À la même période, j'avais déjà commencé à suivre une psychothérapie. Inefficace, puisque je n'abordais jamais les choses les plus problématiques de mon existence, incapable de les identifier moi-même, et ne correspondant pas aux problèmes "classiques" d'une ado de cet âge (problèmes relationnels avec mes pairs, incompréhension des codes sociaux, etc).
Pour que je passe le permis de conduire, on a ajouté de l'Euphytose.
Quand je me suis retrouvée confrontée à l'imminence du baccalauréat, j'ai découvert (très fugacement) le Zoloft® et le Stilnox®, avant de prendre du Lexomil® à hauteur de quatre quarts par jour (matin, midi, soir, coucher) voir six, les jours d'examen (un quart, vingt minutes avant les épreuves).
Ça a été une sorte de révélation: je n'avais jamais vécu sans anxiété. Le Bromazépam (Lexomil®) m'en avait libérée.
Mon été a été assez aventureux "grâce" à cette molécule.
Cependant j'ai développé une dépendance psychologique à cet anxiolytique.
Par la suite, j'ai également expérimenté : Stresam®, Veratran®, Lysanxia® (anxiolytiques); Stablon®, Seroplex®, Prozac®, Deroxat®, Effexor® (antidépresseurs).
J'ai aussi essayé les plantes, sous forme de spécialités telles que l'Euphytose®, de tisanes, comprimés, gélules. La seule que je n'ai pas testée est le millepertuis, pour la simple raison que je bénéficie d'une contraception hormonale depuis mes 16 ans, d'abord orale, et depuis 3 ans, intra-utérine. Or le millepertuis altère l'efficacité de ce genre de dispositifs.
D'ailleurs, pourquoi tout ce bla-bla ?
Malgré tous mes efforts pour me séparer du Deroxat® en 2016, je souhaite recommencer à en prendre.
Je vais avoir 37 ans fin juin prochain.
Mes TAG me pourrissent la vie et je me sens en souffrance psychique. Je suis déprimée et fatiguée, je souffre de somatisations très gênantes au quotidien et j'ai du mal à envisager un avenir radieux, malgré mon caractère super optimiste.
En 1998-1999, quand j'étais au lycée Marguerite de Valois, je passais tout mon temps libre seule, isolée des autres. De temps à autres, en cours, je perdais tout contrôle de moi même et éclatais dans des colères dévastatrices qui me laissaient épuisée. Un vraie loque. On m'accompagnait alors ans un état second à l'infirmerie, où les infirmières scolaires ne pouvaient rien faire d'autre que me faire m'allonger à l'écart, le temps que j'évacue toutes les tensions accumulées, en pleurant puis en dormant.
Un jour, j'ai fais une de ces "crises de nerfs" en cours de sport. On voulait me faire jouer au volley. Or j'ai une peur pathologique des ballons (encore aujourd'hui). La prof trouvant que je ne "faisais pas assez d'efforts" (inconsciente de ma phobie), a voulu me "pousser" à "jouer".
Un blanc reste dans ma mémoire.
Je me souviens des déléguées de classe m'aidant à rejoindre l’infirmerie, titubante.
Je me souviens que j'ai dormi, très longtemps, jusqu'à ce que ma mère vienne me chercher, parce que je n'étais pas en état de rejoindre l'internat ce soir là.
Je me souviens des paroles des infirmières, qui ne savaient pas que j'écoutais.
"Votre fille ne va pas bien, madame. On la voit souvent, mais on ne peut rien faire. Elle souffre et il lui faudrait vraiment un traitement pour l'aider".
Je me souviens qu'on en a un peu parlé à la maison. Mais je ne voulais pas de médicaments. Rien de plus fort que des plantes.
Je pensais que si j'allais mal, c'était de la faute des autres, qui ne me comprenaient pas. Je pensais aussi que j'arriverais à aller mieux en "faisant ce qu'il fallait".
Je n'avais que 17 ans et ne savais pas grand chose des maladies psychiques. Mes Troubles Anxieux Généralisés étaient loin d'être diagnostiqués, de même que ma dysthymie. Bien que j'ai toujours été anxieuse et facilement déprimée, je ne me rendais pas compte de l'importance de ce toujours.
Aujourd'hui la chronicité de mes troubles et leur évolution mouvante à travers le temps me permettent de regarder les choses avec plus de discernement.
De tous les traitements que j'ai pu expérimenter dans ma vie, le Deroxat® est encore le médicament qui m'ait le mieux aidée. Bien que son arrêt m'ait couté bien des efforts, je pense que c'est le traitement qui me conviendrait le mieux dans la durée. Une durée probablement à très long terme, pour ne pas dire à vie.
Mon cerveau a toujours mal fonctionné. Il a besoin d'aide.
Si j'étais née avec un pied en moins, je ne pense pas que je me serais acharnée pendant 37 ans à essayer de vivre sans prothèse. Au contraire, j'aurais grandit en voyant la technologie évoluer, je me serais approprié l'outil comme une extension de moi même.
Un "anti-dépresseur" (un régulateur de l'humeur, plutôt), pour moi, ça n'est pas une pilule du bonheur. C'est simplement ce petit coup de pouce qui m'aide à me sentir bien, à ne pas dérailler alors que tout va bien.
Bref.
Il est temps que je fasse la paix avec mon cerveau.