mardi 29 mars 2011

Mercredi 23 mars - Diagnostic de la maison

Pour vendre une maison, on doit faire son diagnostic. Les points examinés vont de la performance énergétique du bien à la conformité électrique, en passant par la présence d'amiante ou de termites. Normalement ils ne sont obligatoires que pour vendre le bien (sauf le DPE, obligatoire pour la mise en vente).

Comme nous avions trouvé un acheteur (qui s'est désisté le 24 mars...), nous avons donc fait faire ce diagnostic complet mercredi 23 mars.

Je n'avais pas envie d'être là, pas envie de discuter, pas envie de me rendre ridicule, de faire des gaffes. Pas envie d'être vue non plus.

Je suis allée marcher tôt comme à mon habitude, pendant environ 1h30 entre 8h et 9h30. L'horaire étant déterminé par mon petit déjeuner, que je prend en rentrant. Car si je bois ma chicorée café au lait au lever, mon appétit ne s'éveille généralement que 2h plus tard.

En rentrant de mon tour, les professionnels étaient là.
Sans vraiment faire d'effort pour aller à leur rencontre, je me suis tranquillement préparé mon petit déjeuner, que j'ai dégusté tranquillement.
Ensuite... je ne savais pas trop quoi faire. Il testaient l'installation électrique, je ne pouvais donc pas regarder la TV, ou cuisiner, ou faire quoi que ce soit mettant en jeu l'électricité.

Je me suis donc contentée de rester là, après avoir dis bonjour, et de suivre les activités des deux messieurs. Et bien évidement j'ai commencé à faire des gaffes. Comme parler d'une prise "bidouillée" et je ne sais plus quoi d'autre.
Dès ma première remarque, gros yeux de mon mari, visage sévère.
Honte de ma part.
Je lui dis que je n'aime pas être là quand des gens sont là à cause de ça, de cette tendance à dire n'importe quoi, à gaffer. Je lui dis aussi que je ferais mieux de retourner marcher, emporter le verre à la benne, n'importe quoi plutôt que d'être là. Mais je venais déjà de marcher une heure trente, j'aurais aimé me reposer un peu.

À la deuxième gaffe, les sourcils de mon mari se sont froncés bien davantage. Il a même secouée la tête pour me faire bien comprendre (merci bien, ce n'étais pas la peine, j'avais compris au moment même où les mots franchissaient mes lèvres...) que je disais ce qu'il ne fallait pas dire.

J'étais terriblement vexée de ne pas avoir su tenir ma langue. Je n'avais qu'une envie: m'enfuir. Mais bien sûr, en plus de ça j'avais le sentiment à la fois que mon mari était fâché contre moi et que c'était de sa faute, qu'il n'était pas assez compréhensif, qu'il ne comprenait pas que je ne le faisais pas exprès. Qu'il ne comprenait pas qu'il ne faisait qu'ajouter à mon malaise. Il m'a d'ailleurs dit de m'en aller, de retourner marcher, et j'ai ressenti ça comme un renvoi sans appel. J'étais mal et vexée, et comme après tout il voulait que je m'en aille, j'ai attrapé mon sac et je suis passée devant lui dans le couloir sans même lui faire une bise, sans même le regarder, pleine d'une colère sourde qui me déchirait le cœur. Hérisson.

J'ai porté le sac de verre sur près de 800 mètres avant d'arriver à la benne. Et bien sûr, tout ce temps, tempête dans ma tête. Et pourquoi ai-je agis ainsi? Et si mon mari était vexé? Et qu'ont bien pu penser les messieurs du diagnostic de mon arrivé et de mon départ? Et pourquoi je suis comme ça? La tempête a duré une bonne heure. Les jours qui se sont écoulés depuis ont peu à peu effacées les traces de celle-ci. Reste la trace marquante de l'événement, angoissante.

***
Regard retrospectif, 7 ans plus tard...
"et si mon mari était vexé"?!?
J'étais complètement sous emprise psychologique de cet homme, c'était mon seul point de repère et pourtant il m'angoissait terriblement.

Samedi 26 mars - Programme TV

Samedi soir, avant veille de déménagement.
Depuis déjà quelques jours, le sommeil est vaguement au rendez vous.
Endormissement tardif (deux heures minimum après l'extinction des feux).
Sommeil haché (je passe de longs moments bien éveillée dans le lit, m'efforçant de m'agiter le moins possible pour ne pas déranger mon mari).

Samedi soir, pas grand chose d'intéressant à la TV. Mais un besoin intense de me vider la tête, de ne plus penser, de ne pas laisser se lever une tempête envahissante, pleine d'idées angoissantes. Envie de ne plus penser aux cartons, au déménagement, de ne plus penser à l'emploi qu'il va falloir que je cherche, de ne pas penser au mariage de ma sœur, dans trois semaines, envie de ne pas ressasser mes angoisses, mes erreurs, mes peurs.

Samedi soir, pas grand chose à la TV, c'est Télérama qui le dit. Mon mari me dit de choisir.
La TV est dans la chambre (ce ne sera plus le cas après le déménagement). Il se tourne sous la couette et dors... enfin, je suppose qu'il reste attentif.

Zapping.

Eureka sur NT1. J'aime bien cette série un peu conne, même si parfois je suis gênée par le ridicule de certaines situations. Je baisse le son à la limite de l'audible, car j'ai déjà emballé le casque sans fil qui me permettait auparavant de choisir mon programme sans déranger mon mari. Après quelques minutes, j'ai la sensation que mon mari est agacé. Cela m'angoisse.
Je change de chaîne pour France2 et ses "Années bonheur".
Je n'accroche pas et change à nouveau de canal.
Comédie et un spectacle des Frères Taloche. Je manque m'étouffer de rire... "vérifiez que la pomme de terre est bien morte"... et vlan, un coup de maillet sur la pomme de terre (impossible à décrire, il faut voir le sketch). Mon mari se relève sur le coude, ne rit pas. Sérieux. Sévère?
Je le sens définitivement agacé.
Je change de chaine une dernière fois pour France2.

Je parle alors brièvement des Frères Taloche à mon mari. Il trouve ça débile, pas drôle.

Je me sens mal face à ce que je perçois de lui, de son agacement. Alors je fais le paillasson, abonde dans son sens... oui oui, c'est un peu con, tu as raison, mais j'aime bien... je nuance encore un peu en ajoutant que cependant cet humour est meilleur à petites doses, que regarder un spectacle tout entier, c'est lassant, pas si drôle que ça...

Est-ce bien ce qu'il fallait dire pour lui plaire? L'angoisse me noue la gorge.

La technique du paillasson, ou comment s'écraser devant l'autre, pour éviter toute forme de conflit ou de contradiction.

J'aime bien les Frères Taloche. C'est régressif et caricatural, très second degré. Mais si mon chéri dit qu'il aime pas, ben, c'est trèèès difficile pour moi de m'affirmer dans une position divergente.

***
Des années plus tard, je verrais bien que mon mari avait un comportement déplacé avec moi, me maintenant sous son emprise, me dénigrant régulièrement, me couvrant de reproches. Il était ainsi.