dimanche 5 mars 2017

Je n'y arrivais plus, et je l'avais écris...

08 février 2014

La culpabilité, au quotidien.
Je me sens de plus en plus souvent gênée face aux comportements d'Alain à mon égard. Est-ce qu'ils sont liés à la maladie?
Chaque contrariété qui tourne en crise. Il me soupçonne de mille et un méfait, m'insulte, me hurle dessus...
Suivent ensuite les réconciliations, la "lune de miel" d'apaisement.

Mon besoin d'apaiser sa détresse reste malgré tout plus fort que mon épuisement, ma lassitude. L'amour, l'attachement, la peur de lui déplaire, la peur de le plonger dans une plus grande détresse, tout ça arrive à me faire oublier les crises.

J'occulte autant que possible ces événements, les uns après les autres, involontairement mais avec une grande réussite. Heureusement que je tiens mon agenda à jour, que je note ces déraillements récurrents, sinon je les oublierais probablement...

La position que j'occupe est en train de me rendre intolérable l'intimité que nous avions. Ou plutôt celle que nous n'avions jamais eu, en fait... Parce que je crois qu'avant sa maladie, même si les autres avaient une image fusionnelle de notre couple, c'était un mensonge. Nous vivions ensemble sous le même toit, nous dormions ensemble et mangions ensemble, mais ça se limitait à ça 95% du temps. Alain ne me disait que très peu de chose de ses passions. En dehors du fait qu'il aimait les Pyrénées, il n'a pratiquement jamais rien partagé avec moi et j'ai vite du accepter le fait qu'il n'aimait pas que je lui parle de mes centres d'intérêt personnels.

Cette sensation d’intimité pourrissante est insupportable. Un fossé qui s'est creusé entre nous en même temps que nous nous sommes retrouvés à vivre dans cette proximité infernale. Il ne veut plus que je ferme la porte de mon bureau, il veut savoir où je vais, où je suis allée, il s'énerve s'il m'appelle et que je ne décroche pas assez vite.

Alain pense que mon mal-être est passager, que je vais aller mieux, mais je sais moi que je ne peux pas revenir en arrière. Plus il insiste et plus je me braque. À ce que je sache, j'ai toujours été dépressive, même s'il déteste que je le lui rappelle. Il m'a toujours reproché mon anxiété, comme si j'en étais responsable et maintenant il ne semble pas comprendre à quel point notre situation me pèse, depuis que le psychiatre du CMP m'a mise en arrêt maladie et que j'ai démissionné.

Dire qu'il m'a poussée à travailler, que je crevais de trouille et d'angoisse, jour après jour, quand je bossais, même si ces quelques heures loin de lui, j'ai honte de l'écrire, étaient libératrices... Et quand le psychiatre m'a mise en arrêt maladie, il m'a insultée quand je le lui ait avoué. Il m'a fait une scène de ménage et m'a dit qu'il n'avait jamais voulu que je travaille!!!

Je ne comprends rien.
J'en ai marre de me battre pour essayer de lui plaire, et en même temps, je ne peux pas m'en empêcher.

Je suis bloquée dans une situation qui me vide chaque jour de toute mon énergie.
Je tourne autour du pot et j'évite consciencieusement la seule solution possible...
Impossible... je ne peux pas. Pourtant il le faudrait mais non, non, non! Je ne peux pas!!!

Partir. Me sauver.
Pas fuir. Non.
Me sauver, sauver ma tête, mon esprit.
Mais je ne peux pas.
Je ne peux pas l'abandonner, le laisser
La solution impossible, possible parmi d'autres toutes aussi impossibles.

Il a accepté d'aller en USLD, si on déménage, qu'on retourne en Charente. Il y a une très bonne unité de soins de longue durée, à Cognac, d'après ce que je sais.

Déménager avec lui et l'aider à se rapprocher de sa famille, lui permettre d'être aidé par des gens dont c'est le travail, la vocation... des gens qui ont des horaires, des vacances. Est-ce que ça serait la solution la moins mauvaise? Je ne sais pas. J'espère.

Je voudrais avancer et je ne peux pas.
Un pas en avant, deux pas en arrière.
Je porte nos douleurs conjuguées sur mes épaules. Je suis obligée d'assumer le terrible fardeau de toutes les responsabilités en attente, mais jour après jour, je croule davantage sous ce poids immense, je défaille.
Les douleurs sont partout, dans le corps et dans l'âme, comme si on me cognait dessus, jour après jour. Parfois j'ai l'impression qu'Alain est satisfait de me voir souffrir, et je suis triste de m'imaginer des choses pareilles.

J'ai besoin de me sauver, d'être sauvée.
Par qui? Qui?!? Quand?!? Quand je serais déjà dans le trou, avec lui, quand j'aurais glissé, que je serais irrémédiablement cassée?
Qui pourrait m'aider?!? Mais qui donc???
Où êtes vous, qu'attendez vous?!?

Je vous en prie.
Je vous en supplie.
Je n'y arrive plus.


 J'ai eu l'opportunité d'être hospitalisée en centre psychiatrique, par deux fois dans les Hautes Pyrénées, après avoir écrit ça. Mais les deux fois, rien n'était prévu pour prendre en charge Alain, alors j'ai refusé de partir.
J'aurais du partir et déclarer sa situation, une fois hospitalisée, mais je n'avais pas ce courage.
Alain a également refusé de faire un séjour médicalisé pour que je bénéficie d'un répit, ainsi que le préconisait sa neurologue.

Pendant tout le temps où mon état de santé mentale et physique se dégradait, alors que je l'accompagnais du matin au soir dans la maladie, Alain me répétait sans arrêt que, quand sa première femme avait eut son "accident" (elle était psychotique et avait sauté du 3ème étage), il s'était occupé d'elle, bien qu'elle soit devenue paraplégique. Il répétait, encore et encore qu'il aurait continué à le faire, si les psychiatres n'avaient pas déclaré que c'était lui qui la rendait malade, et qu'ils devaient divorcer.
Il a toujours balayé ces "accusations" du corps médical comme fausses...

Le fait est que je ne suis "que" névrotique et probablement neuro-atypique, mais que cet homme m'a fait un mal considérable.

En outre j'ai su de sa propre bouche qu'il encourageait régulièrement lui même sa femme a arrêter les neuroleptiques, dès que son état mental se stabilisait "parce qu'elle était différente" quand elle les prenait. Soit qu'on ne lui ait jamais expliqué ce qu'était une psychose et que les neuroleptiques constituaient un traitement au long court, soit qu'il n'y ait tout simplement pas cru ou souhaité en tenir compte.

Pour Alain, tout était question de volonté.
"Si on veut, on peut"
Pour certaines choses, peut être...
Pas pour guérir d'une maladie neurodégénérative, ni d'une psychose.

J'ai essayé d'être assez forte pour le soutenir, aussi longtemps que j'ai pu.
Mais plus j'essayais d'être à la hauteur et plus il me rabaissait et tentait de me démontrer par A+B que je n'étais qu'une incapable : de l'assumer et encore moins de m'assumer moi-même.

Il a passé son temps à saper mon moral et à me faire douter, à me répéter que je n'avais pas assez de volonté, que je n'étais pas assez rigoureuse.

Je me reprochais souvent, moi, de ne sans doute pas être assez amoureuse.
Malgré tout, j'ai essayé d'être là pour lui.

Alain est revenu sur son acceptation d'aller en USLD, dès que nous avons ré-emménagé en Charente.
Je me suis sentie trahie et humiliée.
 J'ai mis un an à partir, finalement.

J'en ai assez de cacher tout ça.
Il est temps que ça s'arrête.

Les hurlements du silence

C'était le mardi 28 octobre 2014.
Nous avions réintégré la Charente début septembre, après quatre an et demi passés dans les Hautes Pyrénées.
C'était ma toute première hospitalisation (exception faite des hospitalisations de jour en clinique, environ trois ans auparavant).

Je n'allais pas bien. Vraiment pas bien.
Depuis des années, ça allait en se dégradant, et ça avait empiré depuis plusieurs mois.
Depuis 2013, je tenais des agendas journaliers qui, à la base, me permettaient de mettre en place et respecter des routines. Ils me servaient aussi à noter mes ressentis.📓
Détresse. Humiliations. Insultes. Crises de "gloutonnage". Automutilations...

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 2014, je m'étais infligé des lésions cutanées aux mains, après avoir frottés mes poings de manière compulsive et incontrôlable l'un contre l'autre.👊

Les insultes et les humiliations étaient mon lot quotidien depuis longtemps. Les jours sans faisaient figure d'exception. Mais pas cette journée là, pas ce soir là...💥

Quand mon mari malade avait finit par s'endormir, je m'étais relevée et étais allée dans la loggia, blottie dans un coin, emmitouflée dans une couette, en m'efforçant de ne pas pleurer trop fort.

Ensuite j'étais allée dans le bureau et j'avais regardé un film sur mon PC, avec un casque sur les oreilles. Je voulais faire le vide dans mon esprit, oublier la journée, et celle d'avant, et celles d'avant, et les semaines, et les mois, et les années...
Je voulais faire taire les hurlements du silence, parce que je me sentais coupable et prisonnière.
😆
Les hurlements du silence.
Ne pas avoir su dire plus tôt ce qui se passait vraiment dans notre couple dysfonctionnel.

Une relation dans laquelle j'ai accepté de subir l'autre, dans laquelle j'ai laissé se développer les obsessions écrasantes de mon conjoint.😖
Pendant des années, je l'ai laissé aller toujours plus loin dans le contrôle et l'autoritarisme, jusqu'à être acculée par toute la violence qu'il avait en lui.

Son perfectionnisme et sa rigueur, son extrême niveau d'exigence, que je ne pouvais jamais satisfaire, parce que j'étais trop "nulle", parce que je n'avais aucune confiance en moi, et aussi parce que je souffrais de troubles anxieux et de la compréhension sociale.

Pendant des années je l'avais laissé m'imposer ses obsessions, ses horaires quasi militaires, ses règles absurdes relatives au chauffage, à la façon de faire le plein de carburant, à ma façon de me laver... je n'ai jamais osé contester sa pingrerie, ses économies insensées sur tout et n'importe quoi.
Je l'ai laissé me reprocher de dépenser mon propre argent de manière "compulsive" (il avait réussi à m'en persuader, d'ailleurs, alors que j'achetais seulement des livres, des vêtements, des choses en quantité raisonnable, sans me mettre à découvert, sans jamais lui demander d'argent).
Il contrôlait tout et ne déléguait qu'à contre cœur... et quand j'acceptais de faire des choix, il me les reprochait encore et parvenait à me démontrer que j'avais tors. J'avais appris à aller dans son sens pour éviter les conflits.😶

Il racontait à tout le monde qu'on ne se disputait jamais... Avait-il seulement conscience qu'il agissait de manière tyrannique avec certaines personnes (dont moi, en première ligne), et qu'il pouvait être d'une extrême cruauté psychologique vis à vis des autres? Se rendait-il compte que ce trait de caractère terrible faisait que je ne répliquais jamais ?
Je ne le saurais jamais.
Nous ne nous disputions pas, non.😒
Je me faisais disputer, engueuler, humilier, ça oui, mais on ne se disputait jamais.

Les hurlements du silence me réveillent souvent la nuit, ces temps ci.😩
La honte et la colère de m'être laissée berner par des promesses qu'il n'a jamais tenu, la honte de l'avoir laissé s'en prendre à moi, d'avoir acceptées ses remontrances, ses rappels à un ordre que je  ne comprenais même pas, un ordre établit "pour mon bien".
La honte de m'être laissée dominer par ses tortures psychologiques.

Je ne comprenais pas encore tout ça, cette nuit là d'octobre 2014.💫😓
Pourtant je savais bien que notre relation était malsaine.💀
Ma psychologue du CMP de Tarbes me l'avait dit, et je le savais depuis des années.
Je le savais depuis notre première rencontre, en fait...

La conseillère du CIDFF de Tarbes me l'avait confirmé, devant ma mère, qui m'avait accompagnée :
"Vous vivez dans un contexte de maltraitance psychologique, madame, mais on sent que vous n'êtes pas prête à le quitter..."
C'était vrai. J'étais très malheureuse, mais j'avais toujours été malheureuse et je pensais que je ne pourrais jamais trouver le bonheur. En plus j'estimais que ça devait être intenable pour qui que ce soit de vivre avec moi, alors je cherchais à me convaincre par tous les moyens que je l'aimais et qu'il m'aimait en retour. C'était la seule chose qui donnait du sens à notre vie commune.
Avant tout, mes angoisses d'abandon étaient plus envahissantes que tout le reste.

Sans savoir comment, cette nuit menant vers le 28 octobre 2014, je me suis retrouvée les poings serrés devant moi, à frotter les premières phalanges d'une main sur l'autre. Au début, cette sensation m'avait apporté un bien être inattendu...🔆

Ensuite, j'ai perdu le contrôle et j'ai continué, encore et encore.
Des ampoules se sont formées, mais je n'arrivais plus à m'arrêter, et peu à peu la peau s'est déchirée et je me suis mise à saigner.😱
Sur le coup, je ne sentais rien, je n'étais rien, j'étais absente, c'était la nuit mais je ne dormais pas, j'essayais désespérément de me calmer, de trouver des solutions et de me vider la tête. Mais pendant ce temps d'oubli, je me détruisais, je me punissais de ne pas être assez forte. Je me punissais parce que je le laissais me faire tout ce mal.

Le lendemain, j'étais anéantie. Entre l'insomnie, les lésions physiques et les blessures morales, j'étais un zombie.😑
Je suis allée me réfugier à la MJC, et une des employées que je connaissais bien a alerté un organisme de médiation locale. Quand les jeunes femmes d'Oméga ont vu dans quel état j'étais, presque amorphe, le visage boursouflé par les larmes, elles m'ont proposé de m'emmener à l'UAOCC (Unité d'Accueil et d'Orientation et Centre de Crise). Une unité hospitalière spécialisé situé à l'extérieur du CHS.

Je me souviens qu'elles ont appelés mes parents, eut mon père en ligne, et m'ont emmenée à l'UAOCC.
J'ai été hospitalisée quatre jours.
Je pleurais sans arrêt et ne pensais qu'à rester enroulée dans les couvertures du lit de ma chambre.
Je ne trouvais pas le sommeil, alors on m'a donné du Théralène pour que je dorme et on m'a également changé mon traitement antidépresseur. Le Théralène m'a encore plus zombifiée et le Prozac m'a rendue véritablement suicidaire (j'ai souvent pensé à mourir dans ma vie, mais il n'y a que sous Prozac que j'ai vraiment faillis passer à l'acte).
Je me suis brossées les dents, je me suis douchée, à ne plus vouloir abandonner le flux de l'eau, sous lequel je laissais mes larmes couler sans retenue, recroquevillée au sol...🚿
J'ai mangé les œufs mollets les plus infects de toute ma vie.
J'ai beaucoup pleuré, et regardé par la fenêtre le va et vient des étudiants fréquentant le Centre Universitaire, en amont.
Là où j'avais passée ma licence de droit.
Derrière cette fenêtre, j'ai ressassé les heures passées à pleurer, là bas, en cours, en TD ou enfermée dans les toilettes. J'ai ressassé toutes les (rares) fois où Alain m'avais reproché de ne pas l'avoir appelé à midi, ou le soir quand je restais discuter avec des gens, et même chacune des fois où il m'avait engueulée parce qu'un de mes TD, cours ou examen était programmé sur un horaire ou à une date qui ne lui convenait pas...💢😡

J'ai essayé de reprendre mes esprits.💭
Finalement on m'a fait sortir le vendredi 31 octobre.
Mon mari, qui avait été hospitalisé en neurologie pendant mon "absence" est sortit le samedi.

Sur le coup, je me suis persuadée qu'on s'étaient retrouvés "comme jamais", que j'avais trouvé une nouvelle force pour continuer...
😕
En vrai, j'ai du affronter la colère d'Alain, furieux que je ne sois pas venue le chercher le vendredi, et qui me l'a longuement reproché, avec des mots très durs, bien que ma sœur lui ait expliqué que le vendredi, je n'étais pas en état de m'occuper de lui. Il avait fait mine d'accepter cette explication et pendant un temps, il a été doux et prévenant avec moi.

Sauf que dès que j'ai paru aller mieux, les reproches ont recommencé à pleuvoir.
Mais je voulais tant le satisfaire, qu'il soit moins malheureux que j'ai essayé de tenir, encore et toujours, de continuer à le soutenir, malgré son chantage au suicide récurrent, ses insultes, ses accusations diverses et variées...

Il a fini par me chasser des chez nous, à force de menaces et d'insultes.💔😠😧😨😫
J'ai été hospitalisée en clinique psychiatrique le 10 mars 2015, mais pas sans avoir remué ciel et terre pour qu'il reste à domicile, comme il le souhaitait.

Il y est décédé le 20 aout 2016.

Six mois après sa mort, les hurlements du silence me lacèrent toujours l'âme.

Sans doute parce que j'avais espéré qu'il soit sorti de ma vie pour de bon, que la succession serait close et que je pourrais enfin me consacrer pleinement à mon présent et à mon avenir...

Or la succession semble être passée au point mort, dernier fil tenant envers et contre tout, parmi tous les lambeaux des entraves du passé.
 
J'ai du faire une proposition de partage amiable, parce qu'on me reprochait de ne pas être restée vivre avec mon mari, d'avoir cessé d'être un "conjoint cohabitant", m'interdisant ainsi de bénéficier du passage automatique de l'appartement qu'Alain avait acheté "pour moi, quand il ne serait plus là" dans mon patrimoine. On me disait aussi que mes avoirs faisaient partie de la communauté et devaient être comptés dans la succession... La torture psychologique continuait.

En dix ans de vie commune, Alain m'a donné 200€ tous les mois, jusqu'au mois d'aout 2015, où il a décidé, sans m'en avertir, de cesser les virements. Cela représente au mieux une somme de 24000€.

J'ai gagné un peu d'argent en faisant de l'intérim et quand j'étais assistante de vie, entre novembre 2011 et janvier 2014, mais le plus souvent je l'utilisais pour améliorer l'ordinaire, en contre-mesure de l'avarice dont mon mari faisait preuve concernant le budget alimentaire (150 à 170€ de frais de nourriture, pour deux personnes, par périodes de 5 semaines😳).

Quant à mon Livret A, qui était préexistant à notre mariage, c'est mon grand-père maternel qui l'avait ouvert, et alimenté, pendant des années... Sauf qu'Alain avait fini par me convaincre de changer de banque, en 2012 ou 2013, ce qui signifie que j'ai fermé mon Livret A de la Banque Postale et en ai ouvert un autre au LCL... D'où son inclusion à la communauté, à ce qu'on m'a dit.

L'argent de mon mari, je n'en ai jamais voulu. J'aurais pu lui demander de me payer des choses, des vêtements, des bijoux même, je suppose. Mais je n'ai jamais été comme ça.
Je savais qu'il avait de l'argent et j'ai pris conscience de l'ampleur de son patrimoine quand il a fait un chèque de banque sans emprunt pour payer la maison des Hautes-Pyrénées. Près de 190000€. Et il lui en restait de côté...
Mais je m'en fichais. Cet argent n'a jamais fait mon bonheur.

Le patrimoine d'Alain a fondu comme neige au soleil, quand il a refusé d'être hospitalisé en unité de soins de longue durée (USLD). L'hospitalisation à domicile, en soit, était prise en charge par la Sécurité Sociale, et la plupart des interventions à domicile, en partie par l'APA. Mais les gardes de nuit représentaient un gouffre financier, ce dont il avait parfaitement conscience.

Je n'étais pas d'accord avec cette solution, mais j'avais trop peur de lui pour le forcer à partir en USLD. J'ai donc protégé autant que j'ai pu un homme qui m'a fait souffrir pendant des années, juste pour éviter qu'il ne me haïsse et toute sa famille avec.😢

J'avais tors. Les décisions que j'ai pris à 'époque, je les regrette amèrement aujourd'hui, alors que le passé continue de me torturer et que certains refusent de me laisser en paix.


Cependant...
Aujourd'hui, je sais enfin ce qu'est la confiance et le respect mutuel.
C'est tellement mieux que la peur, qui m'avait toujours guidée jusque là, qui m'avait entraînée à avancer au delà de mes forces, sous le joug d'une tyrannie permanente.

Alors, même si les actuels changements dans ma vie m'amènent à regarder mon passé tel qu'il a été, sans les œillères avec lesquelles j'ai vécu pendant quinze ans, prenant ainsi enfin conscience de la mesure des violences que j'ai subi, et comprenant l'ampleur des blessures reçues... et même si cette prise de conscience et l'acceptation de ses implications sont terriblement douloureuses, le passé demeure passé.

On ne le refait pas.
On vit, et on avance.🌱🌳