vendredi 1 novembre 2024

Plein de gros mots

Quand j'évoque mes troubles anxieux, et en particulier mon anxiété sociale, nombreuses sont les personnes qui m'imaginent principalement agoraphobe.

Oui. Mais non.
Les personnes qui sont exclusivement agoraphobes souffrent de ce qu'on appelle une "anxiété sociale simple" (c'est à dire ayant un objet unique). Cela représente environ 25% des cas d'anxiété sociale.

Autrement dit, dans 3 cas sur 4, les personnes personnes qui souffrent d'anxiété sociale réagissent en réalité à un large éventail de situations sociales. On parle alors de phobie sociale généralisée.

Ces troubles anxieux sont nombreux, divers et créent un cocktail propre à chaque personne qui en est atteinte.

En ce qui me concerne, les situations de performance avec peur d’échouer sont bien entendu problématiques, comme elles le sont pour une grande partie de la population générale : examen, entretien formel, prise de parole en public...
Les situations d’affirmation de moi ne sont pas top non plus, mais mes réactions anxieuses dépendent beaucoup du contexte social. Ainsi, donner mon avis, demander ou refuser quelque chose, exprimer et recevoir des critiques peut soit très bien se passer, soit engendrer une anxiété sévère, laquelle va perdurer sur une période allant de quelques minutes à plusieurs jours.
Mon gros, très gros problème actuel (vu que je veux entrer en emploi), ce sont les situations d’observation. Être observée pendant que j'écris, travaille ou réalise une action quelle qu'elle soit est réellement problématique

Alors oui, je suis agoraphobe, en partie. Au sens clinique, je présente en effet une forte anxiété face à l'éventualité de me trouver dans des situations ou des endroits sans échappatoire facile d'accès ou sans possibilité d'obtenir de l'aide. Mais je n'ai pas peur de la foule (je m'y sens même plutôt à l'aise) ni des grands espaces vides. Les choses sont plus en fonction du contexte.
En ce qui me concerne, je n'aime pas monter en voiture en tant que passagère si je ne suis pas certaine de mon affinité avec le conducteur, mais il m'est également compliqué de faire monter dans mon véhicule des personnes dont je ne suis pas assurée qu'elles vont être respectueuses (difficile de m'enfuir de ma propre voiture, et impossible de laisser en plan des gens que j'ai transportés, parfois sur une longue distance).

Le cœur de mes troubles anxieux, ça a longtemps été la phobie sociale. Aujourd'hui, je souffre davantage d'anxiété sociale sévère que de phobie, mais cela continue d'impacter très fortement ma qualité de vie. Mes émotions dans les situations redoutées ne sont plus aussi violentes que par le passé. L'inconfort a heureusement remplacé la panique et ses crises paroxystiques (accompagnées de larmes, d'une impossible de parler, de me concentrer, ou même de rassembler mes idées).

La phobie sociale, j'essaie de m'en sortir depuis des décennies, avec un important travail sur moi, c'est à dire sur la façon dont je gère mes émotions et les laisse, ou non, gouverner ma vie.
Toutefois, je dois bien avouer que je la tiens également à distance via de très (trop) nombreux évitements: étant mal à l’aise dans telle ou telle situation, je ne m'y confronte tout simplement pas.
Sinon, je prends le risque d'éprouver une anxiété intense, avec des signes physiques très dérangeants, tels que des poussées de sueurs, des tremblements, des troubles spasmodiques très douloureux, et autres délicatesses.
La peur essentielle au centre de ma phobie sociale c'est d’être jugée négativement, de paraître ridicule, de me faire remarquer dans un sens négatif et de m'en trouver humiliée. Là où la plupart des gens éprouvent une certaine gêne, je vais éprouver une honte intense de moi-même, avec tout un tas de réactions physiques, dont la principale sera la crise d'angoisse, voire de panique.

L'anxiété sociale est épuisante, car elle a pour conséquence un état de veille constant en situation sociale (y compris au téléphone), visant à moduler mes comportements en fonction des situations est des personnes avec qui j'interagis, de sorte à ne pas générer de jugements négatifs de la part d'autrui. Le tout en cherchant à cacher à tout prix d'éventuels malaises pour ne pas attirer encore plus l’attention.

J'ai parfois dû faire des efforts démesurés pour affronter des situations banales aux yeux des autres. Il m'a fallut ainsi tout un entraînement conscient pour réussir à entrer dans n'importe quelle boulangerie. Faire mes courses sur un marché reste encore une limite non atteinte, même si je peux confortablement accompagner quelqu'un qui fait ses courses dans ce contexte. Les grandes et moyennes surfaces sont un havre de paix, surtout durant les heures creuses.

Pour ceux qui aiment les grands mots savants, je suis principalement atélophobe. Ce trouble anxieux se caractérise par une crainte irraisonnée de ne pas être à la hauteur des attentes des autres. Ce trouble correspond à un fort manque de confiance en moi. Je m'inquiète ainsi de façon récurrente de ne pas être à la hauteur. De plus en plus de gens connaissent ce trouble via le "syndrome de l'imposteur", dont il est un des symptômes.

Histoire que ça soit plus fun, j'ai une atélophobie sociale, c'est à dire que j'ai peur de ne pas me comporter correctement avec les autres, dans mes interactions quelles qu'elles soient (ce maudit téléphone!).

Je suis globalement très sévère avec moi même.
J'ai tendance à avoir une peur démesurée qu'on remarque mes défauts. Bien que je sache parfaitement qu'il est humain et normal de commettre des erreurs, l'idée que ça m'arrive généré une anxiété disproportionnée. Il faut dire que j'ai tendance, dans certaines circonstances à surestimer les normes attendues (souvent faute de points de références).
Tout ça me conduisant souvent à... ne rien faire plutôt que de prendre le risque d'être mauvaise ou d'échouer. Voire à éviter toute situation de nature à engendrer une possibilité d'erreur.
Très souvent, je me retrouve en "mode blocage", parce que je n'arrive pas à satisfaire mon propre niveau d'exigence.
Cela génère non seulement de l'anxiété, mais aussi de la dépression, car cette honte que j'ai de moi, est très envahissante.

Je souligne par ailleurs que si je souffre principalement de troubles d'anxiété sociale, je suis avant tout handicapée par une anxiété généralisée.

L'anxiété généralisée est excessive et concerne plusieurs domaines d'activité, de cognition et d'événements, de façon quasi constante, même lorsque je me sens calme, détendue et sereine.
Il s'agit pour moi d'un état nerveux altérant considérablement ma qualité de vie. Car je suis souvent très tendue physiquement, mon corps restant dans un état de tension chronique. Je suis sujette aux apnées partielles diurnes (je retiens mon souffle, inconsciemment). J'éprouve des difficultés à gérer mon énergie et ma fatigabilité liée aux situations de stress, ce qui m'a conduite à adopter des routines sécurisantes. Je me sens agitée et nerveuse pour un rien, parfois dès le réveil. Mes capacités de concentration et d'interaction sont souvent diminuées, et selon mon état de stress et de fatigue, je suis plus ou moins irritable.

Je souffre de mysophobie (hypersensibilité au bruit) et de photophobie (hypersensibilité à la lumière), accrues lorsque je suis fatiguée et ou stressée. J'ai peur de l'imprévu, car il m'empêche de me réguler, de prendre les mesures apaisantes qui me garantissent un bon confort, mais je ne souffre en revanche pas vraiment d'anxiété d'anticipation (je ne m'inquiète pas trop de ce qui risquerait d'arriver). Seuls les imprévus générant potentiellement de l'anxiété me posent problème, car ce qui n'est pas anticipé est moins bien géré.

Au fil des années, mon système nerveux s'est dérégulé et je présente à présent un syndrome fibromyalgique modéré, ainsi qu'une hypertonie vésicale (en lien avec une hypertonie généralisée chronique).

Pourtant...
Je vais bien.

En tout cas, mon état physique et psychique n'a rien à voir avec ce que ça a été il y a quelques années de ça.
Je ne désespère pas de me rétablir, même si je sais qu'il me faudra pour cela adopter et conserver des routines visant à maintenir l'équilibre. On a rien sans rien, après tout...

dimanche 27 octobre 2024

Vide

Assise sur un banc de bois humide des dernières pluies nocturnes, je me sens vide. Il n'y a rien en moi. Ou bien il y a trop. Trop de mots, d'idées, de souvenirs et de questions qui se heurtent, qui flottent au gré de mon vague à l'âme, sans rien pour les diriger, les ancrer dans ma réalité. Ils s'agrègent entre eux faute de pouvoir trouver un rivage favorable.

Autour de moi, devant moi, les gens passent, simples promeneurs, joggers solitaires ou en groupe, eux aussi agrégés par une activité sportive commune, une foi dans leurs ambitions de compétition, dans leur remise en forme ou que sais-je...

En quoi ai-je foi?
En moi-même, étrangement, malgré ce vide étourdissant qui me submerge au quotidien. En l'avenir, avec la certitude qu'il existera toujours, dans la permanence des temps, même si je n'ai plus perception de celle-ci...

Je suis sortie de chez-moi pour échapper à mon immobilisme et me voilà à nouveau assise, simplement ailleurs.
Les nuages ont recouvert le ciel et ses horizons d'une chape grisâtre qui m'éblouit bien davantage qu'un ciel bleu. Je baisse les yeux, le menton, les épaules. Tout en moi s'affaisse et se crispe. Mes cils retiennent les larmes qui menacent de franchir la limite des paupières. Des ébauches de sanglots me serrent la gorge, peut-être un peu plus que d'ordinaire.

Dans mon dos, au loin vers le nord, ou à l'ouest, peut-être, je perçois les cloches d'une église, là où la messe sera dite ce jour. En réponse à cette clameur de fonte, les pies donnent de la voix à leur tour dans le bosquet situé un peu en aval des remparts où je suis bloquée par mes mots qui se déversent. Une corneille croasse, loin, ailleurs.

Les pas des piétons qui passent font crisser le gravier alentours. Des corps dont je perçois les mouvements sans pouvoir relever mon regard assez haut pour distinguer des traits.

Ma faim commence d'émerger. J'ai acheté du saumon, de la julienne de légumes, de l'ananas. Je vais essayer de me faire un repas structuré, assise à une table. Tout à l'heure, quand je rentrerai. Quand j'aurai quitté le banc, les bruits de la ville, tout autour.

Il faudra bien qu'à un moment j'arrive à me dénuder, prendre la douche que je repousse depuis des jours, faute de trouver l'énergie pour m'abandonner au flux de l'eau chaude avant de m'arracher à son cocon apaisant. La fin de la douche est redoutable. Lever de jambe pour sortir de la baignoire. Essuyage. Moiteur. Lorsque je me lave ou ne serait ce que, lorsque je me mouille la tête, séchage. Je n'envisage pas de me couper les cheveux. Jamais. Mais tout ça me coûte cher en énergie. Quand j'en manque, la seule éventualité de devoir consacrer du temps et des efforts à en  éliminer l'humidité m'épuise avant même de passer la porte de la salle de bain.

Ce vide qui encombre mon quotidien cherche l'épure, l'économie, le "rien". Pourtant je redoute tout ça. Comment vivre vraiment dans l'absence de tout? L'absence d'efforts, l'absence de vie.

Je l'ai déjà écris, je ne fais que survivre, quand la dépression m'entraîne dans ses flots et me ballote au gré des vagues.
J'essaie de reprendre pied, comme je peux, où je peux. Je m'accroche à ce qui passe, en espérant que ça tiendra, que je ne vais pas être encore plus perdue. J'essaie. Ou pas. Je me tourne, étend bras et jambes, m'abandonne au flux, me laisse charrier par le mouvement, impuissante. À quoi bon lutter lorsqu'il n'y a pas de terre à l'horizon ?

La métaphore est faussée et fallacieuse, bien sûr.
Je ne suis pas seule au milieu des flots de mes pensées. J'ai des (rares) amis, de la famille, des thérapeutes.

J'écris sans réfléchir à mes mots.
Je suis ressortie après avoir fait mes courses, parce que me renfermer dans mon T2 m'étais insupportable. Je suis allée me garer rempart de l'Est, ai remonté à pied le boulevard Émile Roux et puis ce banc, à peine le Conseil Départemental dépassé.

J'aurais de l'énergie physique pour marcher encore. Un peu. Mais le moral est résolument en berne et tout ce que je parviens à faire, c'est écrire, du bout du doigt, en ligne.

Déverser des mots comme si je pouvais échapper à moi même, de cette manière.

J'ai essayé de comprendre pourquoi tout ça revient, tout ça m'envahit. Mais il n'y a pas d'explication, pas de réponse miracle, pas d'illumination qui pourrait transfigurer mon état dépressif vers un épanouissement subit.
Il faut que je fasse des efforts, que j'aille de l'avant, que je réenclenche les mécanismes positifs. Il je suffit pas de prendre l'air une fois, un dimanche matin, pour que mon cerveau comprenne que la donne a changé. Il va falloir tenir bon, réapprendre à sortir, marcher, profiter, respirer, écouter, sentir, me remplir de ce "tout", collection de petits "pas grand chose", qui viendront peu à peu à bout du vide.

Je me suis fermée, je crois, ces derniers mois. Je n'ai plus laissé entrer les choses, les gens, les émotions, les stimuli.
J'ai fais venir, par Internet, les choses dont je pensais avoir besoin. Mais je ne suis pas allée vers les gens, le monde. Ou trop peu, par intermittence, par sursauts.

Je suis restée trop longtemps assise. Je vais aller faire un tour. Comme je peux.

Je me sens moins vide, et plus détendue.

samedi 26 octobre 2024

Compliqué

Ces temps ci, c'est compliqué.

Cette souffrance, cette douleur quotidienne. Me lever, prendre mes médicaments et mes compléments alimentaires.Et puis quoi?
Aller à la salle se sport, les meilleurs jours.
Tourner en rond à l'intérieur de chez-moi, à l'intérieur de moi même, le reste du temps.
Espérer un évènement, un quelque chose, un changement, un progrès.
Rester dans ce nulle part, ce nul être, cette nulle vie.
Ne plus progresser, ne plus avancer. Espérer. Désespérer. Subir. Se punir, car la culpabilité est là, de sombrer peu à peu, de ne pas être capable de faire ce qu'il faut pour aller mieux, m'en sortir.
Plusieurs fois se relever, rebondir, remonter la pente, tomber et se relever.
À quoi bon? Pourquoi s'infliger ça?
Parce-que c'est intolérable de ne pas essayer.

Il y a cette solitude terrible, face à tout ça.
L'impression que je ne peux que faire souffrir mes proches. Je ne veux pas leur imposer mes détresses émotionnelles, faire d'eux des aidants. Mes parents, ma sœur.
J'ai honte de moi quand j'envoie des messages de détresse à mes aimés.

J'ai honte, tellement honte.
Je me demande ce qui est le pire: ma détresse ou ce sentiment de culpabilité de ne pas être "comme il faudrait", de me sentir incapable d'affronter la vie, le monde, de la même manière que les gens "ordinaires".

Je ne sais pas ce que je devrais faire ou être pour que ça marche. Pour que je me sente bien au quotidien. Pour faire les bons choix, pour maintenant et pour le long terme.

Il y a des personnes avec qui je me sens en confiance, pas seulement dans ma famille. Mais je ne me sens pas en droit de leur imposer mes doutes et angoisses, ni ce sentiment de honte.

Les changements en particulier sont des moments difficiles à vivre. Qu'il s'agisse de faire des choses nouvelles, de déménager, de faire livrer ou installer des choses, d'aller à de nouveaux endroits, de réaliser de nouvelles tâches...

Je désespère et pourtant je veux continuer, avancer, essayer, encore, toujours.

J'aimerais pouvoir demander de l'aide, mais je ne vois pas à qui.
J'ai déjà un psychiatre, une psychologue, de la famille, des amis, mais ça ne change rien au mal être profond que je ressens.

Je n'ai pas de médecin généraliste. En théorie, oui, mais cette femme manque d'empathie et ne semble pas souhaiter établir de relation humaine avec ses patients, du coup elle m'angoisse tellement que je refuse de la voir.

Peu importe.

Mes problèmes sont des serpents qui se mordent la queue. Je suis dépressive faute d'avoir une vie sociale et emotionnelle satisfaisante. Mais je ne peux pas développer ça sans une vie un tant soit peu active... Ce qui m'est très difficile à cause de mon état dépressif et de mes troubles anxieux.

J'ai peur de l'échec et de ne pas réussir à faire ce que je devrais. J'ai conscience de surestimer les normes à atteindre, principalement parce que je ne connais pas du tout le seuil "basique" des dites normes. Alors de peur de mal faire, de faire de travers, je ne fais rien. Ou tout du moins, j'ai du mal à agir en règle générale, dès que la situation est nouvelle ou inhabituelle.

Ces temps ci, je n'arrive pas à faire grand chose. Car aux troubles anxieux s'ajoute cette maudite dépression et je n'arrive même plus à prendre soin de moi, par moments.

samedi 17 août 2024

Margaux =^-^=

Margaux, c'est cette fabuleuse petite créature féline arrivée chez moi au début de l'été 2020. Bouille d'amour curieuse et espiègle, très griffue et touffue. Ma compagne attachiante, qui tantôt m'ignore tantôt m'adore. Parfois le centre de mon monde. Elle veille à ce que je sois toujours vivante, chaque matin. Diablotine d'amour casse pied (et casse gueule, à l'occasion). Chat de garde ("grrinwinwinwin", grogne t-elle si vous avez l'outrecuidance de toquer à la porte). Ekekekek (quand elle rêve de chasser le merle qui la harcèle visuellement, là bas, dans l'arbre perché). Crotocul, car les poils longs c'est pas toujours glamour. Cacakipu, de temps à autre (Margaux!). Mais surtout, toujours, beaucoup d'amour pour elle.
Elle, elle m'aime aussi, j'en suis certaine. Surtout quand je mange du jambon.
Une de ses attractions préférées, c'est mon imprimante, mais la plupart du temps, la fenêtre et le balcon, c'est pas mal non plus.

 


















dimanche 4 août 2024

Petit univers cosy

Vivre en T2, c'est suffisant, pour une personne seule. Enfin je crois. Il me manque une pièce, quand même... Un bureau, espace de création et autres activités. Mais en attendant, je m'adapte.



jeudi 25 janvier 2024

Incompatibilité humaine

La vie est faite de rencontres.
Dans des circonstances particulières.
Avec une grande diversité de personnes.

Chaque individu est différent et riche de ses expériences.
Chaque être humain contient en lui un cocktail unique de ressentis, d'émotions.
Nous abordons tous la vie à travers un prisme, que dis-je, un kaléidoscope qui nous est absolument propre.
Ce qui se trouve devant la lentille, reflété par les miroirs de notre conscience, ce sont nos joies, nos peines, nos douleurs, nos espoirs, nos blessures, nos efforts, nos réussites, nos échecs, la façon dont nous avons géré tout ça, ce passé, ces avenirs... bref c'est unique.
Au cours de notre existence il est rare qu’on éprouve toutes les émotions possibles.
Chaque individu ne vit que ce qu’il expérimente.
Dans mon kaléidoscope, qui n'est autre que mon profil émotionnel, il y a des milliers d'expériences, parfois légères, parfois pesantes, mais dont chacune a son importance.
Certes les quelques 21.856.200 minutes de mon existence n'ont pas toutes été d'une importance cruciale.
Si on se rapporte en heures, cela fait quand même 364.270 heures. Si j'ôte à la louche environ 8h de sommeil par nuit, il me reste encore plus de 240.418 heures d'état de conscience qui ont influé sur mon profil émotionnel.

Pourquoi ces savants calculs?
Parce que ces deux cent quarante mille quatre cent et des brouettes moments ont fait de moi celle que je suis en cet instant 'T" où j'écris.

Je ne suis plus la même que celle que j'étais quand j'ai commencé à écrire ce blog. J'ai changé, au fil des expériences, des émotions, de mes lectures, de mes échanges...

Au cours de ma vie, j'ai eu quelques amitiés. Rares sont celles qui ont perduré.
J'ai du mal à nouer des liens, ainsi qu'à faire confiance.

Mes amitiés sincères, je les ai découvertes ces dernières années.
Auparavant, je connaissais davantage le copinage, c'est à dire des relations superficielles dans lesquelles je jouais un rôle social qui ne correspondait pas à ma personnalité réelle et sincère. Non dans un but de faire semblant, mais par peur du rejet. Je n'avais même pas conscience de me dissimuler ainsi.

Depuis quelques années, j'ai compris qu'avoir des relations sociales saines, basée sur une honnêteté et un respect réciproque est bien plus important pour moi que d'avoir des relations sociales tout court.

C'est ainsi qu'en 2019 un ami m'a affirmé une chose sur ma personnalité, à laquelle je n'ai pas voulu croire. Il m'a dit que j'avais du charisme. Plaît-il? Tu parle de moi, là, t'es sûr? Non parce que... hem... Mais portnawak!

Je n'y croyais pas une seconde. Moi, charismatique? Pfff!
Le charisme est la qualité d'une personne (ou d'un groupe) qui séduit, influence, voire fascine les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions.

Cet ami, aujourd'hui décédé, avait lui un véritable charisme à mes yeux.

Par contre sa compagne, bien que j'ai fais des efforts, m'épuisait. J'avais de la sympathie pour elle, mais sa façon de parler, ses attitudes, et sa façon d'être globale, quelque chose d'indéfinissable en soit, me rendait pénibles les moments passés seule à seule avec elle. Je culpabilisais beaucoup de cet état de fait émotionnel, que je jugeais négativement.

Peu à peu, j'ai réalisé que c'était cette qualité spécifique qui m'attire chez les gens et m'en rapproche.
Toutefois un trait de personnalité ne fait pas toute une identité. D'autres éléments sont importants dans mon cœur, comme l'ouverture d'esprit et sans doute des milliers de choses dont je n'ai absolument pas conscience.

Pour moi, l'amitié, c'est partager une relation d'affection mutuelle avec quelqu'un avec qui on se sent libre d'être soi-même, sans fards ni faux semblants, sans être jugé, en toute bienveillance. On peut être en désaccord, ne pas partager les mêmes gouts, les mêmes opinions, mais on sait que l'autre nous respecte en dépit de nos différences. On sait aussi que le dialogue est possible, sans que les passions se déchaînent et mènent au conflit.

Ces trois dernières années, j'ai été en relation avec une personne que j'ai considérée comme une amie.
Je me sentais libre d'être moi même, sans fards ni faux semblants. J'avais le sentiment que nous avions beaucoup en commun.
Cette personne est indéniablement charismatique. Elle a un tempérament fort qui attire l'attention, une présence qui ne laisse pas indifférent. Sur certains sujets spécifiques, elle a un savoir encyclopédique.

Nous nous sommes fréquentées assidument puis un déménagement a mit de la distance entre nous.
Chaque fois que nous nous voyions, je me retrouvais épuisée nerveusement et j'avais l'impression que je me surinvestissais à cause de mon envie de passer du temps avec cette personne.
Puis un autre déménagement nous a rapprochés.
En quelques semaines, j'ai commencé à réaliser que, bien que j'apprécie, respecte et souhaite le meilleur à cette personne, envers qui j'ai une sorte de fascination, quelque chose d'indéfinissable nous séparait.

Peu à peu, j'ai réaliser que fréquenter cette personne était par moment une corvée, que je cherchais à éviter. Je l'ai très mal vécu, car enfin! nous étions amis! Pourquoi ce besoin de distance?

Puis, cette personne a commencé à me demander de modifier mes comportements en sa présence.
D'abord, il a s'agit de ne plus évoquer de sujets négatifs, de me montrer plus "positive".
Pardon? Je suis "négative"? À quels moments? Je ne partageais pas ce sentiment.
Il est vrai que je souffre de troubles anxieux et d'un syndrome fibromyalgique, et très probablement aussi du très génial syndrome de l'intestin irritable. Je n'avais vraiment pas l'impression de passer mon temps à m'en plaindre. En revanche, quand j'ai mal, je ne vois pas pourquoi je le cacherais. Pour moi, rien à voir avec une plainte ni quelque chose de "négatif". J'énonce un fait, qui existe.
Apparemment, je le faisais trop. Ha. Bon. D'accord. Le truc, c'est que c'est un trait de personnalité, pas forcément un choix délibéré. Ne pas le faire, ça c'est un choix délibéré, et ça me demande des efforts importants, qui me plombent considérablement le moral (et donc ça a un impact négatif).

Toutefois, je crois que c'est un point de détail...

Il faut savoir que je suis limitée dans plein de choses.
Les troubles anxieux et la fibromyalgie drainent mon énergie.
Je dispose d'une sorte de jauge pour la journée et pour la semaine et dois veiller à utiliser mes forces avec parcimonie, en respectant mes limites.
Normalement, je connais bien mes limites.
Toutefois, très, très souvent, auprès de cette personne, j'ai dû partir précocement, me reposer ou subir des crises d'angoisse, frappée violemment par une dépassement inattendu desdites limites!

Je ne comprenais pas, comme souvent quand je ne veux pas accepter certaines choses.

J'ai persisté à refuser de regarder la réalité en face, jusqu'à ce que cette personne revienne vivre plus près de chez moi... Au début, j'étais très heureuse, mais j'ai déchanté. J'ai commencé à me sentir très mal, psychologiquement et physiquement. C'est seulement là, la semaine dernière, que j'ai regardé les choses en face.

Cette réalité, qui est la mienne, et dont personne n'est responsable, c'est que quand je passais du temps avec cette personne, même par messages instantanés, ça me pompait littéralement mon énergie.

On a tous entendu parler de "vampires énergétiques".
Ce terme désigne une personne qui draine l'énergie mentale et émotionnelle des autres. Elle "profite" de leur sens de l'écoute et de leur empathie pour satisfaire ses propres besoins, et n'offre pas son soutien en retour. Je pense cependant que nous sommes tous le vampire potentiel d'une autre personne.

Toujours est-il que c'est un phénomène qui est très difficile à accepter quand il se produit avec une personne qu'on apprécie. Pourtant, c'est important d'en prendre conscience.

J'ai pris conscience du problème lorsque cette personne s'est mise à me reprocher d'avoir sollicité un service à un ami commun, de lui avoir proposé un café... certes, c'étaient des moments qui nous étaient communs. Toutefois, les reproches qui s'en sont suivis étaient disproportionnés, à mes yeux, par rapport aux incidents de communication...

J'ai été inondée de messages visant à me faire prendre conscience que je n'aurais pas été franche, que j'aurais caché mes intentions véritables, que j'aurais cherché ceci, ou cela, que je serais trop centrée sur le négatif, que je ne tiendrais pas compte des émotions des autres... J'ai eu à faire face à une véritable avalanche de messages... mes réponses ont été accueillies avec mépris. Un langage trop soutenu, des messages trop longs, trop fatiguant à lire... J'ai essayé de prendre du recul. Pas facile, quand l'affectif entre en jeu.

Peu à peu, j'ai regardé le problème en face: ce ne sont pas les faits le problème.
Le problème, c'est la relation elle même.

Même si une personne m'intéresse, que j'ai envie de passer du temps avec elle, de la fréquenter... si je me rend compte que cette relation m'épuise, peut être mieux vaut-il que j'y mette fin.

J'aurais envie de continuer à être présente... mais je constate que c'est impossible.
Mes tentatives de... de quoi, d'ailleurs? Je ne sais plus trop.
Serait-ce pour avoir le dernier mot... Non: j'ouvre mon PC, constate qu'il y a un message qui avance que, ne m'étant jamais "sentie écoutée" par cette personne (comprise, en réalité), la conclusion était que nous n'aurions jamais étés amis...
J'ai eu l'idée idiote de répondre.
Une réponse courte.
Suivie de la sienne.
Il y était pointé une sorte de manque de respect de de ma part d'une spécificité de cette personne.
Pas du tout: j'avais toujours supposé qu'elle bénéficiait d'une application l'aidant avec ça...
J'ai fais une réponse courte, sans affect, suggérant une telle appli.
Réaction longue et agressive.
Alors oui, peut être que je voulais avoir le dernier mot, face à ce rejet de principe.
Le dernier message a été de trop, je pense... À "Arrête de m'envoyer des messages!", je me suis permis d'envoyer "Arrête de me répondre."

Cependant, je souligne que la conclusion de cette personne, qui tendrait vers le fait que nous n'ayons jamais étés liées par de l'amitié, est à mon sens extrême: entre être amis et se détester rageusement, voire être indifférents l'un à l'autre, il y a une multitude d'émotions diverses. L'indifférence étant un sentiment d'une personne qui ne se sent pas concernée ou touchée, qui n'accorde aucun intérêt, aucune attention à quelqu'un ou quelque chose.

Cette personne ne m'est et ne me sera probablement jamais indifférente.
Pour l'instant je suis soulagée, frustrée, un peu rageuse face à un refus d'écoute, mais en même temps touchée et triste parce qu'elle est blessée, et je ne lui veux aucun mal.
Je ne suis absolument pas indifférente.

Tous les humains ne sont pas compatibles entre eux.

En tant qu'individus, nous cohabiterons, car nous partageons des affinités communes et fréquentons des lieux en commun. Nous nous croiserons donc forcément. Cela rend certainement les choses plus difficiles, pour tout le monde, y compris les gens qui gravitent autour de nous.

Ainsi va la vie.