jeudi 3 août 2017

Juste la vérité... mais on s'en fout!

J'en ai ma claque de ressasser le passé.
J'ai envie de passer à autre chose.
"Abandonner le passé, vivre pleinement le présent, avoir confiance en mon avenir"


J'avais écris le billet ci dessous il y a des semaines, des mois peut être... Mais il est soudain devenu complètement obsolète à mon développement personnel. C'est vraiment une impasse que de continuer à me focaliser sur ce genre de trucs... alors je passe à autre chose.

Dernier billet de retour sur les choses, et après, c'est fini l'auto-analyse : j'arrête de regarder en arrière et je vais de l'avant!









Tous les jours, il me demandait de le tuer et tous les jours, je refusais, en larmes.
Un jour, j'ai été épuisée de refuser.
Il y avait tellement de douceur dans son regard, ce jour là...
Je lui ai demandé s'il était sûr que c'était ce qu'il voulait et il m'a regardée droit dans les yeux et il m'a répondu oui.
J'ai encore beaucoup pleuré.
J'ai vérifié encore et encore, et la réponse ne variait pas.
Alors je suis allée dans la cuisine, j'ai mélangé des médicaments et du fromage blanc. Sédatifs, anxiolytiques, anticoagulants, aspirine, hypotenseurs...
Je pleurais et j'étais résignée.
Une partie de moi se disait que mieux valait la prison que de continuer cette vie vide, pleine de doutes et de cris, où quoi qu'il me demande, mon avis ne valait rien, mes envies ne valaient rien, ma souffrance ne valait rien...
Quand je suis revenue avec le ramequin, j'ai encore beaucoup pleuré, agenouillée à coté du lit.
Je lui ai encore demandé si c'était vraiment ce qu'il voulait.
Oui.
Je revois ses paupières cligner en même temps qu'il prononçait le mot.
Alors j'ai levé la cuillère jusqu'à sa bouche et croisé son regard.
Un regard plein de haine.
Il a parlé de sa voix hachée et il m'a brisée en morceaux.
"T'es vrai-ment qu'une sa-lope"

Je me suis enfuie de la chambre en pleurant.
J'ai eu très envie d'avaler le fromage blanc qui avait tourné au rose à cause du mélange de Théralène, de Seresta, Zolpidem, etc, et puis je l'ai jeté à la poubelle.
Je me suis terrée dans la cuisine en plaquant mes mains sur mes oreilles, parce qu'il hurlait depuis l'autre bout de l'appartement.
D'abord des cris de rage et puis ensuite des appels à l'aide
"Au se-cour! Elle veut me tu-er! À l'ai-de!"
Il a hurlé comme ça jusqu'à ce que je me résigne à retourner me faire insulter près de lui.

À partir de ce jour là, je n'ai plus jamais pu être là pour lui.
Je crois que j'étais loin depuis longtemps, mais je refusais de me l'avouer.

J'ai fais les démarches pour qu'il ait des gardes de nuit, que les horaires d'APA soient aménagés, qu'il y ait un portage des repas.

J'ai été hospitalisée le 10 mars 2015. Je n'ai pas fais passer les entretiens des futures gardes de nuit, mais quand je suis partie, Alain avait son fils cadet pour veiller sur lui, en plus des intervenants de l'hospitalisation à domicile.

Au début de mon hospitalisation, je pensais que je pourrais peut être revenir, mais j'ai vite compris que je n'en avais pas envie. Il m'avait chassée, il avait tout fait pour que je parte, pour que je m'enfuie loin de lui. Pour mieux me le reprocher, d'ailleurs, puisqu'il continuait de me torturer. Il appelait, je voyais son numéro alors je ne décrochais pas, mais quand j'écoutais les messages, ça n'était que des insultes et des reproches.

Quand je suis sortie de la clinique, j'ai découvert qu'un "grand ménage" avait été fait dans l'appartement.
De fait, toutes mes affaires avaient disparu de la vue d'Alain et de ses visiteurs, quels qu'ils soient.
J'ai bien cru qu'elles avaient été jetées aux ordures (ce qui a peut être été le cas d'une partie, d'ailleurs), puis j'ai découvert que, pour la plupart, elles avaient été littéralement balancées dans le cagibi de l'entrée, pêle-mêle, sans égard pour ce qui se trouvait dans cet espace (un lombricomposteur, était installé là... par miracle il n'a pas été renversé par ces manœuvres douteuses de "rangement").
Même les photos de ma famille avaient été dissimulées dans des tiroirs, en vrac.

Quand j'ai découvert ça, ma détresse a été immense. Je me suis mise à pleurer, alors que plusieurs de mes belles-sœurs étaient présentes. Je savais parfaitement qui était responsable de cette campagne d'élimination et je me suis mise à protester à haute voix, mais pour moi même, tout en pleurant.
Je répétais encore et encore "Il n'avait pas le droit ! Il n'avait pas le droit !"...
J'étais effondrée... Littéralement.

Au lieu de compatir, mes belles-sœurs sont venues me "gronder", comme un enfant qui fait un caprice, en me reprochant de me laisser aller et que je devais me calmer, "pour Alain".
Ces femmes m'ont traitée comme une étrangère alors que je rentrais chez moi, après un mois d'hospitalisation en clinique psychiatrique et elles me reprochaient de souffrir et d'exprimer ma détresse...
On était pas chez elles ou chez leur frère... Elles étaient chez nous. J'étais chez moi, mais je ne me rendais même pas compte que j'aurais été en droit de leur dire, moi, à elles de sortir, de me laisser tranquille, de me laisser discuter avec mon mari. Au moins quelques instants.
Elles aussi, comme leur frère, elles m'ont chassée, elles m'ont fait comprendre que ma place n'était plus là, que je n'avais plus rien à y faire, que je n'étais qu'une source supplémentaire de douleur pour Alain.
J'ai bel et bien été chassée.

J'ai attrapé ce que je pouvais comme affaires et j'ai suivi mon père hors de l'appartement, hors de l'immeuble, hors de la ville...

Après ça, pendant un temps, dès que j'allais le voir seule, il m'insultait autant qu'il le pouvait.
Certains intervenants se montraient également désagréables avec moi. Je suppose qu'Alain ou d'autres personnes leurs avaient dit des choses sur moi...


Puis nos relations se sont apaisées, mais même si j'avais encore de l'attachement pour lui, je ne pouvais pas oublier les années d’ostracisme, de reproches, d'humiliations ni aucune des autres tortures psychologiques qu'il m'avait fait subir.


Le pire, c'est que l'avant dernière fois où je l'ai vu, il a insisté pendant un temps fou pour me dire quelque chose. Je ne comprenais pratiquement plus rien quand il essayait de communiquer avec moi, alors ça a duré presque une demie heure avant que je saisisse ce qu'il tenait tant à partager avec moi. Il essayait d'indiquer "pardon". J'ai dit le mot à haute voix et j'ai vu que c'était bien ça.
Je lui ai dis la vérité : que je ne comprenais pas.

Je lui ai demandé si il essayait de me dire qu'il m'avait pardonné d'être partie. Il s'est agité, ça n'était pas ça.
Il avait l'air si triste, alors je lui ai demandé si c'était à moi qu'il demandait pardon, et il m'a serrée la main.
C'était ça.
Il me demandait pardon.

Je ne sais pas pour quoi exactement, dans son esprit. Comme si ça pouvait avoir un sens.
Sur le coup, je lui ai dis que je lui avais pardonné.

Mais je ne crois pas que ça soit vrai.
Pas après ce que j'ai découvert au fil des mois, après son décès.

Peut être qu'il me demandait pardon de m'avoir manipulée dès les premiers jours de notre correspondance ?
Pardon de m'avoir écrit sous de fausses identités, tantôt pour me rassurer sous couvert de figures féminines, tantôt pour me bousculer, voire m'agresser psychologiquement et me pousser à réagir avec un avatar masculin...
Pardon de m'avoir agressée sexuellement le jour de notre première rencontre? Car oui, il savait que c'était mon ressenti, que j'ai pourtant fini par occulter au fil des mois et des années... il le savait via les alias qu'il s'était créé pour correspondre avec moi!
Pardon d'avoir induit en moi l'idée que j'interprétais mal ses intentions, me poussant à douter systématiquement de moi...?
Pardon de m'avoir isolée de ma famille, de m'avoir empêchée de me faire des amis, d'avoir des activités en dehors de notre relation, bref, pardon de m'avoir rendue plus seule que jamais...?
Pardon de m'avoir empêchée de progresser, de m'affirmer, et de développer la confiance en moi naissante que je ressentais quand je l'ai rencontré...?
Pardon de m'avoir manipulée et de m'avoir volé plus de 10 ans de ma vie ?
Peut être tout ça à la fois...

La toute dernière fois où je l'ai vu, je savais qu'il allait mourir. Il était très faible et seuls ses yeux parlaient pour lui. Ses ongles étaient bleus, ce qui dénote en général une insuffisance cardiaque (le sang n'irrigue plus assez les extrémités). J'étais venue lui dire quelque chose qui me tenait à cœur et il a eut l'air d'en tirer une certaine joie. C'était le 19 aout 2016 en milieu de matinée.
Le lendemain, il était mort.

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