vendredi 3 mars 2017

Liaisons dangereuses...

Juste une histoire...

Une jeune fille mal dans sa peau qui se met à correspondre avec un inconnu sur Internet. Elle est assez naïve et triste, aussi. Elle souffre beaucoup, mais ne sait pas bien pourquoi. Elle rejette la faute sur sa mère, peut être parce que c'est plus facile que de se dire que le problème est plus profond, qu'elle a des problèmes avec tout le monde, mais comme elle évite les autres, elle se retrouve plus souvent confrontée à sa mère. Mais au début de l'histoire, elle ne s'en rend pas compte. Au début de l'histoire, c'est sûr, c'est net, la fautive, c'est sa mère.

Et elle raconte tout son mal-être à cet inconnu, qui se fait appeler Julien.
Julien lit tout ce que la jeune fille triste écrit, il enregistre les messages, prend des notes sur la jeune fille. Quand elle écrit sur sa mère si fautive, Julien la prend au mot et ne cherche pas à savoir si la jeune fille est objective et rationnelle.

Ils s'écrivent pendant des mois et des mois. La jeune fille aime beaucoup la manière d'écrire de Julien. Une partie d'elle est attirée par cet homme qu'elle ne connait pas, qu'elle n'a jamais vu. Elle a très envie de le connaitre, de le rencontrer. C'est un peu un jeu, pour elle.

Elle a eut des copains, au petit bonheur la chance, vu que la plupart du temps, elle évite les gens. En fait, à chaque fois qu'elle a été avec un homme, elle s'est laissée approcher et s'est laissée faire. Elle ne se voit pas comme une "fille facile", mais au fond d'elle même, elle ne sait pas dire "non". Elle ne sait pas vraiment dire "oui", non plus, et puis dès qu'elle n'est plus derrière son ordinateur, elle ne sait plus rien demander, elle a peur de tout et de tout le monde, elle a peur de mal faire, de déplaire, d'être rejetée.

Elle a très envie de rencontrer Julien, alors du haut de ses même pas 19 ans, elle lui indique qu'elle sera au cinéma, ce dimanche, à 11h. Elle pense qu'il la regardera de loin, qu'il ne l'abordera pas. C'est ça son fantasme, son désir, au fond, mais elle ne le lui dit pas. Elle est persuadée qu'il a comprit.

Mais le dimanche, quand elle gare sa voiture en face du cinéma, elle voit un homme qui la regarde de manière insistante. Il est gros et barbu, elle n'aime pas sa façon de la regarder. Elle hésite un instant mais n'ose pas suivre son instinct qui lui hurle de remettre le contact et de s'enfuir. Alors elle sort de la voiture. Il vient lui faire la bise, il pique. Il l'appelle "ma perle". C'est vrai, c'était un de ses pseudos, au début.

Elle se sent très mal. Elle ne veut plus voir ce type qui lui propose d'aller prendre un verre pour faire connaissance. Elle essaye de se montrer froide et distante et lui réplique sèchement qu'elle est venue pour aller au cinéma. Elle serre son argent dans sa main. Il la suit. Elle ne veut pas qu'il vienne avec elle, mais elle ne sait pas comment le lui dire. Elle demande sa place, mais avant d'avoir eut le temps de payer, il l'a fait et demande une autre place pour le même film. Elle est furieuse, mais elle ne sait pas quoi faire.

La salle de cinéma est bondée. Ouf! Il n'osera rien faire, comme ça. Elle s'assoit où elle peut, presque en bout de rangée, et Julien s'installe à sa droite. Il a vraiment l'air de croire que c'est un rancard. Mais de toute façon il y a trop de monde dans cette salle, il n'o...
Dès que la salle est plongée dans le noir elle sent la main de Julien se poser sur son genou droit. Elle panique complètement.

Dès années plus tard, elle rejettera de manière ostentatoire la main d'un autre indésirable, avec un profond sentiment de fierté, mais elle n'en est pas encore là.

Ce jour là, elle est perdue. Elle pensait qu'il la regarderait de loin depuis le trottoir, mêlé à la foule, qu'il ne l'aborderait pas. Et là il est tout près d'elle et elle n'aime pas sa main, mais elle ne sait pas du tout quoi faire. Elle n'ose même pas serrer les jambes, s'écarter. Après tout, elle le provoque depuis des semaines, non?
C'est de sa faute à elle, elle et rien qu'elle.

Comme elle n'a pas rejetée cette main, Julien s'enhardit et commence à remonter la jupe, toucher la peau. À l'intérieur de sa tête à elle, une plainte sourde crie un "non" silencieux qui se noie dans le noir de la salle et l'action du film.
Julien pourrait lui demander si elle est d'accord, mais pas un mot ne sort de sa bouche. Il ne demande pas. Qui ne refuse pas consent.

Peu à peu il la touche .
Peu à peu il la palpe et il lui fait mal, mais elle a peur, elle est perdue, elle voudrait bouger, partir, mais elle ne sait plus comment faire. Il lui fait mal, mais dans son esprit perdu, elle se dit que, peut être, si elle le laisse faire, qu'elle lui laisse croire qu'il est victorieux, ça va s'arrêter. Elle a mal et le temps n'en finit plus. Elle voudrait se sentir bien, elle y a beaucoup fantasmé, mais il fait n'importe quoi, il lui fait tellement, tellement mal.
Elle essaye de calmer les ardeurs de ce connard de Julien, mais quoi qu'elle fasse, même quand elle se décide à resserrer les cuisses, on dirait qu'il prend ça pour du contentement et des encouragements. Elle essaye de lui dire d'arrêter mais pas un mot ne sort de sa bouche si sèche et ses lèvres s'écrasent sur le cou de Julien.

Quand le film se termine, elle file s'enfermer dans les toilettes. Elle urine et constate des traces rouges sur le papier. Il lui a déchiré les muqueuses. Elle a très très mal, ça la brûle à en pleurer. Elle est furieuse contre elle même, et surtout elle a très honte d'elle. Elle pleure.

Plus tard, Julien lui dira qu'il est tombé amoureux d'elle quand elle l'a embrassé dans le cou.
Même pas un baiser. Un quiproquo. Des mots qui n'ont pas voulu sortir, et ce con est tombé amoureux.

À sa sortie des toilettes, elle espère qu'il se sera lassé d'attendre, qu'il aura comprit, mais il est toujours là. Elle a séché ses larmes, s'est passé de l'eau sur le visage, mais il ne remarque rien. Elle s'enfuit.

Il lui demande s'ils se reverront. Elle esquive, ne sait pas quoi dire. On verra. Elle se dit que c'est tout vu, que ça ne se reproduira pas, plus jamais, jamais, jamais.

Pourtant elle le reverra et insidieusement, leur relation se transformera.
Peu à peu il la couvrira de déclarations d'amour, jusqu'à ce qu'elle se laisse aller à lui écrire de nouveau, à accepter de discuter avec lui, à oublier la vérité de leur première rencontre...

Elle ira habiter chez lui, trois ans plus tard. Ils auront une vie de couple "compliquée", parce que derrière la face de l'homme ordinaire, il y a en fait un homme anxieux, à la personnalité obsessionnelle, qui cherche à ce que tout, et tout le monde, soit bien sous son contrôle.

Pendant des années, elle se laissera aller à croire qu'il l'aime et la respecte, qu'il cherche à l'aider, mais elle souffrira de plus en plus, toujours plus honteuse d'elle. Elle essayera de lui montrer qu'il peut compter sur elle, qu'elle est fidèle et dévouée, mais ça ne marchera pas. Peu à peu, les mots deviendront de plus en plus violents, jusqu'à ce qu'il la chasse avec ses mots avant de lui reprocher de l'avoir abandonné.

Elle restera perdue plusieurs mois, se cherchera des buts dans la vie, autres que la peur, l'anxiété, la soumission.

Et puis 15 ans après ce dimanche au cinéma, elle finira par comprendre que Julien l'a violée, ce jour là. Puis elle comprendra tout le reste aussi, elle se mettra à voir tous les bleus qu'il lui a fait à l'âme, au fil des années. Elle se rendra compte qu'elle a aimé un fantasme et haïs l'homme qu'il était vraiment. Elle comprendra des tas de choses...

Quand elle avait 19 ans, elle n'avait même pas comprit que Julien Valmont n'était qu'un pseudonyme, tiré d'un roman épistolaire pourtant célèbre...

jeudi 2 mars 2017

Mainlevée de ma curatelle... anecdote postale.

Voilà, c'est officiel, je suis une femme responsable juridiquement.
La mainlevée pure et simple de la mesure de protection juridique prise à mon égard en octobre 2015 a été prononcée le 17 février dernier.

Cela ne s'est pas produit sans quelques cafouillages.
Le tribunal a oublié de tenir compte de mon choix d'abandonner mon nom d'épouse (ils ont pourtant reçu la photocopie de ma nouvelle carte d'identité) ainsi que du fait que j'avais réintégré mon domicile (je ne suis plus hébergée dans la résidence secondaire de mes parents depuis début octobre 2016).

Incidences ?

La notification de jugement, envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception a été envoyée à une adresse où je ne vis plus et à un nom que j'ai fais le choix délibéré de cesser d'utiliser (en informant le service des tutelles de ces changements).

Moui, bon, après tout, mes parents récupèrent le courrier, là où l'avis de passage a été laissé.
Hin hin hin...
😒

Vous allez comprendre mon manque d'entrain.
Donc, le courrier était adressé à Elleauxailes Nom-de-mon-mari-décédé. Point.

Toute guillerette, je me suis pointée à la Poste centrale pour récupérer LA lettre de la victoire...😁

Oui ben non, en fait.

Parce que j'ai fais refaire ma carte d'identité, vous voyez...
Il n'y figure plus que mon patronyme. Je n'ai pas voulu du "veuve Trucmuche".
Bon, avec moi, j'avais ma carte de priorité à mon nom marital, et puis mon protocole de soins de la sécu pour mes troubles anxieux généralisés, avec ma photo sur ma carte vitale (pour info, la carte vitale est acceptée comme pièce d'identité dans pas mal de cas... et même si ma carte Vitale a également été refaite, je n'ai pas changé de numéro de sécurité sociale depuis l'édition de mon protocole de soins pour affection de longue durée)... J'avais aussi des factures avec les deux noms accolés.

"Ha non, ça ne prouve pas que ça s'adresse à vous, ça."
"Bha oui, mais j'ai signalé la reprise de mon nom de jeune fille, et vous voyez bien que..."
"Non, je ne vois rien du tout. Revenez avec le livret de famille."
"Ha ben oui, mais c'est mon ancien curateur qui l'a, et ça, c'est la notification de la levée de ma curatelle, et mon curateur, il habite pas à coté..." (bon, j'avoue, j'essayais de finasser... les facteurs demandent jamais la pièce d'identité et ça m'est arrivé de signer un recommandé adressé à mon mari... décédé).
"Revenez quand vous l'aurez, alors."
😖

[Îîîîîîîîîîîîîîîî😱]

Pendant les brefs instants de cet échange, j'ai très, très bien senti la crise d'angoisse monter, je bégayais et je me rendais bien compte que je devenais agressive et cassante, mais j'étais incapable de me maîtriser, alors complètement honteuse, bouleversée, en colère et désespérée, je suis sortie et j'ai appelé mon père.
Je savais que je n'avais pas le livret de famille.
On en a discuté au téléphone et il m'a dit l'avoir vu justement dans la maison où j'habitais jusqu'à ce que je réintègre l'appartement où j'avais vécu avec mon mari, jusqu'à ce que le poids émotionnel de sa maladie devienne incompatible avec mon propre état de santé (c'est à dire en mars 2015).

Je ne sais pas pourquoi, je suis retournée chez moi, alors que la résidence secondaire de mes parents est plus proche de la Poste Centrale (je cherchais à retrouver mon calme, peut être...). En tout cas, c'est clair que je n'avais pas le livret de famille (mais des extraits d'acte de naissance et d'acte de mariage, si). Je n'ai même pas percuté que j'avais des photocopies de mon ancienne carte d'identité.

Je suis ensuite allée à mon ancienne adresse de "résidence" (là où mon super pôpa🙌 m'avait indiqué avoir vu mon livret de famille). Ouf! J'ai trouvé ce que je cherchais (et plus encore, mais ça n'est pas important).

Je suis retournée à la Poste Centrale.
La guichetière à qui j'ai eut affaire a eut l'air étonné de voir mon livret de famille, alors que dans mon portefeuille il y avait d'autre documents qui ne peuvent être établis qu'avec une carte d'identité... Et là, qui voilà qui arrive? Mme la guichetière N°1, qui vient me dire "Ha! ben vous voyez que vous l'aviez! Vous n'aviez pas besoin de vous énerver."

[On vous a sonnée, vous?👿]

Et hop! au passage, elle s'est mise à expliquer en long, en large et en travers que non, les trucs dans mon portefeuille ne prouvaient rien (la collègue qui s'occupait de moi avait un air un peu "cause toujours, tu m'intéresses... pas").

Comme guichetière N°1 restait là, dès que guichetière N°2 m'a donnée mon enveloppe, je l'ai ouverte et ai pointé du doigt la ligne où il y avait mon nom de jeune fille "veuve Trucmuche", ainsi que l'adresse figurant sur ma carte d'identité.
Regard glacial, remarque réfrigérante :
"La Poste n'est pas responsable des erreurs des expéditeurs".
😆

Je l'adore, cette bonne femme.💢👹

Je m'en fous, j'ai mon jugement de mainlevée.😋😎😉

Mais, juste pour ça j'ai frisée la crise d'agitation aigüe, et ça me fait un peu flipper.🙍