mercredi 23 mai 2012

Bac de français, premier acte...

En 2000, j'ai tenté de suivre ma scolarité de première seule, par correspondance. Mon billet sur cette partie de mon histoire revient sur l'échec total que cette démarche a représenté.

Cependant il me semble que j'ai oublié de mentionner que j'ai quand même tenté de passer le bac de français.
J'avais reçue la convocation : j'étais donc obligée d'y aller. En tout cas, je m'y sentais obligée.
Pourtant je n'avais rien préparé, et je n'avais pas la moindre idée du déroulement des opérations, hormis le fait que l'épreuve était découpée en deux tranches. Point.

À l'épreuve écrite, j'ai retrouvés mes camarades de premier trimestre. Une chance, parce que les épreuves se tenaient dans un lycée qui m'était inconnu, et je me souviens de mon angoisse.
Par contre le sujet m'a beaucoup plut, et j'ai appris à la publication des résultats que j'avais eu 13/20 à cette épreuve.

Là où ça s'est compliqué, c'est pour l'oral. J'étais larguée, je ne comprenais rien à l'histoire de la liste, j'ignorais combien de textes j'aurais du choisir, comment les étudier. Je suis descendue à Angoulême la peur au ventre, avec la volonté de présenter mes excuses au jury et de repartir dans l'autre sens.
Mais arrivée à la porte du lycée (toujours le même, mais cette fois pas d'anciens camarades pour me guider) la peur est devenue paroxystique et je suis restée de très longues minutes à la lisière de l'enceinte, sans même réussir à approcher du portail. La litanie des "et si...?" a commencé à se bousculer dans ma tête, devant tous aboutir à des catastrophes...
Je suis restée, restée, restée, jusqu'à ce qu'arrive l'heure de la convocation. Et j'ai fais demi tour, en me disant que de toute façon, à quoi ça aurait servit que je me présente, hein?

On était le 22 juin. C'était mon anniversaire.
En redescendant la rue piétonne, en direction du bus qui me remmènerais chez moi, en sécurité, je me suis acheté des spartiates, alors que jamais je n'avais eu le courage d'entrer seule dans un magasin de chaussures, surtout celui là. Je n'y suis d'ailleurs jamais retournée.
Je les ai encore, toutes rafistolées, recollées.
Elles ont 12 ans, maintenant.

Ce jour là, j'ai essayé de faire quelque chose de très difficile. J'ai échoué. Alors je me suis offert une petite réussite, un peu plus à ma hauteur.

Cours de dessin...

J'ai récemment abordé l'époque où j'allais au lycée en cité scolaire... mais je me rend compte que j'ai oublié de citer quelques éléments majeurs de cette époque.

Par exemple, quand j'étais en seconde, j'ai pris des cours de dessin sur "modèle vivant" (des cours de nu), pendant quelques semaines, le vendredi soir.
Je traversais tout le plateau d'Angoulême pour rejoindre l'école municipale d'arts plastiques, ma sacoche à dessin sur l'épaule (vous savez, un grand sac plat, avec deux cartons à dessin immenses dedans, format "raisin", autrement dit 50x65 cm). Au début, je faisais ça à pied et ça me donnait l'impression d'être vivante, et puis peu à peu le trajet m'a angoissée, mais le bus m'angoissait aussi. Heureusement j'ai fini par le prendre avec des copines, un jour, et dès le vendredi qui a suivi, je suis montée dans un car avec mon carton à dessin accroché à l'épaule.

Je savais bien dessiner à l'époque (sans être non plus formidable, hein! mais ce que je faisais me plaisais et correspondait assez à mes critères de réussite personnels). Mais les cours de dessin sur modèle, assez vite, c'est devenu très pénible.
Tout aurait été bien si ça n'avait pas été un cours. C'est à dire si le prof n'était pas venu voir mon travail, me prodiguer des conseils. Vraiment, ça, c'était épouvantable.
J'y suis restée quelques semaines, et ensuite, l'angoisse est tellement montée que je n'ai plus supporté d'y aller : c'était devenu un vrai calvaire intérieur.

Bien entendu, j'ai eu honte de l'avouer.
Mes parents ont du me prendre pour une dilettante.
En fait, j'avais tout bonnement peur que la peur me submerge un jour, en cours, et que je ne puisse plus y retourner, de honte. Alors j'ai pris les devants, et j'ai laissé tomber...