vendredi 20 janvier 2023

Matinée d'après midi

Ce matin j'ai froid.
Hein?!? Il est 15h30?
Pourquoi est-ce que c'est le matin, encore, pour moi?
Dix jours que mon sommeil est réduit à 4 ou 5 h par nuit.
Cette fois ci, exceptionnellement, grâce à la présence bienveillante d'un ami médecin, j'ai pu en dormir 6.
Puis dans la solitude de mon appartement bien rangé, paysage enneigé à la fenêtre, j'ai tourné en rond.

Mon ami, mon meilleur ami est hospitalisé depuis dix jours.
Mon sommeil s'en ressent.

De toute façon, mon sommeil était déjà mauvais depuis le 05 janvier.
Quand je lui ai dis que je souhaitais qu'il trouve un autre endroit d'hébergement, pour l'avenir.
J'aurais voulu qu'on discute, qu'on en parle, qu'il me dise ce qu'il ressentait, mais il s'est seulement fermé, éloigné.
Je lui ai demandé de dire quelque chose.
Il m'a répondu qu'il n'allait pas sauter de joie tout de suite.
Il n'a pas dit ce qu'il ressentais, il n'a pas traduit par des mots les émotions le traversant. Il est partit le lendemain d'un pas décidé et sans se retourner.
Ça a été incroyablement douloureux.

Dans les jours qui ont suivi, il m'a annoncé qu'il ne reviendrait pas à Angoulême.
J'ai fais le vœu qu'il ait oublié d'écrire "pour le moment".
Puis il m'a annoncé son hospitalisation, le 10 janvier.
J'ai été immédiatement terriblement inquiète.

Il allait visiblement mal, ces derniers mois, toujours fatigué, s'endormant assit sur le canapé.
À une époque, j'aurais été contente de ce côté casanier. Mais depuis que je me sens mieux, de plus en plus rétablie, en plus d'être stabilisée, c'était difficile à vivre. Il restait sur le canapé, avec la TV et son téléphone en main, et ensemble, nous étions séparés par un fossé que je n'arrivais pas à franchir.
J'étais inquiète, déjà, mais je n'osais rien dire. Je ne voulais pas le brusquer.
M'aurait-il écoutée? Je n'avais personne à avertir, sauf en violant son intimité.

Je lui ai dis que je ne pouvais plus continuer comme ça, que je ne pouvais plus être en couple avec lui, le mercredi 04 janvier. Je n'ai pas osé lui dire que c'était devenu insupportable avec le paiement des 58€ liés à son "hébergement" chez moi, via facturation sur un site en ligne. 29€ la nuitée d'hébergement.
La création de cette relation économique, ça a été une monstrueuse connerie.
Il n'avait plus d'appartement de fonction... pas pour 2 nuits par semaine.
Je me suis sentie acculée.
Au lieu de lui dire à quel point je l'aime, à quel point j'ai besoin de lui, de sa présence dans ma vie, de son amitié, je lui ai demandé de trouver un autre endroit où dormir. Je lui ai dis que je n'arrivais plus à me sentir bien dans notre relation. Je lui ai sans doute laissé penser qu'il avait fait quelque chose de travers...

Peu importe.
J'ai froid.
Il est 16h et mon cerveau peine à comprendre que ce n'est plus le matin.

J'ai réussi à dormir deux heures de plus, de 11h à 13h. Mais vu toute la fatigue qui est en train de me tomber dessus, à présent, j'ai le sentiment d'être le matin.

Pourtant à 10h j'ai eu un sursaut d'angoisse intense.
Cette nuit il a été intubé.
Il a fait une réaction anaphylactique. Selon toute vraisemblance, un œdème de Quincke. Je ne le savais allergique à rien. Mais dans la mesure où il est hospitalisé, c'est probablement lié à un traitement administré là bas.

Peu importe. Il devrait sortir lundi 23 janvier. Je croise les doigts pour qu'il en soit ainsi.
Même si je ne le revois pas avant un mois, peu importe: qu'il prenne son temps, qu'il soit entouré, qu'il prenne soin de lui.

Je suis léthargique derrière mon clavier.
Je doute de trouver la force d'aller à la pharmacie chercher mon prazépam aujourd'hui.
J'ai la tête à l'envers et il neige dans mon âme.

jeudi 5 janvier 2023

Ruptures et démissions

Hier, j'ai démissionné.
De l'association dont je suis membre depuis septembre 2018, et membre du conseil d'administration depuis avril 2019. J'en ai été secrétaire, puis présidente et j'en étais à nouveau secrétaire. J'étais bénévole dans le fonctionnement de la structure et détenais les clés du local (une maison et dépendances), afin d'assurer l'accueil des adhérents.

Pour diverses raisons, cela avait commencé à me peser.
Entrant en formation à partir du 28 novembre 2022, j'avais prévu de me mettre en retrait et en "service minimum" durant ce parcours. Mais je me suis vite rendue compte que c'était trop compliqué nerveusement à gérer, comme arrangement.

Après y avoir longuement réfléchi, j'ai donc fini par rédiger ma lettre de démission, hier matin.

Mesdames, Messieurs,

Par la présente je vous prie de recevoir ma démission du Conseil d’Administration de l’association xxxxxxxxxx, ainsi que de mon poste de Secrétaire.

En 2023, j’ai choisi de ne pas renouveler mon adhésion à l’association.

Les quatre années passées au sein de celle-ci ont été riches de sens pour moi, m’ont permis de mieux me connaître et me comprendre en matière d’interactions sociales, ainsi que de m’accepter telle que je suis. De manière essentielle, cela m’a permis de prendre conscience de compétences dont je doutais être voire m’ignorais pourvue.

Cependant cette période m’a aussi régulièrement mise en souffrance psychique, pour divers motifs dont, à aucun moment, je ne pourrais tenir rigueur à l’équipe.

J’ai besoin d’intégrer le milieu du travail et toute sérénité, sans me laisser envahir par les affects de mes collègues, or cela ne m’est pas possible au sein de l'association de par la nature même de celle-ci.

En outre il est important pour moi de collaborer avec des personnes ayant à minima le même niveau de compétences que moi en matière de traitement de texte, de gestion de messagerie et de communication numérique, et toutes autres compétences bureautiques confondues.
En effet, lorsque ce n’est pas le cas, je souffre d’une anxiété de performance qui confine à la panique, du fait d’un sentiment incontrôlable que la communication repose intégralement sur moi. C’est une émotion qui flirte entre sentiment d’injustice et de colère, ce que je déteste, alors même que je sais avoir un niveau d’exigence plutôt élevé.
Cet état psychique me met donc en grande souffrance morale, comme vous pouvez vous en douter.

Par ces motifs, je ne peux pas continuer de m’impliquer, même partiellement dans ce type d’actions.

Après avoir longtemps, sans succès, cherché à partager auprès des autres adhérents mes connaissances en la matière, je n’en ai aujourd’hui plus l’envie ni l’énergie de partager mes savoirs et savoir-faire, que je souhaite consacrer à d’autres projets.

J’espère que vous trouverez des ressources pour mettre à profit la salle informatique et développer les choses avec les adhérents...

Je me suis efforcée de vous fournir quelques modèles Word destinés à reproduire les mises en forme des documents que j’ai produit par le passé au bénéfice de l’association. Cela me donne (un peu) meilleure conscience de vous abandonner ainsi.

En cas de besoin, vous pourrez toujours me joindre, mais je vous prie de le faire avec parcimonie.

Je reviendrais certainement vous voir de temps à autres, mais certainement pas dans l’immédiat.

Je vous prie d’enregistrer ma démission auprès du greffe des associations le plus rapidement possible.
Veuillez également veiller à ce que je ne reçoive plus :
- Les mails et SMS d’information du GEM, sauf événements exceptionnels
- Les communications de la banque (veuillez faire en sorte que mon habilitation sur les comptes soit supprimée, ce qui n’est toujours pas le cas !!!)

Je vous souhaite à toutes et tous une belle année 2023.

Amicalement,
Voilà voilà...

Ecrire ce courrier a été à la fois très douloureux et infiniment libérateur.
J'ai pas mal pleuré en le faisant.
Cette association, ça a été le centre de mon univers pendant plus de 4 ans.

Toutefois je parle de démissions, au pluriel, dans le titre de ce billet.
Ce n'est pas une faute de frappe.

En effet, au fur et à mesure que j'écrivais, je prenais conscience que je n'avais plus non plus l'envie ni l'énergie pour une autre chose, beaucoup plus personnelle. Je savais que ça n'allait pas depuis longtemps. Il y a environ 18 mois, j'avais déjà essayé de "passer à autre chose". Sans y parvenir. Puis à nouveau il y a un an. Souvenez-vous...
😥
Malheureusement je n'avais pas réussi à rompre, finalement, alors que je commençais à en éprouver un profond besoin. Il y a 11 mois, j'écrivais que j'étais triste et troublée de ne plus me sentir rassurée, apaisée et nourrie émotionnellement par sa présence. Il y a eut un retournement de situation, une sorte d'embellie de notre relation. Mais ça ne s'est pas maintenu.
Au fil des mois, je me suis peu à peu sentie contrainte par les projets qu'il faisait pour nous. Des projets de sorties, d'activités, de "plus tard".

J'étais son point de repère en Charente, près de son travail, avec une autre vie à lui, ailleurs. Une vie sur laquelle il restait très secret. Tout en ayant des attentes de transparence sur la mienne, en son absence.

Selon lui, j'étais libre de sortir, de faire ce que je voulais ou rencontrer qui je voulais. Avec des "mais" conditionnels planants à la périphérie de ces belles libertés.

Pas tout à fait en couple et pas tout à fait une femme libre.

Ces dernières années, mes envies personnelles et mon énergie vitale se sont tournées vers de nouvelles voies. Il était prêt à me suivre sur certaines. Mais je ne partage pas cette envie. C'est à moi de les vivre, en autonomie. C'est ce dont j'ai besoin. Je n'ai pas envie de ses freins. Je n'ai pas envie de ses limites. J'ai envie de cheminer à mon seul et propre rythme, sans devoir régler mon pas sur celui d'un autre.

Je ne veux pas être en couple.

Je suis une femme libre.
Je le suis davantage de jour en jour.

Je démissionne du binôme.

À 40 ans, je reprends enfin là où j'en étais à 20. Avant Alain.

J'ai tellement besoin d'un ami.
Il me manque déjà tellement.
C'est notre situation que je rejette.
Pas lui.
Lui il est et sera toujours (du moins je l'espère) mon ami.