mercredi 11 avril 2012

Effritement...


Ces temps derniers j'avais trouvé un équilibre. La phobie sociale me semblait loin (mais juste au coin de la rue) et j'arrivais à gérer mes troubles anxieux.
Mais voilà, je ne vis pas dans le monde édulcoré des bisounours*, et cet équilibre reste restait précaire.
Depuis un mois, je suis à nouveau sous anxiolytiques. Et mon équilibre s’effrite face à l'état de santé de mon mari d'une part et mes relations vis à vis de mon employeur d'autre part.

Petit rappel, je suis devenue assistante de vie auprès d'une dame qui va bientôt fêter ses 95 printemps (c'est le cas de le dire, elle est née au mois d'avril). Elle est très gentille, toujours aimable (ou peu s'en faut), et surtout son entourage a su me mettre en confiance. Bref, ça va plutôt bien, de ce coté là, même si de temps à autre mes troubles anxieux reviennent au galop et qu'une remarque anodine me flanque une montée d'angoisse... Mais je gère.

Ce que je gère beaucoup moins bien, ce sont les remplacements proposés par l'association pour qui je travaille... proposés ou imposés, je ne saurais pas trop bien dire ce qu'il en est. En tout cas, je n'arrive pas à les refuser.
Et ça me met dans des états pas possibles.
Déjà parce que l'anticipation anxieuse est terrible pour moi : devoir faire la présentation, le trajet, travailler avec une nouvelle personne, dans un environnement que je ne connais pas, qui a des habitudes bien à elle, qui va me regarder quand je travaille, avec l'idée incontrôlable qu'elle va me juger, et d'autres pensées encore, plutôt des sensations, toujours négatives... 
Ensuite il y a le travail en lui même, et justement l'impression d'être observée, jugée. Même quand je papote avec la personne, je suis en état de stress, parce qu'il faut être agréable, plaire à l'autre, quel qu'il soit... pas de différence entre les bénéficiaires, mon employeur ou toute autre personne. Il faut qu'on m'aime, qu'on m'apprécie. Je fais éponge, je fais miennes les expressions de l'autre, j'adhère à ses idées. Je tente par tous les moyens de me faire oublier....

Au final, je suis malade avant de commencer à travailler, quand je pars travailler, et quand j'ai fini de travailler. Quand le remplacement se termine, je suis lessivée, épuisée, vidée de toute l'énergie consacrée à faire bonne figure et à ne pas trembler devant les bénéficiaires...

Autant dire que devant les "propositions" de remplacement des filles de l'association, je me plie comme je me plie toujours. Même quand j'essaye de dire "non", je fini par dire "oui", sans parvenir à m'affirmer. Je me retrouve avec des contrats que je ne désire pas, dont je n'ai pas besoin financièrement et qui me font du mal mentalement et physiquement (car l'anxiété génère toutes sortes de troubles physiques, dont par exemple des contractures musculaires propices aux blessures, tours de reins et autres torticolis... et aussi des coliques éprouvantes, des troubles respiratoires étouffants etc etc).

L'état de santé de mon mari s'ajoute à cela, et me fait désirer d'autant plus de me sentir mieux, pour lui. Lui c'est plus grave que moi. Et il a besoin de moi avec lui. Il sait que mon contrat de 9 heures chez la dame de 95 ans me fait du bien. Mais il sait aussi que le reste, ça me fait du mal, ça nous fait du mal, parce que je ne suis pas là pour lui et qu'il en a besoin.
Je me retrouve le "cul entre deux chaises", à vouloir plaire à mon employeur et vouloir trouver un équilibre incompatible avec les désirs de mon employeur (c'est à dire me voir idéalement disponible pour des remplacements quand ça les arrange).

Si je n'ai aucun problème à avancer les problèmes de santé de mon mari pour essayer de refuser les contrats, j'ai de nettes difficultés à exprimer mes problèmes à moi. Déjà parce que j'en ai honte, toujours. Et puis parce que j'ai peur, encore et toujours, de ce qu'elles vont penser de moi, à l'association, si je me réfugie derrière mes troubles anxieux, ma phobie sociale, pour refuser les contrats. Surtout que depuis 6 mois je me suis efforcée de faire bonne voire parfaite figure face à tout le monde, à ne surtout pas laisser dépasser un seul brin de fragilité. J'ai évité tout conflit, joué les paillassons. Bref, je me suis soumise, en espérant contenter tout le monde, et surtout les figures d'autorités que sont les responsables de remplacements...
Sauf que je suis éminemment perdante, à ce jeu là.

En tout cas, là, j'ai accepté un contrat qui court du 02 au 11 mai... Et je me suis rendue compte que le 10 mai, je ne pourrais pas travailler : j'ai rendez vous chez le psychiatre, 7 semaines pour avoir un créneau, je ne vais pas annuler, ni déplacer.
Et puis en plus, mon mari n'est pas content du tout.
Et je suis d'accord avec lui.

Mon mari a besoin de moi, et c'est réciproque. J'ai besoin de travailler pour me sentir bien, mais j'ai surtout et avant tout besoin de mon mari, et que mon mari se sente bien avec moi. Hors de question que le travail se mette en travers de cela.

...
Au final, j'ai appelé l'association, qui a défaut de connaître mes problèmes, connait ceux de mon mari... et, très gentille, la responsable m'a dit de ne pas m'inquiéter, qu'on annulait le contrat du 02 au 11 mai. Je tremblais en téléphonant.
Mais ça va mieux.

*("Bisounours" étant un mot inconnu de mon correcteur orthographique, ce dernier m'a proposé comme corrections "nounours" ou... "sournois"...^^')

mardi 6 mars 2012

Quoi de neuf ?


Un mois que je n'ai pas posté de billet.
Quoi de neuf ? Pas grand chose. Des petites choses. J'ai travaillé, ce n'est pas nouveau, avec des bénéficiaires que j'avais déjà le mois précédent, encore moins de nouveauté, donc.

Je me suis désinscrite de Pôle Emploi (le 27 février, ça n'est pas loin...).

J'ai suivi une formation de Sauveteur Secouriste du Travail (SST) au GRETA, et je devrais recevoir bientôt ma carte. Il faudra revalider tout ça tous les ans (j'espère que j'arriverais enfin à faire gonfler les poumons d'Oscar le mannequin). Mais je reviendrais sans doute sur ce stage de deux jours, première vraie occasion de rencontrer des collègues.

J'ai apporté des biscuits à ma voisine espagnole de 72 ans, et je me suis confiée à elle pour lui faire comprendre que certaines choses me sont parfois difficiles, et pourquoi. Étonnée, elle m'apporte son soutien, sans pour autant être envahissante. Elle est adorable. J'y suis encore allée mercredi dernier, car j'avais fais des choux garnis à la crème au beurre, pour ma participation à Culinoversion...

Quoi d'autre?

L'anxiété, encore et toujours... La trachée qui me brûle à force que je retienne ma respiration ou que je respire seulement superficiellement. Les soupirs quand je reprend mon souffle après l'avoir bloqué sans m'en rendre compte. Les douleurs. La fatigue. Les coliques...
Les crises de larmes, parfois, comme ça, alors que je vais travailler, ou que je suis en train de cuisiner, parce que d'un seul coupe je ressasse une anecdote vieille de 20 ans. Et je culpabilise de ne pas avoir su dire à mes parents mes peurs, mes angoisses, et d'avoir peut être tout gâché, tout loupé, à cause de ma honte et de mon sentiment d'être "comme ça", étrangère au monde pour toujours, sans pouvoir rien y faire.

Parler à mes parents, il y a un mois, ça a été une grande chose, mais ça n'a pas été sans séquelles, sans conséquences. Avant je souffrais déjà de mon passé, pour des tas de raisons... s'y sont ajoutées d'autres raisons encore... tout ce que j'ai "loupé" parce que je n'ai pas su, pas pu, pas voulu leur dire, leur faire comprendre vraiment que j'étais en souffrance, comment, pourquoi...
Mais je n'avais pas les mots, alors. Juste les maux. Qui se sont amplifiés, jours après jours, insidieusement, mêlés à d'autres problèmes, et dilués, minimisés, effacés devant cette sorte d'indifférence. À quoi bon dire qu'on a mal, si c'est pour être tournée en ridicule ("quand tu auras mal nul part, tu nous préviendra").
♦♦♦

Hier l'Université de Poitiers m'a contactée pour savoir ce que j'étais devenue (moi et mes condisciples diplômés en 2009). Étude statistique. Questionnaire à réponses préformées. Nous nous sommes éloignées un peu des cases à remplir, avec mon interlocutrice. On a discuté, de façon fort sympathique. Je suis un cas un peu à part. J'ai une licence de droit, mais je suis employée à domicile, sans aucune fonction d'encadrement, à un temps partiel choisi, sans prétentions salariales. C'est le genre d'informations qui font se poser des questions. J'ai parlé anxiété et phobie sociale, bien entendu, mais avec humour et espoir, sans apitoiement.
Cette conversation m'a fait du bien.

Quoi de neuf?
Pas grand chose.
Tout est (déjà) vieux.