais non... je veux dire c'est pas si évident que ça, en fait...
J'explique :

La plupart des gens ouvrent tous leurs volets le matin et les ferment le soir, dans toutes les pièces.
Me concernant, il m'arrive très régulièrement de ne pas ouvrir certains volets, situés dans des pièces dont je n'ai pas l'usage.
Comme je suis hébergée à titre gratuit dans la résidence secondaire de mes parents (future résidence principale, pour leurs "vieux jours"), je n'ouvre les volets que là où ça me sert à quelque chose : ma chambre, la cuisine, la salle d'eau, le séjour. Le reste ne me concerne pas.

Ce n'est pas par flemme que je n'ouvre pas !
Je ne suis pas gênée par le manque de luminosité (c'est plutôt le contraire) et qui plus est, certains espaces me mettent mal à l'aise.
Ce n'est pas chez moi et je respecte profondément ça.
Si j'étais en collocation, je n'irais pas ouvrir les volet des autres chambres.
Pour moi, la situation est identique.

Puisque je fréquente systématiquement la cuisine, j'y ouvre le volet roulant le matin, pour voir les roses, les chats, les écureuils. Mais je n'ouvre les volets de la porte qu'au moment de sortir.

Comme je ne fréquente que rarement le bureau ou la chambre principale, je n'y ouvre pas toujours les volets. C'est également le cas pour la chaufferie / buanderie, ainsi que pour le couloir de l'ancienne porte d'entrée. Souvent je n'y ouvre pas les volets. Aucun intérêt, aucun inconvénient.

Pour moi c'est cohérent.
Je ne fais entrer la lumière du jour que quand je sais que mon père ou ma mère vont venir.
J'ajouterais même qu'une grande partie du temps le volet roulant de ma propre chambre est fermé ou presque totalement baissé.
Que ça puisse paraître étrange, je m'en bat la bonbonnière.

Coup de bol, ce matin j'ai ouvert le volet dans la chaufferie, car j'avais Aquawork à la salle de sport, et mon maillot était à sécher là...
Alors déjà, je n'ai pas vu d’emblée le voyant de la machine à laver... Mais ouf ! je l'ai quand même vu en venant chercher mon maillot de bain...
Alors là, je me suis dis que, crotte, j'avais encooooore oublié de remettre le bouton de programmes sur "Stop". Même pas vu qu'il y avait quelque chose dans le tambour.
Ha ben ouais, hein, pas si évident que ça, finalement, non ?
Comme je laisse souvent des trucs posés sur le lave linge, bien en évidence, pour qu'ils sèchent et que je pense à les remettre dans mon sac d'aquagym, je les ai cherchés, mais je ne les voyais pas au début. Je me suis agacée parce que mes affaires n'étaient plus sur la machine, mais à coté (je n'aime pas qu'on change mes affaires de place, je suis très chiante à ce sujet)... bordélique mais chiante quand on déplace mon bordel. Le changement, c'est flippant (donc c'est pas maintenant...).
C'est seulement parce que je me suis penchée pour attraper mes affaires que j'ai vu le sac de couchage tout propre et tout essoré à travers la vitre du tambour.
o_O'
...
Je ne communique visiblement pas assez avec les propriétaires des lieux...

Je suis une brêle en communication verbale.
Pendant longtemps, je ne m'en suis pas vraiment rendue compte.
Ces temps ci, ça devient hyper clair.
Ceci dit je ne suis pas forcément très douée pour écrire aux gens, non plus.
C'est pour ça que je parle de moi... ^^'

Je suis un peu trop brute de décoffrage, même quand j’essaye de mettre les formes.
Genre j'énonce un fait qui me dérange (c'est un message à caractère informatif, pas une critique) mais sans trop savoir comment "assaisonner" le truc, alors j'ai un peu trop tendance à être neutre (faute de sel), c'est à dire que je semble froide.
C'est loin d'être le cas.
J'ai souvent très très peur de blesser les autres.
De temps à autre je grille un fusible et ça part tout seul. Je n'aime pas ça.
À force de ne pas dire les choses, j'en ai ras la casquette des "petits trucs agaçants" qui s’amoncellent et me mènent une vie impossible !
Je déteste rentrer à la maison et voir la vaisselle des autres à tremper dans l'évier.
Je n'ai pas envie de faire la vaisselle des autres.

Il m'arrive donc de laisser purement et simplement la vaisselle des autres... aux autres.
Plusieurs jours.
En lavant méticuleusement la mienne en parallèle. J'ai d'ailleurs la mienne à moi. De vaisselle.
Je n'utilise pas la vaisselle de mes parents, sauf au petit déjeuner, parfois.
Quand ça dure trop longtemps et que ça finit par m'encombrer (comme la bassine du bac de droite, qui ne me sert pas, et que je fourre régulièrement sous l'évier), je fais "la vaisselle des autres" et je tend à leur laisser la mienne, par esprit d'échange de mauvaises surprises.

Le message "évident" se voudrait "je fais ma vaisselle, faites la votre."

Sauf qu'en échange on me dit que ça serait sympa de ne pas laisser traîner ma vaisselle trop souvent. Gu ?!?

...
Rien n'est jamais "évident", quand on ne communique pas vraiment.

Dans le même ordre d'idées, je n'aime pas voir la moitié droite du frigo remplie de denrées alimentaires qui se perdent (résidence secondaire, fréquentée régulièrement, mais tout de même, je m'étonne d'une telle profusion). Mon coté (gauche) est moins rempli (et pourtant ça m'énerve quand il y a invasion... je sais, je suis chiante).

Je sais qu'on ne me dira rien si je mange des trucs de droite (du moment que je ne fais pas une razzia complète), mais ça m'agace quand même.
Je ne suis pas responsable de cette émotion.
Je n'ai pas à me sentir coupable de la ressentir ni de l'exprimer.
J'ai une impression de gaspillage (sans doute fausse, mais persistante).

Le vrai problème dans tout ça, c'est que j'ai un "chez moi" où je ne peux pas vivre et des "chez les autres".
Je n'ai pas de "chez moi" possible actuellement.
J'ai le sentiment de n'en avoir jamais eu.
J'ai 34 ans, j'angoisse à la seule idée de travailler à nouveau (là, j'ai la nausée rien que d'y penser, apprendre de nouvelles procédures, interagir avec des gens...), je vis chez mes parents.
Je me sens incapable et ratée.
En plus de ça, je n'arrive pas à me sentir en milieu favorable. Je me sens en milieu hostile, plutôt, et je trouve ça horrible de ressentir un truc pareil.

Quand je suis arrivée dans cette maison, quand mes parents l'ont achetée, mon père me disait que c'était avant tout un investissement pour leurs "vieux jours". Mon père parlait de "10-15 ans" avant de l'occuper vraiment. D'une éventuelle location à une étudiante.
Au programme d'ici là : remise en état du terrain et aménagement de la maison, des passages épisodiques de mes parents, de temps en temps. Et mon hébergement en attendant que je puisse retourner à mon vrai domicile.

Sauf que je me suis absentée un certain temps de la "TG", hébergée à la campagne par un ami, pendant une enfilade de mois... avant de revenir à la TG (abréviation de la trèèèèès longue rue). En mon "absence de présence", un certain nombre de choses avait changé.
Les habitudes de ma maman, surtout.
La maison est certes plus confortable, mais les parties communes sont devenues bien plus anxiogènes pour moi.
C'est moins neutre. C'est con à écrire, et à lire. J'aime ce qui est neutre.

L'autre vrai problème est que j'ai tendance à ne rien dire quant aux gênes que tout ça m'occasionne, parce que je me considère moi même comme une gêne pour les autres, un poids mort, un boulet.

Il y a une citation sur la franchise que je n'aime pas...
"La sincérité, c'est le projecteur sous lequel on prend des poses. La franchise, c'est l'éclair de flash qui fixe la vérité d'un instant sans prétention d'en faire un tableau." Robert Escarpit
Je n'aime pas la citation, ça ne veut pas dire qu'elle soit fausse.
Je ne l'aime pas parce que la franchise brute de décoffrage peut faire beaucoup de mal aux autres, et c'est quelque chose dont j'ai horreur.
Dire que j'aime être franche, ça serait comme dire que j'aime être méchante et sadique. Ce n'est pas le cas du tout. Je souffre beaucoup quand je fais souffrir, même quand ce n'est pas volontaire.

Pourtant certaines choses gagnent à être dites, même quand elles peuvent blesser. Car "la liberté des uns s'arrête là où celle des autres commence" et "si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres", Jean de La Fontaine "L'oiseleur, l'Autour, et l'Alouette".

J'essaie, jour après jour de ne pas nuire aux autres, d'abandonner le passé, de vivre pleinement le présent et d'avoir confiance en mon futur. C'est un parcours semé d'embuches. Un chemin de vie, d'endurance et de chaos.

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