samedi 11 mars 2017

Jour radieux et contrecoup...

Samedi 11 mars 2017...

Pour le troisième jour de suite, je me suis réveillée tôt, bien avant que mon réveil ne s'allume.
Malheureusement, c'est aussi le troisième jour de suite qu'une vive douleur est présente dans ma bouche, bien que moins forte que les deux derniers jours : mon bruxisme se manifeste à nouveau et ma mâchoire inférieure est mise à rude épreuve, surtout au niveau d'une couronne qui offre trop de prises aux molaires qui la surplombent. On me l'ai déjà rabotée pour cette raison, mais de toute évidence, pas de manière suffisante...

Il semblerait cependant que j'ai été davantage sereine cette nuit, car la douleur s'est atténuée, et l'inflammation du collet de la gencive avait diminué, à mon réveil.

J'avais mal partout, par contre.

Hier j'ai fais une demi heure de vélo elliptique, suivie d'une autre demi heure de rameur, puis j'ai passé 20 minutes à travailler mes abducteurs et adducteurs sur des machines de musculation, avant de finir par faire une séance de 45mn de Bodybalance™.
J'avais aussi fais les exercices du programme "dos musclé, ventre plat", qui comprend dix cycles alternant les positions de la sauterelle, pince, planche et chien tête en haut... J'avais également marché une partie de l'après midi, hier.

Donc hier, j'ai fais beaucoup de choses.
Trop de choses, trop d'efforts et aussi, trop de pensées parasites dans la tête.
Je cherchais à fuir mes pensées et une sorte de mal-être insidieux. J'ai essayé de faire preuve de légèreté, l'ai même ressentie, en fin d'après-midi, quand j'ai pris le soleil et lu, heureuse de savoir que lundi, je ne serais plus seule... Heureuse aussi de savoir qu'une personne qui m'est chère pensait à moi.

J'ai essayé de regarder la télévision, en début de soirée mais je perdais le fil de l'action au profit de pensées désagréables, alors je suis allée me coucher dès 21h30, pour lire une bonne heure avant de dormir, dans un large t-shirt arborant une photo de combi Volkswagen...

Ce matin, donc, je me suis réveillée pleine de courbatures, avec l'intention d'aller à la salle de sport faire 10 minutes de vélo elliptique et suivre un cours collectif de 30 minutes de stretching...

Je me sentais mal, épuisée et déprimée, pourtant, je suis quand même allée à la salle de sport.
Je me suis sentie mal dès que je suis entrée dans les vestiaires. Deux dames discutaient et l'une d'elles n'arrêtait pas de me bousculer avec son sac, en restant plantée debout entre les bancs et les casiers. J'avais les nerfs à vif.
Quand j'ai eu fini de me changer, j'ai vu qu'il était 11h00. Le cours collectif de TAF (Taille Abdos Fessiers) n'était pas achevé, et je suis aller faire un petit échauffement de vélo elliptique, mais j'ai été prise de vertiges et d'une intense envie de pleurer. Il n'était que 11h10, le cours ne semblait pas fini alors je me suis empressée d'aller m'enfermer dans les sanitaires.
Hors de question qu'on me voit pleurer en public...

À 11h14, quand je suis sortie, j'ai été incapable de savoir si c'était toujours le cours de TAF ou celui de stretching qui avait commencé. Personne n'attendait devant la porte et impossible de savoir si quelqu'un était sorti ou entré. Je me suis sentie encore plus abattue, incapable de franchir l'espace consacré à la musculation pour aller demander ce qu'il en était, ou attendre de voir.
Je me sentais faible et lamentable.

Je suis retournée dans les vestiaires et je suis restée assise un long moment avant de me résoudre à me changer à nouveau, en m'efforçant de ne pas pleurer, de rester "digne".
Deux dames sont entrées. Il n'était que 11h20, alors j'ai voulu savoir si je m'étais trompée, si elles sortaient du cours de TAF, si je m'étais laissée submerger par mon anxiété alors que peut être le cours précédent avait simplement prit fin un peu plus tard que prévu...
Elles n'ont malheureusement pas comprit mes questions, n'y ont pas répondu. J'ai senti les larmes couler avant d'avoir pu les retenir et on m'a demandé si j'allais bien. Il y avait une inquiétude sincère dans le ton de la question.
Blasée, j'ai laissé échappé la vérité "oui, ça va, juste une crise d'anxiété".

💭 Oui, ça va. J'ai l'habitude. J'ai horreur d'être comme ça, mais j'ai l'habitude.

L'une des deux dames m'a suggéré d'aller au hammam, pour que je me détende, mais je n'avais pas mes affaires de piscine, alors je ne pouvais pas. Et de toute façon, j'avais seulement envie de rentrer chez moi. J'avais peur de me mettre à pleurer sans pouvoir m'arrêter, si je restais là bas.

Je suis rentrée, je me suis précipitée sous la douche et là seulement, je me suis mise à pleurer.
Pour la première fois depuis très longtemps, je me suis retrouvée complètement recroquevillée par terre, dans un coin de la cabine de douche, à pleurer et à sangloter, relâchant complètement les tensions sous la pluie fine et chaude.

Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Ce que je sais, c'est qu'à un moment, c'est comme si je m'étais réveillée d'une absence, et je me suis rendue compte que j'étais en train de mordre la peau de mon poignet. Je n'avais pas mal, je ne sentais pas la peau elle même, mais le pli qu'elle formait dans ma bouche, et mes mâchoires serrées dessus. Pas très fort.
J'ai coupé l'eau et je me suis relevée difficilement, ayant toujours aussi mal dans les muscles que ce matin en me levant.

Les empreintes de dents sont restées un certain temps, mais il n'en reste plus de trace, maintenant.

J'ai eu honte de moi.
Un sentiment récurrent dont il faudrait que je me débarrasse.


Il fait si beau aujourd'hui. Le soleil brille, on nous annonce 20°C pour cet après-midi.🌞
Je devrais retourner profiter du soleil, bouger doucement, pas comme hier.
Juste profiter tranquillement...

Oui. Le fait est que j'ai fais trop de choses hier.
Ce matin, j'ai simplement éprouvé le contrecoup nerveux de toutes ces choses pourtant accomplies alors avec plaisir.
Il faut que j'accepte que je suis fatiguée et que je ne cherche pas à dépasser mes forces.
Rien de bien compliqué.


Par ailleurs il s'est passé beaucoup de choses ces derniers mois, et je réalise seulement aujourd'hui que je présente également les symptômes d'un contrecoup de ce point de vue là.
C'est comme ça, ça aussi je dois l'accepter. 😑

Il va faire beau et chaud, cet après midi, avant que la météo ne se dégrade.
Je ferais vraiment mieux d'en profiter, au lieu de me concentrer sur ce genre de choses.


Lundi, même si la météo est médiocre, il fera beau dans mon cœur...😊

dimanche 5 mars 2017

Je n'y arrivais plus, et je l'avais écris...

08 février 2014

La culpabilité, au quotidien.
Je me sens de plus en plus souvent gênée face aux comportements d'Alain à mon égard. Est-ce qu'ils sont liés à la maladie?
Chaque contrariété qui tourne en crise. Il me soupçonne de mille et un méfait, m'insulte, me hurle dessus...
Suivent ensuite les réconciliations, la "lune de miel" d'apaisement.

Mon besoin d'apaiser sa détresse reste malgré tout plus fort que mon épuisement, ma lassitude. L'amour, l'attachement, la peur de lui déplaire, la peur de le plonger dans une plus grande détresse, tout ça arrive à me faire oublier les crises.

J'occulte autant que possible ces événements, les uns après les autres, involontairement mais avec une grande réussite. Heureusement que je tiens mon agenda à jour, que je note ces déraillements récurrents, sinon je les oublierais probablement...

La position que j'occupe est en train de me rendre intolérable l'intimité que nous avions. Ou plutôt celle que nous n'avions jamais eu, en fait... Parce que je crois qu'avant sa maladie, même si les autres avaient une image fusionnelle de notre couple, c'était un mensonge. Nous vivions ensemble sous le même toit, nous dormions ensemble et mangions ensemble, mais ça se limitait à ça 95% du temps. Alain ne me disait que très peu de chose de ses passions. En dehors du fait qu'il aimait les Pyrénées, il n'a pratiquement jamais rien partagé avec moi et j'ai vite du accepter le fait qu'il n'aimait pas que je lui parle de mes centres d'intérêt personnels.

Cette sensation d’intimité pourrissante est insupportable. Un fossé qui s'est creusé entre nous en même temps que nous nous sommes retrouvés à vivre dans cette proximité infernale. Il ne veut plus que je ferme la porte de mon bureau, il veut savoir où je vais, où je suis allée, il s'énerve s'il m'appelle et que je ne décroche pas assez vite.

Alain pense que mon mal-être est passager, que je vais aller mieux, mais je sais moi que je ne peux pas revenir en arrière. Plus il insiste et plus je me braque. À ce que je sache, j'ai toujours été dépressive, même s'il déteste que je le lui rappelle. Il m'a toujours reproché mon anxiété, comme si j'en étais responsable et maintenant il ne semble pas comprendre à quel point notre situation me pèse, depuis que le psychiatre du CMP m'a mise en arrêt maladie et que j'ai démissionné.

Dire qu'il m'a poussée à travailler, que je crevais de trouille et d'angoisse, jour après jour, quand je bossais, même si ces quelques heures loin de lui, j'ai honte de l'écrire, étaient libératrices... Et quand le psychiatre m'a mise en arrêt maladie, il m'a insultée quand je le lui ait avoué. Il m'a fait une scène de ménage et m'a dit qu'il n'avait jamais voulu que je travaille!!!

Je ne comprends rien.
J'en ai marre de me battre pour essayer de lui plaire, et en même temps, je ne peux pas m'en empêcher.

Je suis bloquée dans une situation qui me vide chaque jour de toute mon énergie.
Je tourne autour du pot et j'évite consciencieusement la seule solution possible...
Impossible... je ne peux pas. Pourtant il le faudrait mais non, non, non! Je ne peux pas!!!

Partir. Me sauver.
Pas fuir. Non.
Me sauver, sauver ma tête, mon esprit.
Mais je ne peux pas.
Je ne peux pas l'abandonner, le laisser
La solution impossible, possible parmi d'autres toutes aussi impossibles.

Il a accepté d'aller en USLD, si on déménage, qu'on retourne en Charente. Il y a une très bonne unité de soins de longue durée, à Cognac, d'après ce que je sais.

Déménager avec lui et l'aider à se rapprocher de sa famille, lui permettre d'être aidé par des gens dont c'est le travail, la vocation... des gens qui ont des horaires, des vacances. Est-ce que ça serait la solution la moins mauvaise? Je ne sais pas. J'espère.

Je voudrais avancer et je ne peux pas.
Un pas en avant, deux pas en arrière.
Je porte nos douleurs conjuguées sur mes épaules. Je suis obligée d'assumer le terrible fardeau de toutes les responsabilités en attente, mais jour après jour, je croule davantage sous ce poids immense, je défaille.
Les douleurs sont partout, dans le corps et dans l'âme, comme si on me cognait dessus, jour après jour. Parfois j'ai l'impression qu'Alain est satisfait de me voir souffrir, et je suis triste de m'imaginer des choses pareilles.

J'ai besoin de me sauver, d'être sauvée.
Par qui? Qui?!? Quand?!? Quand je serais déjà dans le trou, avec lui, quand j'aurais glissé, que je serais irrémédiablement cassée?
Qui pourrait m'aider?!? Mais qui donc???
Où êtes vous, qu'attendez vous?!?

Je vous en prie.
Je vous en supplie.
Je n'y arrive plus.


 J'ai eu l'opportunité d'être hospitalisée en centre psychiatrique, par deux fois dans les Hautes Pyrénées, après avoir écrit ça. Mais les deux fois, rien n'était prévu pour prendre en charge Alain, alors j'ai refusé de partir.
J'aurais du partir et déclarer sa situation, une fois hospitalisée, mais je n'avais pas ce courage.
Alain a également refusé de faire un séjour médicalisé pour que je bénéficie d'un répit, ainsi que le préconisait sa neurologue.

Pendant tout le temps où mon état de santé mentale et physique se dégradait, alors que je l'accompagnais du matin au soir dans la maladie, Alain me répétait sans arrêt que, quand sa première femme avait eut son "accident" (elle était psychotique et avait sauté du 3ème étage), il s'était occupé d'elle, bien qu'elle soit devenue paraplégique. Il répétait, encore et encore qu'il aurait continué à le faire, si les psychiatres n'avaient pas déclaré que c'était lui qui la rendait malade, et qu'ils devaient divorcer.
Il a toujours balayé ces "accusations" du corps médical comme fausses...

Le fait est que je ne suis "que" névrotique et probablement neuro-atypique, mais que cet homme m'a fait un mal considérable.

En outre j'ai su de sa propre bouche qu'il encourageait régulièrement lui même sa femme a arrêter les neuroleptiques, dès que son état mental se stabilisait "parce qu'elle était différente" quand elle les prenait. Soit qu'on ne lui ait jamais expliqué ce qu'était une psychose et que les neuroleptiques constituaient un traitement au long court, soit qu'il n'y ait tout simplement pas cru ou souhaité en tenir compte.

Pour Alain, tout était question de volonté.
"Si on veut, on peut"
Pour certaines choses, peut être...
Pas pour guérir d'une maladie neurodégénérative, ni d'une psychose.

J'ai essayé d'être assez forte pour le soutenir, aussi longtemps que j'ai pu.
Mais plus j'essayais d'être à la hauteur et plus il me rabaissait et tentait de me démontrer par A+B que je n'étais qu'une incapable : de l'assumer et encore moins de m'assumer moi-même.

Il a passé son temps à saper mon moral et à me faire douter, à me répéter que je n'avais pas assez de volonté, que je n'étais pas assez rigoureuse.

Je me reprochais souvent, moi, de ne sans doute pas être assez amoureuse.
Malgré tout, j'ai essayé d'être là pour lui.

Alain est revenu sur son acceptation d'aller en USLD, dès que nous avons ré-emménagé en Charente.
Je me suis sentie trahie et humiliée.
 J'ai mis un an à partir, finalement.

J'en ai assez de cacher tout ça.
Il est temps que ça s'arrête.